Mais s:i.vez-vous, milord, pourquoi l'Angleterre mo- <tlerne, l'Angleterre marcliande ne s'effarouche point, comme -0n le fait ailleurs, de toutes ces guipures et de toutes ces fraises de l':iristocratie qui se perpét1ient, ainsi que les blasons, d'âge en üge? C'est qu'elle a, comme SOil ainée, ses blasons, ses guipures, ses fraises ; et, tenez, voici le lord-maire qui passe avec son carosse étincelant, ses chevaux empanachés et ses laquais chargés d'or. Les, armes de la cité brillent sur les panneaux dn roi des marchands, et les cent corporations de son domaine, les armuriers, les <l rapiers, les orfèvres, les épiciers, les libraires, les quincailliers, les marchands-taillenrs, etc., etr., ont, connne les nobles, leurs privilèges, leurs bannières, leurs armes parlantes, leurs costumes, leurs clubs: la plns fière dnche,;se <lu West-end ne tient pas plus à ses cham1s sablés que la corpontion des poissonniers à ses armoiries! Friperie coutre friperie, voilà t~ut le secret, milord; on on l'a <lit depuis longtemps : Sans Frontin, il n'y- aurait plus <le marquis. ~fais qn'est-cc q11e cela me fait à moi, pauvre écolier buissonnant, qn'il y ait des marquis rt des Frontin, des chrvalil:rS et des Turcarets, e:t qu'oli cultiYe la fraise d'Henri VIII, et les ri<licules <lu bourgeois-gentilhomme, jusque <lans ce siècle des locomotives? Je suis venu pour voir, et je regarùc de me:, deux grands yenx, etj'iraijus- <p1'au hout, c'est-à-dire jusqu'à la porte, milord ; voici les policemer1 qui s'alignent a,·ec leurs petits bàtons noirs, et la foule qui m'emportait dans ses Yagues s'i:rrète, muraille vivaute, ·autour cle ce palais de St-James, votre Louvre ; il est bien triste, au dehors, du moins, votre }.lhambra de Londres, où la reine Victoria ùomie ses au- <lienccs et tient sa cour : ses voûtes sont basses ; se~ pignons, mal jetés, ont clt!s meurtrières comme uac forteresse, et l'aspect <le cc palais-monmnent, où siège radministration supérieure, h'a comme architecture- aucun <le ees ~rands caractères qui signalent les écoles souveraines et le; époques d'art rnyo11nantes. C' wst solide pourtant, largement assis, comme les institutions de ce roya~me, et le 1iarc de Saint-James, qui l'encadre dans une de ses lignes, est un merveilleux paysage aux longues et vertes perspectives. C'était jadis un marais qu'Hcnri IV entoura de palissa- ,les, et qu'embellit, après l'avoir assaini, le dernier des Stnarts, ce gentilhomme de Vers::iillcs, élégant, vicieux, 1>arfumé comme un Lauz 1rn, et qui s'appela Charles II. Dep1Jis ce règne éphémère des courti~ans et des mignons, is arbres ont grandi le long de ces allées du nord .et du sud, larges comme des prairies, profondes comme l'horizon, et qu'encla\·ent sur les deux côtés des palais spJcn,lides, des façades charmantes : nu milieu s'étend une pii:ce d'eau coupée ça, et lù, de grottes en rocailles, :peuplée d'oiseaux ariuatiques, et, sur les pentes qui l'enserrent, la chèvre et le mouton p:.tiFscnt en l1bcrté, comme da.us nos c!airières. C'est lm clélicienx refuge, un jardin hospitalier, un nid -charmant pour les rêveries que ce parc de ::,aint-J ames, milord. Là, s01Js ces ombres, entre ces vertes cloisons, a clù :,o::ycnt se r<:fugier René, quand il revint <l' Amériqne, le cœur saignant, la tète pleine, et qu,i se courbait c1Jjù so11s les idée~, comme l'épi sous le grain; lit, peut-être, Ugo Foscolo, le dernier füs du Dante, a J)rome11é,pauvre inconnu, ses terribles mélancolies, tt }'leuré sa patrie ~bsente, cette belle Italie, vassale qu'il ne devait plus revoir. Là, viennent encore, sans doute, car cc temps est J'écon<l en sinistres, de nouveaux foudroy6s qui cherchent le cristal des eaux et le vert de la fouille. jaloux d'échapper un moment au tourbillon des foules, aux splendeurs ffffic:iclles, au tumulte ùes voix marchanùes ; mais la soli- 'tU<le amie des douleurs n'est pas facile à trouver, même :au milieu de ces grancls parcs qui s'étcn<lent comme de vastes plaines, et me voilà forcé de suivre le torrent qui 1assc, laissant à sa gauche la colonne du clue d'ïork, ~ranit d'un rouge pâle, qui s'élève à 150 pieds au-dessus ..1u perron, et que surmonte un bronze monumental, la .statue ~rincière. AVIS IMPORTANT. Dans l'intérH du Commerce, de !'Industrie et de la 8cience, les Annonces de tous les pays seront acceptées 1 à. la condition d'être écrites en français, conforlll.ément au L'IlOfilThIE. Qnel était le <lue? qu'a-t-il fait p:ir ces armes ou par le géni~, pour qu'on l'ait itlo11té si haut, comme un Sésostris? C'était, m·a-t-oh dit, le plus joyeux convive de l'Angleterre, membre de tous les clubs, viveur sans pareil, et voilà pourquoi les clubs reconnaissants 01-üélevé cet obélisque à sa gloire.-Ah ! messiPurs les gentilshommes, YOUS avez volé Falstaff, le I oi des bl' veurs ! Voici les Horse-,911ards. Le service e~t fini, pour recommencer demaiu au palais de Saint-James. Les ambassadeurs, les grands officiers, les fières ladies out défilé tour à tour, paonnant aux pies.s du trône, et la reino peut aller embrasser ses enfant:<; car les chevaux piaffe11t,les équipages s'ébranlent, et la foule s'engouffrt: par toutes les issues. Me voilà devant ·whitehall. Whitcltall ! encore un nom fatidique, marqué clc sang, dans vos annales ! C'est là, dans cette cour, en effet, que la tête cle Charles Ier ro11Li .sur l'échafaud, et quo s'accomplit dans s_ondernier jugement cette rérnlution redoutable, qui s'appelle à la fois la bible E:t l'épée, Luther et Cromwell. Cromwell, esprit puissant et cœur clc marbr<', tête pleine de génie et main de fer, lwmme✓ d'état e;t grpml ca1 itai1:e connne. César, a <louné la mer :'t. l'.bgleterre, et c'e.;;t pct,t-rtre la plus gr,rndc figu~·e,de cc pay:-. Elle a pourtan.t <lisparu de partout. Elle n'a pas un . marbre, pas une épitoplie, p·1s un $Ouv~nir, sur les places de Londres. On ne sait nas mêrne uù sont les cendres du Protecteur! Les A11glai~ont balayé l'échafaud et relégué le justicier d11ns l'ombre, en gardant les libertés sorties du saug-; mais on ne ch<1ssern.pas Crowwdl cle l'histGÏit! Ses compagnons aussi ont è.isparu dans l'1rnbli volontaire, ce triste linceul, et c'l)st en vain que j'ai cherché sur les plafonds, le long cl~ murs, une trace, un nom, un so11ve11irde ces têtes rondes, de ces puritains fanatiques, si terribles à la besogne des justices et de:; guerre~. Il t•st vra~ qu'un incen<lie dévora le palais de Whitehall 6ln 1695, et qu'il n'est resté du ,·icu:;: monument que la salle <les festins bàtie par Jacques Ier. r ne salle des festins à la place du royal échafaud ! Ce n'est pas là le, Whitehall <lel'histoire, et ce ne serait pas celui de Sha!..speare. Mais le temps, cet autre incendie, qui marchi toujours, a -passé sur ces lointains souvenirs. A chaque journée les luttes tragiques <lu dix-septième siècle se sont effac6es, se sont éteintes ; et je suis peut-être le srul tians cette foule qui. tonrhillonne à cht.>rchcrdans ce palais rajeuni le signe' des drames anciens, le secret des lé.~enùcs. Suivons la foule. (test le mou,·e1ue11t, c'Qst la peusée, c'est la vie du-jour; c'est aus~,i le secret de l',n·enir . Que me veut cet homme av<'c ses yeux ternes, sa figure pâle, ses formes amaigries, sa physionomie triste et gra\·e? Cet homme, c'est un habit 11oir,usé, boutonné, rapiécé, c'est l'hubit noir de !'Augleterre, c'est un monument! Il m'attire, ;1 me parle par toutes ses coutures, que le temps a bbuchics 1ur srs boutons qui trcmh!e11t, par ses manches, qui 1 :, nt ~ux coudes, mais <l'un rire triste, par ses basques fatiguées et toutes ses formes dolentes. Ah ! me dit-il, tu n'as vu qae <le riches brocarts, de bdles écharpes, d'étincelantes livr~es, ùe l'or, cles dentelles, des fleurs, et tu crois connaître l'.:\ ngletcrre, et tu n'as pas na.rlé de l'habit noir ; mais c'est moi qui suis l'Angleterre! Ecoute, plut0t, enfant qui cours après les lumières et les papillons. J'ai, d:i.r.smes premiE:rs jours, hanté trois ou quatre fois le parlem!;!nt, les clnbs, les salons, sur les épélllles d'un gentleman. J'étais riche alors, j'arnis de.s guinées dans mes poches, et je faisai~ plus souvent la sieste daus les gardes-robes que l'exercice aux: parades ; mais un matin on me jeta comme friperie aux mains <l'un valet de chambre, et ce paon de livrée, ue voulant pas de moi pour sa tenue d'oisif, me vendit comme une loque au clerc d'un solicitor. C'est alors que le. travail a commencé ; travail au bnrean, travail aux tavernes et clans les promenades, travail le <limanche ; j'étais toujours de service, et l'ou m,époussetait, on me lavait, on me frottait, à faire saigner toutes mes coutures. On a fait tant et si bien, qu'un beau jour mes spécimen ci-nprès. Les Avis et Annonces sont reçus à l'Office de l'Imprimerie Universelle, 19, Dorset Street, à Jersey, S-Hélier, jusqu'à l'arrivée du courrier du mat di. Toute correspondances doit é!tre affranchie et con~enir 1m bon, soit sur la poste anglaise, au nom dr M. Zéno SwrnTo3LAWSKT, soit sur un des banquiers de Jersey ou manches enrlolories ont craqué, ce que Yoya1~t,mon clerc furieux m'a vendu, sans respect pour mes vieux services, sans pitié pour mes rhuniatismes ; et me voilà maintenant sur le <los de ce méchant maitre de langues, qui me promène du matin au soir dans les rues de Lonùres, sous le brouillard, le vent et la pluie. Eh bien ! nous sommes quelques millions de la même espèce, et dans le même ctis, qui servons de cnoverture la nuit et de grande tenue le jour, dans les cent villes des trois royaumes. Nous avons l'honneur stLr nos vieux jours d'habiller le peuple so11veraiu, la riche et laborieuse Angleterre, qui ne sortirait. jamais en plein soleil :,ous la blouse ou le bourgeron ; et qnaud uous sommes usés jusqu'à la corde, en loques, en charpie, no11sn'avons pas ûni notre temps ; uous partons pour l'Irlande, où nos boutons sont recueillis comme des perles, où nous clcvenone lambeatu d'apparat et guipures pour les jours de fête ! Voilà ce que me disait l'habit noir, usé, rapetassé, boutonné jusqu'au me11to11.et la guenille disait nai; car j'ai Yu des milliers <leses pareils dans les foules, E:t pas une casquette, pas un bonnet sur une tête de femme, toujours et partout le vieux chapeau, cousin de l'habit noir. Ah! que c'est triste, milord, hi. misère drapée! De eet:i je co11clus qu'il y a trois Angleterres : celle du lord-maire, celle de St. -James et celle de l'habit noir, l'.:-\nglettrre des pauvres. Ah! que nons so:n mes heureux, nous du Béarn, que le soleil habille ! Sur ce, milord, salut, Jean RA1s1x. (La suite au prochain riuméro.) JERSF;Y, DIPRI:l:IER!E IJKIVERSF.LLE, 19, DOR$C:'!' STREr.T. EN VENTE A L'l1lfPRIMERIE UNIVERSELLE, 19, DORRET STREET : Les Biog1'aplties Bonapartistes par Ph. BerJeau. Prix : 3 francs. LESBAGNES D'AFRIQ IlIS'fOIRE DE LA 'l'RA.NSPORTA'flON DE DÉCEMBRE, Pm· CHARLES RIBEYROL LES. J volume in-8. HOTEL DESVILLES DEFRANGE, ~18, Dean Street. - Soho square, LONDRES. Table d' Hôte à 1s. 6d. Restaurant à la carte e~ chambres meublées, à des prix très modérés.· - I ournattx français. Prosci·it /t'ançais, ancien élèce de la faculté de ·Paria, Donne des leçons de français, de latin, d'histoire, de géographie, de littérature, etc. li ~nscigne aussi les éléments des sciences mathématiques, 1 hysiques n uaturdles S'adresser au professeur, 38, Rose,·ille-Street. Références: chez MM. Wclman, Ph. Asplet et 9-octenr Barbier. de Londres. Le prix dés Annonces est uniformément de six sous (trois pence) la ligne, pour les trois sortes de caractères courants employés dans ce journal. Les lignes en capitales et en lettres de fantaisie, seroat payées en proportiM1 de la hauteur qu'elles occuperoat, calculée sur le plus petit texte. A BIANCHI proscrit politique vrir un cours cl'Equitatiou il. son manège, sur la a le triple av:mtage d'unir rélég:111ce,la légerté et français, rédacteur Parade. la solidité. 1 'en chef pendant G o·r L"L PRO~CR!T DU 2 Dk'CEUl!Rf Le~ semelles sont fixées avec du laiton et ne en plâtre, en cire, en m11stic et en gélatine s11r nature morte ou vi\'ante. Il moule aussi les ornements, les statu.es et fournit des épreuves à un prix modéré.---20, Donstreet, St.-Hélier. huit.ans <lu)Ol~rnalquotidien le Me~sager~t~Nord, ~.J gu•~fe~seri.n•cl~ ;,oupe,l~i~scut aucune aspérité ni à_l'i,ntérieur ni _àl'~x- pzra1ssant a Lille (France), donne a dom1cile des Tailleur d'lfabits.-29 Belmont Road St.-Hélier h!neur. - On peut marcher al eau sans nU1rea la leçons <lelangue française, cl'arithmétiq1:1e, d'his- Jersey. ' ' ' solidité <lela ch111issnre. toire, <le géographie, de littérature, etc. M1~1soNDE co·l\iMTSSION Il se charge également de toutes correspon- LUD,({8RDECK,, ·1.. 1, d~ce~, écritures c01!1merciales et a~tres, et des P~osc~I! POLITIQUE PO LON AIS, No3, SURLEPORT,A JERSEY 1 ~némo1res dont on lui confie la rédact10n. Don.ne a.dom1cile des leç~ns ùe langue _Allemrmde C. Jll:etn•tebi!rie, Commissio.unaire en marS'.adre~ser au professeur, 20, Don-street, St.- et Latme; 11_démont:c ~t~ss1 1~ Gymn«stiqn~. . chandises, se charge de veudl'e et acheter to11te ~éher (Ile de Jersey). .l\1.Lud, K.ordeckt des1rera1t trouver de 1 emploi sorte de marchandiaes et de faire de:. recouvremene • R.éfér~1iccs chez M:M:. ·wellman, P. Asplet, comme professe~rdans une pension.-61, Newm~n en Fra.noe ou en Ang'leterre et en Amérique. <,eo. V1ckery. Street, Oxford Street.-Londres. Correspondants à Paris, Bordeaux, Lyon, Lille, 15, coL0MBEilIE STR~ET, ST.-HÉLIBR, JERSEY. Londres, Birmingham, Liverpool, New-York, etc. P BONYPROFC!ISEUR D'ÉQUITATION,an- GUAY proscrit du 2 Décembre, faiseur •• cien élève de l'école de Saumur, ,de HOTTES sans couture, pour A [ DH0).TSE~ roonleur en plâtre, se charge • ~ hom e·u- <leprévenir le public qu'il vient d'ou- h.oHimesllt p,ou-r dllmc~. - Ce gcn-re de cha11asm·c · .J [ 1, , 6leto111te spèce de moulage HOTI~LDE L'EUROPE DON STREET, No 11, TENUPARG.ROUSSEL. G. RoussEL a l'honneur de prévenir MM. les voyageurs qui vie.nnent visiter cette î!e, !!oit polir agrément, soit pour affaires, aussi bieu que les habitants de cette localité, qu'ils trou,eront dan3 son Hôtel, bonne table, bons vins, et tous les soins ainsi que tous renseignements possibles. ' ff" Table 1l'Hôte à 10, l et i heures.-Repa:s 1 tonte beu.re.-Il sert aw,si en ville.
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