Et le maliu boiteux jeta royalement sur la table sa guinée c1uitintait si doux à son oreille. -Ah, traître! en tes mains de l'or, à ti,i des sull.veraius ! Tu m'as ,·endue, n'rst-ce pas? ... Cetté guinée, c'est le sang tle ta mère! -Cette guinée, je vous l'ai dit déjà, c'est du gin, si vous 11'aimezmieux le brandy ; mais puisque vous n'ententiez à rien ce soir, puisque vous avez rêvé de la poule noire, je vais aux provisions ntoi-même. La fiole n'y perdra pas. A bientôt, monsieur Jean Raisin. Nous trinquerens comme en Béarn; n'est-ce pas? Et l'enfant disparut , en chantant un vie11xrefrain de np-s vallées : C'esL m1 hynn.e ùes montagnes à ce vieux vin d.e J urançon qu'Hcnri IV aimait tant. Je n'étais pas à mou aise, milord. Cette gypsy qui se tenait là devaut n.1oi, l'œil sanglant comme une louve, e:iliant taus mes gestes, tous mes regards, tous mes mou- • ve\nents ; cette maison hideuse, triste et sale comme un ' éhart1icr; cc méchant gamin lui-même, qui venait de fuir, p,u.r aller quérir clu renfort peiit-être ; tout rda ne m'était point gracieux. Je m'assi1- J>-Ourtant,non sans avoir caressé de la main 'ie manche de mon poignard catalan, qui dormait clans sa ' gaîr,e ; et je dis à la Maladetta, dont le regard inquiet • m'épiait t-0njours : ' - En nna11t ici, j'ai peut-être eu tort de céder au premier mouvement d11cœur ; je voulais revoir ta fille, et je me suis j~té dans la mare aux ~rpents; mais si l'on r,~ue tlu couteau, l'on ue m'aura pas sans-besogne! La Bohémienne 9'était calmée. Je me suis trompée, me dit-elle; je le vois bien! -Vous n'êtes pas venu p-0ur me livrer : mais j'ai tant souffert! Vous êtes d'ailleurs le premier homme des montagnes que j'ai vu depuis cinq ans, et je croyais que vous veniez 1rnur la pierre du meu·rtre ! Cette pierre du meu,rfre réveilla tous mes som·enirs, el! je compris alors les terreurs de la Bohémienne. , J:t)n 18-46, en effet, un capitaine anglais, qui suivait les • ,•gypsies dans leurs campements, fut tTOUYé mort et dé11ouillé dans la vallée d'Ossau. L'opinion publique a{:cusa la reine cles ]3ohémiens de l'avoir entraîné clans un guetapens; f't cette femme alors, d'une,étra.nge beauté, n'était autre qne la Miiladetta ! - Le procès. est fi11idepuis longtemps, lui dis-je, et la vérité s'est f.tit jour. Les bergers ont parlé: c'est l'Espa- ~ ••gnol Lopez qui l'a,,ait tué. f - E11tinjustice arriYe, s'écria la Bohrmirnne ... Oh! soyez le bien-venu, mon gentilhomme; car, voyez-Yous, je l'aimais, moi, ce lord, cc capitaine anglais ; et l'on m'accusait de l'avoir tué, tué pour de l'argent! Est- ~e que le3 femmes de mon sang tue;1t pour <lel'or quand elles aiment?.,. l\f :i.i:;: j'étais nne paunesse, une sorcière, une gypsy; et l'on m'aurait condamn{·e: car, nulle part sous le ciel, il n'y a de justice pour m,\ rac~, et quand. on trotn-e un rndavre auprès de nos tenti.::-;vag:t:)onùcs, c'est toujours la boMme qui porte la pehH! ! :Je remis mou poignard dans son étui ,.-ert, et la Bohémienne me remercia <lu regard: nous étions amis. Quand Tobie l'Ecureuil, en rentrant, nous vit ainsi tranquilles et bien accoudts, il reprit S◊U chant <lu .!3é1,rn, prépara lei; vE;rreset se-rvit les trois ,<)l'OfJ~, qui fumèrent· .1.rdents. - On boit frais en Btarn, dit-il e'n s'att:iblant comme un reître; mais ici, monsieur Jean Raisin, il ùY a pas ' <~e J ur:mçon, il n'y a pas de soleil: il faut boire chaud .... 1 AVIISMPORTANT. Dans l'intérêt du Commerce, de l'Indnstrie et de la ;:tcience, les Annonces de tous les pays seront acceptées 1 : ,,à.}a condition d'être écrites en français, conformément au ,, L'HO~1 )i E. Et le malin boiteux. se mit à déguster son girt, cornme 11n vieux praticien dt, tavernes. J'étais moins pressé que le bambin, et voulaut faire parler mes hôtes, je repris ainsi : - Maintenant que nous sommes en pleine paix, Maladetta, voulez-vous me dire ce que vous faites, vons et les vôtres, en. Angleterre? M'est avis que pour vot~e sang nos p.ays valant mieux que ce ciel de plom.il et de fumée. -Vous avez raison, mais il faut vivre ! On ne mauge ni les h,wtes herbes, ni les mousses fleuries, 1ti les belles étoiles, ui le soleil; et l'Angleterre est pour nous meilleure que l'Espagne. Ici comme ailleurs, comme partout, nous sommes nomades, vous le savez. Le gros de la troupe, hommes et femmes, traverse les comtés en caravane: on commerce le jour ; on dine le soir sous le ciel, au milieu dei terres en friche ou derrière les parcs des seigneurs ; et la nuit on <lort sous la tente des charrettes. Il y en a bien 11uine voyagent pas ; mais ils sont mal vus dans la famille errà11tc, et l'on a raison; car les citadins ne valent pas l~s f westier.'I, je vous le jure. -Bah! dit l'enfant; mieux vaut travailler pour les juifs, les contrebandiers et les reveIHleurs, que de trainer charrette le long des chemins et tirer les cartes, ou fouiller le gazon ùans les courses. A celle d'E,psom, cette année, je u'ai trouvé qu.'un schelling, et j'avais tcn·G deux jours! - Que veux tu dire, terré deux jour-,? - Je veux dire, milord, qne chaque année nons allo11s par troupes à tontes lec, grandes courses d'Augletcne, et que. 11011s glanons danière les belles dames et les seigneur~. Quand les chevaux out couru~ quand. les paris s-0nt gagnés, les riches s'en vont, E:tnous, les petits bohèmes, et les vieilles, nos mères, nons fouillons brin à brin le gazon foul~ du champ de lïlac~ille; notts émiettons le terrain, et bien heureux nous sommes quand nou~ trouvons une méchante demi-couronne ou quelque guinée. J'avais bon espoir le mois dernier aux: courses d'Rpsom. On buvait dans les équipages ù grand orchestre, les !ei- .gueurs du West-end et les petits lords de la cit~ faisaient bacchanal, et la tête au vent les ladies elles-mêmes semhlaieut folios ; mais des cheveux blonds ou noirs pas un di.tmant n'est to~ubé, pas 1m souverain des bourses, pas une poche n'a fait largesse. Kt je n'ai récolté qu'un misér:i.ble shelling à tête de Guillaume. Décidément j'aimerais mieux travailler dans les gilets que dans l'herbe! - Et cela te mènerait où, mou mignon? A Newgate, et de Newgate en Australie, dit la mère. Ne l'écoutez p-as, monsieur j c'est 1111 ba,:ard qui nous ferait petHlre, mais il est peureux comme une poule. Il ne passerait pas devant un policeman en carton, et d'ailleurs je suis là ponr ccrnp.Qrles maraudes. Cette belle sortie de la. noble su,perintendante me rassura fort peu sur les instincts du petit bohème et sur son respect pour la 11ropriété. - Mais µourqnoi ne le faités ,ous pas travailler? disje à la Bohémienue ? En Angleterre. ce grand pays des fabriques et des ateliers, un rnétiei- s'apprend vite; et quand on est bon ouvrier, on trouve toujours à vivre. La terre est·granJe·? -D'abord cela 11· est pas dans 11atre sang à nous autres. Attelez donc à la charrue les renatùs ou les aigles! Nous sommes, nous, les grands oiseaux passagers; nous n'avons pas une cabaRe, pa3 un jardin, pas un champ, mais nous avons le monde. A. notre rnce, pour qu'elle vive à l'aî~e, il faut l'univers;· et d'ailleurs, qu'estce que le métier des fabriques ou le travail dans les ateliers? La misère toujours, la faim sounmt, sans la liberté, sans la vie. l)es ouvriers et de bons ouvriers, j'en ai, -' spécimen ci-après. Les Avis et Annonces sont reçus à l'Office de l'Iroprimerie Universelle, 19, Dorset Street, à Jersey, S-Hélier, jusqu'à l'arrivée du courrier du ma1di. Toute correspondances <loit être affranchie et contenir 11n bon, soit sur la poste anglaise, au nom de M. Zéno SwrnTo3LAWSKI, soit sur un des banquiers de Jersey ou moi, dans mon bouge, et ça ne man g jours... Merci de vos manufactures ! Mon pauvre Tobie ne tombel'l pas dans ces souricières! Jean RAISIN, 1l!KSE'l, IM'l'P.ZUE-RIE U:S-(VERSELLC~ 19, DORSF.T STREEII'. EN VENTE A L'JjjfPRIMERIE UNIVERSELLE, 19, DORSET STREET : Les BWffraplties Bona.pa,rtistes par Ph. Ber- . Jeau. Prix : 3 francs. LESBAGNDE'SAFRIQ HISTOIRE DE LA TRANSPORTATION DE DÉCEMBRE, Par ÜHARLES RIBEYROLLES. 1 volume in-8. !LAIllîJl~III ET LE ,rIEUXMONDE rAR AlEXANORE IIEHTZEJ'i . IDTELDES VILLES DEFRANCE, 38, Dean Street. - Soho squa.r-e, LONDRES. TÉNU PAR MADAME MOREL. Ta/Jle d1 llôt~ à 1s. 6d. Rest:mrant à ln carte et chambres meublées,· à +fos prix très modérés. - Journaux français, E. ALA VOIIYE, Prosc1·itfrançais, ancien élùe de la faculté de Paris, Donne des leçons de français, de latin, d'histoire, de géographie, de littératu1 e, etc. Il enseigne anssi les éléments des.sciences mathémntiqucs, physiqu_eset naturelles S'adrcs;;er au profess.-nr, 38, Roseville-S:reer. Références: chez 1\1M. Welman, Ph. Asr1et et docteur Barbier. • ATISo l~t'LBERT lIARTIN, avr,cat français, proscrit, donne des leçons do langue française et italienne, de littérature et de musique. Il donne également des leçons et tles .consultations sur toutes les matières de la législation fraf½!aise. ' S'adresser au professeur, Roseville-strett, Anglesea Cottage. • R~férences : cl1ez MM. Welmaun, P. Asplet et dpcteur Barbier. de Londrns. Le prix dés Annonces est unifermémetlt de six sous (trois pence) la ligne, pour les trois sortes de caractères courants employés dans ce journal. Les lignes en eapitales et en letkes de fantaisie, sero-.t payées en proportron de la hauteur qu'e}les occuperoA, calculée sur le plus petit texte. A BI!NCHI proscrit politique vrir uu cours d'Equitatio?1 à son mauège, sur b a le triple anntage d'unir l'élt':g:mce, la légerté et . français, rédacteur Parade. la solidité. : , 1 1 . . , en chef pendant GUTEL PaoscRn ou 2 oi:cEMBRF., _Les semelles so~t. ~xé_esa_~~c d~t laito? _et, ne hnit ans du journal quot1d1en le .Mi:ssagrr ~1~ Nurd, g,rofesseur de éoupe l~1~sentaucune asperite ni al 1 1 nténeur 111 _al :xpa.raissant à Lille (!<'rance), donne à domicile des, Tailleur d' llabits.-'29, Beimont Road, St.-Hélicr, ter!e~u·;- On peut marcher à l eau sans nuire a la en plâtre, ,en cire, en mastic et en g-élatine sur natnre morte ou. vivante . Il moule aussi les orneraent·s, les statue.s et fournit des épreuves il un prix modéré.--20, Donstreet, St.-Hélier. leçons de langue f:ançai~, d'arithmétique, d'hi~- 1 Jersey. soltd1te de la cha11sstll'e. 'oire, de géograplue, de littérature, etc. 1 ------------------ •,. '1 "'Il se charge également de toutes correspon- LUDK. ORDECKI, ~oo~'ARBDIFFI dl'"-ince~ écritures eommerciales et autres, et des PROSCRIT POLITIQUE POLOSAIS, B; U f :.:,:> juémoi~es dont on lui _confiela rédaction. Don_ne:à_dorl;icilede-, leç~ns d~ langue _AUema11de 1,+.. S'adresser au prolesscur, 20, Don-$treet', St.- et Lat111e; il demontre aussi la 6ymnastrqne. PROSCRIT ITALIEN, 1 if élier (Ile de Jersey). M. Lml. Kordecki désirerait trouver de l'emploi Références chez Ml\I. Wellman, P. -Asplet, c,ommenrofe~;,e~rdans une pension.-61, Newman Donne des leçons de, l:mgue italienne. Îf eo. Vickery. Street, Oxford S tr eet.-Lo nd re~. ·---- S'adresser, 20, l)on Street, Saint-Hélier. :~fi,, ON. y ,' Gl5,UCO[A,O~IYRIC STR~ETd, 6T2.-bH~l,ILRb, JE:S.EY. t · 19 PJ:OFESSEUR D'I;QUITATIOX, an- proscrit u ecem re, ,a1seur lO ~ ·cien élèv~de l'école de Saunrur, ,.ie BOTTES sans coutm·e, pour AL·P}.[ONSE mouleur e11pHitre, ~E; charge honr.eur d.eprévenir le public qu'il\ ient d'ou- hommes et pour dames. - Ce gen.re de chaus~ure · , de toute espèce de moulage • HOTELDE L'EUROPH DON STREET, No 11, TENUPARG.ROUSSEL G. RoussEL a l'honnet1r de prévenir ,¾M. les voyageurs qui viennept visiter cette île, soit peur agrém.ent,·soit pour affaires, aussi bien que les habitants de cette localité, qu'ils trouveront Elans ·s-0n H6tel, bonne table, bons vins, et tous les soins, ainsi que tous renseignements possibles. , , , ~ Tahle, ù'.Hôte à_l0, 1 et 5 hemes.-ReJ]as à toute heure. -Il sert aussi en ville.
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