Homme - anno I - n21 - 19 aprile 1854

o-nesen :'\\•l'lnt, et tourne, par la diversion de Servie, la seule fortification pu issante de l'empire turc, les Balkans. Il y a deux cent cinquante mille Russes au ter1·ain <le l'action; Paskewitch, qui peut s'appeler la discipline et l'autorité militaires, les commande. C'est une espèce de Sowarofl' bourgeois. -- A côté, qu'y a-t-il'? un général habile, dit-on, Omer-Pacha, plus cent-vingt mille recrues. Mais cet homme est rénégat, mais il est surveillé par son gouvern ·nent, mais il est dénoncé, comme traître, par les C.iatiques du Coran ! Donc, les cc .t vingt mille hommes qu'il peut mettre en ligne 1.,~ sont pas à lui et ne garderont pas les rangs. :r,.I' 0~s avons <iit, voilà trois mois passés, que l'année russe, ,, :ti se laissait battre en détail, se ralli~rait en ma •s profondes quand viendrait le printemps et q i.l • de passerait le Danube-. L-eDanube c..t-il passé? . N 0us avons dit que l'alliance anglo-française avec un Bonaparte était, non-seulement un_e monstruosité, mais une trahison; nous avons dit que la force française n'arrivc•nüt pas à temps! Est-~lle arrivée~ L'on vous dit à cela : c'est le charbon qui manque! Dans notre pays, on a toujours marché sans ch:u-bon et quelquefois sans souliers: si cette guerre étuit nationale, républicaine, la France se lèverait, et il ue serait pas question de charbon ! Les deux puissances occidentales, quoique d'accord officieilerneut, sont divisée. profondément : voilà le vrai. Entre la France de l'empire et l'Angleterre de Palmerston, il y aura toujours Waterloo, Sainte-Hélène et les souvenirs de Londres. Entre les deux peuples, l'alliance est possible,- les cariatides ne s'en veulent pas.- Entre les deux gouvernemens, il n'y aura jamais que soupçons, défiances, haines ! -(Ju'out-ils et que peuvent-ils avoir de commun'? Est-ce le libre commerce? Non. - Bonaparte a besoin des aristocrates du coton et du fil, des Montmoreucy-J acquard et des maîtres de forges.- Estce le self-gouvernement? N on.-Bonaparte ne peut durer que par l'oppression des @ousciences, par les libertés mortes, par les âmes vassales.- Est-ce par l'histoire? - Hélas ! elle vous répond : Hudson Love! Donc, rien de commun dans le passé ; rien de certain dans l'avenir.- Voilà l'alliance! Pauvres Turcs! - La flotte anglaise détruira Cronstadt, comme elle a jadis détruit Copenhague : elle n'aura plus, la Suède étant couch~e, de rivale dans la Baltique. Voilà le but. Les flottes alliées de la mer Noire ravitaillerout quelques ports et ne feront rien contre l'ennemi qui va par terre, d'étape en étape, et marchant toujours. Voilà la diplomatie ! Ah ! la Pologne sera bien vengée! En 1772, rEurope l'abandonna lâchement; elle se défendit, seule, héroïquement, et, ni gouvernemens, ni peuples, per~onue encore en Europe n'ose dire qu'elle est morte ! - Mais la 'l'urquie,- appuyée par les grands états, patronée, défend,,e par les ltautes puissances occidentales, la 'l'urquie n'en tombera pai moing ! et pourquoi? - Parce qu'il lui manque le grand souffie, le souille -des Révolutions ! C. R. Dans notre dernier numéro, nous avons parlé de M. de Montalembert. Nous ne savons pas encore ce qui adviendra de lui, et peu d'inquiétude en avons. Cet homme, chef des évêques, nous a fait, par ses clients, la préside11ce et l'empire; il était, alors, le capitaine de la Rome catholique, contre le monde libre,- il est, aujourd'hui, persécuté : - quel malheur! Voici le fond1 de la querelle entre le jésuite et le Corse. Vous voulez bien reg"etter mon absence au comité de Corbygny, et je vous avoue que je m'estime heureux de n'y avoir pas assisté. Je n'aurais pu dissimubr ma douleur en entendant le présidcut rlc la dernière asRembléc libre 11ucla France ait possédée, se faire l'écho de M. ·Troplong, flatter la démocratie nu. profit d•t despotisme et vanter le plébiscite du 20 décembre comme la conquête wpr~me de 89. Yraiment, les 1iires ennemis de ce que vou~ --ppelez la grande et glorieuse révolution de 17&9 ne sa11:f :~nt, à mon avis, lui faire fine plus sanglante h1 jl'l'e que ~'.Jlui donner pour conséquence et pom sanction un syst~ '7te qui condamne toutes les intelligences az, néant, to~.li Jss caractères à l'abaissement, ioules les consciences if' silence et à la prévarication ... La fibre de l'empereur, avez-vous dit, répond attentivement à la fibre popufb.ire ! Il y a fibres et fibres che:;,;le peuple. Il y en a de L'UOM~!E. b 01mes et de saintes ; il y eu a de perverses et de détestable, romme celles qui vibrent lorsqu'on enlève aux princes de la maison de France leur patrimoine légitime et séculaire. " Il fallait, ce me semble, laisser à ~M. Delan9le et à ses JJareils le soin de faire des compliments publics au p1'ince qui a rétabli la conftscatioN pour payer sa dette à la royale famille dont vous avez été le conseiller et l'ami ...... la magistrature française a fourni des noms immortels; mais, en revanche, depuis Louis XI jusqu'à Napoléon III, où le :pouvoir a-t-il trouvé des instruments pfos dociles, de plus lâches calomniateurs et ( tranchons le mot) de plus plats valets que les légistes dont vous faites les seuls défenseurs du juste et du vrai... Je ne connais plus en France et dans le monde que deux castes ou classes : celle que l'iniquité révolte, et celle des courtisans de la peur, de la force et du sucûs, et il me déplait de vous voir, même de loin, donner la main à la seconde. W.-J Linton, un républicain, et des plus sû.rs, nous envoie les lignes qui suivent : Au citoyen Rédacteur de l'HOMMK Mon cher ami, De républicain à républicain, i,ermettcz-moi de faire quelques remarques sur votre article - UN HOMME HAI:II,E,-inséré dans l'Homme du 29 mars. Il y a. selon moi, certaines erreurs dont la rectification ne saurait nuire. La France est tombée.-Elle est tombée, non seulement clans un guet-apens, car si cc n'était que cela, le bras d'un honnNc révolutionnaire la relèverait bientôt de son abaissement; mais le Deux-Décembre ne fut que le couronnement du crime, l'accomplissement de l'immoralité du temps. Avouons qu'il n'y a pas de coup d'état capable de rendre la France esclave, si la France 11'était pas prête à l'esclavage.-Parclonnez mes paroles un peu dures, ô vous, braves et généreux républicains, qui dans l'exil verse:il d'amères larmes sur l'hum•liation de votre pays! Mais quoique pénibles, mes paroles ne sont-elles pas justes? L'Angleterre n'est pas tombée. De qn~lle manière aurait-elle pu tomber? Il ne nous fallait pas de coup <l'état pour nous mettre la chaîne au cou. Pendant ùe longues années notre esclavage glisse insensiblement parmi nous, tant que les compatriotes de Milton et de Hampden vantent l'esclavage comme constitntionnel. Il ne nous faut pas de Bonaparte : les amis personnels du tzar, les complices de l\'Ietternich et de Szela, les admirateurs et alliés de Napoléon-Soulouque,-les Aberdeen, les Derby, les Palmerston et les Russell,-savent faire la besogne impériale tout aussi bien. Vous, vous avez votre Coup d'état de Décembre; nous autres, nous avons notre Comité-Permanent, qui,-il faut l'avouer,-est un moyen plus efficace; il est moins choquant, et convient mieux à l'esprit plus modéré de notre peuple, qui, n'étant pas fait à l'usage des armes, n'aimerait pas à être entraîné dans ltne insurrertion.-Il y a, croyez-moi,-peu de différence essentielle entre nos deux paya, si ce n'est que notre presse et notre tribune sont entre les mains de cette bonne bourgeoisie que V. Hugo a si bien caractérisée ... Quant aux clubs politiques, nous n'en avons point, car nous sommes beaucoup trop libres pour avoir \lesoin d'u1e pareille organisation. Un mot en faveur du peuple anglais, des artisans, de cette classe qui est au-dessous des Carthaginois respectables. Le dégoO.t que leur inspire l'assassin qui gouverne aujourd'hui la France continue à être aussi profond que jamais. Ils n'admirent pas, e11x, son habileté. Regardant l'alliance entre la France et l'Angleterre avec plaisir, ils entretiennent néanmoins l'espoir de voir la France débarrassée de lui.-Les armées de l'Angleterre monarchique peuvent aller égorger les peuples si leurs et nos maitres le leur ordonnent. Elles peu vent écraser la Grèce aujourd'hui,-l'Italie demain. Espérons bien qu'il n'en sera pas ainsi! Mais le peuple de Milton et de Hampden, fut-il plus que jam:iis avili, plus égoïste, et plus abaissé qu'il ne l'a été jusqu'ici,ne pourra cesser de sympathiser avec les républicains de France, d'Italie, de Pologne,-de l'Europe.-Vous désirez, sans doute, que sa sympathie soit plus active. C'est ce que je désire moi aussi! Tout à vous. W.-,J. LINTON. Branlwon, 10 avril. Il y a dans cette leitre lh ux affirmations : J,avFrance est une esclave volontaire ; elle est per,~ue ; Le peuple anglais n'est pas avec son gouverne1m--lt dans l'alliunco des du.x Co!u-Om1es,mais il est avec lu France, c0mme fratcrni~é. Sur le premier point, nous ne serons jamais d'accord· avec notre :uni Li11ton: La France, pays des grandes luttes, a sur le <·orps 500,000 solda~s, cent n1 ille prêtres au moins et toute la centralisation o:·ganisée par la Révolution et l'Empire; - deuis 18-18,la France n'a jamais parlé! Pourquoi snhit-cll.e le joug? - Parcequ'on lui a mis le haillon. - Qu'on laisse, huit jours, la France libre et l'on verra ce que valent les empires, les couronnes, et les armées ! Quant au peuple anglais, nous ne l'avons jamais attaqué : son gouvernement est maladroit clans la question de la gueru~, comme dans toutes les questions. C'est le dernier gouvernement qu'aura l'oligarchie britannique. Nous avons constaté un fait, - l'opinion anglaise allaut à Bonaparte - _est-ce vrai ?- Nous le croyons, et c'est triste! Nous trouvons dans le Morning Advertiser la lettre suivante du citoven Mazzini: elle fera tomber beaucoup de cal~mnies ou des niaiseries, et nous nous empressons de la .reproduire : Monsieur, L'article <le voire numéro c:e samerli (25 mRrs) sur la ql'e~tion itali<'nne est basé snr une mépri~e fondamcnt;Île· Les lignes publiées µar la Pres3e, a11xqurlle-; vous faitOi allu•ion et qui bl.îment le coni:til Mg,adant et imu1oral que lord Juhn Hussell offre aux µatriote,; italien~, rtf' sont pas de moi. Elles sont de Ma11in, <JllÎ commandait à Venise durnnt l'hé:-oïqne cléf,mse de 1848-49. En tout cr.qui concerne notre po.,llion \'i,,à-viR de l'Autriche, je le sig-ne-ais volontiers: autanr en feraient tous mes cumpa• triotes. Nous ne coml,attons 1,as pour nn progrè~ nalio• na 1, po11rune fo, m,, adr11ini trative, i;onr de,, doses homéo1arhiqnes de libertés qui nouo; se· aient adminis1ré,·~ 1,ar des mujon, autn<'hiens érigés en cloct<.:nrs. Nons comlJ,,ttons pour la vi<' et ~es droit~ sacrés. Nous voulons être. Kou-; voul:rns q1.e notre pnys soit le nôtre. Nous voulons une Italie, , 011 11neAu:rn·he, 11ndrapeau qui flotte sur nos berceau:-- tt i,.ur nos tomb1 ~ ; , vlf8 vou. lons une liberté con11uise par nos propn·s main~, d .. ~ lois fdtes par nous-mêmes, d<.:salliance,1 de Il< tre propre choix, No s voulons respirer, peuse:r, parler, érrire, agir, aimer li. brem,,nt, ;,,01Jsune commune ai..sociu1io11,tous urnt que nous i;ommes, entre nos 1.iropres Alpes et notre propre 111,,r. Hien moins que cela ne peut 11ous satisf,d:e. Et nous poursnivrons ce but à at1ei11<lre,qui est 1~01redroit, par la parole et par l',1(•1ion,à travers la paix ou lag,ierre, avec ou sans 11, 11 concour~. J'ai u11e Vt\·e 1econ11a,s,ance à mon nuule c.omµa11·iotcr.JarlÏn pour aroir exp,i11,é de la sorte mes pro• pres i.t-nliment~. De tout cœur j'e11do~se sa lettre>. Mais Ct'pendant elle est de lui 11011 de moi. A chacun Ir sien. Mais ee n'est pas là le principal objet de ma lettre, Mon olijel est <le protester contre nne étrange confmion, non pas des noms, mnis des idées, qui, j'ai le chagrin dt! le dire, traverse l'article, et qu'il 11ou:; i111por1e de dissip.;r parce qu'il vient d'un hardi défenseur de la liberté imr le conti. 11e11t,comme vous l'êtt·:1. D'uprès cet article, on pourrait, être induit à croire que nous, le pl\rti uational, nous sommes encore dévonts ·\ la papauté, qu~ nous sommes ~e11lement des politiques (7Joliticai113) et non pas des hommes pensants et religieux; et que négligeant la suprême irnportance de la liberté de l'âme, nous ne tenons comple que d11 , orps,• du problème exté,ieur (ex/ernal)- l'iudépeudancc nationale à la base, avec l'auto,llé illimitée et la tyrannie spirituelle, toujours suspendue au couronne111cnt de l'édilit!e. " M. Mauini et tous ses braves compatriotes, dites-vous, travailleront en vain à l'indépendance d<' leur 1,atrie, tant qu'ils adhéreront au papisme et qu'ils ne tendront pas à en ai;surer l'expulsion hors de leur p11ys." - Que peut s·gnifier cela? Est-ce adressé à Manin ou à moi-même? Si à Manin, que savez-vous de ses opiniona religieuses? Sa lettre n'est pas un programme, mais une simple répome aux paroles de lord John Russdl touchant la question a11s1ro-italiennc. Si à moi, je clé~ire vous apprendre ou vous rappeler que l'abolit,on de la papauté a été, depuis 1821, et à travers toute ma vie politique, mon Dele11da Carthago; que rarement il s'est écoulé un mois de ma ..-:esans que je n'aie prêché cela à mes compatriotes comme la question aine quâ non de leur indépendance; et que ici, en Angleterrr,je n'aie jamais assisté à 11n lieu! meeting puulic s;ws déclarer ma pensée sm le mensonge qui trône maintenant à Rome, et sur la nécessité de le précipirer dans la pous~ière et le néant, quand nous voudrons nous renure capables de gouverner nos propres affc1ires. Et c-ette pensée qui est la mienne, monsieur, e&t partagée par l'immense majorité de notre parti national. Nous mulons que l'Italie soit une, et comment pOUl'• rions-nons atteindre ce but sans chasser le pape hors de sa domination romaine, sans nous révolrer contre ms ordres, braver si>s exco111111umcatio11s, en appeler rl e lui ù. Dieu et décla,er qu'il n'est pas le délégué de Dien s11rla terre, 111ai,un pauvre misérable impo,te11r, indig1.e <l'être él'OUté et ol>éi. Nous voulons la liùerté. Et comment pourrion:,1 nous la conquérir sans émanciJJer l'in1ellige11ce, san~ effnccr Je do6me dégrada ni et qm enchaîne le, âmes, le dogme d'une autorité ~ans bornes et sans contrô:e, p1ofc bé par Rome papale, comme source de tout pou,o;r et loi morale de la VIC ? Nous vonloni;:, par dcss11s toutes choses, l'éducation. Et comment I ourrions-no11s rêver une <'Ùuc,1tion progre~si I e, 1110 ai<' el populairP, i,;ans liLerté de conscience, de peu~le, d'e11,e1g11emeutet d'ex1Hnen? E11 1530, sur le cad,1vre < 1e la liberté flo1cntine, Clément V li et Cha les Quint- un pape et un empe eur-firent u11 111«·:eo enn1 l co1111etout lib:e dévelop1 ement de notre élénit n1 po1,u!ai re nation;,l. Soyez sûr, morn,ieur, q11equand l'ltal c déchin,ra ce pacie en prèc(s, ce sera ,i la fois contre le pnpc et J'empe1eur. Mais comme,~t I ouvons-nous faire cela? Au moyen de la distritrntion des bibles? A qtii? Anx jurnes ho,nme,, de 110s villes? lis en ont moins bc~oin, je puis 1·ous l'assurer, mon- ~ em, '}UC Dublin et aulres endroits de ms îles lmtann:- ques. A nos paysans! ils ne ~avent pns li,e. Ils i-eraie11tmis en prirnn ,'ils ne reme1taient pas à leur prêtre ou à leur gendarme le livre défendu. Vous-mêmes, Anglais, ne ,,ouvez p'ls, en ce moment-ci, inscrire un ve,set de la b1b1e i;ur les tombeaux de , os propres compatriotes à Rome, et

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==