/ de Genève, titre bien mérité assurément après le meurtre odieux commis sur Servet. Nous nous abstenons ici, comme nous l'avons fait à propos du catholicisme, d'indiquer autrement que pour mémoire les nombreuses sectes nées du protestantisme. Seultment, nous résumons en peu de mots le sujet de cette esquisse : dans les religions vieilles, moyennes et nouvelles, les théologiens ont toujours fait Dieu à leur image; ils l'ont chargé de leurs vices e_tde leurs crimes; ils ont menti aux peuples et à leur conscienee. Théologiens catholiqu,is, vous heurtez le bon sens et la .raison en créant, pour le besoin de votre cause, une virginité miraculeuse à la femme qui met au monde plusieurs enfants. Vos prétendus miracles sont le dogme de l'abrutissement. Théologiens protestants, en repoussant le culte de la vierge, vous êtes illogiques, vous niez votre première majeure puisque vous acceptez la Trinité, au milieu de laquelle brille }'Esprit saint qui féconde Marie. Enseigné comme il l'est, votre culte n'est pas moins atrophiant que celui du catholicisme. Théologiens de toutes les sectes, revenez à des idées plus saines et plus dignes, à des sentiments plus humains; :repoussez loin de vous l'esprit des clergés anciens, esprit faux, hypocrite, perfide, ambitieux, cupide et dominateur; songez, hommes qui vous dites sacrés, combien vos dé- :plorables disputes ont coftté de sang à l'humanité. Soyez en même temps sincères et <ilairvoyants ; avouer. avec franchise que le sentiment religieux, le culte à Dieu, est rénfermé dans ce peu de mot : l'amour du bien et du juste, la morale_sociale enfin. 't" ;,, •. J. CAHAIGNE. CORRESPONDANCE DE LONDRES. , .' ·i,r~i: • ·i~dr'es;·24 mars _185·1'. ,,·;. .. ;:,n;v•i~-.~)' ~'~,·:. ' LA GUERRE EST OFFICIELLE-MENT 1 DÉCLARÉ_E .A. LA RUSSIE. • • ,'. : 'Un-message de la Reine d'A_ngletërre an Parlement, a/1iEmperell1· au Sénat et au Coil}l.l;Mgislatif font simultanément annoncé à l'Europe. J;,e Monit~tr;i aff~i:m_equ'à- l'heur<!-·où jé vous écris, les généraux Canrohe~t,, ~9r;s,qµet e~ ,Ma1;tfmprey débarquent à Gallipoli avec 1\tvant-gârde ,française (4 000 hommes); 15 000 homme~ les euivèiit; dëjà'rpartis•d'Alger, de Toulon ou de M;rseille; vers le commencement de mai; 50,000 Français seront en ligne. La 1re division anglaise a reçu l'ordre de quitter Malte ; la 2e se rendra directement d'Angleterre à Constantinople. Dans un mois, l'armée alliée, forte <le S0,000 hommes environ, fera face aux Russes. Lord Bloomfield, a,1bas-adeur à Berlin, a fait savoir à l'amiral Napier le refus du Czar même de répondre aux sommations, et lui a donné l'avis de commencer les opérations. La flotte est entrée dans la Baltique, et se dirige vers l'île de Gothland; mais les glaces arrêteront encore quelques jours l'ardeur belliqueuse de " Ch11rley.'' Le Czar fait éteindre les fanaux et retirer tous les sianaux, de façon à rendre très périlleuse la navigation ; on parle d; roche11chargées de poudre et jetées devant Kronstadt pour fairè explosion au passage de la flotte anglaise, la poudre correspondant par des fils électriques à une loatterie galvanique de la forteresse; des préparatifs formidables sont faits par les Russes pour défendre leurs côtes... . . Mais, sur le Danube, de graves llvènements se sont accomplis déjà. Les Russes ont franchi le fleuve "sur trois points ; entre Ibraïla et Galatz, et à Talscha, vers l'embouchure et à Oltenitza, un peu plus haut. Les deux derniers passages ont été disputés, et les Turcs ont été vaincus: Matschin est assiégé par le général Luders; les génfaaux Gortschakoff et Ussakoff occupent le pays situé entre le Danube et la 11'1erNoire, au nord de Silistrie ; selon les Russes, 120,000 hommes auraient franchi le Danube, Une autre tentative des Russes pour passe!' le fleuve, au centre de la ligne tur<tue, auraient été repoussée selon les uns, victorieuse selon d'autres qui disent que les Turcs lltaient rentrés dans leurs retranchements, mais que les Russes conservaient leur position tur la rive droite du Danube. Pendant ce temps, le·s Turcs concent.rlls à Kalafat s'apprêtent à écraser - c'eRt leur espoir - l'aile droite des Russes et à reconqufair la petite Valachie. Le colonP.l l>ieu, un Français, doit, dff-on, diriger cette opération. - Omer Pacha, très confiant dans eon plan stratégique, écrivait à son gouvernement, il y a qut-lques jours, qu'il souhaitait de voir les Russes passer le Danube; son 11œu est exaucé, presque sans résistance de sa part ; nous verrons :;'il aur.:1beaucoup à se réjouir de cette manœu'vre. Les flottes sont encore dans ]'Hellespont; la flotte russe, escortant •m convoi de troupes destiné à l'armée de Géorgie, a quitté Sébastopol. On prétend, d'autre part, que le~ Russes abandonnent leurs forteresses du Caucase. - La Rétribution est revenue à Constantinople apportant la nouvelle que les Russes avaient fermé l'embouclrnre du Danube par des ensablements et des tra- -yaux qui rendaient la navigation impossible; les vaisseaux de commerce anglais et français, en ce moment sur le fleuve, ne pourront donc gagner la Mer Noire et seront sans doute caprurés par la flotille russe qui croise devant Ismaïlow ? L'insurrection des Grecs fait des progrès en Epire et en Thessalie. Pourtant Arta et J anina sont toujours au ponvoir des Turcs; plusieurs villages ont fait leur soumission ; la ville de Larissc a déclaré qu'elle ne se révolterait pai;; et Fuad-Effendi, envoyé pour administrer les provinces insurgées; a débuté par promettre une amnistie. En même temps, la France, l'Angleterre et_la Turquie . ont signé un traité d'alliance, réglant les conditions du concours des Puissances occidentales, et accordant aux sujets chrétiens du Sultan leur émancipation légale, leur admissibilitll à tous les emplois, l'égalité devant la loi, et _l'abolition de l' Haratscli, impôt ;Xclusivement lcvll sur les Chrétiens. Certes, ces mesures, tout importantes qu'elles• paraissent, ne donnent encore aux Grecs ni l'indépendance ni même la sécurité qu'ils réclament; mais leur inllurrection, qui eftt excité tant de sympathies en d'autres temps, est plus qu'inopportune alors qu'elle vient en aide aux intrigues du Czar, ce souverain a décidé d'ailleurs à ne pas permettre .1m accroissement du puissance du royaume Hellène? En Grèoe, et dans les îles Ioniennes même, une grande agitation populaire vient en aide à l'insurrection par des souscriptions -9tt des enrôlemens. Plusieurs généraux, des anciens ministres, des fonctionuaires aupfaieurs ont résignli leurs fonctions pour se jeter dans les rangs de leun frères. Le roi Othon a déclaré qu'il se L'HOl\'I1tiE. couperait la main plutôt que d'ordonner de comprimer ce mouvement; et l'ambassadeur Turc a quitté Athènes. Pourtant, les concessions du Sultan, l'envoi de troupes et de vaisseaux vers les districts insurgés, les représentations des agens anglais et français, leurs menaces même, ont un peu calmé les esprits. A Corinthe, le jeune Colocotroni n'a trouvé que des refus; et de vrais patriotes, l'amiral Kanaris, le général Kalergi, les Mavromichali, engagent leurs compatriotes à ne pas s'engager dans une lutte inutile et périlleuse même pour l'indépendance de la Grèce actuelle. L'Autriche, qui avait si haut annoncll qu'elle ne permettrait pas aux Russes de passer le Danube, conclut avec la Prusse et les autres états germaniques un traité pour faire respecter la neutralité de l'Allemagne. Les illusions de nos diplomates à l'endroit des Cours germaniques ne se dissipent pourtant pas encore; on espère en l'alliance de ces vassaux du Czar! Il est même question de sacrifier à l'alliance autrichienne la Constitution piémontaise, que M. <leRével Ile chargerait de réviser sous l'appui des grandes Puissances. Le duc de Parme - un Bourbon - revenant de la chas~e, entre clans un mauvais cabaret; un soldat, qui lisait un journal, salue et continue de lire. Le duc l'apostrophe ; le soldat répond qu'il croyait que son prince voulait ga,rder l'incognito en entrant dans un si mauvais lieu. Le duc le frappe, le soldat le tue ......... Son fils, un enfant de cinq ans, h1i succède; sa femme (llfademoiselle, sœur <leHenry V) a pris la régence, renvoyll le ministère, donné le pouvoir à des quasi-libéraux, et signifié au favori de son mari de ne plus rentrer à Parme. Ces mesures ont, pour le mome!i!t, calmé les esprits. Les journaux anglais font remarquer la fatalité qui pèse sur cette femme dont le père (le duc de Berry) et le mari ~ont morts assassinés ..... . L'emprunt français, par voie de souscription nationale, a produit 4û7 millions, pris par 981000 souscripteurs, dont 60,000 pour 49 millions. Ces derniers sont maintenus comme souscripteurs ; on réduira les autres de façon à ne prendre que 250 millions. Heureux M. Bineau ! Nul capitaliste n'eût osé conclure un emprunt de 500 milnons; et, par voie de souscription, le trésor pourrait les recevoir; et cela, en se donnant l'appui de 98,000 créanciers, dont 26,000 seulement à Paris, la ville qui, jusqu'ici, concentrait presque tous les titres de rente ... L_es feuilJes anglaises plaisantent le Ministre, dont tout l'embarras consiste à faire reprendre à ses créanciers l'aq~ent qu'ils lui offraient; sérieusement, cette facilité d'ajourner la crise financière qui doit tôt ou tard emporter l'Empire est un triste symptôme ...... Les Etats- Unis sont au moment de rompre avec l'Espagne, un bâtiment américain ayant été saisi et vendu à Cuba sous prétexte de contrebande. Le général Piei_-cea· déclaré que, s'il n'était pas fait droit à ses réclamations, il agirait énergiquement. Les EtatsUnis saisiront sans doute avec empressement l'occasion de prendre Cuba; r.i l'Espagne y abolissait l'esclavage, peut-être cela feraitil reculer lPs Etats du Sud, les plus animlls aujourd'hui pour cette conquête qui renforcerait le parti clc l'esclavage? On annonce, pom la semaine prochaine, le départ des princes et des génllraux en chef1 le <luede Cambridge, le prince Napoléon, Lord Raglan et le maréchal St.- 1-\.rnaucl. Des correspondances affirment que ni Lord Raglan, ni Omer Pacha ne veulent subir le commandement du Ministre du Deux-Décembre ; les 500 mille francs de traitement ne les rassurent pas, sans doute .. Quoiqu'il en soit, les iuttes des chefs commencent avant l'entrée en campagne; que sera-ce devant l'ennemi? L' Univers accuse faussement l'Homme d'appeler les Cosaques : que n'aurions-nous pas à rétorquer à ceux qui se sont vantés de préférer les Cosaques à la Révolution, et qui exposent aujourd'hui la France à une invasion, à une conquète, plutôt que de faire appel aux seules forces capables de refouler le czar, la Pologne et la Hongrie ? Le colonel Piaciani, proscrit italien, nous adresse 1a lettre suivante : Au citoye11Ph. Faure, à Londres. Mon cher citoyen, Dans votre correspondance adressée au journal l'Homme, le 10 mars dernier, en parlant des Polonais, des Hongrois et des Ita .. liens, vous dites : "Et les patriotes de ces malheureux pays, dé- " sireux avant tout de revoir leurs patries indépendantes, scraien t "peut-être disposlls à seconder celui des deux despotes, (Bona- " parte ou Nicolas) qui relèverait leur bannière nationale.'' A cette demande, en ce qui regarde les Polonais et les Hongrois, je ne puis répondre que ceci : J'espère, je cr-ois qu'aucun démocrate de ces pays ne se laissera prendre à un pareil piège. En ce qui concerne les Italiens, j'affirme qu'ils ne se rallieront pas au despotisme. Je n'entends pas soutenir que certains Italiens ne seraient pas disposés à seconder l'un ou l'autre des deux despotes, peut-être les deux à la fois, s'ils marchaient d'accord, ce qui n'est pas impossible, pour relever w1e bànnière nationale, voire même s'ils ne la relevaient pas. On a trouvll des Français prêts à seconder l'élu du Dix Décembre quand il leur promettait le suffrage universel, on en a trouvé pour le nommer, on en trouve encore pour le servir. Malheureusement on rencontre toujours des criminels, des escrocs et des dupes. Le vol à l'américaine est bien connu en France, et malgré cela, Bonaparte y a gagné une couronne impériale, une liste civile et un manteau aux abeilles ; on trouve partout de ces hommes, en Italie comme ailleurs; on doit les mépriser ou les plaindre, mais ni vous ni moi ne pouvons les appeler patriotes, ni les confondre avec les i;rais patriotes. Les véritables patriotes sont ceux-là seulement qui ne voient pas de vérité en dehors de la justice, qui ne reconnaissent p:is d'intérêt en dehors du droit, qui n'admettent pas d'opportunitll en dehors des principes. Pour ma part, je repousse toute solidarité avec les autres, quelque soit le nom qn'ils se donnent. Libre à eux de seconder le Czar d'Orient ou celui d'Occident. Ces genslà ne sont point patriotes, ce sont des ambitieux ou des aveugles. Les vrais patriotes doivent avoir au moins le désintéressement et l'intelligence du cœur. Les patriotes savent que l'indépendance sans la liberté n'est qu'un mot; 11uela liberté sans la République n'est qu'un mensonge; qu'une Rllpubliqne qui n'est pas démocratique et sociale n'est qu'un pa1jure; qu'une démocratie et un socialisme restreints aux limites d'une nationalité, sans solidarité de pensée et d'action, est une trahison. Bien convaincus de ces vérités incontestables, les vrais patriotes italiens ne seconderont jamais les despotes; ils ne souffriront pas que les rois salissent leur bannière; ils veulent la relever pure de toute souillure ou mourir dessu~, en la défendant. Eux aussi pourront <lireen succombant, s'ils doivent succomber encore : Tout est perd" for l'honneur. • Si les fautes, les embarras et les exigences de la position respecti-Yedes despotes hâtent le moment de relever cette bannière, tant mieux; les démocrates ne manqueront pas, j'espère, d'en profiter, Mais le drapeau des patriotes italiens, c'est votre drapeau à vous, c'est notre drapeau à pous, c'est le drapeau commun à tous, les républicains. L'étendard qui représente les droits et les devoirs des peuples doit être unitaire puisciue l'humanité est une. Le drapeau que les patriotes italiens se préparent à relenr conjointement avec les patriotes dea autres nationalit6s, les vrais pa• triotee de tous les pays Je relèveront en même temps. Qu'importe la phalange qui aura la première l'honneur de le présenter à l'ennemi commun, cela doit dépendre des circonstances!. .. Vienne cet instant dêsiré et le devoir <letous sera de seconder ce nouvel t>ffortde la Démocratie; jusque là, il faut bien se garder de seconder les despotes,--quels qu'ils soient. Voilà la réponse que pour ma part, comme patriote italien, je crois devoir faire. J'espère que vous voudrez bien la transmettre au journal l'Homme. Je vous remercie de m'avoir fourni l'occasion d'exprimer ce~ sentiments qui ~ont ceux des vrais patriotes italiens, et en même temps de déclarer l'estime particulière que je professe pour vous. .Agréez, citoyen, mes salutations fraternelles. PIANCIA:SI, Nous sommes heureux d'avoir à insérer cette lettre, nouveau témoignage de la solidarité des peuples ùans la Démocratie. Mais le citoyen Pianciani, en saisissant cette occasion de manifester son aversion et celle des républicains Italiens pour les alliances perfides des despotes et des puissances, ne fait que confirmer ce que nous avions écrit, dans la phrase de notre correspondance qu'il cite, en la tronquant, et dont voici le texte : " Les patriotes de ces malheureux pays (Pologne, Hongrie, " Italie), désireux avant tout de revoir leurs patries indépendantes, " seraient peut-êtres dispo~és, malgré les avis de leurs cam.arade3 " démocrates, à seconder celui des deux despotes qui releverait " leur bannière nationale. '' La lettre du citoyen Pianciani est une preuve de plus que les avis des démocmtes Italiens-et aussi, nous n'en doutons pas, Hongrois et Polonais-sont opposés aux intrigues des despotes. Mais elle ne détruit pas ce fait incontestable, et que constate encore la lettre de Manin : il y a des Italiens -comme des Français, -des Hongrois, des Polonais, PATRIOTES avant tout, et voulant la patrie libre sans s'attacher à telle ou telle doctrine politique ou sociale. Ceux-là disent, comme les démocrates : Fuori li stranieri ! Dehors l'lltranger !-Mais ils ne partagent pas notre défiance et notre haine à l'endroit des rois ou des empereurs; et ils accepteraient l'affi-anchi~sement de leur patrie d'un Bon:1parte, d'un Nicolas, comme jadis <l'un Charles Albert ou d'un P10 IX. Voilà tout ce que nous avons voulu <lire; et cela n'atteint en rien l'honneur de h démocratie italienne. Salut fraternel. Ph. FAURE. L'inauguration du drapeau de la République universelle dans les Deux-Mondes, la grande "toix sociale éclatant à la fois en Europe et en Amérique, présente un fait de trop haute importauce pour être passé sous silence. Voici le discours prononcé à New-York, le 24 Février dernier, par le citoyen Boccaris. Nous appelons sur cette page toute l'attention de nos lecteurs: CITOYENS! Nous célébrons aujourd'hui l'anniversaire du plur grand événement des temps modernes, de la manifestation la plus éclatante du progrès de la raison humaine et de l'amoindrissement incurable de l'empirisme social. Le temps, qui a la propriété de calmer tontes les effervescences et de faire jaillir la lumière du sein même des ténèbres, nous permet aujourd'hui d'envisager, avec le calme et la sincérité d'une conviction profonde, les causes et les effets de ce prodigieux mouvement de Février 1848. Cette grande et glorieuse année nous offre pour spectacle. 1rnique dans l'histoire, l'Europe toute entière, saisie d'un sublime délire, mue par des sentiments puisés aux sources les plus mystérieuses du cœur humain, brisant partout ses fers, et partout, en acclamant le dogme social et humanitaire : Liberté ! Egalité! Fraternité! devant dissiper les ténèbres et montrer au monde, tressaillant d'allégresse, l'aurore de la République universelle. Hasard heureux !... coup de main hardi !... fléau providentiel, suscité par Dieu pour châtier les hommes à cause de leur impiété, disent ceux qui, vivant du passé, veulent immobiliser l'humanité dans une halte éternelle. Ils ne comprennent pas, ces aveugles et opiniâtres champions de la stabilité, malgré la fréquence de ces prétendus fléaux, qu'ils résultent de causes dont rien ne peut trou. bler le µiajestueux développement. Tout ici-bas, comme dans le reste de l'univers, obéit â une loi générale, je dirai presque fatale, puisqu'elle ne laisse à tout ce qui est, comme à tout ce qui vit, que la liberté du mouvement en avant, c'est-à-dire d'un dévelop. pement et d'une transformation progressive sans fin. Naître, croître et se développer, passer d'une condition moindre à uue condition meilleure, sans qu'aucune puisse jamais fixer cette perpétuelle migration, telle est la loi des êtres intelligents et libres. Tout ce qui tend à faire obstacle à cette évolution ascendante produit le dé:sordre ; le désordre engendre la souffrance, et de la souffrance naît ce désir de la faire cesser. Ce désir, sans cesse aiguillonné par la cause qui l'a fait naitre, amène inévitablement une explosion qui détruit ou amoindrit l'obstacle et l'ordre, c'est-à-dire la marche en avant, après un bond, une vaste enjambade, reprend son cours normal et régulier. Les révolutions sociales n'ont pas d'autres causes que celles-là ; mais comme cette cause n'est jamais bien clai. rement perçue, ce qu'implique son essence métaphysique, et que d'un autre côté son existence apparente se résume et se concrète en intérêts sociaux représentés et défendus avec acharnement par des hommes et des partis, il arrive toujours que les révolutionnaires, égarés par l'erreur et l'empirisme au milieu desquels ils ont vécu, dirigent tous leurs efforts contre ces hommes et ces partis, c'est-à-dire contre les apparences et les réalités secondaires, tandis qu'ils laissent subsister presque intégralement le principe d' Jutorité, générateur du désordre qu'ils ont mission de remplacer par le principe de liberté, générateur de l'ordre! Le principe d.e libert6 représente le mouvement; le le ptincipe d'autorité représente la résistance. Ce dernier, tl'ltéla.ire et civilia3teur à l'erigine, est, nec le temps et
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==