-SCIENCE.- ' -SOLIDARITÉJO-URNADLELADEMOCRATIUENIVERSELLEo N° 18. - MERCREDI, 29 MARS 1854. 1 Ce .Jour11~l parali une fol• par oe■ualne. / ·uNIIOMMEHABILE. I. Quand les peuples glorifient le génie du crime et saluent sa puissance, auraient-ilit à leur service toutes les institutions libres et toutes les forces de 1a souveraineté, ils sont bien près d'être escJavcs et de périr. Adorer la fortune que le sang et le parjure ont souillée, n'est-ce pas abdiquer la conscience et légitimer à l'avance, chez soi, les iniquités que d'autres ont subies? Quoique profondément divisée, tiraillée en tous sens et livrée A toutes les perfidies de deux factions, la France, à la seconde journée de Brumaire, n'a pas rendu les armes sans protestation, 11-anlustte,· et les cachots, comme les cimetières, portent témoignage de son dernier effort : elle ne s'est pas rai;. liéedepuis, quoiqu'en disent les bulletins menteurs : elle n'a pas donné une plume, une éloquence, une épée à cet empire-cosaque de l'intérieur, et pourtant les misérables du guet-apens avaient éteint toutes les lumièrei,, pour travailler plus à l'aise dans l'ombre. . Eh bien, ce que fait un peuple écrasé par la force, ce 41u'a refusé, dans son deuil, une pauvre nation tombée vassale et veuve, voilà que le peuple historique de la liberté, le peuple d'Hamden et de Milton l'ose et le proclame dans ses journaux, dans ses clubs, dans son parlement! Ses orateurs les plus renommés, ses hommes d'état les plus sagaces, ses lords~ ses amiraux, ses marchands, tout cela fait chorus en l'honneur du grand liomme qu'ont sacré l'assassinat, le parjure et la trahison. • C'est un chef habile, disent-ils! II. Cet homme habile, il y a six ans, entra chez nous par la porte hassc de la miséricorde. Il ne demandait, le pau \ :-e exilé de trente ans, que SOIJ- droit à la patrie et l'égalité civique; par lettre officielle et fort humble il offrait son concours au gouvernement provisoire; il ne voulait que le grand air de la France ! Cette modestie toucha les niais, trompa les prétendans, rallia les souvenirs, et la présidence de la Répuhlique échut à ceW ashington-Talleyrand qui se faisait si petit sous un si terrible nom. Quand il fut assis il renouvela cent fois ses serments de fidélité, puis, tout à coup, il lâcha ses crimes, ~t la France ne fut plns que l'Empire, c'est-à-dire un bagne, le monde de Tibère. Quand ce désastre éclata sur notre pays surpris et lâchement assassiné, le peuple anglais nous fut sympathique ; il flétrit cette victoire de nuit pleine de violences et de trahisons, il parla pour nos libertés mourantes et qui ne sont pas revenues; il dénonça au monde ce meurtrier sauvage, à la fois parjure et parricide; il défendit les droits et l'honneur de l'humauité contre le crime. Aujourd'hui, pourtant, ce violateur de la foi jurée, cet ennemi public qu'on signalait à l'Europe, cet ambitieux à la Trestaillon, c'est la loyauté par excellence, c'est un liomrnehabile! Oh la balance des Carthaginois ! III. Est-ce que Louis Bonaparte n'est pas toujours l'homme des Communes violées et dissoutes, l'homme de la presse et de la tribune supprimées ou baillonnéEs, ce qui est plus triste) l'homme des fusillades, de la guillotine, des pontons, de Cayenne et de l'Algérie, l'homme de Décembre, eufin? Pour les brigands, il ne s'agirart <lonc que de durer; le temps serait leur sacre, et l'encens leur viendrait qnand les cadaYÙ!s n'auraient plus d'odeur. Entraîné par son gouvernement, qui a tous les ON s'AllONNE : PRIX DE L'ABONNEMEN'f : Toutes lettres et correspondances doivent être affranchies et adressées au bureau de !'Imprimerie Universelle à SaintHélier (J erscy), 19, Dorset Street. -Les manuscrits déposés ne seront pas rendus. A Jersey, 19, Dorset st. A Londres, 50½, Great Queen st. Un au, 8 shilli11gs ou 10 fran es. Six mois, 4 sh. ou 5 fr. Lincoln's-Inn-Fields. Trois mois, 2 sh. ou 2 fr. 50 c. A Genève( Suisse), chez M. Cor&at, libraire, rue Guillaume-Tell. CRAQUE NUJ\11.liRO : 3 pences ou 6 sous. vestiges de la peur, le peuple anglais manque profondément à la moralité humaine. s~•sacclamations au tyran de France sont des outrages à la probité de la civilisation, comme à ties libertés propres, et il perd trop de vue que rien ne vaut l'honneur. Il se trompe, d'ailleurs, ou plutôt on le trompe, car ses instincts sont bons. Cet homme est habile, dites-vous? - il a trom1é huit millions de suffrages pour amnistier son guetapens !- Mais par quels moyens? et s'il y· avait autour de lui pareil concours de dévouemens, comment se f~it-il qu'il n'ait pas osé ou-vrir une prison, qu'il n'ait pas pu g·agner une seule intelligence sérieuse à son gouvernement? Mais on vient de courir à l'emprunt comme à la curée; quatre cents millions sont acquis au trésor qui n'en -voulait que deux cent cinquante : il y a donc amour, religion, idolâtrie! Il y a cinq cent mille fonctionnaires et leurs clients, et l'emprunt n'est pas sorti de leurs mains : voyez, d'ailleurs, où en est le crédit public aux cotes de la Bourse. Hausse d'une part, sous la force et la peur; baisse de l'autre, sous la liberté relative des ventes. Cet homme, il faut en convenir, a une habileté pourtant : c'est celle du crime ! Ch. RIBEYROLLES. ANNIVERSAIRE DU 2-1 FÉVRIER 1848, Un fait d'une portée immense vient de se produire à New-York. La République universelle et le drapeau rouge, son emblème, ont été salués avec le plus grand enthousiasme, 11011 pas seulement par les proscrits de toutes les nations réunis à l'occasion de cette imposante . solennité, mais bien aussi par la population américaine de New-York, heureuse de faire éclater aux yeux de tant de nobles victimes du despotisme, leur sympathie noble et profonde, leur ardent amour de la liberté. Le Républicain, patriotique organe, à New-York, de la démocratie uni vers elle, nous apporte le compte-rendu complet de cette fête grandiose; elle a désormais sa place inscrite dans les annales de l'humanité. N0,1s empruntons à notre confrère de New-York, le Républicain, les détails principaux de la fête et l'ordre de marche du cortége. Deux corps Je musique, dirigés par M. Gaffré, et corn-. posés d'environ trente exécutants ; • La section la Montagne, nombrant environ cent ho:,.mes, préGédée du drapeau des Etats-Unis et de celui de la Démocratie Universelle, portés sur la mlme ligne; Les républicains italiens, qui formaient une compagnie s'élevant à cent cinquante hommes : il y avait L"t, comme pourrait dire Victor Hugo, de5 Italiens de toute l"Italie; Les Cubains, présentant une file de qua.tre-vingts hommes; Les délégués des Clubs allemands, de la Société américaine de la Démocratie Universelle, de la Société fraternelle des Exilés Hongrois et Slaves ; Enfin, les diverses sociétés polonaises, précédées de leur drapeau à l'aigle blr,nc sur un fond rouge, et laissant voir ces inscriptions : Mort aux f!Jrans ! - La. IJologne n'est pas morte! (Non, citoyens, elle n'est pas morte, tarit qu'elle aura des fils tels que vous.) Le cortége descendit Broadway au milieu d'un immense concours de peuple ; chaque pas le voyait s'augmenter. Arrivé au City-Hall, ce n'était pas un cortége, mais une foule. Iti, la scène déploy:i toute sa magriifi.cence. Le peuple envahit les gradins, garnit les balcons : c'était réellement comme aux jours des grandes fêtes nationales. Les bannières ondulaient, et saluaient la statue de la Justice qui surmonte l'édifice ; les musiciens parsemaient la brise des rafales de la Jvlarseillaise; l'enivrement était dans ies cœurs, la joie dans les yeux, l'enthousiasme p::trtout. Cette marche solennelle à travers les rues de New-York, cet immense concours de citoyens américains prenant rang dans - le rortége des soldats du droit et de l'idée ; les femmes saluant· de leurs applaudissemens enthousiastes les vaillans troués de balles, les martyrs portant les traces des chaînes de tous les despotismes ; ces champions dévoués parmi lesquels plus d'un ne touchera p •s la terre promise, mais qui n'en vont pas moins d'un pas résolu et ferro~ à la conquête de la liberté du monde ; toutes e2es émotions, tous ces sentimens plein de courage et de grandeur, ces aspirations généreuses vers le bien, le beau le juste, le culte de l'idéal enfin ; tout cela présentait ~ne magnificence inaccoutumée. L'esprit de Dieu courait dans la foule et ]'.impressionnait comme un courant électrique. Les parois de la salle du banquet étaient garnis de tablettes sur chacune desquelles était écrit un nom : Paris, Milan, Rouen, Bade, Hesse-Cassel, Messine Lyon, Vienne, Hongrie, Venise, Prusse, Berlin, Rome: Pologne et Cuba, tous lieux où la tyrannie en bottes fortes ou en bonnet d'évêque a semé ses Radetzki ses .~indinsgraetz, ses Haynau, ses Dolgaretto <"tses in~uis1teurs. Au centre des côtés latéraux est une inscription entourée d'un crêpe et sur laquelle on lit, écrite en lettres de deuil, cette date néfaste : Deux Décembre. Au dessus est ce terrible vers du grand poète : " Tu peux tuer cet homme avec tra11quillité." La c~rémonie commence par un très éloquent discour:S du président, le citoyen Bocearis, qui trace à grands trlits l'esprit, les doctrines philosophiques et l'irrésistible_ pu_issance de la. Révolution ; avant lui, divers improvisations ont déjà été entendues ; l'une du général Avezzana lançant, du haut de ses trente ans d'exil et de lutte, les traits les plus terribles contre le despotisme . puis le citoyen Rodriguez réclamant la liberté de Cub; qu'il déclare partie intégrante de la délY'ocratieuni,·erselle déclaration reçue avec enthousiasme par l'assemblée • en: suite le citoyen Maggi, réfugié romain, dans un disdours admirablement dit, expose l'état actuel de l'Italie et dit son impatience de briser le joug hideux et féroce du gouvernement papal. . Aprés le cit~yen _noccaris, un énergique discours du citoyen Malespme vient montrer une fois de plus Ja force et la grandeur des idées èémocratiçu~s, la résolution bien p~ise de tout faire pour amener leur plus prochain triomphe. Après ce discours, le président porte ce toast : Au drapeai, rouge! .Le citoyen Saint-Gaudens salue. l'embleme de la Rép•- bhque umvcrsclle pnr une allocut10n pleine de sentiment et d'enthousiasme. Couvert d'applaudissement, comme vient de l'être celui du cito.yen Malespine, ce dise.ours laisse une profonde impression dans les âmes. C'était le tour du citoyen W. J. Rose du Times de New-York, puis du citoyen Tolon patriote Cubain. Ces deux orateurs ont parlé à chaque nationalité dans sa ]angu~ pr?pre, en Français, en Italien, en Espagnol, en Anglais. Ious les deux ont reçu de l'ass:;mblée les marques les plus flatteuses d'estime et de 8atisfaction. :Un_incident dign_ed'iutérêt s'est produit peu après, une voix ac femme se fit entendre ; c'était celle de Madame Vanclel'hairc entonnant la chanson le prêtre et le Christ. Des applaudissemens unanimes ont salué la chanteuse. L'inauguration du drapeau de la République universelle étant devenu désormais un fait universel, le Républicaiii nous emoie un très bon disconrs <lu citoyen Razewski président du comité polonais. Nous ne saurions donner à l'crateur une marque plus assùrée de sympathie t{Uecelle de répéter avec lui en terminant, . MORT AUX.TYRANS! VrvE LA RÉr-UBLIQUE UNIVE.RSEJ,LE. Nous ferons en sorte de donner plus tard tout ou partie des remarquables discours prononcés à· cette fête. J. CAHAIGNE. .La lettre qui suit n'est pas de nature à produire un médiocre étonnement sur les esprits sérieux, à propos des paroles de lord John Russell concernant l'Italie, paroles fort dignement refutées }Jarl'ancien prési.d.eot tle Venise. . Ou se demande comm~llt les hommes d'état de l'Angleterre, auxquels on ne refuse 1,ihabileté, ni talent, se sont laissé empêtrer dans aoe alliance bonapartiste. Mais Bonaparte est synonyme de tromperie, de rouerie, de perfidie, d'improbité.. Voyez-le agir, ce jongleur crnel.; tandis qu'il fait semblant de donner un avertissement à son digne Bertrand de la Presse, au sujet de la publication ...
de la lettre qui suit, le Bonaparte ne se fait faute de travailler la Sicile et la Lombardie par une propagande propre à servir ses desseins cachés, et dont il usera selon que l'indlqueront les circonstances. Est-ce qne les hommes d'état anglais n'ouvriront ·pas enfin les yeux -~ " Monsieur, " D'après le compte-rendu publié par le JJf orning Cnronicle, et reproduit par les journaux français, lord John Russell aurait dit, à propos <le l'Italie, dans la séance <lu 13 mars de la chamhre des Communes:" Je " uois que les Italiens ne poinraient J'.icn faire de plu, " nuisible au but qu'ils se proposent que de se soulever " contre Je gouvernement autrichien; et je crois, au con- " traire, que s'ils restent trauquilleil, il viendra un temps " où ce gouvernement sera plus humain tt donnera plus " de privilèges populains que l'Italie n'en.. pourrait ob- " tenir par une insurrection." " Je sellicite de votre complaisance une place dans ntre journal pour protester contre ces paroles. . • " Si ces paroles o-a d'9utres analogues exprimant la même pensée ont été réellement prononcées p:ir lord John Russell, on ne peut se défendre d'un sentiment de surprise pénible en ,,oyant un homme d'Etat aussi éminent, dont la haute intelligence, la bonne foi et les intentions bienyeil!:mtes ne peuvent être révoquées en cloute par personne, s'être formé une idée a1 .1~si i11exacte de la '}le11tion italienne. " Dire_ que, pour obtenir le but que nou.s nous proposons, nous devons nous tenir tranquilles, et attendre du temps que le gouvernement autrichien devienne humain et lihéraJ, c'est montrer qu'on ne connaît point le but que nous nous proposons. " Nous ne demandons pas à l'Autriche qu'elle soit hnmaine et Jibérale en Ita1ie, ce qui, <lnreste, lui serait impo11sible quand même elle en aurait l'intention : nous lui demandons qu'elle s'en aille. Nous n'avons que faire de son humanité et de son libéralisme : nons voulons être les maîtres chez nous. " Le but que nous n0;us proposons, ce que nous voulons tous, sans exception, le voici : " Indépendance complète de tout le territoire italien ; union de toutes les parties de l'Italie en un seul corps politique. " En cela nous sommes tous d'accord, nous sommes unanimes. _ " Les dissentimens qui subdivisent les patriotes italiens en plusieur~ partis politiques (républicains, royalistes, unitaires, fédéralistes), concenient des q_ue:stions secondaires, sur lesquelles non~ sommes prêts·. à- faire toutes les concessions et toutes les· transactions q\Û pour-· rai'ent être exigées p~~ les circonstances. • . " Mais quant à l'indép~ndance et à l\mio\1; n~_-~n_~s . pouvons faire de concessions, nous ne pouvons' transtger. •. " Je ne discute pas la légitimité de ces· ·prét'èrrtiont ;'" je me borne à constater le fait de leur existen~e. __ " Il est donc évident que nous nc-pouv,ons pas·accepter le conseil de nous tenir tranquilles,. ~n_t~t que par cela on prétendrait nous engager à 'rtous· rêsignér à la _d~mination étrangèr_e, et à nous _contenter:de 1-'·espofrq' n'eUe sei:a moins barbare et moins lourde dans l'avenir. : •• . " Non, nous ne nous r6signerons pas. Pour une nation· qui subit le joug étranger, la résignation est une ·lâcneté, • et nous ne ·voulons pas être des lâches. • "Non, nous ne resterons pas tranquilles tant que nous n'aurons pas atteint le b11tque nous poursuivons, tant que nous n'aurons pas obtenu l'indépendance et l'union ùe l'Italie. " Le conseil de nous tenir tranquilles ne pourrait être acceptable que si, en exclua11ttoute idée de làche résignation, on l'interprétait dans le sens que nous devons nous abstenir de mouvemens prématurés. " Si l'on nous disait, si l'on nous prouvait que le moment de l'action n'est· pas encore venu, nous saurions attendre, mais en tendant toujours invariablement à· notre but, mais en travai11ant toujours à préparer nos moyens pour être prêts aussitôt qu'une circonstance favorable se présenterait. " Qu'on y .songe bien, la question italienne est désormais une question européenne de premier ordre. Il faut qu'elle soit résolue d'une manière conforme à nos indomptables aspirations ùe nationalité. "Jusque-là et quoiqu'on fasse, nous nous agiterons • toujours ; il y aura toujours en Italie un foyer de trouble, un_eoccasion de guerre, qui menaceront le repos de l'Europe, et ne h1i permettront pas de compter s11r une paix durable. "V-euillez agréer, monsie.ir, l'assurance de ma considération dis~inguée. "Paris, 19 mars 1854. "MANIN.'' CORRESPONDANCDEE LONDRES. .1 Londres, 24 mars 1864. La repons; du ·~zar aux sommations des Puissances, connue par dép@ehe·télégrapbique, n'est point encore arrivée ici. Le c2ar, eomme•0ll le nvait d'a,nnee, refuse d'obtemp€rer aux l!ommaüo.1111; ,l,1 semaine • prochaine, la f\lerre sera dhlme offieielleL'HO~1ME. ment. Depuis l' entrC!edes :flottes <lans la mer Nolre, r état <le gnerre existe d'ailleurs; les escadres russes se sont renfermées dans leur port, disparaissant devant les vaisseaux anglais et français. Le czar a fortifié ses côteg; l' Anglete~re a expédié sa flotte dans la Baltique, où elle a franchi le.Sund; et tandis que la 1re division anglaise est à Malte, la 1re division française est en route pour Constantinople : Je l 9, les généraux Canrobert,.. Bousquet, les états-majol'S, un bataillon de chasseurs de Vincennes, plusieurs compagnie~ 1!u génie se sont embarquées; et le_reste des troupt·s les suit de près. Les vaisseaux de trnusport avaient manqué d'abord, et cela explique le retard de l'expédition, au dire de ceux qui en veulent à .:M. Ducos. Leg régiments n'étaient pas sur pie<l de guerre, et les états des compagnies n'étaien: pas, en e,tfectif, ce qu'ils étaient sur le papier, disent les ennemis d~ ma- !écha! Saint-Arnaud, Jesriuels njoutent que le maréchal Vai_llant a rédigé un rapport fulmiuant contre son prédécesseur en arrivant au ministi.re. Ce qui est certain, c'est que le départ du maréchal Saint-Arnaud est ajourné au 5 avril, celui <lu prince Napoléon au 15; et ce dernier doit, nous €:crit-on de Paris, ouvrir la campagne et conduire sa division la première au feu. Les opl!rations de l'armée occidentale ne commenceront pas avant Jemois demai. Le maréchal P:'lskewitch qui va commander sur le Danube met en mouvement des forces comidérables vers les côtes de la mer Noire; et sa vieille expérience aura pour aclversaires trois commandants_ en chef. Omer-Pacha, généralissime des troupes ottomanes, o_béirat-il au maréchal S;\int-Amau<l? Celui-ci ne voudra-t-11 pas. commander à Lord Raglan, des trois Je phis expérimenté et celui qui pourrait Je mit:ux lutter contre le vieux Pask~wit~b, mais aussi le moins élevé en grade 11Q'lftinal ? Le sultan dot!, <l!ton, se rendre au oamp de Shumla; il y rencontrera deux prm~esgénéraux, Je duc de Cambridge, Je prince Napoléon: les rivalités, Je~jalonsies, les dissentions faciles à préYoir - Lord Stratford et le gt:'néral lhraguay-d'Hilliers, tous négocia_nt ~ans le même sens, ne se sont-ils pas brouillés pour des mm11t1es?- les contr'ordreB et le défaut d'unité de commandement ne préparent-ils pas 1m triomphe aux Rmses? Pour ma part, je le crains, d'autant plus que les corps expéditionnaires amènent peu d'artillerie et de cavalerie, et seront devaHcés sur les bards du Danube, par plusieurs divisions rus~es envoyées pour renforcer Gortschokoff. Pour le mome!lt, des combats .d'avant-poste sans importance, et une attaque des Russes contre une batterie turque à Po~eschin repoussée avec avantage, voilà tout Je bulletin de la semame. La frégate h lùtribution ( cel:e qui a pénétré si hardiment dans le port <le Sébastopol il y a trois mois), et la corvette le Caton sont parties p.iur forcer l'embouchure du Danube, interdite au commerce par une flotille russe. Dans 4J_uelquejsours, <lonc, nous apprendrons, soit dam la Baltique (Sir Ch. Napier est à Copenhague), soit dans la mer Noire, Je résultat d'un engagement. Puisque le nom de l'amiral Napier revient sous ma plume, permettez-moi de rectifier une de mes correspondances où j' accusais les Torys de bHl.mer ce choix : Je parti tory,-m'ont dit quelques Anglais,-n'est pas solidaire des accusations sans fondement de que.lques iournau:x.-Je ne sais si vous avez remarqué, dans le récit <lu lm1quet offert par le Reform-club à l'amiral Napier, des toasts portés aux souverains:par Lord Palmerston: d'abord à !'Empereur des Français, dont le cabinet anglais a constaté la loyauté dans les négociations suivies depuis douze mois ; puis, un toast 1ue tous les homiêtes gens del' Em·ope porteront Au ssr, . celui du sultan, dont la généreuse conduite envers les réfugiés hongrois mérite tant d'éloges.-Lord Palmerston vantant la loyauté <l'AuGUSTE, et s'empressant <leporter ensuite un tonst avec toua le~·honnêtes gens .. au sultan, n'est-ce p:is une de ces épigrammes ironiques par lesquelles le gentleman, apr~s boire, se venge des égards officiels 'Payés à son allié? . Le gouvernement. piémontais-dont la réforme légale à l'endroit du clergé a été votée par 113 voix contre 30, un seul Mputé n'ayant pu venir à la séauce !-a proposé 1m emprunt de -,~::;_ ~niHioris atr Parlement,__.:.Legouvernement prussien dem:mde . au·ssi]' autoti&;.tion d'emprunter environ 125 millions " pour mc1intenir sa neutralité <l'accord avec l'Autriche et sauvegarder les intérêts diel'. Al)4?magne.,, Ces vagues pro:nesses, à double entente, ne sont pas trouvés suffisantes pour les Chambres; et la Commission. 11omm'ée,sur 21 mernbrt:s, en compte 16 opposés à l'alliance rusai.". _Le hruit·a c.onru que le gouvernement français allait s1tspe11dre tous les journaux ; en attendant, les avertissemens pleuvent; le LorieJ1Û1ts; 'pour avoir parlé des préparatifs de guerre ; ]' Union, po\ll· avloirmis en doute la bonne foi de l'Angleterre ; la Presse, pour av'oir"publié une lettre de Manin contre l'Autriche. :.\1:. de Montalembert, dont l' Indépendance a publié plusieurs lettres adressées à 1\1.Dupin et fort hostiles, fort insultantes à des corps et des hommes officiels, est au moment de passer sous les tribunaux: ses collègues au corps législatif lui avaient d'abord envoyé une députation - :M. l3oissy d'Anglas en tête-pour lui de- ' mander des explications; il a laissé ses collègues frapper, sonner, s'étonner, sans daigner leur ouvrir la porte. Le parquet a demandé l'autorisation de Je poursuivre : M. de Morny a déclaré que son expérience parlementaire lui avait démontré le péril de ces dtmandes I Il l'accordera pourtant, M. de Cambacérès aussi; mais M. Langlais (<le la Sarthe), :.f. Legrand(du Nord)-le seul membre de l'opposition libérale - et trois commissaires nommés par les bureaux sont opposés à la Requête du Parquet: cela n'empêchera pas le Corps Législatif de voter ce que veut Je gouvernement, ... et M. de Montalembert ira s'asseoir sur b sellette que quitte notre ami Arthur Hubbard, condamné avant-hier à trois ans de prison et 10,,500 francs d'amende ....... La presse angl:iise a publié w1ecorrespondance secrète de l'ambassadeur anglais à St.-Pétersbourg de laquelle il résulte que le Czar a proposé de partager d'accord la Turquie. Le Czar n'aurait occupé CoNSTA!<'fJNOPLEque provisoirement, à titre tle dépôt; maii::, offrant l'Egypte et Candie à]' Angleterre, il déclarait qu'il ne lui permettrait, ni à elle ni à d'autres, de s'installer à Constantinople. Quant à la Grèce, il ne consentirait jamais à lui <lonner Bysance ni même un accroissement de territoire qui püt la rendre puissante. La France devait être mise à la raison, Nicolas ayant un grand m(pris pour I.e No JJI (Napoléon III); l'Autriche ne ferait qne ce que voudrait le Czar. De la Prusse, pas un mot.- Le lrloniteur frança· s déclare qu'après avoir échoué à Londres, le Czar a fait pareilles offres à la France ........ .. Salut fraternel. Ph. FAURE, AU RÉDACTEUR DE L'HOMME. Mon cher Ribeyrolles, Sur la foi d'un correspondantque j'avai~lieu de croire bien informé, j'ai annoncé, dans un des numéros de l'Homme, la mort du citoyen Douard, de Paris, transporté en Afrique. Je suis heureux de pouvoir annoncer aujourcl'hui que cette: nouvelle est c.:omplètement fausse. Par Je dernier courrier j'ai reçu, de ce citoyen lui-m2me, une lettre contenant des renseignements trà~ satisfaisans sur sa santé, et, ce qui est mieux encore, la nouvelle de eon hasion ùu. camp.de Dou€ra et d'.AJriq11e. C'est sans doute pour écarter la responsabilité de son évasion que le geôlier du camp <le Douéra a fait répandre le bruit de sa mort. Ainsi s'explique l'erreur de mon correspondant. Tout à vous. J.-B. AMIEL. P.-S. Je profite aussi de cette circonstance pour annoncer à nos amis que Je citoyen Castel, transporté <lu (:ép:irtement de !'Hérault, a également échappé aux bourreaux bonapartistes. Castel a quitté l'Afrique avec Douard. - Puissent ces deux courageux citoyens trouYer sous un nouveau ciel l'oubli des souffrances ' et de~ misères qu'ils ont endurées sous le soleil brfüant et meurtrier de la terre africaine ! Jersey, 28 mars 1854. Au citoyen Rédacteur de l'Ho:W:\IE LonQres, 23 mars 18-54. Mon cher ami, Vous donnez, dans votre numéro <lu21 de ce mois, la liste de la commission de secours nommée le 15, par l'assemblêe des proscrits français. , Cornme vous me citez au nombre des élus, pennettez-rnoi de vous faire s;,voir que j'ai enYGyéma démission <lès que j'ai eu connaissance de cette liste. Salut et fraternité, V. ScIIœLcHER. OPINIONDE ROBESPIERRE SUR LA GUERRE. Voici quelques extraits des discours prononcés par U.obespil;)rrelorsque la première grande coalition menaçait la France. Cet homme d'Etat avait devin~ qu'il· n'."f avait point de guerre nationale possible avec certains gouvernements, et il luttait~ presque seul, contre les.ruses er les enthousia~mcs lignés : " La guerre! s'écrient et la cour, et le ministère, et leurs partisans.- J,a guerre ! répètent une foule de bons citoyens mus· ·pâr un sentiment généreux, mais plus prompts à-se livrer à l'enthousiasme du patriotisme qu'exercés à méditer sur les ressorts des révolutions et les intrigL1esdes cours. Qui osera contre<lire ce cri imposant? ... Je ne ·viens pas caresser ]'opinion <lµ jour, ni flatter la puissance dominante. Je ne viens point non plus prêcher un lâche système d'inertie : je :viens développer une trame profonde que je crois assez bien connaître. JE v.12.ux Aussi LA GUERRE, mais comme l'intérêt de la nation la demande : DOMPTONS K"os ENNEMIS INTÉRIEURS ET ENSUITE MARCHONS CONTRE KOS ENNEMIS :ÉTRANGERS." En ces quelques mots se trouve révélé le secret des guerres heureuses : qu'un gouvernement despotique ou même coustitutionnel se trouve engagé dans une grande lutte, ce ne sont jamais que les forces officielles, les cadres réguliers, les troupes réglées, les armées permanentes qui entrent en ligne. Or, dans ces cas là, ce n'est qu'une question de nombre, dé forces, d'évolutions militaires, et les victôi'res de la veille s'expient par les revers du lendemain. Quand, au contraire, c'est un peuple libre, une nation souveraine qui se lève, c'est la borne, c'est la chaumière, c'est le buisson qui se fait redoute; - c'est chaque paysan qui devient soldat, c'est la patrie qui se hérisse de couteaux et se couvre de bayonnettes, comme la forêt de feuilles au printemps ; alors il n'y a plus d'armées régulières qui puissent tenir pied sur cette terre mouvante, et la patrie ramassée sur elle-même étouffe l'étranger dans ses mille bras, le déconcerte et le détruit dans ses mille embûches. - Souvenez-vous de 93 ! - l\'.Iaispour qu'un tel mouvement se produise, ainsi que le disait Robespierre, il faut que les ennemis intérieurs soient dornptés. Que peut-on espérer quand ils sont les maîtres ? Après avoir aiusi posé la qu<'stion avec une netteté formidable, dit un de nos amis, Louis Blanc, à qui nous empruntons ces quelques lignes : " Robespierre traça un sombre et trop fidèle tableau des malheurs que traînent à leur suite les guerres faites par les rois absolus, les princes félons, les tyrans. Comme s'il eût vu déjà se dresser, à travers les ténèbres de l'avenir, la sinistre figure de Napoléon, et investi qu'il était de la puissance divinatoire du génie, il montra comme conséquences de certaines guerres, le corps en convulsion; la force brutale, seule chose vivante, et la pensée morte; le trésor public au fond d'une caverne impénétrable, et da11s ce trésor le bras des ministres enfoncé jusqu'au coude ; partout le code du soldat, l'arbitraire; la police des villes à des hommes d'épée ; à la place de l'intelligence en éveil, le qui-vive des sentinelles ; la liberté, danger public; la discipline, cette abdication de l'homme, besoiR suprême et suprême vertu ; les gémissements de, l'opprimé couverts par le son des fanfares; la tyrannie drapée dans les étendards, prix du courage, et paraissant prCS'J.Ue belle vêtue a.iDs;i sous le Jlom de camps, des
écoles d'oLéissance Mgrad:rnte ou d"enthousiasme im1&- cile ; le bruit, l'éclat, la gloire, les pompeux bulletin~, les chants de triomphe, mais :in bout de tout cela l'abaissement des caractères ; et enfin, franc:hissant Je Rubicon, passant à la nage Je flenve de sang répandu pour lui et par lui, César!" Aujourd'hui nous n'avons plus à l'attendre, ce César : il est déjà venu <leux fois, dans son guetapens et dans sa pourpre qui est le sang des Républiqnf>s;il a fait d complété son code de l'arhitraire; toutes ses disciplines sont_debout. L'obéissance est absoluejusqu'à la bassesse; sous ses institutions-gibets, ~t dans le silence de toutes les libertés, l'on n'entend p111sque ses fanfares. Prêtres, magistrats, généraux, tous les félons et privilégiés sout derrière lui qui lui font cortège .... et l'on va faire la guerre! " Légi51atew patriote à qui je réponds, disait encore " Robespierre, que proposez-vous pour prévenir ces dan- " gers et pour combattre cette ligue ? vous dites : " que '' m'importe ? la liberté triomphera de tout." Est-ce que vous n'Nes pas chargé d'assurer son triomphe en déconcertant les complots de ses ennemis ? La défiance est un étal affreux, selon vous! beaucoup moins affreux que la confiance stupide qui a causé tous nos embarras et tous nos maux. Oh, ne calomniez pas, législateur patriote, ne calomniezpas la défiance; laissez aux brigands qui veulent envahir et profaner le temple, le soin de combattre les dragons qui en défendent l'entrée. Est-ce bien à Manlius à trouver )mportuns les cris des oiseaux sacrés qui doivent sauver le Capitole ? la .défiance est la gardienne des droits du peuple ; elle est au sentiment profond de la liberté, ce que la jalousie est à l'amour. Si on nous trahit, dites-vous encore, le pe~le est là ; mais vous ne pouvez ignorer que l'insurrection, que vous <lésiguez ici, est un remède rare, incertain, extrême. Le peuple était là, dans tous les pays libres, lorsque des hommes l1abiles, après l'avoir endormi un instant, l'ont enchaîné pour des siècles. Le peitple était l(/,, lorsque au mois de juillet, son sang coula inopinément au sein même de cette capitale ; et par quel ordre? Le peuple est lrt; mais vous, représentants, n'y êtes-vous pas aussi ? Et qu'y faites-vous, si au lieu de prévoir et <le déconcerter les projets dé ses oppresseurs, vous ne savez que l'abandonr1er au droit terrible de l'insurrection et aux résultats du bouleversement des empires ? . . . Counaissezvous quelque peuple qui ait conquis sa liberté, en so11tcna11tune guerre étrangère, domestique et religieuse, sous les auspices du despotisme qui la lui avait suscitée ? Les Américains, dont vous citez l'exemple, avaient-ils à combattre au de<lans le fanatisme et la trahison, àu dehors une ligue formée contre eux par leur propre gonverneroent? Gui<léspar Washington et secondés pur les fautes de Cornwalis, ils ont triomphé : eussent-ils triomphé, dites-Hloi, gouvernés par les ministres et conduits par le général de Georges III ?........ . ......... "Oui, domptons nos ennemis du dedans, et ensuite marchons à l'ennemi du dehors, marchons à tous les tyrans clela tene. A cette condition, moi aussi, je demande la guerre à grands cris. Que dis-je ? cette condition ne fut-elle pas remplie, je la demande encore, je la demande, non comme un acte de sagesse, !Ilais comme la ressource du désespoir. Et plus tard, dans un discours-réplique, toujonrs fidèleà cette pensée de défiance profonde qui fut le ,alut cle la première révolution, il disait encore : " ...... Il est clans les révolutions des mouvements contraires et des mouvements favorables à la liberté, comme il est dans les maladies des crises salutaires et des crises mortelles. "Les mouvements favorables sont ceux qui sont dirigés directement contre les tyrans, comme l'insurrection des Américains, ou comme celle du 14 juillet ; mais la guerre clu dehors, provoquée, 1lirigée par le gouvernement des circonstances où nous sommes, est un mouvement à contresens ; c'est une crise qui peut conduire à la mort du corps politique. Une telle guerre ne peut pas donner le change à l'opinion -publique, faire diversion aux justes inquiétudes de la nation, et prévenir la crise favouble que les attentats des ennemis de la liberté auraient pu amener. C'est sous ce rapport que j'ai d'abord développé les inconvéniens de la guerre. Pendant la guerre étrangère, le peuple, comme je l'ai déjà dit, distrait, par les événemens militaires, des délibérations politiques qui intéressent les bases essentielles de sa liberté, prête une attention moins sérieuse aux sourdes manœuvres des intrigans qui les minent, du pouvoir exécutif qui les ébranle, à la faiblesse ou à la corrnption des représentants qui ne· les défendent pas. Cette politique fut connue de tous temps, et quoiqu'en ait dit M. Brissot, il est applicable et frappant, l'exemple des aristocrates de Rome, que j'ai cité. Quand le peuple réclamait ses droits contre les usurpations ùu sénat et des patriciens, le sénat déclarait la guerre ; et le peuple, oubliant ses droits et ses outtages, ne s'occupait que de la guerre, laissant au sénat son empire, et préparant de nouveaux triomphes aux patriciens. La guerre est bonne pour les officiers militaires, pour les1ambitieux, pour les agioteurs qui spéculent sur ces sortes d'événemens ; elle est bonne pour les ministres, dont elle couvre les op~rations d'un voile plus épais et presque sacré ;· ellt; est lionne pour la L'HOlIME. coar ; e1Je est bonne pour le pouvoir exécu:iî, ùont elle augmente l'autorité, la popularité, l'ascendant ; elle est b'.rnne pour la coalition des nobles; cles intrigans, des modérés qui gouvernent la France. Cette faction peut placer ses liéros et ses membres à la tête de l'armée ; la cour 11ent conner les forces de l'état anx hommes qni peuvent la servir dans l'occasion, avec d'autant plus de succès qu'on leur aura travaillé une espèce de réputation de patriotisme ; ils gagneront les cœurs et la confiance des soldats pour les nttacher plus fortement à la cause du· roya!isme. '' ......... Comptez-vous pour rien le droit de vie et de mort arl,itraire <lont la loi va investir nos patriciens militaires dès le moment où ]a nation sera constituée en guerre ? Comptez-vous pour rien l'autorité de la police qu'elle remet aux chefs militaires dans toutes nos villes frontières ? A-t-on r(•pondn à tous ces faits par la dissertation sur la tl.ictatnre des Romains, et par le parallèle de César avec nos généraux? .... , . '' ... Nos gGnéraux, dites-vous, ne nous trahiront pas ; et si nous étions trahis, tant mieux ! Je ne vous dirai pas que je trouve singulier ce goût de trahison ; car je suis en ce]a parfaitement de votre avis. Oui, nos ennemis sont trop habiles pour nous trahir ouvertement, comme vous l'entendez; l'espèce de trahison que nous avons à redouter, je viens cle vous la développer ; celle-là n'avertit point la vigilance publiq 1.1e; elle prolonge le sommeil du peuple jusqu'au moment où on l'enchaîne; celle-là ne laisse aucune ressource , celle-là.... tous ceux qui endorment le peuple en favorisent le succès ; et remarquez bien que, pour y parvenir, il n'est pas même nécessaire de faire sérieusement la guerre, il suffit de nous constituer sur le pied de guerre ; il suffit de nous entretenir de l'idée d'une guerre étrangère : n'en recueillît-on d'autre avantage que les millions qu'on se fait compter d'avance, on n'aurait pas tout-à-fait perdu sa peine. Ces vingt millions surtout, dar1s le moment où nous sommes, ont au moins autant de valeur que les adresses patriotiques où l'on prêche au peuple la con:fiance et la guerre." ..................... ······ ............... ······ .................. . Il ne s'agit plus, aujourd'hui, de vingt pauvres millions demau<lés au nom du pou voir exécutif, en face d'une coalition qui s'armait au loin et qui pressait toutes nos frontières. On fait beaucoup mieux, on· err!prunte Q50 millions qu'on espère doubler, grâce aux collecteurs policiers de Décembre, et le départ des navires, le départ <les soldats semblent s'opérer avec une lenteur calculée : on est en retard sur tous les points, quoique les forces soient, de~is longtemps, levées et massées. Ah! si Robespierre avait à s'expliquer sur cette guerre étrange, masquée, ténébreuse, qui se traîne d'embûche en embO.cheet de mystère en mystère, entre des acteurs qui lappellent Nicolas, Bonaparte et l'Angleterre ; s'il avait pu suivre, comme 0011s,la politique tortueuse, immorale, à double ambition et double espérance de ce traître des rruileries dout le pied ne s'engage que dans les ténèbres, combien ses défiances auraient été plus actives, plus opiniâtres et plus sévères ! avec quelle énergie il aurait poursuivi le voleur dans son ombre et dénoncé ses stratag·èmes à cette France, toujours trop facile, mais jamais perfide et qui va tomber derrière ce prologue de l'Orient, dans les grandes guerres dont l'invasion est le couronnement ! Pas pins que nous, Robespierre n'aimait la guerre qui livre toutes les libertés à la force, qui pourrit les civilisations et qui fait les Césars. Il ne la comprenait, comme nous, que nationale, e~traînant les peuples, et, pour ainsi dire, religieuse : dans ces données, il ne la craignait pas ; i_l 'appelait de toutes les audaces de son esprit et de tous les cris de son cœur. Mais qu'aurait-il dit, s'il avait vu la France asservie au-dedans, livrée aux bandits de Décembre qui sont marqués pour toutes les trahisons, et se laissant entraîner, sans liberté, sans presse, sans tribune, dans cette embûche de l'Orient, qni, pour un temps prochain, cache les grandes guerres : Il aurait dit ce qne nous disons, hélas ! - Le Cosaque reviendra ! Ch. Rrn. . . VARIETES. . LA RUSSIE ET LE VIEUX MONDE. (Première lettre à M. LINTON, Esq.) Quel est, à votre avis, l'avenir de la Russie? Chaque fois que je dois répondre à une qttution pat·eille, je réponds par une qt,estion à mon tour. La vojci : l'Eurepe est-elle, ou non, capable d'une régéntraûoD sociale? - Cette q:1estion est gra,·e ! Car si le peuple rnsse n'a qu'un seul avenir, il y a peut-être deux éventualités pour l'avenir del' Empire russe; des deux, laquelle se réalisera? cela dépend de l'E11rope. Il me semble, à moi, que l'Europe, telle qu'elle e:ciste, a terminé son rôle ; ]a dissolution va d'un train exorbitant depuis 1848. Ces paroles effrayent, et on les conteste sans s'en rendre compte. Certainement, ce ne sont pas les peuples •qui périront, mais les Etats, mais les institutions romaines, chrétieflnes, féodales et juste-milieu-parlementaires, monarchiques ou républicaines, peu importe. L'Europe doit se transformer, se décomposer, pour entrer en de nouvelles combinaisons. C'est ainsi que le monde romain se transforma en Europe chrétienne. Il cessa d'être lui-même; il n'entra que comme un des éléments - les plus actifs - dans la constitution du nouveau monde. Jusqu'à nos jours, le monde européen n'a subi que des réformations; les base:. de l'état moderne restaient intactes : on continuait sur le même fond en améliorant les détails. Telle a été la réforme de Luther, telle la Révolution de 1789. Telle ne sera pas la Révolution sociale. • Nous sommes arrivés à la dernière limite du replâtrage; il est impossible de se mouvoir dans les anciennes formes sans les faire éclater. Notre idée révolutionnaire est complètement incompatible avec l'état de choses existant. L'Etat, basé sur l'idée romaine ne l'absorption de l'individu par la société, sur 1a sancti:fication de la propriété accidentelle et monopolisée, sur une religion consacrant le dualisme le plus absolu (même dans la formule réro1utionnaire Diett ET le Peuple),- n'a rien à donner à l' AYenir que son cadavre, que ses éléments chimiques émancipés par sa mort. Le socialisme, c'est la négation de tout ce que la République politique a conservé de la vieille société. Le socialisme, c'est la religion de l'homme, la. religion terrestre, sans ciel : c'est la société sans gouvernement, c'est l'accomplissement du christiani&me et la réalis&tion de »i. Révolution. Le christianisme a fait de l'esclave nn fils de l'homme, la Révolution a fait de l'affranchi un Citoyen, le socialisme veut en faire un homme ( car la cité doit dépendre de l'homme et 11011 l'homme de la cité). Le christianisme moBtre aux fils des hommes, comme idéal, le fils de Dien, - le socialisme va -plus loin, il déclare le fils majeur ...... et, comme tel, l'homme veut être phs que fils de Dieu,- il veut être lui-même. Tous les rapports entre la société et les individu~, et -ceux même entre les individus doivent être totalement changés. Or, la grande question est maintenant de savoir si les peuples germano-romains auront la force cle subir cette métempsycose et s'ils l'auront maintenant? L'id-ée de la révolution sociale est européenne. - Cela. ne veut pas dire que les peuples les plus capables de la réaliser soient les peuples de l'Occident. Le christianisme n'a été que crucifié à Jérusalem. L'idée sociale peut bien être un évènement, une dernière Yolonté, une limite an-delà de laquelle le monde occidental ne peut aller? Elle peut aussi être l'entrée solennelle dans une nouvelle existence, l'acquisition de la t Jge virile ? L'Europe est trop riche - pour risquer son va-tout; elle a trop à conserver, elle est trop chilisée dans ses régions supérieures et trop peu dans les inférieures, pour s'élancer à corps perdu dans une révolution si comp!ète. Républicaius et monarchistes, déistes et jésuites, bourgeois et paysans .... tous, en Europe, sont des conservateurs. Il n'y a· de révolutionnaire~ - que les ouvriers. L'ouvrier peut sauver le vieux monde d'uue grande honte et de grands malheurs. - Sauvé par lui, le vieux monde ne se survivra pas un jour. C'est que nous serons alors en plein socialisme militant- et la question sera résolue positivement. Mais l'ouvrier peut, aussi, être terrassé - comme dans les journées de juin. La répression sera encore plus cruelle, plus terrible. Alors la destruction du vieux monde doit entrer par une autre porte, et la réalisation même de l'idée sociale peut se produire dans une a11tremoncle. Regardez un peu ces deux plateaux immenses qui se touchent par la nuque - des deux côtés de l'Europe. Pourquoi sont-ils si grands, à quoi se préparent-ils, qu'elle est cette passion d'activité, d'agrandissement qui les dévore? Ces deux mondes, si opposés l'un à l'autre, auxquels pourtant il est impossible de refuser quelque analogie :- ce sont les Etats-Unis et la Russie. Personne ne doute que l'Amérique ne soit la véritable continuation du développement de l'Europe et rien que cette continuation,- denuée de to~te initiative, de toute invention, comme elle l'est, 1'Amérique est prête à recevoir l'Europe, à réaliser les idées sociales, mais elle ne viendra pas achever le vieil éùi:fice...... elle ne quittera pas ses plaines fertiles. Peut-on affirmer la même chose du monde slave ? Qu'est-ce que le monde slave? Que veut ce monde muet qui a. traversé les siècle, depuis la migration des peuples jusqu'à nos jours clans un continuel à :,arte, sans desserrer les deuts? Monde étrange, ne faisant cause commune ni anc l'Europe ni avec l'Asie. L'Europe devient catl1olique, l'Orient muiulm~n, le Jll.1>11de s1ne - îfec.
' . L'Europe fait les crois11des,- les Slaves restent chez eux. L'Europe développe le féodalisme, les grandes cités, une législation basée sur le droit romain, sur les lois germaines ; l'Europe civilisée devient protestante, libérale, parlementaire, révolutionnaire. - Les Slaves n'ont nigrandes cités, ni noblesse aristocratique; ils ignorent le droit romain, ne connaissent pas de distinction entre les pay:.ans et les citadins, ils habitent de préférence leurs villages, gardent leurs institutions communales, démocratiques, communistes et patriarchales ( 1). Il semble que le temps de ces peuples ne soit pas venu, qu'ils attendent quelque chose, que leur stat·u quo ne soit que provisoire. Maintes fois les Etats slaves commencent à se former avec vigueur, leur tentative prend consistance, cela se développe (comme la Serbie sous Douchan) ...... et cela -éc.houe,sans qu'on puisse bien. comprendre le pourquoi. S'éten,lant des bords du Wolga et de ceux de l'Elbe, jusqu'à la mer Adriatique et à l' Archipel, les Slaves ne savent pas même se lier pour la défense commune. Les .uns succombent sous les coups des Allemands, les autres sous ceux des Turcs. Une troisième peuplade fut conquise par les hordes sauvages qui s'abattirent sur la P:mnonie. • Une grande partie de la Russie resta longtemps courbée sous le joug des Mongols. La Pologne seule était indépe~dante et forte ...... ma:is c'est qu'elle était moins Slave que les autres : elle était Catholique. Or, le catholicisme est complètement contraire au génie slave. Vous vous rappelez que ce sont les Slaves qui ont les premiers commencé la grande lutte contre le Papisme et q1û lui ont de suite imprimé un caractère profondément social (le11 Taboristes). Réduite et ramenée au catholicisme, la Bohême a cessé d'exister ...... La Pologne donc garda son indépendance en rompant l'unité nationale et en se rapprochant des Etats tle l'Occident. / L~s autres Slaves, restés indépendans, étaient loin de former des Etats organi,és; il y avait quelque chose de flottant, d'indéterminé, de peu gouverné, d'anarchique, (comme diraient nos amis de l'ordre), dans leur vie sociale. Je ne connais rien au monde de plus conforme au caractère slave que l'existence de l'Ukraine (par exemple) ou de la petite Russie, dep11isla période de Kiow jusqu'à Pierre Ier. C'était une république .:osaque et agricole, organisée militairement sur des bases complètement démocratiques et communistes. ·Sana. centralisation, sans gouvernement fort, se régissant par des coutumes, n'acceptant ni la suprématie du Tzar de Moscou, ni celle du roi de Po1ogmi. Il n'y a pas de traces d'aristocratie dans cette république rudimentaire ; c.haque nomme majeur était citoyen actif, toutes les charges étaient électives, depuis le décurion jusqu'au Hetman.- Je, vous prie de remarquer que cette république a existé depuis le XIIIe siècle jusqu'au XVIIIe, en se défendant continuellement contre les Moscovites, les Polo11ais,les Lithuaniens, les Turcs et les Tatars de la Crimée. En Ukraine, comme chez les Monténégrins, même chez les Serbes, les Illyriens, les Dalmates - le génie slave a donné quelques indications assez claires de ses aspirations : - aucune forme politique. Pourtant il a fallu passer par la dressure d'un Etat fort., il a fallu s'assembler, se centraliser et quitter le laisser a1ler de la vie cosaque et l'éternel sommeil de la vie communale. Vers le XIVe siècle· la Russie commence à avoir un centre aut.,our duquel gravitent et se _cristallisent les diverses parties de l'Etat-c'est Moscou. Dès sor, apparition comme ville centrale, elle prend le rôle de la capitale rlu monde slave orthodoxe. C'est à Moscou que se forma l'absolutisme bysantin et oriental des tzars, c'est par elle que périrent les dernières franchises du peuple. Tout fut sacrifié à l'idée de l'Etat, et pour cela tout s'ur,iformise, tout plie. Gomme si en sortant du joug des Mongols, en continuant les guerres ( 1) Et aussi le servage et le despotisme !-(Note du rédacteur). L' UO11I,IE. sang1antes contre les Lithuaniens, en voyant la Pologne s'armer, le peuple sentait qu'il agissait d'abdiquer tous les droits humains pour sauver son indépendance nationale et son avenir. Novgorod-cité grande et libre-était un re1noche vivant pour la viile parvenue, pour la ville des tzars. Moscou écrasa sa rivale avec une cruauté sa11guinaire et sans le moindre remords. Lorsque toute la Russie fut à sts pieds, Mo3cou se trouva face à face avec Varsqvie. La lutte entre ces deux rivales fut longue et ne devait finir q11'àune autre époque. Pendant un moment la Pologne eut le dessus. Moscou plia, Vladislas, fils de Sigismond roi de Pologne, fut pro.clamé tzar de toutes les Russies._ La maison de' Ruvik, de Vladimir monomaque était éteinte-il n'y avait pas de gouvernement, les généraux polonais et les Hetmans des Cosaques regnaient à Moscou. Alors le peuple entier se leva à la voix d'un boucher de ~ijni-Minine-et la Pologne se vit obligée d'abandonner Moscou et le sol russe. Après avoir accompli son œuvre de soudage, Moscou s'arrête. Elle ne sait que faire de ses forces évoquées par elle et restées sans emploi. L'issue se trouva de suite.- Là où il y a beaucoup de force, l'issue se trouve toujours. Pierre Ier fit de l'Etat ,·usse un état européen. La légèreté avec laquelle une partie de la nation se fit aux mœurs européennes et renia ses habitudes est une preuve palpable que l'état moscovite n'était nullement une véritable expression de la vie populaire, mais bien une forme transitoire. Là où on touchait aux élémens réellement nationaux, le peuple les défendait avec opiniâtreté. Toute la classe des paysans n'accepta rien de la réforme de Pierre Ier. Aussi était-elle le véritable dépositaire de la vie nationale, et la base de cette vie était ( comme l'a dit le célèbre historien Michelet), le Communisme, c'està-dire pertage continuel de la terre d'après le nombre des travailleurs et absencr. de propriété territoriale indivi- ·dualisée. Comme l'Amérique du Nord représente la dernière conséquence des idées républicaines et philosophiques de l'Europe du XVIIIe siècle; c'est ainsi que l'Empire de Pétersbourg a développé juspu'au monstrueux les principes du monarchisme et de la bureaucratie européenne. Le dernier mot de l'Europe conservatrice est dit par Pétersbourg; ce n'est pas sans raison que tous les réactionnaires se tournent vers cette Rome de l'absolutisme. Quelles forces immenses avait sous ses mains le despotisme de Pétersbourg? C'est facile à juger par l'état gigantesque qui se forma. }~s forces étaient tellement exubérantes que même pendant la confusion et la détestable administration de Pierre Ier à Catherine II,-l'Etat s'est accru matériellement avec une rapidité inouie. Après avoir absorbé, subjugué tout ce qui étai-t à sa portée- prenant les provinces Baltiques et la Crimée, la Bessarabie et la Finlande, l'Arménie et la Géorgie, partageant la Pologne et arrachant une province après l'autre à la Turquie-l'Empire russse trouva enfin un rival formidable. C'était la révolution fra11çaiserenversée, avortée, dégénérée en un despotisme tout pareil à celui de Pétersbourg. La Russie se mesura avec Napoléon Et le vainquit. (I) . Du moment où l'Europe à Paris, à Vienne, à Aix-laChapelle et à Vérone reconnut nolens, volens, l'higémoriie d'un Empereur de Russie - l'œuvre de Pierre était terminée et le pouvoir impérial se trouva dans la même position où s'étaient trouvés les tzars de Moscou avant Pierre Ier. L'empereur Alexandre le !':entit bien. Le p<,uvoir impérial peut certainement se conserver pendant" quelque temps encore, s'imposer par tous les moyens qui sont dans les mains d'un gouvernement arbi- ( 1) Napoléon fut vaincu en Russie; mais la Rusiie eut peu de part à la victoire. - (Note dtL rédac:leur). traire ; mais il ne peut rien créer, ni produire de plus à l'intérieur,-sans rencontrer partout l'esprit qu'il ne veut évoquer. Tout ce qu'il peut faire-c'est une guerre à l'extérieur. Nicolas s'est pourtant constamment abstenu de la gt1.erre. Comment se fait-il qu'après un règne effacé de 25 années, tout à coup une audace téméraire s'empare de cet homme, et qu'il jette sa mitaine rnsse à la tête de la France et de la Chine, de l'Angleterre et du Japon, de la Suède et des Etats-Unis ...... sans parler de la Turquie ... On dit qu'il est devenu fou? Moi, je commence à penser qu'il est devenu sage. Pour commencer une guerre, il lui fallait la plus eBtière certitude de la lâcheté <letous les états de l'Europe_; il lui fallait avoir pour eux un mépris sans bornes ... Eh bien! il l'a. Nicolas boudait les gouvernemens occidentaux avant 1848,-mais ne les méprisait pas. Nicolas tremblait en apprenant les révolutions. de 1848-et ne s'est rassuré qu'en recevant la nouvelle de la dictature ensanglantée de Cavaignac. Mais après le coup de main qu'il a donn~ à l'Autriche-par son intervention en Hongrie, intervention tolérée par l'Angleterre, comme l'invasion à Rome, il.a mieux compris le terrain de ses amis-adversaires. Il a sondé lentement, peu à peu, l'abime de leur ignominie, de leur pusillanimité, de leur ignorance-et le voilà qui fait LA GuERRE.-Voulez-vous parier qu'il en sortira vainqueur, si un tiers imprévu n'y intervient ?-leur ennemi commun à eux tous, la Révolution, bien entendu! "Dans ce cas, pas de guerre ! déclarons nous battus pac avance, sacrifions la Turquie, cédons eonstantinople :plutôt que de rompre avec le tzar. " . Voilà le raisonnement de tous les diplomates, banquier.11 et autres gens qui pensent que le conservatisme consiste à ne pas lAcher la pièce de 5 francs qu'on a daijs la main et à fermer les yeux sur les dangers du lendemain ... Eh bien, cédt'z; ne faites pas la guerre,-mais sachez bien qu'alors, au lieu d'avoir, ou la Révolution, ou Nicolas ........ .. Vous aurez Nicolas et la Révolution. Voilà ce que je développerai, cher Linton, dans ma deuxième lettre. A. HERZEN. Londres, le 2 mars 1854. Le défaut absolu d'espace nous empêche, bien à regret, de do1;ner place aux vers qui nous ont été adressés par Mme Aârienne Baillot. Il en eet cle,même pour l'article de notre ami Schœlcher auquel, toutefois, nous donnons la rectification d'une faute de typographie dans le numéro du 21 mars. Au lieu de "la punition est un droit criminel qu'on ne peut lui refuser ... ", lisez: "la punition ei,;tun droit DU criminel, etc.'.' JERSBY, IMPRIMERIE UNIVERSELLE, 19, DOJ:.SET STREET. EN VENlTE A L'IJJIPRLl:IERIE UNIVERSELLE, 19, DORSET STREET : Les Biograph~es Bonapartistes par Ph. BerJeau. Prix : 3 francs. LESBAGNDE'SAFRIQU HISTOIUE DE LA TRANSPORTATION DE DÉCEl.\IflR.E, Par CHAULES Rl.EEYROLLES. 1 volume in-8. AVIS Il sera publié avec chaque numéro un supplément spécial polll' les ANNO~CESdans l'intérêt du Commercr, de l'Inclustrie et de la Science. Les Annonces de li • tous les pays seront acceptées à la condition d'être écrites en français, conformément au sp<:!cimenci-après. Les Avis et Annonces sont reçus jusqu'au vendredi à midi, à Londres, à la librairie et agence de l'Imprimerie Universelle, 50 1z2, Great Queen Street Lincoln's-Inn-Fields, et à l'office de l'Imprimcrie Universelle, 19, Dorset Street, à Jersey, S-Hélier, jusqu'à l'arrivée du courrier du ma1di. Toute correspondances doit être affranchie et contenir 111b1on, soit sur la poste angkise, au nom de :M. Z6110 SwrnToSLAwsin,. 8oit sur un des banquiers de Jersey ou de Londre~. Le prix des \ n ionces est uniformément de six sous (trois pence) la ligne, pour les trois sortes de caractères courants employé~ dans cc journal. Les lignes en capitales et en lettres de fantaisie, seront payées en proportion de la hauteur qu'elles occuperont, calculée sur le plus petit texte. A · BIANCHI proscrit politique vrir un cours d'Equitation à son manège, sur ha le triple av.mtage d'unir l'élégance, la lég·erté et . fr:inçais, rédacteur Parade.===-c=------------- !a solidité. ' 1 9 en chef pendant GUTEL PROSCRIT DU 2 DÉCEMBRF: Les semel!cl. sont fixées avec du laiton et ne lluit _ans du)o~rnal quotidien le Messager~~ Nord, s•rofes§ei:u• •h~ coupe i~i~sent aucune aspérité ni à _l'i,ntérieur ni _à l':xpara1ssant a Lille (Fran_ce), d 0 on_ne à, d_om1cile~es 1'ailleur d' Habits.-:!. 9 , Belmont Roa<l, St.-Hélier, rer~e1_1-~: On peut rr.archer a I eau sans nuire a la leçons de laague fra11ça1s~,d anthmet!que, d'lus- Jersey. ~ohd1t~de la chaussure. • toirc, de géographie, de EUérature, etc. M ISQND}-;,QQl\ifMJSS i ON Il se charge également de toutes correspon- • LUi), KOROECIU, A. i ~ 1 l élances, licritures commercides et autres, et des PROSCRIT POLITIQUE POLONArs, No 3, SURLEPORT 9 A JERSEY, mémoires dont on lui confie ia rédaction. Donne à domicile des leçons de la:1gue Allema11de e]. 1rn.~ui•tebige, Commiss:o.nnaire en mar- ~'.,:d::-estr dU profes,_eur, 20, Don-street, St.- et Latine; il démont:re ~~ssi _l~ Gym11aetiq~~- . ~handises, se charge de vendre et acheter to11te Hehcr-(I.e de Jersey). .l\I. Lud. Kordcck1 des1rcrmt trouver de 1 emploi sorte de marchandises et de faire de recouvrements Référ_ei;ccs chez M:!IL "\Vellman, P. Asplet, c,omme pro'.esse~r d~ns une pension.-61, Newmar: 11 France ou en AngÎet~rre et en Amériqi:e. . Geo. \;1cY-~ry. , .. . Street, Oxford Stred.-Londres. Correspondants à Pans, Bordeaux, Lyon, L!lle, ------·----------- 1-5, COLOltBERIE STREET, ST.-HÉLIER, JERSEY. 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RoussEr, a l'honneur de prévenir MM. lea voyageurs qui viennent visiter cette île, soit ponragtém~1:t, s'.lit pour affaires, aussi bien que les h~ l:itants de cette local" .:i, qu'ils troÙvcront dans son Hôtel, bonne tab!t.·, bons vins, et tous les soins, ainsi q:rn lvus rPn~eignements ~ossibles. ~" Table tl'Hête à 10, 1 et 5 heu.res.-Repa11_l to11tebeure.-Il sert aussi en ville.
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