Homme - anno I - n.31 - 28 giugno 1854

' Spectacles immondes! exemples criminels! Que nous voulez-vous ? Non ! dans les actes de ce misérable, ùe ce drôle, nous ne pouvons puiser un exemple, un préservatif, ou un consei'l. . Ecouterions-nous ces gens de petite mol'alité qui nous disent: "Il a été habile : il fallait l'être ! Il a réussi : il fallait " réussir. " Ah ! mille fois mille échecs comme le nôtre, plutôt qu'un succès comme le sien...! Qu'en pensez-vous, Démocrates? Qui de vous souhaiterait à la démocratie le gC;nre<l'habilP.té, et le genre de succès que préconisent ces théoriciens du fait brutal ? Ce succès, il fera la ruine du tyran, tandis qne notre ·échec assure le triomphe définitif de notre cause. Mais, d'ailleurs, celui-là est-il en échec, qui conserve pour soi le Droit et la Justice ? Ah! si po1n réussir, nous avions opprimé (et no.is le pouvions faire aussi bien que lui), c'est alors que, véritablement, nous aurions échoué. Car, notre but étant de délivrer et non de d~miner, la tyrannie ne peut être :pour nous, ni un succès, ni un moyen de succès. Non! la Démocratie ne peut procéder comme le Despotisme, parce qu'elle a un autre tempérament et qu'elle poursuit un autre but. Que doit-elle faire, donc ? A la place du Despotisme proclamer la Liberté. - Ce n'est pas difficile, et 1rnus l'av(}nS fait plusieurs fois. Mais, après ?... Assurer l'exercice de la Liberté. - Oui; mais, comment? ...... Pour une pareille fin, tous les moyens ne sont pas bons; et, quoiqu'en pensent quelques rares doctrinaires de la dictature, la violence que nous détestons en eux taut autant qu'en M. Bonaparte, leur réussirait moins qu'à lui. S'il est des démocrates qui s'apprêtent à nous conduire à la Liberté par le ])espotisme, s'il est des hommes qui, parce que les m?sses en ont mal compris la valeur abstraite, méditent de suspenclre, fût-ce pour un seul jour, l'exercice du Suffrage universel, après que le tyran luimême s'est cru obligé de lui rendre un hypocrite hommage, cc n'est pas à ceux-là que nous nous adressonc;;. Nous nous adressons à ceux q1li croient que, comme la tyrannie se fonde sur les institutions de la tyrannie, fa Liberté doit s',Hablir sur les institutions de la Liberté, et que, parmi les institutions de la Liberté, la première et la plus imprescriptible est le Suffrage universel. Oui, le Suffrage universel, sol!s quelqu~ forra·e qu'il s'applique : élection de représentants, législation directe, etc., - questions réservées qui, par cela même qu'on y débat ·l'exercice plus ou moins large, rationnel, radical, qu'on fera du droit de vote, en admettent et en. consacrent l'usage. . Mais la Liberté n'est pas un principe négatif; c'est une affirmation, et cette affirmation veut des garanties pratiques, réelles. Elle en veut contre les obstacles de l'in~érieur, elle en veut contre les dangers extérieurs. L'HO)lME. mande rien à qui n'a pas assez, nous fixons 1m minimum non imposable. Nous voici d'accord sur un certain nombre de points. Mais tous ces points, mais toutes ces mestnes sont négatives, et la Liberté veut des affirmations . Diminuer l'impôt, en changer l'assiette, le supprimer même sous toutes ses formes, c'est bien ; mais ce n'est pas tout. Pour le succès de la Révolution, à vrai dire, ce n'est rien. Qu'importe à l'artisan, qu'im'porte à l'ouvrier sans travail une ùiminution d'impôts? Mieux vaut payer en gagnant, que de ne pas payer en ne gagnant rien, en ne produisant pas. L'homme qui travaille e~t libre, même en payant l'impôt ; il est esclave, même sans le payer, s'il est sans ouvrage, et à la merci de qui peut lui donner ou lui refuser des moyens d'existence. Et c'est dans ce sens qu'on a dit avec raison: Le travail, c'est la Liberté ! Tenez ! laissons de côté les théories et les systèmes ; ne discutons pas sur les principes ; prenons les faits pour ce qu'ils sont, et demannons-nous : " Que serait-il arrivé si le peuple de 1848 avait été libre, réellement libre de ses actions et de son vote ; s'il avait pu se dire : " Quoi- " qu'il advienne , 1'txistence de ma famille ne dépend· ni " du seigneur, ni du créancier, ni du patron, ni de M. le " curé , ni' de M. le gendarme ; et mes bras ne resteront " pas inoccupés." On nous interrolllpt : - Cela est impossible. Prenez garde ! Si le peuple, lui aussi, croit la chose impossible, quelle raison aura-t-il d'agir? L'esclave se révolte-t-il, qui n'espère pas briser sa chaîne? Impossible!... Qu'en savez-vous, vous dont la Jl€nsée ne s'est peut-être jamais tournée que vers des expédients fondés sur la force? Que savez-vous si des mesures purement économiques, bien étudiées, prises à temps, dans de bonnes conditions, ne pourraient pas, du jour al!llendemain, oui! du jour au lendemain ! placer tous les citoyr.ns dans 1a situation que nous venons de dire? Mon Dieu! le Peuple n'est pas exigeant. Il vous a offert, en Février, trois mois de misère. Si, durant ce1,trois mois ... Mais net récriminons pas. Nous avons tlit que la RévoZ.Ution est toute dans la question du lendemain, et chac11n convient que c'est vrai. Mais cette formule en engendre une autre; et, de celle-là, nous voudrions que tous les Démocrates fussent pénétrés, imprégnés, sâturés ; nous voudrions la planter dans leur cerveau comme une pensée dominante, préoccupante, comme une idée fixe; nous voudrions la mettre à l'ordre du jour permanent de la Démocratie. C'est à savoir que : La question du lendemain est toute dans la question du 'l'rava-il; Parce que - le travail, c'est la Liberté! CORRESPONDANCEPARISIENNE. 25 juin 1854. Renversons les obstacles de l'intéri~ur. Rien de mieux! Unisso•s-nou.s contre le tyran! Nous t'entendons, voix généreuse! et tous, nous te faisons écho. • Mais cela, Depuis que nous sommes ~ombés en pleine nuit de cac'est la question du jour, et la Révolution est toute dans verne et que l'oppression se fait partout sentir, les plus la g_uestiondu lendemain. , • ' terribles catastrophes arrivent et passent en silence, à -Le lendemain, nous abolirons les armées permanentes. peine cornrnes <lans les quartiers que le malheur visite. -Soit! L'armée, créée dans le principe po,ur défendre le 'Ainsi en est-il des faillites ,et banqueroutes qui ont sol national, n'a guèi'e servi qu'à comprimer et opprim~r épouvanté, voilà trois mois, le commerce, la Bourse et les les citoyens. 1 • ·-- ind•1stries. •• Dans une société libre, point de soldats! Tous les c;.- A cenx .qui disaie:Àt la maison Bechet et la ·maison toyens sont armés et se lèvent au jour du péril commun. Monteaux• sont en grande gêne; elles sont bien près du Mais, d'ailleurs, les peuples d'Europe doivent former une bilan, le gouvernement répondait: Vous êtes des calomgrande fédération. Or, quels dangers entre peuples fédérés ,niateurs et je vais vous poursuivre, comme tels, au nom et frères?... de la confiance pub!ïque que vous alarmez et des maisons Faudra-t-il, pour conclure ou pou;r,cimenter cette fédé~ dont vous compromettez l'avenir. ration, cette union fraternelle des peuples d'Europe, voler A cette parole de l'Etat intervenant par ses organes au secours d'une nationalité soul€vée contre ses maîtres? officiels, les intérêts engagés se rassuraient... et huit -On opère _commeaux Etats-Unis: on organise des corps jours après, on en était aux liquidations! francs où l'élection confère le grade; et 1'éjectioa du Combien de ruines n'a pas entraîné ce système sur les tyran permet aux enrôlés volontaires de rentrer dans leurs places ~econdaires de France, à Lyon, à Lille, à Borfoyers et nans leurs ateliers. deaux, à Marseille, à Roùen ? -Nous supprimons le budget des cnltes.-Soit! Celui On n'en parle pas; car sous un gouvernement comme qui a besoin ,lu prêtre doit le payer. le nôtre, il faut savoir mourir avec grâce, et le premier -Nous supprimons la magistrature et nous y substituons devoir est <lene point attrister l'empire. Pour les affaires, le jury, la justice arbitrale et élective, les jugements en aujourd'hui, c'est comme autrefois pour les batailles : il équité, l'unité de compétence._ Bi~n ! ne doit y avoir que très peu de blessés et jamais de morts. - Nons renvoyons au .trava,il.productif les qnatre-cin- Il faut que les funérailles soient masquées et qne les quièmes des fonctionnaires civils; et, d'abo_rd, tous'les bulletins chantent toujours. employés des Contributions indi-rectes que noui suppri- Mais soyez certain .que les catastrophes qu'on a camons. - Très bien! · chées et celles que, tous les jours, on étouffe sous les - Nous supprimons les octrois et le~ prestations en dithyrambes, n'eri laissent· pas moins l'épouvante derrière nature! - Oui! elles; soyez certain que si la Bourse; simple marché d'a- - Nous supprimons' même les ·Douanes; et nous le giot~ge, maintient _se-sc?urs, ~râce aux influenc~s qui la pol'tvo'ns faire, puisqu.~la_R:évolutï,onest européeri,ne, que .. , domment, ~es affaires md?stnelles et les aff~ires co~- les peuples se concertent, s'associent, fraternisent, et qne,. • 'lnerot~le,s_n en S-Onltas moms au plus bas. Sg!'ez certam tatée, quai;id tout est nuit, silence et problème autour d'eux, ils se défient, ils se cachent, ils se dérobent. Où en est, par exemple, la grande industrie de Lyon, dont les chefs, patrons ou capitalistes, ne sont pourtant pas hostiles au gouvernement de la force ? Le mouvement y est partout ralenti; beaucoup de métiers chôment, et les plus fortes maisons en sont à attendre le sacre de leur empereur, e1les qui approvisionnaient le M,onde ! - et Bordeaux qu'avait tant réjoui le grand discôt'trs - l'Empire, c'est la paix ? - Bordeaux, la ville des vins., a perdu sa dernière grande cliente, la Russie : elle pleure sur ses richesses, sur ses tonnes pleines ; elle est ruinée comme le.commerr:e de Paris qui Ti'a jamais eu pour ses petits chefs-d'œuvre de plus riche marché que le 1ays· des Boyards. • • Cette souffrance qui est générale dans les int6rêts matériels, quelles que soient les apparences et les harangues payées du monde officiel, ce malaise profond que l'inconnu irrite, n'est pas le seul symptôme que je puisse vous signaler d'une Révolution prochaine, d'une Révolution fatale. Il y a dans tout le Midi comme une ·vaste conjuratio:a qui relie les campagnes, et le gouvernement vient de trahir ses peurs en organisant les visites domiciliaires et les arrestations préventives dans tout le bassin de la Garonne. Ouvriers des petites villes et paysans des communes rurales sont le nouveau gibier qu'on traque et qu'on pousse dans lE:s prisons par bandes entières !-Que leu~ reproche-t-on ? d'avoir, renouvelé ces anciennes sociétés seerètes qui, les clubs fermés et le suffrage universel détruit, s'étaient formés en 1850 pour rentre'r dans la Constitution, à l'heure venue, et défendre lei République au besoin. Cette organisation, le gouvernement la sait redoutable ; car elle lutta ·puissamment. et faillit l'arrêter à l'lieure ·de son crime : il la poursuit donc avec acharnement, il la traque avec violence; mais la com.piration secrète, si conspiration il y a, n'est pas facile à saisir dans ces campagnes que le chemin vicinal traverse à peine, qui livrent, pour les séances, leurs roc:hers creux, leurs bois profonds, et qui, par leurs communications brisées, <léfie!ilt les :pistes policières.· Voilà donc les deux grands ennemis qui marchent contre l'empire et qni bientôt l'envelopperont : la banqueroute dans les villes et la Révolution dans les campagnes. Réfléchissez bien à ce dernier phénomène, c'est la première fois qu'il se produit dans notre histoire, depuis l'affaire des Jacq1œs. Je ne vous dirai point, maintenant, les milles petits bruits de la grande ville, les causeries hostiles et malicieuses <lufaubourg St.-Germain, cet éternel conspirateur 1ie canapé, les paroles rtides et les violens sarcasmes qui échappent, parfois, aux prolétaires, quand passent les vices et les carosses du 1-econdempire : je ne vous expliquerai point les intrigues acharnées qui diviient les personnes de la haute administration ; tout cela peut s'appeler, co~me une comédie de Shakespeare : - Beauco1tp. de brnit pour rien. Mais ce que je ne veux pas oublier--car c'est un grand signe - c'est que l'armée si panachée, si rogue, si fière, il n'y a pas encore six mois , est aujourd'hui sérieuse, froide et même triste au milieu des populations : plus de ces violences farouches qui tuaient les passans sur consigne et même sans consigne, comme dans la rue de la Bibliothèque, il y a deux ans; plus de ces regards insolents qui défiaient le pékin dans les cafés et dans les rues : quand on la n,quiert pour pr_êter force aux cent polices de l'Empire, elle obéit encore; mais elle n'insulte plus, elle ne provoque plus ; elle suit les consignes, comme autrefois, sous Charles X, quand, déjà, son âme était ailleurs. n n'y a que les prêtres, ees hiboux de la civilisation, qui continuent à chanter dans cett~ nuit profonde : mais du desservant à l'évêque, ils sont tous exécrés, et leur concours, au lieu d'être une force aujourd'hui, compromet les maîtres. • Quant aux magistrats impériaux, procureurs, pr~sidents et juges, leur conscience est aussi troublée que coupable: ils n'oseraient acquitter et ils tremblent en condamnant : on peut dire que, depuis Décombre, la magistrature française est au bagne, comme ceux qu'elle y envoie par couardise et lacheté ! l\f. Billault a pris la place cle M. Persigny : arcadeg ambo ! XXX. . OORRESPONDANCE DE LONDRES. Lon'1res, 26 jnia 18.54. De:rnie:res nouwel~es. si la suppression peut occasionner quelques charges tran- que s1 l_année dern!ere fût mar~u.ée par 1ine disette pressitoires,-comme dédommagements, indemnités, setours, q~e famme, cell~-c~verr_a_lafaillite-fléau entrer dans nos .. - eu revanche, nous n'avons plus à payer ni juges, ni v1llès e~fra~per a des nnlliers de_por!es. . , Le s~ège de Sj~jstrie e;t levé ; ·1~s-Ru~:&e~.évacu~nt la: . Valachie et la Dobrudja deTant Ist\'.iaïl Pacl1a et Omer- .. Pacha ; les Turcs, seuls et avant l'arrivée des forces al. liées, ont repoussé l'agression russe ! gabelous, ni gendarmes, ni :prêtres, ni soldats. _ A mer- . Les mtérets, en effet, ont besom dune grande lum1ere, veille! pour oser marcher, après les coups d'Etat, comme après· -- Enfin, .ncus un'.tarison_s l'impôt .. Et, en attendant les Révol~tions: ils préfère~~' ean_sd_ou~, _les_gouvernequ'il puisse devenir facultatif, de progressif in.verse q\J.'il m~nts-~aitres aux peuples-sounrams; mais ils veulent est aujourd'hui, nous le constituons progressif direct, afin v_oirclair ~vant de ~•e11gager,_av;i,nt de tenter de_sopéraqu'il demaude plus à qui plus a. Et, pour qu'il ~e de- tlons considérables, et quand 11 D y a pas de sécnnté consLe combat du 1~ juin a été fatal aux Russes doht les cadavres ont rempli d'abord les fossEs des fortifications assiégées, puis leurs 'propres retranchements où les ont attaqués les garnisons des forts commandés par Hussein Bey et une armée de. 30,000 hommes partie de Shumla

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