merveilleux cle ces temps héroïques. Est-ce que d'après nos chroniqueurs de la première ère franque, nous ne sommes pas, nous les Yieux paysans des Gaule!:, les fils d'un certain Turnus, parti de Troie, pour cause d'incendie, qu ,nd furent tombées la gloire et la dynastie de Pl'iam ?. C'est aux deux grat1ds poètes de l'antiquitP. que nous tlevons ces belles descendances, ces illustres origines. Homère et Virgile, avant le cycle chrétien, étaient nos père• de l'Eglise en Occident; leurs poëmes nous servaient de Bible, et tous les peuple:s qu'avait touchés un rayon da leur génie se rattachaient à leurs fables comme pour remonter au grand Olympe. Mais la truelle de César n'a J>as plus bâti la Tour de Londres que Turnus n'a pioché la vigne sur nos coteaux. Quoi qu'il en soit, la Tour de Londres a bien vieilli ; si ses origines sont suspectes, ses ruines intérieures ont un aspect presque funèbre. On sent que le mouvement et la vie se sont retirés de ce grand ossuaire du moyen âge, et que le temps est bien loin où ces massei reliées par une fortification continue abritaient les grandeurs féodales des premiers rois. . C'est dan3 la tour sanglante (Bloody Tower) que les \ deux enfants d'Edouard périrent assassinés par l'ambition de Richard de Glocester, et ce souvenir du grand meurtre, recueilli par la tradition vengeresse, a baptisé le donjon. Plns loin s'élève la tour Beauchamp, où la reine Anne de Boylen, l'une des répudiées d'Henri VIII, attendit, dans les larmes, le billot et le bourreau. J'ai vu le dernier boudoir de cette reine tombée, P.t ses murs éj>ais, où les plus illustres captifs de la vieille Angleterre ont inscrit leurs noms avant d'aller à la hache. Etranges :monuments que toutes ces tours ! On dirait que les -vengeances implacables, les caprices sanglants, les colèns farouches des rois et des partis, ont voulu tour à tour s'éterniser dans les pierrets qui restent là témoins du temps, pour raconter à l'avenir les grands meurtres du passé. John Dudley, comte de Warwick, Robert Dudley, comte de Glocester, Philippe Howard, comte d' Arundel, Catherine Howard et Jane Grey, ces fleurs de l'~cha!aud, ont passé par là, sans compter cent autres, et pas une de ces murailles, pas une de ces Yoiltes qui n'ait gardé la trace du sang ou des larmes ! Aujourd'hui, que sont devenus les bourreaux: 1 Comme les victimes, ils ne sont plus que pou11sière,et l'implacable histoire a seule gardé leurs noms, dans son feuillet des maudits. ,,,, Oh! si les tyrans savaient, ils voudraient mourir tout entiers ; ils ne laisseraient derrière eux ni une pierre ni un souvenir! Je n'ai pu visiter toutes ces voûtes fermées à. l'œil de l'étranger ; mais j'ai vu dans tous ces rayonnements la chambre des joyaux, le musée d'armes d'Elizabeth et la galerie équestre où vingt-deux chevaliers, alignés iur leurs palefrois et tont bardés de fer, rappellent tous les styles et toutes les armures depuis Edouard I jusqu'à Jacques II. Ainsi, panoplies savantes, instruments de torture, armoiries splendides, insignes royaux, faisceaux et trophées, toute la vieille Angleterre est là, sans compter les serv-iteurs gardiens de ce mausoléc?qui portent encore la cocarde et la livrée d'Henri VIII. Ces braves gens, hallebardiers des ombres, promènent gravement, dans les couloirs et sur les ponts-lt:vis, leurs opulentes broderies, guenilles de l'histoire : ils ont toute la majesté des vieux serviteurs, et leur teint à la Falstaff est en parfait accord avec le pourpoint de ces vieux temps, où l'on vidait si bien les coupes pleines. En sor,tant, leur figure m'a réjoui; mais j'aYais l1âte d'échapper à l'ombre fatale de ers murs, aux pesants souvenirs des donjons, aux faisceaux d'armes, aux glaives l1istoriques, à tout cet appareil des meurtres et des guerres, que la Tour garde dans ses flancs comme un trésor; et AVIS IMPORTANT. Dans l'intérêt du Commerce, de ]'Industrie et de la Science, les Annonces de tous les pays seront acceptées 1 . à la condition d'être écrites en français, conformément an L'HOMME. j'ai fraiic1ii rapidement la tlernière pote,ne, pour aller voir au grand air s'il pleuvait des flèches ou des rayons de soleil. Hélas ! ni l'un ni l'autre : il pleuvait de la fumée comme toujours ! C'est l'atmosphère de cette ville aux cent mille chaudières ou fournaux, c'est son manteau l'été comme l'hiver ; et cette rosée du Ténare vous poursuit partout, même sur les points où les lourdes vapeurs de la Tamise se condensent avec les vagues fumeuses des cheminées et font voilte su)' les têtes. Ils sont beaux et d'un grand style pourtant, ces ponts hardis, jetés sur le fleuve aux mille navires, celui de Londres, surtout, large construction granitique assise sur cinq arches demi-circulaires, et portant une guirlanàe de fanaux en bronze qui la nuit l'inondent de clartés. En quittant b. Tour, j'ai rêvé longtemps sur ces larges trottoirs où passent d'un soleil à l'autre tant de couleurs et tant d'espérances, ta11tde bruits et tant de passions à l'œil calme, mais au pied rapide. Hélas ! c'est le monde de ce temps et de tous les temps: il faut vivre, il faut monter, il faut dominer, et voilà pourquoi l'on se précipite l'un l'autre, jusqu'au jour oü mendiant et millionnaire Yont ensemble trébucher dans la mort. Est-ce que vous ne trouvez pas, milord, que cette ronde humaine, que cette course au clocher de toutes les vanités et de toutes les cencurrences est aussi triste à suivre qu'nn sabbat de sorcières ? Pour moi, j'en ai déjà le vertige, et je me sens tout fiévreux au milic:u de ces tourbillons. Qu'y a-t-il, en effet, au bout des années et de la tourmente? un peu d'herbe sur une tombe, et toujours le crâne d'Y erick, d'Yorick le fou, qui ressemble au crâne <lu roi! Mais voici la nuit, la nuit amie des rêves : j'ai quitté le pont de Londres où roule la dernière vague humaine qui va se jeter sur les chemins Ile fer, et j'ai longé la Tamise, n'osant quitter sa rive : car la ville intérieure m'est inconnue comme une forêt des Cordilières. Brouillard et fumée, 'tous les nuages sont tombés dans le fleuve ; le ciel est d'un bleu terne, mais pur et semé d'étoiles. Ab ! les belles et grandes perspectives qui se déroulent à mei yeux! C'est presque une vne de nos contrées, quand la vallée profonde s'éclairc. doucement aux clartés pâles de la lune, entre les forêts sombres qui l'encadrent et les rochers lointains qui la gardent comme de blancs fantômes. La Tamise est toute baignée de feux : des deux côtés, la ville étend ses masses obscures, et j'aperçois au bout de l'horison deux grands spectres, d'une part la Tour de Londres, de l'autre l'abbaye de Wcstminster. En vérité, cette vue du pont de Blackfriars est admirable la nuit : elle console de tous les bruits du jour, de l'atmosphère au charbon et des longues bouderies du soleil ; elle m'a fait du bien, et j'ai longtemps bittu la dalle pour suivre dans toutes ses fantaisies le jeu de la lumière à travers les ombies. N'avais-je pas, d'ailleurs, découvert un JDOndenouveau, la vieille catMdrale de Westminster et la riche frontière du West-end, cette nouvelle Athènes ? Je m'élancerai de ce nouveau point conquis à de nouvelles découvertes, et j'arriverai peut-être qnelque jour par delà les grands parcs, jusqu'au Palais de Cristal ! Sur ce, milord, que Dieu vous garde en santé riches et belles guinées. • Votre serviteur, J eau RAISIN. (La suite a1, prochain numfro.) spécimen ci-après. Les Avis et Annonces sont reçus à l'Office de l'Imprimerie Universelle, 19, Dorset Street, à Jersey, S-Hélier, jusqu'à l'arrivée du courrier du ma1di. Toute correspondances doit être affranchie et contenir un bon, soit sur la poste anglaise, au nom de M. Zéno Sw rnT03LA wsKI, -~oit snr un des banquiers de Jersey ou On 11011sadresse de Londres la commm1ication suivante: Projet d'Assurance 1'1u.tuellepour le Travail et le Prét fraternel. ART. 1. La Société Fraternelle des Proscrits et Réfugiés Républicains Démocrates Socialiste constitue l' Assurance Mutuelle pour le Travail et le Prêt fraternel entre tous ses Membres. ~RT: 2. Chacun d~ ses Membres s'engage à payer 11ne cot1sat1on hebdomadaire et à souscrire au Prêt fraternel en proportion de ses moyens. ART, 3. La Société autorise l'emprunt des deux tiers de la somme garantie par la souscription au Prêt fraternel. ART. 4. Cha.cun des membres n'est responsable que pour le montant du prêt auquel il a souscrit. ÂRT. 5. Les prêteurs étrangers seront remboursés aux époques convenues entre eux et l'administration. AitT. 6. Les prêteurs membres de la société seront remboursés sur les bénéfices : de l'atelier social, des travaux et_des entreprises que la société pourra faire et en proportion des ressources de la caisse mutuelle. ART. 7. Le~ fo~ds de la caisse mutuelle qui sont formés p~r les cot1sat1ons sont employés spécialement pour les frais généraux d'administration et les secours à doaner aux enfants, aux vieillards et aux malades. Les fonds provenant . du Prêt fraternel sont employés spécialement pour l'atelier social et pour l'orgauisation des moyeus de travail. Le secrétaire, Jeanne DE1torn. Les sept articles qui ptéeièdent ont été adoptés en assemblée générale spéciale le 2G avri: 1854. Le d~pôt aux archives a été ordonné pour êtr~ annex~ au réglement et classé sous le No 3] bis. JER!tET, IMPRIMERIE l!JNIVBttSELLE,19, DORSET STRœT, EN TENTE A L'IMPRIMERIE UNIVERSELLE • 19, DORSET STREET : Les Biograplties Bonapœrtistes par Ph. BerJeau. Prix : 3 francs. LESBAGNES D'AFRIQ HISTOIRE DR LA TRANSPORTATION DE DÉCEMBRE, Par CHARLES RIBEYROLLES. 1 volume in-8. E. A.LA VOIIYE, Proscrit .français, ancien élèt-e de lafactilté de Paris, Donne des leçons de français, de latin, d'histoire, de géographie, de littérature, t'IC. 11 Pnseigne aussi les élémenrs des 1,ciencesmathématiques, rhysiques et uaturdles S'arlres3er au profossEeur,38, Roseville-Street. Références: chez MM. Welman, Ph. Asplet et docteur Barbier. de Londres. Le prix dés Annonces est uniformément de six sous (trois pence) la ligne, pour les trois sortes de caractères courants employés dans ce journal. Les lignes en capitales et en lettres de fantaisie, seront payées en proporti(ln de la hauteur qu'elles occuperont, calculée sur le plus petit texte. ABIANCHI proscrit politique vrir u11 cours •'Equitation à so~ manège, sur b a le t~i~le av:mtage d'unir l'élégance, la légerté et frahçais, rédacteur Parade. la sohd1té. . ■ · , n chef pendant GUTEL 2 D'c BRE Les semelles sont :fixées avec du laiton et ne . . e Pllosc.RIT ou E EM ' laissent aucune as érité ni à l'intérieur ni à l'exen plâtre, en cire, en mastic et en g6latiRe sur nature morte ou vivante. • Il moule aussi les omements, les statue& et fournit des épreuves à un prix modéré.-20, Donstreet, St.-Hélier. }rnit ans dn journal quotid1cn le M~ssager du Norcl, Jtrolq-sseu1• de coupe é . 0 ; h , 1 , • e , 1 taraissant à Lille (France), donne à c!'omicile des T«illeur ,l' Habits.-29, Belmont Road, St.-Hélier, t r 1 !edi_ir; -dl n hpcu marc er a eau sans nmr a a f • d' • h r.t· d'h • so i 1to: e a c a11ssure. eçons de langae rançaise, ant me 1que, is- Jersey. ·.:==::_.::.-=--::.::_:=..::.::.::..:..:...:.:._--,----:::-=~=-==-=-=- toire, de géographie, de littérature, ete. LUD Kl!IRDE~llll MAJSONDE COMMJSSION Il ~e eharge êgalement de toutes correspon- • U 'l.J~ , -N 3 SURLEPORTA JERSEY c] écritures eommerciales et autres, et des PROSCRITPOLITIQUEPOLONAIS, 0 , ' 0 ~~:1~es dont on lui confie Ja rédaction. Don_neà_domicile des les:~na<lelangue _Alln1UJt1de U. Jleulï'tehi•e, Commissionnaire en marS'adresser au professeur, 20, Don-street, St.- et Lat111e; 1I démont~·e a~ssi 1~ Gym,u1st1qn~. . chandi~es, se charge de ven~lre et acheter to11te ~lier (Ile de Jeney). li. Lud. Kordecki désirerait !rouver de I emploi aorte de marchandises, et de faire de11ree~uneinens Ré/irenecs ehez MM. Welhnan, P. Asplet, comme professe~r dans une pension.-61, Newman en France ou en Angleterre et en Amérique. . 43 eo. Viekery. Street, Oxford Street.-Londres. , CorrC6po~da~1tsà Paris! Bordeau;, Lyon, Lille, 15, coL0MBEI\IB STllEET, ST,-HEl.IE.R,JERSEY. Londres, Birmingham, Lnerpool, New-York, eto. • eomvPl'lOl'Ji:~SEUR D'tQUITATI0'61,an- GUAY proscrit du 2 Dhembre, faiseur - • 1 ni eien éi'ève cte l'éeole de Saumu, ,ae BOTTES sana eouture, pou ALPHONSE DlOttle1u 611 pl~tre, se oharge l'honHlT ae p.nun.ir le publici q~•il vieut •'ou- h•mmes et pov tlaxJes. - Ce :e»re de eoomsure t de te11te eapè1t de 11to\iia1e HOTELDE L'EUROPE DON STREET, No 11, TENUPARO.ROUSSEL, G. RoussEL a l'honneur de prévenir MM. }es voyageurs qui viennent visiter cette île, soit pour agrément, soit pour affaires, aussi bien que lea habitants de oette looalitli, qu'ils trouveront dans son H6tel, bonne table, bons v~s, et tou. loc soins . . . . ' amSI que tous renseigneme11ui poss1blc11. fi"" Table tl'Hôt1 à 10, 1 1t 5 Àeurei.-lbpas ~ tolite liew•.-11 aort allHi on vilJe.
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