écoles d'oLéissance Mgrad:rnte ou d"enthousiasme im1&- cile ; le bruit, l'éclat, la gloire, les pompeux bulletin~, les chants de triomphe, mais :in bout de tout cela l'abaissement des caractères ; et enfin, franc:hissant Je Rubicon, passant à la nage Je flenve de sang répandu pour lui et par lui, César!" Aujourd'hui nous n'avons plus à l'attendre, ce César : il est déjà venu <leux fois, dans son guetapens et dans sa pourpre qui est le sang des Républiqnf>s;il a fait d complété son code de l'arhitraire; toutes ses disciplines sont_debout. L'obéissance est absoluejusqu'à la bassesse; sous ses institutions-gibets, ~t dans le silence de toutes les libertés, l'on n'entend p111sque ses fanfares. Prêtres, magistrats, généraux, tous les félons et privilégiés sout derrière lui qui lui font cortège .... et l'on va faire la guerre! " Légi51atew patriote à qui je réponds, disait encore " Robespierre, que proposez-vous pour prévenir ces dan- " gers et pour combattre cette ligue ? vous dites : " que '' m'importe ? la liberté triomphera de tout." Est-ce que vous n'Nes pas chargé d'assurer son triomphe en déconcertant les complots de ses ennemis ? La défiance est un étal affreux, selon vous! beaucoup moins affreux que la confiance stupide qui a causé tous nos embarras et tous nos maux. Oh, ne calomniez pas, législateur patriote, ne calomniezpas la défiance; laissez aux brigands qui veulent envahir et profaner le temple, le soin de combattre les dragons qui en défendent l'entrée. Est-ce bien à Manlius à trouver )mportuns les cris des oiseaux sacrés qui doivent sauver le Capitole ? la .défiance est la gardienne des droits du peuple ; elle est au sentiment profond de la liberté, ce que la jalousie est à l'amour. Si on nous trahit, dites-vous encore, le pe~le est là ; mais vous ne pouvez ignorer que l'insurrection, que vous <lésiguez ici, est un remède rare, incertain, extrême. Le peuple était là, dans tous les pays libres, lorsque des hommes l1abiles, après l'avoir endormi un instant, l'ont enchaîné pour des siècles. Le peitple était l(/,, lorsque au mois de juillet, son sang coula inopinément au sein même de cette capitale ; et par quel ordre? Le peuple est lrt; mais vous, représentants, n'y êtes-vous pas aussi ? Et qu'y faites-vous, si au lieu de prévoir et <le déconcerter les projets dé ses oppresseurs, vous ne savez que l'abandonr1er au droit terrible de l'insurrection et aux résultats du bouleversement des empires ? . . . Counaissezvous quelque peuple qui ait conquis sa liberté, en so11tcna11tune guerre étrangère, domestique et religieuse, sous les auspices du despotisme qui la lui avait suscitée ? Les Américains, dont vous citez l'exemple, avaient-ils à combattre au de<lans le fanatisme et la trahison, àu dehors une ligue formée contre eux par leur propre gonverneroent? Gui<léspar Washington et secondés pur les fautes de Cornwalis, ils ont triomphé : eussent-ils triomphé, dites-Hloi, gouvernés par les ministres et conduits par le général de Georges III ?........ . ......... "Oui, domptons nos ennemis du dedans, et ensuite marchons à l'ennemi du dehors, marchons à tous les tyrans clela tene. A cette condition, moi aussi, je demande la guerre à grands cris. Que dis-je ? cette condition ne fut-elle pas remplie, je la demande encore, je la demande, non comme un acte de sagesse, !Ilais comme la ressource du désespoir. Et plus tard, dans un discours-réplique, toujonrs fidèleà cette pensée de défiance profonde qui fut le ,alut cle la première révolution, il disait encore : " ...... Il est clans les révolutions des mouvements contraires et des mouvements favorables à la liberté, comme il est dans les maladies des crises salutaires et des crises mortelles. "Les mouvements favorables sont ceux qui sont dirigés directement contre les tyrans, comme l'insurrection des Américains, ou comme celle du 14 juillet ; mais la guerre clu dehors, provoquée, 1lirigée par le gouvernement des circonstances où nous sommes, est un mouvement à contresens ; c'est une crise qui peut conduire à la mort du corps politique. Une telle guerre ne peut pas donner le change à l'opinion -publique, faire diversion aux justes inquiétudes de la nation, et prévenir la crise favouble que les attentats des ennemis de la liberté auraient pu amener. C'est sous ce rapport que j'ai d'abord développé les inconvéniens de la guerre. Pendant la guerre étrangère, le peuple, comme je l'ai déjà dit, distrait, par les événemens militaires, des délibérations politiques qui intéressent les bases essentielles de sa liberté, prête une attention moins sérieuse aux sourdes manœuvres des intrigans qui les minent, du pouvoir exécutif qui les ébranle, à la faiblesse ou à la corrnption des représentants qui ne· les défendent pas. Cette politique fut connue de tous temps, et quoiqu'en ait dit M. Brissot, il est applicable et frappant, l'exemple des aristocrates de Rome, que j'ai cité. Quand le peuple réclamait ses droits contre les usurpations ùu sénat et des patriciens, le sénat déclarait la guerre ; et le peuple, oubliant ses droits et ses outtages, ne s'occupait que de la guerre, laissant au sénat son empire, et préparant de nouveaux triomphes aux patriciens. La guerre est bonne pour les officiers militaires, pour les1ambitieux, pour les agioteurs qui spéculent sur ces sortes d'événemens ; elle est bonne pour les ministres, dont elle couvre les op~rations d'un voile plus épais et presque sacré ;· ellt; est lionne pour la L'HOlIME. coar ; e1Je est bonne pour le pouvoir exécu:iî, ùont elle augmente l'autorité, la popularité, l'ascendant ; elle est b'.rnne pour la coalition des nobles; cles intrigans, des modérés qui gouvernent la France. Cette faction peut placer ses liéros et ses membres à la tête de l'armée ; la cour 11ent conner les forces de l'état anx hommes qni peuvent la servir dans l'occasion, avec d'autant plus de succès qu'on leur aura travaillé une espèce de réputation de patriotisme ; ils gagneront les cœurs et la confiance des soldats pour les nttacher plus fortement à la cause du· roya!isme. '' ......... Comptez-vous pour rien le droit de vie et de mort arl,itraire <lont la loi va investir nos patriciens militaires dès le moment où ]a nation sera constituée en guerre ? Comptez-vous pour rien l'autorité de la police qu'elle remet aux chefs militaires dans toutes nos villes frontières ? A-t-on r(•pondn à tous ces faits par la dissertation sur la tl.ictatnre des Romains, et par le parallèle de César avec nos généraux? .... , . '' ... Nos gGnéraux, dites-vous, ne nous trahiront pas ; et si nous étions trahis, tant mieux ! Je ne vous dirai pas que je trouve singulier ce goût de trahison ; car je suis en ce]a parfaitement de votre avis. Oui, nos ennemis sont trop habiles pour nous trahir ouvertement, comme vous l'entendez; l'espèce de trahison que nous avons à redouter, je viens cle vous la développer ; celle-là n'avertit point la vigilance publiq 1.1e; elle prolonge le sommeil du peuple jusqu'au moment où on l'enchaîne; celle-là ne laisse aucune ressource , celle-là.... tous ceux qui endorment le peuple en favorisent le succès ; et remarquez bien que, pour y parvenir, il n'est pas même nécessaire de faire sérieusement la guerre, il suffit de nous constituer sur le pied de guerre ; il suffit de nous entretenir de l'idée d'une guerre étrangère : n'en recueillît-on d'autre avantage que les millions qu'on se fait compter d'avance, on n'aurait pas tout-à-fait perdu sa peine. Ces vingt millions surtout, dar1s le moment où nous sommes, ont au moins autant de valeur que les adresses patriotiques où l'on prêche au peuple la con:fiance et la guerre." ..................... ······ ............... ······ .................. . Il ne s'agit plus, aujourd'hui, de vingt pauvres millions demau<lés au nom du pou voir exécutif, en face d'une coalition qui s'armait au loin et qui pressait toutes nos frontières. On fait beaucoup mieux, on· err!prunte Q50 millions qu'on espère doubler, grâce aux collecteurs policiers de Décembre, et le départ des navires, le départ <les soldats semblent s'opérer avec une lenteur calculée : on est en retard sur tous les points, quoique les forces soient, de~is longtemps, levées et massées. Ah! si Robespierre avait à s'expliquer sur cette guerre étrange, masquée, ténébreuse, qui se traîne d'embûche en embO.cheet de mystère en mystère, entre des acteurs qui lappellent Nicolas, Bonaparte et l'Angleterre ; s'il avait pu suivre, comme 0011s,la politique tortueuse, immorale, à double ambition et double espérance de ce traître des rruileries dout le pied ne s'engage que dans les ténèbres, combien ses défiances auraient été plus actives, plus opiniâtres et plus sévères ! avec quelle énergie il aurait poursuivi le voleur dans son ombre et dénoncé ses stratag·èmes à cette France, toujours trop facile, mais jamais perfide et qui va tomber derrière ce prologue de l'Orient, dans les grandes guerres dont l'invasion est le couronnement ! Pas pins que nous, Robespierre n'aimait la guerre qui livre toutes les libertés à la force, qui pourrit les civilisations et qui fait les Césars. Il ne la comprenait, comme nous, que nationale, e~traînant les peuples, et, pour ainsi dire, religieuse : dans ces données, il ne la craignait pas ; i_l 'appelait de toutes les audaces de son esprit et de tous les cris de son cœur. Mais qu'aurait-il dit, s'il avait vu la France asservie au-dedans, livrée aux bandits de Décembre qui sont marqués pour toutes les trahisons, et se laissant entraîner, sans liberté, sans presse, sans tribune, dans cette embûche de l'Orient, qni, pour un temps prochain, cache les grandes guerres : Il aurait dit ce qne nous disons, hélas ! - Le Cosaque reviendra ! Ch. Rrn. . . VARIETES. . LA RUSSIE ET LE VIEUX MONDE. (Première lettre à M. LINTON, Esq.) Quel est, à votre avis, l'avenir de la Russie? Chaque fois que je dois répondre à une qttution pat·eille, je réponds par une qt,estion à mon tour. La vojci : l'Eurepe est-elle, ou non, capable d'une régéntraûoD sociale? - Cette q:1estion est gra,·e ! Car si le peuple rnsse n'a qu'un seul avenir, il y a peut-être deux éventualités pour l'avenir del' Empire russe; des deux, laquelle se réalisera? cela dépend de l'E11rope. Il me semble, à moi, que l'Europe, telle qu'elle e:ciste, a terminé son rôle ; ]a dissolution va d'un train exorbitant depuis 1848. Ces paroles effrayent, et on les conteste sans s'en rendre compte. Certainement, ce ne sont pas les peuples •qui périront, mais les Etats, mais les institutions romaines, chrétieflnes, féodales et juste-milieu-parlementaires, monarchiques ou républicaines, peu importe. L'Europe doit se transformer, se décomposer, pour entrer en de nouvelles combinaisons. C'est ainsi que le monde romain se transforma en Europe chrétienne. Il cessa d'être lui-même; il n'entra que comme un des éléments - les plus actifs - dans la constitution du nouveau monde. Jusqu'à nos jours, le monde européen n'a subi que des réformations; les base:. de l'état moderne restaient intactes : on continuait sur le même fond en améliorant les détails. Telle a été la réforme de Luther, telle la Révolution de 1789. Telle ne sera pas la Révolution sociale. • Nous sommes arrivés à la dernière limite du replâtrage; il est impossible de se mouvoir dans les anciennes formes sans les faire éclater. Notre idée révolutionnaire est complètement incompatible avec l'état de choses existant. L'Etat, basé sur l'idée romaine ne l'absorption de l'individu par la société, sur 1a sancti:fication de la propriété accidentelle et monopolisée, sur une religion consacrant le dualisme le plus absolu (même dans la formule réro1utionnaire Diett ET le Peuple),- n'a rien à donner à l' AYenir que son cadavre, que ses éléments chimiques émancipés par sa mort. Le socialisme, c'est la négation de tout ce que la République politique a conservé de la vieille société. Le socialisme, c'est la religion de l'homme, la. religion terrestre, sans ciel : c'est la société sans gouvernement, c'est l'accomplissement du christiani&me et la réalis&tion de »i. Révolution. Le christianisme a fait de l'esclave nn fils de l'homme, la Révolution a fait de l'affranchi un Citoyen, le socialisme veut en faire un homme ( car la cité doit dépendre de l'homme et 11011 l'homme de la cité). Le christianisme moBtre aux fils des hommes, comme idéal, le fils de Dien, - le socialisme va -plus loin, il déclare le fils majeur ...... et, comme tel, l'homme veut être phs que fils de Dieu,- il veut être lui-même. Tous les rapports entre la société et les individu~, et -ceux même entre les individus doivent être totalement changés. Or, la grande question est maintenant de savoir si les peuples germano-romains auront la force cle subir cette métempsycose et s'ils l'auront maintenant? L'id-ée de la révolution sociale est européenne. - Cela. ne veut pas dire que les peuples les plus capables de la réaliser soient les peuples de l'Occident. Le christianisme n'a été que crucifié à Jérusalem. L'idée sociale peut bien être un évènement, une dernière Yolonté, une limite an-delà de laquelle le monde occidental ne peut aller? Elle peut aussi être l'entrée solennelle dans une nouvelle existence, l'acquisition de la t Jge virile ? L'Europe est trop riche - pour risquer son va-tout; elle a trop à conserver, elle est trop chilisée dans ses régions supérieures et trop peu dans les inférieures, pour s'élancer à corps perdu dans une révolution si comp!ète. Républicaius et monarchistes, déistes et jésuites, bourgeois et paysans .... tous, en Europe, sont des conservateurs. Il n'y a· de révolutionnaire~ - que les ouvriers. L'ouvrier peut sauver le vieux monde d'uue grande honte et de grands malheurs. - Sauvé par lui, le vieux monde ne se survivra pas un jour. C'est que nous serons alors en plein socialisme militant- et la question sera résolue positivement. Mais l'ouvrier peut, aussi, être terrassé - comme dans les journées de juin. La répression sera encore plus cruelle, plus terrible. Alors la destruction du vieux monde doit entrer par une autre porte, et la réalisation même de l'idée sociale peut se produire dans une a11tremoncle. Regardez un peu ces deux plateaux immenses qui se touchent par la nuque - des deux côtés de l'Europe. Pourquoi sont-ils si grands, à quoi se préparent-ils, qu'elle est cette passion d'activité, d'agrandissement qui les dévore? Ces deux mondes, si opposés l'un à l'autre, auxquels pourtant il est impossible de refuser quelque analogie :- ce sont les Etats-Unis et la Russie. Personne ne doute que l'Amérique ne soit la véritable continuation du développement de l'Europe et rien que cette continuation,- denuée de to~te initiative, de toute invention, comme elle l'est, 1'Amérique est prête à recevoir l'Europe, à réaliser les idées sociales, mais elle ne viendra pas achever le vieil éùi:fice...... elle ne quittera pas ses plaines fertiles. Peut-on affirmer la même chose du monde slave ? Qu'est-ce que le monde slave? Que veut ce monde muet qui a. traversé les siècle, depuis la migration des peuples jusqu'à nos jours clans un continuel à :,arte, sans desserrer les deuts? Monde étrange, ne faisant cause commune ni anc l'Europe ni avec l'Asie. L'Europe devient catl1olique, l'Orient muiulm~n, le Jll.1>11de s1ne - îfec.
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