Homme - anno I - n.20 - 12 aprile 1854

à la faculté de l'obtenir. Nicolas y mit des (;ntravcs el"\ liant le titre de noLle héréditaire au rang de Juajor dans l'armée et au rang de Conseiller d'Etat au service civil. Avant lui chaque noble était électeur; lui, il fit un cens électoral. Avant lui tonte la police des· districts était active ; lui, il envoya des officiers de police (stanoii) de la couronne, som: le commandement du Capitaine de police, élu par la noblesse. Auparavant, lo code criminel russe ne connaissait pas de peine capitale. Nicolas l'introduisit pour les crimes politiques et le parricide. De même le code criminel ne connaissait pas l'absurdité de la prison, comme châtiment - Nicolas l'introduisit. La tolérance religieuse était une des bases glorieuses de l'Empire créé par Pierre Ier. Nicolas fit une loi sévère contre les hommes qui changeaient de i·eligion. La chai te donnée à la noblesse lui garantissait le droit de vivre partout où elle voulait et de prendre service dans les pays étrangers. Nicolas restreignit le droit de locomotion, le temps des voyages. Il introduisit la confiscation. Depuis Pierre III, la chancellerie secrètE:, sorte d'inquisition laïque, était abolie. Nicolas l'a retrouvée; il a form~ un corps entier d'espions avec ou sans armes, qu'il donna en apprentissage à Benker.dorff et qu'il confia plus tard à son arr.i Orloff. Avec ces moyeus, Nicolas n'a réussi qu'à enrayer le mouvement, il a mis <lespierres sous toutes les roues, et maintenant il s'indigne lui-même de ne rien voir marcher. Il veut maintenant faire quelque chose à tout prix, il y tend de toutes ses forces ... les roues sauteront peut-être et le cocher se cassera le cou. Mais il peut encore avoir le dess11s dans sa lutte avec le vieux monde, divisé, fatigué, asservi. J'ai dit, cher Linton, dans ma première lettre, que si le peu1)le russe n'avait qu'un avenir possible,-pour l'empire russe, il pouvait bien y avoir deux éventualités. J'ai la plus profonde conviction que l'impérialisme russe se dessécherait, se décomposerait et cela très vîte, en face d'une Europe libre, unie (autant que les variétés nationales le comportent.) L'autocratie de Pé1ersbourg n'est ni un principe, ni un dogme; c'est une force; et pour rester telle, elle doit toujours faire quelque chose. Faire ùe la police et de la rési:,tance, ce n'est pas faire quelque chose, et les ,autres matériaux pour une autre activité lui manquent ou lui font peur. Vis-à-vis de l'Europe révolutionnaire, l'impérialisme russe n'aurait que deux chances : l'une, c'est de devenir despotisme démocratique et social, ce que je ne dis pas ~tre absolument impossible, mais ce qui rendrait le tzarisme tout autre chose qu'il ne l'est. L'autre, c'est de se pétrifier, de s'immobiliser à Pétersbourg et de perdre chaque jour l'influence, la force, le prestige, et enfin, <lese voir chassé un beau matin par l'insurrection des paysans ou par une révolte des soldats. Près de vingt millions de serfs, aidés de cosaques profondément offensés par la perte de leurs droits et franchises ; aidés des dissidents dont le nombre <::lta force morale sont très grands, et dont la haine contre le gouvernement est irréconciliabl~, aidés d'une partie de la noblesse !... Cela peut donner à penser aux habitants du Palais <l'hiver. Est-ce que Pougatcheff n'a pas été m:iître absolu de quatre provinces pendnnt des mois entiers? Il est vrai que les mesures militaire:. sont bien autrement prises maintenant qu'elles ne l'étaient en 1777. Et pourtant je me rappelle très-bien l'insurrection des colonies militaires à Staraia-Roussa, en ] 831, à 150 kiloL'HO~1ME·. mètres de Pétersbourg et 450 <le Moscou, dans un endroit où il y a to,Jjours d:is musses clc troupes cantonnées! Les insurgés interceptèrent les communications entre les deux capitales, ~urent le temps d'exécuter tous les officiers et d'insta1ler un certain gouvernement composé des scribes des régimens .... Depuis, les idées ont marché. Le soldat russe n'est pas habitné à assommer des Russes. Un jour, dans une émeute des paysans, lors de l'installation du nouveau ministère des domaines, on envoya un régiment pour dissiper le peuple. Le peuple ne s'en alla pas, il cria, il demanda je ne sais quoi. Le général, après avoir sommé la foule, ordonna de charger les fusils et d'ajuster...... la foule ne bougea pas ; alors le général fit signe de faire feu ... Le colonel commanda : Feu!.... pas un coup ne partit. Le général étonné, stupéfait, répéta d'un air terrible : Feu ! Les sold·-its abaissèrent les fusils et restèrent immobiles. Le général. pâle comme la mort, pria le colonel et les officiers ... de garder le secret.-Cela pent se reproduire ... .L'air devient si vif, si électrique, lorsql'l'il y a révolution en Europe .... En un mot, !'Impérialisme r11sse ne peut être que très-triste et très-précaire, à côté de l'Europe révolutionnaire et libre. Il ne peut être colossal et victorieux que près de l'Europe réactionnaire. L'Europe mnnarchique, mais peu martiale, ne veut pas et ne peut pas Jaire de guerre sérieuse au Tzar. Le Tzar, cle son côté, ne peut pas s'abstenir de faire la guerre à l'Europe, à moins qu'elle ne lui fasse cadeau de Constantinople. Constantinople? - Oui, Constantinople. Il la iui faut pour que le peuple russe ait les yeux tournés vers l'Orient ; il la lui faut pour être soutenu à outrance par l'église orthodoxe; enfin, il la lui faut instinctivement, car, au fond, lui aussi est le porteur d'ulle Destinée : il continue, sans le comprendre, l'accomplissement des vues internes de l'histoire; il travaille pour rendre plus rapide la pente qui doit l'engloutir, lui ou ses successeurs. • Le temps du monde slave est arrivé. Le taborite, l'homme de la commune se sent agité ...... Est-ce le socialisme qni le réveille ?...... Où plantera-t-il son drapeau? Autour de quel centre se ralliera-t-il? Ce n'est pas Vienne, ville roc;oco-allemande; ce 11'est pas Pétersbourg, ville allemande-moderne; ce n'est pas Varsovie, ville catholique, ni Moscou, ville exclusivement russe, qui peuvent prétendre au rôle de la capitale des Slaves-Unis?- C'est Constantinople,- Rome de l'Eglise orientale, centre de gravitation pour tous les Slaves-Grecs, ville entourée d'une population Slavo-Hellène. Les races Germano-Latines continuent l'Empire occidental,- les Slaves continueront-ils l'Empire oriental? - Je ne sais, mais Constantinople tuera Pétersbourg. Pétersbourg serait une absurdité pour un Empire qui possèderait Constantinople ; et un Holstein-Gottorp, déguisé en Porphyrogenète ou en Paléologue, serait par trop ridicule, pour être possible. Ces braves émigrés allemands feront bien de rentrer dans leur patrie qui les réclame ... ou qui s'arrangera pour se passer d'eux; mais alors au prix ùe flots de sang ...... Est-ce que vous n'entendez pas, comme si c'était derrière votre porte, le Cosaque chuchottant avec deux amis qui vous trahissent et qui lui serviront de guides jusque clans le cœur de l'Europe ? Nous l'avons prédit dès 1849 (1): LEs HABSBOURGET LESHOHENZOLLERNvous AMENERONTLESRussEs. Pour le Tzar, l'invasiou est le seul moyen de popuhrité, de conservation. Ce débordement provenant <le trop de forces sans emploi, sera pour lui un moyen d'éviter les (l) Lettre à J. M:izzini, publiée dans l' Italia del P<rpulo 1849. questions intérieures, en même temps que l'assouvissement d'un désir sauvage de combat et d'agrandissement. Pour l'Europe - toute guerre est un malheur. L'Europe n'est plus d'âge où on fait des guerres poétiques. Elle a d'autres questions à résoudre, d'autres luttes à soutenir,- mais elle l'a voulu! ... C'est une expiation. Si la guerre d'invasion ne va pas à la civilisation, au développement industriel de l'Europe, la monarchie absolue, le despotisme soldatesque ne lui vont pas non plus ; et pourtant tout le continent les a préférés à la liberté. Monarchique vent <lire- militaire. C'est le régime de la force matérielle, c'est l'apothéose de la bayonnette. Il n'y a pas de Bonaparte civil, et le fils de Jérôme est lieutenant-général. Peut-être qu'au milieu de ce sang, de ce carnage, de cet incendie, de cette dévastation, les peuples se réveilleront et verront, en se frottant les yeux, que tous ces rêves terribles, dégoù.tans, affreux, ne sont que des rêves ... Bonaparte, Nicolas, manteau aux abeilles, manteau au sang polonais, empereur du gibet, roi aux fusillades-cela n'existe pas, et les peuples s'étonneront de leur long sommeil en voyant le soleil déjà long sur l'horison .... Cela peut êti;e...... mais ...... Dans tous les cas, cette guerre sera l'lntroduzione maestosa e rnarziale du monde slave dans l'histoire universelle et u,namarcia funebre du vieux monde. Je vous salue fraternellement. A. HERZEN, Londres, le 20 février 1854. JERBDY, IMPRIMERI-E UNIVER.8ELLE, 19, DOltl:'ET STREET. EN TENTE A L'IJJfPRIMERIE UNIVERSELLE, 19, DORSET STREE'l' : Les Biographù1s Bonapartiltes par Ph. RerJeau. Prix : 3 francs. LESBAGNDE'SAFRIQU HISTOIRE DE LA TRANSPORTATION DB DÉCEMBRE, Par CHARLES RII3EYROLLES. 1 volume in-8. FULBERT MARTIN, avocat français, proscrit, donne des leçons de langue française et italienne, de littérature et de musique. Il donne également des leçons et des consultations sur toutes les matières de la législation française. S'adresser au professeur, Roseville-strett, Anglesea Cottege. Réjér,nces: cheE MM. Welmann., P. Asplet et docteur Barbier. AlTIS Il sera publié avec chaque numéro un supplément spécial pom les ANNONCESdans l'intérêt du Commerce, de !'Industrie et de la Science. Les Annonces de V I tous les pays seront acceptées à la condition d'être écrites en français, conformément au spécimen ci-après. Les Avis et Annonces sont reçus jusqu'au vendredi à midi, à Londres, à la librairie et agence de l'Imprimerie Universelle, 50 lf3, Great Queen Street Lincoln's-Inn-Fields, et à l'office cle !'Imprimerie Universelle, 19, Dorset Street, à Jersey, S-Hélier, jusqu'à l'arrivée du courrierdu ma1di. Tout~ correspondances doit être affranchie et contenir 1m bon, soit sur la poste anglaise, au nom de M. Zéno SwIETOSLAwsxr, soit sur un des banquiers cle Jersey ou de Lonclrei:. Le prix des \.n ,onces est uniformément de six sous (trois pence) la ligne, pour les trois sorte3 de caractères courants employés clans ce journal. Les lignes en capitales et en lettres de fantaisie, seront payées en proportion de la hauteur qu'elles occuperont, calculée sur le plus petit texte. ABIANCHI 1~roscr~t politiqne 1 vrir un cours cl'Equitation à son manège, sur h ~ le t~i?I:, av:mtage cl'unir l'élég:mce, la légerté et . tra11ça1~,rédacteur,Parnae. ,a sohcl1te. 1 ' • , en chef pendant n fJTEL 'PROSCRITDU 2 DÉcr:,rnRE. _Les semelles so~t. ~xé_es_a;~c _cl)llaito:1 ,et, ne huit ans dn journal <JUotidiente ,'v[essagerdu Nord.! i i- p1.•oa"ess~1.11c1le.• co-i.pe la1~~cntau<'nne asperite Ill al mt1meur m _al ~xparaissant à Lille (Frnn_cc), rl,on:1eà _d_omicile ~es, l'ail/, !11' tl' Ifabits.-zg, Belmont Road, St.-Hél:cr, tér'.ei_1r-: On peut marcher à l'eau sans nmre a la laçons de langue fr:mç·11se, d anthmctrque, d'h1s. Jersey. solid1te de la_._ch__a,_1s_s_ur_e_. _ _ ___ _ toire, de géof\'raphie, de littérature, etc. -M1 ,\]-. S-Ü}\•11 DE CQJlfMJSSTON Il se charge également de toutes correspon- LmJn K0IUJECm, :1. lH_ - dan ces, écritures commerciales et autres, et des l'ROSCRITPoLrnouc l'0L0NA1s, No 3, SURLEPORTA; JERSEY• mémoires dont on lui confie la rédaction. 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