Homme - anno I - n.32 - 5 luglio 1854

du ~oleil, le centre commun de leurs orbites, est le 'SUl• vant: Mercure à 36 mill\Pns de milles du Soleil. Vénus à 68 itL id. itl. La Terre à 95 id. id. id. Mars à 145 id. id. id. Jupiter à 4-95 id. id. id. Saturne à 909 id. id. id. Je passe sous silence les petites planètes découvertes à l'aide du télescope perfectionné, pour restreindre ces quelques considérations dans des limites plus restreint~s. Ainsi l'éloignement relatif des planètes peut se réduire aBxchiffres suivar1ts, en ne tenant compte que des dixaines de millions : Mercure...... 3. Vénus......... 6. La Terre...... 9. Mars.......... 14. •Jupiter........ 4-9. Saturne....... 90. Maintenant le volume relatif de ces corps célestes, mesurés par leur diamètre, n'est soumis à aucune loi qui, nous soit connue. Il semble dans tous les cas n'avoir aucùn rapport avec l'éloignement ou la proximité relative du Soleil. Voici l'ordre dans lequel se classent les planètes quant à leur volume : Jupiter...... 88,780 milles de diamètre. Saturne..... 77,230 idem. La Terre.... 7,912 idem. Vénus....... 7,900 idem. Mars. . .. . . . . 4,500 idem. Mercure..... 2,950 idem. En ue considérant que les milliers de milles on trouve donc: Mercure......... 2. Mars............. 4. Vénus........ ,.. 7. La Terre........ 7. Saturne ......... 77. Jupiter.......... 88. Notons encore en passant ces deux nombres 7 et 7 pour la Terre et Vénus et le nombre 77 pour Saturne à titre de simple curiosité, quoique le mille qui sert de mesure représente la 60e partie d'un degré ou si l'on veut une minute astronomique. Il résulte de là que la planète la plus volumineuse du système est Jupiter, et la plus petite, Mercure. • Mais si la science ne peut rendre compte autrement que par hypothèse de l'irrégularité relative dn volume des planètes, elle a pu s'assurer de leur densité relative qui obéit à la loi universelle de l'attraction. Ainsi, on sait que la terre est 511 2 fois plus pesante que l'eau; tandis que la pesanteur spécifique de Saturne est 81 12 fois moindre que celle de 1a terre, Jupiter a environ la même densité qne le bois d'ébène, Saturne la densité dn sapin ; Vénus la densité de la pierre et Mercure celle de l'or. Tout le monde connaît la cause du changement des saisons sur notre globe; si la terre tournait sur elle-même verticalement, les rayons perpendiculaires du soleil frapperaient éternellement l'équateur, et la zone des tropiques serait probablement seule habitable, car tout l'espace compris entre les tropiques et les pôles serait couvert de glaces éternelles. L'inclinaison de la terre sur son axe, présentant annuell~ment au soleil une ligne oblique, connuesous le nom d'écliptique, l'année se trouve divisée pour nous en quatre saisons périodiques, d'environ trois mois chaque. . Ainsi, l'angle de 90 degrés, dont un rayon perpendiculaire du soleil prolongé jusqu'au centre de la terre, serait un côté, n'aboutit pas aux pôles, mais successivement à tous les points des cercles polaires. Cette distance descercles polaires aux pôles terrestres, ou de l'équateur aux tropiques, est de 23°. 28'. 30''. Pour Jupiter, dont l'axe de rotation est connu, cette distance n'est que de 3°. 5'. 30" ., de sorte, que la partie de cette planète que l'on peut supposer habitab1e, jouirait , toutes conditions égalesd'ailleurs d'un printems éternel; mais dans un espace fort retréci relativement à sonvolume. Saturne, au contraire, présenterait sous le rapport des saisons une analogie frappante avec le globe que nous habitons. Ses tropiques et ses cercles polaires offrent un écartement de son équateur ou de ses pôles, égal à 26°. 48'. 40". C'est-à-dire q11e son écliptique est encore plus incliné,que le nôtre. Saturne aurait, par conséquent, à peu près les mêmes saïsons que nous, si le singulier anneauqui l'entoure et le fait ressembler à une savonnette dans un plat à barbe, ne lui donnait sans doute .des saisons et une vie tôut-à-fait à part. Mais toutes les spéculations sont naturellement déjouées par les conditions d'existence que le's planètes tienn_en:t 1 ° de leur densité, 2° de Jeurs nombreux. satellites. Et d'abord, si Jupiter n'est, comme la science la constate, pas plus dense que l'eau, quels êtres peuvei:it vivre à sa surfa«e? quels êtres peuvent hab!ter Saturne qui flotterait sur l'eau comme un boulet de canon flotte dans le mercure, ou eomme un bo?tchon de liège dans une caraffe. Au fond, que no11simporte? Tout ce que nous poèlvons affirmer, c'est 4ue ces êtres existent et qu'ils obéissent comme nous aux lois immuables qui régissent l'infini L'HO M. ME. dans le tems, dans l'espac-e, dans le mouvement et dans la matière. Cependant, l'année de Jupiter est d'environ douze années terrestres ; tandis que son mouvement de.rotation sur lui-même est si rapide qu'il présente deux fois et demi tous les points de-sa surface au soleil, tandis que la terre ne tourne qu'uue seule fois sur elle-même. 1 L'année de Saturne équivaut à 29 lz2 ann~es terrestres tandis que ses jours sont avec les nôtres dans le rapport de 2, 3zl0 à l ; et que chacune de ses quatre saisons équivaut à 7 Iz2 de nos années. Maintenant un des caractères les plus saillants et les plus curieux de ces planètes est le nombre et la disposition des satellite5 dont elles sont entourées. C'est l'immortel Galilée, ce martyr de la science, ce torturé de l'Inqtüsition, qui le premier a vu les quatre luries dont J upiter est éclairé. Celle de ces lunes qui en est la plus rapproc1ree complète sa révolution en 42 heures et passe dans ce court espace de temps par toutes les phases que subit, dans l'espace de 28 jours, le satellite de la Terre. Ainsi, 10 heures et demie après sa conjonction, la petite lune de Jupiter prfsente son premier quartie_r; elle est pleine au bout de 21 heures, et, 10 he1nes et demie après elle est à son déclin; pour ,recommencer bientôt une nouvelle série de phases._ Le mois de cette lune est donc égal à quatre jours de Jupiter. Ce n'est pas tout: le mouvement de.ce satellite dans son orbite, s'opère à raison de 8 degrés par heure. C'est-à-dire que de Jupiter il peu~ être suivi dans le ciel comme l'œil suivrait l'aiguille d'une immense horloge. Le second satellite complète .sa révolution en 85 heures terrestres. Son mois est donc moitié plm; long que celui du premier'; ses phases d'une durée à peu près ,iouble. La révolution du 3e satellite se fait en 170 heures terrestres et son mouvement appdrent est à raison d'environ • un degré par heure. La 4e satellite complète sa révolution en 400 heures ou 40 jours de Jupiter. • Ces lunes diffèrent de la nôtre en ce que leur orbite est exactement dans le plan de l'équateur de -la planète; or l'ombre projetée par Jupiter est tellement considérable et la distance des lunes tellement rapprochée de la masse énorme de ce corps céleste qu'elles sont constamment éclipsées lorsqu'elles se trouvent en opposition avec le soleil; par conséquent les habitants de Jupiter ne les voient jamais pleines. Il arrive de même que les éclipses de soleil très fréquentes occasionnées par le passage de ces satellites au méridien ne sont visibles que sous l'équateur. Toutes les 42 heures terrestres, il y a éclipse totale de la lune la plus rapprochée ; la seconde lune éprouve le même phénomène tous les 3 lfJ jours (de Jupiter) la 3e tous les 7 jours et la 4e tous les l 6 lz2 jours. Les mouvements relatifs de ces quatre satellites sont tellement arrangés qu'ils ne peuvent jamais être tous à la fois du même côté de la planète. Toutes les nuits il y a donc nécessairement clair de lune et quelques unes de cei, nnil s sent éclairées par trois lunes offrant chacune une phase différente. . Je m'arrête pour reprendre dans un prochain article la sér~ des phén9mènes que présentent l'anneau et les satellitee de Saturne. • J.-P:H. BERJEAU. •4 I'•" VARIÉTÉS. LESMÈMOIRDEESJEANRAISIN. -Suit::- Voilà trois mois bientôt, milord, que je promène mes folles rêveries, comme un profane, au milieu de vos palais et de vos mœurs tirées au cordeau. J'ai tout vu dans votre fourmillière aux cent villes, et dans ces squares fermés, par le privilège des propriétaires, au voyageur, au passant, à l'ouvrière amie des fleurs, et jusqu-'à ces pa11vres enfants des écoles populaires qui s'ébattraient' si bien le long des vertes allées, au lieu de s'étioler dans des caves ; et vos parcs ombreux où le vice honteux abrite, la. nuit, ses maigres saturnales; et vos châteaux, jadis marqués par l'histoire, inais aujourd'hui muets comme des obélisques,' ou peuplés d'ombres qui traînent les casaques d'Henri VIII ; et vos concerts, vos théâtres, vos fêtes, où s'engouffre une multitude qui ne sent des arts qùe le bruit, l'éclat extérieur, les livrées et les fanfares. J'ai vu les ~orporations de votre cité, son lord-maire, ses aldermen, ses bannières, et toutes les pompes de sa cour, avec ses laquais, ses chambellans, ses dames aux grands atours ; que n'ai-je pas v11,dans cette ville-monde qui semble avoir la double ambition. d'enfermer, de résumer en ses murs l'histoire et l'univers, d'occuper l'espace et le temps ? . Eh bien! toutes ces magnificences qui sentent le moisi du cœur et de .la tombe; m'ont rempli, m'ont saturé : j'ai le spleen, je m'ennuie comme un lord. Adieu donc; vénérables pourpoints du temps de la re~ne Elisabeth ;· adieu, bannières des bouchers, dégrais- ·seurs,. coiffeurs, orfèvres, tailleurs et libraires ; adieu toques de la cour, splendeurs de St-James ou de Gnidhall, et vous aussi, malheureux omnibus qui vous transformez en cases cellulaires, adieu! j'ai besoin_d'entendre le grillon chanter au foyer, et la cigale clans les arbres : je donnerais toutes les colonnades, toutes les richesses de Regent-street, pour revoir de loin les neiges vermeilles sous le soleil, et l'enivrant parfum de nos plaines me monte au cerveau. A quoi me servirait <l'ailleurs de J'ouiller plus profondément du regard et de la pensée votre ville, vos plai'sirs, vos hommes, vos fêtes ? La vie est régl1ie, ici, et les destinées implacables comme les mœurs. A qui voit un lord il est inutile d'aller plus loin, dans la splendide galerie des blasons, car c'est to11joursle même privilége, la même fierté ; ce sont les mêmes chevaux, les mêmes laquais, les mêmes chasses, les mêmes vanités opulentes et froides : ici, tout bourgeois s'appelle Mercure, et si dans la r::tce des prolétaires venait à poindre un nouveau Chatterton, ,il ferait scanùale, comme il y a cent ans, comme i'l y a mille ans ! La plus triste monotonie règne partout, dans les classes, dans les mœurs, clans les rangs, et les disciplines de l'opinion sont à ce point fortes 1:;t souveraines qu'on n'a pas encore pardonné sa gloire au puissant Manfred, à Byron. Etrange contraste, milord, et qui m'a frappé comme une révélation. Les pays protestants où la liberté livra ses }!l•remières batailles se sont profondément encaissés, depuis, dans la routine tracée par les aïeux. La coutume les gouverne aussi despotiquement qu'une religion, tandis que depuis cent ans d€1i1xgrandes patries catholiques, la France et l'Italie, s'agitent vaillamment sous leurs dogmes fermés, et se laissent emporter à toutes les initiatives ! Ah! j'aime mieux l'utopie, ses témérités enthousiastes, ses rêves,.ses écarts même sanglants; j'aime mieux les convulsions que le néant, la vie que la mort ! Votre patrie, milord, a dans sa main la première navètte du monde. Elle travaitle, tisse et fabrique pour l'univers entier, que sa voile marchande approvisionne, mais elle ne file plus les idées comrr.c au temps de Thomas Morus, de Bacon et de Shakspeare. Un peu moins de coton, s'il vous plaît, et quelques beaux efforts de plus. pour les arts, pour la pensée! L'homme n'a pas seulement besoin de pain, a dit }'Ecriture ; et tête qui pense vaut bien rouet qui tourne ou navette qui file. J'étais. un de ces derniers jours, à votre parlement, dans cette Chambre des Communes où les premiers de l'Kqrope et de la moderne histoire, vos aïeux, fondèrent la grande souveraineté de l'aYenir, et l'inscrivirent au front d'un roi. Le redoutable souvenir de cette scèn.e avait en moi réveillé les saints respects, et, descendant la tradition jusqu'à nous, je m'arrêtais religieusement devant toutes les figures qui sont aujourd'hui des statues. L'émotion m'avait gagné surtout en approchant des temps nouveaux; car s'il y a là des taches, de sinistres monuments, ce sont crimes des colères a<::harnées, des fièvres ardentes, et le tableau, sous ces sombres détails, n'en garde prs moins sa beauté sérieuse, ses poétiques grandeurs. Le président tout-à-coup· ouvrit la séance. Les héritiers de la grande charte et du long parlement s'assirent, et la voix du speaker appela la cause du jour. De quoi s'agissait•il milord? De l'Irlande et de ses agonies, qu'on n'entend plus, tant est faible et bas le souffle de la mourante ? de ces colonies lointaines, où tant de vos soîdats restent, et qui ne vous rendent que quelques nabads? S'agissait-il des pauvres, des salariés, des émigrants qui s'en vont, par centaines de mille, chercher un coin de terre par delà les mers ? Mon· Dieu, non ; 1es workhouses s'emplissent, les colonies râlent, le paupérisme monte, monte toujours, et la vague emporte ce ~que laisse la mort; mais c'est là le train du monde, et l'Angleterre a bien d'autres soucis. Il s'agit aujourd'hui, comme il s'agissait hier, de savoir si les juifs seront admis au Parlement, sans renier leur foi ; si la formule du chrétien sera plus forte que le droit politique, et plus forte que la loi civile, qui donne accès à tous les citoyens investis du mandat et payant le cens. Voilà quelle était la question, la grande question du jour. Oui, milord, en plein dix-neuvième siècle, Hprèsla réforme de Luther, après les grandes philosophies de France et d'AJlemagne, les fil~_a. înés du libre examen, les héritiers de ses docteurs, de ses soldats et de ses martyrs, s'arrêtent à la forme d'un serment, et théologiens du point-et-virgule, ils subordonnent, ils soumettent au fanatisme d'un vieux texte mort, les droits de la. conscience et les droits de la souveraineté. Je suis sorti de votre Parlement, milord, en se ~ouant ma sandale, et ,l'esprit malade, affaisé sous cette pauvre discussion de rituel qui me rappelait les grandes guèrres du Bas-Empire. J'aimerais encore mieux les batailles de cochers! Ainsi l'opinion publique chez vous est tout e:ntière à la. tradition. Votre parlement, vos écoles, vos tribunaux la • suivent et l'appliquent jusqu'au scrupule religieux, comme la loi vivante. Elle règne en souveraine dans les consciences, dans les mœurs, dans les instit;utions, et la vérité n'a point son texte écrit, sa formule arrêtée, so~ parchemin, comme les nobles. L'idée jeune et franche ne peut jamais mbnter bien haut sous cette voô.teépaisse des servitudes volontaires. De là, deux grands malheurs pour un peuple aussi vi- • goureux, aussi bien doué que le vôtre. Comme le Chinois. s'enferme dans sa coque historique, il a d'absurdes mépris et des idolâtries bon:ffonnes, Il ne veut pas se re.

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