dernier soldat et seh dernier rouble." Cette rodomontade réjouit le Çhronicle qui espère voir rendre la Finlande à la Suède, et surtout la marine russe détruite dans la mer Noire. Une expédition paraît s'apprêter contre la Crimée, Deux cents navires de transport sont réuuis à Varna où viennent débarquer successivement les divisions alliées. La division Napoléon Bonaparte a quitté Constantinople le l 9 juin pour Varna. Les génfraux en chef s'y rendent également. Huit régiments, dont deux de cavalerie, ont reçu l'ordre de s'embarquer immédiatement ,lans les ports d'Angleterre pour l'Orient. Le siége de Silistrie ei,t levé ; les Russes se sont retirés sur la rive gauche du Danube; ils évacuent les for.;. teresses qu'ils occupaient en Valachie et se concentrent en Moldavie où le corps du général Paniutine, et des troupes formées par une levée en ma~se - les faucheurs, disent les journaux anglais, vont renforcer l'armée en retraite. Luders - qui n'est pas mort - se retire de la Dobrudja ; le 23, son arrière-garde a été battue par l'avant-garrle d'Omer-Pacha, vers le Mur de Trajan. Le général Schilders, amputé, est mort à la suite de l'opération, léguant tous ses biens aux veuves ét aux familles des sol'1.atstués devant Silistric. Le prince Dolgorouki, ministre de la guerre, et deux atttres généraux, sont envoyés dans les Principautés ; le Czar lui-même va partir pour Kicw où le maréchal Paskewitch doit avoir un entretien avec lui. Dans la Baltique, les opérations se bornent au bombardement de Romarsund, dans les iles d' Alimd, par quelques vapeurs anglais. Les flottes croisent devan.t Kronstadt. L'insurrection hellène n'est,pas encore étouffée; plusieurs chefs sont pO'llrtantrentrés en Grèce sur l'invitation des officiers anglais et français ; mais Haggi Petros, vainqueur dans quelques combats, refuse de se soumettre, et continue la lutte en Thessalie. - Le général Kalergis a adressé une proclamation à l'armée pour lui montrer que l'intervention française protégeait la Grèce. contre les conséquences d'une politique folle et dangereuse, et exhorter ses compatriotes à attendre patiemmeut une meileure opportunité. Le choléra est en France ; on dit que Je camp du Midi ne sera pas form{>; on parle même d'ajourner le camp du Nord. Les ressources des arsenaux sont épuisées pour armer la marine militaire ; quant aux finances, on m'assure tenir d'un conseiller à la Cour des comptes, qu'elles sont dans un état tel qu'on ne permet plus même d'examiner les comptes des diverses administrations ; la Cour n'a plus qu'à signer des états tout faits. L'armée n'a pas d'enthousiasme, elle a peu ou pas de confiance dans ses généraux. La situation morale de la France ne répond pas à la gravité de la position, à la grandeur de la crise ; c'est douloureux à constater, mais cela ne peut étonner sous un pareil gouvernement ! De.rnie••e8 nouvelles. Une insurrection militaire a éclaté à 'Madrid, sous les ordres d'O'Donnell, Dulce, et autres généraux modérés, aux cris Vive la Reine ! à bas les ministres! Les insurgés, au nombre de 2,000, ont qùitté la capitale, en marche vers Alcala ; de troupes sont envoyées à leur poursuite. Le général José Concha a quitté Bordeaux, en route pour les Pyrénées.-Le colonel répab1icain Ametler, en surveillance dans une petite ville de l'Estramadure, s'est échappé. Peut-être la reine Isabelle va-t-elle enfin expier ses fautes et ses crimes; mais une révolution menée par O'Donnell et Concha ne peut non :i inspirer beaucoup de sympathies : modérés de Narvaez ou modérés de Blaser, qne noùs importe et qu'importe à l'Espagne ? Salut fraternel, Ph. FAURE. Le citoyen Mazzini est attaqué par toutes les réactions : cela se comprend. - On ne sera donc pas étonné de trouver dans le journal de toutes les Révolutions la lettre suivante : Londres, 30 juin 18.H-. A Monsieur le Rédacteur de l'Italia e Popolo. Monsieur le Rédacteur, On me communique à l'instant un petit article àe l' Espero, qui a pour titre - Una nuova vittima don'idea - article court, mais délicieux, un vrai joyau en fait de calomnie. Il a été écrit à l'occasion de la mort d'Agostini, et - comme de droit - il accuse Mazz~ni de cette mort. Si l'accusation était formulée en termes généraux, je ne me donnerais pas la peine de prendre la plume, étant désormais convenu par tout le monde, que tout· le mal qui arrive ici-bas c'est la faute à Mazzini. .. que Dieu lui pardonne mes maux de d~nts et les pluies continuelles de Londres. . • Mais malheureusement le journal ne s'en tient pas aux. termes généraux, il descend aux détails. Il raconte des •faits et des scênes effrayantes qui se seraient passés à Londres, Radnor street, nnméro 15, pr~cisément dans la maison que, depuis tantôt deux . ans, j'habite avec Mazzini. Comment ne s'est-il pas aperçu, le malheureux jourL'JIOMM.E. nal, que ces scènes épouvantables, décrites avec tant d'assurance, par le fait même qu'elles se seraient passées à Londres, en plein midi, au_ vu et su de tout le monde, s'évanouiraient comme fumée, et qne tant de belles calomnies ramassées avec tant· d'art et d'amour seraient en pure perte ! Quel dommage ! Soyons justes pourtant; si les calomnies tombent, il restera toujours pour l'honneur de l'Espero sa belle diction choisie, élégante, courtoise, qui exhale un parfum de la rue de Jérusalem de l'endroit. Venons aux faits : • L'article dit que, après les évènemens du 6 février, en conséquence de sa protestation faite par Agostini contre l'apposition de sa signature en bas du proclame d'insurrection, on lui a refusé un morceau de pain, une obole, et on l'a laissé mourir de mlsète et <lefaim. Il ne m'appartient pas de défendre Mazzini de l'accusation de faux portée par le journal pour avoir apposé le nom d'Agostini en bas de la dite proclamation. Le libricciatolo de Mazzini, comme l'appellent les grands génies de l'Espero, en a déjà fait justice, et tout le monde sait que Mazzini avait le droit de s'y croire autorisé par les paroles mêmes d'Agostini, prononcées au moment de son départ pour l'Italie. Je veux parler seulement du morceau de pain refusi; à l'hérétique. , Personne jusqu'à présent n'a accusé Mazzini d'avoir été insensible aux misères de ses compagnons d'infortune. Tout le mond@ sait qu'il n'a jamais refusé son obole, et qu'il a toujours largement secouru les malhéureux exilés; H les aura secourus ponr leur nuire, c'est possible, mais enfin il les a secourus; il a toujours donné tant qu'il pouvait, et même plus de ce qu'il pouvait. Ainsi, il n'a refusé non plus son obole au malheureux Agostini, ni avant, ni après sa protestation. Il l'a donné, soit directement, soit par l'intermé,liaire d'amis; comme en fait foi la lettre ci-jointe de A. Doria. Dernièrement encore, aussitôt qu'il a su qu'on ouvrait une souscription pour la malheureuse veuve d'Agosti•i, il envoya son obole, que j'ai remisE;moi-même entre les mains du citoyen Mattia Montecchi, chargé de la souscription. _l\.insi donc, si la mort d' Agostini est arrivée par la faute de Mazzini (et qui pourrait en douter?), ce n'est certes pas pour lui avoir refusé son obole. Inventez autre chose , messieurs. Pardieu ! Il y a bien d'autres moyens pour faire mourir un galant homme.... cherchez, braves gens. Après le crime, le châtiment. Ecoutez et tremblez. Et, pour que nos lecteurs ne nous accusent pas d'inventer à plaisir, nous traduisons littéralement : " ...... Un grand nombre d'émigrés, non trompés cer- " tainement sur le compte de ces jésuites politiques, in- " dignés et saisis d'horreur en apprenant la mort du mal- " heureux Agostini, qui n'était pas leur ami politique-, se " portèrent à la maison du prophète ( ~azzini ) pour ven- " ger nne fois pour toutes le sang de tant de victimes " cruellement ou stupidement immolées à une ambition " personnelle; ils envahirent son appartement, cassèrent les " vitres, renversèrent les meubles, fouillèrent partout " pour le chercher ; mais l'envoyé de Dieu avait trouvé "moyen de s'esquiver et mettre, comme toujours, en su- " reté la -panse (sic). Respirons! Qu'en dites-vous du tableau? Terrible et saisissant, ma foi ; chaudes les teintts, l'action émouvante. Parfaitement arrangé. Et nous, habitans de Radnor Street, nous, mieux que tout autre, nous sommes à même d'admirer la toute-puissante imagination des ~crivains de l'Espero ! Hélas! qu'à une si belle poésie nous sommes obligé de faire suivre notre humble prose ! Et en effet, avant, comme après la mort du malheureux Agostini, Radnor Street a continué sans interruption à être la plus pacifiq11e,la plus tranquille, la plus monotone, etsoit dit à sa gloire - la plus sale rue de Londres. Rien n'est venu interrompre son calme inaltérable; point de rassemblements, point d'irruptions d'émigrés; personne n'est venu se ruer contre notre pauvre maisonnette ; personne n'a cassé nos vitres; personne n'a envahi l'appartement de Mazzini ... (Appartement! titre pompeux et fantastique! Une petite chambrette, sous les toits, longue huit pieds, large quatre!) Nos meubles ont été respectés, on n_'afo1üllé nulle part, on n'a cherché personne. Ainsi, Mazzini ne s'est pas esquivé, mais il est toùjours resté tranquillement à sa place, écrivant toujours, méditant· toujours, fumant toujours, et - comme on le pense bien -.uniquement occupé de ses crimes, c'est-à-dire, occupé à rép~ndre sur la superficie de la terre toutes sortes· de calamités, le cholfra en France, les inondations en Hollande, la maladie des raisins en Grèce, la guerre en Turquie, la peste en Asie, l'Espero en Italie, et des B ...... G...... sur tous les coins du globe.. Voilà les occupations de ce grand scélérat; tandis que, par contre, les écrivains de 1'.Espero exposent chaque jour noblement, héroïquement leur panse pour le salut de la p~trie, et ronsacrent leurs nuits à méditer les saintes vérités que vous connaissez. Mais, pauvres martyrs, que dirons-nous de la moralité de la fable? Apràs avoir lancé à Mazzini les aménités cide:ssus, ces braves gens ont tout juste assez d'esprit pour l'appeler jésuite! ...... Pends-toi, Tartuffe, tu n'aurais jamais pensé à cela. Bravo, Messieurs de l'Espero, mes compliments. Federico CAMPANELLA, Monsieur le Rédacteur, A1 1 milieu de la foule de calomnies que l'Espero a' -vomies contre Mazzini à propos de la mort d'Agostini , on lit : " un sou, un morceau de pain a été même refusé au dissident, à l'hérétique ; et on l'a laissé mourir de mi- ' sère et de faim." Après les évènements du 6 février 18.53, ayant été moi-même chargé par Mazzini d'apporter à Agostini les secours qu'il lui envoyait, je me crois en devoir de démentir de la manière la plus formelle les injurieuses imputations de l' Espero. Agréez je vous prie, citeyen rédacteur, mon salut fraternr.l. Adamo DoRIA. Londres, 30 juin, 1854. Nous avons publié da~s ce journal un àppel â • tous les gens de cœur et d'honneur pour les proscrits de toutes les nations. On verra, par le bulletin qui suit, ce que sont nos misères. UN PROSCRIT MORT DE FAIM .. Richemond, 3 juillet 18'54. Citoyen, On lit dans un journal de Londres : "·Une enquête du coroner s'est tenu à la maison de refuge de Saint James sur le corps de Anthony Borygewki, Polonais de 45 ans environ, trouvé mort sur la voie publique. Le jury a déclaré dans son verdict que le malheureux proscrit était mort de faim." Ce malheureux errait dernièrement a11x environs de Richemonrl-Bridge pour chercher de l'occupation. Il était confiseur et muni de bons certificats, mais aucun patron ne voulait le prendre parce qu'il était couvert de haillons. Il faut dire aussi à la louange du peuple anglais, qu'il fut secouru dans cette occasion par le gardien du pont, un pauvre père de famille, tandis qu'il avait été repoussé par un comité de marquis, de comtes et de vicoffites polonais, qu'on voit sans cesse papillonner autour de sa seigneurie Lord Palmerston. Ce meurtre moral retombe tout entier sur la conscience de ces grands hommes d'Etat qui préfèrent embaucher ~00,000 bayonnettes autrichiennes au service d'un pays hbre, que de sauver de la misère et de l'oppression les malheureux soldats de la liberté qui meurent chaque jour sur le pavé de Londres ou de New-York et dont quelques centaines valent certainement plus que des milliers de soldats se battant pour l'argent, l'eau-de-vie èt les saucissons. Salut et lraternité, UN CITOYE::-f. SCIENCE POPULAIRE. ASTRONOMIE. Les planètes sont-elles habitées ? telle est la question que le bon ·sens pose incessamment à la raison et que la science ne peut résoudre que par hypothèse; c'est-àdire par d'autres questions aussi pratiquement insolubles que la première. Telle qu'elle est cependant, la réponse à cette question est digne d'arrêter l'esprit qui s'exerce à. planer au-dessus de la matière et qui aime à secouer les préjugés de lïgnorance et de la superstition. Les planètes principales dont l'œil humain a pu suivre la marche même avant l'invention des instruments de la science moderne 0nt, avec le soleil et la lune, seni à nommer les jours de la semaine qui, malgré les tentatives déjà très anciennes du Christianisme et celles plus modernes des réformateurs du ] Se siècle, ont conservé les sept noms que leur ont donnés les astror!omes égyptiens. Ainsi: _ Dimanche, Sunday, Sonntag, est le jour du Soleil. Lundi, le jour de la Lune. Mardi, le jour de Mars. Mercndi, le jour de Mercure: Jeudi, le jour de Jupiter. Vendredi, le jour de Venus. Et Samedi, Saturday, le jour de Saturne ( 1). L'ordre dans lequel se présentent les planètes à partir (l) Pour les alchimistes, dimanche était donc le jour de l'or, lundi le jour de l'argent, mardi le jour du fer, mercredi celui du mercure, jeudi celui de l'étain, vendredi celui du cuivre, et samedi celui du plomb.
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