-SCIENCE.- -SOLIDARITÉJO-URNADLELADEMOCRATIUENIVERSELLE. N6 26. MERCREDI, 24 Mj\.I 185-L 1 (Jersey), ]!), Dorset Street. -Les manuscrits déposés ne seront pas rendu~. - O:-.r s' ABOKNE : A Jersey, 1 !), Dorsr, s~rret. - A Londres, 50¼, Grcrrt Qucen strtet, Linco!n',,- Inn-Fidds. - A Ge-xève (Suisse), chez :;o,l.Corsat, libraire, rnt? Guil!ai.:me-Tell. - Ar-or,ETtRRE i>.T Cor,oNrzs : PouR L',i:-rRA:'<'GER : C:e Jou.&'llUll 1,an•aii une :foâ§I 1•a1• se11na.h:ie. Taules lettres et" correspondances rloivent être afü-anchies et adressées au bureau tlc !' Irn!)rimerie Universelle à St-Hélier Belgique, ch::>zM. Leconte, rue de la Rivit,~c, 16, faubourg de Cologne à Bruxelles. - ,1 1lladrùl, chez C. .:ilonnier, lih:·aire. Un an, 8 shillings ou 10 franc,. Six mois, 4 sh. ou 5 fr. Trois mois, 2 sh. ou 2 fr. 30 c. CIL\QUE '!U)U;RO: 3 pence ou 6 sous. Un an, 12 fr. ô0. Six moi~, 6 fr. 23. Trois mois, 8 fr. 50 c. 'trous !e~ a!~oR.11ne11nentt Ille IHi:.a~at d'a,·a1.1n ee. ---------------------------------------------------------------------'t ' A~rfi§ aux .,.-\1 l~onu.es, Nous pré,·enons les per.sonnès qui se sont abonnées au journal l'Homme, soit pour un an, pour six mois ou pour trois mois, et qui n'ont pas encore versé le montant de lenr abonnement, qu'elles sont instamment priées de s'ac'quitter sans retard entre les mains de ·M. Leconte, rue• de la Rivière, 1G, faubourg de Cologne, à Bruxelles ; de M. Corsat, libraire à Genève, rue Guillaume Tell, chargé de recevoir pour la Suisse et le Piémont. Quant aux abonnés d'Angleterre et des Colonies, ils peuvent s'acquitte1· de ce qu'ils doivent en en-voyant directPment à l'atlministration du journal, à St.-Hélier (île de ,Jersey), 19, Dorset Street, un mandat sur la poste portant le nom de M. Zéno SwrnTOSLA WSKI Pour les autres pays, il suffira d'adresser un mandat au nom ci-dessus désigné sur un des banquiers de Londres. On prie également les personnes qui renouvelleront leur abonnement, d'en envoyer le prix d'avance à l'adresse indiquée, afin d'éviter tout retard dans l'envoi du journal pour le nouveau terme <ln second sérnestre et du troisième trimestre, terme qui commencera le 1er juin prochain. I. Il y a dix ans à peine, les bourge:>is de France étaient les maîtres dans les affaires, dans la politique, dans le gouvernement. Ils avaient deux assemblées, l'une pour les illustrations, l'autre pour les ambitions : ils avaient le crédit par les banques,. les industries par le capital, l'administration par les votes, le commerce par la commandite, et la terre que leur avait livrée la révolution de 89 les reconrnüssait pour rois. Si la bourgeoisie, dans ces magnifiques situations, avait compris son rôle et su se limiter, se gouverner elle-même, croit-on qu'elle aurait tout perdu dans une journée, et, qu'elle. serait aujourd'hui déchue, vassale, méprisée, sans influence ni dans la cité, ni dans les affaires générales ? Croiton que ses tribunes auraient été renversées comme des échoppes, que ses hommes, quelques uns du moins, auraient été proscrits, comme des malfaiteurs, qu'une conspiration heureuse aurait pu livrer à la censure tous ses organes indépendants, à l'arbitraire toutes ses libertés,-ù. la police ses foyers,· ses biens et ses personnes '{ • Du rég·ime de février, franc, ouvert, rayonna!lt et pur comme un ciel d'été, de cette révolution qui ne versa d'autre sang· que celui de la bataille, au conp <l'état de dé~embre qui n'a laissé que des ruines, de,, cadavres et des hontes, quelle différence! C'est un abîme de plusieurs siècles qui s•épare ces deux journées : d'un côté la vie, la liherté, l'epanouissement, l'espérance m1xmains pleines de palmes et de miséricordes; de l'autre côté l'assassinat, les bonrreaux, le sang des enfants, les li0ertés aux: fourches, la proscription marquant cent mille têtes et cent miile portes -un empire enfin ,qui a besoin de la nuit, comme le crime, et qui pourmieux abriter ses débauches éteint tous les flambeaux allumés depuis deux siècles par l'intelligence humaine. Entre les deux sitilations, entre le rayon de février et l'ombre de décembre le conu-aste est si marq_né,si lugubre que les bourgeois de France en ont parfois horreur et qu'ils regrettent amèrement, dit-on, et leur royauté politique et leurs petits <léhats padementaires du temps de Louis Philippe. Nous le coïnprepons facilement, f't non-, avouerons, sans peine, qu'entre les denx autorités, celle qui avait le contrôle des mœurs, le rontrôle cles lois, le contrôle des asf.emblées-ct celle qai u'a d'autre règle que son caprice, d'autre Ei~rie que son ambition, d'autre conseil que les .servilités besogneuses qui l'eutoureut, la civilisation ne S(:)raitpas l\)ng-temps à choisir : 011 aimt: mieux, en tout état de cause, avoir affaire aux avoués qu'ù Cartouche, et les timbres de l'huissi0r sont moins saung-es que le couteau de Lacenaire. l'ifais ce régime des huissiers, des avoués, des greffiers et parlementaires constitutionnels, qui l'a donc coi;npromis, usé, perdu·~-La bourgeoisie. II. Oui la bourgeoisie ! - que faisaient ses assemblées de leur iuitiati ve et <leleur liberté quasi-sou- • Yeraine? L'une, celle des pairs, vivait dans' - les pourpres de son passé., somnolente et ne s'éveil-. lant que pour tenir ses justices ; elle n'était point la contemporaine du siècle, elle était nommée par le roi. Que faisait. l'autre, celle des deux cent mille privilégiés·~ elle gardait son mandat d'abord et puis les privilèges de ses commettants, - privilèges du fer, <lela houille, du coton, des compagnies, des officiers mi11istériels, privilèges judiciaires et privilèges politiques. ~n bas vivaient les nrnsses, reléguées, p:1rquées daus le néant et l'ombre, eutre le travail incessant et le salaire problématique. Dans ces n'-igions aucune lumière, aucune franchise; on n'était P"" citoyen, on n'était pas homme; car celui-là est-il un citoyen qui n'a pas le droit? et celui-là est-il un homme qui n'a pas l'idée! Autour des assemblées et derrière le gouvernement, les académies elles-mêmes faisaient sentinelle : on y parlait bas, en philosophie, en économie politique, en morale; tôut y était bourgeois.; calculé, mesquin, et si quelque voix éloquente retentissait, tout à coup, au milieu de cette monarchie-serre-chaude, on envoyait le clairon à Doul~ lens. Ainsi, royauté du capital et royauté politique, voilà d'une part le lot de la bourgeoisie, - de l'autre, ignorance, misère, négation de tout droit, sauf le droit à la mort par le travail ou dans )es armées, voilà le patrimoine du peuple. - quelle distribution.- quelle justice, quelle balance ! La bourgeoisie, pourtant, la haute bourgeoisie ne voulut rien céder, et voilà pourquoi la monarchie tomba dans un jour d'orage.-A qui la faute? III. Une antre faute oommise, et celle-là fut un crime contre la civilisation du monde, c'est la longue conspiration de la haute bourgeoisie contrela révolution de Février et contre la République. Le droit qui laisse toujours un peu de lumière comme le rayon, s'étriit répandu par toute la France : il les avait tous ~ouronnés, les riches et les pauvres : il les appelait aux mémes urnes, à la même communion, à la même souveraineté. C'était un appel divin que ce tocsin pacifique ralliaut tous les hommes de France, et nulle journée ne fut plus grande que cette journée du suffrage universel, même au temps héroïques des levées en musse de la première Révolution ! Eh bien, que -fit alors la hourgeoisie française-~ que firent les chefs des vieux:.partis, les chefs du capital, les bénéficiaires de la fonction, de l-' escompte et de la rente ? Ils organisèrent contre le droit, contre la République, contre la Révolution de Février, ils-organisèrent contre la souveraineté du peuple, eux qui pouvaient être les tuteurs du peuple, cette misérable réaction si féconde en intrig·ue:'i, en parjures en ;:i"-,~·~ • .,·,,ç; dènouôe dans le sang, le crime et b vol, au Deux Uécen1bre ! 1 Ainsi, par prur rle la République, g·ouvernement de la justice et du droit, ils sont tombés .dans le despotisme, gouvernement du caprice et des frénésÏ('8. Pnr peur dPs idé('s et par haine des intelli- ~;ences, ils sont tombés daus la nuit des cavernes èt sous la main des conpe-jarrets. . La belle campagne ! - ils ont deux fois perdu la liberté :-ia liberté relative, sous la monarchie;- la iiberté absolue, la liberté vraie, sous lil République. Et maintenant il..,e; n sont ... aux jësuites. Que 89 lettr pardonne et puisse l'avenir les am:iistier ! Ch. RIBEYROLLES. C0ltR}~SP0NDANCE PARISIENNE. 21 mai 18/i-4,. Le Mmp ùe Boulogne n'est pas eHcor~ ouvort, mais les anciens travaux: des petits cahlps annuels serviront, et, déjà les recrues sont e1t marcnc sur les diverse:s routes ùe la pauvre France. Ifs ne sont pas fort hilares ces ouvriers et flls de paysans que la conscription cha:ssc devant elle, comme au temps du Ier empli-~. L,~s maires et les grognards passés ganle~'..champêtres ont beau leur dire que le G1•and Nai:oléon rn les commander en personne, ils se retournent souvent vers les chnumes abandonnés, comme de simples bergers de Virgile, et plus d'un, avant la dernière étape, aura rejoint ses haies. Dans le l\ridi, surtout, où le paysan a la religion de la terre, le» réfrai:taires abondent et se multiplient; les gendarmes hésitent à s'engager, car les chemins creux sont pleius <le vengeances, depuis· le 2 décembre ; et si l::i. guerre qui dévore vîte nécessitait bientôt un nouvel appel, soyez certain qu'entre le réfractaire des champs qui ne veut rien payer, et le bourgeois des villes qui ne le peut trop, une ligue secrète s' ourdirait, et l'on, verrnit dans peu les bandes organisées tenir la campagne. Soye;i; certain que si Napoléon Ier mangeait une ou deux: générations par an, celui-ci ne lèvera jamais deux: grandes armées ! • , • Les travaux ùu hltiment n'ont guère cessé, dans Paris, depuis le deux: décembre, et les crnvriers au marteau, de la. truelle et de la lime ont pu v;vre; mais pour ceux qui trav11illent dans les industries da luxe,ïes ouniers artistes de Paris, quelle misère, quel déuûment ! Les mieux: trempés ont tout eng ,gé, jusqu'à la blouse, d'autres sont partis pour chercher besogne à l'étranger; quelques un:. reçoivent la pitance hebdomadaire et les dnq francs que St-Sulpice alloue à ses recrues : les plus misérables sont tombés plus lias! La m,tsse, pourtant, est toujours la même, studieuse, républicaine, g,üdant tous les souvenirs des hommes et des idées, mais avec une mélancolie profonde qu'expliquent suffisamment et les drames cle famille et les misères de la p;itrie. Entre la ·guerre qui emporte les travailleurs et la morte s.ai);Oll qui d!'\sole les atéliers, la cour se tient toujcurs en joie. Les robes à queue.;; paonnent anx Tuileries : on y prodigue les grands cliners, les grandes réceptions et les grandes niaiseries. L'habit rouge anglais y a _remplacé le vert-pomme russe et Madame Eugéuie en est aux: µetites coquetteries· littéraires avec M. Alexandre Duma,,, e-,c-républicain, ex-ami du duc d'Orléans, ex-Monte-Cluisto et présentement dit le iWousquetaire. Pauvre M. Dumas! il aura toujours du talent et 1sesaura jamais avoir de la pudeur! Le voilà qui vient de décerner deux brevets, l'nn de granù poëte à 1\1ft1e Eugénie, et l'autre Je Maître illustre à ce secrétaire ignare qui a Rom Damas Hi nard et qui jadis becquetait dans la main de Quinet, aujourd'hui, le proi.- crit des Bonaparte! . Cette gent littéraire du second eaipii:e est digne: en vérité et du maitre et du temps : cela s'appelle Lesguillon, J ub1nal,Belmor,tct., Damas Hinard; il n'y a pai. même un Lemercier, un Ducis ... Ah ! les bellts muses et les nillantes épées! Persigny ne q11ittera pas le ministère. et, quoiqu'on ait "" l'auvergnat Rouher an grande conférence avec Baroche, oa ne veut pas encore çbani'er les meuble~.
Il y a quelqu'émotion du côté de Turin et de Chambéry; h premi~re nouvelle d'un camp au pi~d des Alpes a por'.~ coup. L'intrigue napoléonienne s'y agite plus que jamais, rt les Tuileries espèrent qu'au nom de l'ordre et sous prétexte de couvrir la frontière, on aura bientôt raison d'état pour envahir. Vous lisez la Presse, et partant vous connaissez tons les exploits du fils de Jérôme, 1lepuis ses diners au maigre jusqu'à ses énergies dés,·· i1érées contre le mal de mer. On ne parle pas ici des au· • ·s rejetons de l.i nichée corse. Les fils de Lucien sont :1r là, grignotant un peu de budget et se taisant : qua11- 't Madame Mathilde, elle travaille toujours avec ses arc! :ectes. Saint-Arnaud, Canrobert et , :; autres héros partis en guerre n'ont pas encore aborc e Russe. On déballe, on dress· les tentes, on met les j , ,visions en buffet : on se battra plus tard, quand il n'y ,L1.1raplus de Tur~s ! XXX. CORRESPONDANCE DE LO~DRES. Londres, 22 111,dl SH. Le bruit court que l'amiral Napier, en Httcndaut la flotte française, encore dans le Grand Belt, aurait bombardé et pris Revel ; quinze cents Russes seraient prisonniers. -D'autre part, les iles d'Aland seraient également tombées au pouvoir des Anglais. Le bruit court aussi que le steamer le Ti_qer ( 16 canons~ 1bns la mer Noire, échoaJ non loin d'Odessa, aurait été brû.lé et son équipage fait priso1rnier par les Russes, malgré l'ai<sistance de deux autres steamers de guerre. - Aux dernières nvuvelles, les flotte~ croisaient devant Sébastopol, bloquant la flotte russe, et laissant à la .flotte turque (secondée par neufs steamers aux ordres <lel'amiral Lyon:.-), le soin de détruire les forts russes sur la côte de Cir.cassie. On Yeut rétablir, de cc côté, les communications avec Schamyl, avant d'entreprendre la conquête de la Crimée d'un côté, <::t,de l'autre, une expfdition en Géorgie, pour y écraser l'armée russe, dout b retraite serait ainsi coupée par la mer Noire : il ne lui resterait que la mer Caspie1 n~ pour avoir, soit des renforts, soit une retraite en cas d~ revers probables.- Les généraux Guyon, Kmettey, Breanski n'out encore pu commencer aucune opération militaire en Asie, le froid et la neige s'opposant à tout mo11vemeat.. Cette inaction forcée permet aux Russes de susciter l'insurrection des populations arméniennes. On affirme que l'ambassadeur persan à St.-Pétersbonrg a demandé ses passeports et que la Perse va porter secours à la Turquie. Le duc de Cambridge et le maréchal Saint-Arnaud sont 1 arrivés à Constantinople. Plus de 50,000 hommes y sont concentrés; jusqu'ici, sauf l'ordre d'expédier 12,000 hommes à Varna, rien n'indique le plan de campagne adopté. Visite du pririce Napoléon au Sultan; visite du Sultan au prince Napoléon (fait inouï dans les annales chrétiennes); gralild diner officiel; mésintelligence de lord Strafford et de Baragnay-d'Hilliers; i11tervention du prince Napoléon dans les affaires intérieures de la T.urquie, pm:r obtenir, d'une part, le maintien à Paris de l'ambassadeur .,actuel, V~ly-Pacha, et, d'autre part, la formation de la légion polonaise et des commandements pour les réfugiés; grand incendie qui a dévoré plusieurs centaines de maisons et qui a donné l'occasion aux marins et -aux soldats français de se distinguer sous les yeux du prince ï départ d'une avant garde pour Andrinople ; refus d11 duc de Cambridge d'accepter un palais comme le prince Napoléon, le duc voulant partager l'existence de ses soldats : voilù les grandes nouvelles qui remplissent les correspondances. Des levées, des emprunts, des augmentations d'impôts, des mouvements de troupes se succèdent En tsi grand riombre, ici, en France, en Russie, en Allemagne, que l'espace me manque pour les mentionner en détail. Ici la bière est surtaxée, et le revenu (income-tax) aussi. Rn France, on repense à l'impôt sur les chiens ; à Vienne, on lève 95,000 hommes. En Russie, levée de neuf hommes sur mille, et taxe sur les communes et seigneurs proportionnelle au contingent qu'ils fonrnissent. L'insurrection grecque, vainc'ue en Epire et en Thessalie, renait en Macédoine ; les généraux grecs sont envoyés aux· fro11t1èrespour protéger et dirige·r le mouvement.- Le Sultan dirige les contingens de Tunis et de Tripoli contre l'insurrection, et le général Forey ne tardera pas ;l occuper Athènes avec sa division. Le roi Othon, si long1 emps haï par ses sujets comme allemand, va-t-il perdre la couronne au moment où il se montrait philheliène? Ce .~erait jouer de malheur ... Salut fraternel, Ph. FAURE. Nous recevons d'un de nos amis, le citoyen Pianciani, proscrit italien, la lettre suivante : encore une de ces révélations qui viennent dénoncer au monde Bonaparte-le crime, encore une de ces lueurs qui éclairent l'enfer de France! \h ! l'on n'avait jamais fait si bas desceadre et ce grand ., nom et cette grande patrie I Quancl le jour des expiations viendra. pourrons-nous jamais effacer, laver tant de mis~res et de tant de hontes! Mon cher Ribeyrolles, Je reçois de Rome des nouvelles que je vous transmets pour l'édific:ition de vos lecteurs. Il s'agit d'un contrat consenti et déjà exécuté en partie par le nommé Louis-Napoléon, d'un c6té, en qualité d'empereur des Français, et de l'autre, par Jean-Marie Ma,-taï, en qualité de pape .. Le dit empereur a offert et le dit pape a accepté cle transporter à Cayenne, aux frais de la France, tous les prisonniers politiques des Etats Romains qui y seront logés, nourris, battus et tués par l'Etat. Un commencement d'exécution a déjà eu lieu, et lorsqu'on m'écrivit, un convoi de trente prisonniers était sur le point de partir. Voici les considérants du contrat passé : 1o Que notre Saint-Père le pape n'a pas, malgré la maigre pitance qu'il donne i\ se~ prisonniers d'Etat, assez d'argent pour en nourrir un si grand nombre; 2o Que tous les édifices étant déjà conve:tis en prisons, et que le nombre des arrestatiom1 augmentant toujours, le Saint-Père ne sait plus oü placer ses priSt>nniers. En pareille circonstance, Grégoire XVI, de sainte mémoire, avait dit que puisque les prisons ne suffisaient pas, on les remplacerait par lea cimetières : c'était la mort sanglante; le bénin .Pie IX, Napoléon aidant, a préféré la mort sèche de Cayenne : le principe c;.t toujours le même. Du reste, il n'y a rien d•étonnant en ceh, les faits se succèdent logiquement: après le gendarme, le geolier, qui n'exclut pas le hourreau. Bonaparte, en 1849, a jeté sur la France la défroque d'un sbire ponti:i.cal; il s·ha!lille aujourd'hui en alguazil, rien de plus naturel. Alors, il n'était que pré~idcnt, aujourd'hui il est empereur, et :1uoique non sacré, le moins qu'il puisse faire, en attendant mieux, o'cst de remplacer par son t'ade in pace clc Cay<'nnc, les ouh,i~ttes du Saint-Office; peut-être Gl!C pour les fêtes du sacre il vou~ donnera aussi un auto-da-fé, et M. Piétri pourrait tr~s bien en être l'orrlonnatcur. N'est-ce p:is, mon cher Ribeyrol les, qu'il est infâme d'envoyer des soldats français en Italie, non plus même pour y combattre la liberté, mais pour y enchaîner, en vertu d'un bref du pape, de m.tlheureux patriotes, les déporter à bord d'un navire français et les déposer sur une terre française au milieu de l'océ.t1ot? Est-ce pour y trouver refuge et !lsile? Non! c'e:,,l }>Our leur donner une prirnn plu~ slivère, la mort sans scandait>, la mort d11jésuite. La France av:iit toujours été l'asile des malhcmeux, désormais on l'appellera la geole tlu despotisme. - La conlllrnnauté de Cayenne est bien infâme; mais, malgré cela, il y a lit qill'lque chose cleprovidentiel pour les Français, pour les Italiens, p:>urnous tous. Permettez-moi de dire que jamais p.ireil afli·ont n'avait été fait à la France. La réduire au rôle de geolier ultramontain, d'exécuteur des hautes œuvrcs du pape, c'est par trop fort! C'est ce que M. de ~Ionta!embert lui-même n'avait pas osé espérer! En 1823, la France frémissait au nom de soldat de la Sainte-Alliance, qu'arrivcra-t-il aujourd hui qu'on pourra dire qu'elle .. en est le guichetier et le bourreau? L'Autriche a toujours refusé au pape ses Spielberg, la Russie ne lui a jamais offert la Sibérie : la France que cloit-elle dire de se voir réduite à déra~scr ces puissanees en seni!ité et en despotisme? Il est impoi;sible qu'elle, la grande, la généreuse nation, se laisse encore longtemp$ insulter ainsi sans rougir. Je sais bien qu'on peut soufl'J.eter impunément un homme d'honneur qu'une trahison vient d'étoardir, maii les soufflets même finissent p:ir l'éveiller, et malheur au lâche quand il sentira l'insulte sur la joue : la France à son tour se réveillera, et 5011 réveil sera terrible pour les oppresseurs qui lui laisseront la h9nte et <!es remords à venger. Elle n'aura pas seulemen~ à se reprocher d'avoir laissé traîner ses enfants à Cayeune, mais e•1core d'avoir arraché aux mères leurs enfants pour les jett'r avec les ,siens dans cet enfer. La·communauté de Cayenne tst providentielle pollt' leRItaliens: peut-être y en avait-il encore, des moins clairvoyants, qui croyaient que le chef de la bande de Décembre pouvait faire quelque chose pour eux. A présent, pas une illusion n'est possible; elle ne ser:iit plus une erreur, elle serait un crime; pas un Italien n'aura confiance en celui qu'on appellera clésor.nais le gt>olier du pape; ceuxlà même qui pouvaient rêver au renonvelleme:it de l' épO']Ueimpériale s'apercevront de la iiifférence : l'autre mettait le pape en prison, celui-ci met ses prisons à la dispositi,,n rlu pape. Décid<':- ment, si l'oncle ne valait pas grand chose, le nereu vaut encore moins. • D:ins ce nouveau crimr, il y a, sdon moi, une grande leçon pour tout le monde. Cette commum.uté de peine prouve que nos ennemis comprennent la solidarité èes peuples, la solidarité révolutionnaire, mieux peut-être que certains d't-ntre nous ne la comprennent. Qu'on vienne nous parler encore clc>srévolutions qui ont pour but l'unité, l'indépendance, la nationalité! qu'on vienne nous dire qu'on peut transiger sur le reste! Nos ennemis, eux, ne transigent pas, nos ennemis, eux, savent ceci : Aujourd'hui, l'indépendance, la nationalité, voire même la liberté politi4uc peuvent être d~ moyens, mais le bnt n'est pas là! lis savent que chaque révolutionnaire doit être républicain, démocrate et socialiste; hors de là, ils ne peuvrnt concevoir de révolutions, et c'est pour cela qu'i)s nous envoient tous indistinctement à Cayenne. I 1s ont r:.ison eux <:tce sont certains ri'entre nous qui ont tort du mépriser l'empereur et de r, ~pecter le pape, de fermer les églises et cle mettre une garde ;: la Bourse. Abattre les barrières qui séparent l'homme de l'autorité, l'individu du gouvernement en politique, la conscience de la croyance en religion, le travail du c.tpital en liconomie, voilà la révolution, la seule vraie, la seule juste, la seule possible. Cette trinité diabolique dont le prêtre est le père, le roi le fils, et le capitaliste privilégié le saint-esprit, voilà l'ennemi que la révolution doit combattre. Il y a là trois personnes en nne seule; vous ne pouvez vous en prendre à l'une 8ans atteindre les autres ; pour en l!pargner une vous les sauvez tontes, nos ennemis • le savent et c'est pour cela qu'ils s'entr'aident. Napoléon soutient à Paris les agioteurs de la Bourse, à Rome le pape. Le pape bénit le Deux Décembre et le trois pour cent. La Ilourse va à la messe, garnit de ses :filles les bals de César et la caisse impériale de ses écus. Nous ne le savons pas assez ou nous n'avons pas assez de courage pour le dire, et c'est à cause de cela qne nous ne pouvons pas nous entendre. C'est pour cela que j'aime Cayenne comme 011 nous le fait; là au moins il n'y aura pas de distinction, de restriction possible: le socialiste fr.mçais et le révolutionnaire italien, rivés à la même chaîne, maudiro11~tous les maîtres en tiare, en couronne ou en lingots; cette <'hÎne qui les unit, c'est l'idée sociale, c'est le marteau qui bri~rra toute8 les oppressions. Portez-la avee courage, martyrs, pendant le peu de temps que le crime doit encore régner au Tuileries et au Vatican ; le droit doit-rester à Cayenne, et au jour de la prochaine Révolution, quand on demandera à un homme de cœur : qncls sont vos titres pour être r~puté uu sûr révolutionnaire ? il pourra répondre, quel que soit son pays : " J'ai été à Cayenne, ou j'ai mérité d'y aller 1 •' Et sur i:e, en attendant avec impatience le jou~ de délinance, salut et fraternité. • L. P1ANCIANI. Jersey, 21 mai 1854. LA NON-INTERVENTION D~:s PEUPLE I. Quels sont les devoirs des peuples dans la guerre actuelle,-des peuples qui aspirent à la liberté? Quelle doit être l'attituile de l'émigration des diverses nationali té? C'est pour nous la question la plÙs grave du jour. L'intelligence claire de la situation, généralement répandue, nous donnera la solution favorable de cette énigme: sachons deviner, et le Sphinx ne 11011sdévorera point. Ce qu'il y a de certain, c'est que le dénouement de ce drame politique qui s'ouvre, ne dépend pas du tout des armées et des bouches à feu ; et qu'il est à la décision, à la merci àrs peuples. Nous serons triomphants, ou écrasés, maitres ou esclaYes tou1, après que Je rideau sera baissé. L'ignorance de ce que porte au fond cette crise, serait donc un crime capital; tâchons, par conséquent, de comprendre, et puis on verra les coupables. Il y a des "patriotes," ou plutôt des chevaliers de fortune., qui sont toujours prêts à s'enrôler <l:msles légions étrangères. Il y a <les exilés de bonne foi, qui brûlent d'envie de servir sous les drapeaux français on anglais, parce qu'on marche coutre les Russes. Il y eu a, enfin, qui donneraient tout au monde pour le triomphe de Nicolas et la déconfiture del' Angleterre (Mitchell et bien d'autres). Eh bien tous ceux-là se trompent ! Il est temps pour les peuples de proclamer la non-interve11tion ! Oui! LA NON-IN'TERVEN'l'IOX. Profitons de la leçon que nous ont donné nos ennemis cléclarés ou cachés. Dans le passé, si quelque nation hlttait . pour son indépelldance contre un oppresseur plus fort qu'elle, les cabinets vociféraient unanimement : " La nonintervention ! " Au contraire, i>ila Révolution d'un seul peuple, ou de plusinm, nntions, éclatait pour régénérer le monde, et, si elle se montrait momeutanérnent plus forte que les tyrans, les cabinrts s'envoyuicnt des signes mystérieux, comme des voleurs en foire, et ces signes disaient : iutervenons ! Ils savaient bien que l'exemple d'une nation pouvait entraîner les autres, que le triomphe des peuples ferait régner la justice dans le moude, et qu'alors ils seraient perdus. La Turquie importe considérablement, dit-on, pour l'équilibre <lespuissances. Cependant le sultan 1,'a pas de vote dans la politique qui règne à présent en Europe. Il n'est pas même maitre chez lui. On traite, il est vrai, <le son sort avçc un certain ménagement, mais, en rfalité, sans sa participation, car les cérémonies et les convenances, qu'on se plaît à garder, ne disent rien. On décide déjà tous les points de son règne, et il est obligé d'y souscrire, dans les questions même de sa vie, de son pouvoir, de son. territoire. La vraie indépendance ne souffre pas des avis qu'elle ne saurait répudier : elle ne repose pas sur des bras étrangers. D ns ce moment, l'Angleterre est l'âme des moindres mouvements dans le Divan. Les meill~urs chefs, qui font mouvoir les Turcs aujourd'hui, sont des Européens. En un mot, la Tun1uie est ané~ntie : ori ne lui a laissé que son .nom. Voyons comment le mahométisme avait grandi et comment il est tom0é en décadence. Il a dO. sa puissance à l'opposition qu'il a vaillamment maintenue contre le faux principe du catholicisme déployant ses ailes sur l'Europe et voulant dominer partout. Quand les croisades étaient à l'ordre du jour dans la chrétienté, pendant deux siècles; quand l'Orient fut devenu le rendez-vous des guerres acharnées, où l'Europe du Moyen-Age, sombre, fanatique et mal organisée, se ruait contre l'Asie fanatisée aussi, mais plus éclairée que sa rivale; l'Asie étant l'institutrice, et l'Europe sa pupille, les Musulmans développaient toute leur vigueur sociale. Ils d1angeaient la succession du pouvoir et le faisaient cheoir tour à tour entre les mains de ceux qui se trouvaient les plns cap,,bles ciomme races et dynasties ! et ils réussirent. Au contraire, les Chrétiens qui gardaient le pouvoir central immobile dans le pape,- le vrai gén~ral en chef de ces expéditions,-après <les efforts inouïs, les Chrétiens succombèrent. Ainsi, les Orientaux nous donnèrent ce grand exemple, que pour réussir dans les grandes entreprises, il ne faut pas s'immobiliser en un chef, qu'il soit un homme ou une nation. Au temps de la décadence <les Seljoncides, Fatymides et·Atabebs, les Ayoubides se mirent à la tête de l'Orient, pour terrasser l'ennemi. Et lorsque les 1lescendanh; du Saladin (Salaheddin ), issu du peuple Kourde, se laissèrent corrompre dans ~eluxe et la cruauté, les Mamelouks • ( c'est-à-dire les esclaves), devinrent les maîtres de ce vaste empire. En effet, quelque temps après la victoire de Mansoura, où " $aint" Louis fut fait prisonnier, les Mamelouks achèvent l'expulsion des Francs de la TerreSainte-. Dês-lors, l' E.urope ralentit sa fougue et abdique pour longtemps son ambition du côté de l'Orient. Ayant perdu de vue l'ennemi eommun, qui les faisait respirer comme un seul corps, les peuples européeus s'occupent de leur propre ménage : ils se créent des rivalités et nationalités plus distinctes ,que jamais. Les Osmanlis Turcs, beaucoup moins instruits que les Arabes, mais leurs vaiuque\lrs, et prosélytes de la foi, remvlacent les Mamelouks. Ils envahissent l'Europe, ils égorgent les Chrétiens, et l'Occideut assiste à ce spectacle sanglant, les bras croisés, comme un spectateur neutre. Dans cette adversité, la Pologne seule se fait le champion de toute la thrétienté découragée : elle repousse constamment l'ennemi
pendant des siècles et triomphe à la fin. Plus tard, le roi de Pologne, Ladislas, tombe à Varna, les armes à la .main, en 1444, et, neuf ans plus tard (1453), l'empire romain, eu Orient, av-ec sa capitale, rend le dernier soupir. Le Pélopon~se, l' Archipel, avec toutes les îles de la Grèce, l' l~gypte, la M oltlavie, la Valachie, la Servie, la Bosnie, la Transylvanie, la Hongrie peu à peu sont subjuguées par ]es Turcs. L'Autriche, et peut-être toute l'Europe, divisée commeelle l'était, allaient subir le même sort. Mais l'Occident, devenu plus éclairé que l'Orient, devait prévaloir et devenir maître et instituteur à son tour. La Pologne commence cette politique triomphante de l'Europe. Restée l'unique sauve-garde du monde de ce côté-là, elle arrêta le flux cleshordes asiatiriues. Ainsi, en 1683, Jean Sobieski refoula complètement les Turcs eri vue des bastions <leVienne, mais il ne pût profiter de cette victoire ; car sa patrie, plus libre ulors que tous les autres peuples de l'Europe, avait en horreur les conquêtes, qui donnent au gouvernement exécutif trop de pou voir contre la liberté. Les Polonais ne rêvaient pas la prise <le Constantinople. Ils ne voulaient• pas non plus garder sous la main la Russie, lorsque peu avant cette époque (en 1610), son czar avec toute sa famille furent amenés en triomphe par le héros Z11lkiewski. Au milieu des rapacités des autres puissances européennes, la Pologne ne volait pas. Elle épargnait les victimes, tandis que les autres la dévoraient. Mais la Pologne ayant été envahie rlepuis par la Russie, la Turquie et l'Europe se trouvent sans frontières (:,1 côté <les Barbares. Depuis lors, la Turquie, politiquement parlan~, n'existe plus, parce qu'elle n'est ni pour 11icontre ia civilisation européenne ; elle n'est encore debout que par l'intérêt des étrangers qui s'y querellent. ~ Potir faire voir combien le système de la bala~ce du pouvoir, --· base ùe la politique des cabinets depuis Charl_çs-Quint, - a pris une fausse voie, ·il suffit de dire que, destiné à mainte1ür la paix, il a banni la paix de l'Europe. Le faatôme de la PorLe-Otton1ane n'existe que pour son voisin le plus fort et le plus entreprenant. Aimi, la Russie, depuis plusieurs années, malgré la résistance partielle des puissances m:uitimes, avance toujours vers sa proie. Depuis sa prépondérance navale, l'Angleterre de son côté tient en qulqne sorte entre ses mains les dastinées cles·nations ;-la Russie, sa protégée, veut lui ravir cette suprématie par la possession exclusive de la mer Noire. L'Angleterre désire que ces eaux et les régions qu'elles baignent restent dans la po3session d'un faible état, afin qu'elle puisse continuer sa prépondérance maritime. C'est l'Othon et le Vitellius de l'empire rnmain qui se disputent la domination du monùe ! Peuples qui aspirez à Ja liberté, n':1idez ùe cœur ni l'un ni l'autre de ces grands lutteurs. Ce sont deux ennemis des peuples qui se déchirent ; car, en réalité, ce ne sont p,ts les Anglais contre le Russes, mais bien le despotisme aristo(;ratique et mercantile <le i' Angleterre qui est aux prises avec le despotisme pur de la Russie. Le peuple anglais et ie peuple russe gagneront par l'affaiblissement mutuel de ces deux antagonistes. Quand l'un d'eux :·éussira à terrasser l'autre, malheur à nous si nous ne sommes pas prêts à recouvrer nos droits. Mais pendant leur lutte mortelle n'intervenons pas ! . L. L. SAWASZKIEWICZ. LA FRANCE DEV ANrr L'EUROPE.(*) Après ce discours, chacun des représentants est invité à adhérer à la politique formulée par le tzar; l'Autriche et la Prusse y souscrivent sa11s autres observations. Le délé. ué de la Fran~e, M. A., exprime son assentiment aveile plus vif enthousiasme, en songeant à l'avènement prochain de son royal maître au trône <le France.· Lord B., représentant du gouvernement ang1ais, de.:. mande ht parole et s'exprime ainsi : Je n'aurais pils pris la parole dans cette circonstance, si nvtre honorable président n'avait cherché à ét~blir une différence entre la manière de voir de notre bien aimée souveraine et son gouvernement: au fond nous sommes <ia' rcord. Je ferai observer que la politique suivie par l'Angleterre est en tous points conforme aux vœux <leson altésse sérénissime l'empereur des Rmsies. L'alliauce del' Angleterre avec le gouvernement <leNapoléon lll a pour but de maintenir les flottes françaises que l'Angleterre peut redouter lorsque le plus grand ennemi . de ses intérêts, Napoléon II r, gouverne la }?rance. Supposons une rupture entre l'Angleterre et la France, dans les conjectures présentes, la révolution peut reparaître! Napoléon Ill, isolé, aurait l'avantage <le conserver ses forces et d'en dispos·er à son gr6; d'ailleurs, lll France ne doit-elle pas concourir, comme toutes les autres puissances de l'Europe, à la conquête de l'Orient? La France isolée est plus forte quand l'Angleterre a ses vaisseaux dans la Baltique et d:ms la mer Noire, et pour éviter un coup-d'Etat eu faveur <le l'empire napolénien d'Occident ou de la rtpublique, cette tactique était nécessaire. Les 11oldatsanglais mêlés aux soldats français main- (*) Voir, pour le commencement de cet article, le numéro 25 ,du17 mai. parte aura cessé de vivre. Déjà, au mom(~nt où nous écrivons, il n'est pas même général en chef des :11 mées du roi, il n'est qu'un pauvre Monk ; rien de pÎus, rien de moins. tiennent rordra, et s'opp~sent à toute tentative révolutionnaire, à. tonte velléité de conquêtes au profit fle la France impl!rialc, car là est le danger commun! ... Saus la politique révolutionnaire, la France est comparativement la plus faible, attendu que Napoléon III ne réussira jamais à o1itenir l'a1liance sincère des cours légitimes. La de~truction des flottes anglaises permt-:ttrnit à Napoléon III d'ab:tisser la fort.une de l'Angleterre; mais alors la France domine et la rc;volntion est en permanence! Puissance maritÏmP. et territoriale tout lui donne la suprématie en Occident ; s:rns les flottes anglaises, la coalition Malheureuse France! Ùvrée pieds et poings liés à la réaction par M. Buonaparte, te voilà ruiJ.1ée,morte pour un demi-siècle: car il n'y a qu'un moyen de te sauver, i faut révolutionner l'Europe, et rien ne me dit que cela :se fasse?, du Nord ne pourrait la vaincre ; et tandis que les troupes françaises s'avanceraient sur le Rhin et sur l'Italie, la Russie ne pourrait se maintenir dans la Turquie d'Europe. Au contraire, la. snpré:natit'! de ] 'Angleterre bieu établie dans la Méditerranée rassure l'ordre, _attendu que le Royaume-URi ne peut devenir puissance territoriale, et qn'î'l n'est poi1:t révolutionnaire comme la France. Que la. France maritime ne gêne poi11tle gouvernenient de sa Majé.sté notre bien-aimée Victori«, nous n'avons pas à b redouter comme puissance terrestre, car jamais un monarque français ne parvte:idra à pousse{ l'Allemagne monarchique contre l'Empire russe ou contre: l' Angleterre ; de même quel' Angleterre n'ayant que ses forces navales ne pourra non plus lutter avec avantage contre la France. L'équilibre européeH n'a qu'une force monJrchique à redouter : c'est l'Empire d'Occident; l'Angleterre qu'une puissance maritime : celle de la France dirigée par un ambitiP.ux:. Dès que nos flottes seront hors de danger, nous ces,ons toutes coalitions, même apparentes contre le tzar. D'~illeurs, nous aussi, nous avous pris nos mei:;nres. La flotte anglaise est dans la Baltique, celle <lela France d:.rns la mer Noire; les forces anglaises sont près du Royaume-Uni, ('.elles ùe la France sont divisées : armée e11 Afrique, armée à Rome, armée à CoustantinoplP, armée dans la Baltique ; et ces armées, chargées de maintenir l'ordre et de comprimer tout mouvement révolutionnaire, ne sont que ,les armées d'occupation! Il me semble que sa Sainteté toute puissante l'empereur des Russ1es, ne se serait péts servi p1us habilement des forces de b France pour rétablir l'ordre, empêcher l'empire ou la Ré'rolution ! Ceci bien compris, l'Angleterre n'ayant rien à crninclre d'un envahissement ultérieur, l'amour qu'elle porte ù Napoléon III s'explique: l'a1liance anglo-française sert l'ordre et la couronne <l'Angleterre. Je vote comme mes collègues. La séance est levée aux c:ris de vive l'ordre! vive le tzar! mort aux révolutionnaires! mort à l'usurpateur! Voilà donc comment se règlent les destinées <les peuples; quatre têtes couronnées disposent de l'Europe, et toute leur science consiste à trouver des hommes qui les servent dans leurs projets; ils commandent! Voil\ la question d'Orient dans toute sa crudité; elle a pour objet le partage de l'empire ottoman au profit des grantks couronnes de l'Europe et l'abaissement ùe la France, au. pr:>fit d'une restauration monaréhique, au profit <leC!1a:nbord et des jésuites, de l'Ordre enfin ! L'Europe coalisée peut de nouveau se ruer sur la Frau.ce ! sur la Fraucc ruinée par la guerre d'Orient, ruinée par les ùilapidations des bandits de décembre, r•1inée par l'agiotage; sur la France livrée aux Jésuites, empoi~ sonnée par leurs f.rnY('S doctrines, sur la France passée à l'état d'invalicle . .-\ujo1ud'hui, elle est trop vivace encore, il faut ruser et ,:ttcllflre : Mais patience, Dieu le veut, rien ne saurait la snuver d'·1J,11resta.i,ration. Sera-t-elle partagée? Non, un partage est inutile : la France, ruinée et limitée comme puissance maritime, ne peut lutter ni contre le Tzar sur terre, ni contre l'.i-L1glP.-. terre sur mer, et a.vcc Henri V, allié des familles dn Nord, la France r,e compte plns parmi les nations il craindre. La réaction domine; le Tzar étend ses bras sur l'Océan et la TIIëditerranée : ses vaisseaux feront le tour <lela Méditerranée, comme ceux des Anglais flotteront dans la mer Noire. L'alliance anglo-1~apoléonnienne n'est pas utile à la France; l'Empire avec les frontières du Rhin n'est. pas utile à la France : la Suisse est ponr elle un meilleur rempart ! Tout cou&pire rn perte. L'Allemagne, l' Argleterre et la .France unies peu vent arrêter le Tzar, résister, mais elles ne démembreront pas l'empire russe. L'Allemagne redouterait la perte des frontières du Rhin et la coalition du Nor<l se reformerait. La France, alli6e avec les monarqtws, est eu contradiction avec tous seJ intérêts ; elle est dans la même situation que la rép11l11ique romaine acceptant les secours de Charles-Albert : comme l'Italie, elle sera envahie et privée de sa liberté.· Tous les despotes, tous les hommes d'état ont dit: "La France est ingouvernable ! " Oui, mille fois oui, ~lle est ingouvernable; car plus elle est gouvernée, plus elle languit, plus elle s'étiole, plus elle approche de la mort : la France, c'est la vie humaine, c'est la Révolution, ou elle • n'est rien ! Allons, bourgeois, cirez les bottes de leurs majestés : Napoléon ou Chambord, c'est tout un; le masque est différent, voilà tout. ' On nous dira que Napoléon III, se voyant perdu, fera la_ Révolution. Erreur funeste ! Il est trop ta.rd ! La réaction a pris ses mesures ; elle occupe l'administration, et quand 11 lle se croira assez sftre de garder la position, M.. BuonaL'Angleterre dit à 1-'Italie: "Ne bouge pas!" L'Angleterre comprime la Révolution, et M. Buonaparte l'accompagne, • L'Angleterre veut Chambord et l'abaissement de la France; l'Allemagne, la Russie, Rome même veulent Chambord et l'abaissement.de la France! Qui te délivrera? la Révolution ! ' B.,...... VARIÉTÉS. LESMÈMOIRES DEJEANBAISIN. -SuiteC'était hier la fête de la reine, et j'ai vu passer toute une armée de chtvaux en gran<l appareil, <leladies en diamants, de laquais p~udrés, comme des archevêques et fleuris comme des rosières; c'était tout un monde de panaches, de broderies et de livrées bien nouveau pour moi! - je l'ai donc suivj ù,• tous mes regards. Quels sont ces hommes à la cUJrass~ étmcelante, au casque à cimier et tout caparaçonnés <l'or, sur leurs grands chevaux noirs, comme le:s beaux Romains du tf'mps de Pompée? Ce ~ont les horse-guards de la re_ine. Et ces autres qui jouent du fifre comme un chœur de bergers d'Arcadie égaré Jans le camp de Xerxès ? C'est lu. musique militaire de la reine. Et ceux-ci qui reluisent tant spus les tricornes empanachés, la perruque it marteaux et la veste e11 brocart? C'est la livrée de la reine. • ·Et ces derniers, enfiu, dorés sur toutes les coutures, en chapeaux festonnés, avec épée de parade, s'étalant ,.m fond. <les carrosses, entre des femmes, aux épaules nues dont 1a gorge et la poitrine étincellent comme un zodiaque? Ce sont les grands dignit:i.ircs de l'armée, les ofiiciers et les dames de la maison de la reine, la noblesse enfin ayant pied à la cour; c'est la \·ieille Angleterre féodale qui passe avec ses diadêmes, ses blasons, ses linécs historiques, toutes ses magnificences. • . Rien n'y manque, pas un nœu<l, pas .une écharpe, pas un pompon, pas même la canne aux mai-13 d:.i laquais, la canne insolente qui dit encore au manant, comme jadis : arrière au porte-fardeau ; place à la n:;blesse . 1 Il est bor1 d'ajouter, toutefois, que cette canne s'est un peu modérée depuis les véritables temps féodaux; elle· est devenue constitutionrit lle comme toutes les puissances du siècle, et dans les mains du laqnais elle n'est plus qu'un -signe, un attribut, une arme parlante. Elle ne fonctionne plus, la fière baronne ; et le court bâton du policeman, emmanché dans la )oi, ferait reeuler plus de monde que toutes les cannes fëodales des trois royaumes. Encore un sceptre qui tombe, une royauté qni s'éclipse, milord! Les ciefs <lu donjon sont depuis longtemps rouillées; la main de justice se fait moins lourde à chaque heure du temps ; le glaive lui-mêrne s'6mousse dans les fourreaux, et la canue s'en va. Que diraient les fiers bar0ns de Guillaume-le-Bâtard, que <liraient vos ancêtres, milord, s'ils revenaient dans leur armure de fer au milieu de vos carrousels ? • Ils reconnaitraient bien ça et la quelques pourpoints et quelques hauts-d~-ch:lusssPs de ieurs anciens tournois de guerre ou de cour; mais les cuissarils, les brassards, les gantelets, les casques fermés, les lances, et surtout les terribles discipli-Hes de la foule, s'écartant, s'inclinant jusqu'au pied du cheval, tout cela. milord,· a disparu; le moyen âge, le véritable moyen âge est bien mort, même dans vos palais et dans vos fêtrs, où l'on ne joue plus que des ballets. JYoù cela vient-il, milord ? Eh mon Dieu ! de la grande, de l'universelle contagion <lu temps. Depui,; deux siècles il pleut des idées en E,irop~, et partout les âmes sont travaillées, ici, par la liberté,· là par la science. Or, vous de la grande ile, vons ;:vez reçu vos rosées comme le continent, et voilà pourquoi, <laus Londres, votre capitale, j'ai déjà vu deux Angleterres, celle du travail et celle du fief, celle du privilège et celle de la liberté ; l' Augleterr~ du paquebot, de l'annonce et de l'afficlw, l'Angleterre de, perruques pouclrér.s, du pourpoint moyen âge et de la ca1.11,o.. Il est vrai de dire, cependant, que vous êtes le peuple de la terre le plus jaloux de vos trailitions, et le plus riche en vieilles culottes; votre garde-robe historique est un musée complet, et vos fonctionnaires, vos serviteurs, vos <lames de la cour, pourraient demain tenir tabouret chez la reine Anne, ou garder ses antichambres aussi bien que les fières ladies et les chevaliers qui dorment depuis cent ans et plus sous le marbre <levos tombeaux.
Mais s:i.vez-vous, milord, pourquoi l'Angleterre mo- <tlerne, l'Angleterre marcliande ne s'effarouche point, comme -0n le fait ailleurs, de toutes ces guipures et de toutes ces fraises de l':iristocratie qui se perpét1ient, ainsi que les blasons, d'âge en üge? C'est qu'elle a, comme SOil ainée, ses blasons, ses guipures, ses fraises ; et, tenez, voici le lord-maire qui passe avec son carosse étincelant, ses chevaux empanachés et ses laquais chargés d'or. Les, armes de la cité brillent sur les panneaux dn roi des marchands, et les cent corporations de son domaine, les armuriers, les <l rapiers, les orfèvres, les épiciers, les libraires, les quincailliers, les marchands-taillenrs, etc., etr., ont, connne les nobles, leurs privilèges, leurs bannières, leurs armes parlantes, leurs costumes, leurs clubs: la plns fière dnche,;se <lu West-end ne tient pas plus à ses cham1s sablés que la corpontion des poissonniers à ses armoiries! Friperie coutre friperie, voilà t~ut le secret, milord; on on l'a <lit depuis longtemps : Sans Frontin, il n'y- aurait plus <le marquis. ~fais qn'est-cc q11e cela me fait à moi, pauvre écolier buissonnant, qn'il y ait des marquis rt des Frontin, des chrvalil:rS et des Turcarets, e:t qu'oli cultiYe la fraise d'Henri VIII, et les ri<licules <lu bourgeois-gentilhomme, jusque <lans ce siècle des locomotives? Je suis venu pour voir, et je regarùc de me:, deux grands yenx, etj'iraijus- <p1'au hout, c'est-à-dire jusqu'à la porte, milord ; voici les policemer1 qui s'alignent a,·ec leurs petits bàtons noirs, et la foule qui m'emportait dans ses Yagues s'i:rrète, muraille vivaute, ·autour cle ce palais de St-James, votre Louvre ; il est bien triste, au dehors, du moins, votre }.lhambra de Londres, où la reine Victoria ùomie ses au- <lienccs et tient sa cour : ses voûtes sont basses ; se~ pignons, mal jetés, ont clt!s meurtrières comme uac forteresse, et l'aspect <le cc palais-monmnent, où siège radministration supérieure, h'a comme architecture- aucun <le ees ~rands caractères qui signalent les écoles souveraines et le; époques d'art rnyo11nantes. C' wst solide pourtant, largement assis, comme les institutions de ce roya~me, et le 1iarc de Saint-James, qui l'encadre dans une de ses lignes, est un merveilleux paysage aux longues et vertes perspectives. C'était jadis un marais qu'Hcnri IV entoura de palissa- ,les, et qu'embellit, après l'avoir assaini, le dernier des Stnarts, ce gentilhomme de Vers::iillcs, élégant, vicieux, 1>arfumé comme un Lauz 1rn, et qui s'appela Charles II. Dep1Jis ce règne éphémère des courti~ans et des mignons, is arbres ont grandi le long de ces allées du nord .et du sud, larges comme des prairies, profondes comme l'horizon, et qu'encla\·ent sur les deux côtés des palais spJcn,lides, des façades charmantes : nu milieu s'étend une pii:ce d'eau coupée ça, et lù, de grottes en rocailles, :peuplée d'oiseaux ariuatiques, et, sur les pentes qui l'enserrent, la chèvre et le mouton p:.tiFscnt en l1bcrté, comme da.us nos c!airières. C'est lm clélicienx refuge, un jardin hospitalier, un nid -charmant pour les rêveries que ce parc de ::,aint-J ames, milord. Là, s01Js ces ombres, entre ces vertes cloisons, a clù :,o::ycnt se r<:fugier René, quand il revint <l' Amériqne, le cœur saignant, la tète pleine, et qu,i se courbait c1Jjù so11s les idée~, comme l'épi sous le grain; lit, peut-être, Ugo Foscolo, le dernier füs du Dante, a J)rome11é,pauvre inconnu, ses terribles mélancolies, tt }'leuré sa patrie ~bsente, cette belle Italie, vassale qu'il ne devait plus revoir. Là, viennent encore, sans doute, car cc temps est J'écon<l en sinistres, de nouveaux foudroy6s qui cherchent le cristal des eaux et le vert de la fouille. jaloux d'échapper un moment au tourbillon des foules, aux splendeurs ffffic:iclles, au tumulte ùes voix marchanùes ; mais la soli- 'tU<le amie des douleurs n'est pas facile à trouver, même :au milieu de ces grancls parcs qui s'étcn<lent comme de vastes plaines, et me voilà forcé de suivre le torrent qui 1assc, laissant à sa gauche la colonne du clue d'ïork, ~ranit d'un rouge pâle, qui s'élève à 150 pieds au-dessus ..1u perron, et que surmonte un bronze monumental, la .statue ~rincière. AVIS IMPORTANT. Dans l'intérH du Commerce, de !'Industrie et de la 8cience, les Annonces de tous les pays seront acceptées 1 à. la condition d'être écrites en français, conforlll.ément au L'IlOfilThIE. Qnel était le <lue? qu'a-t-il fait p:ir ces armes ou par le géni~, pour qu'on l'ait itlo11té si haut, comme un Sésostris? C'était, m·a-t-oh dit, le plus joyeux convive de l'Angleterre, membre de tous les clubs, viveur sans pareil, et voilà pourquoi les clubs reconnaissants 01-üélevé cet obélisque à sa gloire.-Ah ! messiPurs les gentilshommes, YOUS avez volé Falstaff, le I oi des bl' veurs ! Voici les Horse-,911ards. Le service e~t fini, pour recommencer demaiu au palais de Saint-James. Les ambassadeurs, les grands officiers, les fières ladies out défilé tour à tour, paonnant aux pies.s du trône, et la reino peut aller embrasser ses enfant:<; car les chevaux piaffe11t,les équipages s'ébranlent, et la foule s'engouffrt: par toutes les issues. Me voilà devant ·whitehall. Whitcltall ! encore un nom fatidique, marqué clc sang, dans vos annales ! C'est là, dans cette cour, en effet, que la tête cle Charles Ier ro11Li .sur l'échafaud, et quo s'accomplit dans s_ondernier jugement cette rérnlution redoutable, qui s'appelle à la fois la bible E:t l'épée, Luther et Cromwell. Cromwell, esprit puissant et cœur clc marbr<', tête pleine de génie et main de fer, lwmme✓ d'état e;t grpml ca1 itai1:e connne. César, a <louné la mer :'t. l'.bgleterre, et c'e.;;t pct,t-rtre la plus gr,rndc figu~·e,de cc pay:-. Elle a pourtan.t <lisparu de partout. Elle n'a pas un . marbre, pas une épitoplie, p·1s un $Ouv~nir, sur les places de Londres. On ne sait nas mêrne uù sont les cendres du Protecteur! Les A11glai~ont balayé l'échafaud et relégué le justicier d11ns l'ombre, en gardant les libertés sorties du saug-; mais on ne ch<1ssern.pas Crowwdl cle l'histGÏit! Ses compagnons aussi ont è.isparu dans l'1rnbli volontaire, ce triste linceul, et c'l)st en vain que j'ai cherché sur les plafonds, le long cl~ murs, une trace, un nom, un so11ve11irde ces têtes rondes, de ces puritains fanatiques, si terribles à la besogne des justices et de:; guerre~. Il t•st vra~ qu'un incen<lie dévora le palais de Whitehall 6ln 1695, et qu'il n'est resté du ,·icu:;: monument que la salle <les festins bàtie par Jacques Ier. r ne salle des festins à la place du royal échafaud ! Ce n'est pas là le, Whitehall <lel'histoire, et ce ne serait pas celui de Sha!..speare. Mais le temps, cet autre incendie, qui marchi toujours, a -passé sur ces lointains souvenirs. A chaque journée les luttes tragiques <lu dix-septième siècle se sont effac6es, se sont éteintes ; et je suis peut-être le srul tians cette foule qui. tonrhillonne à cht.>rchcrdans ce palais rajeuni le signe' des drames anciens, le secret des lé.~enùcs. Suivons la foule. (test le mou,·e1ue11t, c'Qst la peusée, c'est la vie du-jour; c'est aus~,i le secret de l',n·enir . Que me veut cet homme av<'c ses yeux ternes, sa figure pâle, ses formes amaigries, sa physionomie triste et gra\·e? Cet homme, c'est un habit 11oir,usé, boutonné, rapiécé, c'est l'hubit noir de !'Augleterre, c'est un monument! Il m'attire, ;1 me parle par toutes ses coutures, que le temps a bbuchics 1ur srs boutons qui trcmh!e11t, par ses manches, qui 1 :, nt ~ux coudes, mais <l'un rire triste, par ses basques fatiguées et toutes ses formes dolentes. Ah ! me dit-il, tu n'as vu qae <le riches brocarts, de bdles écharpes, d'étincelantes livr~es, ùe l'or, cles dentelles, des fleurs, et tu crois connaître l'.:\ ngletcrre, et tu n'as pas na.rlé de l'habit noir ; mais c'est moi qui suis l'Angleterre! Ecoute, plut0t, enfant qui cours après les lumières et les papillons. J'ai, d:i.r.smes premiE:rs jours, hanté trois ou quatre fois le parlem!;!nt, les clnbs, les salons, sur les épélllles d'un gentleman. J'étais riche alors, j'arnis de.s guinées dans mes poches, et je faisai~ plus souvent la sieste daus les gardes-robes que l'exercice aux: parades ; mais un matin on me jeta comme friperie aux mains <l'un valet de chambre, et ce paon de livrée, ue voulant pas de moi pour sa tenue d'oisif, me vendit comme une loque au clerc d'un solicitor. C'est alors que le. travail a commencé ; travail au bnrean, travail aux tavernes et clans les promenades, travail le <limanche ; j'étais toujours de service, et l'ou m,époussetait, on me lavait, on me frottait, à faire saigner toutes mes coutures. On a fait tant et si bien, qu'un beau jour mes spécimen ci-nprès. Les Avis et Annonces sont reçus à l'Office de l'Imprimerie Universelle, 19, Dorset Street, à Jersey, S-Hélier, jusqu'à l'arrivée du courrier du mat di. Toute correspondances doit é!tre affranchie et con~enir 1m bon, soit sur la poste anglaise, au nom dr M. Zéno SwrnTo3LAWSKT, soit sur un des banquiers de Jersey ou manches enrlolories ont craqué, ce que Yoya1~t,mon clerc furieux m'a vendu, sans respect pour mes vieux services, sans pitié pour mes rhuniatismes ; et me voilà maintenant sur le <los de ce méchant maitre de langues, qui me promène du matin au soir dans les rues de Lonùres, sous le brouillard, le vent et la pluie. Eh bien ! nous sommes quelques millions de la même espèce, et dans le même ctis, qui servons de cnoverture la nuit et de grande tenue le jour, dans les cent villes des trois royaumes. Nous avons l'honneur stLr nos vieux jours d'habiller le peuple so11veraiu, la riche et laborieuse Angleterre, qui ne sortirait. jamais en plein soleil :,ous la blouse ou le bourgeron ; et qnaud uous sommes usés jusqu'à la corde, en loques, en charpie, no11sn'avons pas ûni notre temps ; uous partons pour l'Irlande, où nos boutons sont recueillis comme des perles, où nous clcvenone lambeatu d'apparat et guipures pour les jours de fête ! Voilà ce que me disait l'habit noir, usé, rapetassé, boutonné jusqu'au me11to11.et la guenille disait nai; car j'ai Yu des milliers <leses pareils dans les foules, E:t pas une casquette, pas un bonnet sur une tête de femme, toujours et partout le vieux chapeau, cousin de l'habit noir. Ah! que c'est triste, milord, hi. misère drapée! De eet:i je co11clus qu'il y a trois Angleterres : celle du lord-maire, celle de St. -James et celle de l'habit noir, l'.:-\nglettrre des pauvres. Ah! que nons so:n mes heureux, nous du Béarn, que le soleil habille ! Sur ce, milord, salut, Jean RA1s1x. (La suite au prochain riuméro.) JERSF;Y, DIPRI:l:IER!E IJKIVERSF.LLE, 19, DOR$C:'!' STREr.T. EN VENTE A L'l1lfPRIMERIE UNIVERSELLE, 19, DORRET STREET : Les Biog1'aplties Bonapartistes par Ph. BerJeau. Prix : 3 francs. LESBAGNES D'AFRIQ IlIS'fOIRE DE LA 'l'RA.NSPORTA'flON DE DÉCEMBRE, Pm· CHARLES RIBEYROL LES. J volume in-8. HOTEL DESVILLES DEFRANGE, ~18, Dean Street. - Soho square, LONDRES. Table d' Hôte à 1s. 6d. Restaurant à la carte e~ chambres meublées, à des prix très modérés.· - I ournattx français. Prosci·it /t'ançais, ancien élèce de la faculté de ·Paria, Donne des leçons de français, de latin, d'histoire, de géographie, de littérature, etc. li ~nscigne aussi les éléments des sciences mathématiques, 1 hysiques n uaturdles S'adresser au professeur, 38, Rose,·ille-Street. Références: chez MM. Wclman, Ph. Asplet et 9-octenr Barbier. de Londres. Le prix dés Annonces est uniformément de six sous (trois pence) la ligne, pour les trois sortes de caractères courants employés dans ce journal. Les lignes en capitales et en lettres de fantaisie, seroat payées en proportiM1 de la hauteur qu'elles occuperoat, calculée sur le plus petit texte. A BIANCHI proscrit politique vrir un cours cl'Equitatiou il. son manège, sur la a le triple av:mtage d'unir rélég:111ce,la légerté et français, rédacteur Parade. la solidité. 1 'en chef pendant G o·r L"L PRO~CR!T DU 2 Dk'CEUl!Rf Le~ semelles sont fixées avec du laiton et ne en plâtre, en cire, en m11stic et en gélatine s11r nature morte ou vi\'ante. Il moule aussi les ornements, les statu.es et fournit des épreuves à un prix modéré.---20, Donstreet, St.-Hélier. huit.ans <lu)Ol~rnalquotidien le Me~sager~t~Nord, ~.J gu•~fe~seri.n•cl~ ;,oupe,l~i~scut aucune aspérité ni à_l'i,ntérieur ni _àl'~x- pzra1ssant a Lille (France), donne a dom1cile des Tailleur d'lfabits.-29 Belmont Road St.-Hélier h!neur. - On peut marcher al eau sans nU1rea la leçons <lelangue française, cl'arithmétiq1:1e, d'his- Jersey. ' ' ' solidité <lela ch111issnre. toire, <le géographie, de littérature, etc. M1~1soNDE co·l\iMTSSION Il se charge également de toutes correspon- LUD,({8RDECK,, ·1.. 1, d~ce~, écritures c01!1merciales et a~tres, et des P~osc~I! POLITIQUE PO LON AIS, No3, SURLEPORT,A JERSEY 1 ~némo1res dont on lui confie la rédact10n. Don.ne a.dom1cile des leç~ns ùe langue _Allemrmde C. Jll:etn•tebi!rie, Commissio.unaire en marS'.adre~ser au professeur, 20, Don-street, St.- et Latme; 11_démont:c ~t~ss1 1~ Gymn«stiqn~. . chandises, se charge de veudl'e et acheter to11te ~éher (Ile de Jersey). .l\1.Lud, K.ordeckt des1rera1t trouver de 1 emploi sorte de marchandiaes et de faire de:. recouvremene • R.éfér~1iccs chez M:M:. ·wellman, P. Asplet, comme professe~rdans une pension.-61, Newm~n en Fra.noe ou en Ang'leterre et en Amérique. <,eo. V1ckery. Street, Oxford Street.-Londres. Correspondants à Paris, Bordeaux, Lyon, Lille, 15, coL0MBEilIE STR~ET, ST.-HÉLIBR, JERSEY. Londres, Birmingham, Liverpool, New-York, etc. P BONYPROFC!ISEUR D'ÉQUITATION,an- GUAY proscrit du 2 Décembre, faiseur •• cien élève de l'école de Saumur, ,de HOTTES sans couture, pour A [ DH0).TSE~ roonleur en plâtre, se charge • ~ hom e·u- <leprévenir le public qu'il vient d'ou- h.oHimesllt p,ou-r dllmc~. - Ce gcn-re de cha11asm·c · .J [ 1, , 6leto111te spèce de moulage HOTI~LDE L'EUROPE DON STREET, No 11, TENUPARG.ROUSSEL. G. RoussEL a l'honneur de prévenir MM. les voyageurs qui vie.nnent visiter cette î!e, !!oit polir agrément, soit pour affaires, aussi bieu que les habitants de cette localité, qu'ils trou,eront dan3 son Hôtel, bonne table, bons vins, et tous les soins ainsi que tous renseignements possibles. ' ff" Table 1l'Hôte à 10, l et i heures.-Repa:s 1 tonte beu.re.-Il sert aw,si en ville.
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