Homme - anno I - n.23 - 3 maggio 1854

L'IlO~l~lE. ------------------------------------- les cmvereurs et lrs bourreaux\ ont au mus{~edes antiques. Le monde est sau-vé ! . . IUais les hommes, les chefa, dit-on, nP savra1ent s'entendre pour to,is ces mouv_enwnts: ils p,irlent des Lmgues <lifférentf>s,et smrnnt des vo1:'5 opins· itutions, harmonisés par leurs tendances,-l'un sans rois, l'antre sans esclaYes,-auraient trausformé l'humanité ent:ère en une honnête, paisible et heureuse famille. ' p os~0s-Ou\•st-ce ù diri' !-serions-nous pu hasard .... • C l' le camp de Coble:1tz? aunons-nous notre onee, i.1otre cl'Ar/ois, no1r,~ ]Jlonsièur ( K 011, cela n'est point ')Ossible : b cau.;e de la ci\ i :s«tion qui est eng-ag/ ~ dans notre _lutte a des liO'nes o·énérnles où tout ! monde arnve. Quel q~e soient les vues et les stèmes, la R~publiqne est pour tous sainte et_sar -~: nous avons_ellfiu lu patrie, qui dans sa m1sè, Jt dm1ssa sen Itnde ne comprendrait guère nos ar üies ! Ah! souve;wns-nous dt' 1s ancêtres de la Convention; qnand ils s'en ,.i' ·ent, commlssuircs aux .irmées, et qu'ils organisü t mus les ball<'s, ils ne s'inf'ormai1,nt guère si leu .iandat était signé Robespierre ou Danton ! Ch. RnrnrROLLl!R. 'DERNIÈRES NOUVELLE,..;, Le protocole signé à ~i2nne catre le.,; quatre puissa,1ces garantit l'intégrité de l'empire ou oman, et en t'éüt la condition sine quâ non de toute t·onventiou avec la Russie avec laquelle les puissaaces s'engagent à ne traiter qu'en se communiqt!cmt réciproquement les négociations. La flotte française est entrée dans la Baltique. Les flottes de la Mer Noire ont bombardé Odessa, détruit plusieurs batteries, brûlé huit \-aisseaux russes et un autrichien dans le port, et pris trois côtiers russes. Les troupes russes, vaincues devant Kalafat, abandonnent la petite Valachie et se replient sur Bncharr-st; mais, malgré leur échec à Dobra-Su, dles 011tfranchi le mur de rrraja11; et les troupes de la. Dobrudja se sont retirées jusqu'à ohumla, quartier général d'Omer Pacha. . Les troupes françaises et anglaises sont, partie en marche vers Andrinople, partie casernées à Gallipoli, Scutari et Constantinople. Le général Bousquet se rend à Shumla, près d'Omer Pacha. Ph. FAURE. Kous devons cette page d'histoire à ! 'un de nos amis, réfu~ié sur la terre amé,icainc, et collaborateur de notre coafrèrc, le Républicain de New- York. On verra, par ces lignes, eomb:.::1 ; t révolution russe est déjà vieille, profonde, et cc qu'il faut penser de~ quelques journaux anglais qui prennent à partie 1-: citoyen IIertzen, son meilleur champion du jour. LAREVOLUTIONRUSSE. Le colonel Pestel fut en Russie le grand promoteur des sociétés secrètes. Cet homme, doué <l'un o-énie supérieur et d'un courage à toute épreu~e, mérita de devenir Je chef de ss co-associés. Républicain dans l'âme, il fit repousser la forme bfrtarde de la monarchie constitutionnelle, il prècha 'la décent~ali_,;a_tionet appel~ toutes le~ n~- tionalités slaves, rnd1v1duellement hbres, ù se reumr en une vaste fëdération. Une société, appelée les Slaves Réunis, se fonda au midi de la Russie, entre les frontières autrichiennes et turques. On y travailla à coordonner dans une seule pensée huit contrées, sujettes de quatre souverains différents, savoir: 1. La Russie proprement dite ; 2. La Pologne russe, autrichienne et prussienne; 3. La Bohême ; • 4. La Moravie ; 5. La Dalmatie ; 6. La Hongrie ; 7. La Servie ; 8. La rrransylvanie, la Moldavie et la Valachie. Devenues républiques, ces contrées se sernient moreellées en autant d'Etats qu'elles l'auraient désiré. On voit ainsi Pestel embrasser, par une large conception, non seulement les peuples de race slave, mais aussi le peuple magyar et le peuple roumain. D'ailleuts, l'union fédérale n'im1:!osaità chaque Etat que le régime démocra~iqu:. et. l~i laissait, pour tout le reste, sa souveramete rnd1vicluel\e. Il n'y avait donc ni violence, ni sujétion, mais fraternité. Si Pestel avait réalisé son projet, la République Universelle était faite. La monarchie n'aurait pas duré une heure eu Occident, en face l'Orient ré- _ublicanisé. D'annexion en annexion, les Slaves :léunis se seraient constitués en Etats-Unis d' Eu- ·,pe. Puis les deux. mondes, rapprochés par leurs Dans le domaine dèl la pensée, Pestel était un homme c:, traorclinairc. Les statnts organiques qu'il prépara sous le nom de Vérité Russe (Ruska'ia Pra11;da) révèlent à la fois le lég-islateur le plus sao-e, le plus profond et le plus harJi, .\ eu croire o 1· d' , • d cles perso:mes c 1gnes apprecier cet ouvras;-e, ont l'empereur Nicolas tient le manuscrit carlté au fond d·~ son palais. Dans la vie prntique, Pestel fut, suivant le besoin, audacieux et prude1tt. Audacieux pour propager la c:onspiration d'un bout de la Russie à l'autre, ainsi que chez les uations voisines. Prudent pour résister à l'impatience de ses amis le pressant, à différentes reprisri'-, clc donner le sig·nalde la révolution. Qu'attendait-il? La certitude dù succès. Pour se l'assurer, il ne suffisait pas d'avoir obtenu le concours d'un grand nombre de représentants de la haute nohlesse, riches et enthousiastes. Il nesuffisaitpasd'être appuyé p;:.r les littérateurs en renom, tels que Rileïef et Bestougefl'. Il ne suffisait pas PJ1finque la Pologne fût préparée à combattre pour sa liberté et celle de la Russie. Le mouvement devant partir de l'armée russe, il fallait gagner ù la cause révolutionr,aire la plupart des régimC'nts, et principalement la garde impériale, de cinquante mille hommes, en garnison à St.-Pétersbourg-. Une propagaHde active augmentait chaqne jotir le chiffre des ofii.ciersde tout g-rade, aspirant ù tirer l'épée contre l'autocrdie. Après <lix ans d'un travail incessant, tout promettait que l'entreprise, échappée si merveilleusement à la conuaissance de la police, atteindrait bientôt la maturité désirable. Alexandre mourut sur ces eutrefaites. Il ne laissait pas d'enfants légitimes. Son successeur appclre11tétait Constantin, viee-roi <lePolog-ne. On ignorait l'acte d'abdication par lequel la couronne re,,enait au frère puîné, Nicolas. Celui-ci même n'en avait eu aucune connaissance et se liâta de faire prêter serment, par les autorités civilf's et militaires de la capitale russe, à l'héritier présumé, résidant en Pologne. A peine la cérémonie futelle accomplie, qu'on trolwa dans les papiers de l'empereur défunt la renonciation faite par Constantin, où il déclare " qu'il ne se sent ni la volonté, ui lu capacité, ui la force nécessaire pour régner." Cette renonciation était-elle volontaire ou forcée? On disait qu'Alexandre l'avait mise comme condition au consentement accordé à son frère de répudier une priucesse de sang royal et d'épouser une sujette polonaise. S'il en était ainsi, Constantin, ~nec son caractère capricieux, fantasque et violent, ne renierait-il pas une signature en quelque sorte arrachée·~ Ces questions agitèrent le public et tinrent en suspens le grand duc Nicolas, jusqu'à l'arrivée d'un courrier de Varsovie, qui apporta la confirmation de l'acte d'abdication. L'empereur actuel, suivant ses p::még-yristes,déploya une magnanime générosité, -en refusant de se prévaloir du document qui lui donnait la couronne. Le fait est que sa réserve n'eut rien de méritoire; il ne pouvait pas agir différemment. Inconnu soit en bien, soit en mal, il n'avait aucun parti groupé autour de sa personne. Les fonctionnairee publics auraient refusé <letransférer leur serment, sur la simple exhibitioll d'un papier, par crainte du courroux de Constantin, si, comme on le supposait, son intention se trouvait changée. Ainsi s'expliquent la modération et le désintéressement de Nicolas. L'ambition, d'ailleurs, n'agitait pas encore l'âme de ce jeune prince, âgé de 29 ans et absorbé tout entier par la passion puérile de jouer aux soldats. La nature l'avait créé caporal-et rien de plus. Passer de continuelles revues, visiter les cnsernes, surveiller la toilette et la tenue des troupes, chàtier par les arrêts ou le bâton; tel était le passe-temps de ses journées. Cett.e existence lui semblait délicieuse. Il n'en rêvait pas d'autre. Si le pouvoir suprême parut désirable ù ses yeux, au moment de l'accepter, c'est qu'il n'y vit qu'une série de brillantes parades. La première de ces parades faillit être la dernière du nouveau souverain. Les conjurés de Saint-Pétersbourg crurent que l'occasion était trop bonne pour ue pas en profiter. Officiers -dans les gardes, pour la plupart, il leur sembla facile d'opérer une sédition militaire, à la faveur de laquelle on renverserait la dynastie impériale. Il s'agissait seulement de persuader aux divers régiments que Constantin n'avait pas abandonné le trône à Nicolas, et que ce dernier se présentait en n·urpatcur. L'homme de g(rnie, le colonel Pestel, se tron vait malheureusemc-nt clans le midi de la Russie; le t0 mps manquait pour le prévenir. Le colonel prince rl'roubetzkoy s'offrit à dirig·er lu révolte. On l'accepta. Le 14 décembre 1825, toute la g·arnison de St. Pétershour~, comoqnée pour acclamer Nicolas, se rangeait sur la grande place d'Isaac, où s'élèrent le palais impérial et le sénat. Bientôt partent de quelques raugs les cris de : Vive la Constitution! Arrive le go Ln ernenr-général de la ville, comte ililaradowitch; il veut calmer l'agitation toujôurs croissante parmi les soldats : un coup de pistolet l'étend mort au milieu de sa harangue. Les conjurés sont mieux écoutés; la moitié des troupes obéit à leurs ordres, après avoir tué quPlques officiers supérieurs. 'frois ou quatre régiments défendent l'entrée du palais, où Nicolas rf'stc enfermé, ne sachant q,uel parti prendre. Il est tiré de ses hésitations par un vieux favori d'Alexandre, le prince Galitzine: " Si vous ne vous montrez pas, sire, à l'armée et au peuple, la révolte deviendra générale. Pas moyen de fuir de ce palais : vous y serez égorgé aYec toute votre famille." N'ayant pas d'autre parti à prendre, Nicolas se présente sur la place, l'épée nue et protégé par une haie de généraux. On a considéré comme un acte de valeur héroïque cet acte de nécessité, la seule et unique chance de salut qu'avait le pouvoir autocratiq ne. La présence du monarque maintint la fidélité vacillante des régiments où le cri de : Vive Nicolas ! se faisait encore entendre. Malgré cela, l'insurrection aurait pris le dessus, si ses mouvem&nts avaient eu de l'ensemble; mais elle s'ag-itait en désordre, car il lui manquait un chef. Le prince Troubetzkoy, colonel des chevaliers gardes, saisi d'une terreur soudaine, a'\-hit ~ublié ses engageme11ts: il était absent. Nicolas ne prononça pas de discours paternel aux insurgés, comme on l'a prétendu. Il ordonna de les mitrailler à coups de canou. Les insurgés mil~taires, renforcés de quelques hommes en habit bourgeois, soutinrent héroïquement le feu, et ne ripostèrent qu'à coups de fusil. La place d'Isaac fut jonchée de morts. La lutte, commencée à dix heures du matin, se terminait le soir sur les six heures. Nicolas mit sur sa tête une couronne baignée dans le s:rng. Des milliers d'arrestations eurent lieu. Les patriotes, jugés sommairement, furent les uus pendus, les autres condamnés aux travaux des mines. On dégrada au rang de soldat les· simples suspects. ' Pestel, avec quatre des principaux conspirateurs, subit héroïquement la peine capitale. Nicolas assista à son supplice, la figure froide et impassible. Son regard terne et rouge ne dénota aucnne commisération. A ce regard, on aurait pu prophétiser ce que serait le long règne qu'un seul mot résumera dans l'histoire : Dédain de la vie dés hommes! :11:,x,,r.: CORRESPONDANCEDE LONDRES. Londres, 28 avril 1854. Les premières divisions anglo-françaises (25,000 hommes) sont en Turquie. Le pacha chargé de les recevoir à Gallipoli, arraché à ses somnolentes habitudes, harrassé (worricd out) par les incessantes réclamations des " Français remuans et des Anglais affa..: més ", a succombé; ce n'est pas une plaisanterie, trois jours après le débarquement, il est mort. La vivacité française, le maraudage actif et prospère de nos soldats d'Afrique, l'organisation prévoyante de notre intendance, de nos hôpitaux, de nos subsistances, frappent de stupéfaction les Anglais; et c'est une occupation vraiment amusante que de lire les correspondances du Times à l'endroit des petits, alertes etjoyeux alliés qui dévorent les quelques provisions découvertes par eux dans un pays dénué de tout (je cite sans rien affirmer) au nez - on ne peut dire à la barbe - des Anglais ébahis; les Musulmans sont indignés d'être ainsi jetés en dehcus de leur calme existence et se désespèrent en apprenant que c'est seulement "le commencement"· Le général Canrobert, en visite chez le pach1, a été si •if, paraît-il, qu'il a cru devoir envoyer des e~plications par son aide de camp, auquel le pacha am a't répondu : "J'ai aussi commandé des armées, dans des circonstances difficiles; mais on nous traite ici non pas en alliés, mais en pays conquis!" Le duc de Newca.~tle, interpellé hier sur le dénueme11t de l'expédition anglai~e, sans logement, sans vivres et sans médicamens, au dire de la correspondance du Times, a réfuté certaines assertions et judicieusement fait observer qu'il n'y avait pas trop à s'arrêter aux plaintes d'un militaire qui, sorti sans doute d'un club de Londres, s'attendait à retrouver son thé, son bread and butter et sa nourriture habituelle dans la campagne d'Orient. Il aurait purelire ces correspondances de nos militaires de la République et de 1- Empire qui passaient quatre mois dans les boues de la Pologne et de la l>rm,?, sans pain et sans lit, mangeant de mauvai~es pommes de terre, faisant à jeun des marches forcées, et dont lt: général-fempereur Napoléon-passait quinze jours de suite sans débotter, non plus que ses maréchaux. Voilà ce qui attend nos officiers et nos soldats ; ils ne trouveront pas les campements et les approvisionnements faciles ni sains l:!\ll' le Danube, moins encore sur la Vistule oil.nous désirons les voir, sans y compter, les nations occidentales paraissant trop certaines

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