fouetter les vipères de Némésis dans leur nicl, mieux va11àrait ailleurs comme chez vous ne jamais faire la guerre, même à Polichinelle ! Les Anglais, du reste, il faut en convenir, ont une f.lature peu facile aux rapides entriJ,inemens,et leur froide réserve lec; défend à merveille contre tons lesbateleurs. Ils disent de l'homme : Combien vaut-il ? et de la loi : Qu'y doit-on 9a9rier? Voilà la base de leur jugement. Et maintenant ébranlez les tribunes, agitez les idées, passionnez la métaphysique, secouez les torches, ils applaudiront en bas, mais l'électricité ne ralliera point les foules ; elles s'agiterit, se pressent, se conclensent, mais elles ne se touchent point; et quan1 la dernière parole est tombée, le courant B'.en va tranquille comme la vague moutonnière après l'o-. rage. • Réserve et sang-froid, .,•oilà l'attitude anglaise, et -voilà pourquoi tant de puis11antsgénies ·ne sont guère plus heureux à remuer ce monde que votre panvre Punch. Il y a pourtant un grand bavard à Londres, tt le plus grand bavard de la terre, ma foi : c'est le vieux Mercure, jadis le dieu des voleurs, c'est le commerce. Ici les murailles parlent, les corniches parlent, et tout est affiche et placard, jusqu'au ~os des hommes. En longeant le Strand, au-dessus de Fleet-street, j'ai trouvé des caravanes entières de tableaux ambulants, d'auuonces vi- '\'antes qui marchaient à petits pas le long des trottoirs : c'étaient de p:mvres diables, encaissés entré deux pancartes, et qui s'en vont ainsi par la ville, comme une phalange de poteaux. Le chien lui-même est embrigadé (pauvre Bélisaire, qui tiendra ton écu<>lle?) et, de toutes parts, sur ]es portes, sur les boutiques, sur les omnibus, sur le poitrail des chevaux qui passent, on ne voit que chiffres, adresses, dessins, prix de factures, et toujours au plus juste prix, comme chez le barbier de Salamanque! Enfin la voilà trouvée, la passion, la gra111dpcassion de la moderne Angleterre. Ce n'est pas 1.'.l musique et ses mélodies, ce n'est pa1 la guerre de la tribune ou des camps, ce n'est pas l'inquiète philosophie des pays Germains, on le doux f(J,r niente des :b:spagnes : elle laisse à l'Italie ses flôtes, à 'la France ses clairons, à l'Allemagne ses rêves; elle n'aime, elle ne pratique, elle ne sent que l'affiche; et ~Jlnonce est son verbe, son génie, sa muse ! A prèi. tout, qu'y a-t-il d'étrange à ce que la marchande universelle du globe jette ainsi ses bulletins de vente par touteB ses mains ? Et caryatide pour caryatide, ne vautil pas mieux porter en effigie le Symposium de M. Soyer que le tombeau d'Agamemnon ou la statue de quelque César, comme l'ei.clave antique écrasé sous les merveilles? Je dois le dire pourtant : ma philosophie quelque peu revêche n'a pas vu d'abord tous ces tourbillons sans regimber, sans crier à la saturnale; ces murailles, ces vitrines, ces portes qui ruissellent de lettres d'or; cette publicité qui s'étale sur toutes les pierres, sur toutes les coutures, qui marche et roule en tous sens, comme la prostituée d11grand soleil, tout ce mouvant panorama des publiques expositioJ1s et des criées m'a déplu comme une insulte au foytr de famille : je ne comprenais pas qne la vie fût un champ de foire, et j'avais pris ces homm(:sciffiches pour une mascarade en plein vent! Que voulez-vous, milord! Pour toute enseigne, je n'avais vu jusque là que les lions d'or de Pau, la branche de buis ou de houx qui signale l'auberge dans nos montagnes, et les coquillages du pélerin revenant de S-J acq.uesde-Compostelle ! Dans votre ville babylonienne, que cherchais-je, d'ailleurs? des marbres, des statues, des monumens, et je ne voyais, je ne trouvais que des placards! Voici pourtant la porte de la cité, de l'a~cienne cité féodale et marchande, voici Temple-Bar : c'est la borne monumentale, la limite extrême où finit le royaume du lord-maire; et, quoiqu'elle ne soit pas bien vieille, quoiqu'elle n'ait pas deux _s:ents ans, on dirait un débris du moyen-age, quelques fragments des siècles, restés comme une ruine, comme un souvenir, au milieu de _vosboutiques. C'est que les monuments vieillissent plus vite que les hommes, au milieu de cette fournaise ardente ,milord : ils AVIISMPORTANT. Dans l'intérêt du Commerce, de !'Industrie et de la Science, les Annonces de tous les pays seront acceptées \ à la condition d'être écrites an français, conformément au sont uumilieu dn nilcan, et preunent bientôt la teint<!de l'i lave. tandis que les temples grecs, baignés de soleil, ne se rinaient que sous la mi>.indu Temps. . Temple-Bar .est une arche assez spacieui-:e, mais à voûte écrasée, portant pilastres corinthiens et fronton arrondi. Entre les colonnes sont des niches où dorment de vieilles majestés qui gardent le monument : il y a Charles Ier, à qui l'on a renJu sa tête, mais en marbre, et 1a fière Eliubeth, qui porte Ja sienne, avec majestf, comme autrefois à ·Windsor. On m'a dit que cette porte se fermait à toutes les grandes cérémonies, et que le lord-maire n'en donnait les clefs q~'à la reine : les clefs de Londres, les clefs de l'Océan en prison chez le lord-maire! Pauvres bourgeois, laissez là cette porte et ces clefs : il y a longtemps que votre maison est toute grande ouverte, et vous n'empêchere2: pas l'univers de passer ; vos fils font auberge ! Cheminons, cheminons, milord. Je vois la foule qui se masse et se précipite c@mmel'avalanche. A quelques p!!.s devant nous une maison est envahie! Serait-ce l'émeute cherchant quelque ministre en faillite, ou l'invasion des ventres creux dans le Symposium de M. Soyer? Non, c'est la cataracte des marchands qui s'en vont à la provision du matir1, chez vos amis ile l' lllustrated London News; et quelle rage, quel vacarme, quels tourbillons! On dirait qu'il pleut là des bttnk-,iotes et qu'on vient n'emporter d'assaut la Californie. Heureux journal! La chaire de St-Pierre est abandonnée; les indulgences plénières n'ont pltts cours, et tons les miracles s'en vont : mais les dieux ont beau tomber et passer, la vogue est· toujom;s au marchand d'images. Achetez donc, petits et grands enfants : vous aurez pour six pence et de beaux portraits et de riants paysages, et de magnifiques tempêtes illustrées, et toutes les splendeurs, toutes les merveilles du Palais de Cristal. Achetez, achetez! pour i.ix pence vous aurez Babylone en miniature ! Pour mo·i, qui veux la voir en détail, et qui viens du pays des Scythes, où l'on ne connait guère que la pâle figure d'Isaac Laquidem, cette vénérable image du juif errant, je reprends ma course vagabonde et ma •libre fantaisie. Le pont de Waterleo ! toujours ce nom : Waterloo Bridge, Waterloo Place, Waterloo Ho'ltse, Waterloo taver-ns; il y a du Waterloo partout ici, jusque dans les cuisines. Et pourquoi fouiller ainû la défaite jusqu'au dernier honneur, la veine jusqu'au sang? Je vous en fais juge, milord. J,es peuples chrétiens, les penples civilisés, devraient-ils éterniser ainsi le souvenir des haines, par l'histoire vivante, par le monument? Je sais bien quP. les sauvages scalpent la tête de leurs ennemis, et font trophée de leurs chevehires ; mais ils s'appellent les peaux r07t_(jCS f . Disons-le toutefois. Nous ne sommes ni plus modestes ni plus sages que nos voisins, nous de la grande France. N'avons-nous pas, :commeeux, no,; joyaux barbares, nos Iéna, nos Austerlitz, nos arcs de triomphe des temps anciens et nouveaux, nos bronzes-colom1es et nos pierres qui saignent à travers ]a gloire? • Ah ! Caïn, Caïn, qu'as-tu fait de ton frère ? Je voudrais que cette inscription biblique fût gravée comme un souvenir et comme une leçon sur toutes ces pierres du meurtre, sur tous ces marbres du sang, qui perpétuent entre nous la sacrilège vengeance, l'orgueil farouche des guerres ; et décidément, milord, je ne passerai pas par le pont de Waterloo. J'aime mieux vous conduire e11. Chine, à lajunk. Il est là ce pauvre petit navire amarré près du Strand, au bas d'Essex- street, et regardant passer les voiles et les vapeurs qui s'en vont à la grande mer. C'est une..c~- que assez fine, mais très mal armée pour les grandes Yltesses; et s'il n'a pas d'autres locomoti•es, ce n'est pas Je céleste empire qui montera jamais dans la lune ! J'ai salué cet étranger triste comme un captif i.ur la 1 spécimen ci-après. Les A. vis et Annonces sont reçus ~ l'Office de }'Imprimerie Universelle, 19, D~rset Street, .a Jersey, S-Hélier, jusqu'à l'arrivée du courner du m~1d1. Toute correspondances doit être affranchie et contenir 11n bon, soit sur la poste anglaise, au nom de M. Zéno Sw1ETOSLAWSKJs,oit sur 1.m des banquiers de Jersey ou rive étrangère ; j'ai "u ses femmes au pied d'abeille, au long regard, ses petits mousses et ses lettrés ; mais tout cela ne vaut guère, et je me suis rappelé ce que disa'it la sagesse antique : "Malheur à qui vit seul ! La solitude est le tombeau! malheur aux empires fermés! " malheur aux Chinois des deux mondes ! Sur ce, milord, soyez heureux, et que les petits pois vous consolent de mes fadaises ! Votre serviteur., Jean RAISIN, (La suit~ au prochain numéro.) JERSEY, IMPRIMBJi.IE U)ilVERSBLLE, 19, DORSET STREET. EN VENTE A L'IMPRIMERIE UNIVERSELL~, 19, DORSET STREET : Les Biographies Bonapartistes par Ph. BerJ eau. Prix : '3 francs. LESBAGftDE'SAFRIQ HISTOIRE DE LA TRANSPORTATION DE DÉCEMBRE, Par CHARLES RIBEYROLLES. l volume in-8. E. A.LAVOINE, Prosc1·itfrançais, ancien élève de lafaculté de Pari&, Donne des leçons de français, de latin, d'histoire, de géographie, de littérature, etc. II enseigne aussi les élé• ments des sciences mathématiques, physiques et naturelles S'adresser au profess~ur, 38, Roseville-Street. Références : chez MM. Welman, Ph. Asplet et doctel>l' :Barbier. HOTEDLESTILLEDSEFRANCE, 38, Dean Sfreet. - Soho square, LONDRES. Table d'Hôte à 1s. 6d. Restaurant à la earte et ohambres meublées, à Qes prix très modérés. - Journaux français. FuLBER'f MARTIN, avocat français, proscrit, donne des leçons de langue !rançai:se et italienne, de littérature et de musique. Il donne également des leçons et des consultations sur toutes les matières de la législation française. S'adresser au professeur, Roseville-strett, Anglesea C_ottage. Références : chez MM. Welmann, P. A1plet et docteur Barbier. de Londres. Le prix dés Annonces est uniformément de six sous (trois pe11ce)la ligne, pour les trois sortes de caractères courants employés dans ce journal. Les lignes en capitales et en lettres de fantaisie, seroJ1t payées en proportic,n de la hauteur qu'e:lles occuperont, calculée sur le plus petit texte. • A BIANCHI proscrit politique vrir un cours. d'Equitation à son manège, sur la f le t~i~l: av:mtage <l'unir l'élégance, la légerté et fra1v·ais, r~dact.eur Parade. .a sohchte. . " f d - , Les semdles sont fixées avec du laiton et ne 1 , en che pen ant GUTEL PROSCRIT DU 2 DE:C~~MBRF:, • , .té i à l'intérieur ni à l'exen plâtre, en cire, en mastic et en gélatine s11r nature morte ou vivante. Il moule aussi les ornements, les statues ét fournit de~ épreuves à un prix modéré.-20, Donstreet, St.-Hélier. Jrnit ans <lnjournal quotidien le llfesutger du Nord, 1•rofe!!lsen1.• de ~oupe J~i~sent aucune as~en c~er à l'eau sans nuire à la taraissant à Lille (France), donne à domicile des Tailleur d'Habits.-29, Belmont Road, St.-Hélier, terl~edi:r; ~ 0 1 n hpeu mar f • d' • J 't' d'h' so 1 1tt:ue a c aussure. eçons de langue rança1se, ant 1me 1que, IR· Jersey. :.:.:=:...:.::...:::...:::..=.:=::-~=-::-::::-::-::::-~:;::-;.:;:;;:--;:;:-=;;:; t oire, de géograp?ie, de littérature, etc. . LU" ?llfl'll!'<IDCCl!/1 MAJS'QN DE COMMTSSIQN Il se charge egalement. de toutes conespon- ~G r,ISJ/n & li\ , LEPORTAJERSEY <lances, écritures commerciales et autres, et des J'>flOSC~l?' POLl'l'lQUl: POLONAIS, No3, SUR. , . . . • mémoires dont 011 lui confie la rêdaction. Don_neà.dori;lClledes leç~ns Je langue . dllema11de U. HeHrteb1se, Comm1ss1onna1reen marS'adresser au professeur 20 Don-street, St.- et Latine; il demont:e aussi la Gymnast1q,1e. chandises, se charge de vendre et acheter to11te .Pélier (Ile de Jersey). ' ' l\i. Lnd. Kordecki désirerait trouver de l'emploi sorte de marchandises, et de faire de,; rec~uvremens Jœ/érenccs chez MM. Wellman, P. Asplet, comme professeur dans une pension.-61, Newman en France ou en ..:\.nîleterre et en Amérique. . e eo. Vickery. Street, Oxford Street.-Londre5. Correspo~da~ts à Paris! Bordeaux, Lyon, Lille, 15, cotoMBERIE S'l'ItEET, sT.-n:i'.:tlER, JERSEY. Londres, B1rmmgbam, Liverpool, New-York, etc. p BONYPROFESSEUR D'ÉQUITATION, an. GUAY pro~crit <lu 2 Décembre, faiseur! !A h • ' cien élève de l'école de Saumur, • ,ae BOTTES sans couture, p~ur ALPHNOS E mouleur en p atre, se C ~rge honne'.lr de prévenir le public qu'il vient d'ou- hommes et pour dames. - Ce cenre de eha\1gsun , Ile tolite espèce ,le moù age -HOTELDE L'EUROPi DON STREET, No l l, TENU ? AR G,ROUSSEL. G. RoussEL a l'honneur de prévenir MM. les voyageurs qui viennent visiter cette île, soit poor agrément, soit pour ·affl\ires, aussi bien que les habitants de cette localité, qu'ils trouveront dans son H6tel, bonne table, bons Tins, et tous lei aoina,. ainsi que tous renseignements possibles. Q» Table J'Hôte à 10, l et 6 heures.-Repaa ~· toute heure.-11 i.ert a\1ssi en ville.
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