Homme - anno I - n.17 - 21 marzo 1854

·et nationale nt: pent être loin; ·quand tle tels amis l'invoquent et de tels bras la défendent: ............................ Malheureuse patrie! il n·y a plus que des ruines, là où tu as cru bâtir pour l'éternité! Rome, proclamée immortelle deux fois dans l'histoire de l'hnmanité n'est plus qu'un édifice ver.moulu s'élevant Slir des tombeaux. Sa voix, jadis tout puissante, qui retentissait dans le cœnr des peuples, coinme la voix de Dieu lui-même, ne se fait plus entendre que iles oppresseurs des nations, craintifs. et haineux; elle n'a. plus d'écho que sur les lèvres des plus l.1.ches et des plus sceptiques parmi leurs serviteurs. La conscience réelle de l'humanité-la pure, la libre, la sainte conscience du Bien et du Vrai-n'a 'Plus rien à faire avec Rome et ses prêtres.-Ce qu'il y avait de fraternel et d'humain, dans l'appel fait par le Catholicisme à l'unité spirituelle des peuples, renié aujourd'hui par l'Eglise, reste et se développe dans leur àme, comme la loi même de leur vie. Ce que les Papes y ajoutèrent <l'arbitraire et <leviolent dans l'intérêt de leur domim1.tion mondaine, n'est accepté et soutenu que de cc qu'il y a encore <l'égoïste et de barbare dans la société européenne. ])es rois qui, ayant manqué de foi à. leur peuple, scèllèrent leur parjure avec le sang de ceux qu'ils avaient trahis; des hommes qui se rendirent traitres aux lois de lc11r pays pour un peu d'or sorti de mains corruptrices; <les magistrats qui dilapidèrent le trésor public, se rendant, cent fois plus coupables que l'agresseur poussé au crime par la faim, et condamné aux galères par euxmêmes ; des prêtres qui font de leur mini~tère mi instrument au service de toute mauvaise passion et <le toute injustice ; des soldats sans Dieu et sans loi ; des usuriers et des bourreaux-voilà les défenseurs et les croyants de l'Eglise actuelle. Si je dis la vérité, tu peux le témoigner, malheureuse Italie, car tu vois et tu souffres tout cela, et j'entends de ]oin le frémissement secret de ta conscience, quoiqu'elle puisse à peine s'émouvoir sous l'immense poicls qui l'opprime. Tout ce que les anciens out tenté pour l'unification ,de la race humaine s'est tonrné contre toi. Tu as pr{>tendu embrasser tonte la terre dans ton Empire, e_tton Empire est devenu un titre <ledomination dans la main de tes op- ]iresseurs. Tu às voulu rassembler les peuples dans les liens de ton unité catholique, et ces li~ns se sont convertis en chaines contre toi-même.-Tout cela devait arriver, puisque par une heureuse loi de la marche ries nations snr la terre, toute anormalité, toute injustice, toute violence a en elle-même le germe de sa destruction. Tu voulus transformer le ruonde par la force, et la force t'a fait sa victime. Ainsi du moment où la grande pensée unitaire qni inspirait tes meillturs génies, devint la proie d'une hiérarchie sacerdotale qui 1iréte.ndit l'imposer par la contrainte et dan:; le but exclusif ·ae son ambition et de sa puissance, l'humanité se révolta contre son initiation violente; et le catholicisme, tel que tu l'as donné au monde, ronge, comme une plaie hideuse, la meilleure 11artie de ton être.-Oh, ma patrie, dépouille-toi sans retour <le tes vieilles formes; fais remonter ta grarnle füne du sé1rnlcre <le l'histoire à la réalité de la vie; oublie la suprématie et les fausses gioires du passé, si tu veux re- -prendre une place digne de toi dans l'assemblée des nations.-Tu as fait le mal, sache le réparer. Ta dette envers l'humani1é ne sera pas payée, que tn n'aies rejeté complètement de tes aspirations et de ta conscience l'ErnJ>ire et ses conséquences, la Papauté et ses corruptions.- Alors seulement tu pourras associeT ton travail à ce'.ui des autres peuples dans l'œuvre sublime de la véritable unité ~pirituelle et sociale d11 genre humain.-U uité qui ne s'impose pas, mais qui se produit spontanément par l<·s instincts et les sympathie,- de la vie morale, par l'harmonie naturelle des intérêts économiques et des dé\"eloppeinents intellectuels des peuples, par l'esprit même <le Dieu dans la conscience universelle. • Quoique des gouvernements athées et .des sectes impies trarnillent incessamment à transformer en ténébres la sainte lumière ,lu jour, à faire du principe même de fa vie, de la liberté et du Bien, 1me p11issance effrayante rér>nndant partout fat1lemcnt la dualité du malheur et du 1>on11e11rl',égoïsme et la misère, la haine et la souffr:rnce, l'oppression et. l'esclavage, l'humanité n'en marche pas moins raridement à son émancipation .-Toute àme aimante et dévouée, tout peuple ré,·eillé a la conscience de sa dignité, comprend de plus en plus sa propre loi, dans fa. loi universelle des choses, et chaque pas qu'il fait dans les voies de son avenir découvre à son intelligence qu'au dessus de la solidarité factice et tyraunique créée par les privilégiés <le la force, i1 y a une sainte et éternelle solidarité qui guide les hommes vers un lrnt commun de progrès, cle perfectionnement et d'amour. Faire place au développcme11t de la vie dans ses plus nobles facultés, ôter les entraves qui retardent les progrès de cette loi d'harmonisation sociale q11iest le but cle l'humanité sur la terre, c'est l'œune de la liberté. La liberté c'est l'affirmation de tout ce qu'il a d'actif, de grand, de magnanime dans la nature humaine; c'e~t par elle seule que l'activité normale des fouctions organiques de la civilisation vaincra l'influence dé4étère de l'égoïsme et du privilège. Jusqu'à présc11t l'homme individuel et les castes ont impoi-é lel'lrs loi~ et leurs systèmes arbitraire5 it l'homme coll::ctif. - Dans l'ri.Yenir c•c~t la rai~on et Li cons~ L' ll O~I IVi J~. cience collective de l'humanité, se révélant sans mensonge dans l'âme cle chaque individu, qui donnera par la réalité même de la vie et par la liberté complète de ses développements la véritable formule ·du mouvement religieux et social des peuples affranchis. Aurélio SAFFI. NOUVEAUX PAS DES BONAPARTISTES ET DES - .A]vIIS DE L'ORDRE VERS LA BARBARIE. " En vertu des ordres de l'empereur, dit le ilf onitettr universel, le ministre de la marine et des colonies a prescrit, le Ier mai dernier, à M. le contre-amiral FebvrierDespointes, commandant en chef des forces navales françaises .dans ]'Océan-Pacifique, de se diriger vers la Kouvelle-Calédonie. " Le• gouvernement était désireux, depüis longtemps, de posséder'dans les parages d'outre-mer quelques localités qui pw,sent, au besoin, recevoir ses établissemens pénitentiaires. "La Nouvelle-Calédonie lui offrait toutes les conditions désirables. " Conformément aux instructions qui lui avaient été transmises, -le contre-amiral Febvrier-Despointes, après s'être assuré que le pavillon d'auèune112ation maritime ne flottait sur la Nouvelle-Calédonie, a pris solennellement possession de cette île et de ses dépendances, y compris l'ile des Pins, an nom et par ordre de S. M. Napoléon III, Empereur <les Français. "Voici la copie des procès-verbaux de la prise de possessior1 en date des 24 et 29 septembre 1853 : " Cejourd'hui, samedi, vingt-quatre septembre mil huit " cent cinquante trois, à trois heures de l'après-midi. " Je soussigné, Auguste Febvrier-Despointes, contreamiral commandant en chef les forces navales françaises dans la mer Pacifique, agissant d'après les ordres de mon gouvernement, déclare prendre possession de l'ile de la. Nouvelle-Calédonie et de ses dépendances, au •nom de S. J'rLNapoléon III, Empereur des Français. " Eu conséquence, le pavillon français est arboré sur la dite île (Nouvelle-Calédonie), qui, à compter de ce jour, devient, ainsi que ses dépendances, colonie fran~aise. " La dite prise de possession est faite en présence de MM:. les officiers de la corvette à vapeur le Phoque et de MM. les missionnaires français qui ont signé avec nous. " Fait à terre, au lieu de Balade, (Nouvelle-Calédonie), les jour, mois et an que dessus. " Cejonrd'hui, jeudi, vingt-neuf septembre mil-lmitcent-cinq uante-trois, • ·"Je soussigné, Auguste Febvrier.;Despointes, agissant d'après les ordres de mon gouvernement, déclare prendre possession de l'ile des Pins au nom de Sa Majesté Napo- :éon IH, Empereur des Français. " En conséquence, le pavillon fr,mçais est arboré sur la dite île des Pins, qui, à compter de ce jour, devient, ainsi que ses dépendances, colonie française. L'ile continuera à être gou,·ernée par son chef, qui rdèvera directement de l'autorité francaise. " La di te prise de: possession faite en présence de messieurs les missionnaires franr;ais, des officiers du,I'hoquc et rlu chef Ven-de-Gon, qui out signé avec nous. " Fait à terre, en double expédition, baie de l' Assomption, les jour, mois et an que dessus. " Aussitôt que le pavillon de la France a été arboré sur les terres de la Nouvelle-Calédonie, il a été salué de 21 coups de canon et des cris répétés, par l'état-major et l'équipage, <le Vive l'Empereur !" En lisant ces étranges 11rocès-verbanx, si froidement insérés au J11vniteur, on se demande ce qu'est rlevenu le droit des ge1rn, et si le monde est retombé dans la barbarie en plein dix-neuvième siècle. Jamais "la raison du plus fort" n'a employé moins de rhétorique à s1expliquer. Pour un gouvernf'ment qui représente surtout le principe de la propriété, et qu'un ministre anglais félicitait naguère avec enthousiasme <l'avoir proclamé que " le temps des conquêtes est passé," on conviendra que ce sont là des procédés un peu vifs. Nous serions curieux de savoir ce 11uedirait l\L JeanBonhomme, fùt-il devenu l'un des plus grand~ admirateurs clu Deux-Décembre, si M. le contre-amiral lt'ebvrier-Despointes Yenait envahir son domaine sur les bords de la Sei.ne ou de h Tamise, disant d'un air majestllenx : " En " vertu des ordres de mon gouvernement, je prends pos- " session du domaine de M. Jean-Bonhomme, après m'être " assuré qu'aucun roleur puissant n'a eu l'idée de mettre " la main dessus. Ce domaine continuera à être administré ".par son ancien maître, qui relèvera directement de l'au- " torité de M. Napoléon III, empere11r des Français. l\1is- " sionnaires, chantez la messe d'actions de grâces, arti1- " leurs, tirez le c1non de réjouissance. Vive l'empereur!" Si grancl ami de l'ordre et de la religion que puisse être U. J eau-Bonhomme, nous doutons qne cette manière élyséenne de sauver la société soit tout à fait de son goût. Quant à la présence ëlu prêtre à cet exploit d'amiral de grand chemin, nous ne la tegrettons pas ; elle montre une fois de plus que les prêtres ont perdu tont sens moral et ne servent d'autre Dieu que la force. Les Etats-Unis achètent le moindre pouce ,le terrain des peanx-ronges avec lesquds iJ.s ne sont pas en guerre. L'empire de la " paix" n'est pas à la vérité une de ces. démocraties turbulentes qui n'ont rien <lesacré, mais cela suffit-il pour l'autoriser à s'emparer violemment d'un pays incapable de se défendre? La distance et les mots ne changent point la nature• des choses ; nous n'hésitons pas à dire que l'acte <le M. Febvrier-Despointes est purement el simplement un vol à m ,in armée qui le conduirait au bagne dans tout pay. civilisé. • Voici maintenant un second épisode qui ne servira pas de petit ornement à l'heureuse époque de régénération morale où nous sommes. Pendant que la Ji~rancebonapartiste fond s111l'a Nouvelle-Calédonie comme un baron châtelain du moyen-âge sur une caravane de marchands voyageurs, la Prusse féodale songe à rétablir la _peine du fouet ... oui, la peine du fouet! ...... . Le 7 mars dernier à la chambre des députés de Berlin, une pétition de quelques personnes honnêtes et modérées demandait la restauration du châtiment-corporel pour .le menu peuple, tout en conservant la prison pour les gens comme il faut. Il y a. eu là-dessus une discussion et un vote dont voici le compte-rendu d'après l'J ndépendance bcl,r;e, journal qui assurément ne peut être ·sou_p~onné d'aucune idée généreuse : " M. Riedet, professeur à l'Université de Berlin (gauche modérée): .Je regrette que la pétition n'indtqne pas le genre de fouet qu'elle voudrait voir rftablir. Est-ce la bastonnade turque ou le knout russe? Je suppose que c'est le knout. Mais s'il faut cette _peine, on devrait l'appliquer au,x possesscu1 s de biens mobles comme aux autres. (On rit) Que l'égalité du moins règne devant le fouet. (~ouveaux rires' Messieurs, je souliaite que jamais les représentants du peuple ne se mettent à délibérer sur le rétablissement de pareilles peine•. ,; l\I. de .Gerlach rappelle que le gouvernement a demandé leur avis aux tribunaux. La pénalité actuelle ue suffit pas. Les prisons sont rem plies. Il faut donc le foaet. Ce sont surtout les jeunes gens parmi le·peuple des campagnes et certaines .femmes sans nom qui ne peuvent être corri-gées que par des coups de fouet. (Mouvement d'incliP-nation aux deu.x centres et à droite.-La. ô gauche applaudit ironiquement.) .Il n'y a pas d'honneur sans correction et les cris contre le fouet ne sont que du libéralisme creux! ,La punition ,est ,un droit criminel qu'ou ne peut lui refuser. (Assez! assez!) " M. de Gerlach termine en disant quïl ne demande le foue:t que pour les six provinces de l'Est et non pour le Rhin et la Westphalie. " J'rl. Wentzel (président de la Cour d'appel) dit que 111. peine du fouet est dcshonoran.te pour celui qui l'ordonne comme pour celui qui la subit. (Applaudissements.) Quant aux femmes q11eM. de Gerlach Yeut faire fouetter, on ne leur infligeait déjà plus ce ehâtiment odieux-et dégradant -même dans l'ancien temps. Au reste, <,e ,n'est pas en 1848, mais en 1810 que le fouet a été aboli. " M. S-imons, ministre de la justice, (mouvement d'attention). 'Cn orateur a dit que le gouvernement aY~it demandé leur avis aux autorités judiciaires sur la question débattue Il aurait clû ajouter, que la ,grande majorité de ces autorités a émis sur le rétablissement du .fouet, que l'on sollicitait dn ministère, un Yote négatif. (Approbation à droite.) On oublie qu'il s'ngit 110np:lS ll'abolir, mais de rétablir cette peine. En ce qni concerne les jeunes gens égarés, les maisons de .salut (correction morale) et autres institutions de la même catégorie produise;ut les meilleurs résultats. Il yaut donc mieux -continuer dan11 cette voie moins coùteuse et plus humaine. " 1\1. de Vincke: J'appuie l'ordre .du jour et je rlemande l'appel nomi11al. (Adopté.) Au vote l'ordre du jour est prononcé par J SS voix contre 47. " Pendant la derniëre to11rmente révolutionnaire qui 11. failli replonger le monde dans le chaos, les représentants rln peuples réunis à Berlin abolirent la peine de mort le 4 août -1848 par un décret reudu à une majorité de 298 voix contre 37. Aujourd'hui que ces forcénés ont disparu de la scène politique et que le bourreau a repris son légitime empire, le gouYcmemeut prussien se croit obligé de commlter les autorités ju1liciaires sur la rr.stauration du chàtirncnt corporel qu'on lui demande, et quand une 1,étition e;n ce sens arriYe à la chambre des députés, sur J 88 membres é!us mo11archiquement, il s'en trouYe 4î pour dirn que refuser de fouetter des femmes est " du libéralisme creux " Ainsi partout s'exerce la salutaire influence du 2 Xbre. sur l'esprit public en Europe, partout où les effets bienfai. ants du retonr des idées d'ordre, partout on sent que la mansuétude et le respect des grands principes font place aux farouches passions et aux rêves sauvages de b. démocratie. Quoiqu'il en soit, nous le rappelons avec orgueil, c'est encore au dévergondage de la Révolution de février que notre patrie doit d'être~délivrée de la honte du cl1àtiment corporel resté jusque là dans le code maritime. Les buveurs de sang du gouvernement provisoire eu ont purgé la législation française dès le J 2 mars 1848. Et il faut le dire à l'honneur de la France, les bonapartistes qui ont eu l'horrible audace de proposer le rétablissement de la peine de mort en matière politique, n'ont pas osé faire une telle proposition pour la peine du fouet. V. ~CHŒLCM'Elt,

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