Homme - anno I - n.28 - 7 giugno 1854

son côté, portc-t-elle la solution d11 problème <le liberté? Non certes? 1'lais elle peut être bientôt utile, car c'est là. que lit barbarie du ~ ord menaC'era 1a civifü,ation de l'Oecident ! Nous repm.:ssons cette formule qu'nnjuuri:all'Assemblée 11ativnale- avait émise : "qu'il faut retremper dans un peu de barbarie la civilisation occideutalc." Cette pensée - la transfusion du sang- reprise par t!eux jeunes et 1.oblcs cœurs (nous u·accusons pas des amis qui, comme nous tous, ont sacrifié à la cause toutes leurs affections) est une erreur bien grande. Les armées ne sont pas apostoliques; le fussent-elles, ce n'est pas cet apos,. tolat c1uenous den-io:1:,; 1:,ouhaiter! Rlles reçoivent tout au plus c1uelq11esimprcssio11s du milieu dans lequel elle se trouYent. Est-ce au prix de lïnvasion que nous devons les instruire ? Mais elle sera menacée cette ch·ilisation occide11tale,cette sentine de vice.~où le succès est tout, où lu dignité humaine disparait, où tout se peut acheter, car tout se vend. Elle sera menacée, cette civilisation fondée sur l'usure, la fraude, sur l'exploitation du travail et cle l'ignorauce, et ce n'est pas dans les fantaisies, mais sur la logique des événements que notre raisonnement se fonde. Celui qui combat. un ennemi et qui se retourne dans la crainte qu'il n'en surgisse nn nouveau derrière l•i, est déjà vaincu. Certes, si toutes les ressources de la .. France faisaient face aux armées austro-russes, celles-ci • devraient eJ:1tenir compte ; mais est-ce pour èela .qt(~ se font ces nombreusE:s levées, cette garde, etc.? Non. Il faut d'abord garder l'alcôve de l\L Bonaparte, et l'on enverra Je reste à ... Leipzig! Cette haute bourgeoisie, sans cœur, qui n'a pas craint de s'abriter derrière les <:rimes du Deux Décembre, aura son châtiment. L'a-t-elle mérit~ ? Soumise à toutes les exactions de la bande, la richesse publique dissipée dans les orgies, nous la verrons venir à genoux demander son salut à cette démQcratie qu'elle a tant calomniée ! Le principe de la Révolution n'a donc rie:1 ,t perdre dans cette affaire. Il Il 'a rien à espérer du triomphe du Turc - triomphe peu probable dn reste, ainsi que nous le démontrerons plus tard ; - celui clu Russe peut lui euvrir et lui ouvrira la carrière. Ce n'est poi12tici un Cohlentz flémocratiquê. Nous ne pourrions ni ne voudrions en avoir. Mais spectateurs de ce drame, nous devons en suivre les mouvements et rni.r ainsi s'approcher le temps où nous aurons à accomplir les devoirs qui nous sont imposés. :En Oi:ient, lés faits matériels de guerre s'accomplissent ou plutôt semblent s'accomplir. Il est nécessaire d'étudier leur m·arcl1eet ~eurs résultats probables. La France, dit-on, et l'Angleterre lr.!a.rchentdans une alliance corùiale. On peut répon~re •quelles marchent ù. côté l'une de l'autre. Duns la Baltique, la flotte française sera tenue en laisse ·par la puissante armanda britannique comme garantie contre l'armée de terre franç:1ise en Orient et en Occident. Cette simultanéité d'action a été dans son origine l'objet de bien des doutes; les tergiversations, les méfiancts l'ont retardé longtemps, mais les premiers coups de canon tirés brisant les espérances. d'un nouveau Ti1sitt, la partie est défiuiti,·ement engagée. Que va-t-il se passer ilans cette guerre ? D'abord l'armée d'expédition en Turquie peut-elle être assez forte pour entrer en campagne et se mettre réellement en ligne ? Une armée de l 00,000 hommes exige au moins 25,000 chevaux, ce qui <lemande cinq cents 1rnvires <le moyen tonnage, pour les chevaux seulement; les douze mille bœufs dont on parle en prendront bieff deux cent cinquante, etc., et comme on na peut compter sur aucune ressource dans le pays, dévasté qu'il est par les premières opérations militaires, le matériel, )es approvisionnements de toute nature, les ateliers, les nrn.tières premières, etc. doivent suivre l'armée, et malgré l'habileté dans les e11gerbements et arrimages, on se demande si le maturiel flottant pourra suffire pour ces transports '? Tout le monde peut répondre non ; car la marine marchande a été tellement dépeuplée par la flotte, que l'on voit des navires français n'ayant pour matelots que des ·mousses ! Cependant on embarqne des troupes. Quelle mission ont-elles à remplir? 11 y a déjà, en effd, un corps d'armée on plutôt une forte garnison anglo-française à Constantinople : son but principal e:;t d'assurer la rentrée <lesflottes, en cas de passage des Balkans par exemple ; ear si cette circonstance arrivait, les vaisseaux feraient bien vite leurs adieux à, Sébastopol et Varna, et rentreraient en toute hâte dans le Bosphore. L'armée de Constantinople ne 1)eut que protéger le chemin de hallage. Par cette combinaison, l'armée empêche que la flotte ne soit bloquée dans la mer Noire, et la flotte ôte à l'armée les chances d'une retraite comme celles de Xénophon ou du maréchal de Belle-Isle... Opération difficile ; car il ne irnffitpas de faire partir l'armée sur l'air : Partant pour la Syrie ... e1icore faut-il qu'elle ne revienne pas sur celui : D~s bord.1· glacés clii .fatal Borystld·11e...... L'armée ne fera ùonc aucun meuvement en avaRt des :Balka11.s, pas même du côté d'Andrinople,parce qu'elle ne ptut être assez forte pour cela et que· tout ce qu'elle détacherait, en cas de revers, serait complètement perdu. Ainsi, en cas de marche en avant des Russes, l'armée se çoncentrerait sous Constantinople, qu'elle défendrait jusqu'à la dernière extrêmité, avec d'autant plus de sécurité, qu'ayant la mer libre, les ravitaillements deviendraient plus faciles ; il ne resterait à la Corne-d'Or que la partie de la fotte 11écessaireau senice et an remiarquement. L'lIOM11E. Les Rus:-:es, cependant, ne seront pas de sitôt maîtres tle Constantinople: il est même prohablo qu'ils ne se risqueront point à en ïairl.!le 1:,iège, il:è ma:(j1tero1tt la positi011, qui. du re<;te, sera fort longtemps tenable. Les traités seuls r~gleront son sort futur. Les Turcs seront culbutés et leur territoire <l'Europe en\'.i.hi. Voici sommairement les raisons à l'appui, malgré les bulletins des victoires que remporte Omer-l>acha. En admettant r1u·elles soient vraies, elles seront pour lui ce qu'étaient celles de Pyrrhus ! Le gouvernement turc ne peut recrnter son armée, il a mis en ligne tout ce dont il pouvait disposer, il lui est impossible de coustit 11er da,s réserves sérieuses. L'armée russe, au contrafre, libre clans ses mouvements, s'instruit par ~ès marches, contre-marches, camp<'me11ts, escarmouches, passage de rivières, <'OJJclnitede matérid, etc.,; elle a copié toutes les innovatious militaires de l'Occident et elle en apprend l'usage.· La Russie craint plus de perdre un fusil qu'un homme ; elle c~t riche de chair à canon ot ne s'en fera pas faute. Quand, après ces iimombrables levées, ce qui lui restera. - de soldats sera le résidu de tout cc qui n'aura pu suppor~ • ter le bivouac, les fatigues, !a fièvre, etc., elle se trouvera dans une position relati~·e bien supérieure à celle de 1812. Alors, faisant son changement de front, flanquée de l'Autriche et de la Prusse dont les masques seront <léjà tomllés, regardant l'Occident elle tracera dans ses camps "la rue de Paris" ! Bons bourgeois et marchands de France, qui vous aura fait ces loisirs? Il faut ·dans l'étang européen, d'après la ·forn~ule pisicotbecnique, des brochets pour réveiller les carpes ; •1es carpes se réveilleront-elles? le brochet moscovite est là, :t\·cc le dilemme " républicaine ou cosaque " ! que pensez-vous de la démocratie ? La France c5>rnprenantl'impossibilité où elle se trouve <l'agir en Orient et d'empêcher le mouvement dont nous venons de parler, s'est arrêtée à moitié chemin. Un incideHt asst-z signifiaut du reste, bien qu'on n'en sache pas exactement la raison, est cependant ven~ jeter une certaine agitation dans ce chaos politique·; le mouve- • ment grec sert de prétexte à la halte. On occupera Athànes, on déposera Othon - çe qui mettra la Bavière dans la cocrlition;- ~et pour séparer le Péloponèse •de la Thessalie et de !'Epire, on occnpera fortement quelque poi-nt de l'isthme de Corinthe qui .servira de dépôt. C'est que le golfe de Lépante est plus près de Toulon et n'est pas loin de V cuise et de Trieste ; alors commenoera pou lPs illustres : " la grande guerre". Que sera devenu le• Turc,' sera-t-il bi,rn son maître à Constantinople ? Les chances favorables étant en Orient du côtG <le la Russie, l'heure de la Turquie ne peut tarder de S<"lner. C'est plus qu'il n'en faut ponr décider l'alliance austrornsse, et cette guerre qu'on voulait localiser devient générale ; il en serait de même avec le succès des Turcs. Toute puissance qui a eu besoin d'être restaurée doit être soutenue, les mêmes causes devant produire les mêmes effets. Il ne suffit pas d'occuper Constantinope et Athènes, il faut encore en partir, voyez plutôt Rome? L'année anglo-française y resterait donc un temps limité, ainsi que les flottes. Croit-on quel' A 11trichese contenterait de cette occupation toute à son préjudice aus&ibien que la Russie? L'alliance austro-russe en serait donc la conséquence forcée. Céderait-on , pour calmer les puissances , à la Russie les. provinces moldo-valaques, à, l'Autriche la Bosnie et la Servie ? Sing1llière manière de venir à l'aide d'un allié. Cette mesure serait par troJJ odieuse et serait la plus insigne trahison vis-à-\'is de la France. La guerre générale est donc dans tous les cas iné·vitable, elle l'est depuis que les Turcs n'ont pas défendu le passage du Prnth, la plus grande faute qu'ils aient commise ; ils ne seraient pas échelonnés et chevil1és dans leurs postes du Danube en présence d'nn enne.mi mobile qui JJeut les attaquer où il veut. La destinée de Constantinople donnerait du reste assez de motifs de guerre et plus qu'il n'en faudrait. Aussi a-t-on formé le camp de Boulogne - mais les cent mille hommes, dit-on, seront embarqués JJOur lu Baltique? Oui, n.ans les immenses ports ... d'Ambleteuse et de Gravelines ! Le camp de Boulogne Ya donc chercher son Austerlitz en attendant qu'un autre forme l'armée de Sarnbre-etJl,f euse etc., la Belgique va voir l'armée française en marche sur le Rhin, et, par la nécessité des cho~es, cette armée pour assurer son flanc gauche et ses lignes d'opération se _garantira sur l'Escaut, la Sambre et la :!1/Ieuse jusqu'à Maëstrich et Vanloo ... Et dire que la nationalité belge avait peur de Risquons-Tortt ! La France, par son caractère propre, ne fait de guerres défensives qu'après des défaites. Les armées disponibles vont franchir les frontières ; dans quel rapport se trouveront-elles·· avec celles de l'ennemi? -- Ne faut-il pas garder Paris, Lyon, !Iarseille, etc ... Peut-on compter sur Wagram ? Non, ce sera fatalement ... Leipzig ! Alors pour sauyer le berceau de la liberté, et sous peine d'invasion, la démocratie reprendra son rôle ; alors les principes ennemis seront en présence, et la Révolution saisissant l'épée de Jeanne d'Arc, non pour consolider les trônes mais pour les renverser, viendra sacrer le peuple sur l'emplacement de la Bastille, sur les ruines des Tuileries et de toutes les vieilles croyances. Ripublieains, sottve~e2-vous des grandes g11e.rrespassées, et smtout songez au lendemain l • VARIÉTÉ~. LESMÈM9IR 'Et~ • ï,'1:1 J"f;ll 't iT. n "'Ir!"~" Ltwl .r.u.;, .ulu1 1,ut, rJ.AlV'. J'ai vu, miltrd, la hutte enfumée ùu o-arcon de labou:t j'ai vu la posâùa du paysan espagnol et la t~nière du l,er! gcr nornade, creusant son terrier sous 1es neiges ; i'ai va. dans nos. ·cheri1insle haillon (le la mendiante, les pic~ls nus de l'enfa~1t, et la gueniile du vieillard; mais jusqu'iti, je. . l'avoue, Je ne counaissais pas 1a misè;·c; je ne savais pas· jusqu'où peut aller la logique! ' , / Une J)Orte basse, étroite et moisie, <lesmurs humides> incrustés <le fnmées grasses, deux petites .fenêtres en- · caissées, cqupées de barreaux., non vitrées et suintantes, un, tandis, .. enfin, sale et gluant, voilà l'at home de mes BoMmiens ensevelis dans Londres, et Tobie !'Ecureuil, tout fier de ne plus coucher sous la lune, prJtend que son lo<!r;in,r; est très càmfortable ! • Entrez, entrez avec moi, milord; vous aùtres del~ gr.mde race et des riches loisirs, vans· ne co11ùaissez guère ces truanderies où grouillen.t vos pauvres ; vous ne savez pas, peut-être, qu'une partie de la race humaine Eerait hem'euse df s'abriter, la nuit, <lails le chenil de vos meutes, et de.dormir Sur la paille Je vos écuries .. Il y a <l!'ux étages à ce vermineux réduit de la }lohémienne : à droite,. au rcz-de-chaqssée, le bouge de l,1,1llrûadttta, the parluur, à gauche une ch,imbre délabrée, sans foyer-fourneau> sans meubles, sans autre . lit qu'un~ paillasse éventrée qui . se pelotonne à berre, dans un coin. C'est là, milord, le Buckingham-palace <l'une ft1mi1Je d'ouvriers tisseurs: les enfants, le père eth mère, cinq créatnres de Dieu, couchent là, pêle-mêle sur cette-pail::. lasse-fumier, et bonne est la journée quand ils mangent à. tuer la faim ! • • . . Au dessus, deux autres ahambr.es également nues et grelotantes, aa dessous une espèce de cuisine-c:.i.veoù l'air est glacial et le pavé presque vaseux, comme clans les casemates ou les tombeaux qui sécrètent les pleurs des murs. Ceci est un lodging à deux. pc1~ceet par 11uit,pour les Bohémiens de toutes les races et de tous les mé-tiers • il • ' n'y a point de paillasse en ce chenil, mais quelques bancs boiteux, u11 tas de paille faisandée, et <lans l'ùtre quelques tuiles formant trépied, pour la cuisson du hareng, ce homard des pauvres. Voilà, milord, lu distribution intérienre du monument,. voilà les splencleurs d:e l'at hrnne dans quelques ruelles de Westmir1ster, de Whitechapel, et jadis cle St-Giles, avant qu'on efit ouvert, pour le purifier, pour l'assainir, ce tristeet redoutable qnarti':!r des vermi»es irlanrlaises. Mon hôte, pourtant, M. Tobie l'Ecnrenil, me faisait en paonnant les honneurs de sa maisoJJ, et quaMd il vint frapper à la porte de sa mère (the parlour ! ) il me disait, de ses <lcux yeux malins et de sa petite lèvre mutine un peu gonflée :-Vous allez voir ! vous allez voir ! • J'ai vu, milor<l, et je comprends l'orgueil d11petit propriétaire, en face de son huis. La chambre <le sa mère, en dfet, a le tapis de rigneur, un lit de bois, une table et ùenx. chaises! G'est un tabernacle d'élégance et clerichesse, un vrai b1 mdoir, à côté <lesignobles taudis qui souillent cette masure. - Mère, voici un ge11tleman, un homme brun qui vient tlu pays du soleil.; tu sais," c'est :rvI.Jean de Lescar, qui t'a si souvent levé le fardeau, quancl tu faisais le bois ~ort, là-bas, dans les Pyrénées ! " - La Bohémienne, q11i tri.1it ses cartes, m'a regardé quelque temps sans répondre. Ses yeux profonds, inquiets, fixes, presque farouches, semblaieHt l1ésiter entre la crainte et la haine. - Que me voulez-vous? dit-elle enfin en se· levant; je ne suis pas, je ne suis plus la Maladetta! Ce n'est pas moi qui l'ai tué, d'ailleurs, on le sait bien là-bas! Et la Bohémienne reculait, l'œil toujours chargé, la narine frémissante. -A qui diable en as-tu donc? mère, reprit l'enfant :. M. Jean Raisin n'est ni gendarme, ni douanier, ni juge ; je l'ai trouvé flanant devant la chambre des Lords, et c'est moi qui l'ai conduit ici, parce qu'il était bon pour nous autrefois, quand nous vivions aux vallées. -Tobie clit vrai, répliquai-je, et, si cela vous fâcl1e que ja sois ici, :Maladetta, je vais me retirer. -Si le sort l'a dit, s'il y a destin, à que i bon se garder? murmura la Bohémienne. Le lézard n'échappe pas. au tiercelet : la vie est fatale. Asseyez-vous donc, monsieur, ajouta-t-elle en reprenant se1 cartes, et dites.;.moi ce que vous Msirez savoir : voulez-V( ,us le grand ou le petit jeu? • ,_ Ni le grand ui le petit, vieille mère. Est-ce qu'on se ùit le sort entre amis? trois grogs au gin, à la bonne, heure! Tenez, madame la suptrimenda1~te, -voilà de l'or!.

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