Homme - anno I - n.29 - 14 giugno 1854

r a fait une sortie victorieuse le 29 mai. S.on 6 t,néra1, Moussa-Pacha, élève de l'école <leMetz, est assisté par un colonel prus~ie11.-Un corps de cavalerie turque, réguliers et Bashi-Bouzouks, aux ordres du colonel Mercier, a écrasé un régiment de Kosdks sur les bords de l' Aluta. L'armée russe en Géorgie, forte de 150,000 hommes, abandonne plusieurs positions aux Circassiens, mai: compte s'en dédommager sur la Turq11ie d'Asie, mal défendue par une armée en désordre et sans paye depuis plusieurs mois. Les journaux allemands prét1mdent q1.1cle maréchal Paskcwitch va revenir à Jassy, modifier son plan de campagne et se concentrer pour se défendre contre une attaque des Autrichiens par la Transylvanie. L'empereur d'Autriche, après avoir lancé, le 2 jnin, une sommation au czar d'avoir à fixer un délai pour évacuer les principautés, est en ce moment à Teschen (Saxe) en conférence a,·ec le roi de h·usse. On dit les aristocraties allemandes très actives pour obtenir la rentrée de l'Allemagne dans l'alliance russe;_ et l'entrevue des deux souverains " ne présage rien de bon pour les puiss:mces occi- " dentales," disait la dépêche télégraphique adressée au 1'irnes; certains petits Etats allemands intriguent pour , engager la Confédération toute entière dans une prétendue voie de conciliation qui conduirait à sommer et le Czar et les puissances occidentales à remettre les choses dans le statu quo ante bellum ; le Czar promettrait d'évacuer les principautés si les puissances s'eng:i.geaient à rappeler les· flottes et leurs armées; celles-ci, peu soucieuses de perdre le fruit de tant d'efforts sans garantie pour l'avenir, refuseraient de s'y engager; et l'Allemagne s'allierait au Cz:i.r pour punir les :puissanci::s occidentales, c0 ·:'.)ables de ,·onloir abaisser et dominer la Russie. TL'l c,·:.. :>-0,1, le plan auquel se rattache l'entrerne de l'emp.::,·.ir d'Autriche et du roi de Prusse. Kossuth, dans deux m:1gnif.qurs discours aux me Jti 11gs de Sheffields, a essayé d'enthousiasmer h..populatiol! anglaise pour l'indépendance de la Pologne, de la Hongrie, de l'Italie, seules barrières séneuses contre la Russie, mais dont la cause a le tort, pour le:- liommes d'Etat, .d'être liée à la destruction de l'empire d'Autriche et dès lors au triomphe de la Révolution. Kossuth a fort é1oqueY!1mentdénoncé les perfidies, lès trahisons, les crimes de la maison d'Autriche, s:i. neutralité si favorable à la Russie, son alliance improfitable il l' Aug1eterre et qui retirera aux puissances l'appui des nationalités, de h Pologne surtout, l'implacable ennemi nu Czar. - John Bull répond, par ses journaux, que tout cela est bel et bon, mais que François Joseph commande à 500 mille }?ayonnettes, et qu'il vaut mieux: ne pas l'avoh po:u 'ennemi. La Pologne? On verra plus tard; sauvons d'abord.la Turquie, et voyons venir ... Le gouvernement français remplit les cadres de soa armée, augn:iente sa flotte_, comble les vides de ses ar.senaux, et se 1wépare à une guerre européenne. La 2e légion étran·~ère 4uitte l'Algérie pour Constantinople où elle deviendra le ·noyau des légions qui s'appelleront plus tard, quand on ces~e~_a d'avoir des égards pour l'Autriche, lëg'ions polonaise, hongroise, allemande,. roumaine et peutêtre russe? ·Le général Napoléon Bonaparte met en fureur. le maréchal Saint-Arnaud par ses rélations avec les réfugiés à Con~tantinople; on feint, à Paris, de s'irriter de cette conduite, sans doute concertée ; certes, entre le maréchal ·et l'héritier présomptif, on n'hésiterait pas à sacrifier le complice du 2 Décembre, après Morny, Maupas, Carlier, déjà hors du pouvoir ..... . Une n'todificatiou ministérielle a eu lieu à Londres, le jour m~me où la Reine d'Angleterre et sou cousin, le roi de Portugal, ouvraient le Palais de Crystal à Sydenham. J~ord John Russell devient président du collseil eu remplacement du comte Gra1wille, tombé chancelier du duché de Lancastre, une sinécure relevée par l'entrée au Conseil accordée au comte. Un ministère de la guerre est créé pour le duc de Newcastle, remplacé aux Colonies par Sir G. Grey. Une élection aura lieu mercr~di dans fa Cité <le Londres; John Russell,-le premier membre des Communes qui ait été nommé à la présidence du Conseil jusqu'ici réservér. à un membre de la chambre des Lords,- sera certainement réélu et sans conteste. Salyt fraternel, Ph. FAUrtE. Voici un appel qui s'adresse aux républicains de toutes les nations : la commission nouvelle des proscritsde Jersey continue les efforts de l'ancienne • et nous espérons qu'on entendra sa voix; il ne s'agit point, ici, de J crsey seulement; on veut éveiller et provoquer pour la proscription générale, dans ses camps divers: -;- solidarité, solidarité, dans les misères, comme dans les luttes ! AUX RÉPUBLICAINS. Il dévient urgent d'élever la voix et d'avertir les cœurs fidèles et généreux. Que ceux qui sont dans le pays se ::souviennent de ceux qui sont hors du pay:s. Nous, les ) rombatt:rnts de h proscr1r~:on, 110us sommes entuurés de dét.-c,ses héroïques et i1101!ies. Le paysan souffre loin de sou cl.amp~ l'ouvrier ~ouffrc loin de :,on atelier; pas ùe _ travail, pas de Yêtements, pas de souliers, pas de pain ; et au mi!irn lle tout cela des femmes et des enfants; voilà Oll en sont 'u1:e foule de proscrits. Nos compagnons ne se plaignent pas, rn:iis nous nous plaignons pour eux. Les despotes, M. Bonaparte en tête, ont fait cc qu'il faut, la calomnie, la police et l'intimidatio1t aidant, r,our empêcher les secours d'arriYer à ces in~branlables con:- fesseurs rle la démocratie et de la liberté. En les affamant, on espère les dompier. Rêve. Ils tomberont à leur poste. En attendant, le temps se passe, les situations s'aggravent, et ce_ qui n'étai.t que de la mi~ère <l,eYientrle l'agonie. Le dénuement, la nostalgie et la faim déciment l'exil. Plusieurs sont morts déjà. Les autres doivent-ils mourir? Concitoyens de la République universelle, secourir l'homme qui souffre, c'est le devoir ; secourir l'homme q11isouffre pour l'humanité, c'c$t plus que le devoir. Vous tous qui êtes restés dans vos patries et qui avez du moins ces deux choses qui font vivre, le pain et l'air natal, tournez vos yeux vers cette famille de l'exil qui lutte pour tous et qui ébauche dans les ,louleurs et dans l'épreuve la grande famil1e des peuples. Que cnacun donne ce qu'il 1)0urra. Nous appelons nos frères l:U secours de nos frères. La Commission de Jersey : YICTOR H"CGO, 13_'..RBIER, -Proscrits français. ALB1rn-r IlARBLEUX, ALE\.ANDll.E TELEKI, --Proscl'it hong•·ois. L. PfANCTANI, -Proscrit italien. ½ENO SWIETOSL.\. Yl'SK f, -.Proscrit polonais. Le citoye!1 Ernest Cœurderoy nous a honciré d'une brochure presque persounelle et qui est fort truffie d'injures: , 1tous n'avons aujourd'lmi ni le temps, ui la place pour répondre, et ù'dlleurs cela pe11tattendre. VARIÉTÉS. LESMÈMOIRDESEJEANRAISIN. -Suit:- L'enfant s'était endormi, le gin fai:,ait son effet, et la mère elle-même était el\ langue; ses pommettes s'éclairaient de lueurs fauves; ses rides bistrées se marbraient, et toutes ½es violellces de cette nature sauvage éclataient dans son regard ardent. - Tenrz, ajouta-t-elle, nous 11e sommes pas riches, nous, les suspec~s, les aYenturiers, les maudits de toutes les terres. Nos guenilles rouges, dentelées a11 buisson vous fout pirit, nos maigreurs vou~ attristent. EL bien ! il y a dans Londres deux cent mille femmes de couture qui seraie1,t heureuses <lemanger mes restes et de porter mes friperies_; pas une d'entre non~, même la plus vieil!e, qui rie fosse avec 1'es cartes, ses sorts et tous ses 1)et1ts commerces, plus d'argent que la tailleuse à la pièce avec sou aiguille et ses quatorze heures ... Slx on lmit pence par jour, qndquefois quatre ... et quand on travaille, voilà la chance ! Je dirt1i comme l'eufant : mieux vaut servir les juifs, revendeur<.:et contrebandiers que s'atteler à ces galères ! Le 0'Îll allait touJ·ours, et la confession marchait avec , b les rasades. - Quant à moi, reprit la bohémienne, j'ai pris mon parti voilà longtemps. Je loge à la nuit les pauvres, les vagabond~, pour le compte du propriétaire qui me laisse <l'assez beaux profits; il a, dans Londres, quatre maisons comme la mienne, autant d'échoppes, autant de boutiques, où l'on vend tout ce qui vient de la terre ou du ciel, de la mer ou des rues, depuis la chandelle j_usqu'au ·cachemire, depuis le tabac de contrebande .J~squ'aux maliHes; il m'emplo_ïe sou~·en_tpour tous, s~s petits trafics, et s'il prenait mon ecureutl a son comptoir de la petite semai ne, nous ferions fonu11e ! Oh ! le richard d'usurier, il a des millions dans ses caves, et jamais cette main crochue ne s'arrête; laquais, petits commis, grands seigneurs à sec, négociants en 1 1anne, tout passe à son guichet, il escompte jusqu'aux guenilles, il usure même l'amour. C'est lui qui m'a vendu ma fine. Oui, cette Sarah la Faucheuse que vous a\·ez vue,. si jeune et déjà si forte, courir dans les blés, aux vallées du couchant, ma helle Sarah jdont la Bohê{lle aurait fait sa •reine, il me l'a vendue, le vieux juif, et sans m'en parler, à moi, sa mère ! ' 'JI 11~" - • 1 1- • ,. 1 1 4 l • " ('• - JIJ •• !S C CSc llll li1!S,'t'a.)Je, c.~.. ,:onimr; Ce~; ll'l lil,,une, ce ,Sh;i;lock de-clrth--fra~ché; ttt""'\!'01îfr'-11ë" t'. c:: pas dénoncé ? ~ .-:~ . . ..... .. . ., -. , ~ ~· ~ ~ -Dénoncer qui.? le.juif Samuel o:i son'ltri\i le lord? Mais ils vous riraient àu.iiez, s'il&'voùs entè1hhient ! Estce que la jcu.nessP. et la beauté <let,gypsies-;n'appartiennent pas aux g11in.ées? --Et qu'en voulais-tu faire de ta fille? mé ·dit le vieux: marchand, quand je lui demandai Sarah·; quef~ue rosière, ou quelque nonne.à guimpe, 1rnur tes couvents d'Espagne? Ah, ah, ah! la bohémienne en vertu ! c'est merveilleux vraiment! On te donne1'.ata p:1rt,' vipÙe'; qens1 sors d'ici: voilà cent guinées. Et le père Samuel me jeta sou rouleat: -.; • . ' • . ; !•1 -Cet argent, vous l'avez refusé, ~fal~dcttàJ • - Je l'ai pris : je n'avais jamais palpé' iànt d'or! A quoi bon, cl' aille.urs, faire de la sagesse· quand le vice est .dans votre sang, dans votre race, dans· ·vo'trèdestinée ? Allez, èourez toute la te·rre, et trouvez~lî)OÎ, si vous pouvez, une honnête femme qui ne s'~carte- de notre chemin quand les gypsie:s passent! •.• ·•, Eh bien! puisqu'il en est aiusi fat.t'.<.'n;~nt1, 1~usfail>ons la guerre : vieilles, nous tirons les cattes :i\1:< domestiques, aux fermiers, aux bourgeois cré,lules 1,.aux sots de tous les rangs : jeunes et belles nous détl'qussous les lords! Ah! si ma Sarah Youlait m'écouter! m~is la jeunesse est folle et ne sait que fermenter, comm1ne le vin en bouteille. • La figlire de la bohémienne était effrayante., Il y avait de la vengeance et de la cupiclité ,!ans son œff plein d'é1 . l . 1. l t c airs, c aus ses n:1rmes c,:iatées et sur ses lèüe$ convulsives, frémissantes. Elle s'attenùnt, pourtant, p:n un de ces ·retours soudains que l'ivresse amèrie, et quelques larm-eg ~ouillèrent ses rides. . ; ~ - Pauvre Sarah! rlit-elle, la voilà per(lue, pourtant perdue pour to11jours : on l'appelle, mainteaant, la bell; gypsy, la Cléopâtre llu West-end, et d.ans deu~ ans, clans moins'. pimt-être,. elie n'aura plus, pour se couvrir, , 1ue mes v1e1llesguenilles rouges! • . , ; Si vous voulez la voir, ajo~1tala bohémie.nnè, trouvezvous demain à dix heures dans la grande al!ée du parc St-James : elle passe là tous les matins, à cheval, suivie de sa livrée : c'eit moi, monsieur, qui 'lui 1Yends ses fleurs. -~ J'en savais assez! j'avais appris en un. ·jo,~r plus da mystères et plus de secrets que ne m'en .a;~aie11tlivré jus que là la science et la vie. • • • • ' 1 Quel enf~r, milord., que ces catacvmbes d11vice et de la_misère ! cela donne fe vertige comme :m;c danse de squelettes et de faU'Tles: aussi, la tête en'. fe~, •je sortis précipitamment du bouge, après avoir lais3é 't~inher sur la table· une de vos pièces d'or, et je courus au grand air ne sachant pas s'il y avait encore des étoiles~u ciel. ' -· •, :.i Elles brillaient- comme dans notre Béa~?,,) milord, et je les pri'ai de' voi:.s envoyer de doux sq1;1ges ur leur lumière. • ' . La nuit porte conseil, dit-on, et, comm/le ~orps d,;ns le repos, l':ime se r.etrempe. Etrange erreur,. milord: la nuît attise les désirs en condensa!!t les rêves ! • \ J'étais debout ce matit1. au premier rayon du jour, mais hrisé, moulu, tremhlant la fièvre, celjte tcnible fièvrè lles tempes qu'allument les insomnies. '· • ! Hélas! cc n'était pas le souvenir <lela bohérnie:rne, ce n'était pas so!l taudis aux âcres ocleurs, ce n'était pas le ,rin, ni l'enfant, ni les guenilles rouges, ni les vices titubants, ni toutes ces misères de h nuit qui me poursuivaient: c'était la belle du West-end, à la longue chevelure anx reflets bleus, c'était Sarah la faucheu~e qui p:i.ssait à cheval dans le grand parc des reines. Je la voyais, p:irtlJut, co.urant à travers les arbres, le long des vertes allées, hardie comme l'amazone sauvage, et se laissant emporter à toutes les belles fougues de son printemps. Elle me souriait de l9in, comme la Galathée des saules et m'appelait de tous ses regards dans son chemin. -Ah! milord, l'fpicurien de Tibur, le divin Horace, a dit vrai: " Cereus in vitium ftecti, monitoribus asper." 11 est des heltres en~ammées où tous les cilices, toutes les sacress~s écrites ou parlées ne feraient qu'irriter l'arde11r de: :fièvres, et vingt fois llans cette nuit j'ai ma11dit le Soleil, c;evieux. époux de ,Thétis, qui se lève si tard dans vos climats. La fatigue, pourta.nt, m'a calmé: j'ai chassé tous mes rêves à la grande lumière du jour, et r~ppelant en mon esprit troublé to~tes ~es cupidités, tout_es i~s infamies, tous les vices qu'avait révélés et tralus l 1vresse de la bohémienne, j'~n ai fatigué mon cœur et j';,ti pris ma· course non vers le parc de St-James, où flottent au matin les'blancs panaches, mais dans ~es rues affairées où le dieu Sixpe11ce tient ses boutiques. Honnête Sixpence ! il n'est pas dangereux celui-là, / l

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