Homme - anno I - n.28 - 7 giugno 1854

UNPORTRAIT. Les hommes d'Etat qui gouvernent l'Angleterre et. ses journaux les plus accrédités l '.endo~meu~ à qui mieux mienx à la ,·eille de la cn_s~: 11s lm vantent la lovautè du gravt,d chef v01srn, et le peuple anglais dort tranquille sur son aliiance française qu'il eroit sfrieuse. fJerte-:, entre les deux pays, cette alliance serait possible; les deux peuples n'en sont plus à la haine des temps passés : mais toute confiance ne serait-elle pas folie avec un h~omme d~n~ yoici l~ •portrait peint par le grand maitre des Chatiments? Nous recommandons ces lignes à l'in:elligence et à la mémoire du peuple anglais . Prntique et théorie, c'est tout le grand.homme du Deux Décembre! " Faire le mort, c'est là son art. Il reste muet et immobile, en regardant d'un antre ·côté que son dessein, jusqu'à l'heure venue. Alors il tourne la tête et fond sur sa proie. Sa politique vous apparaît brusquement à un tournant inattendu, le pistolet au poing, t,t fur. Jusque-là, le moins de mouvement possible. " Annoncer une énormité dont le monde se récrie, la désa-vouer avec indignation, jurer ses gran<ls dieux, se déclarer honnête hoKl.me,puis au .moment où l'on se rassure et où l'on rit de l'énormité eu qne8tion, l'exécuter. Ainsi il a fait pour le coup d'état, ainsi pour les décrets de proseriptions, ainsi pour la spoliation des princes d'Orlé~ns ; ainsi il fera pour l'invasion <lela Belgique et de la Suisse, et pour le reste. C'est là son procédé ; pense~en ce que vous voudrez; il s'en sert, il le trouve boJl................ " " Un brigand arrête. une diligence au coin d'un bois. "11 est à la tête d'une bande déterminée. "Les voyage11rs sont plus nombreux, mais ils sont séparés, dé-sonis, parqués dans des compartiments, {il moitié endormis, surpris an milieu de 1a nuit, saisis à l'impro;-YiBtet sans armes. " Le ~riganù leur ortlonne de descendre, de ne pas jeter l'ln cri, de ne pas souffler ~i.1 mot et de se coucher la face contre terre. "Quelques-llBS résistent, ii leur ·brûle la cerve1le. "Les autr€:s obéissellt et se couchent sur le pavé, muets, immobiles, terri:iés, pêle-mêle avec les morts et pareils aux morts. ":Ce brigand, pendant que ses complices leur tienn,ent le pied sur les reins et le pistolet sur la· tèmpe, fuuillè leurs poches, force leurs malles et leur prend tout ce • qu'ils ont de précieux. "Les poches vidées, les malles pillées, le. coup.d'état fini, il leur dit : •- " ' ::Maintenant,afin de me mettre en règle avec la justice, j'ai écrit sur un papier que vous reconnaissez que tout ce q'Qeje vous ai pris m'appartenait et que vous me le concédez de votre plein gré. J'entends que ceci soit votre avis. On va vous mettre à chacun tme plume dans la main, et sans dire un mot, sans faire un geste, sans quitter )'attitude où vous êtes ... ' "Le ventre contre terre, la face dans la boue. " ' ... Vous étendrez le bras droit, et vous signerez tous sur ce papier. Si quelqu'un bouge ou parle, voici la gueule de mon pistolet. Du reste, vous êtes libres.' " Les voyageurs étendent le bras et signent. "Cela fait, le brigand relève la tête et dit :- "' J'ai sept mi1lioni; cinq cent mille voix.''' Les journaux français n'ont point parlé de l'arrestation à Paris de notre ami Boichot. Le Times, lui, l'a su le premier par dPp~clie télégraphique, et il en a pris texte pour un de ces infftmes articles qui semblent dictés par la police. Il essaie d'établir un rapprochement entre la haine des républicains contre le parjure du 2 Décembre et les menées des agens russe; il parle d'or russe, s'empress~nt d'aiJleurs de reconnaître qu'à l'égard de Boichot personnellement, cette insinuation serait ur:ecalomnie; il dénonce des comités conspirateurs à Londres, à Bruxelles, à Jersey ; et il se laisse aller à son enthousiasme de nouveau converti à l'empire au point de trouver tout simple ,et fort bon que Boichot, condamné pa-r contuniace, soit transporté sans autre forme de procès si cela con- .vient au gouvernemeat français. Où donc est le rêspect de la loi, apanage du caractère anglais? • • L'or ni les menées du czar ne peuvent rien sur les républicains; on l'a bien vu quand ils demandaient au 15 Mai la guerre contre la Russie~ au 13 Juin l'intervention française pour- ·l'Italie et la Hongrie; et, vraiment, quand on a· prôné l'alliance du czar pendant soixante années, quand on a ca- . lomnié .Kossuth et Mazzini, favorisé, applaudi l'invasion russe jusqu'en Hongrie, après avoir liTié la Pologne au bon allié d'alors, on devrait ne pas raviver ~es t101:nenirs,et ~e taire au mQÎllsquand L' HO}!li E. un ennemi constant du czar et de tous les despotes tombe au piége ten<ln par le despote de Paris, hier l'alliê, toujours l'émule de Nicolas... • CORRESPONDANCEPARISIENNE. 2 juin J 854. La. Bourse a ùcs caprices étranges, mais que s'expliq•1cnt trrs bien ceux qui voient de prt>s la couligse et le gonvernement. Il y a dans la rue Jean-Jacques Rous - ~eau, près de l'hôtel de h Poste, une boutique-souricière, d'où s'.:!nvolent, aux heures du jen, <les dépêche!>télégraphiques privé>es qui, sans engflger officiellement la responsabilité du pouYt,ir,. n'en ont pas moins une grande importance motivée sur !es rapports directs du sieur Havas, patron de l'offidne, ave~ les rois de lil finance et les chefs de l'administration. A-t-on besoin d'une petite baisse pour li} récolte du jour? On lance une dépêche privée, datée de Vienne, laquelle dépêche annonce que Silistrie tient encore, mais que les travaux du siége avancent toujours. :Faut-il un peu de hausse et de veut dans la voile ? On commet une autre dépêche en sens contraire, où l'on déclare que les Russes fü1 gagnent pas un pouce d·e terrain et 1.u'ils ont subi des pertes ~~ormes. Avec ce jeu de raquette, on gc1gnetoujours et les .na'ifs paient seuls les frais de la campagne. - Que de malheureux petits rentiers, ouvriers ou domestiques ont laissé là leurs dernières économies, et quelquefois l'honneur!... Quand ils sont tout-à-fait rnipés, les plus sages reviennent au travail, les autres vont au vol ou au suicide. En attenqaut, les Morny, les Persigny, les Magnan achètent des châteaux, arrondissent leurs terres et boivent frais. C'est le train de l'Empire, et la France u'en a pas fini : il y avait là tant d<::sangsues maigres ! Tandis qae les écumeurs de Décembre achèvent ainsi par l'agiotage des fortunes scandaleuses et nées du vol, d'autres brigauds de nuit s'emparent de la terre de France et l'amodient : ignorantins, jésuites, sulpiciens, récollets, capucins, moines de toute crasse et de toute robe, tout l'ancien monde des hommes noirs est revenu. Toulouse a trois congrégatioJ1s dans ses murs et la propriété foncière que ces trois maisons représentent, s'élève à plns de dix millions de francs! Montpellier, Bordeaux; Limoges, Bourges sont également bien partagés, et l'on calcnlP. que si la progression des immobilisés continue, la terre sera bientôt sortie presque entièrn des mains des paysans. Ce sera l'expropriation de 89 ! Autre j-0nglerie.-Monsieur Louis Bonaparte vient pour la dixième fois au moins, de mettre en scène sa femme :Eugénie. Peut-être était-il jaloux dE: l'rL Alex. Dumas qui depuis quelque temps faisait jouer à son impératrice un tas de petits rôles. Aussi, d'un coup, il l'a nommée, lui, patronne des Orphelins, des Sourds-et-Musts, des Enfans trouvés, des :Femmes invalides et de vingt autres institutions de bienfaisance qui ne s'en porteront guère mieux, malgré les décrets et les parchemins. Où vont, en effet, les miettes qui tombent de cette table . à grands frais chaque jour approvisionnée par les travailleurs de•France? aux laquais d'abord, et, puis, quand les çhiens sont repus, vieunent les cliens affamés, les mendians ù petites. broderies qui dévorent le reste. Le peuple, <lans ses révolutions, écrit sur les murs : Mort aux voleurs ! - q11and il y a règne, c'est-à-dire orgie, les courtisans lui répondent : - A toi la besace, à nous les plats. Le maréchal Vaillant, qui joue deux rôlef, et peut-être trois, a fait orage, dans un conseil aux Tuillerics, en demandant le rappel des généraux bannis, ses anciens frères d'armes. M. Louis Bonaparte, qui d'ordinaire est impassible et froid, s'est emporté jusqu'à la violence la plus grossière et, a . déclaré\ qu'il connaissait toutes les trahisons : sur ce, les Drouïn de l'Huis de pâlir et de s.'esquiver, comme larrons surpris en maraude. Tous ses gens-là se surveillent depuis, et les contre-polices sont doublées. Ce qu'il y a de vrai, au fond, ?'est que dans la haute administration, -comme dans les rangs inférieurs de la hiérarchie, la plus forte partie du personnel est orléaniste. Ce qu'il y a de vrai, c'est que le parti légitimiste est en conspiration permapente et qu'il a organisé ses six mille décembristes. On distribue la paie, chaque dimanche, et quoique les gens de Piétri soient assez richement dotés, il en est plus d'un, parmi eux, qui touche des deux mains. N'ont-ils pas derrière. eux l'exemple de Fouché, comte de l'empire, et plus tard ministre de Louis XVIII? A côté de l'embauchage secret et des manœuvres ténébreuses qu'on pratique, Jes royalistes des deux branches, des deux factions, comme dit l'lm d'eux, M. Barnche, les royalistes continuent la petite opposition officielle et publique à l'Empire. Ainsi, pour les d~mières places aux académies, on a évincé Belmontet, l'ami du Sire, et Forteul, son très humble serviteur et sujet. Ce sont là l~s signes· dll temps : ils sont petits et fort tristes, comme le temps lui-même; mais que -Youlez-vo\ls? on a les signes de sa force et tons les rfgimes J1.eportent p~s de2 Ti,ctoires ! \ XXX. CORJtESPONJJANCE DE IONDRES. Londres, ,5 jnin 1854. :neruiei•es 1110,aveUes. .\thtnes est ocèupée par les troupes françaises; ams1 lotti s Bonaparte commrmde dans les trois capitales de l'ancien monde, Rome, Athènes et Constantinople, comme 1 dans Paris, la grande cité des révolutions modernes! Le roi Othon, pris de peur pour sa couronne, a accédé aux demandes des envoyés anglais et franyais et nommé pour ministres iravrocordato, le vieux Kauaris, Riga Palamidès, le général Kalergis et autres amis des puissances occidentales. -Pendant ce temps, la lutte continue, en Thessalie, entre les irréguliers turcs et les insurgés hellènes ; le pillage, le meurtre, l'iucendie, voilà les seuls exploits des tleux hordes eunemies. L'amiral Lyons a détruit deux forteresses russes sur la côte tl' Asie; les Circassiens, armés, orgal1isés, ont vaincu les Russes à Souchum, et se préparent à seconder l'armée turque en Asie. La Géorgie, aujourd'hni occupée par les Russes, est reconnue IJrovince indépendante par le Sultan, sans doute dans l'espoir d'exciter une révolte contre le Czar. Silistrie se drfend co1nageusement; les Russes out, de leur propre aveu, tenté vainement plusieuri assauts ; et ils ont perdu beaucoup de monde. Ils ont échoué dans quelques tentatives pour franchir le Danube au dessous de Silistrie. Néanmoiris, aux dernières nouvelles, la forteresse était investie par 40,000 hommes, tandis que 60,000 hommes marchent contre Shulma. Omer-Pacha, de son côté, s'avançait pour rlégager la place assiégée ; 25,000 Français et 15,000 Anglais• <levaient former, à, Varna, l'aile droite de l'armée alliée, commandée par le Maréchal Saint-Arnaud. •Le Sultan a consenti à l'occupation du l\Ionténégro et de l' Albanit::par l'Autriche ; la Servie même s~ait livrée à l' A qutla _r;rifagna, si elle 1m se conlluit pas bie.n...... Une sorte d'itltimaîmn aurait été adressé au Czar par l'Autriche; on affirme mêmr! que les relations ·diplomatiques seraient suspendues entre les deu::"te:mpereurs ..... Une dépêche télégraphique annonce un ~oup d'Etat en Dannemark. L'opposition étant favorable à l'uiliance anglo-française, on vrésumc que les flottes essaieront d'exercer une pression sur le gouvernement danois; peut-être même essaierait-on de renverser la dynastie régnante, :tu moment de s'éteindre et dont l'héritage revient à la dynastie de Saint-Pétersbourg. En même temps, la flotte française menace les côtes prussiennes, )a cour de Berlin se montrant de plus en plus favorable à la Russie. Il est question d'envoyer des troupes portugaises et piémontaises en Orient, coutre la Russie, bien entendu. Louis Bonaparte réduit l'armée de Paris à deux divisions, et chaque division a deux hrigades. La garde impéri,tle, non encore formée, comblera le vide. Le camp du Nord formera trois corps d'armées, sous les ordres de l'empereur· lui-même, assisté des généraux Baraguayd'Hilliers, Gueswiller et Carrelet. Le général d'Hautpoul • commande le camp du Midi, destiné en apparence à la réserve rle l'année de l'Orient, mais probablement en destination de Rome, Naples, et peut-être Venise ? L'empereur d'Autriche se plaint des égards de l'empereiu Bonaparte à l'endroit deg réfugiés étrangers! Il y a eu du froid entre les deux cours, à l'o·ccasion des in- • stances cle la Françe po~r engager le Sultan à lever ane légion polonaise. Les cours européennes se défient trop les unes <les autres, et avec raison, pour combattre le czar avec cette énergie que l;i révolution trouva jadis pour résister aux rois et qu'elle retrouverait encore, sans doute, pour installer la paix par une guerre décisive ! Salut fraternel, Ph. F.rnRE. LES FORCES EN ORIEN"f. Quel que soit le résultat de la guerre, l'Empire ottoman, dont tous les acteurs de ce dra,me jurent sur leurs épées de conserver l'intégrité, est complètement fini. La coopération des puissances occidentales tue sou principe, sa force : l'islamisme dont la loi se trouve violée par l'àlliauce. Par la raison que le droit imprescriptible fiuit toujours p:ctrpasser au travers de toutes les tyrannies. Le progrès, en s'attachant aux :flancs du gouvernement turc, a détruit la raison d'être de l'Empire de Mahomet II. La Turquie est donc· tuée par la révolution à laquelle elle est obligée de recourir; car c'en est une que les secours qu'elle demande. Pour ne pas mourir, elle prend du poison; pense-t-elle trouver le secret ~e l\:1ithridate? Cette ruine, du reste, n'est peint un mal pour la civilisation. Loin de là. Tout ~ouvernement qui n'a de loi civile que la loi religieuse est condamné à l'iJ}imobilité, partant à la négation de tout progrès- humanitaire ; il se trouve placé sur la voie de la civilisation comme un rocher sur le tracé d'un chemin de fer, qu'il faut percer ou faire sauter. L~ cause de la Turquie n'est donc poiat la ~ause de la civilisation ; elle n'est point celle de la liberté, ne düt-on en trouver la preu~e qne dans les appuis qu'elle rencontre • ~u- do m~in_sqll'el.le semble rencontrer. La Rusgie, de

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