Homme - anno I - n.33 - 12 luglio 1854

"lmmûn, il vous est permis de voir dans chacun des six: "jours (de la créat\on) autant de périodes indéterminées, "et alors vos découvertes seraient le commencement ex- " plicatif d'un passage dont le sens n'est pas entièrement " Jixé." (Défense du Christianisme, T, II P. 49.) 8i Cuvier eût vécu au temps de Galilée, M. de Fr,iyssinous eût envoyé probablement l'audacieux naturaliste pourrir dans les cachots de l'inquisition, au lieu d'accorder si généreusement à la sciei1ce une permission dont elle ne se soucie guère, quand elle a constaté que les animaux vulgairement nommés antédiluviens et qui semblent-avoir disparu de la terre, ne différaient radicalement;pas, quant à leur constitution anatomique, des ·espèces analogues qui ont survécu, et que leur organisation était aussi parfaite que celle des animaux contemporains. Si de ces considérations générales nous desccnd.ons aux détails, nous trouvons, avec M. :F'lomens, tantôt que 1a· teinte de la pean suffit pour caractériser h différence dt-!s races; et avec M. Desmoulins, que tantôt cette diversité se manifeste par do.s différences anatomiques extr~mement saillantes. Ainsi les Bojesmans qui habitent le cap de Bonne-Espérance à côté des Cafres et des Boers hollandais, ont les os du nez soudés en une seule pièce comme les Ora11gs.Out1nts et les Macaques, et la fosse olécrane de l'humérus, au lieu d'être une sirpple cavité, forme un trou comme daoo les guallàr~. Les races humaines sont ,1onc é,.; : .... i:•nt diverses et ne peuvent ètrc ramenées à un t:;. _ commu:1. tout au moins dans le cercle retréci dê ciitq à ~ix~dle a:1s qu'embrassent les traditions desct'mlues jusq1:1'à nous: c'est ce qu'a parfaitement établi, il y a quelques anné.es "ll Angleterre, le docteur Rob. Knox, descen<lant du fougeux prédicateur de Cromwell. Dans une sériE: <le leçons qui ont eu })CU de retentissement, peut-être parce qu'elles avaient le rare mérite d'une franchise pru commune, ce savant a établi victori1;usemcnt qu:..: le genre humain n'a pu partir d'un centre unique, et qu'il n'est pas sc11lernrnt divisé en branches caucasique, altaïque et athntique ; mais qu'il co;nprernl, dans l'état actuel de., connaissances ethnologiques, un bien plus granü nombre de r-1ces autochtones faciles it distinguer l'une de rautre par des caractères tranc11és. Cependant, nous ne sommes plus de son avis quand il affirme que les races sont nécessairement autochtones; qu'elles ne sont pas faites pour habiter tous· les climats j11diHinr.tc!nent; qu'elles ne peuvent être transphntées impnuémeut hors de la zône qui leur est propre et que tout inter-mariage entre deux ra.ces différentes est iufaillihlement frappé do stérilité, sinon immédiate, du moins après un ccrt:1i11nombre de générations. Le docteur Knox a l)cau prHendre, it l'ap1rni cle cette théorie oue les .·\w1o-Saxons établis dans l'A.mérique du Nord ;1'y prospèr;lt pas, que les <lents y tombent de bonne heure, que l'emhonpoint de l'émigr:.rnt y fait bientôt place à une ém iciatioll ùe_fuue.,te au6ùre, que le climat y fait une consommatioll ~xtr.t0rdi11aire de jeimes enfants, personne ue croira que les Mohicans vont renaitre de leurs cendres et que les Passruès-loups s'apprètent ù envahir les populeuses cités de l 'G nion et à faire concurrence avec• leurs pirogues aux monstrueux steamers qui sillonnent l'Hudson, la Delaware, le l\1is.sissipi et les grands lacs. Il a beau nous affirmer que le Bœr hollandais du Cap a la r:.iceuèg;rc eu horreur et ne s'amalgame pas plt:" a\·ec elle qne le Celte ne s'allie avec le Saxon, le Lapo11 avec le Russe, le Slave avec l' Allemand, le JHaggyar avec le Slovaque, 10 Corte avec l'Arabe ou le Turc, le Juif et le Zi ngaro awc les autres peuples européens, et que le Sibérien senl fait exceptio11 ;'t cette r.:-6 le et s'allie 3. 11sr~;)Ugnancc aux autres ncc-s. Il c.>stf<icile l~Crépondre qqe ces répulsions, trop rJclles souwnt c'i:trë <le, hl,H1me:<qui devraient vine cmfrère~, sont le résultat de l\;l!orance et des pr.:- jugé soci:iux, quaJHl elles ne so:1 t pas fomentées dans un intérêt infunc par tles gouvernements qui ue peuvent rŒgncr qu'en diYisant. l·n autre ethnologue flllf;1ais, le docteur Prichard, qu'il ne faut .pas confondre :nec i.e pi1::cnna~ien, acc:ouc}•c.urde la reine l)omaré, est d'ail'.eur.,. snr ce poi1:t. <1·une opinion diamétralement opposée. 11 est d'avis que les race:; mixtes sont appelées h se perpttuer. et qne, plns les r;_,_ceasliiée.s sont dissem blahles, plus lr"1rs descendants sont aptrs à se ]Hopager. Il cite, coGrnw cxe:,1plc. L:ccro:ssemeut com:idérab!e des Griqua.,, peuplr.<lc afri(.a::ie pro•:,·n,rnt du m0lange des Bœrs eLdes Hottc11tots; ce:ui des Cafo:;o., ,lu Bréd provenant cln méla11ge des 11~gres et <les intli,-:;•nes américains et celni des P:ipons de la Polynésie. moitié nègres et moitié malais qui ont, comme les Cafusos, Li tête couverte d'1mc 0norme chevelure, semblable au bonnet cl-: poil d'ourso:1 que portent les grrnadiers. Le docteur Pricliard qui, tout à l'opposé de sou adversaire, ne procède point par affirmations tranchantes, est éviùemment dan8 la vérité. Il faut bien admettre, avec le docteur Knox, la diversité incontestable des races humaines. Mais il faut reconnaître que si, en ].<'rance, le Gaulois a dévoré le Franc, si en Chine, le Tartare est près de diaparaî.tre sous l'insurrection \·eugeresse des Autochtones sectateurs de la triade; que si l'acclimatement des races émigrées est quelquefois périlleux et toujours fort long, surtout quand les différeuces de climat sont extrêmes ; que s'il existe des antipathies de mœurs et de caractères d'une race à l'autre; que si certains peuples, tels ·que les Lapons, se refusent presque absolument à la transplantation, même dans .un climat plus favorisé ; qu'enfin, si dans le passé connu de l'humanité, les ra.cea . .ont accusé leur diversité d.ês lei. temps les plus reculés, il L'H8~lME. n'en est pas moins vrai, que le genre hmnain a commencé à tendre à l'unité le jour où les hommes dispersés ont senti le besoin de la vie sociale. En fait, le geure humain, parti de plusieurs points à la fois, a, pour destinée finale, l'unité de race, et doit y arriver infailliblement, si quelque grande convulsion mat~- rielle ne le rejette pas prématurément à son point de départ, pour lui faire recom:oencer le Circulus de ses évolutious incessantes. Tous les faits d'acclimatement, de conquête, d'envahissement, d'antipathie, de décadence mo~ mentanée, de résurrection inattendue, d'échec dans l'amal~ gamation des rac~s diverses, sont des détails sans impor. tance réelle dans la vie totale de l'humanité qui n'est, ellemême, qu'une goutte d'eau dans l'océan des âges. J.-PH. BERJEAU, SOCIÉTÉ ~~RATERNELLE De~ Proscrits répub1icains-:lémocrates-socialistes francais à Londres. ' . La Société fraternelle tlon!ie avis qu'elle a fondé un bureau ~+ (bis), Grafton Street, Fitz-Roy Square, ou. seront ù01més et reçus tous les r,enseignnnent,, nécessaires pour procurer du trarnil aux proscritg ; de plus, afin d'obvier à la cherté dn combustible qui a ét~ si oné• rcuse l'hi\·cr dernier, la Société a déc:tlé c;_u'elle achëterait le charbon en gros pour le revendre avec un très faible b~néfice destiné à couvrir le., frais de loval et <l'administration. . Les memhrcs de l:i Soci6té et ceux qui s'intéressent à cr:tte œune trouveront, en s'approvisionnant au dépôt ci-indiqué, économie et garantie de poids. La Société fait appel nnx sympathies de tous ceux r1uî voudront contribuer ,i une œuvre utile et fr.1.ternellc. • Nous .recommandons 1e livre <le ;,fortin Bernard - Dix ans de Prison - à tous ceux dont le cœur saig·ne·et dont la foi pourrait chanceler, Join <le la famille et <le la putrie: ils npprendront à vivre comme les soldats du devoir, et ne se plaindront plus. Avant le compte-rendu, voici quelques extrnits de la préface: elle s'adresse à Bûbès. A ARMAND BARBÈS. Du fond de l'exil, je te dé<lie ce line, souvenir de nos épreuves communes Jans les cachots moH",rchiques. Qn'il te soit un sincère témoignage de ma haute estime ponr tou nahle caractère et un gage nouveau de ma vieille amiti.S, amitié vraie, n'est-ce pas, fondée sur la connaissance profonde, intime, de deux cœurs et de deux conscience:<. amiti~ saintr, cimentée par tout ce <1u'il y a de plus s,.cré sur la tene ! A11ssi bit::1, ce Evre, à d'autres titres, t'appar~ient autant qu'à moi, car il n'est que l'écho fülèle de s".!nsations ot d'impressions 1>resque ide:itiqu2s. Et de mêm;: qu'il n'est r1uc b saite des admirables pages rlaus lesquelles ïu as dér-·iu: le;:;deux journées qt..i suirirc11t ta cond,m11a~i'on.': r·wi°t p :r no:, juges du Luxemhoarg, n'est-il pas l'introduc'ion nécrss:tire au somhre épilogue q11etu achi:- \'es dans le; froides éasenrntes <;e la citaddle de Doullens ou st:r h-.• 1:1ornes falaises c1u Xo11\:11ïvabreton, ,:près t'&trc offt,rt, au l!i mai, uoavcau D.'.1..ius, eu holoGauste aux Dieux Infernaux de b réaction ! Belle-J <e après le Mont-~aint-I,:ichel ! Les énervement_; contim,s d'uue promiscuité s:. .:1s trf·vc, saa~ re:âche, ::cnti-,,ochble, qui suppriinc la pe·,,onn:'lité liunnine dans cc < 1:.'c:lle ad~ plt:s,sacré, de pl:::- i,1\·iobb:e, <p1and les ;cutes et implacables tortures <lu vide opéré sous la pneumat:11ue cellulaire ne so;1t plus pos,;ihle;;! Ah! il m'est ,icnné pius qu '.t tout antre de ~ent;r cette <lcrniue ironie de la Force qui manquait à ton long- martyrologe! Et° crois-le, si, cette fois, les has.,rJs de la lutte, au lieu de 1 maquer J!,a place a.1 milieu • 1c Yous, m'ont jeté sur la 1. terre étr«nJèrc, je 11'e11pourrais pas n:oi11s qne toi, p:is moins qu:; vous tous, faire, lMr l'anti-thèsc clu système du l\Iont-Saint-Nichel, l'histoire cles souffrances de BelleIsle. :,bis q,,e je n'anticipe pas, - ma plnme fût-elle~ libre! - ,rnr cet épilogue, doué le récit vo11sappartient. Le lmt unique de ces pages ·est de mettre en relief cc qui éta:t resté cnscv<::lidans lës catacombes de nos geôles, le drame mystérieux de la longue captivité des hommes du 12 mai. En effet, qu·eus,,é-je pu dire sur cette journée, sur l'organisation antérieure de nos sociétés secrètes qui la préparèrent, s.ur l'esprit à la fois mystique et militaire de ces sociétés, sur l'infatigable dévouement de ces jeunes hommes qui, pendant de si n.ombreuses années, sacrifiant le1u existrnce et leur liberté au triomphe de leur foi po• litique, surent poursuivre, à la face d'un gouvernement armé des plne formidables moyins de corruption et de compression, une œuvre d'organisation et de propagande cent fois compromise et paralysée par les nombreuses et incessantes arrestations de ses chefs ; qu'eussé-je enfin pu dire sur tout cela, qui n'ait été consigné, avec plus ou moins de développement, dans. plusieurs livres contem. poraiJU et d.ans tous les journaux du temps, où se ' trouvent enregistrés à la fois les statuts de h Sociî:tf: des Familles, devenue plus tard la Société des Saisons, les bulletins <l~ la b:itaille et les mémorables péripéties du Luxembourg! Le 12 mai 1339 , qui ne le sait! procède des journées d'avril 1334, comme celles-ci fureut la manifestation étouffée de l'esprit républicain, qui avait reçu le baptême du feu en juin 1832. _Juiu, AvriI, Mai! dates symboliques, écrites en caractères ineffaçables sur le pavé sanglant de Saiut-Méry, de Transnouain et Grenétat ! Triple protesta. tion en faveur de l'idée , qui devait avoir son triomphe au 24 Février! Mais le tablean de ces sombres années de prison, qui semble emprunter une non velte et si triste opportunité aux persécutions de ces derniers temps, cc tableau auquel ces pages sont exclusivement consacrées, beancoup le trouveront pile et incolore. Qu'il me soit permis de me rencire ce témoi.gnnge que fai tout sacrifié à la pensée de reproduire, non pas uue situation idéale, ,ornée de détails plus ou moins pittoresques, mais une situation vraie ...... . •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• ' •••••••• ' t ••••• ' ••••• Ces souvenirs sont didsés en trois parties. Cette di.vision, on le verra, n'a rien d'arbitraire: elle résalte de la n:iture même de notre captivité et correspond à ses trois phases les plus logiquement distinctes. C'est d'abord le s:;,:tè;::e de la• s~questration pure et simple, la volonté implac:,ble qui -préside à notre captivité espère en finir a,·ec nous par la m;irt sèche. Quelques-uns succombent, mais le plus grand nombre semble résister. Déçue dans ces calculs , cette volont~ imagine de renchérir sur elle-même. Des doubles grilles intérieures et des grillages extérieurs vienùront raréfier le pen d'air que nous pouvons respire!· à nos 1 fenêtres et diminuer l'espace déjil si exigu de !lotre locomotion. C'est ici que se place la secoHtlc période de notre captivité : clie est marquée }Jar les plus horribles tortures qu'ait jamais pu rèYer le despotisme en dé.lire. • Mais de funèbres révéhtions arrivent à l'opinio:i publique, à travers nos épaisses muraillet>; et, dans notre France, il y a toujours de l'écho quand 0:1 parle d'humanité et de justice. Vaincus par cette grande rnix, qui se fait jour jusque da?1s i'cnceinte dlf Palais-Boarhon. les or<lomrn.teurs du système autrichiën sont forcés de consacrer eux-mêmes , par leurs rntes , cette v()rité de droit commun, qu'en aucun cas les prisonniers volitiqucs ne peuvent être soumis au système cle la séquestration cellullaire. Ainsi se trouve inaugurée la troisième et <lernière phase ,fo notre captivité , qui durerait probabl~ment encore, si le 24 F2vrier n'était ,·enu briser les portes de notre prison . . Ce livre sera la simple et véridique csqni~se de ce sombre drame en trois actes, qui, pour ne s'etre déroulé que dans la pénombre de la dernière.: monarchie, n'en est pas moins l'uu da..s traits lès 'plus carnctéristiques <le cette-, époque, dout il embrasse la moitié. Londres, 27 déccrribre l!i:30. MARTI~ BERNARD. YARIÉr_rÉS. ' !ESMEMOIREDSE JEAP1RAISIN. -Snit.- L'ltist<>ire, nii!on1, est unP :nauvaise bngu..: it l'endroit < 1es rois, et la fabl..: elle-m&rne n'est guère moins suspecte: n'a-1-e1lc pas dit, la malhcurct.:se, que Midas, sa rnaj~s1.SMiclas, Midüs ic roi des rosc:.ux, avait !l,s oreilles d'rrne? Ce u·est pus < 1e nntre temps, et da11s votra po.y:::, qu'on tkndr,:it de parci1s propo cl'an>trchistr: les oreilles des rois y sont fort respectées. et tous li!s grands t,avaux qui se font, tontes les glo'ircs qui germent, toutes ies merveilles qui s'épanouissent, leur rev:enncnt en trib:it: c'est un hymne universel qui s'élLve de tous les palais, de toutes les boutiques, de toutes les gazt'tteÔ\, A qui sont ces grands prés verts, où paissent· !es génisses ~]anches, et ces l..:rges étangs, où la carpe frétille, et ces ferres de. lnhour à l'opulente moisson, et ces bois si profonds, où le cerf brâme, où l'oiseau gazouille ·c-Ils sont au marquis de Carabas. - Et ces châteaux splendides, aux belles avenues, aux parcs ombreux, et ces fermes si riantes, et ces troupeaux si gral', si dodus, à qui tous ces biens appartiennent-il::,? quel en est le seigneur? - C'est encore et toujours le marquis de Caralrns, répond la fée. \ Vous connaissez l'histoire, milord: elle ,est longue et fort bien tournée, ma foi, mais mojns longue et moins sa. vante, pourtant, que votre légende de monarchie. D'où viennent ces écoles à grands frais élevées ? ces hôpitaux-monuments, ces temples, ces colléges ?-- De sa. gracieuse majesté, répond la chronique bienveillante, aussi bavarde et non moins loyale que la fée Carabosse. Et ces institutions de charité, ces académies, ces galeries, ces théâtres, ouverts au grand art? - Encore et to11jours de sa gracieuse majesté, secondée par, ses lords : voyez, plu.tôt, sur tous ces frontons, ses· armes et la licorne1

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==