' -SCIENCE.- -SOLIDARITEJO-URNADLELADEMOCRATIUENIVERSELLE. N° 13. - MERCREDI, 22 FÉVRIER 1854. 1 Ce .Journal parait une t'olo par oen1alne.1 ' L'ARMEERUSSE. I. L'opinion publique, e~ Angleterre, ~st très animée contre la Russie : Journaux, meetmg~ e! ~arlement, toutes les voix, comme !o~s ~es 1?~erets, sont d'accord ponr dénoncer et fletnr 1ambition du barbare qui trouble la paix du ?1onde,et a le grand tort de ~onvoiter les Indes. C est là, sans contredit une belle et sainte hain~ qui s'inspire de la justice contre la force ; m~is les anat~èm 1 es ue chassent pas ~esballes, e,t m1eu~-vaudrait d abord étudier la pmssance de 1ennemi. . Les contrôles de la force russe, sur le pied de paix, donnent pour l'infanterie, seuleme1~t6, 60,000 homme divisés en six grands corps qui représentent ch;cun, la valeur d'une armée. La cavalerie rég;lière COfllrteprès de 11~,000 hommes; l'artillerie et le geme on~ un contrngent de ~0,000, .et la cavalerie irréguhère,-Kosacs, Bask1rs 6t K1rguis,-s'élève à 140,000. Voilà le dénombrement à peu près exact qu'accuse11t les chiffres officiels; mais il faut tenir compte, en plus, du ao1;1-ting-ednets colonies militaires, de la genèarmene, ~e la ~ouane, des enfans de troupe, ce qui peut bien s evaluer à 1~0,000 hommes et l'on verra, alors, que, sur le pied de paix, e~ temps_ord~naire, l'armée russe n'a pas moinsd'un m1lhond hommes sous le drapeau. Voilà la situation normale, habituelle, réglée ; mais quand viennent les luttes, les, force~p~uvent doubler rapidement; car telle est l orgamsahon de l'armée, que les chefs de corps ont toujours des cadres ouverts et que de 15 à 50 ans tout le monde y peut passer, grâce au despotisme. La force militaire de l'Empire russe est donc très considérable; il ne faut ni trop la redouter ni la méconnaître ; il faut la dénoncer tout haut et ne pas se bercer éternellement de patriotiques erreus. La paie du soldat, en Russie, ne s'élève qu'à cinq livres sterling par an; l'Angleterre ne d?nne pas moins de six cents francs à chacun des siens, pour le même service, et de la so~te,chaque soldat lui co(ite à peu près autant que crnq Russes. Mais si le conting·ent est formidable, si grâce anx levées que peut faire le bon plaisir, on peut mettre un monde sous les armes, derrière le colosse il y a les faiblesses, et dans l'écorce Je ver. En Russie, dans toutes les parties du service public, et surtout à propos de l'armée, l'administration c'est le pillage, le vol. La fraude est dans tous les marchés et il n'y a pas de comptabilité sérieuse : d'un autre côté, l'esprit moral n'existe pas clans les rangs: c'est la loi de contrainte qui tient les armées en ligne ; elles ont de la solidité, de la discipline, m_aispas d'âme, voilà les défauts. II. La Russie n'est pas une puissance maritime du premier ordre, elle ne comptequ'après l'Angleterre, les Etats-Unis et la France, mais on aurait tort de se laisser endormir et de croire qu'en ce point sa force est nulle: elle a 30,000 matelots dans la Baltique, et 20,000 dans la mer Noire. La flotte de cette dernière mer est de beaucoup supérieure à l'autre et par l'habileté pratique et par ladiscipline : ses équipages sont composés principalement de Malo-russes, de Kosacs et de paysans des côtes enlevés par le recrutement; du côté de la mer Noire son plus grand établissement est Sébastopol, dans la péninsule de Crimée, et Cronstadt, qui touche presque à Pétersbourg, est son port de refuge daus les eaux de la Baltique. En deux mots, la force de la marine militaire en Russie s'élève, commepersonnel, à50,000 hommes, cemme vaisseaux à 100, de la frégate au brick, et tous les bâtiments du commerce peuvent, à simple réquisition, être montés en guerre. Toutes lettres et correspondances doivent être affranchies et adressées au bureau de }'Imprimerie Universelle à SaintHélier (Jersey), 19, Dorset Street.-Les manuscrits déposés ne seront pas rendus. Telle est la situation ; mais là, comme partout, l'administration pille et gaspille ; le corps des officiers est comme instruction plus que médiocre, et l'on ne peut guère compter comme bons matelots que ceux de Finlande. Quelle résistance pourraient opposer les deux flottes russes aux deux flottes unies de France et d'Angleterre ? aucune résistance sérieuse, s'il y avait accord, véritable accord entre les puissances alliées; mais l'intérêt immédiat pour la Russie, l'intérêt du jour, n'est pas dans les luttes de la mer; il est tout entier, sur le Danube, avec l'armée de terre marchant aux Balkans, et Nicolas pourrait perdre ses deux flottes sans trop grand dommage, s'il franchissait la ligne qui garde Constantinople. III. En dehors de ses flottes et de ses armées, la Russie est encore à craindre à cause de ses alliances ; Suède, Norvège et Danemark, tous les pays du nord lui sont à peu près inféodés, et, quoique masquée, son influence est grande dans toutes les cours d'Allemagne. Ainsi, l'on espère que l'Autriche et la PrHsse garderont une neutralité sévère dans la lutte qui va s'ouvrir, et c'est un peu sur ce point-problème que se fonde, que s'appuie la politique anglaise, condamnée, 'par les crises du temps, à l'alliance avec Bonaparte. Eh bien, cette neutralité de l'Autriche et l'alliance de Bonap!lrte vont de pair; c'est un double mensonge que démasqueront bientôt les événemens, mais qui fera à l'Angleterre la situation la plus difficile que son histoire ait jamais connue. L'Autriche a ses deux flancs ouverts ; l'] talie d'un côté et la Hongrie de l'autre la tiennent nuit et jour en alarmes et en surveillance; elle a besoin de la Russie pour ne pas tomber en révolution : elle ne peut rien lui refuser, et quand la partie sera plus avant engagée, la poudre et la nécessité parlant, on verra ce que valaient toutes ces déclarations officielles de neutralité, qui font aujourd'hui l'espérance et la joie du commerce de Londres. L'Autriche contre ]a Russie, et la France de Bonaparte avec l'Angleterre ...... en vérité, ce sont là des combinaisons qui hurlent, et si la querelle n'était si grave, il en faudrait rire, mais au fond de ces vaudevilles des rois, il y a toujours du sang! Ch. RJBEYROLLES. LE DEVOIR. Homme qui nies en parole l'autorité de ta conscience, essaie de la méconnaître en réalité, quand elle parle! - tu sentiras toutes les furies labourer sourdement ta mémoire et ta pensée, le remords et la douleur latente envahir ton âme et la fermer au bonheur, jusqu'à ce que le repentir vienne effacer la faute par l'expiation : le remords, a dit la tradition, est le cancer de l'âme. Dès que la vérité a pénétré par l'éducation où par l'intuition spontanée dans votre conscience, dès qu'une affirmation s'est posée en elle, en vain vous voulez y échapper: elle vous juge et vous subjugue, vous condamne ou vous approuve : h conscience est infaillible ; elle ne dit pas toujours que ce qui de soi est mal, soit mal, que _cequi de s~i est bien, wit bien ; mais, sans aucune exception, elle croit toujours que ce qu'elle- dit être bien 011 mal est tel : elle le sent ainsi, et sans plus s'enquérir, lorsqu'elle a fait tous ses efforts pour s'éclairer, elle nous condamne à l'obéissanGe. Nous n'avons pas la science infuse : la conscience nette de la loi' morale absolue ne nous est donc pas donnée dès la naissance ou spontanément. Les germes sont en nous, il est vrai, mais il faut la préparation ou la fécondation du sentiment par l'intelligence. • L'homme n'ayant pas la science absolue du résultat de ses actes, ni la certitude absolue de bien user de sa logique, nous ne dirons pas qu'il doit arriver au bien absolu, mais qu'il doit faire ce qu'il croit être le bien dans sa conscience et ses lumières acquises. ON S'ABONNE : A Jersey, 19, Dorset st. A Londres, 50½, Great Qucen st. Lincoln's-Inn-Fields, à la LiA Gwève(Suisse), chez M. Corsat, libraire, rue Guillaume-Tell. PRIX DE L'ABONNEMENT : Un an, 8 shrllings ou 1,0francs. Six mois, 4 sh. ou 5 fr. Trois mois, 2 sh. ou 2 fr. 50 c. CHAQUE NUMÉRO : 3 pences ou 6 sous. La raison est le phare ; la conscience est le gouvernement ; la morale de fraternité et d'égalité est la bo-ussole; la volonté est le nautonnier de l'homme sur l'océan agité de la vie. Il est un dernier appui pour le devoir. : nous le trouvons dans la solidarité de tous les individus et de toutes les générations, solidarité prochaine, universelle et inévitable qui fait déjà que nos fautes collectives et nos vices nous tournent à mal, dès cette vie.... Oui, hommes de tontes les races et de toutes les civilisations, noirs ou blancs, sauvages ou policés, vous avez beau faire ! la justice s'est installée dans vos Gonsciences avec l'intelligence, et, dès que vous commencez à comprendre, elle commence à vous jng11r : elle sait votre degré d'inculture ou d'ignorance ; elle sait les tentations et la vivacité de vos désirs, de vos penchans, elle sait vos luttes et vous en tient compte ; mais elle sait aussi quand vous croyez mal faire, et si alors vous fuyez ou cherchez le mal: Hommes, échappez lui donc si vous le pouvez ! C. P.Ec.... R. CORRESPONDANCE DE LONDRES. Londres, 17 février 1854. Vous avez lu sans cloute la lettre de L. Bonaparte au czar• publiée par Je Moniteur? Elle a produit à Bruxelles et à Londres une vive st'nsation ; on la considère comme une déclaration de guerre, bien qu'elle propose l'ouverture de négociations directes entre le czar et Je sultan, en résenant, il est vrai, le droit des puissances de conseiller la Turquie. La Patrie a prétendu que la réponse ;,. cette lettre était connue du gouvernement, et que la guerre était décidée. Cette note de la Patrie, rédigée, diton, <lansles bureaux mêmes du ministère de l'intérieur, a causé de cruelles pertes à la Bourse, à un haut personnage politique et financier (l\1. Fould, sans doute). Le Moniteur a infligé un démenii à la Patrie, qui a rq:u, en outre, un avertissement (Je 2e); et pourt:mt, on assure que la Patrie disait vrai, qu'une Mpêche télégraphique de M. Castel-Bajac présentait la guerre comme désormais inévitable ..... . Le parlement anglais ~•est, à diverses reprises, occupé de ]a. question d'Orient. Le comte Orloff, chargé de négocier à Vienne et à Berlin un traité de neutralité armée avec la promesse de mettre 100,000 Russes à la disposition des cours allemandes en cas d'attaque de la France, a échoué dans sa mission, au dire des journaux et des diplomates anglais. Le roi de Prusse a nettement refu~ê ce protectorat d(guisé. L'Autriche, tout en protestant de sa résolution de rester neutre, dirige 100,000 hommes sur le Danube et en Lombardie, et se plaint de l'intervention active des puissanees occidentales en faveur de la Turquie. On espère encore ici, pourtant, quel' Autriche demeurera neutre! Interpellé hier sur la lettre de L. Bonaparte, le cabinet anO'laisa répondu qu'il en approuvait la substance. Du reste l' Angleterre pousse énergiquement ses préparatifs de guerre. Le général Lord Raglan est nommé commanclant du corps expéditionnaire; le duc .de Cambridge, cousin de la reine, commandera une des deux divisions sous ses ordres. Un bataillon des gardes (Coldstrearn) est parti mardi pour Southampton, aux applaudissemens de la foule amoncelée dans Trafalgar Square et le Strand. Deux autres bataillons vont suivre, dont un bataillon écossais. Quatre régiments de ligne sont en naarche pour i,'embarquer : le cél~bre 93e (Highlanders) est du nombre. Partout, la population salue de vivats enthousiastes - auxquels se mêlent les pleurs et adieux déchirants des familles - le départ des régiments. De nombreux volontaires, sortant des autres corps, augmentent le personnel de l'expédition. Une nouvelle se répand à Londres: le steamer anglais, Haydee, portant des troupes turques, aurait échoué et serait tombé aux mains des Russes. Les feuilles anglaises ne demàndent rien moins que la prompte destruction des flottes russes dans la mer Noire et la Baltique, et s'étonnent de l'inaction de l'amiral Dundas. Sauf des canonnades échangées à travers le Danube, et quelques combats d'avant-postes, ils ne rien passé d'important sur le D:mube. Un courrier d'Omer-Pacha est arrivé à Constantinople, annonçant l'attaque de Kalafat par les Russes; mais ce bruit a été si souvent reproduit qu'il faut attendre avant d'y croire. Kalafat est trop bien fortifié, dit-on, p,rnr être enlevé par m1 coup de main. - Omer-Pacha vient de faire juger deux espions grecs par un conseil de guerre où siégeaient l'évêque grec Shumla et un autre prélat. Le prince Grégoire Stourdza, fils du dernier Hospodar de Moldavie, ayant pris du service dans l'armée turque, ses biens viennent d'être confisqués par la Russie. Enfin, il est défendu aux soldats russes de s'éloigner à plus de 1,000 pas des camps, et d'entretenir des relations avec les perfide: habitants de la Valachie.-Tous ces faits font espérer que les populatiou chrétiennes de la Turquie ne tomberont pas dans le piège tendu par le czar, et ne lui aideront pas, sous prétexte de recouvrer leur indépendance, à devenir leur maître et celui de l'Europe. - L'Espagne est encore tranquille; les généraux J. Concha et O'Donnell se sont échappés; le prince Henrique, frère du roi, a été arrêté à Girone, puis mis en liberté. Le général Prim, qui revenait des bords du Danube, n'a pu rentrer en Espagne. On dit que ]'Angleterre demande au Portugal un contingent pour l' armée d'Orient ; le jeune roi et son père, le régent, vont visiter Londres et Bruxelles; est-ce pour consulter leurs cousins de Saxe? - L'anniversaire de la République romaine (9 février) a étésignalé en Italie par un surcroît de pFécautions policières et ll'lilitaires qni n'ont pas empêché de répandre dans les rues des bulletins portant: Vive la République romaine! 1854.
·, Un espion a été poignardé, d'~11coup porté comme c~lui qui a frappé M. Rossi en 1848, et qui a depu1$frappé plus d un agent du Pape. . A Perugia, il y a eu des troubles à cause de la diset_te. A R~- venlile, les troupes pontificales :iyan~ relevé la garnison_ autri: chienne, ont été reçues avec enthousiasme par la population. qui saluait en elles des troupes nationales. De nombreuses arrestat10ns ont été faites à Faenza. Le gouvernement français déclare. a~jour~•hui que la missio_n confiée à M. Brenier concerne l'admm1strat10n des postes; mais on y croit peu, en Italie ; et on s'attend s~bien à_voir écl_at~rla guerre dans Je:.Apennins, que la compagme anglaise so11m1s~~onnaire du chemin de fer toscan, a refusé de verser la deux1eme moitié de son cautionnement, "à raison des graves événements "qui menacent l'Europe et :fftout l'Itali~ centrale." . C'est donc une guerre gé"' •rale qui va commencer : pourquoi n'est-ce pas une guerre r' olutionnaire ! Nous n'aurions pas à en redouter le dénouement. Tout à vous, Ph. FAURE. Un captif irland,,; •. M. Mitchel, échappé aux fers del' Angleterre, ·. repris à New-York sa tâche interrompue pour la !.·>érationde son pays. Le Citizen a paru, et dès le second numéro, les amis de l'Humanité, les promoteurs de l'indépendance des peuples, ont éprouvé un cruel désappointement: l'avocat d'un peuple si longtemps tenu à l'étatd'ilotisme, prêche le maintien de l'esclavage. La scandaleuse déclaration des principes professés par M. Mitchel sur cette plaie sociale des Etat-Unis, a provoqué l'excellente lettre qu'on va lire. Nous lui avons donné place, bien que nous n'approuvions pas la voie où se sont engagés les abolitionnistes de ce pays. Pourquoi discuter, quand le parti de l'esclavage refuse la discussion et charge ses armes? Pourquoi invoquer ces alitorités philosophiques, religieuses, etc., avoir recours à un immense appareil de dialectique, afin de démontrer une vérité aussi simple, aussi élémentaire que le droit à la liberté de tous les hommes? C'est assez de paroles, assez d'érudition; il n'est pas besoin d'étudier cette question pour la connaître. Préparez-vous, pour les moments opportuns, à l'ac_- tion légii.lative efficace : des résolutions énergiques avanceront plus les intérêts de l'Humanité que tous les trésors des bibliothèques. Voici la lettre adressée à M. Mitchel : MONSIEUR, L'Europe démocratiq-veaimait à vous mettre au premier rang des champions de sa liberté._ Défenseur des droit,s méconnus de l'Irlande, tous les peuples, toutes les races opprimées voyaient en vous leur logique défenseur. Apr-ès votre discours à San-Francisco, après la déclaration formelle que le républicanisme est la tendance générale du. vieux continent, la république universelle a cru pouvoir compter sur vous. Martyr si longtemps vous-même d'une cause inséparable et solidaire de la cause de l'Hamanité entière, comment n'aurait-on pas espéré que votre sympathie était à jamais acquise aux martyrs de toutes les tyrannies? Cette espérance, je dirai presque cette certitude, vient d'être étrangement anéantie par votre second numéro du Citizen. R~pondant à un de vos compatriotes, M. Haugthon, qui vous exhortait à vous montrer conséquent dans vos principes, et à prendre fait et cause pour les malheureux esclaves des Etats-Unis, vous dites : " Nous ne sommes pas abolitionnistes-pas plus abolitionnistes que Moïse, Socrate ou Jésus-Christ.- Nous nions que ce soit un crime, un tort, ou même une peccadile d'acheter des esclaves, de vendre des esclaves, d'astreindre les esclaves au travail par le fouet ou toute autre corttrainte nécessaire. " Par votre silence, dit M. Haugthon, vous participez aux injustices qui leur sont infligées." Nous ne serons pas silencieux quand l'occasion de parler se présentera; et, quant à participer aux inj11stices commises à leur égard, nous, pour notre part, nous désirerions avoir une bonne plantation, bien fournie de nègres vigoureux, dans l'Alabama." Quel langage, monsieur, et quel vœu ! Un captif, qui vient de rompre des fers comparativement légers, et qui déclare qu'il n'est pas abolitionniste, c'est-à-dire, en d'autres termes, qu'il veut maintenir les fers si lourds portés par les esclaves! Un homme qui met la reine Victoria et ses ministres au ban de l'Humanité pour le traitement dévolu à, lui et aux siens, et qui proclame légitimes les tortures cent fois plus dégradantes, plus poignantes, plus douloureuses de plusieurs millions de ses semblables ! Vendre ces malheureux, les acheter, les astreindre au travail par le fouet ou autre châtiment ; tout cela obtient votre approbation, ardent réprobateur de l'oppression des Irlaudais ! Vos compatriotes pourtant ne sont ni achetés, ni vendus comme autant de têtes de bétail, et jamais on n'a songé à les guérir de la paresse au moyen de la fustiga•on. Non! le cuir sanglant du commandeur ne déchire pas les épaules de vos toncitoyens, ils ne sont pas offerts aux marchés publics, à tant la pièce, hommes, femmes, enfants, ensemble ou séparément. L'ile d'Emeraude doit s'estimer heureuse de n'être pas soumise à un gouvernement assez osé pour réaliser l'assiDlilationque vous faites, dans le même article, entre les L'HO~ill E. Irlandais et les esclaves d'Alabama, ces esclaves dont vous convoitez uij.ebonne part. Alors, monsieur, plus d'agitation pénible, plus d'espérance d'obtenir le redressement de griefs religieux ou politiques, plus d'émigration même! Ceux qui voudraient aller chercher la liberté en Amérique seraient affichés, pourchassés, renfermés dans des cachots, et, sur la décision arbitraire du moindre juge, livrés à leurs propriétaires. Ils seraient, suivant vous, dans ce cas, mieux logés et mieux nourris qu'ils ne le sont actuellement. J'admets ce prétendu avantage, qu'on peut contester, et je demande à vos frères d'Irlande déguenillés et affamés, s'ils voudraient acheter des habits ou du pain aa prix de la possession de leurs propres personnes. Mille fois non! me répondraient tous ces hommes, dignes d'un sort meilleur, par cela seul q'J'ils aspirent, non pas à l'aisance des brutes dans la domesticité, mais au bien-être, avec la liberté pour première condition. Si vos paroles pôuvaient être prises au sérieux ; si demain, je le répète, le cabinet britannique, convaincu à votre exemple de la supériorité de condition des nègres esclaves sur celle des Irlandais, voulait traduire en fait votre opinion, qu'adviendrait-il? C'est que les plus gueux de vos compatriotes se soulèveraient, pour mourir indigents - mais du moins exempts du honteux stigmate d'une abjecte servitude, dût cette servitude les mieux couvrir H les mieux vêtir ! ... Un homme de votre talent, monsieur, ne devrait pas émettre de ces parallèles imaginaires, qissipés au souffle du plus léger examen. C'est aussi, permettez-moi de vous le dire, malgré le respect dû. à votre belle intelligence - une grande présomption de vous être assimilé à hloïse, à Socrate, à Jésus-Christ, en rompant des lances en faveur de l'esclavage. Jamais Moïse, jamais Socrate, jamais Jésus-Christ ne sont venus, comme vous, sanctionner la possession de l'homme par l'homme. Le sage législateur des Hébreux était éminemment abolitionniste pour son époque. Il trouva l'esclavage en Egypte et ne l'admit qu'à terme. Or, l'esclavage à terme devait naturellement être dépouillé de son caractère le plus odieux; c'était comme une tutelle ou un apprentissage. A ce sujet, vous pouvez consulter avec fruit l'excellent livre de M. Ba.mes. Socrate, dont la vie était un effort perpétuel à réprimer tous les mauvais penchants, n'a jamais, que je sache, souhaité devenir riche possesseur d'esclaves. La pauvreté était une vertu à ses yeux, et ce sentiment ne devait pas lui fairtl envier les oisifs, vivant au sein du luxe, de la sueur et du sang d'autrui, Vous m'obligeréz beaucoup de m'indiquer quelque passage dans Xénophon et Platon, où l'àomme le plus juste de la Grèce excuse et vante la Clipidité - cette première et misérable source de la tyrannie sous toutes ses formes. Si ce passage existe, il m'a échappé. Quant au fondateur du christianisme, on l'a jusqu'ici p_rocl~mé,à juste droit, le plus ~ra~d de tous les abolit10nmstes. Afin de le prouver, il n est pas nécessaire de citer beaucoup de textes.-Agissez envers les autres comme vous voulez qite les autres agissent envers vous. - Aimez votre prochain comme vous-même, Est-il une oppression sur la terre-qu'elle s'appelle despotisme ou esclavage-qui puisse exister sans une violation flagrante de ces deux admirables préceptes, résumé du christianisme et de la philosophie chrétienne? Le Crucifié est-il venu vous dire à l'oreille que le noir ou le mulâtre ne sont pas votre prochain. ? Ou bien vous a-t-il autorisé à acheter, à 'îendre, à lacérer les chairs palpitantes des esclaves, tandis qu'il vous semblerait révoltant d'être acheté, vendu et rnumis à d'ignobles châtiments ? Le Christ, cet ami de ;ous les pauvres, de tous les malheureux, de tous les souffrants, non abolitionniste ! Excusez le terme, monsieur, mais c'est un blasphème contre la vérité. Si vous êtes chrétien, vous ne pouvez pas tirer une conséquence aussi fausse des Evangiles, Si vous n'êtes que catholique, vous commettez une hérésie ; vous êtes en opposition avec les papes. Il importe certainement fort peu à la plus criante des iniquités sociales d'avoir été désapprouvée et condamnée par les pontifes de Rome, Ils l'auraient sanctionnée tous, depuis le porte-clefs du paradis jusqu'à Pie IX, que cette iniquité n'au:ait pas été transfor~ée en justice. Supposez une bulle qui encourage à fouler 1Irlande aux:pieds ; vous n'en tiendriez pas compte, ni moi non plus. Cependant, comme des lecteurs catholiques pourraient être curieux d'.a~prendre de la chaire romaine si elle partage votre opimon sur l'esclavage tel qu'il existe aux :itats-Unis, je crois nécessaires les citations suivantes : Avant la découverte de l'Amérique, en l'an 1462, Pie II envoya un évêque en Guinée, pour empêcher les Portugais de faire un objet de commerce des- néophites africains (Gregorii XVI; Litterœ Apostolicœ de Nigritarum commercio non exercendo, 1840). Ensuite, Léon X déclare que non seulement la religion chrétienne, mais la nature elle-même proteste contre l'état d'esclavage. Paul III et Urbain VIII, en condamnant les méfaits des Espagnols dans le Nouveau-Monde, vilipenJent le trafic des hommes, et réprouvent ceux qui y sont intéressés directement, comme ceux qui y contribuent in:directement par leurs conseils P.t leurs prédications. Benoît XIV renouvelle et confirme les ordonnances de ses prédécesseurs. Pie VII use de toute son inftuencœ auprès des souverains, vainqueurs de Napoléon Ier, pour amener, au moyen d'une clause spéciale, l'abolition de la traite. Grégoire XVI, en. fin, marque d'un acte louable son règne barbare, en élevant, à son tour, sa voix contre le commerce des Nègres. " Nous avertissons et nous conjurons, dit-il dans la lettre encyclique déj~ ~itée, _tous les fidè!e~ chrétiens de ne plus se permettre, a 1avenir, de vexer lilJUstement les Indiens et les Nègres, de leu~ enlever leur avoir, de les réduire en servitude ... on d'exercer un commerce inhumain, par lequel les Nègres, comme s'ils n'étaient pas des hommes mais de simples brutes, sont vendus, achetés et soumi; aux plus durs travaux contre les lois de la justice et dè l'humanité." Donc la participation à l'asservissement, soit des Indiens, soit des Nègres, a toujours paru hautement coupable à la papauté. Eftt-elle été aussi invariable, aussi persévérante à flétrir l'esclavage, si elle n'avait vu dans cette insti~ut~on ni u_n~ri7:1-e, ni un tort, ni même une pécadille? Am_s1le_ chnsti~msme, à travers même la corruption du catholicisme rolilam, conserve son caractère abolitionniste C'est le répudier, par conséquent, dans son essence qu; d'acc~ser le Christ _d'être ~artisan de l'esclavage. ' , ~uisque vo~s aviez besom de mettre votre opinion sous 1égide de trois grands noms, il faut avouer .que votre choix, sans doute fait au hasard, a été malheureux. Il ne l'aurait pas été plus, peut-être, si, à Moïse, à Socrate, à Jésus-Christ, vous aviez s11bstitué hardiment Kossuth, Mazzini, et V. Hugo. Mais les vivants protestent mieux que les morts. Kossuth, malgré ses prudentes réticences aux EtatsUnis, aurait pu vous défier de produire une seule ligne un seul mot _favorable à votr7 étrange doctrine. L'espri~ de tous ses discours a été celui de l'acte indélébile de sa glorieus~ ~icta~ure : l'abolition du servage en Hongrie. Mazzmi, lm, le dévouement personnifié, a donné des preuves de sa sympathie pour toutes les souffrances de sa haine de toutes les tyrannies. Il a attaqué direct~ment avec sa verve brftlante, l'esclavage des Etats-Unis dan; un article publié à Boston en 1846. ' V. Hugo, -outre une admirable lettre où il témoigne une ferme confiance de voir la libre Amérique se purifier de la_ pl_ushonteuse de toutes les souillures, aurait pli. vous md1quer ce passage de ses Châtiments où L'Europe, en rougissant, dit : Quoi) j'avais de~ rois! Et l'Amérique dit : Quoi! j'avais des esclaves! _Tels so~t, monsieur, le~ vrais précurseurs de la République Umverselle. Elle R en reconaaît pas d'autres. Quiconque.~pprouve l'oppression sous n'importe quelle forme et de n importe quelle race, est l'ennemi de la République Universelle. Et s'il ne s'agit plus pour vous de République Universelle, si l'Irlande vous intéresse à elle seule c'est mal . ' servir sa cause, croyez-le bien, que de la détacher de celle des autres victimes de la tyrannie, c'est mal établir ses droi~s que de nier les droits d'une vaste portion de l'Humamté. La joie de l'Irlande, heureuse de votre délivrance, sera mêlée d'amertume de vous savoir d'ailleurs en contradiction ouverte avec son plus illustre patriote. J'entends la voix indignée d'O'Connel, qui vous crie, du fond de son sépulcre, ces belles paroles, prononcées en 1837: I' Nous sommes tous les enfants d'un même créateur les hér!tiers de la même promesse, rachetés par le san; d'u même rédempteur; et n'importe à quelle caste, à qnelle couleur, à quelle croyance nous puissions appartenir ! " Lorsque votre profession de foi, au sujet de l'esclavage aura traversé l'Atlantique, douloureux sera le dé-sappoin~ tement de vos amis, comme l'a été le nôtre, démocrates de dive~ses nations à.New York. Au lieu d'une feuille qui devait, nous en étions persuadés, être l'antidote d'wie autre feuille, également irlandaise, dévouée au despotisme, vous nous en donnez comme une seconde édition. Pourquoi doue le Citizen fait-il concurrence au Freeman's Journal? Est-ce parce qu'il faut deux journaux, l'un pour vanter les cruautés de l'odieux Pie IX et des rois, bénis de sa main sanglante ; l'autre pour approuver les cruautés des planteurs américains; celui-ci pour river les fers des noirs, celui-là pour river les fers des blancs? Le Freeman's Journal suffisait, ce me semble, à cette double tâche. . Si le débit du Citizen vo11s permet d'acheter bientbt une plantation bien fournie de nègres dans l'Alabama, nous regretterons, dans votre propre intérêt, de vous voir vivre de l'esclavage, vous, ex-martyr de la liberté. Nous regret. terons aussi le sort de vos infortunés ilotes, déjà d'avance promis au fouet. Je suis fâché, Monsieur, de ne po11voirpas signer cette lettre d_'un nom plus connu. Mais en l'absence des chefs, c'est aux soldats obscurs de la République Universelle d'accomplir leur devoir. Alexandre HouNsxr. • (Républicain de New-York.) De tous les hommes de la Révolution il n'en est pas un seul que les calomnies royalistes aient plus traqué que Robespierre. Depuis cinquante ans il est le crucifié de tous les égoïsmes et de toutes les dynasties : mais l'implacable fureur des modérés n'a pu prévaloir contre sa mémoire, et pour défendre le vieux chef de la .Montagne, il suffira toujours d~ le citer : voici sa pensée politique'énoncée
et développée dans le préambule de la Constitution de 93: ART. 1. Le but de toute association politique est le maintien des droits naturels et imprescriptibles de l'homme, et le développement de toutes ses facultés. ART. 2. Les principaux droits de l'homme sont ceux de pourvoir à la conservation de l'existence et de la liberté. A1l.T.3. Ces droits appartiennent également à tous lea hommes, quelle que soit la différencede leurs forces physiques et morales. L'égalité des droits est établie par la nature; la société, loin d'y porter atteinte, ne fait que la garantir contre l'abus de la force, qui la rend illusoire. ART. 4. La liberté est le pouvoir qui appartient à l'homme d'exercer, à son gré, toutes ses facultés ; elle a la justice pour règle, les droits d'autrui pour bornes, la nature pour principe et la loi pour sauvegarde.. ÂRT. 5. Le droit de s'assembler paisiblement, le droit de manifester ses opinions, soit par la voie de la presse, soit de to11teautre manière, sont des conséquences si nécessaires du principe de la liberté de l'homme, que la nécessité de les énoncer suppose ou la présence ou le souvenir récent du despotisme. ART. 6. La propriété est le droit qu'a chaque citoyen de jouir et de disposer, à son gré, de la portion de bien qui lui est garantie par la loi. ART. 7. Le droit de propriété est borné, comme tous les autres, par l'obligation de respecter les droits d'autrui. ART. 8. Il ne peut préjudicier ni à la sQ.reté, ni à la liberté, ni à l'existence, ni à la propriété de nos semblables. ART. 9. Tout trafic qui viole ces principes est essentillement illicite et immoral. ART. 10. La société est obligée de pourvoir à la subsistance de tous ses membres, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d'exister à ceux q1ti sont hors d'état de travaGler. ART. 11. Les secours indispensables à celui qui manque du nécessaire sont une dette de celui qui poi.sède le superflu. Il appartient à la loi de déterminer la manière dont cette dette doit être acquittée. ART. 12. Lea citoyens dont les revenus n'excèdent point ce qui est nécessaire à leur subsistance sont dispensés de contribuer aux dépenses publiques; les autres doivent les supporter progressivement, selon l'étendue de leur fortune. ART. 13. La société doit favoriser de tout son pouvoir les progrès de la raison publique, et mettre l'instraction à la portée de tous les citoyens. . ART, 14. LE PEUPLE EST SOUVERAIN, le gouvernement est son ouvrage et sa propriété ; les fonctionnaires oublies sont ses commis. Le peuple pe11t, quand il lui plait, changer son gouvernemer.t et révoquer ses mandataires. ART, 15. La loi est l'expression libre et solennelle de la volonté du peuple. At<.T. 16. La loi doit être.égale pour tous. Au. 17. La loi ne peut défendre que ce qui est nuisible à la société ; elle ne peut ordonner qre ce qui lui est utile. ART. 18. Toute loi qui viole les droits imprescriptibles de l'homme est eesentiellement injuste et tyrannique; elle n!eat point une loi. ART. 19. Dans tout état libre, la loi doit surtout défendre la liberté publique et individuelle contre l'a11torité de ceux qui gouvernent. Toute institution qui ne suppose pas le peuple bon et le magistrat corruptible, est vicieuse. ART. 20. Aucune portion du peuple ne peut exercer la puissance du peuple entier; mais le vœu qu'elle exprime do;· r • • r ., 'Cté comme le vœu d'une portion du peuple, qt.. uu.t 1.:--.. ~,:mrirà la Yolouté générale. Chaque section du souverain assem1)1é rloit jouir du droit d'exprimer sa volonté avec une entière liberté ; elle est essentiellement indépendante de toutes les autorités constituées et maîtresse de régler sa police et ses délibérations. AR.T. 21 Tous les bons citoyens sont admissibles à toutes les fonctionspubliques, sans aucune autre distinction que celle des vertus et des talents, sani aucun autre titre que la confiancedu peuple. ART. 22. Tous les citoyens ont un droit égal de concourir à la nomination des mandataires du peuple et à la formation de la loi. ART. 23. Pour que ces droits ne soient point illusoires et l'égalité chimérique, la société doit salarier les fonctionnaires publics, et faire en sorte que les citoyens, qui vivent de leur travail, puissent assister aux assemblées publiques ou la loi les appelle, sans compromettre leur existence ni celle de leur famille. ART. 24. Tout citoyen doit obéir religieusement aux: magistrats et aux agents du gouvernement, lors4.:u'ilssont les organes ou les exécuteurs de la loi. ART. 25. Mais tout acte contre la liberté, contre la sO.retéou contre la propriété d'un homme, exercé par qui que ce soit, même au nom de la loi, hors des cas déterminés par elle, et des formes qu'elle prescrit, est a»ibitraire et nul, le respect même de la loi défend de s'y soumettre; et si l'on veut l'exécuter par la violence, il est permis de le repousser par la force. ART, 2G. Le droit de pétition aux dépositaires de l'autoritép•blique appartie1à1t tout individu, ceux à qui L'HO!IME. elles sont adressées doivent statuer sur les points qui en font l'objet; mais il ne peuvent jamais ni en interdire, ni en restreindre, ni en condamner l'exercice. ART. 27. La résistance à l'oppression est la conséquence des autres droits de l'homme et du citoyen. ART. 28. Il y a oppression contre le corps social, lorsqu'un seul de ses membres est opprimé. ART, 29. Lorsque le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est le plus sacré des droits et le plu~ indispensable des devoirs. ART. 30. Quaud la garantie sociale manque à un citoyen, il rentre dans le droit naturel de défendre luimême tous ses droits. ART. 31. Dans l'un et l'autre cas, assujettir à des formes légales la résistance à l'oppression, est le dernier raffinement de la tyrannie. ART. 32. Les fonctions publiques ne peuvent être considérées comme des distinctions, ni comme des récompenses, mais comme des devoirs publics. ART. 33. Les délits des mandataires du peuple doivent être sévèrement et facilement punis. NU'ln'a le droit de se prétendre plus inviolable que les autres citoyens. ART. 34. Le peuple a le droit de connaitre toutes les opérations de ses mandataires ; ils doivent lui rendre un compte fidèle de leur gestion, et subir son jugement avec respect. ART. 35. Les hommes de to11sles pays sont frères, et les différents peuples doivent s'entr'aider, selon leur pouvoir, comme les citoyens du même état. ART. 36. Celui qui opprime une seule nation se déclare l'ennemi de toutes. ART. 37. Ceux qui font la guerre à un peuple pour arrêter les progrès de la liberté et anéantir les droits de l'homme doivent être poursuivis partout, non comme des ennemis ordinaires, mais comme des assassins et comme des brigands rebelles. ART. 38. Les aristocrates, les tyrans, quels qu'ils soient, sont des esclaves rév(?ltés contre le souverain de la terre qui est le genre humain, et contre le législateur de l'univers, qui est la nature. Maximilien ROBESPIERRE. Au citoyen rédacteur de l'Homme. Citoyen, Il y a plus de trois années, j'ai publié en Allemagne un volume de lettres sur l'Italie et sur la France. La publication fut heureuse. Les événemens de 1848appréciés par un Russe,- cela avait son piquant. J'ai encore trois lettres qui n'ont jamais été publiées ; ce ne sont pas des récits, mais plutôt des méditations philosophiques, et - passez-moi l'expression-lyriques, sur les événemens qui ont précédé le 2 Décembre. Voulez-vous les insérer dans votre journal? L'idée m'en est venue en vous voyant ouvrir largement vos colonnes à toutes les opinions révolutionnaires. . . . . .. Mais, est-ce qu'il y a par hasard une opinion révolutionnaire russe ? En quoi, comment peut-elle différer des opinions révolutionnaires en France, en Allemagne ? La véritable patrie de la civilisation russe n'est pas en Russie, - mais en Europe. En effet, l'idée révolutionnaire est la même. Mais la position est to1tt autre .... Personne n'a encore sérieusement envisagé l'étrange, l'excentrique position d'un Russe en Europe, lorsqu'il cesse d'être touriste, flaneur. La vie, chez nous, est intolérable. Tous les regards sont toun1.és vers la porte, verrouillée par le Tzar et qui ne s'entr'ouvre que rarement et bien peu encore. Faire un voyage en Europe, c'est le rêve de tout Russe civilisé. Nous désirons passionnément voir de nos propres yeux le monde que nous connaissons par l'étude, et dont la façade majestueuse, riche, séculaire, nous impose, de loin, une profonde 110.miration.Nous désirons peut-être plus passionnément encore ne plus vojr lE!'Palais d'hiver, les alguazils de Pétersbourg et l'aspect consolant de l'ordre triomphant. Nous quittons le pays, ivres de bor1heur, le cœur ouvert, la langue déliée... rajeunis, aimants.... le gendarme prussien à Lauzagen, nous semble un homme, Kœnigsberg une cité libre ; no11smarchons heureux et un peu troublés sur le sol sacré de la grande lutte pour l'indépendance de la pensée .... Dans les premiers temps, cela va bien, - et comme on s'y attendait, - on ne cesse d'admirer, d'étre content. Mais, au bout de quelque mois, nous commençons à ne plus reconnaître le nouveau monde. Nons sommes fâchés, nous sommes froissés. L'espace, l'air nous manquent; nous ne sommes pas à notre aise et nous avons peur de nos propres sentimens ; nous en rougissons même:et nous cachons avec soin notre découverte aux yeux de tout le monde.. :. Nous étouffons en nous le sentiment droit et naïf, et nous faisons semblant d'être des Européens, des Européens consommés. - Cela ne nous réussit pas. Nous avons beau nous affubler d'un vieil habit râpé ... tôt ou tard l'habit se déchire, et le barbare apparaît avec sa poitrine nue ... tout honteux de ne pas savoir porter un habit - qui n'est pas fait pour lui, et qui a déjà été usé par d'autres !... Le célèbre "grattez un Russe et vous trouverez un barbare " de Mme de Stael, est parfaitement vrai, Pour qui la perte? je n'en sais rien. Mais ce queje sais, c'est quel'Europe n'a pas de té. moin plus importun qu'un Russe. L'étonnement offensant qui succède chez lui à l'étonnement d'admiration est un reproche ; c'est c-0mme un remords, c'est la conscience de l'Europe se réveillant. En voici la raison : Nous entrons en Europe portant dans notre âme son idéal à elle, qui est deventl notre dogme religieux, notre étendard. Notre connaissance de l'Europe est théorique, littéraire ; nous la connaissons comme elle veut être connue, nous l'étudions d'après ses abstractions purifiées et sublimées, d'après les pensées générales qui surnagent tranquilles et limpides, sur des abîmes sans fonds.... Ce côté lumineux est en effet très réel ; mais ce n'est qu'un côté, c'est le seul l{Uartierde la lune qui soit éclairé ... malheureusement, la vie européenne a ses trois autres quartiers très obscurs. De loin, on ne les voit point ; de près, on les Yoit sans cesse. Entre la réalité qni s'idéalise et la réalité qui se perd dans la boue des rues,-entre l'idéal politique, le desideratum littéraire, et la concupiscence des halles et des maisons-il y a toute la distance qui a subsisté de tout temps entre le précepte de l'Evangile et la vie des peuples chrétiens, entre la morale prêchée et la conduite pratiquée. D'un côté ce sont des mots-de l'autre des actes; d'un côté des usurpations, de l'autre l'usufruit,-d'un côté des méditations, de l'autre des jouissances,-d'un côté un pariage éternel, un éclairage à giorno,-de l'autre tout se passe à l'ombre et en silence. Certainement ce dualisme n'est pas volontaire; c'est le résultat d'une grande et longue existence historique. La vie s'est formée comme elle l'a pu, le mieux possible. Des dépôts de tous les siècles, des alluvions de toutes les nationalités se sont incrustés dans la manière d'êti;e d'aujourd'hui; ils ont traîné après eux l'écume et la boue, les vices et les maladies héréditaires du temps de Rome et de tous les temps ...... Des séries de tous les peuples se sont exténuées et sont déjà mortes dans ce torrent de la vie occidentale qui charrie leurs os, leurs cadavres et, conserve avec respect leurs pensées et leurs rêves. C'est l'idéal qui surnage sur cette mer profonde et en éclaire la surface ; c'est l'esprit de Dieu planant sur les eaux! Mais les eaux ne se partagent pas ..... . On ne peut créer un monde nouveau dans le chaoil. Le vieux monde est encore trop' bieR organisé, il plait trop aux uns, il est trop ignoré par les autres-il peut encore q•elque temps trainer son existence divisée, con.tra~ctoire, hémisphérique. Le Russe sent plus amèrement qu'un autre ce dualisme, non parce qu'il est étranger, mais parce que, en même temps, il l'est et ne l'est pas. Un vérit'able ~tranger regarde les particularités d'un!l contrée avec curiosité, les étudie, les note avec sang froid. Qu' est-s.e que cela lui fait? Au fond il y est indifférent, il est étranger. C'est Bou-Maza regardant Paris de sa fenêtre aux Champs-Elysées ; c'est un voqageur européen en Chine. Le Russe, au contraire, est offensé dans son amour, il s'aperçoit qu'il s'est trompé, et il hait, comme les jalousies haïssent, pour le trop d'affection et de confiance qu'elles avaient eu. Le Bedouin a son sol, son désert, sa tente, il y séjournera, il s'y reposera. Le Juif-ce réfugié des époques diluviennes, ce proscrit diluvi testis-il a quelque part un t1bernacle dans lequel repose sa foi-où il se réconcilie .. Jusqu'à ces derniers temps, le Russe a été plus pauvre que le Bedouin, plus pauvre que le Juif-il n'avait rien, aucune consolation,aucune réconciliation, et c'est peut-être par là qu'il faut comprendre le germe révolutionnaire en lui. Le dualisme chez nous est plus flagrant, plus brutal, plus absurde-et par cela même moins profond, et aussi moins supportable. Séparé de la vie populaire depuis un siècle et demi, le Russe civilisé est élevé non comme Russe, mais comme Européen. Sou éducation à peine terminée, il se trouve face à face avec le monstre de la Russie officielle. Il est trop faible pour l'abattre, et trop homme pour pactiser. Il n'y a pas de transaction-il faut s'éloigr1er, s'abstenir-ou s'avilir pour toujours. Se retirer-où ? Peu nombreux sont ces élus qui peuvent calmer les cris du cœur par les orgies, le jeu et le tumulte extérieur-se retirer dans l'étude, c'est ce que la minorité civilisée fait en effet. On étudie l'histoire, la grande épopée de la fin du XVIIIe siècle. Le culte de la Révolution française, c'est la première religion d'un jeune Russe ;-et qui de nous ue possédait pas, en cachette, les portraits de Robespierre et de Danton? La seconde initiation c'est la science allemande. Et nous n'avions pas besoin des indiscrétions de Feuerbach pour comprendre que la philosophie de la religion était une oraison funèbre sur la tombe du christianisme. De ce monde de l'histoire, de ce monde de la raison pure, le jeune Ruilse passe enfin en Europe; il y va comme les pélerins allaient à Jérusalem-il y retourne _plutôt. -Figurez-vous un Ostrogoth du IVe siècle alant à Rome, la Rome d'Héliogabale et Cie, pour y chercher la Cité de Dieu d'Augustin ! Les pélerins da moyen âge trouvaient au moins un cercueil vide ; la Résurrection était de nouveau prouvée ; le Russe trouve un berceau vide et une femme exténuée de ses couches...... Est-ce que l'enfant est mort ... Oui,-non, on n'a personne à qui le demander; les philosophes sont idolàtrea, les r6volutionnairei con»ervateurs !
Il prenait pour de l'or pur toute la partie décorative, hyperbolique de la chose, toute la mise en scène,-et voilà qu'il s'obstine:, qu'il se révolte ; il présente comme une lettre de change échue, les livres et les théories au:;iquelles il a cru sur parole, il exige la réalisation de ses convulsions-on lui rit au nez, on le plaint-et il commnce à s'apercevoir que les débiteurs sont insolvables. Leurs préteJ1.dues richesses n'étaient que des actions sur un capital futur, c'était le système de Law appliqué à la morale! Mais où sont donc ceux qui nous ont guidé, nos prophètes, nos oracles, les forts, les sages, les chefs ? Ce sont les premiers insolvables. Le cœur leur a ma•- qué à deux pas du bord. Eux, si braves, si dévoués, si persü:tants, - ce sont des poltrons en logique ; ils redoutent les conséquencei extrêmes des principes pour lesquels ils avaient versé leur sang. Ils ont pris en pitié ce monde, - et pendant qu'ils essuient leurs larmes, - le monde futur leur échappe ; il leur est pénible de détruire .celui du passé, et presque tous, ils se tiennent sur l'autre rive, - là où il y a pour nos ennemis des palais et des Jglises, pour nous des gibets et des prisons .... Eh bien, nous voyons en cela le triste indice de l'arrêt l'impuissance, le signe de la mort ; e,t Dous le voyons f crit de la même manière sur le front de beaucoup de saints martyrs, et sur le front de tous les galériens des Tuileries .... - " Et ce sont des esclaves du Tzar, qui apparaissent, Dieu sait pourquoi, perçant leur neige ; ce sont des Russes qui prétendent voir ce signe ! " Ce n'est pas leur faute, s'ils le voient. Les barbares se sont distingués de tous temps par une exceJ.lente vue, et vous savez qu'Hérodote nous fait l'honneur de nous appeler le peuple aux yeux de lézard. Permettez-;.moi de citer ce que j'écrivais en 1851 à J. Michelet dans une lettre publiée à Niee (Le peuple russe et le socialisme), et dont l'édition m'a été soustraite ,Par la douane française de Marseille, de manière qu'il n'en reste pas un exemplaire. " Le Russe émancipé est l'homme le plus indépendant de l'Europe. Qu'est-ce qui pourrait l'arrêter? serait-ce le respect pour son passé?... mais l'histoire de la Russie n01w1lle ne commence-t-elle pas par une négation absolue de la nationalité et de la tradition? " Serait-ce cet autre passé indéfini, la période de Pétersàourg peut-être? Ah! celai-là ne nom, oblige à rien ; " ce einquième acte d'une tragédie sanguinaire jouée dans un lupanar" nous émancipe, mais il ne nous impose aucune croyance. " D'un autre côté, votre passé à vous, occidentaux, nous sert d'instruction, et voilà tout ; nous ne nous considérons nHllement comme les exécute11rs testamentaires de votre histoire. • L'HO}l)iE. " Vos doutes, nous les acceptons ; votre foi ne nous émeut pas : vous êtes pour nous trop religieux. Vos haines, nous les partageons ; votre attachement pour l'héritage de vos ancêtres, nous ne le comprenons pas ; nous sommes trop opprimés, trop malheureux pour nous contenter d'une demi-liberté. Vous avez des ménagemens à garder; des scrupules vous retiennent; nous autres, nous n'avons ni ménagemens, ni scrupules, mais la force nous manque pour le moment. " C'est de là, monsieur, que nous vient ·cette ironie, cette rage qui nous exaspère, qui nous mine, qui nous pousse en avant, qui nous conduit quelquefois en Sibérie, à la torture, en exil, à une mort précoce. L'on se dévoue sans aucun espoir ; par dégoüt, par ennui .... Il y a maintenant q11elquechose d'insen~é dans notre vie, mais rien de banal, rien de stationnaire, rien de bourgeois. • " Ne nous accusez pas d'iII).moralité parce que nous ne respectons pas ce que vous r4spectez. Depuis quand reproche.-t-on aux enfans trouvés de ne pas vénérer leurs paren3? " Nous sommes libres, car nous commençons par nousmêmes. Le traditionnel est nous, c'est notre organisme, c'est notre nationalité; ils sont inhérens à tout notre être; c'est là notre sang, notre instinct, et nullement une autorité obligatoire. Nous sommes indépendans, car nous ne possédons rien, nous n'avons presque rien à aimer; il y a de l'amertume, de l'offense dans chacun de nos souyenirs: la civilisation, la science, on nous les a tendues au bout d'un knout. "Qu'avons-nous donc à démêler avec vos devoirs traditiormels, nous les mineurs deshérîtés? Et comment pourrions-nous franchement accepter une morale fanée, une morale ni chrétienne, ni humaine, existant seulement dans les exercices de rhétorique, et dans les réquisitoires des procureurs? Quelle vénération voudrait-on nous inspirer pour ce prétoire de votre justice barbaro-romaine, pour ces voûtes lourdes, écrasantes, sans air, sans lumière, rebâties au moyen-âge, e:t replâtrées pour les affranchis du tiers-état? Ce n'est peut-être pas là le guet-apens <les tribuooux russes, mais qui pourrait nous prouver que c'est de la justice ? " Nous voyons clairement que la distinction entre vos lois et les ukases gît principalement dans la légeade du préambule. Les ukases commencent par une vérité acca- ·blante : " le tzar l'ordonne;" vos lois portent en trile le mensonge offensant de la triple devise républicaine, l'invocation ironique du nom du peuple français. Le code Nicolas est, dis-je, exclusivement contre les hommes et en faveur de l'autorité; le coie Napoléon ne nous parait pas avoir d'autre caractère. J,' ous traînons assez de chaînes que la force nous a imposées, sa11s les alourdir encore par d'autres dues à notre propre choix. Sous ce rapport, nous nous trouvons parfaitement les égaux de nos p2tysans. Nous obéissons à la force brutale ; nous sommes des esclaves parce que nous n'avons pas le moyen de nous affranchfr ; toutefois, du camp ennemi nons n'accepterons rien. " La Russie ne sera jamais protestante. " La Russie ne sera jamais juste-milieu. " La Russie ne fera pas de révolution dans le seul but de se défaire du tzar Nicolas, et d'obtenir, pour prix de sa victoire, des représentants tzars, des tribunaux tzars, une police tzar, des lois tzar. " Nous demandons trop, peut-être, et nous ne parviendrons à rien? C'est possible, mais nous ne désespérons pas; la Rus$.ie, avant 1848, ne pouvait, ne devait pas e~trer da~s la ;phase révolutionnaire; elle n'avait qu'à fane son educat1on, et elle l'a faite en ce moment. Le tzar lui-même s'en aperçoit; aussi assomme-t-il, à coups de massue, les universités, les idées, les sciences, s'e!Yorce-t-il d'isoler la Russie de l'Europe, de tuer la civilisation : il fait son métier. " Réussira-t-il ? "Je l'ai dit ailleurs : il ne faut pas se fier aveuglement à ~'avenir ; chaque fœtus a le droit au développement, mais chaque fœtus ne se cléveloppe pas pour cela. L'avenir de la Russie n 1 e dépend pas d'elle seule; il est lié à celui de l'Europe entière. Qui pourrait prédire le sort du monde slave, lorsque la réaction et l'absolutisme auront vaincu la révolution en Europe ? " Le Loyd, parlant d'une de mes brochures allemandes, " m'appelle un Jérémie russe pleurant sur les barricades " de juin, et ajoute que mon livre est très intéressant " dans le_genre d'un fait pathologique tendant à montrer " tout le dégoût que peuvent produire la philosophie al- " lemande et la Révolution française dans un cerveau " russe." Eh bien, j'accepte tout cela. Oui, j'ai pleuré sur les barricades de Juin, chaudes encore dn sang, et je pleure maintenant lorsque je pense ;}. cts journées maudites, au triomphe des cannibales de l'ordre. Je serais très heureux si mes lettres pouvaient être utiles à l'étude de la pathologie de la Rév~lution, et mon but sera complètement atteint si elles font voir comment les derniers éclairs révolutionnaires se réfl.ètent dans un cerveau russe. C'est de ce triple point de vue, Citoyen rédacteur, que je vous offre mes autres lettres. Je vous salue fraternellement, A. HERZEN. Londres, 7 fév,rier 1854. Nous aimons tous ceux qui osent, soit dans Ia pensée, soit dans le combat, ; et nous publierons avec plaisir les lettres du citoyen Herzen, sauf à donner notre opinion de civilisé français. . . . . . et impuissant. C. R. AVIS Il sera publié avec chaque numéro un supplément spécial pour les ANNONCESdans l'intérêt du Commerce, de l'Industrie et de 1a Science. Les Annonces de , tous les pays seront acceptées à la condition d'être écrites en français, conformément au spécimen ci-après. Les Avis et Annonces sont reçus jusqu'au vendredi à midi, à Londres, à la librairie et agence de l'Imprimerie Universelle, 50 172, Great Queen Street Linco1n's-Inn-Fie1ds, et à l'office de !'Imprimerie Universelle, 19, Dorset Street, à Jersey, S-Hélier, jusqu'à l'arrivée du courrier du ma1di. Tonte co:respo:1tlances doit être affranchie et contenir 1mbon, soit sur la poste anglaise, au nom de M. Zéno SwrnTOSLAwsxr, soit sur un des banquiers de Jersey ou de Londres. Le prix des \. :1 urne.es est uniformément de six sous (trois pence) la ligne, pour les trois sortes de caractères courant-s employés dans ee journal. Les lignes en capitales et en lettres de fantaisie, seront payées en proportion de la hauteur qu'elles occuperont, calculée sur le p1us petit texte. ANNONCES. AB. I AN CHI proscrit politique vrir un cours d'Equitation à son manège, sur l3 a le t~i~le avantage d'unir l'élégance, la légèreté et français rédacteur Parade. la solidité. 1 , en ch:f pendant GUTEL PROSCRIT DU 2 DÉCEMBRE, _Les semelles sont_~xé_esa,;~c _d~ laito!1 _et, ne httit ans du jo~rnal quotidien le Me~sager ~~ Nord, protè§seur de eoupe !~1~sentaucu11easpénte ~1 a ,1 1~teneur m _a1;xparaissant à Lille (France), donne a dom1c1le des Tailleur d' Habits,- 29 , Belmont Road, St.-Hélier, ter~e1_1-r: On peut marcner al eau sans nuire a la leçons de langue f:ançaisf;, _d'arithmétique, d'his- Jersey. 1 _s_ol_1d_1_te_d_e_l_a_c_h_a 1 _1s s u re_. _ _ -,--_____ _ toire, de géograp~ue, de htterature, etc. LUD. KORDECKI, MAISONDE co"ln!fISSION Il st charge egalement de toutes correspon- lUlU <lances, écritures commerciales et autres, et des PROSC~I:-" POLITIQUE POLONAIS,, No 3, SURLEPORT, AJERSEY. mêmoires dont on lui confie la rédaction. Donne à dom1c1ledes leçons Je langue Allemande V. Heu1.•tebise Commissionnaire en marS'adresser au professeur, 20, Don-street, St.- et Latine; il démont:e a~ssi 1~ Gymnastiqn~. . chandises, se charge de vendre et acheter tonte Hélier (Ile de Jersey). l\:I. Lud. Kordeck1 dés1rera1t !rouver. del emploi sorte de marchimdises, et de faire de recouvrements Références chez MM. Wellman, P. Asplet, comme professeur dans une pension.-61, Newman en France ou en Angleterre et en Amérique. Geo. Vickery. Street, Oxford Street.-Londres. Correspondants à Paris, Bordeaux, Lyon, Lille, 15, COLOMBERIE STREET, ST,-HÉLJER, JERSEY. Londres, Birmingham, Liverpool, New-York, etc. F BONY PROFESSEUR D'ÉQUITATION, an- GUAY proscrit du 2 Décembre, faiseur 1 cien élève de l'école de Saumur, 'de BOTTES sans couture, pour ALPHONSE IJ1ou]euren plâtre, se charge a l'ho1'nltur de préve11irJe public qu'il vient d'ou- hommes et pom dames. - Ce genre de chaussure , de toute espèce de moulage en p!atre, en cire, en mastic et en gélatine sur nature morte ou vivante. 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Géographiedu Moyen-Age, avec Atlas. Tavola di navicari ùi Nicoli et Antonio Zeni, et Traduction du même ouvrage sous Je titre de : Traduction du m~me ouvrage, l beau vol. in-8. Pythias de Marseille et la géographie de son temps, les cartes des régions septentrionales. History of the Crimes of the Second of December, PH. BERJEA U, ex-rédacteur de la Vraie Répu· accompagné de 3 planches. De l'Autorité, brochure. l Tol. jn,.}2. blique. - Biographies bonapartistes (en vente), ALEX. HERZEN, Du développementdes idées ré- Du Souverain, brochure. LeGouvernement du Deux Décembre, pour faire suite contenant la vie de Persigny, Saint - Arnaud, volutionnairesen Russie. Question turque, par Golovinc, brochure. à !'Histoire du Deux Décembre, l vol. in-12. Morny, Magnan, Baroche, Achille Fould et ROCH RUPNIEWSKI, Poésies10Utiques en po- Les Réfugiés à Londres, brochure. Pl ERRE LEROUX, rep~ésentant du peuple. autres qui out pris part au Coup-d'Etat, l vol. lonais, l vol. in-12. 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