Homme - anno I - n.17 - 21 marzo 1854

-SCIENCE.- ' -SO LIDARIT:f~-· JO-URNADLELADE}!OCRATIUENIVERSELLE& K0 17. - liIERCREDI, :H MARS JS.54. • 1 ' LA DERMIERE DEP:~EHE. Londres. Le czar a refusé toute conciliation et la dernière dépêche télégraphique de Vienne enlève aux intérêts, comme ù la peur, leur dernière espérance. Les industries, le commerce et la Bourse en sont, ici, profondément troublés : les faillites s'accnmuleut, le crédit est nnl, l'argent se cache, le truvail s'arrête et l'in'l uiétude est u11iversellesous ce premier vent de la crise. Mais ce ne sont là qne de petits malheurs : le o-rand souci du jour, l'anxiété, le tourment de la , politique, c'est l;attitude lente et sonmoise de Bonaparte : ses soldats ne partent pas et ceux de i'Arwleterre ont déjà touché la M érliterranée, ses 0 • ' f l. l vaisseaux de guerre n ollt pas e11core ranc 11 es ports, ils n'ont pus même de cliarbou, et ceux de l'AnP-leterre naviguent cléj."tvers la 'Baltique: tout l'étaf-major anglais est en marche, déjà, pour les postes de bataille, et les noms des commandans français ne sont encore qu'au Moniteur. Qu'est-ce à dire, s'écrie Le Times qui a cles heures tristes? qu'est-ce à dire, s'écrient les journmu naïfs·? serions-nous trahis, murmure tout bas le bourgeois <leLondres ·t Sur ces retards sig·iificatifs, le gouvemement <rardeencore le silence; sqn inquiétude est sé- ;ieuse, pourtant, mais il n'ose i11terpeller: il était hier si convaincu de la bonne foi, de la pa,jètite loyauté du grand caractère de Bonaparte! il a poussé si loin la courtoisie et le dithyrambe! C'était u11 génie hors ligne, et qui 11ous allait donner le siècle d'Auguste ! Pourtant, les vaisseaux ne partent pas, les soldats restent aux. casernes, et la Russie, qui a pris son temps, va se précipiter à marches forcées ..... Voilà le drnme qui commence. Nous l'avions dit dès le début : B·ouaparte ne peut marcher que par la trahiso:1; c'est sa nature, sa force, son génie, puisque génie l'on veut hie11lui donner, et malheur à ceux qui n'out pas reculé devant l'alliance du crime! C'était une immoralité profonde : elle aura son chàtiment. Ch. RrnEYROLLES. LARUSSIEE~ ETATDE SIEGE. 1. A la bonne heure ! voilà du neuf, du lu:xe, de 1a furcm. de la rage despotique, si bon vous semble. Les moyens ordinaires ne sufiisent plus dans ce sombre abattoir d'hommes étiqueté en lettres impériales Ru-,sie, les bouillons et le cajë administrat{f,;, la ~ibérie, l'eulèvemeut de familles entières @pérf sans qu'on ose s'enquérir <le leur sort, tant la terreur est grande au sein de ces populations écrasées sous le talon du crime ; le knout, la torture, le vol <lesenfans aux mères, comme en Pologne; le silence des cavernes, les abominations, les désolations de tout genre, ce n'est p:is encore assez. Daus ce gouvernement. dont l'espionnage, le vol, l'hypocrisie la plus perfide et la plus infâme, l'oppression brutale et sauvage, forment les étais priucipaux; clans ce pan<lœmonium de tous les crimes nés et à· naître, la griffe <le ter clu despo1isme est impuissante à garder sa proie, elle la sent glisser. Que devenir 1 Vite l'état de siège! c'est plus expéditif et pas plus cruel que le reste ; et puis, qu'importe la cruauté pour des serfs! D'ailleurs il y a économie; les bouillons et le café, tant minime soit leur valeur, coûtent toujours 1111 peu ; il faut payer les docteurs chargés de les administrer. D'un autre côté, le voyag·e en Sibérie est loug, très long; la solde de l'escorte, sa nourriture, celle des chevaux cofttent de l'argeut : Toutes lettres et correspondances doivent être affranchies et adressées au bureau de I' Imprimerie U-niversclle, à SaintHélier (.Jersey), IV, Dorset Street.-Les manuscrits déposés ne seront pas rendus. de l'argent! Il faut savoir l'épargner quand on est réduit ù battre monnaie avec du papier et à le faire accepter librement .... la bayonnette snr la poitrine. Le mode d'exécution est des plus faciles, les dignitaires pullulent en Russie, à tout coin de forêt on trouve un Saint-Arnauld-Kalmouk; dm1s les bas-fonds marécageux, un Magmm-Kirghis; sur tous les grands chemins, un Caurobert-Kosa~<, un Reybell-'fatar, uu llertralld-Baskir, ce <.pi'il faut enfin pour exterminer sur l'heure cruellemeut, là.chement, plus lâchement qu'il n'est d'hnbitude cht:z nos voleurs de gnmdes routes, toutes les créatures humaines clout.le tzar, le Père ort!todo.re, le Dieu du Nord peut avoir la fantaisie de se débarrasser. Vive donc l'état de siège! pour la plus grande gloire du créateur et la @onservation <leses enfons. II. Depuis la Baltique et la mer Noire jusqu?à la mer Blanche, tout est soumis à ce régime paternel, sans l'emploi duquel l'orthodoxie est sur le point de sombrer. Les gouvernemens de SaintP6tersbourg, Ekatherinoslaw, y compris 'rog-ourog, A rcbangel, Com1la11de,Kowuo, Wilna, Grod'no, ,v olhyuie, Podolie et le royaume de Pologne sont soumis ù ce régime de mansuétude ortho'.ioxe à eux octroyé par le Père, Nicolas, le seu I et vrai représentant de Dieu en .Russie. C'est ù faire crever de jalousie M. Bonaparte. 0 Russes infortunés, qu'avez-vous donc fait a.u ciel pour attirer sur vous un pareil fléau'! Les hommes de hautes œuvres charg·és d'exécuter cette infemale mesure du Père, nous ne sommes pas orthodoxes, hé.las ! sout tous des séùles de choix, des ministres de cruanté, de terreur; ils répondent aux noms de Rudiger, pour la. Pologne et les gouverneme:·s voisins; Berg, en Esthonie; Souwaroff-Kiminski) en Livonie; vice-amiral B-0ël, pour Archange!; Gortschakoff, et sous lui OsteuSacken, pour les gouvernemens limitrophes des Principautés danubiennes. Le ltlonilei.tr nnive1:sel nous apporte cette g·rande nouvelle, copiée par lui dans la Gazelle de SaintPétersbour,9. li nous donne en outre le texte de cinq décrets disant comme quoi le Pi,re de toutes les Russies, Nicolas Ier du nom, a jugé utile ou nécessaire, dans son orthodoxie et sou affection pour ses sujets bien-aimés, de livrer la vie de quarante millions de créatur.es humaines. au caprice de quelques bouchers à grosses épaulettes d'or. Que se passe-t-il donc dans ce pays ténébreux et gelé de la :Moscovie ·t Quelles appréhensÎolls, quelles craintes ont pn déterminer l'emploi de si terribles moyens ? Nos regards ne saul'aient percer le voile épais qni couvre cette nouvelle atrocité impériale; nrnis ce que nous croyons pouvoir dire avec une espèce de certitude, c'est que cette sauvag·erie du despote annonee le dessein <le pousser la gnerre à outrance. C'est le commencement de l'ébranlement général de l'Europe. III. Un point surtout nous préoccupe au milieu <le ce déploiement de fureur impériale, un des ukases nous apprend bien la nomination_ du grand· duc héritier, fils <le Nicolas, an gouvernement de l'état de siège à St.-Pétersbourg, mais se tait complètement snr la santé du Pè1•e. En cela le gazetier de St.-Pétersbourg nous paraît avoir commis un• oubli fâcheux, triste, alarmant peut-être. Que vont penser les soixante millions <lesujets russes en remarquant ce silence gardé, par précaution ou par ordre peut-être, sur la santé de ce Père adoré de tous, si nous en croyous les récits officiels '! n'e~t-ce pas mettre à plaisir la torture au cœur de tous ces Moscovites si hien intentionnés'? et puis l'histoire ùe Russie est si sombre, si sombre! ]?our ne prendre clate que de Pierre, dit le Grand, qui tua son fils, ou de Sophie cl'Anhalt q_ui tua son mari, Sophie d' Anhalt appelée Catherine la grande ON s'AnONNE : I PRIX DE L' AllOKNF.~IENT = A ,Tersry, 19, Dorset st. U_nan,_8 shillings ou 10 fran es. A Londres, ,iO¼, Great Qucen st. Six mois, 4 sh. ou 5 fr. Lfocoln's-Inii-Fields, à la Li-1 Trois m@is,2 sh. ou 2 fr. 50' c. A Ge11ii1:e(Suissec)h, ez ::\I. Corsat, CIIAQUJ:: NU)rûno : libraire, rue Guillaume-Tell. 3 pences ou fi sous. ou la Sémiramis du Nord, combien de pages lugubres dans les- a11nales russes depuis ce temps ! Paul Ier, père de Nicolas, memt étraug·lé ; Alexnndre, frère <le Nicolas, meurt d'u.ue apoplexie survenue par suite de l'action d'une cravate trop serrée ; Constallt'În, le gTos, le robuste, le solide Co11stanti11,antre frère de Nicolas, s1éteint comme u11e chandelle après la. visite de certain personnage pofüiqne.-Où sommes-nous'? où allo1Js-nous? Oh! pour Dieu, donnez-nous donc des 11011velles<ln J>èrP, <lece bo:1 et tendre Père, Nicolas Ier, l'orthodoxe. Voulez-vous donc ajputer à l'affi-euse boucherie de la guerre le désastre d'une mortalité effrayante que va trainer après lui le chag·ri11si vous laissez les Russes sans nouveHes de la santé <lu Père~ Rien qu'en y pensant je frémis, j'en ai le frisson. IV. Pen de semninE's C'ncore et le bruit des batail:.. Ions se heurtant et se roulant les uns sur les autres va épouvanter l'Europe. A vaut la fin de l'année, plusieurs centaines de mille hommes auront disparu de la terre pur le bon plaisir d'un sauvage aussi féroce qu'hypocrite ; cette immense hécatombe aura été exécutée au nom de la foi orthodoxe et sous le manteau de fo. religion. Mensonge et blasphème! Le jaguar communie et le tigre dit la messe. Au milieu de cet embrâsement que vont faire les peuples'? Le temps n'est-il pas enfin. venu de faire disparaitre pour toujours ces bêtes fauv.es, impériales et autres, dont la. seule mission sur la terre est de semer autour d'elles le meurtre et l'horreur? Oui, certes, elle est arrivée cette heure de rég·énération sociale qui doit rendre à l'homme ce qu'il n'aurait jamais dû perdre, la paix, le bienètre et la liberté. Si les peuples ont conscience de leur force et de leur droit, une guerre générale et terrible, la dernière, va sortir de ce grand ébranlement. Une insnrrection gigantesque contre le despotisme doit s'étendre d'un bout de l'Eurnpe ù l'autre et- détruire à tout jamais la t_vrannie et les tyrans, leurs complaisans et Jeurs séides, les in11trnmens et les bourreaux. A l'œnvre donc! peuples d'Europe, aux armes et- sns au despotisme. Faites la guerre encore 111w fois, faites la dennière guerre, afin de hi:oyer vos maîtres et- de détruire ces armées permanentes qui vous déchirent et vous oppriment moyennant l'ar- ~rent pris clans Yos poches pour le leur donner. Jamais plus sainte croisade n'aura été entreprise; jamais plus grand hommage rendu à la justice <l'e Dieu blasphêmé par les scélérats, Empereurs et Papes, qui sous l'autorité de son uom remplissent le monde de désastres, d'épouvante et d'horreur. En a.vant donc! pour l'humanité opprimée, netto_yez St.-Pétersbourg, Vienne, Rome et Paris des immondices impériaux et sacerdotau.,-:qui les souillent;, alors, Peuples, -vous aurez bien mérité de Dien et des hommes. J. CAHAIGNF.. Ou nous communique quelques lignes écrites pai- le citoyen Aurélio Saifi, dont le bras vaillant a si noblement exécuté, dans de périlleuses entreprises, ce que lni inspirait son cœur tout dévoué à sa patrie, à la liberté. Cette mélancolique méditation, cet appel aux consciences timides de ses compatriot~s montrent assez à ceux qui ne le connaissent pas comme grand écrivain, combien sen intelligence est digne de son cœur et <leson bras. L'ancien triumvir, le conspirateur discret, infatigable, dévoué même quand le succès lui parait impü.':s'.ble, est un penseur élevé et non moins hardi pur l'idée que pour l'action. Heureuse Italie, dans sa servitude, de protester par de pareils hommes coutre l'implacable destinée qui la. livre à l'oppression étrangère : son indôpemlance morale

·et nationale nt: pent être loin; ·quand tle tels amis l'invoquent et de tels bras la défendent: ............................ Malheureuse patrie! il n·y a plus que des ruines, là où tu as cru bâtir pour l'éternité! Rome, proclamée immortelle deux fois dans l'histoire de l'hnmanité n'est plus qu'un édifice ver.moulu s'élevant Slir des tombeaux. Sa voix, jadis tout puissante, qui retentissait dans le cœnr des peuples, coinme la voix de Dieu lui-même, ne se fait plus entendre que iles oppresseurs des nations, craintifs. et haineux; elle n'a. plus d'écho que sur les lèvres des plus l.1.ches et des plus sceptiques parmi leurs serviteurs. La conscience réelle de l'humanité-la pure, la libre, la sainte conscience du Bien et du Vrai-n'a 'Plus rien à faire avec Rome et ses prêtres.-Ce qu'il y avait de fraternel et d'humain, dans l'appel fait par le Catholicisme à l'unité spirituelle des peuples, renié aujourd'hui par l'Eglise, reste et se développe dans leur àme, comme la loi même de leur vie. Ce que les Papes y ajoutèrent <l'arbitraire et <leviolent dans l'intérêt de leur domim1.tion mondaine, n'est accepté et soutenu que de cc qu'il y a encore <l'égoïste et de barbare dans la société européenne. ])es rois qui, ayant manqué de foi à. leur peuple, scèllèrent leur parjure avec le sang de ceux qu'ils avaient trahis; des hommes qui se rendirent traitres aux lois de lc11r pays pour un peu d'or sorti de mains corruptrices; <les magistrats qui dilapidèrent le trésor public, se rendant, cent fois plus coupables que l'agresseur poussé au crime par la faim, et condamné aux galères par euxmêmes ; des prêtres qui font de leur mini~tère mi instrument au service de toute mauvaise passion et <le toute injustice ; des soldats sans Dieu et sans loi ; des usuriers et des bourreaux-voilà les défenseurs et les croyants de l'Eglise actuelle. Si je dis la vérité, tu peux le témoigner, malheureuse Italie, car tu vois et tu souffres tout cela, et j'entends de ]oin le frémissement secret de ta conscience, quoiqu'elle puisse à peine s'émouvoir sous l'immense poicls qui l'opprime. Tout ce que les anciens out tenté pour l'unification ,de la race humaine s'est tonrné contre toi. Tu as pr{>tendu embrasser tonte la terre dans ton Empire, e_tton Empire est devenu un titre <ledomination dans la main de tes op- ]iresseurs. Tu às voulu rassembler les peuples dans les liens de ton unité catholique, et ces li~ns se sont convertis en chaines contre toi-même.-Tout cela devait arriver, puisque par une heureuse loi de la marche ries nations snr la terre, toute anormalité, toute injustice, toute violence a en elle-même le germe de sa destruction. Tu voulus transformer le ruonde par la force, et la force t'a fait sa victime. Ainsi du moment où la grande pensée unitaire qni inspirait tes meillturs génies, devint la proie d'une hiérarchie sacerdotale qui 1iréte.ndit l'imposer par la contrainte et dan:; le but exclusif ·ae son ambition et de sa puissance, l'humanité se révolta contre son initiation violente; et le catholicisme, tel que tu l'as donné au monde, ronge, comme une plaie hideuse, la meilleure 11artie de ton être.-Oh, ma patrie, dépouille-toi sans retour <le tes vieilles formes; fais remonter ta grarnle füne du sé1rnlcre <le l'histoire à la réalité de la vie; oublie la suprématie et les fausses gioires du passé, si tu veux re- -prendre une place digne de toi dans l'assemblée des nations.-Tu as fait le mal, sache le réparer. Ta dette envers l'humani1é ne sera pas payée, que tn n'aies rejeté complètement de tes aspirations et de ta conscience l'ErnJ>ire et ses conséquences, la Papauté et ses corruptions.- Alors seulement tu pourras associeT ton travail à ce'.ui des autres peuples dans l'œuvre sublime de la véritable unité ~pirituelle et sociale d11 genre humain.-U uité qui ne s'impose pas, mais qui se produit spontanément par l<·s instincts et les sympathie,- de la vie morale, par l'harmonie naturelle des intérêts économiques et des dé\"eloppeinents intellectuels des peuples, par l'esprit même <le Dieu dans la conscience universelle. • Quoique des gouvernements athées et .des sectes impies trarnillent incessamment à transformer en ténébres la sainte lumière ,lu jour, à faire du principe même de fa vie, de la liberté et du Bien, 1me p11issance effrayante rér>nndant partout fat1lemcnt la dualité du malheur et du 1>on11e11rl',égoïsme et la misère, la haine et la souffr:rnce, l'oppression et. l'esclavage, l'humanité n'en marche pas moins raridement à son émancipation .-Toute àme aimante et dévouée, tout peuple ré,·eillé a la conscience de sa dignité, comprend de plus en plus sa propre loi, dans fa. loi universelle des choses, et chaque pas qu'il fait dans les voies de son avenir découvre à son intelligence qu'au dessus de la solidarité factice et tyraunique créée par les privilégiés <le la force, i1 y a une sainte et éternelle solidarité qui guide les hommes vers un lrnt commun de progrès, cle perfectionnement et d'amour. Faire place au développcme11t de la vie dans ses plus nobles facultés, ôter les entraves qui retardent les progrès de cette loi d'harmonisation sociale q11iest le but cle l'humanité sur la terre, c'est l'œune de la liberté. La liberté c'est l'affirmation de tout ce qu'il a d'actif, de grand, de magnanime dans la nature humaine; c'e~t par elle seule que l'activité normale des fouctions organiques de la civilisation vaincra l'influence dé4étère de l'égoïsme et du privilège. Jusqu'à présc11t l'homme individuel et les castes ont impoi-é lel'lrs loi~ et leurs systèmes arbitraire5 it l'homme coll::ctif. - Dans l'ri.Yenir c•c~t la rai~on et Li cons~ L' ll O~I IVi J~. cience collective de l'humanité, se révélant sans mensonge dans l'âme cle chaque individu, qui donnera par la réalité même de la vie et par la liberté complète de ses développements la véritable formule ·du mouvement religieux et social des peuples affranchis. Aurélio SAFFI. NOUVEAUX PAS DES BONAPARTISTES ET DES - .A]vIIS DE L'ORDRE VERS LA BARBARIE. " En vertu des ordres de l'empereur, dit le ilf onitettr universel, le ministre de la marine et des colonies a prescrit, le Ier mai dernier, à M. le contre-amiral FebvrierDespointes, commandant en chef des forces navales françaises .dans ]'Océan-Pacifique, de se diriger vers la Kouvelle-Calédonie. " Le• gouvernement était désireux, depüis longtemps, de posséder'dans les parages d'outre-mer quelques localités qui pw,sent, au besoin, recevoir ses établissemens pénitentiaires. "La Nouvelle-Calédonie lui offrait toutes les conditions désirables. " Conformément aux instructions qui lui avaient été transmises, -le contre-amiral Febvrier-Despointes, après s'être assuré que le pavillon d'auèune112ation maritime ne flottait sur la Nouvelle-Calédonie, a pris solennellement possession de cette île et de ses dépendances, y compris l'ile des Pins, an nom et par ordre de S. M. Napoléon III, Empereur <les Français. "Voici la copie des procès-verbaux de la prise de possessior1 en date des 24 et 29 septembre 1853 : " Cejourd'hui, samedi, vingt-quatre septembre mil huit " cent cinquante trois, à trois heures de l'après-midi. " Je soussigné, Auguste Febvrier-Despointes, contreamiral commandant en chef les forces navales françaises dans la mer Pacifique, agissant d'après les ordres de mon gouvernement, déclare prendre possession de l'ile de la. Nouvelle-Calédonie et de ses dépendances, au •nom de S. J'rLNapoléon III, Empereur des Français. " Eu conséquence, le pavillon français est arboré sur la dite île (Nouvelle-Calédonie), qui, à compter de ce jour, devient, ainsi que ses dépendances, colonie fran~aise. " La dite prise de possession est faite en présence de MM:. les officiers de la corvette à vapeur le Phoque et de MM. les missionnaires français qui ont signé avec nous. " Fait à terre, au lieu de Balade, (Nouvelle-Calédonie), les jour, mois et an que dessus. " Cejonrd'hui, jeudi, vingt-neuf septembre mil-lmitcent-cinq uante-trois, • ·"Je soussigné, Auguste Febvrier.;Despointes, agissant d'après les ordres de mon gouvernement, déclare prendre possession de l'ile des Pins au nom de Sa Majesté Napo- :éon IH, Empereur des Français. " En conséquence, le pavillon fr,mçais est arboré sur la dite île des Pins, qui, à compter de ce jour, devient, ainsi que ses dépendances, colonie française. L'ile continuera à être gou,·ernée par son chef, qui rdèvera directement de l'autorité francaise. " La di te prise de: possession faite en présence de messieurs les missionnaires franr;ais, des officiers du,I'hoquc et rlu chef Ven-de-Gon, qui out signé avec nous. " Fait à terre, en double expédition, baie de l' Assomption, les jour, mois et an que dessus. " Aussitôt que le pavillon de la France a été arboré sur les terres de la Nouvelle-Calédonie, il a été salué de 21 coups de canon et des cris répétés, par l'état-major et l'équipage, <le Vive l'Empereur !" En lisant ces étranges 11rocès-verbanx, si froidement insérés au J11vniteur, on se demande ce qu'est rlevenu le droit des ge1rn, et si le monde est retombé dans la barbarie en plein dix-neuvième siècle. Jamais "la raison du plus fort" n'a employé moins de rhétorique à s1expliquer. Pour un gouvernf'ment qui représente surtout le principe de la propriété, et qu'un ministre anglais félicitait naguère avec enthousiasme <l'avoir proclamé que " le temps des conquêtes est passé," on conviendra que ce sont là des procédés un peu vifs. Nous serions curieux de savoir ce 11uedirait l\L JeanBonhomme, fùt-il devenu l'un des plus grand~ admirateurs clu Deux-Décembre, si M. le contre-amiral lt'ebvrier-Despointes Yenait envahir son domaine sur les bords de la Sei.ne ou de h Tamise, disant d'un air majestllenx : " En " vertu des ordres de mon gouvernement, je prends pos- " session du domaine de M. Jean-Bonhomme, après m'être " assuré qu'aucun roleur puissant n'a eu l'idée de mettre " la main dessus. Ce domaine continuera à être administré ".par son ancien maître, qui relèvera directement de l'au- " torité de M. Napoléon III, empere11r des Français. l\1is- " sionnaires, chantez la messe d'actions de grâces, arti1- " leurs, tirez le c1non de réjouissance. Vive l'empereur!" Si grancl ami de l'ordre et de la religion que puisse être U. J eau-Bonhomme, nous doutons qne cette manière élyséenne de sauver la société soit tout à fait de son goût. Quant à la présence ëlu prêtre à cet exploit d'amiral de grand chemin, nous ne la tegrettons pas ; elle montre une fois de plus que les prêtres ont perdu tont sens moral et ne servent d'autre Dieu que la force. Les Etats-Unis achètent le moindre pouce ,le terrain des peanx-ronges avec lesquds iJ.s ne sont pas en guerre. L'empire de la " paix" n'est pas à la vérité une de ces. démocraties turbulentes qui n'ont rien <lesacré, mais cela suffit-il pour l'autoriser à s'emparer violemment d'un pays incapable de se défendre? La distance et les mots ne changent point la nature• des choses ; nous n'hésitons pas à dire que l'acte <le M. Febvrier-Despointes est purement el simplement un vol à m ,in armée qui le conduirait au bagne dans tout pay. civilisé. • Voici maintenant un second épisode qui ne servira pas de petit ornement à l'heureuse époque de régénération morale où nous sommes. Pendant que la Ji~rancebonapartiste fond s111l'a Nouvelle-Calédonie comme un baron châtelain du moyen-âge sur une caravane de marchands voyageurs, la Prusse féodale songe à rétablir la _peine du fouet ... oui, la peine du fouet! ...... . Le 7 mars dernier à la chambre des députés de Berlin, une pétition de quelques personnes honnêtes et modérées demandait la restauration du châtiment-corporel pour .le menu peuple, tout en conservant la prison pour les gens comme il faut. Il y a. eu là-dessus une discussion et un vote dont voici le compte-rendu d'après l'J ndépendance bcl,r;e, journal qui assurément ne peut être ·sou_p~onné d'aucune idée généreuse : " M. Riedet, professeur à l'Université de Berlin (gauche modérée): .Je regrette que la pétition n'indtqne pas le genre de fouet qu'elle voudrait voir rftablir. Est-ce la bastonnade turque ou le knout russe? Je suppose que c'est le knout. Mais s'il faut cette _peine, on devrait l'appliquer au,x possesscu1 s de biens mobles comme aux autres. (On rit) Que l'égalité du moins règne devant le fouet. (~ouveaux rires' Messieurs, je souliaite que jamais les représentants du peuple ne se mettent à délibérer sur le rétablissement de pareilles peine•. ,; l\I. de .Gerlach rappelle que le gouvernement a demandé leur avis aux tribunaux. La pénalité actuelle ue suffit pas. Les prisons sont rem plies. Il faut donc le foaet. Ce sont surtout les jeunes gens parmi le·peuple des campagnes et certaines .femmes sans nom qui ne peuvent être corri-gées que par des coups de fouet. (Mouvement d'incliP-nation aux deu.x centres et à droite.-La. ô gauche applaudit ironiquement.) .Il n'y a pas d'honneur sans correction et les cris contre le fouet ne sont que du libéralisme creux! ,La punition ,est ,un droit criminel qu'ou ne peut lui refuser. (Assez! assez!) " M. de Gerlach termine en disant quïl ne demande le foue:t que pour les six provinces de l'Est et non pour le Rhin et la Westphalie. " J'rl. Wentzel (président de la Cour d'appel) dit que 111. peine du fouet est dcshonoran.te pour celui qui l'ordonne comme pour celui qui la subit. (Applaudissements.) Quant aux femmes q11eM. de Gerlach Yeut faire fouetter, on ne leur infligeait déjà plus ce ehâtiment odieux-et dégradant -même dans l'ancien temps. Au reste, <,e ,n'est pas en 1848, mais en 1810 que le fouet a été aboli. " M. S-imons, ministre de la justice, (mouvement d'attention). 'Cn orateur a dit que le gouvernement aY~it demandé leur avis aux autorités judiciaires sur la question débattue Il aurait clû ajouter, que la ,grande majorité de ces autorités a émis sur le rétablissement du .fouet, que l'on sollicitait dn ministère, un Yote négatif. (Approbation à droite.) On oublie qu'il s'ngit 110np:lS ll'abolir, mais de rétablir cette peine. En ce qni concerne les jeunes gens égarés, les maisons de .salut (correction morale) et autres institutions de la même catégorie produise;ut les meilleurs résultats. Il yaut donc mieux -continuer dan11 cette voie moins coùteuse et plus humaine. " 1\1. de Vincke: J'appuie l'ordre .du jour et je rlemande l'appel nomi11al. (Adopté.) Au vote l'ordre du jour est prononcé par J SS voix contre 47. " Pendant la derniëre to11rmente révolutionnaire qui 11. failli replonger le monde dans le chaos, les représentants rln peuples réunis à Berlin abolirent la peine de mort le 4 août -1848 par un décret reudu à une majorité de 298 voix contre 37. Aujourd'hui que ces forcénés ont disparu de la scène politique et que le bourreau a repris son légitime empire, le gouYcmemeut prussien se croit obligé de commlter les autorités ju1liciaires sur la rr.stauration du chàtirncnt corporel qu'on lui demande, et quand une 1,étition e;n ce sens arriYe à la chambre des députés, sur J 88 membres é!us mo11archiquement, il s'en trouYe 4î pour dirn que refuser de fouetter des femmes est " du libéralisme creux " Ainsi partout s'exerce la salutaire influence du 2 Xbre. sur l'esprit public en Europe, partout où les effets bienfai. ants du retonr des idées d'ordre, partout on sent que la mansuétude et le respect des grands principes font place aux farouches passions et aux rêves sauvages de b. démocratie. Quoiqu'il en soit, nous le rappelons avec orgueil, c'est encore au dévergondage de la Révolution de février que notre patrie doit d'être~délivrée de la honte du cl1àtiment corporel resté jusque là dans le code maritime. Les buveurs de sang du gouvernement provisoire eu ont purgé la législation française dès le J 2 mars 1848. Et il faut le dire à l'honneur de la France, les bonapartistes qui ont eu l'horrible audace de proposer le rétablissement de la peine de mort en matière politique, n'ont pas osé faire une telle proposition pour la peine du fouet. V. ~CHŒLCM'Elt,

CORRESPONDANCE DE LONDRES. Londres, 17 mars 1854. La semaine est assez vide d'événements; d'ailleurs, l'attente de la lutte terrible qui s'approche empêche de s'intéresser aux faits partiels qui l'annoncent et 1:,. préparent. L'armée anglaise (la 1re divi~ion) est arrivée à Malte. L'armée française est en mouvement pour s'embarquer; les généraux Canrobert et Bousquet, commandant les divisions d'infanterie, sont à Marseille. On croit que l'armée anglo-française occupern Odessa et attaquera, par terre, Sébastopol, que les Russes fortifient de leur mieux. - Sir Ch. Napier est parti samedi pour la Tialtique avec sa formidable flotte. L'amiral Corry est en route pour le rejoindre avec la réserve. A Porstmouth, à Douvres, à l'embouchure de la Tamise, des milliers cl' Anglais sont accourus pour saluer à son départ la flotte qui doit " incendier Kronst:tdt et détruire la puisssance maritime russe dans h Baltique." L'escadre française de l'amiral Persev:il-Deschesnes n'est pas encore prête à joindre: !',Austerlitz, seul, va d'abord rallier la flotte de Sir Ch. Napier. Le Czar lève des marins, des soldats, émet du papier monnaie, et, par-dessus le marché, se donne le luxe de mettre " en état de ~iège '' les pro,inces bal~iques, St.-Pétersbourg,_ Arkhangel (sur la mer Polaire), Ekathennoslaw (sur la mer Noire), la Pologne et toutes les anciennes provinces et la Bessarabie. Le prince Paskcwitch (l'oppresseur de la Pologne depuis 1831), commande à la fois l'armée du Danube et les provinces en état de siège de VJrsovie à la mer Noire. Paskcwitch n'arrivera qu'en avril à l'armée du Danube; jusque là, les Russes ne franchiront probablement pas le fleuve; et on ne croit pas ici au récit de la Gazette Ile Cologne sur le p1ssage du Danube par Gortschakoff à Ibraïla et la clestruclion rleii batteries et retranchemens de Matschin sur la rive droite. A Kalarasch, 2,000 Arabes ont franchi le Danube et ont ess~yé d'enlever les batteries russes ; ils ont dû abandonner cette entreprise après une lutte acharnée de quelques heures. Le mauvais temps suspend d'ailleurs les opérations militaires en Asie comme en Europe. La France voit avec froideur, avec mauvaise humeur même, la guerre et le départ des troupes ; l'emprunt, ouvert par décret par ~oiede souscription nationale et individuelle à un taux fort avantugeux pour les prêteurs, est accueilli - au dire des feuilles offi- <'iellcs- avec enthousia.rn1e. Les banquiers, qui comptaient en bénéficier, doivent êt.re assez mécontens. Quant à l'enthousiasme, vr.aiou faux, peur l'emprunt de 250 millions, il faut remarquer que plusieurs corporations officielles ( avout>s, notaires) donnent l'exemple de la souscription empressée à laquelle sont sans doute conviés tous ceux qui dépendent du gouvernement, et ceux aussi qui peuvent avoir à le craindre. Le Moniteur réprimande un préfet qui a, par circulaires aux maires, etc., euité le zèle de ses adm'nistrés pour l'emprunt: ce préfet aurait, en effet, dû s'en tenir aux avis officieux, très bien compris et suivis sous le régime de bon plaisir qai gourerne. - La fusion fera bien de souscrire: on punit sévèremént l'hostilité de ses organes; I' As6emblée 1iatio11ale st suspendue; la Gazette de Lyo11 reçoit un avertissement; la Gautte de Flan1ke est frappée aussi. MM. Guizot, Montalembert, Berryer sont ainsi tour à tour mis en demeure : g:ire à ceux qui resteront neutres. L:i neutralité ne sera pas plus permise à l'Ïlllérieur qii'à l'extérieur; et L. Bonaparte paraît décidé à séTir contre la" Conspiration du silence'' aussi bien que coutre "l'expectative•' des puissance allemandes. Il paraît que la Prusse et l'Autriche - très désireuses d'éviter de se prononcer - :rnraient voulu tenter de nouvelles négociations. Le prince de Hohensolbern est venu faire des propositions au nom de la Prusse et officieusement - pour la Russie. L. Bo11aparteaurait répondu : il est trop tard! ( It is too late, disent les eorresponclancesanglaises). - ·Et l'on ajoute que les puissances occiclrnt1ks veulent que la Prusse et l' Autriçhe prennent parti dans la guerre et sortent d'une attitude en apparence conciliatrice, mais oi\ les hommes d'Etat pressentent une trahison. Le ministre de 11anteulfel, ..interpellé s11rce point par le comte Schwerin clans le parlement prussien, a fait une réponse évasive, protestant ponrtant de son .amitié pour les puissances occidentales. La Droite, seule, pousse la Prusse vers la Russie : la Gauche, le Centrt ganche, les catholiques, les Polonais, les pro,inccs rhénanes demandent également la guerre au Czar. En Suède, en Danemark, l'opinion se prononce énergiquement contre la Rnssie. A Copenhague, la. question se complique d'une velléité de c:>up d'état: les aeux chambres ont, à la presqu'unanim té, voté une adresse au roi pour rappeler la Couronne au respect <lel I Constitution et déclarer ieur défiance contre le ministère. - Il règne, disent les feuilles allemandes et françaises, une grande agitation en Hongrie et en Italie : une émeute causée par la disette à Fabriano (Etats du pape), une autre sur le chemin de fer de. Venise ont été réprimées par les soldats Autrichiens: mais la fermentation est extrême. Le Coup d'état en Espagne para1t réussrr : les journa.li1,tes, les députés, les officiers emprisonn(s, déportés; le régiment de Cordova vaincu et forcé de fuir en France ; le colonel Hore tué à Saragosse; le co'o:1el La Torre, épuisé de fatigue, mourant de faim, arrêté et fusillé, voilà la position quant à présent. Une autre insurrection, celle des Hellènes contre le Sultan, ~e propage clan5 l'Albanie, ]'Epire, la Thessalie et .jusques dans l'île de Samos. La forteresse d' Art:t tient toujours contre l'insnrrection; iles troupes turques sont expédiées de Constantinople et d'Egypte; des vaisseaux anglais et français croisent sur les c6tes; les agens tles Puissances occidentales exhortent les Grecs à ne pa1, s'insurger, à co:npter sur l'intervention des Puissances chrétiennes pour les placer enfin sur le pied d'ég-alité avec les Musulmans, et à ne pas prêter appui à la Russie qui lenr. apporterait une oppression plus dure que celle des Turcs. Le Sultan vient déjà 1P:iccorder un nouveau droit aux Chrétiens, celui cl' être reçus à plaider dans les tribunaux comme les Turcs ; et les négociations ouvertes à Constantinople enlèveront probablement tout juste sujet de plaintes aux sujets chrétiens de la l'orte. Tandis que le Koran passe .l la tolérance, I' Empereur des Français rend aux jésuites l'établissement qn'il leur avait enlevé à St.- Etienne, pour les p1mir d'un enseignement falsifié aut:mt que fanatique; et le prince Lucien l\lurat, grand maître du grand Orient cle France, interdit la Revue maqonni z1ie du F. •. Cherpin, de Lyon, pour avoir reproduit certaines altercations snrvenueR à Marseille entre le grand maître et quelques ateliers! La liberté ~migre donc en Orient? Salut fraternel. Ph. FAURE. A.insi qu'un des derniers numéros de l'Homme l'avait annoncé, une réunion générale des proscrits français a eu lieu à Londres, le 15 de ce mois. Il s'agissait d'aviser aux moyens de secourir les proscrits sans travail et sans pain. La réunion a décidé qu'une Commission de J 5 mcmhres, ~lne pour un an, aurait à prendre les mesures qu'elle croirait utiles dans ce but. Le scrutin, auquel ont pris part 104: votants, a donné pour résultat la nomination des citoyens L1rnRu-RoLLIN, Louis BLANC, FÉLIX PYAT, MARTIN BERNAtrn, PELLETIER (Rhône), VrcToR ScHŒLCHER, GREPPo, NADAUD,MALARME'l',A. ÎALANDIER,N. RoussEAU, AUDRY,BENOIT (Paris), LŒRHNER, LALLEMAND, Nous empruntons à une brochure actuellement sous presse le fragment suivant. Cette pièce est extraite d'un ouvrage ayant pour titre : Flagellatious. Le volume paraîtra bientôt, LE SUP:PLICE. Supplice! - mais lequel!- Sous la peau ùe l'infànle Si le germe moral était, un reflet ù'âme, Quelque chose d'humain, bien que dégénéré, Un signe enfin, touchant un ty)'e vénéré, Je dirais, moi, champion de tous ceu,c qu'on opprime: " .\Iire-toi, scélérat, vois en face ton en me, •· !"plendide est le cortôge : orphelins, veuves, morts, "Exilés ...... assassin,je té vone aux remords! 1 '- R~1nords l lui, des remords! est-ce que Laccuaire i,cs sentit un seul jour? en bHe sanguinaire li se glissait, de nuit, aux ri,paires gluans, Aux lupanars boueu:,c, dan~ ces antres puans Où toujours l~as~assin trouve, sous porte close, Uu ])[aupns; un J.forny pour édicter la clause Qui chan~e en Saint \ïnceut de 1'a11Isire Mandrin. Bientôt vient s'échapper de ce noir Sauhédrin St.-Arnaud, Canrobert, ll[agnau. Heybell, de Cotte, Tueurs stipendiés, gens de 111e11rtret t de crotte, Sur le Peuple; à prix d'or, exerç,u1t leur métier Comme sur les pourceaux le fait un charcutier. Soutenu par Avril, l'atroce mercenaire, N'était-ce pas ainsi que faisait Lacenaire 1Jlonr tous ces malandrin~, repus. de saug des mort!!, Qu'est-ce que la voix s11inteet le cri ùu remords / Un supplice 1...... oh_!oui, certe, il en faut un supplice .. , Vengeur!- l'humanité ne peut être complice De tant d'ignominie et de lâche fureur. - Quel tourment inventer pour ce monstre-empereur'/ Oh ! laissez, laissez faire: après la somnolence 1.e Peuple se réveille; un lugubre silence Vient glacer le tyrau jusque sous l'oripeau: Le frisson de la peur fait crépiter •a peau. J.a peur! philtre infernal, implacallle tortu1·e ! La peur à cette lâche et hideuse nature f~'impose sans pitié, comn1e u11spectre; à traver, !.es parfums dn printemps, la brume des l<ivcrs, J.a peur le suit toujours, pantelante, gelée, Posant Hl. froide main sur la tlte pch!e l)c l'obsc~11e assassin, de l' Empereur sanglant, Malgré ses assommeurs, Caïn toujours trembti,nt. La peur! la peur le suit m~mc sous les tendrcs1,e~ Ue Montijo-Téb11.i le baisor, les caresses Sont pour lui le frisson, le bai1,er de la mort.- La peur, froicle vipère, à toute -heure le mord: mie desr.end du lit, elle s'nsseoit à table Côte à côte avt·c lui.--D'un reg-ard lamentable Le César meurtrier cherche si le pôison 1''e.;;t pas, cou:·tisan S()Upl(',entré dans la m:i.ison. --- Quel tourment ! ponr le fuir il rnrt des Tuileries. La petlr le mène droit au champ tle ces tueries Où boulets et mitraille ~ventraicnt les Yieillards, Les femmes, les enfaus ...... droit >\ ces boulevards Où le rnng fume encore et cric à tons : vengeance!- ]l'un regard, d'une ,·oix il qulte l'indulgence: 2'!épt·is, courroux latent, hai11e,dégoôt, honeur-, Tel est l'encens qui fume an nez de l'l~mpereur. Pour un instant la peur fait silence. La raue Le gaisit à la gorge et fait monter l'orage. 0 JI pense, atroce idée! au moyen de punir Ce l'aris insolent refusant de bénir J,e doux triomphateur qui parqueta ~es rue• De chairs d'enfant, de femme, à peine disparues; Il voudrait, le mandit, que l'affrèu,c sot\veroir Ne vînt iamais de sang maculer l'a\'l~nir.- Sou œil terne, vitreux, se tourne ,•èrs la plaine: " D,• là, dit-il, de là j'aurai Yengennce pleine; " A l'abri dans mes forts, ainsi qu'un demi-dieu. " J'effacerai l1al'is snus la tromhe de fou; '' Sur leurs corps mutilés, sur Jeurs maisons en cendres-, " Ue mes hauts lieux alors on me verra descendre! Il croü ouïr déjà ses lugubres 1a1nbours Et, la bave à la bouche, il arrive au:,cfaubourgs. C'est comme anx boulevards ~ calme effuy,rnt œil li croit voir s'agiter au loin, dans la pén1Jrnbre, [,ombn·,- Des spectres mcn~ans portant an front écrits 'Ces mots: Cayenne, Afrique, assasiji11nts, proscriti ! - La peur alors revient, écrasante, terribl~; Elle montre au maudit quelque·r.hose d'hnrrible.- ·Sa màchoire, encor ferme une hetlrc :îuparàvant, Claque ainsi que les os d'un squelette en plein nnt, li tourne b, ide alors et 1·e11treaux Tuileries 'Le corps ·brisé, les chairs d11visag-e flétl'ies: li lient courir partout le frisson du trépas.- La peur lui-crie alors:" tu ne dormiras paR! " - Et nou!ol:l.es voix de l'air, ~ncrriers penseurs, poètes, Nous clü jm,tc et du beau tid~les interprètes, Nous crions:" tu te vercls en effort~ superflus, ·u O César; mire-toi. tu ne dormiras ))lus!"- La pcnr ! ,·il SL-élérat, la peur! c'est ton supplice; Entends-le bien ; il faut qnc le sort s'accompli~se. Tu croyais, sous l'effort de tes coupe-jarrets, Du juste .:t du suhlimc effacer les arr,;ts; Fou crue)! - exilés après le grand 11aufrage, sNouggnrdons contre toi 111fo. rce, le courage; Nous a\'ons, pour punir les traîtres, les pervers, Le droit, l'honneur, la foi. la pensée et nos vers, Oui! uous t'exécutons eu vers, b-ltar,J immonde, nôdeur de nnit \'enu pour outrager le monde Du repou sant tableau, du 1·écit fabulem: l)e tout ce que le crime a de plus crapuleux. Nous te clouons en ,·ers au pilori, maroufle; JleYines-tu poun1uoi !- c'est que l'âm" est le souffle )1is par le créateur au sein de ,'être humain J>our lui montrer d'en haut l'espoir du lorndemain. Non pas ce lendemain de crapule et d'orgie Dont Vfron, toi, Chenu, Vieyra, sont l'eftigie. Mais ce gra11cllendemain d'honneur, de probité, Qui, par la voix des cieux, nous crie : gternité 1 J\ous le supplicions en vers, forban sordide, I>arceque des eufans le cœur neuf et ca11<1irle, Le <."œurmême de l'homme, en ses âges clh·cr~, Garrlent mieux un récit encadré dao,s le ven;, La mémoire d II cœur et celle de la tète Gra, ent en traits de feu l'~pouvantable fêt~ Oue tes vils prétoriens, pour te faire emperenr, Inauguraient, gorgés <le \'În, de sang, d'horreur. "'crhnel, tu te débats en vain: ùel'Atiulcterre La poésie envoie aux deu,c bouts de la terre Le récit lamentable, effrayant, infernal, De ton jour d'Austerlitz, à toi.- Sombre fana.! Dont la lueur snnglaute outrage et parodie Le soleil du pa$sé. -· C'est là ta maladie, Maniaque imitateur; mais a\'ant tout boucher.- Et, ce jour-là, pourtant, tu sus bien te. cacher. J. CAIIAIGNE, Jersey,ja,u;icr l~-t. Ici se déroule l'histoire complète du person:nage. Le poète usant d'une ironie sanglante a choisi le même rhytme que celui employé autrefois à la glorification de l'oncle prétendu de ce faux neYeu. Le contraste est ac• cablant. . VARIETES. Assassin~ le 30 janvier 1793 par le garde dn roi, Pàris, Le Pelletier Saint l!~argeau laissait deux manuscrits d'une haute importance, tant à cause <ln no:n de l'auteur que de la grandeur de l'assemblée pour laquelle ils avaient été faits. Ce~ deux œuvres avaient pour objet le code pénal et l'éducation nationale. Ce dernier plan dont nous donnons quelques extraits fut lu par Robespierre à la Con. vention le 13 juillet 1793. " Il existe dans la République quarante quatre mille municipalités ; on propose l'établissement de vingt à vingt cinq mille écoles publiques : il est clair que la proportion m11jeure sera à 11euprès de deux paroisses par école. Or, personne ne peut douter que la paroisse où l'école sera placée aura de grauds avantages pour la continuité, la comm~dité de l'instruction, et pour la durée des leçom, ' " t ne bien plus gramle inégalité va s'établir encore à raison des diverses facultés des parents; et ici, les personnes aisfrs, c'est-à-dire le plus petit nombre, ont tout l'avantage. " Quiconque peut se pagser ùu travail de son enfant pour le nourrir, a la farilité de le tenir aux écoles tous les jours, et plusieurs heures par jour. " Maig quant à la classe indigente, comment fera-telle? cet enfant pauvrt!, vous lui offrez bien l'instruction; mais il lui faut du pai11. S011 pète laborieux s'en prive d'un morceau poiir le luj donner ; mais il faut que l'en• font gagnt' l'autre. Son temps est enchainé au travail, car au trc.vail est enchàîné sa subsistance. Après avoir passé aux champs 1111c journée pénible, voulez-vous que pour repos, il s'en aille à l'école éloignée peut-être d'une demilieue de son domicile? Vainement vous établiriez une loi coërcitive contre le père, celui-ci ne saurait se passer journ:::l!ement dn travail d'un enfant qui, à huit, neuf et <lix ans, gagne déjà quelque chose. Un petit nombre d'beures par semaine, voilà tout ce qu'il faut sacrifier. Ainsi Pétablissement des écoles telles qu'on les propose, ne sera, à vropremellt parler, bien profitable qu'au petit nombre de citoyens indépendans dans leur existence, hors de l'atteinte dû besoin; là ils pourront faire cueillir abondamment par leurs enfans les fruits de l'instruction; là il n'y aura encore qu'à glaner pour l'indigent. " Celle époque, d'après lt:!sconvenances particulières et l'existence politique de la France, m'a paru la plus convenable pour le terme ùe l'instruction publique. " A dix ans, ce serait trop tôt, l'ouvrage est à peine ébauché. " A douze ans, le pli est donné, et l'impression des ha-- bitudes est gravée d'une manière durable. " A. dix ans, rendre les enfans à des parens pauvres, ce serait souvent leur tendre encore une charge ; le bienfait de la nalion serait incomplet. " A douze ans, les enfans peuYent gagner leur subsist:mce ; iis apporteront une nouvelle ressource dans leur famille. " Douze ans est l'âge d'apprendre les divers métiers, c'est celui où le corps, déjà robuste, peut commencer à se plier aux travaux de l'agriculture. C'est encore l'âge où l'esprit déjà formé peut, avec fruit, commencer l'étude des belles-lettres, des sciences ou des arts agréables. " La société a divers emplois : une multitude de professions, d'arts indastriels et de m~tiers appellent les citoyens. " A Jouze ans le moment est venu de commencer le noviciat de chacun d'eux~ plus tôt, l'apprentissage serait prématurée; plus tard, il ne resterait pas assez de souplesse, de cette flexibilité, qui sont les heureux dons <le l'enfance. " Jnsqu·à douze ans, l'éducation commune est bonne, parce que, jusque là, il s'agit de former, non des laboureurs, non des artisans, non des savans, mais des hommes pour toutes ies professions. " Jusqu'à douze ans, l'éducation commune est bonne, parce qu'il s'agit de donner aux enfans les qualîtés physi. que:s et morales, les habitudes et les connaissances qui, pour tous, ont une commune utilité. " Lorsque l'âge des professions est arrivé, l'éducation commune doit cesser, parce que, pour chacune, l'instruction doit êtr-e différente; réunir dans une même école l'apprenti&sage <le toutes est impossible. " Prolonger l'institution publique jusqu'à la fin de l'adolescence est un beau songe ; quelquefois nous l'avons rêvé délicieusement avec Platon; quelquefois nous l'avons lu avec enthousiasme réalisé dans les fastes de Lacédémone· quelquefois nous en avons retrouvé l'insipide caricature dan; nos collèges; mais Platon ne faisait que des philosophes ; Lycurgue ne faisait que des soldats ; nos professeurs ne fdisaient que des écoliers. La République française, dont la splendeur consiste dans le commerce, l'industrie et l'agriculture, a besoin de faire des hommes de tous les états; alors ce n'est plus dans les écoles qu'il faut les renfermer, c'est dans les divers ateliers, c'est sur la surface des campagnes qu'il faut les répandre ; toute autre idée est une chimère qui, sous l'apparence trompeuse de la perfection, paralyserait ùes bras nécessaires, anéantirait lïndustrie, amaigrirait le corps social et bientôt en opére• mit la dissolution. " Cette inégale répartition du bienfait dcS" écoles pri-

maires est le moindre des inconvéniens qui me frappent ,dans leur organisation. J'en trouve ·un hien plus gran,l dans le systême d'éducation qu'elles présentent. " Je me plains qu'un des objets les plus essentiels ùe l'éducation est omis : le perfectionnement de l'être physique. Je sais qu'on proposa quelques exercices de gymnastique; cela est bon, mais cela ne suffit p 1s. Un genre de -vie continu, une nourriture saine et convenable à l'enfance, des travaux gradµels et modérés, des épreuves successives, mais continuellement répétées, voilà les seuls moyens <'fficaces de ùoun~r au corps tout le déveloJlpement et 1outes les facultés dont il est susceptible. " Quant à l'être moral, quelques instmctions utiles, quelques momens ll'étude, tel est le cercle étroit dans lequel est renfermé le plan proposé. C'est l'emploi d'un 11etituombre d'heures; mais tout le reste de la journée est abandonné au hasard des circonstances; et l'enfant, lors- ·<1ue l'instant de la leçon est passé, se trouve bientôt rendu, soit à la mollesse du luxe, soit à l'orgueil ùe la -vanité, soit à la grossièreté de l'indigence, soit à l'indis- ·cipline de l'oisiveté ; victime malheureuse des vices, des erreurs, de l'infortune, de l'incurie de tout ce gui l'entoure, il sera un peu moins ignoraut que par le passé, les écoles un peu plus nombreuses, les maitres un peu meilleurs qu'aujourd'hui; mais aurons-nous vraiment formé des hommes, des citoyens, des républicains : en un mot, la Jrntion sera~t-elle régénérée? " Tous les inconvéniens que je viens de signaler sont insolubles, tant que nous ne prendrons pas une grande ~létermination pour la prospérité de la République. " Je demande que vous décrétiez que rlepnis l'àge de cinq ans jusqu'à douze pour les garçons, et <j.usqn'à. onze pour les filles, tous les enfan~, sans distinction et sans exception, seront élevés en commun am:: dépens de la République; et que tous, sous la sainte loi de l'égalité, ,recevront mêmes vêtemens, même •nourriture, même ins- ·ti:uction, mêmes soins. " J?.ar le •mode d'après lequel' je vous proposertt.i cle répf1:rtirla charg~ de ces étahlis:semens, presque tout por- .tera •~ur le riche; la taxe sera •presqu'insensible pour le ,pauvre; ainsi vous atteindrez les avantages de l'impôt _.progressif que vous désirez cl'établir; ainsi, sans convnl- .-sion •~t sans injustice, vous effacerez les énormes disL'HOll~IE. " A cinq ans, la patrie recevra donc l'enfant des mains de la natur;> ; à douze ans, elle le rendra à la société. " L'institution publique des enfans sera-t-elle d'obli,. gation pour les parens, ou les parens auront-ils seulement la faculté de profiter de ce bienfait national? " D'après les principes, tous doivent y être obligés. " Pour l'intérêt public, tous doivent y être obligés. " Dans peu d'années, tous doivent y être obligés. " Les enfans seront couchés durement; leur nourriture sera saine, mais frugale; leur vêtement commode, mais . . grossier. " Il importe que pour tous l'habitude de l'enfance soit telle, qu'aucun n'ait à souffrir du pass:ige de l'institution aux divers états de la société. L'enfant qui rentrera dans le sein d'une famille pauvre retrouvera toujours ce qu'il quitte; il aura été accoutumé à vivre de peu, il n'aura pas changé d'existencé. Quant à l'enfant d'un riche, d'autres habitudes plus do.:ices l'attendent, mais celles-là se contractent facilement, et pour le riche lui-même, il ·peut exister dans la vie telles circonstances où il bénira l'âpre austéi-ité et la~-0.alutaire rudesse de l'éducation de s~s _premiers ans. "Après la force et la santé, il est un bien que l'institution publique doit à tous, parce que pour tous il est d'un aYantage inestimable, je veux dire l'r1ccoutumance au trarnil. ·"Je ne parle point ici de telle ou telle industrie particulière ; mais j'enten<1s, en général, ce courage pour entreprendre une tâche J)énible, cette action en l'exécutant, cette constance à la suivre, cette persévérance jusqu'à ce qu'elle soit achevée, qui caractérise l'homme laborieu2,:. " Formez de tels hommes, et la République, composée bientôt de ces robustes élémens, verra doubler dans son ·sein les produits de l'agriculture et de l'industrie. " Formez d-e tels hommes, et vous verrez disparaitre :presque tous les crimes. " Formez de tels hommes, et l'aspect '1lideux de la mi- •Sère n'affligera plus vos·regards. " Créez dan-s vosjeunes élèves ce goftt, ce besoin, cette habitude de travail, ,leur existence est assurée, ils ne dépendent plus que cl'eux-mêmes. ·" M1cHE'L ;LEPELLETIER ST.-FARGEAu.'' :_parat€3de fortune dont l'existence e st une ·calomnie pu- '.Voilà quels étaient •ces grands révolutionnaires de 93 •blique. • ' ·dont, aujourd'hui encore, des ignorans, des imposteurs ou " Tous les enfans recevront le bienfait de l'instruction des fripons voudraient souiller la mémoire. pt~blique durapt lE:cours de sept années, depuis cinq ans jusqu'à douze ans. ". Cett~ portion de la vie est vraiment décisive pour la formation de l'être physique et moral de l'homme. " Il faut -la dévouer tout entière à une surveillance de .tous les jours, de tous les momens. "J usq11'à cinq ans, on ne peut qu'abandonner l' e11fance .aux soins des mères; c'est le vœu, c'est le besoi11 de la nature : trop de détails, des atteHtions trop minutieuses t..Sontnécessaires à cet âge; tout cela appartient à la maternité. " Cependant,· je Jlense que· la loi ,peut exercer .quelque .influence sur ces premiers instans de l'existence humaine. Mais voici dans quelles bornesje crois qu'il faut renfermer -son action. " Donner aux mères encouragemens, secours, instruction·; les intéresser efficacement à allaiter leurs enfans ; les éclairer, ,par un moyen facile, ,sur les erreurs et négligences nuisibles, sur les soins et les attentions salutaires ; ,rendre pour elles la naissance et la -qonservation de leurs enfans, non plus une charge pénible, ,mais au contraire ·une source d'aisance et d'une espérance progressive; c'est là tout ce qne nous pouvo11sfaire utilement en faveur des cinq premières années de la vie. Tel est l'objet de quelques-uns-des articles de la loi que je propose. Les mesures indiquéès sont fort simples; mais je suis convaincu que leur effet certain sera de diminuer d'un quart, pour la République, la déperdition aJJnuelle des enfans qui périssent victimes de la misère, des préjug~s et de l'incurie. 1:Jf)'E'RNI:ÈRES NOUVELLES. 'A Paris, les gros financiers font la grimace ; la ·rente baisse. ,Le mode nouveau employé pour la réalisation,do :nouvel emprunt fait bouder les exploiteurs ordimi-iresde la Bourse. Au contràire, les petits capitnlistes ont donné tête baissée dans le panneau. rrel qui n'aurait pas donné un ,capital .<le cinq cents francs san.s bonne et valable garantie, s'est laissé prendre comme un oison à l'appât h0napartiste. C'est un prestidig·ii.ateur si habile·que .ce ~1. Bonaparte! Il y avait pourtant l'affaire <lesbons de l'Echi- '-qt1ier à Londres, l'entremetteur Rapallo, celui qui :;acheta le bateau pour l'expédition de Boulogne, Rapollo, disons-nous, courtier-marron assez retors pcm se dérober .au châtiment, tandis que l'on envoyait à Botany-Bay, pour le reste de sa vie, le malheureux caisier qui avait été son complice. 'routes ces belles manœuvres s'exécutaient sous la direction et le contrôle de Bonaparte qni devait réu profiter, qui en effet en profita. Aussi n'est-ce pas un minime sujet d'étonnement que de voir ces petits capitalistes si ùpres an g·ain, si durs à toucher, donner tête baissée dans le panneau qui leur est tendu. Quand la Restauration et Louis-Philippe cGntractaient des f'mprunts, au moins les prêteurs avaient-ils l'apparence d'un gouvernement stable. Cela, nous le savons, n'empêcha point ces pouvoirs si solidement établis de tomber un jour comme des châteaux <lecartes. 'rontefois, il v avait une certaine appaPence de stabilité ; ou pouvait s'y tromper, surtout <lesgens cupides et à courte vt;e. Mais prêter à Bonaparte ! mais se laisser prendre à la parole de Bonaparte, la négation la pins complète dn sens moral, de la bonne foi, de la droiture; prêter à Bon~1parte, à lui, l'expression la plus complète de to1lte improbité, de to~1telâcheté, de toute trahison, de toute ignominie! Er~ vérité, c'est ;\ donner le vertige aux plus raisonnables. l\lais où clone est votre gnrm1tie, pauvres et tristes dupes? sur quelle hase solide, ou seul~ment probable, appuyez-vous l'espoir de rentrer un jour clans vos fo11<ls?L'orgie déborde, la dilapidation est à l'ordre du jour, le pillage de la France paraît être l'état normal de cc pays; on s'y accoutume,. • va-t-on répondre, à force de le voir: il faut InnIer avec les loups. Soit. Mais la g·arnntie, encore une fois, votre gw·autie sérieuse, oü est-elle ? Depuis quand la démornlisation la plus cynique et la plus nanséabo11de a-t-elle S8rvi ù établir la confiance·? Vous ne vom, êtes pas même enquis, malheureux, c.ln chiffre énorme, ma.is bien réel pourtant, auquel arrive le gt1spillage eJfrené mis ù la mode depuis le Deux Décembre. Au moins connaissait-on le chiffre des dettes accumulées ùepuis 1815, par les monarchies légitimes ou quasi-telles, huit milliard·s ùe francs seulement, pour g·oûter le bonheur c.l'avojr des rois. Vous ne savez rien de pareil touchant votre emperenr auquel un S~nat abject donne avec tant d'empressement le moyen légal de vous attraper deux cent cinquante millions, ce qui n'empêche pas la,baisse des fonds publics. Patience, vous serez instruits; un peu tard, peut-être, mais enfin, vous le serez; vous verrez ct1 quelle monnaie vous sera payé le prix de l'actiou immorale d'hommes· prêtant secours à un bandit. X .... LES PRJ1:TRRSET LRS CÉSARS AL' PILORI. Tel est le titre d'une brochure en vers, satires et chansous, publiées par le citoyen Benjamin Cor.1x, Jlroscrit du 2 Décembre. - En vente chez l'auteur, Halket Street, 15. JERSEY, lMPltDŒRIE UNlVF:RSELLE, l!), DOR!<ET STREET. E.N VENTE A L'TMPRiftfERIE UNIVERSELLE, 19, DORSET STREET : Les Biographies Bonapartistes par Ph. Berjeau. Prix : 3 francs. AVIS .Il sera publié avec chaque numéro un supplément spécial pour les ANNONCESclans l'intérêt du Commerce, de !'Industrie et de la Science. Les Annonces cle , tous les pays seront acceptées à la condition d'être écrites en français, conformément au spécimen ci-après. Les Avis et Annonces sont reçus jusqu'au vendredi à midi, à Londres, à la librairie et agence de !'Imprimerie Universelle, 50 172, Great Queen Street Lincoln's-Inn-Fields, et à l'office de }'Imprimerie l.;niverselle, 19, Dorset Street, à Jersey, S-H4lier, jusqu'à l'arrivée <lu courrier du ma1di. Toute correspondances doit être affranchie et contenir 1111 bon, soit sur la poste anglaise, au nom de III. Zéno SwrnTOSLAwsKI, 8oit sur un <les banquiers de Jersey ou de Londre~. Le prix des \.n ,onces est uniformément <lesix sous (trois pence) la ligne, pour les trois sortes de caractères courants employés ,pn.s cc:journal. Les lignes en capitales et en lettres de fantaisie, seront payées eu proportion de la hauteur qu'elles occuperont, calculée sur le plus petit texte. À BI lN CHI proserit politique vrir un cours cl'Equitation à son manège, sur b a le triple. av:intage <l'unir l'élég:ince, la légerté et· , Jl français, rédacteur Pararle.c-c-c,....,,,,c--c=------------ la solidité. 1, .. · .~en chef pendant GUTJlL P1loscnIT nu 2 Dt:CEMBRF., _Le.s semelles so~t. ~xé_es_a;~c_d:t !aito!1 _et, ne }i4 it._ans <lujo\lrnal quot1d1en le 1lfe~sager~l1~Nord1 . ~ , pi•ni°e§§CUa• de eoup~ l~1~sentaucune aspentc 111 a} 1;lteneur 111 ,al :x- ,para1ssant à Lille (France),. donne a don11cile des 'l'ai/leur d'llabits.-29 Helmont Road St.-Hélier tenenr. - On peut marcher al eau sans nuire a la leçons de langue française, <l'arithmétique, d'his- Jersey. ' ' ' solidité de la cha11ss_u__re__,______ _ toirf·s~e ~~~:~·:p~~~·1e~:~1~~téi~a:u~~~:c:o::ne~ron- USDK. ORDECKI, 1'IAISONDE.COnfMTSIOSN •tb.nces, écritures commerciales et .u1;1tres,et de.; TRosc1:1! POLITIQUE POLONAIS, No 3, SURLEPORTA, J~RSEY. m~moires dont on lui confie Ja rédaction, 'Donne àdormc1le des leçons <lelangue AllemamlF C. J.S:eu».-teba#le Commissio.unaire en marS'ailresser au proies ;eur, 20, .Don-street, St.- et Latine; il démontre aussi la Gymnastiqne. chandises se charo-e a'e vendre et acheter tonte JI élier ( Ile <leJersey). :\I. Lud, Kordecki désirerait trouver de l'emploi sorte de 11 ;archandis;s, et de faire de recouvrements Jœ/ér.rnccs chez :MM. :\Vellma11, Il'. Asplet, c,omme professe~r d:ins une pension,-61, Newman ~11 France on en Angle.terre et en Amérique. ,Geo. V1cken,. ~tr~t,_Oxfor<!._Street.:..-=-Londres. Con·esponclants à Paris, Bordeaux, Lyon, Lille, 1:5, COLOMDEl\rn STREET, ST.-HlLIER, JERSEY, Londres, Birmingham, Liverpool, New.York, etc. -r Ddi!NVl'ROFESEE\JR Ii't:QlilTATION, an- GUAY proscrit du 2 Décembre, faisem ------------- -- ... 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