l'Europe en lui ouvrant <l.es débouchés _nouveaux vers l'Asie, en constituant l'Empire Russe le rempart de la civilisation, en faisant pénétrer les arts et les sciences del' ~:urope moderne parmi les hordes barbares de l'Asie, sa Sainteté a prouvé, une fois de plus, combien ses vues dépassaient les motifs d'ambition que quelques hommes d'état n'ont pas craint de lui prêter. Si tels étaient ses motif~, n'aurait-il pas porté la gu1::rrevers l'Occident? " Aussi sa Sainteté a-t-elle ét.éprofondément affligée en apprenant ·que la coalition Anglo-française venait, en pleine paix, déclarer la guerre à la Russie ! Ces deux gouvernements n'ont pas compris la haute politique de sa Sainteté. "Dans cette pénible situation, le tzar, notre bien-aimé maître, a dû prendre les mesures nécessaires pour compléter son œuvre si bien commencée avec l'assentiment des cours d'Angleterre, de Prusse et d'Autriche ainsi que cela ressort des conventions faites à Olmutz. " Sa Sainteté a dû faire appel à son peuple, se mettre sur la défensive, espérant, toutefois, ramener les gouver11ementsd'Angleterre et de France à deis sentiments plus équitnbles et à une connaissance plus raisonnée de leurs véritables intérêts et surtout de ceux des couronnes qu'ils ont l'honneur de servir. "Une présqmption funeste s'est formée dans l'Occident de l'Europe sous l'influence de la coad:tion Anglo-française. Le péttple anglais <:t séS représentants n'ont vu dans la question d'Orient que l'accroissetnètit de la puissance de la Russie ; ils ont craint pour leur suprématie :.ur mer et particulièrement pour leur influence dans la 11éditerranée. Guidés par cette idée d'égoïsme, ils ont, de concert, obligé leur gracieuse reine à recourir à une déclarationde guerre à la Russie, -alors que !a plus parfaite amitié règne entre les deux souverai11s à qui incombe, comi,ie premières puissances de l'Emope, le droit de régler sans contrôle les destinées des peuples du Nord et de l'Occident de l'Europe, le gouvernement anglais s'est constitué en .état de révolte flagrante envers la couronne '1u Royaume-Uni. Bien plus, les hommes d'état de la Grande-Bretagne, pour suivre cette politique hybride, n'ont pas craint de s'afüer au gouvernement français ; et pourtant, ai-je besoin de le rappeler à vos seigneuries, le gouvernement français n'est point légitime, il n'a pas titre pour contracter avec aucun.epuissance de l'Europe. Notre bon ami.Napoléon III que nous avons placé à la t~te 41.lea France de concert avec toutes les cours d'Europe, et en vue de parvenir plus facilement au rétablissement de l'ordre ébranlé un instant par le coup de màin de fénier, n'a plus que peu de temps à siéger aux Tuileries ; son allianceavec l'Angleterre est propre à lui concilier une partie <lela bourgeoisie et du peuple, là est le danger, attendu que 'l'ordre nous semble suffisamment consolidé pour que notre bien aimé, son altesse royale Henri V, p11isse,sans craindre des troubles nouveaux, reprendre ]a place que lui assigne la providence. D'ailleurs, la France elle-même se méfie, de cette alliance, elle ne veut pas la guerre avec la Russie ; son altesse sérénissime, le comte de Chambord, s'en est entendu avecnotre bien aimé maitre. Napoléon III s'est flatté de se maintenir et de se rendre nécessaire psm quelque temps encore, en engageant les intérôts de la France dans une guerre d'aventures ; mais c'est en vain : nous avons les moyens de dissoudre l'alliance anglo-française, nous obtiendrons ce résultat par les motifs que je vais avoir l'honneur de vous exposer et au besoin par la force. Sa Sainteté le Tzar, après u.voir compriµié l'anarchie de l'Occident achève sa conquête civilisatrice : il veut que justice lui soit rendue ....... Il aurait pn, au lieu de pacifier l'Occident révolté, porter la guerre en Orient, s'emparer de Constantinople; et, à h faveur des embarras que la révolution créérait à l'Europe, faire flotter son pavillon dans les Dardanelles : ses vaisseaux sillonnant la·Baltique et la Méditerranée, auraient assuré à l'empire russe la vie et la force q•i'il est en droit d'obtenir. Dans ce moment de désordre, aucune puissance n'aurait pu s'opposer à l'accomplissement de ses prvjets. Mais sa sagesse n'ambitionne point une conquête faite par surprise, les seuls intérêts de l'Europe, de l'humanité, le préoccupent ; d'ailleurs, les cours de•Vienne et de Berlin ont accepté sans réserve aucune sa politique él<:vée, celles de Rome et de Londres, quoique différant sur cer: tains points, y trouveront, néanmoins, la satisfaction de leurs interêts légitimes. Voici comment : Il s'agit pour nous de comprimer la révolution et de sauvegarder les intérêts des couronnes !Jgitimes. La cour de Rome a obtenu du Sultan, ainsi que de Napoléon Ill, d~s concessions qui lui permettent de répandre ses enseignemens en toute liberté et sécurité : les troupes françaises occupent Constantinople à cet effet. L'Autriche et la Prusse seront dédommagées <lesconcessions apparentes qu'elles peuvent faire sur le Danube, par la possession définitive des provinces allemandes et françaises de la Suisse pour la Prùsse ; et des provinces italiennes et piémontaises pour l'Autriche. L'Angleterre aura libre circulation dans toutes les mers ; et la possession d'Alger lui assurant l'exploitation de l'Afrique en même temps qu'une supériorité incontestable dans la Méditerranée, lui donnera le pouvoir de briser toutes les coalitions maritimes. La Ftance, le foyer rlivolutionnaire par excellence, la L'HO~l~iE. France soumise à son roi lfgitime, réduite à des proportions convenables comme puissance maritime, ne pourra, en aucune façon, lutter contre l'Allemagne unie par ses deux couronnes, ni contre l'Angleterre, ni contre la Russie ; mais avec la constitution vraie de ses forces , elle' continuera à règner en paix sur les petits états qui l'environnent comme alliés, comme satellites. La formation d'un empire d'Occident serait à tous égards un danger pour tom;, pour le présent et pour l'avenir. Pour le présent, il nécessiterait une répression immédiate; pour l'avenir, il favoriserait la révolte! il ne faut jamais ::ompter sans la France si on désire éviter la révolution. Donc, en toute hypothèse, il faut agrandir les puissances de l'ordre et amoindrir la France, le foyer de la Révolution. Mais si la nation allemande se ~onstitue en s'agrandis- ;;ant, si l'Angleterre augmente ses forces maritimes, si la France recouvre la paix et n'est plus un <langer permanrnt pour l'ordre, il est de toute justice que sa safoteté possède aussi des garanties suffisantes, pour n'avoir pas à rcdoutf}r une surprise venant de l'Asie ou à subir une i11fériotlté trop disparate avec les autres nation~ ~~rnpéennès : il faut don~ <le_toute néçes!-ljt~ que ies vaisseaux de la marine l'ussè pu:ssent se reposer et se défendre ~ans les Danlanelles. Cette combinaison des forcti~ de l'Europe ré111plit le double but que nous 1101:s prop'>sons en ce moment, à savoir : l'anéantissement des révolutions et la prépondérance de l'Europe sur l'Asie. Les droits de son auguste majesté, notre bien aimé maître, étant établis d'une manière irréfrnCYableil me reste 0 ' •• , à démontrer à nos seigneuries que nous pouvons au besoin imposer sa volonté toute puissante à l'alliance ~nglo-française. . Il est pénible d'avoir à tenir un pareil langage lorsque nous savons que toutes les Cours d'Europe marchent d'accord; mais quelque soit l'opinion des hommes d'état, elle ne peut prévaloir en cette circonstance ; les faits commandent à défaut du respect que tous doivent à leurs souverains respectifs. Le Tzar, uotrè bien aim6 maître, dispose des forces les plus grandes de l'Europe, et la manière dont sont réparties celles qu'on lui oppose, lui assure un plein succès. La Russie, la Prusse, l'Autriche, la Turquie d'Europe représentent la force de l'ordre à l'heure où nous sommes ; il appartient donc à la Russie de dicter le nouTeau traité qui doit équilibrer l'Europe. Les gouvernemens de France et d'Angleterre, unis p<mr un instant, se diviseront forcément : ou par les négociations accordant i'empire de la Méditerranée aux Anglais, ou par la guern~ portée sur le Rhin, par nos bons amis, leurs majestés l'empereur Joseph d'Autriche et FrédéricGuillaums de Prusse. L'alliance que ces deux souverains ont contractée met la Russie à l'abri de toutes diversions vers la Pologne, la Hongrie ou l'Italie ; elle favorise les armes du nord en facilitant à la Russie sa marche vers Constanainople, elle s'oppose à tout mouvement révolutionnaire en Italie et sur les bords du Rhin, de même qu'aux coups d'état de l'alliance anglo-française. Je ne vous ferai pas l'injure de discuter devant vous la possibilité d'une alliancè offensive et défensive entre l'allemagne et les deux puissances maritimes, il n'appartient q~'aux hommes du Deux Décembre de prC1pagerune telle monstruosité et la conduite du naïf chevalier de Bunsen a pu vo-.s apprendre que sa majes'.é le roi de Prusse n'entend point servir les intérêts de la coalition anglo-française. Il y a plus : la destruction des flottes russes, que semblent désirer les flottes coalisées, obligerait les puissances allemandes à sortir de la position neutre qu'elles veulent conserver; car l'Allemagne aurait tout à, redouter de )a puissance anglo-française, et l'armée russe n'en continuerait pas moins sa marche triomphale vers Constantinople. La France est impuissante à lui b,arrer le chemin ou à soutenir une guerre prolongée, et bien _moinsapte encore à conserver ses conquêtes ou à entretenir une armée à' Consta'iitinople. L'Angleterre a tout •à craindre pour ses possessions de l'Inde si la guerre se prolonge, tandis que le nouveau traité, lui accordant Alger et la possibilité de canaliser l'isthme de Suez, lui a5sure la libre circulation dans la mer Rouge, et par suite, consolide sa puissance dans l'Inde. L'Augleterre désabusée se rendra aux vœux de s1 souveraine, elle cédera, nous en avons la conviction, ear la France, sa rivale dans la Méditerranée, la suivra toujours dans ses luttes contre le Nord! •~t elle n'aura rien à redouter de ses voisins comme puissance maritime. L'alliance avec Napoléou III ne lui est donc d'aucune utilité, puisque, avec ou sans combats, elle obtient les. mêmes avantages. ' Nous avons déterminé l'es bases généràles de la politique que doivent suivre les puissances européennes dans leurs rapports avec l'Asie et entre elles-mêmes. il nous reste, pour achever notre mission, à poursuivre, sans relâche, le rétablissement de son altesse royale ""Henri V • ·sur le trône de· ses pères; c'est l'acte complémentaire de la politique de }'ordre. Avec Napoléon III, on peut craindre un coup-d'Etat; avec son altesse royale le comte de Chambord, rien de semblable. Le pape et le clergé, comblés de largesses au coup-d'Etat, n'o;nt plus rien à espérer; Napoléon III pourrait comme son oncle prendre la couronne et jeter le trouble dans la catholicité; avec la légitimité,•tout est soumis à l'autorité papale ; la religion catholique devient la religion de i'Et:it. Comme l'Allemagne et l'Angleterre, la cour de Ro:ne désire la chu'te <lu gouvernement b.itard qui nous OCLupe. D'aileurs, réflédiissez combien le pou voir de Nap·oléon III e::t mince ! - Il commande, il est vrai, mais enfermé dallS un cercle de fer : à la moindre désobéissance, il sera ané~nti; Ravaillac est là vivant! M. <leMontalembert le lui a fait voir : qu'il se jette dans les aventures, qu'il rompe avec ses patrons, alors toute la réaction et tonte la révolution se tournent contre lui. La France doit désormais obéir à son altesse royale Henri V. Au résumé, Napoléon allié au" Anglais et aux catholiques romaias est allié à deux ennemis de la France, il sera brisé et la France abaissée. . Les cours d'Allemagne n'ont qu'un coup-d'Etat ou la révolution à craindre ·et la coalition anglo-française s'oppose à tous les deux. La c.o::ilition ,rnglq-frnnP9=tLirque n'a plus d'ohjet, et d'fl.illour0 --11 : • l' 11' des ~"1'>- • ·_ ""e serait compeu~6è ?ar a tance ._, y~•~ . sauces d~ Nord ; car dans l'hypothèse ~e Sà condnuatio11,' elle ~era1t un dai1ger per:nanent pour l'Allemagne et la Russie. Les cours du Nord ne peu vent tolérer la France et l' Angl<:terrc_à Constantine ple, atte .idu que l'occupation pure et simple obligerait les puissances à entretenir des arm~es S'llr pied de guerre, ce qui n'est pas admissible. Le tzar, au contraire, n'a point à redouter la révolution; ~1:otecteu.r de l'Allema~ne et de la Turquie d'Europe, allie aux diverses cours, 11 est le plus fort; avec leur neutralité, il est encore le plus fort ; ayant à les cornbattre toutes, il ne peut que rester dans le statu-quo - la lutte est inévitable ! Le tzar vaincu, la Révolution recomme,1ce, toutes les co11ronnes sont en danger; l'Autriche et la Prll'Sse soumises aux pl-iissances occidentales seraient démembrées. . Le_tzar vainqueur, la France est aux rois légitimes, 1mpu1ssante à se révolter; l'Angleterre jouit de tous ses privilèges sur mer ; l'Allemagne vit en paix: l'ordre rçgne partout!!! B. (La suite au p·rochain numéro.) VARIETES. LESMÈMOIRDEES JEAN RAISIN■- -Suite11 parait, milord, q•ie votre grave Angleterre n'aime ni les per:oquets ni les pies ; elle n'a pas de portiers dans ses maisons, pa:s une p<:rruche, pas uu serin à ses fenêtres. La femme n'y est point comrnère, même à Windsor, comme au temps de Shakspeare, et les enfants euxmêmes, ces grillons, du foyer, s'y boxent en silence. C'est bien 1~la patrie des v·ieux Guillaumes; il n'y a que ce _pauvre Polichinelle qui crie sous le bâton, quand on le fouaille dans vos carrefours ; mais il est le même partout, ce cher Polichinelle, bavard et poltrcm, insolent et couard, à Londres comme à Paris, comme à Rome ; il a sculem~nt perdu quelque peu de sa gaîté dans vos climats sans vin ni sol:il; et soit q~'on l'~it tro1Jbattu, soit qu'il ait pris conseil de son cousm Caliban, le grand rageur, sa voix ' ici tourne à l'aigre, et sa malice est empoisonnée ! Je l'ai rencontré ce matin dans Fleet-street, avec son bonnet de Pierrot, sa latte et sa jaquette pailletée ; il venait d'ouvrir boutique au fond d'une impasse, et l'assistance était nombreuse autour du méchant maraud. Mais croyez-vous qu'il s'amusait à battre sa femme, ainsi qu'il le pratique si bien· sur nos places d'Espagne et de· France ? Oh, que nenni !·le malin sait bien qu'il est en pays de divorce, et qu'il pourrait perdre la dot <l.emadame Polichinelle: aussi fait-il assez bon ménage, et ses coups portent ailleur~. Aujourd'hui c'était. le cardinal W1s.ernan·qui. passait• so~s ses _ver~es, et pms le ministère, et puis les lords, et puis la JUSt1ce en perruque! tout le grar1d monde de l'Angleterre enfin a subi l'amer sarcasme de ce justicier des tréteaux; et s'il s'avisait jamais dans nos foires tle distribuer de pareil~es dragées aux honnêtes gens, bien certainement le citoyen Punch aurait plus d'une fois affaire aux gendarmes ! Ici, tout au contraire, on l'écoute, on le fête, on l'applaudit, et puis chacun s'en va voir passer la reine on saluer les lords ; ainsi le v·eu~la liberté de l'Angleterre, qui protège le bouffon comme le roi, mais qui jamais ne suit le bouffon ...... et pourtant! Pauvre Polichinelle! à Paris on le surveille comme un tri.bun ,; à Rome on le jette eu-·prison •comme un héréti~?-e ; 1:}~~~ là du -m~ins ·ses sarcasmes se changent parfois en Javelots, et 11 ne perd pas toujours sa journée comme il l'a fait hier à Lon<l.res. Hélas ! son public s'est retiré silencieux, cal~e et grave comme au sortir d'un prêche ; il s'est écoulé, sans un lazzi, sans un quolibet, sans un souvenir, peut-être, de l'éloquence tribunitienne de M. Punch, et le grotesque n'a recueilli que des pence. Pauvre Polichinelle ! En suivant la foule, milord, j'ai. réfléchi longtemps à cette scène des rues ; elle m'a fait comprendre la lon(7ue vie de vos gouvernements, et j'en ai conclu qu'au lieu 0 de
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==