Homme - anno I - n.30 - 21 giugno 1854

jouer un rôle, et comme tout était pris, dans la RépubliquP. ou le Socialism:), depuis la Banque d'Echange jusqu'à !'Icarie, le citoyen Cœnrderoy a· inventé les Cosaques. .Et cela s'appelle de la science ! Il y avait, autrefois, dans la ville d'Ephèse, quelques trois cents ans arnnt Jésus-Christ, un 'jeune homme qui voulait, à tout prix, laisser un nom sur la Terre. Il s'appelait Erostrate et il brûla le temple de Diane, l'une des sept merveilles du Monde: que d'Erostrates nons arons eus depuis ...... mais ils ne se brûlent que les doigts. Ch. Rrn. Voici un nouvd extrait emprunté à l'un des plus énergiques discours de Kossuth, aux meetings de Sheffield. L'orateur revendique pour la Hon_- grie et la Polog·ne qui ont souffert l'abandon et la m9rt, cette dette fraternelle, cette assistance cl'hon-· neur et de foi qu'on offre si cordialement à la Turquie. LaTurquie est-elle nécessaire à la sûreté de l'Europe ? La Turquie doit-elle être protégée, et la Russie refoulée? Maisalors il n'y a rien de sincère dans les protestations, rien de politique d.,ns les résolutions, en dehors de la restauration de la Pologne _et de la Hongrie dans leur indépendanceet leur liberté! ( Chauds applaudissements.) Réfléchissez sur la nature du mal et sur le remède qu'il appelle,et il n'est pas un esprit auquel ne se présentent les noms de la Pologne et de la Hungrie !-Les membres épars de la première, l'image sanglante de la seconrle doiventse dresser devant toute conscience comme l'ombre de Banco , la main levée , pleine de nwnaces et d'avenir. (Applaudissements.) Et ceux rpi Y;\•ent dans la ténébreuse atmosphère des secrets de la <liplomatie, ceuxlà, avant q11e le spectre se lève, ferment les yeux et s'efforcent de composer avec leur conscience, dans l'espoir queleur aveuglement obstiné fera disparaître cette main qui les importune de ses menaces. (Applaudissements.) Messieurs, c'est une étrange anomalie que celle qui m'amène parmi vous, au ·sein de votre Angleterre. Quelle est l'hnmble'personne qui a l'honneur de parler devant vous? C'est un homme modP.ste et sans prétention ; quoi que j'aie fait, quoi que j'aie été, quoi que je sois, je suis certainement un homme qui ne vis que pour protester contre les aggressions de la Russie et contre le despotisme de l'Autriche. (Applaudissements.) Qu'est-ce que ce François Joseph d'Autriche? C'est l'homme <1uidans ses mains sanglantes tient un des membres partagés de la Pologne; c'est l'homme qui a trahi chaque province de son empire en faisant hriller à leurs yeux les solennelles promesses d'une constitution qu'il a déchirée jusqu'à la dernière lettre; c'est l'homme qui a attaqué les lois et l'existence de la Hongrie par la conspiration et par les armes; qui a promené le for, la mort et la désolation sur la terre, et fait appel aux forces d'un despote é'tranger ponr subjuguer sa patrie; ~•est l'homme qui a dressé par centaines les échafaurls, et qui sur eux a immolé les patriotes par milliers; c'est l'homme qui s'est fait le menrtrier de la Hongrie et de l'Italie. ( Chauds applaudissements.) Le monde a vu des millions de citoyens anglais acueillir avec enthousiasme mon humble personnalité, et flétrir naguères de ses malédictions François Joseph d'Autriche, témoin les honnêtes ouvriers de Barda y et Perkins. (Applaudissements et rires.) Mais ce n'a point fté qu'une' malédiction : le monde a vu les maires, les alderrnen, les corporations, les délégations, les sociétés, toutes les communautés, et le peuple d'Angleterre, exprimant dans plus de cent vingt adresses leur approbation de la part que j'ai prise dans la résistance aux aggressions de l'Autriche, et leur sympathie pour les malheurs de mon pays; ih, me prodiguaient leurs plus affectueux encouragements, et me confirmaient dans l'espoir ùujour prochain de la réparation. (Applaudissements.) D'autre part vous avez entendu exalter François Joseph commeun prince magnanime, comme la jeune espérance de sa patrie; vous avez entendu vanter la noble intelligence, l'élérntion d'esprit du jeune empereur, et vous avezvu des hommes graves, des Anglais, l'entourer de leur prédilection, courtiser ses faveurs et son amitié! - Ces deux situations se sont présentées dans un seul pays, sur ce même sol de l'Angleterre. Si ce n'était là qu'une question de divergence d'opinion individuelle, ce ne serait pas le lieu de s'y arrêter ; mais tel n'est point l'état des choses. L'Angleterre est conviée impérieusement aujourd'hui à agir dans l'nne ou l'autre de ces directions contraires. Contre les oppresseurs ou contre les opprimés, il faut qu'elle agisse, cela est certain. (Applaudissements.) Maintenant je crois que l'action de l' Angleterre doit répondre de sa volonté. La question est donc celle-ci : qu'est-ce que l'Angleterre? DES lOIS MORALES DE LA VIE. Personne n'a le -droit de 1ie trav·ailler que pour sa propre jouissance, de se séparer d.è s11s semblables et de rendre sa culture inutile pour eux-·; car ce n'est que par le travail de la société qu.'il a été mis en état de l'acq_ué~ L ' HO i\j IIE. rir ; elle est en un sens le produit, la possession de la société; c'est la priver de ce qui lui appartient, que de ne pas voulofr s'en sen-ir à son profit. Il est <lu devoir de chacun, non seulemeHt de vouloir être en général 1;tile à la sociéti'i, mais encore de diriger tous ses efforts, autant qu'il le comprend, Yers la fin dernière de la société, à ennoblir de plus en plu~ le genre humain, c'està-dire à le rendre toujoars pl11slibre de la contrainte de la nature, toujours plus maitre et directeur de !ni-même; et par là cette nouvelle inégalité pro<luit une nouvelle égalité, qui consiste dans la tendance uniforme de la culture chez tous ]es indi\·idu:,,. L'intérêt s'accroit encore quand on jette un regard sur soi-même et que l'on se considère comme menibre de cette grande et intime a~sociation. Le sentiment de notre dignité et de notre force mi~mente quand nous disons ce que chacun de nous pent dire: Il-Ionexistence n'est pas inutile et sans but; je suis un a!1,,eau nécessaire de la grande chall1e qui s'étend d11 moment que le premier homme eut conscience <le son existence, jusque dans 16ternité; tous ceux qui ont fait, au milieu <les hommes, chose grande, sage, uohle, ces bienfaiteurs de l'humanité dont je lis les noms illm,trcs dans l'histoire des uations, tons ceux dont les sen-ices ont survécu à leur nom, tous ont travaillé pour moi; je snis venu au milieu de leur moissons, j'habite la terre qu'ils habitèrent, je suis les traces sur lesquelles ils ont répandu leurs bienfaits; je puis, dès que je veux, entrepr.endre la même tàche qu'ils ont remplie, de rendre toujours plu~ sage et plus heureuse la race de mes frères ; je puis continuer c,! qu'ils furent obligés d'interrompre; je puis élever plus haut les murs du magnifique temple qu'il leur fallu laisser inachevé. " l\1ais il faudra m'arrêter aussi comme eux," pourra-ton dire ?-Ah! de toutes les pensées, c'est la plus élevée. Je n'aurais jamais achevé si j'entreprenais cette grande tâche; et comme certainement je suis appelé à l'entreprendre, je ne puis jamais cesser d' agit-, et par conséquent jamais cesser d'être. Ce q,!l'on nomme la mort, ne peut briser ,mon œuvre, car il faut qu'elle soit achevée et elle ne peut jamais l'être : par. conséquent il n'est pas de temps assigné à mon existence, et je suis éternel. En entrepreuant cette tàche immense, j'ai tiré à moi l'éternité. Je lève fièrement la têtè vers les hautes montagn,;s aux pics menaçants, au milieu des mugissantes te;..':lpêtes des eaux , au mi lieu des déc;hirements des nuages en feu, et je m'écrie : Je suis éternel et je brave votre puissance ! Tombez sur moi, toi terre, et toi ciel; . confondez tons YOS éléments en un sauvage tumulte, soufflez, déchaînez-vous, et dans une épouvantable lutte broyez le dernier atome ùu corps que je dis mien; ma volonté seule dans son plan arrêté flottera digne et calme sur les ruines <lu moncle; car j'ai compris ma destination, et elle est d'une durée plus longue que la vôtre : elle est éternelle, et je suis éternel comme elle. F ..... v. SOCIÉTÉ FRATERNELLE Des Proscrit.~ démocrates-socialistes français, à Londres. La Société fratenielle cles Proscrits français, sans apprécier les motifs qui ont déterminé la démarche de l'un de ses membres, le citoyen Boieho~, exprime ses regrets de l'arrestation, à Paris, d~ ce citoyen qui possède so~1estime, et proteste contre les assertions du journal le Tunes, considérées l)ar la société comme ~uggerées par la police ùe M. Bonaparte. (Adopté à l'uuanimité, dans la séarice mensuelle de l'assemblée générale, le 9 Juin 1854.) VARIÉTÉS. ' LES MEMOIRDEES JEANRAISIN. -SuiteNous étions placés, la bohémienne et moi, près de la grille qui fait face à la Serpentine, et qui longe , en la fermant, la grande allée des équipages. C'était une des premières loges et des mieux ouvertes pour voir passer dans toutes ses puérilités magnifiques ce monde insolent de la finance, de la mode et du blason, qui parle atlx yeux par ses guipures, ses àrmoiries, ses chevaux et ses livrées, n'ayant à montrer à son pays rii la pensée qui sacre le front, ni les œuvres qui donnent la gloire. Des deux côtés de la ligne que suivait l'étincelante f ashion se détachaient des groupes de prolétaires et de petits bourgeois, flairant, ébahis, tout ce qui brillait et miroitait en courant sur la chaussée triomphale, et cette curiosité soumise, idolâtre, enivrée, me fi.t mal; car elle accuse, dans l'âme ppblique de votre pays, milord, le yrossier matCrialisme des sens et l'ignorance ou l'oubli des grandeurs morales. L~ b;:~:i.roi:e i:apolit·i:1 s'cnd0rt irn:· le 1m:·h!·e <les;pn8 lais, et laisse ù peine tomber u,1 regard noncl.alant sur Je faste qui passe da.us ses pourpres. Il a, lu:, les parfums d'un éternel printemps, tous les rayons du ciel, toutes les q>Lendeurs de Dieu ! 8a misère est gra:ide, mais rlle elle a sa part d'ombre, sa part de soleil, et pauvreté qui ne grelotte point n'est jamais sans espérance. Sobre et fier, !'Espagnol se sent homme et se clrape partout dans sa guenille. Il allumerait sa cigarette a11 soleil, sa.ns le saluer, et tous les rois de l 'Alhambra, toutes les granùcsses de son histoire passeraient devant son tertre, que sa fierté tranquille n'en serait point émue. Quant nu Français, milord, tout panache l ïrrite et fouette ses colères: en lui sont mortes, bien mortes, toutes les religions des peuples-enfants ou corrompus: il n'a plu<; qu'un culte, celui du droit hardi jusqu'à la bataille; il n'a plus qu'un respect, C'elui des grands caractères et des idées. La l1louse gauloise a des vriueipes : adieu les li nées, milord! Mais votre prolétaire anglais, je l'ai vu, j 11squ'ici,pauvre Narcisse, hàve et rnaigre, se mirer avec C'omplaisance dans les broderies des laq nais et faire la haie des respects et des applaudissements quand piaffent les chevaux de ses lordi. Certes, il n'y a rien de plus bas, de plus misérable au monde que l'envie à l'œil fauve, au pied fourchu, qui vient guetter la richesse au passage et qui lui jette ses insultes jalouses; mais la pauvreté servile qui l'encense est aussi pénible à voir, et j'aime mieux l'homme qui 'se sent un peu sous le bourgeron ou sous la guenille. En Angleterre, m_ilo.rd, vous avez des gentlemen, des évêques, des esquires, de grands dignitaires, des 11airs, vous avez même dans la bourgeoisie la moitié J.u citoyen; mais l'homme n'y existe guère ! -Voyez-vous ce riche et fringant équipage, me dit tout-à-coup la .bohémienne, dont la voix cassée troubla mes rêves philosophiques, et les fit partir comme un vol d'hirondelles effarouchées; voyez-vous ces chevaux si fiers sous le harnais plaqué d'or ; et cette livrée splen- ,lide; et ces gros laquais, qui suintent la bêtise et l'orgueil, et ces armoiries étincelantes ? - C'est ma foi d'un fort grand traiu, et l'on dirait un carosse royal, à toutes ces dorures . - Oh, que nenni, n1onsieur Jean : il n'y a p,,s la licorne à ce grand blason; il n'y a pas de tricorne sur le siège, m de hallebardes au cortége: c'est le carosse d'une duchesse, d'une grande duchesse de la vieille Angleterre ; et tenez, la :voilà sur ses coussins, dans toute sa splendeur. C'est une opulente et fière lady, je vous jure. Je Y_is, en effet, à demi couchée dans son équipage, une femme impassible dans sa beauté sévère, ne coquetânt 11ide l'éventail, ni du sourire, ni du regard ; 1me véritable gran,de dame, sûre d'elle-même, et tr,tversant les foules sans les toucher. Il me semble, milorcl, que les matrones romaines, les patriciennes du temps de Pompée, devaie:lt avoir ce tranquille et froid regard, cette confiancé orgueilleuse, ce dédain profonrl, pour tout ce qui n'était pas de leur sang; et, sauf les fureurs bestiales du césarisme, sauf les cruautés féroces qui ne sont plus dans la civilisation lrnmaine, m'est a'.v1sq11evos ladies de grande race ont gardé tous les sots mépris des matrones, leurs aïeules, sans gagner une idée. Le domestique n'est plus une chose à venùrc, une bête de somme, un animal familier; mais il n'a llj contact ni rapport dans la vie. On lui parle à peine, et moralement il n'existe pas plus qu'au temps romain. Chez vous, milord, dans cette classe du moins, la grande dame a tué la femme chrétienne. Oh, que le vieux monde est long à. mourir! Toutes les têtes de petits bourgeois ou de menu penplc qui se pressaient des deux côtés de la voie, s'a\·ançaient et se penchaient cur1cuses. Il y avait là des eufants, pieds nus, des pauvresses en 1ia.illons, des habits noirs à franges éraillées, et tout cc monde des guenilles était en extase. - Ah 1 ah! ah! les voyez-vous ces squelettes en toilette d'hôpital, ces rascals, ces Irlandais, comme ils se. pâment d'aise ? me dit la bohémienne, éclatant d'un rire, guttural et saccadé. Quelle bonne plèbe que ces mendiants! La fière duchesse qui passe les a pourtant chassés de ses domaines de la verte Erin, comme ils disent ; elle a rasé les cottages, enlevé les toitures de chaume et jeté les travailleurs. hon; de ses terres, pour y faire camper des troupeaux. Le bœuf est d'un meilleur revenu que l'homme ! Ah ! ah ! ah! le bon peuple que cette rn,b ! Croyez-vous, monsieur Jean Raisin, qu'il ferait bon chasser le paysan de la terre, là-bas, dans vos Pyrénée~-~ - Je ne crois pas, Maladetta ; toutes les lances du vieux-Guillaume ..le-N ormand s'y briseraitnt comme des quenouilles! Mais ce n'est, point tôut-à-fait le crime de cette femme, s'il y_ a meurtre contre les pauvres. C'est le fief qui fait la faim; c'est la loi qui tue! La voiture de la gralllle dame s'était perdue dans le l ' ' 1 ••

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