Discours du eitoyen Victor Hugo : CITOYENS, .. Une date, c'est une idée qui se fait chiffre; c'est_ une v1cto1r~ qui se condense et se résume ùans un nombre lummeux, et qm flamboie à .r,imais dans la mémoire des hommes. . , Vous venez de célébrer le 2!, Février 1848 ; vous avez glorifie L'HO~I]l E. ratrice approche. On ne distingue pas le chiffre, mais on rnit le rayonnement. . la date pas~ée ; permettez-moi de me tourner vers la date future. Permettez-moi de me tourner vers cette journée, sœur encore ignorée du 24 Février, qui donnera son nom à la proehaine RéProscrits! levons nos fronts pour que cc rayonnement les éclaire ! Le1·ons nos fronts, pour que, si les peuples demandent: - Qu'est-ce donc qui blanchit de la sorte le haut du visage de ces hommes? - on puisse répondre : - c'est la clarté de la Révolution (\Uivient! Levons nos fronts, proscrits, et, comme nous l'avons fait si sou- , vent dans notre confiance religieuse, saluons l'avenir l ,·ohition, et qui s'identifiera avec elle. . . Permettez-moi d'envoyer à la date future toutes les asp1rat1ons de mon âme. . Qu'elle ait autant t~;) grandeur que la date passée, et qu'elle ait plus de bonheur! Que les hommes nour qui elle resplendira ~oient fen~es et purs, qu'ils soient b .,s et grands, qu'iis soient Justes, utiles et victorieux et qu'ils: ,lt une autre récompense que l'exil! Que leur sort soi ·eilleur que le n6tre ! Citoyens! que la l. ·e future soit la date définitive! , . Que la date futL. .., continue l'œuvre de la date passee, mais -qu'elle i'achève ! Que, coœme le ' •,Février, el~ soit radieuse et fraternelle ; mais qu'elle soit l • lie et qu'elle aille au but ! qu'elle regarde l'Europe de la faço·. ,mt Danton la regardait! . Que, comme 1'' .er, elle 1bolisse la monarchie en France, mais qu'elle l'abo:. ~ aussi sur le conti_nent! qu'el~e ne tr~mpe pas ]'espérance! cr,. partout elle substitue le droit humam _au droit divin! qu'elii: c:ic aux nationalités : debout! debout, Itahe ! debout Pologne: (:~oout Honl!rie ! debout, Allemagne ! debout, ' ' "' 1 1 • 1 , ·1 1 peuples, pour la l::ierté ! qu'elle embouche c c a1ron a.u reYe1 • qu'elle annonce le lever du jour! que, dans ?ette halte nocturne où gisent les i..1tions engourdies par je ne sais quel lugubre sommeil, elle s;mne la diane des peuples! . . . Ah! l'instant s'avance! je vous l'ai déjà dit et j'y ms1ste, citoyens! dès qu~ les chocs décisifs auront_lieu, dès que. I:i, France abordera directement la Russie et l'Autriche et les saisira corpsà-corps, quand la grande guerre commenc~ra, ci~oyens!, vous verrez la Révolution luire. C'est à la Révolution qu'il est reservé de frapper les rois du continent. L'Empire est le fourreau, la. République est l'épée. , . Donc acclamons la date future ! acclamons la Revolution pro- ,ch:iine ! 'souhaitons la bienvenue à cet ami mystérieux qui s'appelle Demain! • . , . Que la date future soit splendide ! que la procha.me revolut1on soit invincible! qu'elle fonde les Etats-Unis d'Europe ! Que, comme Février, elle ouvre à deux battants l'uenir, mais qu'elle ferme à jamais l'abominable porte du passé-! que de toutes les eh11'/nesdes peuples elle forge à cette por~e un verrou ! et que ,ce Terrou soit énorme comme a été la tyranme ! Que c&mme Février, elle relève et replace sur l'autel le sublime trépied Liberté-Egalité-Fraternité, mais que sur ce trépied elle allume, Je façon à en éclairer toute la. terre, la grande flamme Humanité! Qu'elle en éblouisse les penseurs, qu'elle en aveugle les des•• potes ! . . . Que, comme Février, elle renverse l'échafauu pohtiqu~ r,elevé par le Bonaparte de décembre; mais qu'elle renverse aussi l'echaaud social ! Ne l'oublions pas, citoyens, c'est sur la tête du pr?- létai;e que l'échafaud social suspend son couperet. Pas de pam dans la famille, pas de lumière da11sle cerveau ; <le là la faute, de lù la chute, de là le crime. Un soir, à la nuit tombante, je me suis approché d'une guillotine qui Yenait de travailler d:ins la place de G;è.ve. Deux poteaux ~outel\aier:t le couperet encore fumant. J a1 demandé au premier poteau: comment t'appelles-tu? il m'a répondu : l\Iisèr~. J'ai demandé au deuxième poteau: comment t'appelles-tu? 11 mfâ. répondu : Ignorance. Que la Révolution prochaine, que la date future, arrache ces poteaux et brise cet échafaud ! Que comme Février, elle confirme le droit de l'homme; mais qu'ell; proclame le droit de b femme et qu'elle décrète _le droit ùê l'enfant; c'est-à-dire l'égalité pour l'une et l'éducation pour l'autre! . . Que, comme Février, elle répudie la èonfiscation et les violences; qu'elle ne dépouille personne; mais q~'elle dot: tou~ le monde! qu'elle ne soit pas faite contre les nc?es, mais 9u elle soit faite pour les pauvres. Oui! que, par une n_nmense reforme économique, par le droit du travail mieux compr!s, par de lar_ges institutions d'escompte et de crédit, par le ch?!nage rendu 11!1possible, par l'abolition des douanes _et des front~eres, par la c1r- .culation décuplée, par la suppression des armees permanentes, qui coûtent ~ l'Europe quatre milliards par an, sa~s compter ce que coûtent les guerres, par la complète m1s_e en valeur du sol, par un meilleur balancement de la producti01~ et de la consommation, ces deux battements de _I'artè1;e sociale, par l'échange, source jaillissante de vie, par_la revoluhon mon~ta1re, levier qui peut soulever toutes les md1gences, enfin, par' ui:e gigantesque crfation ~e richesses toutes nouvelles _que A dès à present la science entrevoit et affirme, elle fasse du b1en-etre matériel, intellectuel et moral la dotatiot; universelle ! . . . . Qu'elle broie, écrase, efface, anéantisse toutes les v1e1llesmstitutions déshonorées, c'est là sa mission politique; mais qu'ell_e fasse marcher de front sa mission sociale et qu'elle dorine du _Pam aux trav:ülleurs ! Qu'elle préserve les jeunes â~:s ~e. l'ense1gne~ent, -je me trompe, - de l'empoisonnement Jesuitique et ,~léncal, mais qu'elle ét:iblisse et constitue sur une ~ase colossale ~.mstruction gratuite et obligatoire! Savez-vous, c1toy_ens,ce qu 1I. faut à la civilisation pour qu'elle devienne l'har~on~e? De~, ateliers: et des ateliers! des écoles, et des écoles! L_ateher _et l ecole, c est le double laboratoire d'où sort la double vie, la vie du corps et la vie de l'intelligence. Qu'il n'y ait plus de bouches affamées! _qu'il n'y ait plus de cerveaux ténébreux! que ces deux locutions, honteuses, usuelles, presque proverbi~les, que nous av~ns tous prononcées plus d'une fois dans ~otre v_1e: - cet homme na pas de quoi ma1wer • - cet homme ne sait pas lire ; - que ces deux locutions qui s~nt comme les deux lueurs de la vieille •misère éter- ' d I h • 1 nelle disparaissent u angage umam • , Q~•enfin, comme le 24 Février, la grande date future, la. Rev~- lution prochaine fasse dans tous les sens des pas en avan!, mais qu'elle ne fa11se point un pas en arrière! 4';1'elle ne se_croise pas les bras avant d'avoir fini! qut- son d~rmer mot so_1:t su~rage universel, bien-être universel, paix umverselle, lumière umverselle ! R' br Quand on nous demande : qu'ente~dez-vous par . epu . 1que 'Universelle ? nous entendons cela. Qui en veut ! ( en w111mme: Tout le monde ! ) . Et maintenant, amis, cette date que j'appelle, cette date qui, réunie au grand 24 Février 1848 et à l'im;11-ense2_2 Septembre_1_792, sera comme le triangle de feu de la Revolution, cette tro1S1ème <Ute, cette date suprême, quand viendra-t-elle 1_ quelle année, quel mois, quel jour illustrera-t-elle ! de quels chiffres se ?om.p?- .,era-t-elle dans la série ténébreuse des nombres?_ SJnt:1ls Jou~ ou pria de nous ~es chiif:es encore ~bsc~s et ,deshne11,a une il :\)rodigieuse lumière? Cito1en.s, déjA, dei. à _present, 1 à l h:ure o_i): Je parle ihi sont éorits i;ur une page d~ hue de 1 averur, mais cette pa'ge-là, le doigt àe Dieu ne l'a pas encore tournée. M' oUB o.e aavgns rien, nous méditons, nou.sattendons ; tout ce que nous e-.vons 41reet r61»6toro,'~t q•'il uou semble 4•e la dat~ libéL'avenir a plusieurs noms. ,. . . . . Pour les faibles il se nomme 11mposs1ble ; pour les timides, 11 se nomme l'ii\con~u; pour les penseurs et pour les vaillans, il se nomme l'idéal. L'impossible! L'inconnu! Quoi! plus de misère pour l'h?mme, plus de pr~?titutio_n pour la femme, plus d'ignorance pour 1enfant, ce serait I impossible! Quoi! les Etats- Unis d'Europe, libres et maîtres chacun chez eux, mus et reliés par une 1ssemblée centrale, et communiant à travers les mers avec les Etats- Unis d'Amérique, ce serait l' inconnu! Quoi! ce qu'a voulu Jésus-Christ, c'est l'impossible! Quoi! ce qu'a fait Washington, c'est l'inconnu! Mais on nous dit : - et la tr:insition ! et les douleurs de l'enfantement ! et la tempête du passage du vieux monde 1u mon~e nouveau! un' continent qui se transforme! l'avatar d'un conhné!nt ! vous figurez-vous cette chose redoutable? la résistance désespérée des tr6nes, la colère des castes, la furie des armées, le roi défendant sa liste civile, le prêtre défendant sa prébende, le juge défendant sa paie, l'usurier défendant son bordereau, l'exploiteur défendant son privilège, quelles ligues! quelles luttes! quels ouragans! quelles batailles! quels obstacles! préparez vos yeux à répandre des larmes ; préparez vos ve~nes à verser d~ s_ang 1 arrêtez-vous! reculez! ... - Silence aux faibles et aux tumdes ! l'impossible, cette barre (le fer rouge, nous y mordrons; l'inconnu, ces ténèbres, rious nous y plongerons, et nous te conquerrons, idéal! VIVE LA. RÉVOLUTION FUTURE! CettP. éloquente improvisation a profondément ému l'assemblée; c'est un programme, en effet, qni ne cède rien des révolutions antérieures, et qui n'oublie rien des révolutions futures. Discours du citoyen Collet : CITOYENS, Déjà six ans se sont écoulés depuis qu'eut lieu une grande révolution d'où sortit l:i. République, dont nos efforts et nos combats poursuivaient la conquête; elle fut donc proclamée, cette glorieuse République, qui, de la France où elle venait d'asseoir son camp et planter son drapeau, allait s'étendre sur le monde! La France était libre, le tr6ne était en poussière : un éclair subit jaillit sur le monde, et l'on vit aussitôt les Peuples tourner vers la France leurs regards et leurs espérances! comme un déluge n'allait-elle pas déborder, cette France, H submerger les tr6nes? la. solidarité républicaine lui commandlit ce grand devoir, la délivrance des Peuples devait être notre premier pas dans la solid:irité et notre première conquête! . Tl vous en souvient, citoyens! de la République nous n'avions que le nom, et cependant ce nom suffit pour ébranler le monde ; les tr6nes tremblèrent, les rois épouvantés prirent la fuite, les rois plièrent le genou devant les Peuples qui se levaient et bris:iient leurs chaînes ! Mais que faisait la France pour les soutenir dans cette lutte ? La France, elle attendait, la France regardait de quel côté allait rester la victoire. . Triste oubli à jamais regrettable de la solidarité républicaine ! une si glorieuse entreprise, la liberté du monde, ét:iit digne de la France. Mais jettons un voile d'oubli sur ce passé, et vers l'avenir tournons nos regards et notre espérance. Contemplons cette lutte formidable que les rois se livrent. Et que sortira-t-il de cette lutte? est-ce l'oppression s'étendant sur le monde ? Est-ce la liberté brisant ses chaînes? oui, car c'est le suicide du vieux monde! Non, tyrans, vous ne triompherez pas, et la mer Rouge que vous avez passée ne verra plus votre retour ! Et vous, Peuples, peuples de travailleurs dont le fr~nt reste courbé veri la terre, levez vos regards et contemplez vos nc~esses. Ces belles campagnes, c'est vous qui les avez rendues fe:t1les, ce sont vos bras qui les ont cultivées, ce sont vos sueurs qui les ont arrosées. Ouvriers, travailleurs, ces riches:;es de l'industrie, ces superbes palais, monumens d'architecture, ces cités qui couvrent la terre, ouvriers, vos bras les ont édifiés. Regardez encore, ces routes, ces can:iux, ce~ chemins de fi,r qui d'un bout à l'autre sillonnent le monde, travailleurs, tout cela est encore sorti de vos mains. Et ces vaisseaux qui couvrent les mers, qui vont por~er à tous les rivages les riches~es de l'industrie, toutes ces merveilles sont votre ouvrage...... , . Travailleurs, vous avez tout creé ! le monde vous doit tout! créateurs des richesses, pourquoi donc êtes-vous dépouillés? pourquoi donc gémissez-vous dans la misère? . . Levez-vous, levez-vous, tranilleurs, et revendiquez vos dro1t11 au bonheur et à la Jiberté, avec la fierté qui convient à des hommes qui remplissent leur tâche envers l'humanité. . . Disparaissez·, privilèges du hasard et de la na1ss~nce ! chsparaissez privilèges des titrfa et de l'oisiveté! l'homme unproducteur n'a vas le droit d'être consommateur. C est à toi, République, qu'il appartient de faire disparaître toutes ces iniquités sociales, c'est à toi qu'il appartient de faire régner la Justice et la liberté! Nous t'adorops,. République, parce 911e~u es tout _cequi est grand, tout ce qui est beau: tout ce qm _estJ_uste; _turesumes en toi toutes les perfections sociales. C'est toi qm substitueras la propriété collective et commune à la propri~té individuelle et ~no~- celée, ce cancer des sociétés. Tu es le droit commun, le droit leaitime et absolu de chacun à tous les fruits de la terre, à tous les produits de l'industrie, des sciences et des arts. C'est sous ton empire que l'homme alors pourra s'écrier : la terre ~~t mon domaine, pas un lieu où ne puissent pénétrer mes pas; s1Je _parle,le monde entier m'écoute, l'humanité me protège, nul roi ne fut mieux gardé. A mon bras s'est joint le bras de l'humanité et l'esprit de l'humanité s'est identifié en moi ! République, tu n'as pas encore eu d'autels sur la terre. Tu n'en avais pas à Sparte, tu n'en avais pas à Rome,-et 93, cet audacieux pionnier de l'avenir, ne put que remuer le monde pour Y jeter tes fondements. Non, tu n'es pas République, où subsist: _l'horrible_esclavage, où le wav:iÏl de l'homme est encore exploite, où la 1msère est le partage des uns et la richesse le partage des autres .. Mais comme le fer qui ouvre le sillon pour recevoir la semence, de même le fer, cette suprême nécessité, notre dernier instrument, nous ouvrira le chemin à la République. qu'elle nous tro_uve~one uni.i et toujours prêts à combattre et à mourir pour elle; puis, _tr1ompha~te et glorieuse, la République ne verra plus d'~nnem1s dans les ni~_cas, ennemis que l'neugle ignorance armait contre elle. Son flambeau d:ssipera leurs té?ièbres; alors elle n'aura plus d'ennemis possible~, et sur ses autels la fraternité unira tous les hommes! C'est vous, tyrans, vous seuls qui couvrez le monde de ruines t C'est vous qui faites verser des pleurs et couler le sang. Ah! vous emporterez dans le tombeau, où nous vous précipiterons, \"OS prisons, vos éch:ifauds et vos forfaits. Viens, République, viens affranchir les peuples du joug honteux des despotes, joug qui les opprime et les avilit! Viens donne~ à l'univers, avec la liberte, l'égalité et la fraternité! VIVE LA. RÉPUBLIQUE INTÉGRALE ET UNIVERSELLE! D'autres orateurs ont encore pris la parole, entr'autres le citoven Colfavru ; mais n'ayant pas les textes, nous ne pouvons publier ces discours. Des chants patriotiques ont fermé la séance, et les proscrits se sont retirés, emportant dans leur cœur le souvenir et l'amour de la Révolution saiflte. LES BUVEURSDE SANG. Nons ne voulons pas uous lasser de le répéter, afin d'éclairer les hommes justes q1ie l'cm trompe: partout où les révolutionnaires ont été les maîtres, ils ont aboli la peine de mort, en France par le gouvernement provisoire, en Italie par la Constituante romaine, en Allemagne par l'assemblée natiolilale de Francfort. C'est là un fait notoire, avéré, incontestable. Partout où les monarchistes sont redevenus les maîtres, ils ont restauré l'échafaud, en France par les décembriseurs, à Rome par le pape, en Allemagne par le jeune empereur d'Autriche et le roi de Prusse. C'est encore là un fait notoire, avéré, incontestable. Il n'en est pas moins passé en usage da.us la presse " honnête " et dans les salons " modérés " de crier à tout propos que les révolutionnaires sont de~ buveurs de sang!!! Ainsi va le monde. Lorsque les premiers martyrs allaient prêchant l'évangile, mourant dans les cirques pour la foi nouvelle, il n'est pas un payen honnête et modéré à qui vous auriez ~té dé l'esprit que les chrétiens sacrifiaient des enfants au fond des catacombes. Le plus étrange, c'est que les audacieux calomniateurs des révolutionnaires ne sont pas plus humains dans leurs écrits que dans leurs actes. Ouvrez leurs livres, parcourez leurs discours, vous les trouverez à peu près tous et toujours fort amis du bourreau. M. Falloux fait un gros volume pour célébrer l'inq•Jisition; M. Veuillot regrette très-haut que l'on n'ait pas brûlé Luther; M. Montalembert, le témoin d~ M. Bonaparte, proclamait à la tribune, pen avant les massacres du Deux Décembre, que" la force est sainte." Nous ne voilons pas pousser plus loin ces réflexions, ·nous nous bornerons à dire qu'elles nous sont venues en lisant tout à l'heure le passage suivant d'un article de la Revue d'Edimbourg: ( Octobre 1852, page 323.) " Si M. de Maistre a re- " présenté la peine capitale comme un des axes sur les- " quels tourne la société, et le bourreau comme un des , " premiers magistrats, M. de Bonald, d'un autre côté, peut " se vanter d'avoir proféré à la chambre des pairs des " paroles qui, dans leur douce barbarie, peuvent à peine " égaler les souvenirs d'un tribunal révolutionnaire. " Condamner un homme à mort, dit-il, c'est seulement " l'envoyer devant son juge naturel." Cela ne rappelle-t-il pas cet autre défenseur de la religion qui criait pendant le massacre des Albigeois : " Tuez1 " tuez-les tous, Dieu reconnaitra les siens.,!" V. ScHŒLCHER. CORRESPONDANCE DE LONDRES. Londres, 24 février 1854. L'anniversairl?' de notre malheureuse Révolution est célébré en France par de RORlbreuses arrestations; et dans l'exil...? Je ne veux pas m'arrêter sur ce triste objet; nos compagn,ons d'infortune, malades, isolés, dans b misère, sans secours et sans relations, n'ont même pas, pour les fortifier dans leurs souffrances, la consolation de pouvoir têter ensemble, et tous unis, le souvenir du réveil momentané de l'a Révolution française L.. Donc, à Paris, des arrestations. Les correspondances anglaises parlent d'une manifes!ation préparée, disent-elles, par des ré~~- giés étrangers pour crier : A bas le czar! - Beaucoup de réfugies sont expulsés. - De petits placards ont été affichés ou répandus dans les rues, portant : 24 Février. Chfnnagedans les ateliers. Manife,lation. • ,. Ces arrestations, ces persécutions, coïncident avec un article du Moniteur dirigé contre les menées révolutionnaires en Grèce et en Italie. Le Morziteur a, depuis huit jours, successivement annoncé le refus du czar d'accepter les propositions de L. Bonaparte, le rappel de M. Castel-Bajac de Saint-Pétersbourg, l'alliance intime contractée avec l'Angleterre, et l'espoir d'obtenir l'appui de la Prusse et de l'Autriche. En même temps que l'escadre de Brest va embarquer en Algérie la ùivision du général Pélissier (dont fait p:irtie le 7e léger, régiment de notre ami Boichot), le Moniteur affecte d'assurer à l'Autriche que la Fi3nce s'opposera vigoureusement aux tent:itives révolution:naires, cotf.;é_quencespour. tant forcées d'une guerre entre les pmssances_ o?c1dentales e_lte czar. Ainsi, le despote, l'autocrate, le généralissime du parti de l'ordre, Nicolas en un mot, excite et soudoie la rébellion et l'in. sitrrection natiorzale des Grecs contre le sultan; et l'empereur part1enu, l'élu du peuple français rentre.dans ~on !61~de sauv_eurde la société, et fulmine contre les révolutionnaires italiens qu'il a tour. à-tour senis et asservis ... Mais à la fin de l'article du MIJ,/Nteur, on remarque l'ironie auirnnt~ : " Si les armées autrichiennes et françaises agissent " de ooneert sur le Danube, l'empereur Napoléon ne souffrira pas "que des menées ré,olutionnaires, etc.... " Fort bien: e! si l'Autriche rellte neutre ? Que fera L. Bonaparte 'l Il ne le dit pas, La riponse iè.,..lt-elle indi:iuéjl par l'a,is donné au duc de Tos• eta!lepar M. Brenier d'aToir à ohanger de poli;ique ? Et l' Au. ..
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