Homme - anno I - n.12 - 15 febbraio 1854

.. tèrc vitale rle Vic me, et cherche ét l'attendrir faute dd courage pour le repousser ; enfin, la Prusse avec les mêmes terreurs montre les m~mes tergiversations, et ne peut se réson<lrc i't dire oui ou non. Ces quatre gouvernements, rapprochés par un iiitérèt commun, affectent de ne pas s'apercevoir que l'h01~neur aussi est engage\ et ils enta~sent des projets d'accommodement sur les cadavres et les cendres des escarmouches d'avant-garde. L'autre jour encore les flottes combinées, provoq nées par un acte de piraterie infàme, entrent d'un ,1irmenaçant dans la mer Noirc, mais, s'empressent-e1les de dire, c'est avec des intentions pacifiques; puis le czar, auquel on défend de laisser naviguer ses vaisseaux de guerre, demande aux envahisseurs si c'est un commencement d'hostilités. - Vous me fra1)pez au ,isage, Monsieur, prétendez-vous m'offenser ? Tel est le spectacle que donnent à cette heure les monarques t"k Ja terre ; n'est-ce pas en vérité le plus chétif, le plus misérable dont le monde ait jamais été témoin ! Il sPmhlr ;'i rrgarcler l'Europe qu'on la voie "par le gros bout d'une lorgnette ; tout y est rapetissé, eJle est devenue le royaume <leLiliipnt. Et cela, par peur des révolution11aire:qsue l'on dénonce comme une poignée de brigands aux instincts sauvages, sans tête et sans valellr ! Si nons sommes peu, pourc1uoi Empereurs, Rois et Aristocraties arec leurs armées craignent-ils à ce point de voir sortir notre triomphe de leurs luttes'? Si nos principes sont le désordre, le pillage et l'anarchie, commeut ont-ils pu faire tant de prosélytes qu'on juge leur victoire assurée du moment où les soldats qui compriment les peuples s'en iront aux champs de bataille pour la qnerelle des princes? La masse des nations 11 'est-elle donc plus composée que de scélérats impatients de mettre en pratique des doctrines monstrueuses et de conrir au cliaos ? Ah ! les terreurs actuelles de tous les despotes et de tous les despotismes suffisent à elles seules pour convaincre ceux 11ui douteraient encore que la justice et la vérité sont avec la Démocrate. Puisse le gouvernement anglais surtout enYisager enfin les choses telles qu'elles sont. Il est dupe dn système d'abominable calomnie particulièrement organisé contre les répNblicains français par les factions monarchiques blanche, bleue et tricolore. A ces factions qui nous avaient impitoyablement fermé la lionche, nous donnâmes le lendemain de leur défaite de :Février la liberté illimitée <lela presse ; elles en profitèrent pour dénaturer tous nos actes et nous présenter sous les C'ouleurs les pins odieuses. Les royalistes furent les premières victimes de leur perfidie ; la bande bonapartiste i.'embnsqua une nuit derrière l'armée gorgée <levin et filouta le pouvoir. Ils furent chassés de toutes les positions, Jeurs Iiraves furent bannis et les hommes honorables parmi eux gémissent aujourd'hui de voir la France livrée à un gouvernement plus Yiolent, lllus sanguinaire, plus hidwx que c~lui qn'ils annonçaient comme le résultat inévitable de l'avènement du Socialisme. L' •\.ngleterren'aurait pas moins à regretter de se laisser prendre plus longtemps à cet épouvantail ùu Socialisme. Il lui en coûte déjà trop d'y avoir cru. Si, malgré les plus honorables répugnances, elle a fait une alliance spéciale avec les Tuileries ; si, malgré l'horreur d'un tel rapprochement, elle a mis sa main dans la main des vils coupejarrets de l'Elysée ; si, redoutant d'être trahie à l'heure décisiYepar ces hommes sans foi 11iloi, elle n'a pas repoussé d'une manière plus conforme à sa grandeur l'insolence frauduleuse ùe l' Autocrate, n'est-ce pas uniquement parce qu'elle a craint le so11lèvementdes révolutionnaires au milieu d'une guerre générale ? C'est là une préoccupation mauvaise, impolitique, fatale. L'Angleterre avait deux manières de combattre l'ambition moscovite : faire alliance avec les opprimés ou avec les oppresseurs ; s'unir avec la Pologne, la Hongrie et l'Italie, ou avec les hommes du Deux Décembre flanttués de l' F.mpereurd'Autriche et du Roi de Prusse. Il est constant quele soi-disant empereur des Français comme l'empereur d' Autrithe go,wernent par des moyens dont rougira éternellement l'humanité ; il est constant aussi que le roi de Prusse a forfait à l'honneur en violant tous ses serments pour rester roi absolu ; il est constant de même que tous les gouvernt~mensréYolutionnaires Italien, Polonais, Frauçais, Hongrois, Allemands se sont tous conduits avec une générosité et une sagesse qui feront l'admiration de l'histoire ; et cepelldaut le ministère anglais a mieux aimé s'unir avec les premiers qu'avec les derniers ! Choix inconcevable de la part d'l10mmes d'état qui se glorifient d'être les soutiens du principe constitutionnel et parlementaire, <lela part d'hommes d'honneur q1ii doh·ent haïr l'improbité ! Et, chose non moins étrange, les journaux "honnêtes ", irrités des hésitations de la Prusse et de l'Autriche, menacent le jeune François-Joseph de la Hongrie et de l'Italie, en rappelant au roi de Prusse qu'il doit prendre garde, parce que " 3es peuples " n'ont pas oublié combien il les a trompés! (Voir e11tr'autres le Times du 3 Février.) La loyauté, la morale, le respect de soi-même sont-ils donc de vains mots ? Le vice sur le trône devient-il donc excusallle aux veux des " amis de l'or.Jre" ? Est-il donc permis e11politique de s'associer à des princes avec lesquels on refuserait tout contact comme hommes :privés dans les relations ordinaires de la vie ? 0 puùeur ! les ~crivains qni scandalisent la conscience publique par de telles capitlllations, qui vantent aujourd'hui l'homme auquel il~ appliquaient hier eux-mêmes le L'HOJI~iE. nom de Cartouche, qui donnent aux masses le mauvais exemple de dégradantes et coupables amitiés, coupables, parce qu'elles sont dégradantes, ô pudeur! ces écrivainsvalets prennent effrontément dans tous pays le titre " d'honnêtes gens ", et disent avec superbe des feuilles gardiennes du devoir : feuilles de cabaret !.. . Mais pourquoi nous étonner ? La prostitution n'a-t-elle pas toujours insulté la vertu ? Après tout, que peut donc crainc•re l'Angleterre de ces révolutionnaires pour lesquels le monde officiel a tant de répulsion ? Rien. Nous ne saurions avoir aucun intérêt contre elle, puisqu'elle aime et pratique la liberté. Les gouvernements Russe, Autrichien, Prussien, :Français, au contraire, et tous les tyranneaux à la suite, la haïssent, parce qu'elle seule tient le drapeau constitutionnel et que leur tendance, leur rêve, c'est l'absolutisme. Aussi longtems qu'il y anra une tribune quelque part, ils ne sauraient être en paix. Qu'ils deviennent forts, qu'ils parviennent à étouffer l'élément révolutionnaire par la proscription, la geôle, la transportation, le gibet, qu'ils n'aient plus à s'inquiéter chez eux des ennemis dn mal, et ils se ligueront bientôt contre la Grande-Bretagne. Quand elle seule restera libre en Europe, si puissante qu'elle soit, il ne lui sera pas facile de résü,ter à la coalition des ennemis du bien. Elle n'a véritablement qu'un allié naturel, c'est le grand parti révolutionnaire, le grand parti du progrès. Les démocrates de toutes les nations se rapprocheront toujours d'elle, la défendront toujours, parce qu'elle est libre, parce qu'elle est réformiste, malgré sa constitution aristocratique, et aussi parce qu'elle leur a donné une ho~pitalité courageuse. Qui pourrait les recevoir tous, sauf elle ? Où iraient-ils sans elle ? Aux Etats-Unis, loin de leurs plus chères espérances, et pour y être, hélas ! témoins forcés des douleur-.<d, e trois millions d'esclaves !... Nous le disons avec certitude, si le cabinet de St.- James, l'aristocratie anglaise et ceux qui dirigent l'opiniori publique par la tribune et la presse veulent regarder en face le fantôme dt1 socialisme, ils seront eax-mêmes surpris du néant des images grossières dont ils s'épou- -vantent. Qu'il se soit produit en France après 1848 et au milieu du bouillonnement P.ropre à touiei. les époques de rénovation, des idées peu saines, iles sentences hasardées, des théories étranges ou même blâmables, c'est possible ; (nous l'atlmettons sans avoir la prétention ici de nous en faire juge) mais qu'importe, du moment qu'elles demeurèrent individuelles? Il y a des exagérations partout : le droit divin, la religion en fourmillent. N'est-ce pas M. de Maistre, le grand théoricien du royalisme, qui a écrit : " le Bourreau est l'axe de la société " ? Le régime constitutio.nnel lui-même, malgré ses prétentions à la juste mesure, ne manque pas de docteurs passablement excentriques pour dire par exemple : " La lfgalité nous tne." C'est là une conséquence nécessaire de l'indépendance de l'esprit humuin. Chacun émet sa pensée, sage ou folle, dans les clubs, dans les journaux, dans les livres, à la tribune ; ainsi le veut, ainsi l'exige l'émancipation de l'homme. Et il ne faut pas qu'il en soit autrement. Si vous prétendez interdire les doctrines mauvaises, vous interdirez par là même aux bonnes la faculté de se manifester. Le danger de la répression est mille fois plus grand que le mal lui-même. Montrez-nous donc une loi quelconque, restrictive de la liberté de la presse et de la parole qui n'atteindrait pas l'Evangile et ne condamnerait pas au pilori l'lmitation de Jésus-Christ. On ne doit pas juger une école politique par les propositions plus ou moins hétérogènes que tel ou tel peut avancer, mais bien_ par le crédit qu'on leur accorde; or nous défions de prou-' ver qu'aucune idée attaquant les bases fondamentales de la société ou la morale éternelle ait eu chez nous assez de sectateurs pour qu'on puisse en faire un crime aux républicains nous défions de citer aucun système dont l'acceptation générale au milieu des démocrates puisse inquiéter les bons esprits. C'est par leurs actes qu'il convient d'apprécier les partis ; or nous défions encore qu'on puisse reprocher au nôtre, lorsc1u'il pouvait tout, aucun • acte dont le monde ait à s'effrayer. Nos antagonistes n'oseront jamais nous porter un semblable défi. Il serait bien temps, en vérité, d'en finir avec toutes ces sottes accusations lancées par la haine, propagées par la mauvaise foi, admises par une crédulité vulgaire. Elles se dissiperaient comme une fumée devant le moindre examen sérieux. Nous ne sommes nullement d'lrnmeur à demander grâce ; nous ne nous adressons pas surtout à ces hommes pervers qui nous attaquent parce qu'ils nous haïssent comme les voleurs haïssent le jour ; ceux-là nous les méprisons, mais nous voudrions que nos adversaires honnêtes prissent la peine de réfléchir que le conte de l'Ogre est purement un conte, et qu'il n'est guère permis d'y croire passé la première enfance. " Les amis de l'ordre " auront-ils donc toujours ce coupable ave11glementde mettre Jésus en croix et de se laisser tromper par les Pharisiens et les marchands du temple ? En définitive, pour ne parler que de la France, la République démocratique y a rallié à elle les grandes intelligences nommées François Arago, Victor Hugo, Lamartine, Lamennais, Michelet, Eugène Sue. Le principe monarchique a-t-il à nous opposer beaucoup d'acquisitions de cette valeur? Qu'il réponde. La passion politique peut jug.er à sa guise les autres têtes non moins éminentes et plus anciennes de la démocratie, nous ne leur ferons pas l'injure de les défendre; mais nous adresserons cette simple question à tout conservateur loyal et de \ion sens, quelque soit son pays : Peut-il croire que leii hommes: cités tout à l'heure seraient arrivés de distance plus on moins éloignées jusqu'à la République, l'auraient servie comme ils l'ont fait et couronné de leur gloire universelle,. si notre parti était le parti du crime, selon que disent des. misérables s'adressant au troupeau des niais ? Revendiqueraient-ils encore aujourd'hui hautement le titre de républicains si les républicains étaient un ramas stupide' d'anarchistes, de partageux et de terroristes? Anarchistes, partageux, terroristes ! Les gens qui excitent la colère des peuples et provoquent la guerre civile en déchirant les Constitutior,s qu'ils ont octroyées ou jurées à la face du ciel et de la terre, voilà les vrais, les seuls anarchistes, il n'y en a pas d'antres. Les gens qui écartèlent la généreuse Pologne et s'en partagent les lambeaux ; ceux qui envoient leurs Cosaques dans les provinces danubiennes au mépris des traités garants de la paix générale ; ceux qui s'emparent, leur conseil d'Etat entendu, du gros legs du dernier Condé a.ux soldats de l'armée de Condé ; ceux qui confisquent les biens de Messieurs <l'Orléans et les charges des officiers ministG!riels n<lèles au devoir ; voilà les vrais, les seuls partageux, il n'y en a pas d'autres. Ceux qui ont fait les massacres de Décembre et ceux qui s'en rendent solidaires; ceux qui transportent sans jugement; ceux qui enchaînent à Cayenne et à Naples les meilleurs citoyens avec les forçats ; ceux qui ont relevé en France la guillotine abattue par les "rouges" de Février, en Allemagne l'échafaud renversé par l'Assemblée démocratique de Francfort, àRome la potence b:rtsée par les révolutionnaires rom..ins ; ceux enfil'l dont la fureur sanguinaire couvre encorechaque jour d'échafauds l'Italie, la Pologne, la Hongrie et l'Autriche, voilà les vrais, les seuls terroristes, il n'y en. a pas d'autres. V. SHŒLC}IER. CORRESPONDANCE D'AFRIQUE. Mon cher ami, Vous me demandez des nouvelles d'Afrique; j'en ai de bien, tristes à vous donner. La mort fauche à pleines gerbes les républicains, là-bas, dans les camps et $OUsles tentes des colonies. Les. hommes les plus forts de caractère et de constitution succombent les uns après les autrei:, sous l'action combinée dn climat et du régime intérieur qui affame les corps. Nous somme~ tous aiteints, m'écri(-on, et c'est sur nos tombes que soufflera le sirocco, cet été,. si la révolution ne -vient bientôt nous délivrer. Un des hommes les plus considérables de la transport::ttion pal' l'intelligence, l'indomptable énergie de la foi républicaine et la trempe clu caractère, le citoyen Douard, de Paris, vient de succomber naguère dans le camp-cimetière de Douera. Il était du nombre de ces hommes inflexibles que ui les menaces brutales du sabre,.ni les ténèbres des cachots, ni les promesses de la liberté n'ont jamais pu faire dévier de la ligne des principes démocratiques. Il a tout refusé : internement, travail, liberté; il a préféré se donner à la mort que de demander la vie à Bonaparte. On parle des dévouemens antiques : républicain, je suis fier d'avoir ce.i1ilà à signaler à l'histoire contemporaine. Douard avait du cœur, une foi vigoureuse et de l'instruction. Il ::tvaittout ce qu'il faut pour résister longtemps; il a fallu deux· ans à ce climat pour abattre cette vaillante nature, belle sous tous les aspects. Simple ouvrier menuisier, il_était parvenu à acqué_rirm~e in~- truction variée et solide. Depms l'avènement de la Repnbhque 11 avait en quelque sorte concentré toute l'activité de son intelligence sur l'étude de la science économique. Il possédait à fond les doctrines de tons les savants qui ont écrit sur cette partie de la science humaine. Prisonnier, il a consacré tous ses moments à répandre autour de lui ses nombreuses connaissances. Sa propagande persuasive a formé bien des convictions, rassuré bien des croyances chancelantes et dissipé bien des ténèbres. Il était l'intelligence du camp l'ami et le confident de tous les prisonniers, et à ces titres, de to:1s les transportés, le plus redouté dans le repaire des sergents et du commandant. . , Sa vie entière se résume par ces mots: Travail, combat, etude. Son amour pour l'étude était devenu insatiable. L'hum:mi.té, me disait-il étant parvenue au dernier terme de son éducation, h ' , science, il est honteux pour un homme de rester etranger aux sciences qui sont déjà constituées lé~itimement. Ayan~ r~connu l'utilité des connaissances mathématiquee pour l'exphc:i.tion de certains phénomènes ou l'intelligence de certaines lois, il avait voulu aborder cette étude si aride. Hélas! il est mort à la peine, mais sa mémoire sera fidèlement gardée et dans les camps et dans l'exil, il aura son tombeau ùanr. tous nos cœurs ! A 'Vous, J.-B. :\.:t.nEL. VARIÉTÉS. Nous recevons du citoyen Octave Vauthier, pros-- crit comme nons, et phalanstérien, les lignes suivantes : elles ont pour but de relever quelques. textes inexacts, cités dans l'article sur Fourier qu'a publié ce journal. Disons d'abord que l'opinion du citoyen P ... r, et les citations q1;1'ial_faites, ne da~ent pas d'hier; elles ont paru, v01là dix ans au moms,. dans un livre sur le socialisme (car M. P ... r est un ardent socialiste, à sa manière) et l'école alors fl?rissante né-rectifia pas, que nous sachions du ~oms; d'un autre côté, nous n'avions pas sou.sla m~m, en publiant, tous les volumes de Founer qm. a pu avoir ses Tariaates (il y .en a dans toutes les bibles). et le contrôle nous était difficile; voilà pour li bonne foi du journal. Voici maintenant les rectifications' enYoyées; ..

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