vous ne devriez pas oulilier qnc, pour une simple brochure donnée à quelqu'un, une femme anglai-e a été, il n'y a pas longtemp~, jetée dans une prison de To,cane et relâ.cht>eseulc111ent. g1 ûce à la clémence du grand-duc-à la condition de quitte·· le pays. Nous arions fait cela. Rome était libre. Le cauchemar s'était évanoui. L'excon1unication de Guëte avait été placartiée cla1,::Roine et on en avait ri. Le drap;,au - " Dieu et le peuple" - qui n'est ras un interprèt~ tyrannique, arbitraire et exclusif de la loi, s'interposant entre Dif'u et ses créature.;, brillait, universellement salué, sur le Capitole. Le pape était disparu, et pour toujours. Un concla\'e aurait pu être convoqué à Avignon, à Séville, ,\ Dublin, quelr:1c part, mais certainement pas à Rome, et nou:1 n'a• vions pas de force par nous-mêmes, pas d'appui, si ce n'est ,tu peuple. Mais il n'y avait pas un homme dans toute l'Italie qui se tourmentât du vieux pape et de ses priviléges décrépits. Pas une voix ne s'élern pour dire: Respect il l'oint du Seigneur. Un mini~t•e piémonh,i1=,Gioberti, qni avait projeté je ne sais qncl plan de restamation de Pie IX, an moyen des armées piémontaises, succomba sous l'universelle rép· obation. Un corps d'armée napolitain qui avait été réuni par le dr&potisme pour ;,011tenir le fantôme, s'i-nfuyait tout honteux èernn t nos jeunes soldats imp1ovisés. L'ensemble de l'Iralie" cathol.q11<·,l>:l!ote, servile, supersLitieuse" regard.lit 1mmouile, indiffé,ente, dans le calme, saus lm11t, l'~loigncrnent du grn11dtyran de l'.1.me. Ce fut é1lorsque l'Autriche el la France vol1:iiriennP. et arhée envoyè:ent leurs légions pour opprimer ;\ la fois la liber!~ n·ilgieuse et politi'tne de l'Itnlie. Un h.,mme d'Etat anglais er protestant approuva le fait et éc1ivit ce mot à son amÙlts,,..dcur à Pans: " Lt! pape v,1être ,e~tauré." L' Anglderre n'a pas bougé; Exeter-Hall, po11rmieux clire, n'a p11s hougé. Ils 11'011t pas 1ï1 le nouveau p101.Jlê,1.ereJigieu~que nous étions en :ra:n de réso11Ire à Rome. lL, n'om vu là que le dra1 ea 1 1 :•puhlicm11 qu'ils n'aim~nt pas. Le drapeau de 1'L1ho11.c: e;,;t 11n < 1nipeau monard1iquc· On peut combat11e pour lui; mais t1u1 peut ou veut com battre pour l'indépc1111ance ùe Rome 1ép11bliraine, 111ê111e quauc!" la liber té de com,c1e11ce" serait le mot ü'ordre du combat? JoSCPII MAZZINI. LondrE-s, 27 mars. L'armée française entre, aujourd'hui, dans les grandes lnttes. Quels sont ses chefs et que valentils? Ils s'appellent Saiut-Arnaud, Magnan, Canrobert, Espinasse et de Cotte : dire leurs noms suffit. Pour l'étranger, qui ne les connaît pas, vo1c1 deux esquisses nettement dessinées : nous les empruntous au Pilori, publication nouvelle d'un. des plus arJeus et plus actifs propagandistes qu'il y eut dans l'exil : DE COTTE, Ci~NÉRAt, AIDE-D~-CAldP DU DEUX DÉCEHBRE. De Cotte est un aristocrate à particule, et d'une statue effilée ; son regard est oblique ; de ses lèvres amincies sort un sourire facile et froid; il touche à sa 48e année. Ignorant, il affecte de dédaigner la science ; à défaut de jugement, il exerce, à tout propos, sa médisance envieuse ; il est jaloux de tout et de tous. Joueur effréné, débauché sans rett:nue, il se hâta de gagner l'Afrique, afin d'échapper à ses créanciers qui le :harcelaient. Chef d'escadron en 1842, lieutenant-colonel eu 1845 il devint colonel deux ans après. Il dut ce rapide avancement à son hypocrisie politique et religieuse : légitimiste de mauvais ton, il qualifiait grossièrement la dynastie de Juillet; mais, quand il s'approchait des princes de cette dynastie, il les courtisait assidûment. Sachant que Marie-Amélie était dévote, il se fit dévot afin d'avoir cette reine })OUrprotectrice. On le voyait manger l'hostie catholique, et faire tournoyer sa prunelle en tous sens à la façon du jésuite et clucapucin. Il spéculait sur ces momeries ridicules; et, au sortir de confesse, où il avait édifié son directeur par sa componction, il courait an lansquenet, où il ravissait les joueurs par son intrépidité. Cc papelard dépravé atteignait son but : l'évêque Dnpuch exaltait, dans ses lettres à la reine, la ferveur du pieu:l' colonel. Louis-PhiE ppe tomba ; De Cotte apprit, à Marseille, que h Re publique était proclamée; il se déclara républicain, et insulta le monarque déchu. Charras voyageait', par hasard, avec cet histrio1) ; quel conttaste entre ces deux colonels! L'un, fourbe, vicieux, intlÎJ,lllt, égoïste, ennemi du progrès et du Peuple; - l'autre, fra11c, <lésintéres~C-, loyal, répnhlicain 1l'instinct et d· c Pur, De Cotte, avec raison, 1iensa que son compagnon de route allait devenir puiss ·nt; il lui fit la cour, et lui tint ,m l mg,ige révolutionnaire. }Lis, Charras n'est pas un de ces hommes que de vains mots abusent, - et De Cotte se masqua, sans profit, dérnnt notre ami. Aussi, dès que la faiblesse tlu gouvernement eut enfanté la l,ideuse réaction, De Cotte reprit-il ses alrnres légitimistes d'autrefois. L.HO~1~IE. Au 10 DécPmbrc 1848, il engagea ses soldats à voter pour Bonaparte qu'il nommait "le Crétin." Dès ce moment, sa constante préoccupation fut d'inspirer au soldat la haine de l'ouvrier. A Niort, au mois <le juillet 1849, il sabra le peuple, et insulta le préfet à p10pos d'une légère émotion populaire. Les recruteurs au service de l'Elysée devinèrent que De Cotte leur appartenait, Ses vioes, son ambition, ses dettes garantissaient au bandit la complicité de ce cafard. Aux immondes revues de Satory, De Cotte enivra ses soldats, et leur fit crier : Vive l' Empereur! En même temps, il emprunta six mille francs à Bonaparte. Le marché fut conclu. De plus, on le nomma génliral de brigade. Le 2 décembre, Persigny lui remit cent mille francs, et l'envoya protéger l'arrest:.ition du général Changarnier et celle du colonel Charras. Le 4 décembre, De Cotte massacra les défenseurs de la loi. Il remplit si merveilleusement ses fonctions d'argousin et de bourreau, qu'on le gratifia d'nn nouveau donatif de 200,000 francs et d'un emploi d'aide-de-camp avec 30,000 francs d'appointements. C'était le prix du sang versé. Ce sang versé crie vengeance : et l'heure de la justice, tôt ou tard, sonne aux o,eilles clu crimi11el. Alors, malheur au traître et à l'assassin ! CHA.hLES ESPINASSR, GÉNÉRAL, AIDE-DE-CAHP DU DEUX n{ CE~fBB.E. Voyez ce militaire à la tournure vt.lgaire, aux yeux rapproché;;, au regard fame et louche : c'est M. Charles Espinasse. Il doit la vie au duc cl' Aumnle r1ui l'arracha au sabre des Kabyles, le nomma chef de bataillon au régiment des Zouaves, malgré les notes régimentaires qui s'opposaient à cet avancement. L'hypocrite chef de bataillon témoignait à son sauveur et son protecteur une reconnaissance dont la bavarde expression allait jusqu'au plus ridicule enthousiaime. La république arrirn. Espinasse flatta le général Cavaign.1c; sa notoire incapacité ne permettait pas au chef ùu pouvoir exécutif de promouvoir l'éhon~é solliciteur au grade plus élevé qu'il réclamait. Espinasse devint lieutenant-colonel, la veille de l'expédition de Rome, et il s'en alla rétablir sur le trône sanglant de la moderne Sodôme le chef des prêtres et des moines. Après cette honteu~e campagne, il retourna en Afrique, et, M. Bonaparte, l'ayant cmbaaché par l'intermédiaire de Fleury, le mit à la tête du 42e è.c ligne, où, à son tour, il embaucha ses subordonnés, pour le compte du parjure qui méditait, depuis longtemps, l'assassinat de la République et de la liberté. Cependant, il continuait à écrire au <lue d' Aumale des lettres où se manifestaient un inaltérable dévouement à ce jeune prince et un profond mépris pour le bâtard d'Hortensc. Mais l'heure du crime sonne : le 2 d~cembre, à trois heures du matin, Fialin le réveille en lui clisant : " de- " main, général de brigade, aide-de-camp du prince à '· trente mille francs par an; aujourd'hui, cent mille francs " que voici en billets de banque et, bientôt, tout autant. " A vous <l'aller fermer les portes de l'Assemblée, et " prêter main-forte à l'arrestation des questeurs." Espinasse, obéissant à un soupçon cupide, compte les billets, revêt son 11niforme, boit six verres d'eau-de-vie, donne ses ordres à son adjudant-major quï reçoit de Fialin dix mille francs et la promesse d'être nommé chef de balai lion. A cinq heures, la diane fait descendre le 42e de 1igne dans la cour; chaque sou~-officier reçoit vingt francs, chaque solrlat dix francs. La colonne s'ébranle; Espinasse, Fialin, et un agent de l\Iaupas marchent à sa tête. Dès que la porte di l' Assembl6c est ouverte par la trahison, Espinasse s'introduit, comme un voleur, dans la cli1mhre du colonel Niel, lui gaute à la gorge, saisit son ép6c, et le menace cle mort s'il fait un mouvement; puis, il arrête le général LcflO dont il se disait l'ami, l'insulte, (l recompte ses billets de banque pendant que ses soldats s'enivrent. C'est ainsi qu' Espinasse gagna ses épaulettes de général. Bonaparte. aYait bien jugé cc cond:ittieri traître à la foi comme solrlat, comme citoyen, comme ami; il lui donn'l la mission de p1rcourir 'es département ùu l\Iidi, afin <l'examiner comment les cours prévôtales avaient d]- peuplé la Irance. Ce commissaire des grêces injuria, menaça les victimes de la terreur bonapartiste, et en désigna <le nouvelles ; il insulta les épouses et les mères des généreux citoyens exil(>s ou déportés par le héros du parjure et du meurtre. En Algérie, il remplit une bE:sogne pareille. Torturant les transportés, menai;ant les uns, provoquant les autres, il s'efforce cle les a\·ilir <>n leur proposant des actes de soumission et de repentir. Il envoie à Cayenne ceux dont la fière rési,-tance méprise le mieux ses propositions hon. teuses. Enfin, ce lâche proconsul osa calomnier les hommes qui préfèrent leur honneur et leurs nobles souffrances à la dégradation, à l'apostasie. Une riche et belle jeune fille dont il convoitait la fortune et la main l'a ignominieusement chassé de s:.imaison, le lendemain du crime de décembre. La fille d'un négoriant de Bordeaux n'a point reculé devant les épaulettes de cet homicide, séduite par un or souillé de bouc et de vm. Ajoutons que le frère du général Espinasse fut condamné, en 18-1-5,par la cour d' Assises de la Seine, à 20 ans de taaYaux forcés pour abus de confiance avec récidive; il se suicida en prison. " Quelle famille !-répèterais-je avec ur, biographe de ce généréll,-quellc famille! un forçat, et un traitre que le bagne ~ttcnd ! " CORRESPONDANCE DE LONDRES. Lcn,lres, li anil 185·t. Je me suis trompé en vou~ annonçant (d'après le A,[orning Chronicle, auquel on attribue des relations intimes av'c lord Palmerston) l'e:1trée de:; Autrichiens en Servie : la rcconuaissanca poussé!' par l~s Rt1~ses au-delà <luDanube n'a eu aucun résultat, les Rus;cs o:~t mê:nc reculé de devant Kalafat, et les Autrichiens n'ont point franchi le Daaulw. Quant au traité <l'alliance offensive et cléfensi1'e <le l'Autriche et de la Prusse, il a été signé après bien cl.es hésitations de la. part du roi de Prusse. Il a été signé en même temps, à Vienne, un protocole entre les quatre puissances, dans le but d'établir que la guerre entreprise contre la Russie par la France et l' Analcterre, pour l'intégrité de l'Empire ottoman, avait toutes les sympathies des Eta-ts allcma11ds. Mais, tandis que la Prusse s'engageait ainsi doublement contre la Ru!sic, elle rappelait de Londres son ambassadeur, M. de Bun~Pn, devenu rc!ieux aux partisans de la Rusi,ie. Cette défaite cle l'influence anglaise, ce départ suhit de l'aml: •.r.~adcm pru;sie.1, ont agité la place de Londres pendaut toute la sem11ine; un envoyé extraordinaire ( :VC. de Tolly) va continuer les relations cliplomatiques, mais on ne Slit encore dans quel sen~ la Pru-se va se prononcer. L'Autriche affecte une grande ardeur contre le Czar : timeo danaos ... Depuis l'occupation de la Dabrudja, il n'y a eu que de~ combats sans importance et sans résultats, soit vers le mur de Trajan, soit devant Kalafat. Ordre, dit-on, a été donné à Omer Pacha d'attendre l'arrivée des 1rm6es alliées avant de rien entreprendre. Les troupes anglaises et françaises partent chaque jour de Toulon et de Malte pour Constantinople; Je prince Napoléon (accompagné jusqu'à son embarquement par l'ambassadeur turc Vély. Pacha, et par M. Emile de Girardin) vogue vers l'Orient p~utêtre avec l'espoir d'en revenir gra11à comme le mo11de. Lem 11échal Saint-Arnaud (accompagné par sa femme dont les soin~ ui sont indispensables, tant il est souffrant) se dirige vers Mar,:·•· .,c. L:.! duc de Cambridge et Lord Raglan, reçus à Paris par . ..!, fête~ officielles les plus amic:ilcs, les revues les plus étiuc~ ..111tes,et l'aecueil pop1ùaire le plus fraternel, ne t11rderont pas à prendre aussi la route de la Méditerrannée. Dans quelques jours, les généraux et leurs armées seront débarqués; mais les ma~ses ainoncelées par le Cza1·sous les ordres du vieux Paskewitch sont telles que lord Raglan croit, dit-on, impossible de les déloger cette annie. On est très in•1uiet, en Turquie; on redoute un désastre avant l'arrivée des années alliées et une insnrrection générale dea Chrétiens. Le général Grivas a ét6 défait, en Epire, par les troupes turques, et, jusqu'ici, les Hellènes par!lis11ent ne pournir faire qu'une guerre de corps francs, désastreuse pour le pays et très fatigante p-0ur les garnisons turques. Quelques batimens anglofrançais croisent sur les côtes pour saisir les renforts et les munitions expédiés aux insurg6s par leurs frè.-es de la Grèce ou de11 îles Ioniennes. Les flottca de la mer N aire ont paru devant Odessa (dont le Siècle annonce même la prise); ou croit qu'elles vont bloquer Sébastopol. - La flotte de la Baltique, après avoir quitté Copenhague, s'est dirigée vers le Nord oil.les glaces s'ouvrent enfin et s'est emparée déjà, au dire du 1'ime., de cinq navires russes et d'un grand nombre de prisonniers. Le contingent sera, cette annét!, en France, de 140,000 hommes au lieu de 80,000 hommes; le nombre de jeunes gens de la classe de 1853 est de 301,000.-Cette aggravation à la conscription sera cruellement sentie, dès le dé:iut de la guerre, de cette guerre il la 1uelle on ne prévoit aucun résultat pour la première campagne, selon le gJnéral anglais, et qui exigerait un au de prépar:ition de plus en .France, selon le maréchal Vaillant, ministre de la guerre! L'Espagne, inqciétée par les Et:its-Unis a•1sujet de la saisie d'un v:ipeur par la douane de Cuba, s'est hâtée de donner toutes les rl!parations cxig6es; le Frère Jonatlum n'en est que plus décidé à saisir une bonne occasion pour prendre Cuba! Frère Jonatha11, du reste, convoite en même temps les possessions de Joh11 B11ll; et J 011'1 Mitchell, ce révolutionnaire Irlandais apoloO'istc de l'cgclavagc, excite en cc moment ses compatriotes émigr&s en Amérique, à s'armer pour conquérir le Canada; il est appu;é dans cdte étrange po!émi<1uepar ... lcs <ibolitio,mistes ! -Vous vous rappelez peut-être la cléillission inexpliquée et la rentrée suhitc au nnnistère de Lord Palmerston? Le 1'imes amit attribué cette brus(}ue retraite à l'antipathie du noble Lord contre la Réforme électorale proposée par Lord John Russell: d'autre~ avaient accusé le prince Alb,•r, ... Voici b dénouement: après un ajournement, la loi sur la Réforme électorale a été tri5tement retirée de l'ordre <lu jour par Lord John Russell" pour ne pls exposer le ministère à une dCfaitc dans le Parlement 0•1 à uue di1,solution des Communes, au moment 01:1 la guerre exig<' ~c •,wucentration de toutes les forces nationales. " Salut fraternel. Ph. F.t.\lRE,
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