Homme - anno I - n.18 - 29 marzo 1854

de la lettre qui suit, le Bonaparte ne se fait faute de travailler la Sicile et la Lombardie par une propagande propre à servir ses desseins cachés, et dont il usera selon que l'indlqueront les circonstances. Est-ce qne les hommes d'état anglais n'ouvriront ·pas enfin les yeux -~ " Monsieur, " D'après le compte-rendu publié par le JJf orning Cnronicle, et reproduit par les journaux français, lord John Russell aurait dit, à propos <le l'Italie, dans la séance <lu 13 mars de la chamhre des Communes:" Je " uois que les Italiens ne poinraient J'.icn faire de plu, " nuisible au but qu'ils se proposent que de se soulever " contre Je gouvernement autrichien; et je crois, au con- " traire, que s'ils restent trauquilleil, il viendra un temps " où ce gouvernement sera plus humain tt donnera plus " de privilèges populains que l'Italie n'en.. pourrait ob- " tenir par une insurrection." " Je sellicite de votre complaisance une place dans ntre journal pour protester contre ces paroles. . • " Si ces paroles o-a d'9utres analogues exprimant la même pensée ont été réellement prononcées p:ir lord John Russell, on ne peut se défendre d'un sentiment de surprise pénible en ,,oyant un homme d'Etat aussi éminent, dont la haute intelligence, la bonne foi et les intentions bienyeil!:mtes ne peuvent être révoquées en cloute par personne, s'être formé une idée a1 .1~si i11exacte de la '}le11tion italienne. " Dire_ que, pour obtenir le but que nou.s nous proposons, nous devons nous tenir tranquilles, et attendre du temps que le gouvernement autrichien devienne humain et lihéraJ, c'est montrer qu'on ne connaît point le but que nous nous proposons. " Nous ne demandons pas à l'Autriche qu'elle soit hnmaine et Jibérale en Ita1ie, ce qui, <lnreste, lui serait impo11sible quand même elle en aurait l'intention : nous lui demandons qu'elle s'en aille. Nous n'avons que faire de son humanité et de son libéralisme : nons voulons être les maîtres chez nous. " Le but que nous n0;us proposons, ce que nous voulons tous, sans exception, le voici : " Indépendance complète de tout le territoire italien ; union de toutes les parties de l'Italie en un seul corps politique. " En cela nous sommes tous d'accord, nous sommes unanimes. _ " Les dissentimens qui subdivisent les patriotes italiens en plusieur~ partis politiques (républicains, royalistes, unitaires, fédéralistes), concenient des q_ue:stions secondaires, sur lesquelles non~ sommes prêts·. à- faire toutes les concessions et toutes les· transactions q\Û pour-· rai'ent être exigées p~~ les circonstances. • . " Mais quant à l'indép~ndance et à l\mio\1; n~_-~n_~s . pouvons faire de concessions, nous ne pouvons' transtger. •. " Je ne discute pas la légitimité de ces· ·prét'èrrtiont ;'" je me borne à constater le fait de leur existen~e. __ " Il est donc évident que nous nc-pouv,ons pas·accepter le conseil de nous tenir tranquilles,. ~n_t~t que par cela on prétendrait nous engager à 'rtous· rêsignér à la _d~mination étrangèr_e, et à nous _contenter:de 1-'·espofrq' n'eUe sei:a moins barbare et moins lourde dans l'avenir. : •• . " Non, nous ne nous r6signerons pas. Pour une nation· qui subit le joug étranger, la résignation est une ·lâcneté, • et nous ne ·voulons pas être des lâches. • "Non, nous ne resterons pas tranquilles tant que nous n'aurons pas atteint le b11tque nous poursuivons, tant que nous n'aurons pas obtenu l'indépendance et l'union ùe l'Italie. " Le conseil de nous tenir tranquilles ne pourrait être acceptable que si, en exclua11ttoute idée de làche résignation, on l'interprétait dans le sens que nous devons nous abstenir de mouvemens prématurés. " Si l'on nous disait, si l'on nous prouvait que le moment de l'action n'est· pas encore venu, nous saurions attendre, mais en tendant toujours invariablement à· notre but, mais en travai11ant toujours à préparer nos moyens pour être prêts aussitôt qu'une circonstance favorable se présenterait. " Qu'on y .songe bien, la question italienne est désormais une question européenne de premier ordre. Il faut qu'elle soit résolue d'une manière conforme à nos indomptables aspirations ùe nationalité. "Jusque-là et quoiqu'on fasse, nous nous agiterons • toujours ; il y aura toujours en Italie un foyer de trouble, un_eoccasion de guerre, qui menaceront le repos de l'Europe, et ne h1i permettront pas de compter s11r une paix durable. "V-euillez agréer, monsie.ir, l'assurance de ma considération dis~inguée. "Paris, 19 mars 1854. "MANIN.'' CORRESPONDANCDEE LONDRES. .1 Londres, 24 mars 1864. La repons; du ·~zar aux sommations des Puissances, connue par dép@ehe·télégrapbique, n'est point encore arrivée ici. Le c2ar, eomme•0ll le nvait d'a,nnee, refuse d'obtemp€rer aux l!ommaüo.1111; ,l,1 semaine • prochaine, la f\lerre sera dhlme offieielleL'HO~1ME. ment. Depuis l' entrC!edes :flottes <lans la mer Nolre, r état <le gnerre existe d'ailleurs; les escadres russes se sont renfermées dans leur port, disparaissant devant les vaisseaux anglais et français. Le czar a fortifié ses côteg; l' Anglete~re a expédié sa flotte dans la Baltique, où elle a franchi le.Sund; et tandis que la 1re division anglaise est à Malte, la 1re division française est en route pour Constantinople : Je l 9, les généraux Canrobert,.. Bousquet, les états-majol'S, un bataillon de chasseurs de Vincennes, plusieurs compagnie~ 1!u génie se sont embarquées; et le_reste des troupt·s les suit de près. Les vaisseaux de trnusport avaient manqué d'abord, et cela explique le retard de l'expédition, au dire de ceux qui en veulent à .:M. Ducos. Leg régiments n'étaient pas sur pie<l de guerre, et les états des compagnies n'étaien: pas, en e,tfectif, ce qu'ils étaient sur le papier, disent les ennemis d~ ma- !écha! Saint-Arnaud, Jesriuels njoutent que le maréchal Vai_llant a rédigé un rapport fulmiuant contre son prédécesseur en arrivant au ministi.re. Ce qui est certain, c'est que le départ du maréchal Saint-Arnaud est ajourné au 5 avril, celui <lu prince Napoléon au 15; et ce dernier doit, nous €:crit-on de Paris, ouvrir la campagne et conduire sa division la première au feu. Les opl!rations de l'armée occidentale ne commenceront pas avant Jemois demai. Le maréchal P:'lskewitch qui va commander sur le Danube met en mouvement des forces comidérables vers les côtes de la mer Noire; et sa vieille expérience aura pour aclversaires trois commandants_ en chef. Omer-Pacha, généralissime des troupes ottomanes, o_béirat-il au maréchal S;\int-Amau<l? Celui-ci ne voudra-t-11 pas. commander à Lord Raglan, des trois Je phis expérimenté et celui qui pourrait Je mit:ux lutter contre le vieux Pask~wit~b, mais aussi le moins élevé en grade 11Q'lftinal ? Le sultan dot!, <l!ton, se rendre au oamp de Shumla; il y rencontrera deux prm~esgénéraux, Je duc de Cambridge, Je prince Napoléon: les rivalités, Je~jalonsies, les dissentions faciles à préYoir - Lord Stratford et le gt:'néral lhraguay-d'Hilliers, tous négocia_nt ~ans le même sens, ne se sont-ils pas brouillés pour des mm11t1es?- les contr'ordreB et le défaut d'unité de commandement ne préparent-ils pas 1m triomphe aux Rmses? Pour ma part, je le crains, d'autant plus que les corps expéditionnaires amènent peu d'artillerie et de cavalerie, et seront devaHcés sur les bards du Danube, par plusieurs divisions rus~es envoyées pour renforcer Gortschokoff. Pour le mome!lt, des combats .d'avant-poste sans importance, et une attaque des Russes contre une batterie turque à Po~eschin repoussée avec avantage, voilà tout Je bulletin de la semame. La frégate h lùtribution ( cel:e qui a pénétré si hardiment dans le port <le Sébastopol il y a trois mois), et la corvette le Caton sont parties p.iur forcer l'embouchure du Danube, interdite au commerce par une flotille russe. Dans 4J_uelquejsours, <lonc, nous apprendrons, soit dam la Baltique (Sir Ch. Napier est à Copenhague), soit dans la mer Noire, Je résultat d'un engagement. Puisque le nom de l'amiral Napier revient sous ma plume, permettez-moi de rectifier une de mes correspondances où j' accusais les Torys de bHl.mer ce choix : Je parti tory,-m'ont dit quelques Anglais,-n'est pas solidaire des accusations sans fondement de que.lques iournau:x.-Je ne sais si vous avez remarqué, dans le récit <lu lm1quet offert par le Reform-club à l'amiral Napier, des toasts portés aux souverains:par Lord Palmerston: d'abord à !'Empereur des Français, dont le cabinet anglais a constaté la loyauté dans les négociations suivies depuis douze mois ; puis, un toast 1ue tous les homiêtes gens del' Em·ope porteront Au ssr, . celui du sultan, dont la généreuse conduite envers les réfugiés hongrois mérite tant d'éloges.-Lord Palmerston vantant la loyauté <l'AuGUSTE, et s'empressant <leporter ensuite un tonst avec toua le~·honnêtes gens .. au sultan, n'est-ce p:is une de ces épigrammes ironiques par lesquelles le gentleman, apr~s boire, se venge des égards officiels 'Payés à son allié? . Le gouvernement. piémontais-dont la réforme légale à l'endroit du clergé a été votée par 113 voix contre 30, un seul Mputé n'ayant pu venir à la séauce !-a proposé 1m emprunt de -,~::;_ ~niHioris atr Parlement,__.:.Legouvernement prussien dem:mde . au·ssi]' autoti&;.tion d'emprunter environ 125 millions " pour mc1intenir sa neutralité <l'accord avec l'Autriche et sauvegarder les intérêts diel'. Al)4?magne.,, Ces vagues pro:nesses, à double entente, ne sont pas trouvés suffisantes pour les Chambres; et la Commission. 11omm'ée,sur 21 mernbrt:s, en compte 16 opposés à l'alliance rusai.". _Le hruit·a c.onru que le gouvernement français allait s1tspe11dre tous les journaux ; en attendant, les avertissemens pleuvent; le LorieJ1Û1ts; 'pour avoir parlé des préparatifs de guerre ; ]' Union, po\ll· avloirmis en doute la bonne foi de l'Angleterre ; la Presse, pour av'oir"publié une lettre de Manin contre l'Autriche. :.\1:. de Montalembert, dont l' Indépendance a publié plusieurs lettres adressées à 1\1.Dupin et fort hostiles, fort insultantes à des corps et des hommes officiels, est au moment de passer sous les tribunaux: ses collègues au corps législatif lui avaient d'abord envoyé une députation - :M. l3oissy d'Anglas en tête-pour lui de- ' mander des explications; il a laissé ses collègues frapper, sonner, s'étonner, sans daigner leur ouvrir la porte. Le parquet a demandé l'autorisation de Je poursuivre : M. de Morny a déclaré que son expérience parlementaire lui avait démontré le péril de ces dtmandes I Il l'accordera pourtant, M. de Cambacérès aussi; mais M. Langlais (<le la Sarthe), :.f. Legrand(du Nord)-le seul membre de l'opposition libérale - et trois commissaires nommés par les bureaux sont opposés à la Requête du Parquet: cela n'empêchera pas le Corps Législatif de voter ce que veut Je gouvernement, ... et M. de Montalembert ira s'asseoir sur b sellette que quitte notre ami Arthur Hubbard, condamné avant-hier à trois ans de prison et 10,,500 francs d'amende ....... La presse angl:iise a publié w1ecorrespondance secrète de l'ambassadeur anglais à St.-Pétersbourg de laquelle il résulte que le Czar a proposé de partager d'accord la Turquie. Le Czar n'aurait occupé CoNSTA!<'fJNOPLEque provisoirement, à titre tle dépôt; maii::, offrant l'Egypte et Candie à]' Angleterre, il déclarait qu'il ne lui permettrait, ni à elle ni à d'autres, de s'installer à Constantinople. Quant à la Grèce, il ne consentirait jamais à lui <lonner Bysance ni même un accroissement de territoire qui püt la rendre puissante. La France devait être mise à la raison, Nicolas ayant un grand m(pris pour I.e No JJI (Napoléon III); l'Autriche ne ferait qne ce que voudrait le Czar. De la Prusse, pas un mot.- Le lrloniteur frança· s déclare qu'après avoir échoué à Londres, le Czar a fait pareilles offres à la France ........ .. Salut fraternel. Ph. FAURE, AU RÉDACTEUR DE L'HOMME. Mon cher Ribeyrolles, Sur la foi d'un correspondantque j'avai~lieu de croire bien informé, j'ai annoncé, dans un des numéros de l'Homme, la mort du citoyen Douard, de Paris, transporté en Afrique. Je suis heureux de pouvoir annoncer aujourcl'hui que cette: nouvelle est c.:omplètement fausse. Par Je dernier courrier j'ai reçu, de ce citoyen lui-m2me, une lettre contenant des renseignements trà~ satisfaisans sur sa santé, et, ce qui est mieux encore, la nouvelle de eon hasion ùu. camp.de Dou€ra et d'.AJriq11e. C'est sans doute pour écarter la responsabilité de son évasion que le geôlier du camp <le Douéra a fait répandre le bruit de sa mort. Ainsi s'explique l'erreur de mon correspondant. Tout à vous. J.-B. AMIEL. P.-S. Je profite aussi de cette circonstance pour annoncer à nos amis que Je citoyen Castel, transporté <lu (:ép:irtement de !'Hérault, a également échappé aux bourreaux bonapartistes. Castel a quitté l'Afrique avec Douard. - Puissent ces deux courageux citoyens trouYer sous un nouveau ciel l'oubli des souffrances ' et de~ misères qu'ils ont endurées sous le soleil brfüant et meurtrier de la terre africaine ! Jersey, 28 mars 1854. Au citoyen Rédacteur de l'Ho:W:\IE LonQres, 23 mars 18-54. Mon cher ami, Vous donnez, dans votre numéro <lu21 de ce mois, la liste de la commission de secours nommée le 15, par l'assemblêe des proscrits français. , Cornme vous me citez au nombre des élus, pennettez-rnoi de vous faire s;,voir que j'ai enYGyéma démission <lès que j'ai eu connaissance de cette liste. Salut et fraternité, V. ScIIœLcHER. OPINIONDE ROBESPIERRE SUR LA GUERRE. Voici quelques extraits des discours prononcés par U.obespil;)rrelorsque la première grande coalition menaçait la France. Cet homme d'Etat avait devin~ qu'il· n'."f avait point de guerre nationale possible avec certains gouvernements, et il luttait~ presque seul, contre les.ruses er les enthousia~mcs lignés : " La guerre! s'écrient et la cour, et le ministère, et leurs partisans.- J,a guerre ! répètent une foule de bons citoyens mus· ·pâr un sentiment généreux, mais plus prompts à-se livrer à l'enthousiasme du patriotisme qu'exercés à méditer sur les ressorts des révolutions et les intrigL1esdes cours. Qui osera contre<lire ce cri imposant? ... Je ne ·viens pas caresser ]'opinion <lµ jour, ni flatter la puissance dominante. Je ne viens point non plus prêcher un lâche système d'inertie : je :viens développer une trame profonde que je crois assez bien connaître. JE v.12.ux Aussi LA GUERRE, mais comme l'intérêt de la nation la demande : DOMPTONS K"os ENNEMIS INTÉRIEURS ET ENSUITE MARCHONS CONTRE KOS ENNEMIS :ÉTRANGERS." En ces quelques mots se trouve révélé le secret des guerres heureuses : qu'un gouvernement despotique ou même coustitutionnel se trouve engagé dans une grande lutte, ce ne sont jamais que les forces officielles, les cadres réguliers, les troupes réglées, les armées permanentes qui entrent en ligne. Or, dans ces cas là, ce n'est qu'une question de nombre, dé forces, d'évolutions militaires, et les victôi'res de la veille s'expient par les revers du lendemain. Quand, au contraire, c'est un peuple libre, une nation souveraine qui se lève, c'est la borne, c'est la chaumière, c'est le buisson qui se fait redoute; - c'est chaque paysan qui devient soldat, c'est la patrie qui se hérisse de couteaux et se couvre de bayonnettes, comme la forêt de feuilles au printemps ; alors il n'y a plus d'armées régulières qui puissent tenir pied sur cette terre mouvante, et la patrie ramassée sur elle-même étouffe l'étranger dans ses mille bras, le déconcerte et le détruit dans ses mille embûches. - Souvenez-vous de 93 ! - l\'.Iaispour qu'un tel mouvement se produise, ainsi que le disait Robespierre, il faut que les ennemis intérieurs soient dornptés. Que peut-on espérer quand ils sont les maîtres ? Après avoir aiusi posé la qu<'stion avec une netteté formidable, dit un de nos amis, Louis Blanc, à qui nous empruntons ces quelques lignes : " Robespierre traça un sombre et trop fidèle tableau des malheurs que traînent à leur suite les guerres faites par les rois absolus, les princes félons, les tyrans. Comme s'il eût vu déjà se dresser, à travers les ténèbres de l'avenir, la sinistre figure de Napoléon, et investi qu'il était de la puissance divinatoire du génie, il montra comme conséquences de certaines guerres, le corps en convulsion; la force brutale, seule chose vivante, et la pensée morte; le trésor public au fond d'une caverne impénétrable, et da11s ce trésor le bras des ministres enfoncé jusqu'au coude ; partout le code du soldat, l'arbitraire; la police des villes à des hommes d'épée ; à la place de l'intelligence en éveil, le qui-vive des sentinelles ; la liberté, danger public; la discipline, cette abdication de l'homme, besoiR suprême et suprême vertu ; les gémissements de, l'opprimé couverts par le son des fanfares; la tyrannie drapée dans les étendards, prix du courage, et paraissant prCS'J.Ue belle vêtue a.iDs;i sous le Jlom de camps, des

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==