• .. triche - 'lui proteste de sa haine contre la Russie, qui offre son concours pour maintr.nir la Serde dans l'obéissance du sultan, complaisaute alliée! - l'Autriche ne montre-t-elle pas clairement ses intentions et ses inquiétudes en rappelant la plus forte partie de ses garnisons de Toscane et en concentrant ses troupes sur le Danube et e11 Lombardie. Pourquoi masser ses soldats à •Ancône et it Milan, si elle ne compte pas lutter contre la France et le Piémont ? M. Brenier a été reçu par le roi de Naples, mais après beaucoup de difücultés. La mission postale de :M. Breilier n'est prise au sérieux par parsonne, et on le considère comme un émissaire impéri3J. • Les populations grecques de l'Albanie et de l'Ep:re sont en pleine Îl:snrrection contre le ,sultan; Je pacha de Janina aurait été obligé de concentrer ses troupes dans la citadelle ; un cutter de la marine grecque du roi Othon aurait profité d'une querelle sans importance pour couler bas un navire turc dans le port d'Arta ; enfin, une émeute hellène à Salonique n'aurait été réprimée que par la bayonnette et après Je sang versé ... Le sénat de Servie, tout en remerciant le sultan des droits accordés aux chré. tiens, a refüsé de prendre parti contre le czar et d'annuler les traités existant$ avec la Ru$sie. Les sujets grecs et slaves de l'empire ottoman paraissent poussés à profiter de la guerre pour recouvrer lwr indépendance - c'est-à-dire pour échanger le pouvoir du soliveau contre celui de la grue? ... Les correspondances anglaises parlent du prochain départ des divisions Bousquet et Canrobert pour Constantinople. Le général Espinasse,-le traître qui a surpris l'assemblée le Deux Décembre • -tera partie de l'expMition. Cinq bataillons de chasseurs sont en marche vers Marseille. Les armées alliées arriveront-elles à temps? Plusieurs combats sanglants ont été livrés sur le Danube; les Turcs n'ont pu s'emparer de Giurgevo ma!gré leur courage ; les Russes ont encore essayé de franchir le fleuve et ont été forcés rie reculer ; on parle d'une flotille turque détruite par les batteries du général Schilders ; des combats d'avant-postes eu lieu vers Kalafat. Enfin des renforts considérables sont en marche, en Russie, et une levée du 9 hommes par mille dans une quinzaine des provinces du czar répond à l'appel des contingents français de 49, .50 et 51. Ici, les troupes partent avec enthousiasme, et la population montre une ardeur à laquelle 0:1 ne pouvait s'attendre il y a trois mois. Le 28e, de Preston à Liverpool, a été constam,ment entouré par des masses ounières amoncelées pour acclamer le drapeau se déployant pour la grande guerre. On compte par G0,000 les populations accourues sur son passage. Ici, mercredi matin, deux bataillons de gardes sont partis à 6 heures ; et, dès minuit et demi, la foule stationnait sur le chemin rles barraques au chemin de for, malgr1i le froid, pour saluer et encourager de ses vivat~ les défonseu:s de l'honneur national. Dan$ le Parlement et dans la presse, on mène de front la question d'Orient eth réforme électorale. Sur la question d'Orient, pas de divergence, M. Cobden restant isolé dans son système de paix it toute outrance. et dans ses antipathies contre les sectateurs de Mahomet. Le radical M. Hume, le free-trader M. Milnes, le tory :M:. d' Israeli, les Peel ites lord Aberdeen et sir J. Graham, enfin les chefs whigs J. Russell et Palmerston, tous s'unissent pour vouloir la guerre, et punir la déloyauté du czar qui a dupé 1' Angleterre dans le début des négoci:itions ... Mais d'une guerre révolutionnaire, d'un appel aux peuples, on n'en parle que pour renier et maudire une telle pensée : pourtant, les marins et les soldats des deux puissances occidentales pourront-ils suffire même à protéger Constantinople, s'ils ne sont appuyés par les insurrections nationales? C'est ce dont on doute, même ici, mais ce dont on ne veut pas convenir. Et pendant ce temps, le czar s'apprête à mettre à exécution sa menace à L. Bonaparte; de recommencer la guerre avec l'espoir de la voir se terminer comme celle de 1812 ! • Tout à ~ous, Ph. }'AURE, VARIÉTÉS. UNE PAGE D'HISTOIRE. Le 14 septembre, jour fixf pour l'acceptation solennelle de la Constitution de 1791, les membres de l'Assemblée se trouvaient tous réunis vers onze heures. Uue foule ardente avait, dès le matin, assiégé et rempli les tribunes. Un dais préparé, la veille, pour le roi, par les soins du premier aide des cérémonies, avait dû être enlevé, sur les observations de l'abbé Gouttes ; et, à côté du fauteuil du président, on en voyait un exactement semblable qui était destiné an roi. " Dans le moment où le roi prêtera son serment, dit le président, l'Assemblée doit être assise."- " Sans doute, s'écrient 1111 grand nombre de voix ; et le r~i ,1r'·out, tête l'lUe." Malouet. fort aigrement, observa , . . ..·y av~it pas de circonstance où la nation, en présence du roi, nn le reconnO.t pour son chef. " Eh bien, répliCJ:uaun 1:,-: ••. .Jre ùe b gauche d'un ton railleur, décrètons qu'il sera permis à III. Malouet, et à quiconque en aura envie, de recevoir le roi à genoux ! " A midi précis, un huissier annonce l'arrivée du monarque. Il entre. Profond silence. Surpris et presque inquiet, il monte lentement les degrés de la tribune. Un huissier lui indiquant alors la place qu'il doit occuper à la gauche du présid~nt, il se sent humilié, il hésite. •Il s'approche du fauteuil cependant, et, debout, découvert, il commence ainsi : " Messieurs, je viens consacrer ici solennellement l'acceptation que j'ai donnée à l'acte constitutionnel. En conséquence, je jure .... " A ces mots, l'Assemblée, qui d'ab?rd s'était levée, s'assied. Le roi, toujours debout, contmue sans remarquer c11mouvement: " Je jure d'être :6.dèleà la nation et à la loi, d'employer tout le pouvoir qui m'est délégué à maintenir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale constituante, et à faire exécuter les lois•... " Arrivé là, Louis XVI &'aperçoit qu'il est resté s~ul. debout et découvert, la parole lui manque ; il pâlit, s assied brusquement à son tour, et, plein d'une tristesse indignée, prononce cette dernière phrase de la formule de son serment : " Puisse cette grande et mémorable époqa.e être. celle du rétabliss~ment de la paix, de l'u,nion, et deven1r le gage du bon~ur ~u peuple et de la prospérité de. l'empire." •, Dea cris redoubléi de vi-ue le rQ,i,J s'élevèrent, Mais. la bougeoillie vtmaitde montr•assez clairemel}t p;i.rson,at- • titude à quelles conditions et dans quel intérêt elle entendait conserver la monarchie ! Le ·président eut beau répondre à Lo11isXVI : " C'est l'attachement des Français, c'est leur confiance qui vous défèrent ce titre respectable il. la plus belle couronne de l'univers " ; ni ce tardif hommage, ni les acclamations qui retentirent avec une force nouvelle, ni l'assemblée se levant en corps pour l'accompagner jusqu'aux Tuileries, rien ne put consoler Louis XVI, en cet instant si solennel, et qu'il venait de trouver si. amer. La reine, qui avait assi&té à la séance dans une loge particulière, rentra au château, silencieuse et comme accablée. A peine avait-elle gagné ses appartemens, que le roi arriva chez elle par l'intérieur. Lé visage de Louis XVI était si pâle, si profondément altéré, que Marie-Antoinette, en le voyant ainsi, ne put retenir un cri d'étonnement et de douleur. Lui, se jetant dans un fauteuil et portant un mouchoir à ses yeux : " Tout est perdu ! Ah ! Madame ! Et vous êtes témoin de cette humiliation ! quoi ! vous êtes venue en France, pour voir., .... " Il s'arrêta, oppressé par ses sanglots, tandis que la reine, tout émue, tombait à genoux devant lui et le serrait dans ses bras. La proclamation de l'acte constitutionnel se fit le 18 septembre, avec une pompe extraordinaire et au milieu des démonstrations de joie les plus passionnées. Des salves d'artillerie avaient annoncé dès le matin cette fête vraimeut nationale : vers dix heures, la municipalité se mit en marche, accompagnée de nombre11x détachements d'infanterie et de cavalerie. Il y eut trois proclamations, la première, à l'hôtel de ville ; la seconde, au Carrousel ; la troisiime, à la place Vendôme ; et toutes les fois que Bailly éleva le livre dans les airs, les cris d'allégresse mêlés au bruit du canon, l'aspP.ct de plusieurs milliers de bonnets militaires se balançant à la pointe ,des bayonnettes, le mouvement des épées, le salut des drapeaux, les hymnes chantés par des groupes nombreux de musiGiens choisis, le tressaillement de la multitude, l'idée partout répandue et comme visible de l'ère nouvelle qui s'ouvrait, tout concourut à faire de cette scène une des plus imposantes dont il ait été jamais donné à un grand peuple de joui~·. Le soir, le roi et la reine furent priés d'aller à l'Opéra, où leur entrée fut célébrée par de vifs applaudissements. On donnait le ballet de Psyché. "Au moment, raconte Mme de Staël, qui était présente, au moment où les Furies dansaient en secouant leurs flambeaux, et où cet éclat d'incendie se répandait dans toute la salle, je vis le visage du roi et de la reine à la pâle lueur de cette imitation des enfers, et des pressentiments funestes sur l'avenir me saisire11t'" La reine souriait, mais de ce sourire qui touche aux larmes. Quant à Louis XVI, " il semblait, comme à son ordinaire, plus occupé de ce qu'il voyait que de ce qu'il éprouvait." Après l'Opéra, on alla se promener dans , les Champs-Elysées, ornés de g11irlandes de feu qui couraient d'arbre en arbre depuis la place Louis XV jusqu'à l'arc de l'Etoile. Beaucoup de cris de vive le roi ! se firent entendre ; mais aussitôt que ces cris cessaient, un inconnu qui ne quittait pas la portière de la voiture royale, criait d'une voix tonnante, aux oreilles de la reine, saisie d'effroi : " Non, ne les croyez pas ; vive la nation ! " Et les membres de l'Assemblée eux-mêmes erraient, perdus dans l'innombrable foule, laissant voir r. ur leur front une inquiétude vague, songeant à leurs successeurs, et semblables à des souverains détrônés. Le 30 septembre, jour fixé pour la clôture de la session, le roi se rendit à la salle des séances. Revirement remarquable ! Les choses en étaient à ce point, que la séparation de l'Assemblée était maintenant un malheur pour lui. Il le sentait, et ne put s'empêcher de l'exprimer. Quand il fut sorti, Thouret, qui présidait, éleva la voix, et s'adressant à ceux de la salle et des tribunes: "L'Assemblée nationale, dit-il, déclare que sa mission est finie." Au del1ors, le peuple attendait, avec des couronnes de chêne. à la main ...... Robesp,ierre et PJtion. lls furent portés en triomphe. Pétion, énivré, Jaissait éclater sa joie et saluait gracieusement la foule. Robespierre était triste. L'Assemblée constituante est une des plus imposantes figures qui aient jamais paru sur la scène du monde. Ses travaux furent immenses. Ce qui semblait ne pouvoir être que l'œuvre de plusieurs siècles, elle sut l'accomplir dans l'espace de deux ans, et cela au milieu de l'Europe inquiète , de la France agitée, de Paris bouillonnant, de toutes les passions en éveil, de tous les partis en lutte, avec la noblesse à détruire, la cour à combattre, le peuple à suivre ou à diriger, les prêtres à tenir en respect, de milliers de conspirateurs à déjouer, l'esprit de faction à contenir, et lorsque dans son propre sein, d'ou il y avait à faire sortir tout un ordre nouveau, elle sentait gronder l'anarchie. Aussi, que d'o11vriers illustres rassemblés pour la construction du merveilleux édifice, depuis Sieyès jusqu'à Volney, depuis Mirabeau et Duport jusqu'à Robespierre ! A quelle époque de l'histoire vit-on jamais réunis tant d'hommes d'Etat, de penseurs, de phitosophes, de légistes profonds, d'éclatans orateurs, de tribuns puissants par le cœur ou par le génie ! Si l'on considère l'Assemblée constituante comme pouvoir révolutionnaire, on demeure étonné des heureux prodiges de son audace. Elle paratt, elle lève le bras ...... , et le régime féodal s'écroule ; le sol se dérobe sous les pas de tous ces usurpateurs de la majesté divine qui, ' avec le produit du. ciel nndu, avaient acheté la terre ; lea oourtisans prennent la fuite ; les parlements disparalasent ; le règne des maltôtiers expire ; le déficit est comblé ; la royauté de Louis XVI s'en ya; les douanes intérieures tombent ; les Etats provinciaux se dispersent ; li division du royaume cesse ; l'agriculture est débarrassée de la main-morte et des corvées; l'industrie l'est des corporations et des maîtrises ...... La France meurt : vive la France ! Que l'on considère l'Assemblée constituante comme pouvoir organisateur, nul doute qu'elle n'ait fait de grandes choses. Par elle, l'unité du territoire fot fondée, et la hiérarchie, montant, le long d'une échelle savamment construite, de la commune au ca1tton, du canton au ,lépartement, du département au centre de l'Etat, constitua une force à la fois d'action et de résistance coRtre la11uelletoute l'Europe en armes vint se briser. A la place d'une foule de petites tribunes éparses, consacrées autrefois à des débats sans sonorité et à des délibérations sans lueurs, elle établit en haut lieu une tribune d'où la France pouvait parler aux nations les plua lointaines, et qui, véritablement, lui donnait pour auditoire le mondè entier. Par un emploi aussi hardi que sage des assignats, elle régénéra les finances, mobilisa le sol, créa des iDtérêts nouveaux, pourvut à la liquidation de la société ancienne, et ranima la circulation des richesses. Elle sut introduire tant d'ordre dans le maniement du trésor, que, sans obérer la nation, elle trouva moyen de faire face à une augmentation considérable de la force publique, à l'équipement et à l'armement des gardes nationales, à l'entretien de la marine, à la formation de plusieurs arsenaux, à la réparation des places de guerre. Elle régla le vote de l'impôt, sa perception, sa destination , de manière à mettre au désespoir les voleurs de deniers publics , et ce furent ses décrets qui arrangèrent les premiers rouages du mécanisme administratif où chaque dépense a son contrôle. La hiérarchie régulière des tribuna.x, la simplification des procédures, la fixation précise des attributions, l'établissement d'une magistrature élue par le peuple, l'institution paternelle et conciliante des j\l.stices de paix dans les communes, tout cela fut son ouvrage. Non contente de supprimer les supplices atroces d'autrefois, d'adoucir les peines, de briser définitivement les instruments de torture, elle institua le jury, et assura aux prévenus toutes les garanties que peut réclamer l'innocence en péril. Que ces magnifiques résultats aient été dus exclusivement à l'initiative de l'A~semblée, non sans doute ; ce qu'elle fit, la philosophie du xvw" siècle l'avait pensé ; et il ne faut pas oublier que Paris était près d'elle, autour d'elle, l'échauffant de son haleine fécondante, la pressant, l'inspirant, moulant quelquefois dans le fait ce qu'elle n'avait plus ensuite qu'à écrire dans la loi, ou bien, lui bnçant, enveloppées dans le tumulte même de ses clam1:· îS, les paroles qui avertissent et qui sauvent. Mais qu';;,1porte: Avoir mis en mouvement les pensées d'un grand siècle et codifié les plus nobles entrainements d'un grand peuple, est-ce donc 1me gloire si médiocre ? Voilà le bien ; voici le mal : L'Assemblée constituante laissa volontairement et systématiquemement en dehors de son action toute une catégo· rie d'intérêts dont la justice lui commandait de tenir compte. Distinguer, comme elle le fit les citoyens actifs des pretendus citoyens inactifs, dérober à ceux-ci leur part de souveraineté, attacher une condition de fortune au droit d'élire, armer les uns quand on se refusait à armer les autres, c'était recommencer la division des classes, c'était détruire d'avance l'unité de la famille française, c'était vouloir que ce beau mot LE PEUPLE, qui dans une société bien organisée signifierait l'universalité des citoyens, ne fût plus employé désormais que par opposition à la BOURGE01srn : dualisme à jamais funeste, par où s'expliqutnt, aujourd'l~ui encore, nos meurtrières défiances, nos révolutions, nos déchiremens. Il est dans la constitution de 1791, un article qui révèle d'une façon bien frappante l'esprit qui la dicta : c'est celui qui attribue <i~ cent quarante-ne11f députés à la population, deux cent quarante-neuf à la contribution directe, et deux cent quarante-sept au territoire. Quoi! un droit de représentation attaché à des pierres et à des arbres, là 9ù il s'agit de représenter des hommes! Oui, ·l'Assemblée constituante fut, quoi qu'en dise M. Michelet, une Assemblée essentiellement bourgeoise. Que les électeurs à deux cent cinquante francs de revenu fussent en plus ou moins grand nombre, là n'est point la question. Est-ce donc une affaire de chiffre que la justice? Pour qui prend la source de ses jugements sur les hauteui;p voidnes du ciel, la haine due à l'iniquité ne se mesure p::is au nombre des victimes. Plus ce nombre est petit, plus l'oppression est lâche. Seul contre l'univers, si je suis dans mon droit,je le brave, et s'il m'écrase, il est infâme. Demaudera-t-on maintenant pourquoi l'Assemblée constituante conserva la monarchie? Pourquoi? La reison en est bien simple. Ne voulant pas du régime démocratique auquel conduisait Uiéanmoics plusieurs de$1principes qu'ils avaient émis, les législateurs de la bourgeoisie songèrent à s'abriter derrière le trône comme derrière un rempart. Mais au moins eO.t-ilfallu le rendre solide, ce rempart ! Et c'est ici qae les législateurs de la bourgeoisie reçurent, . daus leur aveuglement, la punition mémorable de leur égoïsme. Quelle folie, en effet, de croire que la roysnté ie pourrait maintenir, quancl on lui ôtait 1-,u soatien naturel,
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