Homme - anno I - n.14 - 1 marzo 1854

... l'aristocratie; quand, par l'abolition des titr es dt noblesse, on dispersait les rayons de son auréole ; q uand ou lui refusait même une garde d'honneur ; quarnl oil lui enviait jusqu'au droit de faire grâce ; quand on la condamnait, <lans le partage des attributions, à la honte d'une sorte <le rôle automatique; quand on lui donnait à représenter, comme symbole ... quoi? Les privilèges héréditaires en politique, c'est-à-dire ce qu'on avait tué ... le néant! Il est vrai que le roi proposait la paix ou la guerre, qu'il avait le commandement des armées cle terre ou de mer, que la justice se rendait en son nom, que la loi devait être sanctionnée par lui, qu'il jouissa it d-'uue grosse liste civile, qu'il était inviolable ... ; mais q uelque étendnes que ces prérogatives paraissent au premier abord, elles étaient loin de constituer une force réelle, et il eût été contraire à la nature humaine que, faisant la balance des gains et des pertes, le prince à qui on les conférait ap~ l'avoir à demi dépouillé, ne fût point tenté du désir de reprendre, au moyen clu pouvoir c1u'on lui laissait, le pouvoir qu'on lui avait ravi. Et certes, si l'Aosemblée ne s'en douta point, cc ne fut pas la faute des événements. Les intrigues, lt:s ru ses, les appels à la violence, les négociations bie11 connues avec l'étranger, l'incessante connivence de la Cour avec les nobles et les prêtres, la faiblesse de Louis XVI convertie en mensonges, les colères mal dissimulées de la reine, les complots cle Bouillé, le voyage à Jlf ontmédy, que t!'rwertissements envoyés coup sur coup à l'Assemblée! Eh bien, non, telle est sa préoccupation, que, même après la fuite de Va~ennes, elle repousse loin d'elle la République, au risque de la voir sortir plus tard d'un s<.mlèvement; et il lui échappe que, si la royauté est impuissa nte à retenir la démocratie, elle la rendre furieuse en l 'inüant; et elle s'obstine à le conserver, suspendu d:ms l'ornge, balancé sur un abîme, ce trône qui serait un emLarras lors même qu'il ne deviendrait pas un obstacle, et qui ne cessera rl'être un obstacle que le jour où il se trans former:i ..... en échafaud! Bourgeoise dans la sphàr;._e.des idées pol itiques, 1'.\..ssemb1ée constituante le fut-elle moins ùans celle de:, id~es sociales? Disons tout : Pour que l'insolence des nobles ne fit p lus rougir les bourgeois, les vieux titres de noblesse fu rent déchirés et les vieux écussons mis en pièces. Pour que le clergé ne p0t pas s'armer co ntre 1a <lomination des bourgeois de son pouvoir spiritu el et de ses richesses, on le contraignit à prêter serme nt à b constitution, et on lui enleva ses biens, moyennan t salaire. Pour que la royauté fût désarmai~ bon: d'ét at d'effrayer, de vexer, de piller, d'emprisonner les bourg eois, on la priva de ses sate1lites étrangers, et une garde r 1atio11alefut c.réée ; on fit main basse sur les lettres de cachet, et la liberté individuelle fut décrétée; on mit a u néant les anciens offices de judicature, et le jugement , les citoyeBs par leurs pairs fut cons.1cré; on força les ge ns <lefinance à rendre compte de leur gestion, et le vote des impôts par ceux qui les payaient fut établi; enfin on invoqua le courage héroïque du peuple, et sur la derniè re pierre de la Bastille renversée, on écrivit : ici l'on danse. Justes et admirables réforll\es, sans nul doute! Mais franobement, était-ce aux prolétlres qu'en revenai~ 111 princi~l bénéfice? :aaient-ce des hommes ,,ivant a11 jour le jour et dans la plus profonde misère qui pournient de mander compte aux grands de l'insolence de quelques parchei,nins illisibles? L'accaparement des biens du clergé profitait-il aux pauvres, forcés désormais de payer aux p rêtres sous forme d'impôt, ce que le riche propriétaire ùe biens-fonds cessait de leur payer sous forme de dime ? Et le vote des impôts, l'affaiblissement d e la royauté, ne laissaient-ils plus rien à désirer à ceux qui, ne possédant pas même les instruments de travail, é chappaient par leur obscurité et leur pauvreté, sdt aux v exations <ln roi, soit aux déprédations des courtisans ? .. L' HOJl~1E. A la. Vérité, une réforme avait en lieu, qui se liait plus étroitement à l'intérêt du prolétair" : le systême des jurandes et des maîtrises avait été aboli. llfa is par quoi futil remplacé ? On proclama le principG!Je lib re concurrence. Or, au temps de la Révolution, le domaine du travail se trouvait occupé tout entier dans la l.ourge oisie. A Plle le sol, le numéraire, le crédit. llfais ceux qui n'avaient ni propriHés, ni c,pitaux, ni avances, ceu x qu'attendait, apr~s les fatigues mal rémunérées de la veille, le chômage, le terrible chômage du lendemain, qu'allaient-ils devenir ? De LJuellevaleur serait pour eux le don de la liberté? Ne risquaient-ils point d'être à la merci des propriétaires du travail? Le principe de libre concurrence ne les livrerait-il pas aux hasards d'une homicide folleenchère? 0 grammaire changeante de l'oppression, q ui change si peu! On semblait leur dire, à ces malheureux citoye,1& inactifs : de quoi vous plaignez-vous? vos ancêtres étaient des esclaves, vos pères étaient des vilains : vous n'êtes plus que ùes pauvres ! On ne saurait nier, toutefois, que dn coup mor tel porté à la tyrannie féodale et des cha11gemens complets introduits, soit dans le régime de h fiscalité, soit dans la constitutiou géographique et administrative du royanme, le sort du peuple des campagnes n'ait reç u une immense amélioration : pour s'en convaincre, il suffi t de se rappeler ce que nous avons dit des horribles abus qui existaient avant 89, de la pression du château sur le village, des rapines de la ferme-générale, de l'état de perpétuelle angoisse et de !létressc où vivait cette pau vre France dtt ' laboureur, que ravageait, du nord au sud, r le l'est à l'ouest, l'avide et féroce armée des gapiants. Mais quels autres bii.nfaits ne seraient point sortis de la Révolution, si, moins possédée de l'esprit de caste, l'_\..s semb1ée constituaiite ne se fût arrêtée, en ses desseÎjls, qu'aux limites marquées par la justice ! Et de combien cle c-.,.tastrophes elle eflt tari la source, si elle ei\t fondé, sur les bases proposées par Ferrières, cette banque national e au moyen de laquelle il devenait facile de tuer l'usure et <lecommanditer ]'industrie des malheureux; si seulement el le eût embrassé l'idée féconde suggérée par Malouet en 178 9 relativement à l'institution des chambres de travail! Elle ne fit rien de tont c11la,parce que son principe philo sophique était L'INDl','IDL'ALISME; elle laissa le faible sans protection; elle n'opposa à l'intolérance religieuse que le scepticisme; aux anciens monopoles industriels que le bi ssez-passer,- hiissez-mourir. Et ne fut-elle bourgeoise que dans ses idée s?... lei se dressent tout sanglants devant nous les spec tres du ch~mp <leMars ! Jusqu'au 17 juillet 1791, la d ivision en deux classes : LA :BOURGEOISIE,LE PEUPLE, avait été réelle, sans doute, incontestable, mais enfin il ne s'y était attaché aucun désir de vengeance. Après le massacr e du champ de Mars, au contraire, cette division couva la guerre cirile ! Je veux être juste : la responsabilité n'en d oit pas être rejetée tout entière sur l'Ass,emblée : une part notable en revient aux écrivains qui s'imaginèrent qu e c'était servir le peuple que ù'irr:te:r à tout propos et hors de propos ses défiances, que d'exalter ses haines, que de grossir par de monstrueuses exagérations la coupable fo lie de ceux qui osdent se c:mstituer en féodalité bourgeoise. Signaler cette folie, en restant fidèle à la vérité ; montrer à la classe qui aspirait à devenir dominante les dan~ers d ~ son égoïsme ; faire effort pour la ramener par vives ra isons dans une Yoie plus droite et plus large .... , c'était un devoir. 1Jais ni Fréron, ni les rédacteurs, moins en évid ence, du Journal du, Diable et autres feuilles semblables, ne s'en tinrent là • ils s'étudièrent à tout noircir, à tout envenimer ; ils tr;nsportèrent, ile la :sphère des idées dans celle de la rage, cet antagonisme de classe à classe qu'il eût fal~u travailler à faire disparaitre ; ils conclurent au néant, lom de conclure à la vie, et leur plume devint l'aiguilloi:i. dont on se sert pour rendre les taureaux furieux. Il y a quelques années, j'écrivais dans la co NCLUSIQN de l'Histoire de dix ans, c'est-à-dire clans la 1iartie du livre qui en résume l'esprit : " Si la bourgeoisie est noblement inspirée , elle peut beaucoup pour la régénération de ce pays. Captive dans ses monopoles, vouée aux passions mesqui nes auxquelles l'égoïsme de son principe la condamne, e lle perdrait la France et se perdrait elle-même, n'ayant que la moindre partie des qualités que la grande politique exige. Il faut donc qu'au lieu de se tenir séparée du peup le, elle s'unisse à lui d'•ne manière indissoluble, en pren ant l'initiative d'un systême qui ferait passer l'industrie, d u régime de la concurrence, à celui de l'association, qui g énéraliserait la possession des instruments de travail, qui instituerait le po1"oir banquier des pauvres, qui, en un mot, a bolirait l'e6-vage du travail. En une telle entreprise, il y au rait équité et sagesse. Retrempée dans l'e peu ple et raffermie par son coucours, la bourgeoisie tirerait de sa sécurité reconquise des ressources incalculables. Pacifiqtlement victorieuse de l'esprit de faction, elle ne craindrait pas ' , tournée vers l Europe des rois, de rendre à la France la parole et le geste du commandement. Elle acquerrait, d'ailleurs, en devenant la nation, toutes les vertus qui lu i manquent. Car, si elle a beaucoup à donner au peuple, elle a beaucoup aussi à recevoir de lui. Elle l ui peut donner l'instruction, Ja vraie liberté, et les trésors qui en découlent : elle recevra de hi l'énergie, la puiss ance des mâles instincts, le goût de la grandeur, l'aptitude au dévouement: précieux échange qui reltverait notre p ays, par l'harmonieux emploi des volontés et des vert us de tous ses enfans." J'éerivais encore : '' Est-il possible que la bourgeoisie persiste à se défier du peuple comme d'un ennemi? Ceux qu i l'y excitent la trompent et se préparent à l'asservir. A force de lui faire peur des hommes du peuple, on lui a ôté l a conscience de ses Yéritaùles dangers. Ils sont moins à se s pieds que sur sa tête et autour d'elle. Qu'elle y songe!" Hélas ! c'est parce qu'elle n'y a pas songé, c'est parce qu'elle a Youlu rester séparée de la vile multitude, que cet aYCrtissement solennel s'est trouvé être une prophétie! LOUIS BLANC. DERNIÈRES )lOUVELLES. La reine d'Espagne a fait son Deux Décembre, et d'a.près les dernières nouvelles tout le roy aume est en état de siège ! Encore une monarchie qui a besoin de sa ng! Mais nous sommes certains, cette fois, que l'équipée d'Isabe1le emportera sa couronne. Les villes principales sont en pleine résistan ce; les proclamations se succèdent aux provinc es, au peuple, à l'armée, et quand l'Espagne s'agit e profondément, c'est la guene, une guerre terrib le qui se lève! . Nous avons entre les mains l'appel à l'armé e; il se termine par ces mots : '' Sans les armées p erma-1 nentes, nous avons chassé Napoléon, plus d' ar• l mées pe1,·manentes ! Soldats à vos foyers ! " D'après les dernièrs bruits, la République se rait, déjà proclamée : que ce bulletin soit ou no n pré• maturé nous avoi,.s confiance, et salut à la Révo· lution nouvelle ! JERSEY, IMPRIMERIE VNIVJ::RSELLE, 19, DORSET STREET, A'1TIS Il sera publié avec chaque numéro un supp lément spécial pour les ANNONCES dans l'intérêt .du Co~m.ar,ce, de l'I~dustrie et de la Science. 'f,es ~nnonces d! V , tous les pays seront acceptées à la conditio n d'être écrites en français, conformément au spécimen c1-apres. ,Les Avis ~t An~onc ~s so~t reçus JUsqu au v<mdre~ à midi, à Londres, à la librairie et agence de l'Imprimeric Universelle, 50 ]f?, Gre~t Queen Stre~t Lincoln's~Inn-Fields,_ e t à 1 office del I~pnmene Unr,erselle, 19, Dors:t Stree\ à Jersey, S-Hélier, jusqu'à l'arriYée du cou rrier du mm di. Toute correspondances d~1t ê tre aff'ranchu~et contenir_11nbon, solt _surla poste angla~se, au-J1'0mde M. ~éno SwIETO-,LAWSX soit sur un des banquiers de Jersey ou de Loudres. Le prix des \. n Ioners est umformément de s1x sous (trois pe!lce) la ligne, pour les trois sortes de ~aracteres courants employlt dans ce journal. Les lignes en capitales et en lettres de fantaisie, seront payées en pro portion de la hauteur qu'elle·; occ,1peront, calculée sur le plus petit texte. 1 ABIANCHI pro~crit p,litique vrir un cours cl'Equitatiim i'l son manège, sur la a Je ~~i~leavantage d'unir l'élégance, la légèreté et français, r0il.acteur1Parade. • la s0J1d1té. . ■ t en chef 1inndantl - -- ,-- 2 . Les semelles sont fixées avec du laiton et ne - . GU TEL PRO~CRl1' DU • DLCE:lfBRE, • • , • p· é • • , I' lrnit_ansdu jo~rnal quotidien le .lle~sugcr ~l! Xord,I an•ofesseu1• de eoupe l.~J~sentaucune 11sph1tc 111 à, ;?t rieur 111 :i :r paraissant à Lule (France), donne a dom1c1ledes Tailleur d' ll,,!;ds.-'l<J, Belmont Road, St.-Héhcr, !t:r'.r1_1r. - On peut marcher a eau sans nuire a leçons de langue f~ançais:, d'arithmétique, ù'hi i.- Jersey. _____________ ~h_d_1t_é_d_e_l_a_,_h_a_ 11s s u re_. __ ____ __ toire, de géograp!ue, ile littérature, etc. 1 ~T •·~ISONDE OO~illTSSION Il se charge egalcment de toutes correspon1 LUO. KORDECKI, llL"l. ! k t1auce41,écritures commerciales et autres, et d es r>1toscR11'PoJ.tTl(!L't; POLO::-JAIS, No 3, SURLEPORT,AJERSEY, ml§moiresdont on lui con:lieh r€daction. l Donne i'lclomicilecltsleçons de langue Allem(lll1de C. D[eurteblse, Commis:.;ionnairenmarS'adresser au profes,eur, 20, Don-street, St.- et 'latfoe; il _démont:ea~~sil:i, Oy11111astign~. . chand:~es, se charge àe vendre et ach<,i('rton te Hélioc (Ile de Jersey). !\I. 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