Homme - anno I - n.22 - 26 aprile 1854

VARIETES. Ll15MÈMDIRD!:ESJEANRAISIN. I. 1 ean Raisin, qui vous sa1ue, est un jeune gar;. de la Na-• varre, éclos à la vie, voilà vingt ans, dans un i,etit village <les Basses-Pyrénées, à l'Escar, un nid charmant, baigné de soleil, entre Bayonne et Pau. Il naquit de parents pauvres, mais dotés d'un cousin chanoine qni, selon l'usage antique et par trop vénéré, truffa de grec et de latin son petit neveu, lui vqulant ounir les portes du ciel et l'huis d'un presbytère. Malheureusement, Jean Raisin, infatigable dénicheur d'oiseaux, grandit entre la montagne et la mer, ces deux grands spectacles, e,t ne devint pas trop pédant sous le bonnet ù' Aristote. Il disait plus tarJ que le grand air du pays, la splendeur des paysagês et le vin de Jurançon l'avaient sauvé. Mais il fallait compter avec l'oncle chanoine qui, i'>yant oon élève aller par le travers, lui coupa les vivres, et voilà pourqnoi 1 ean Raisin se fit instituteur de Yillage, le matin vendant du Lhomond, pour becqueter le soir. Or, voilà trois ans, notre jeune cadet ayant emporté, selon sa coutume, pa.jn, fromage et fiole de jurançon, était monté dans le vieux château de l'Escar, dont les :ruines s'inondent de saphirs, au soleil couchant; et là, du haut de ce belvédère branlant sous la rafale, ses regards 3:moureux allaient de la blanche neige des pics, cette hermine de Dieu qui couvre les Pyrénées,. l'hiver, jusqu'aux profondeurs bleues et lumineuses de l'horizon lointain gue la mer encadre dans ses grèves. Les yeux pleins de rayons, et, tout etder à ce gtand spectacle, il-n'avait point remarqué d'abor,l un étranger qui d,essinait au-dessous de lui, sur un fragment de chapiteau tenversé. L'artiste avait à sa droite, tout grand ouvert, . ~ numéro de l']Uustrated London News, et son regard fatigué, mais puissant tncore, suivait les mêmes ligues que celui de J eau Raisjn. -Ah! s'écria tout-à-coup ce dernier, si j'avais cent icus! -Qu'en ferais-tu? répondit l'étranger, en re1evant sa tête, qu'avaient marquée profondément les orages du cœur ôu de la pensée. -Pardon, milord, reprit Jean Raisin, un peu confus Je me croyais seul, et je rêvais tout liaut comme font lei; bergers quand ils voient, de loin, passer vos amazones à travers nos clairières. -Eh bien ! parle tout habt comme les bergers ; j'aime l les rê..-es, mon garçon : qu'en ferais-tu de tes cent écus? Et l'étranger suiv:iit cl'un œil curie11x tous les détails de franche nature, toutes les naïvetés charmantes qu'il y avait sur cette figure de vingt ans. -Mon Dieu! milord, j'irais.voir le mond~ des homrr.es avec mes cent écus; j'irais ,·oir s'il est vrai qu'ils vont plus vite que ]'oisenu <ln ciel en rasant la terre, et s'ils ont créé, comme on le dit, des merveilles rivales de celles de Dieu, qui sont la montagne, le soleil et la mer. -Tu n'as donc rien vu que tes Pyrénées? -Pardo~, milord, j'ai vu deux grandes villes, Pau et Bayonne. J'ai vu lei préfet et l'évêque de notre département, sans compter messieurs les garde-forêts, qui ont L'IIOM~IE. des habits verts, et quelques seigneurs étrangers qui vienucut avec de:,; pelisses se chaufür à notre soleil et boire nos eaux. -Ainsi, tu n'as jamais vu.d'autre palais que ces ruines ? tu n'as jamais vu de chemins de fer? tu ne connais d'autres galons que ceux du préfet et du garde-général des Pyréuées? -Ajoutez-y, pour ne pa~ mentir, q11elquespompons de la garde natio1iale et de l'armée. V QU aurez tout mon horizon comme tout mon trésor. Ah\ si mon oncle le chanoine voulait! -Veux-tu voir Londres et son Palais de Cristal, un magnifique temple ouvert à toutes les merveilles clu génie? - Et les cent écus, milord, où voulez-To11sque je les prenne, puisque mon oncle le chanoine ... ? - Tu partiras d ;main par la diligence de Ilordeaux qu! te co.nduir~ jusqu'à _T~urs. De là, chemin de fer jus~ qu à Pans, pms de Pans ;usqu'au Hâvre, où tu t'embarquer~s pour ~o.ndres. Dans trois jours tu seras en pleine Tamise, au milieu des docks ; et tu commenceras à voir le monde des hommes. Est-ce conclu? Y oilà deux banknote, pour tes frais de voyages. - Des. billets de banque, miséricorde! Combien cela vaut-il, milord ? - Un peu plus que tes cent ~eus, deux mille cinq cents francs : est-ce trop peu? - Hais, avec cela, j'irais dans la lune! - Ainsi, c'est arrêté : tu partiras demain. Voici ma seule condition : éc«fote, et souviens-toi. Tu parleras, tu rêveras tout haut, comme dans ton pays; tu m'écriras chaque semaine tes rêves, tes découvertes dans le monde des hom ~es, tes réflexions et tes sentimens-en un mot, tes impressions de voyage. - Hélas! milord, c'est bien beau ; mais je ne puis accep~r : et mes petits garçons-~lèves 7 Je suis engagé pour l'école. Milortl réfléchit un instant ; puis son visage s'éclaira ,l'une gaieté folle, et, se levant de toute sa taille, les bras croisés, la mine haate, il dit à Jean Raisin : - Docte clerc des Pyrénées, illustre élève du grand chanoine Raisin, me croyez-voua capable d'être instituteur do campagne ! - Oh! milord, balbutia Jean, vous en aavez beaucoup trop long ... encore s'il y avait un collége, comme autrefois à l'Escar; mais une méchante école de village! - Demain je prendrai ta clrn.ire, c'est une affaire entendue; et je ferai ta classe, matin et soir, jusqu'à ton retour : allons, en route, mon garçon ; nous partons pbur Pau, la grande ville. Le l~ndemain, malgré l'oncle chanoine, dont l'éloquerice faisait grêle, et malgré l'inconnu qui tourmentait vaguement Jean Raisin, notre jeune Anacharsis roulait sur la grande route des Landes. Quant à l'artiste-amateur, au milord qui avait donné ses cent guinées, esprit original s'il en fût, il rentrait, tout joyeux, à l'Escar, pour faire sa classe; et l'alphabet digéré, la grande tâche accomplie, il écrivait les lignes .qui suivent à l'un de ses amis, grand éditeur ù Londres : " MoN CHER AMI, " Je viens de vous expédier, franc de port, un colis de ma façon, pour la grande Exposition de Londres. C'est un jeune paysan des Pyrénées, de nature ouyerte et franche, un vrai Scythe pour notre monde, et plus naïf, quoiAvisIMPORTANT spécimen ci-après. Les Avis et Annonces sont reçus à · l'Office de !'Imprimerie Universelle, 19, Dorset Street, à 1 Jersey, S-Hélier, jusqu'à l'arrivée du courrier du ma1di. Dans l'intérêt du Commerce., de }'Industrie et de la Toute correspondances ùoit être affranchie et contenir 1m Science, les Annonces de tous les pays seront acceptées I bon, soit sur la poste anglaise, au nom de M. Zéno à la condition d'être écrites en français, conformément au Sw1 ETOSLA wsKI, soi.t sur un des banquiers de Jersey ou ANNONCES. que humàniste assez lettré, que tous les canards du Tîmes et de la Serpentine. " Je vous demande place pour sa prose dans vos colonnes, et je suis certain que votre public, un peu blasé, comme moi, sur les grandes littératures scientifiques, sur les sentences toutes faites, et les .jugements à perruque, prendra bientôt un goüt très vif aux sorties spontanées, aux réflexions toutes cruea de cette intelligence libre et sauvage qui n'a rien pris ou presque rien des Gociétés de son temps. , " En tout cas, pour nous, Anglais, qui cherchons du nouveau, c'est une tentative-à faire, 1:1neaventure à s11ivre, et, religieusement, je vous enverrai cha,lue semaine les impressions de voyage de mon ami Jean Raisin. "Je fais ici son intérim en qualité d'instituteur: snr ce, le tyran, le Denys de l'Es-car vous salue du liant de sa chaire et de sa gloire l" A vous, lf. ... (La s'll.iteau proohain numéro.) JBR!niiT, IMPRHIBlllE UNIVERSELLE, 19, DORSET STREf:IT. EN VENTE A L' IMPRIMERIE UNIVERSE;LLlf, 19, DORSET STREET : Les Biog1·aphies Bonapartistes par Ph. B~ Jeau. Prix : 3 francs.. LES·BAGNDE'ASFRIQ 1 HISTOIRE DE LA TRANSPORTATION DE DÉCEMBRE, Par CHARLES RI BEY .ROLLES. 1 volume in-8. FuLDERT MARTIN, av<'cat français, proscrit, donne des leçons de langue française et italienne, de littérature et de musique. Il donne éga1eme11tdes leçons et des consultations sur toutes les matière.; de la législation française. S'adresser au professeur, Roseville-strett, Anglesea Cottage. Références : chez 111M.W clmann, P. Asplet et docteur Barbier. Proscrit français, a~tciené{èi-ede lafaculté de Paris, Donne <le8 leçons de français, de latin, d'histoire, de géographie, de litlératul e, t>tc. Il enseigne aussi les élémen1s des sciences mathémaliques, physiques et uatufelles, S'adresser au profess.:-ur, 38, Roseville-Street. Références : chez MM. Welman, Ph: Asplet et docteur Barbier. de Londre!'. Le prix des Annonces est uniformément de six sous (trois pence) la ligne, pour les trois sortes de caractères courants employés dans ce journal. Lês lignes en capitales. et en lettres de fantaisie, seront payées en proportion de la hauteur qu'elles occuperont, calculée sur le plus petit texte. ABIAN CHI proscrit politique vriir un eours d'Equitation à son manège, sur 1s a le t~i~le avsntage <l'unir l'élégance, la légerté et français rédacteur Parade. la solidité. 1 ' . . t en ch;f pendant G1JTEL PROSCRIT DU 2 DÉCEMBRF., .Les semelles _:i°nt.~xé_csa_~~c ~d~ laito~ ~et, ne huit ans du journal quot1d1cn le Messager~'~ Nord, tn•ofeiuJent• de eoupe !~1~sc1'.atucune a~péntc m à ,1 1,nteneur m .a 1 :X- .paraissant à Lille (France), donne il. dom1c1le <!es Ttfilleur tl' llabits.-29, Belmont Road, St.-Hélier, ter~e1_u-: On peut marcher a I eau sans nmre a la en plâtre, en cire, en mastic et en g~latine sur nature morte on vivante. Il moule 11ussi les ornements, les statues -et fournit des épreuves à uu prix modéré.-20, D<mstreet, St.-Hélier. J~ons <le langue franç,ise, d'arithm6tique, d'h1s- Jersey. s_o_li_<l_1t_e_d_e_l_a_c_h_n_ 11s s u _re_._____ _ toire, de géographie, de littérature, etc. ECMI 'l.rATSoND·E COMMTSSION II se ~harge également <le toutes correspon- LUD,KORD E\ , ll'.l J thnces écritures commerciales et autres, et des PROSC~l': POLITIQUE POLONAIS, No 3, SURLEPORTA, JERSEY• mémoi~es dont on lui confie la rédaction. Don.ne à.c1om1c1lcdes leç~ns de langue _Alkma11de C. Ileurtebi8e, Commissioimaire en marS'adre!lser au profce;eur, 20, Don-street, St.- et Latine; 11 démont:e ~~ssi 1~ Gymnastiqn~. . chandises, se charge <le vendre et acheter to11te :!-l'~ier (Ile de Jersey). li. Lud. Kordecki desnerait !rouver de I emploi sorte de marchandises, et de faire de,, recouvremens Référe,~cs chez MM. Wellman, P. Asplet, comme professeur danll une pens1011.-Gl, Newman en France ou en Angleterre et en Amérique. G w.' Vickery. Street, Oxford Street.-Lo..:1_~.:!:~----- Corre&pondants il. Paris, Bordeaux:, Lyon, Lille, 15. COLO:MRP:lllZ BTllEli:T, s·r.-HÉLUlK, IBRBBY. Londres, Birmingham, Liverpool, New-York, etc. p anNYPll.OFES~J'!11n D'ÉQUrTA'flO)I, an- GUAY proserit du 2 Déecmbre, faiseur -- r", u oien 6lè'fe àc l'licole de Saumur, 'de IlOTTES sans eouture, poW' ALPHONSE mouleur en plâtre, ie eharge € ·1~hon~ d•_JtP6,eçà- )e puhli• qu'K v~ li'o.,_ hemmeaotpow àame11.- fJe rsre le •ba'llls~m, t ic 0011teCli!'èctl de m&Offlp HOTELDEL'EUROPE DON STREET, No 11, TENUPARG, ROUSSEL. G. RoussEL a l'honneur de prévenir MM. le.s voyage,prs qui viennent visiter cette île, soit pour. agrément, soit pour affaires, aussi bien que les habitants de eette localité, qu'ils trouveront dan~ ~on Hôtel, bonne table, boni. vmi, et tous loi s.oim • • • ... J am9'1que toua rense1gnetnenb! po&Giblei;;. e- Table d'Hôte à 10, 1 et .S hewcs.-Ripa11 ,L teuio àeue,-H 11ert a'tllisi 1m vil~. •

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