voir de saisir cette occasion d'avertir la chambre des communes qu'un sérieux danger menaçait le pays, parce qu'il s'y était formé une faction dont le but était de miner, de renverser la constitution. " S'il en est ainsi, s'écrièrent plusieurs membres, la chose est assez grave pour qu'on en fasse l'objet d'une délibération séparée ; " sur quoi, lord Sheffield proposa <le décider, par une motion d'ordre, que les dissertations sur la constitution française et les événements qui se passaient en France n'étaient pas dans un rapport exact avec les clauses du bill de Québec, lequel devait être lu une seconde fois, paragraphe par paragraphe. Aussitôt Fox se leva, comme pour appuyer seulement cette motion ironique, mais en réalité pour relever le gant. Après un court préambule, arrivant à la Révolution française, il la vengea dans un discours plein d'accablants sarcasmes qu'enveloppaient les formes du respect : Ainsi, les droits de l'homme n'étaient que de vaines chimères! C'est ce qu'il ne consentirait jamais à croire, lui, Fox, le disciple fidèle de Burke ; lui qui avait appris de Burke lui-m~me à se réjouir des succès de Washington, à donner des larmes à la perte de Montgommery, à regarder comme impossible que la révolte de tout un peuple fût :purement factice. Oui, c'était bien Burke, son honorable ami, son maître en politique, qui, un jour, avec autant d'énergie que d'éloquence, avait d.it : " Je ne saurais lancer un bill d'accusation contre tout un peuple ! " C'était bien lui aussi, qui, en 1780, trouvait que l'influence de la couronne, en Angleterre, s'était accrue outre mesure et devait être diminuée : comment s'étonner, dès lors, qu'aux yeux des Français prudents, la trop grande influence de la couronne n'eüt point paru sans danger? Son honorabli ami professait un culte enthousiaste pour la constitution mo11archique de l'Angleterre, rien de mieux.. l\'.lais chacun pouvait se souvenir qu'en 1783, le discours de la couronne ayant fort déploré la perte que faisaient les Américains en étant privés des avantages du gouvernement monarchique, Burke sut admirablement tourner ce discours en rfdicule, le comparant au langage d'un homme qui dirait : " Tenez, au moment où nous nous séparons, laissez-moi vous recommander une monarchie." Burke, sous cette accusation d'apostasie qui lui lançait un ami, essaya de se débattre, mais sans retrouver sa force ordinail'e. Il avait reçu en pleine poitrine la flèche empoisonnée, et sa douleur s'échappa en accents plaintifa. Il rappela ses services ; il parla de son âge avancé ; il se plaignit d'nn homme qui mettait fin par d'aussi cruelles attaques à une amitié de vingt-deux ans. "Toutefois, ajouta-t-il, si cette jonrnée-ci est douloureuse pour moi, elle n'a rien qui me déshonore. Abandonné par un côté de cette chambre, désavoué et flétri par l'autre, je n'en ai pas moins rempli mon devoir. Au salut de mon pays, j'ai sacrifié les sympathies de mon parti et les affections de mon cœur : peut-être l'Angleterre appréciexa-t-elle la pro- l fondeur de mes convictions, quand elle songera au prix qu'elles m'ont cofité." Fox voulut répondre ; mais l'émotion l'avait gagné, il fondit en larmes. Une anxiété poignante se peignait sur tous les visages, et i1 se passa quelques moments où le silence ne fut interrompu que par des sanglots. Le::: premières paroles de Fox ne furent qu'un tendre, un touchant appel à des souvenirs de noble intimité ; mais une fois rentré dans le débat, l'orateur redevint, comme à son insu, amer et blessant. D'où cette dernière réplique de Burke : " L'affecti.on que M. Fox m'a témoignée dans le commencement- de son discours a été bien effacée par la suite et la fin. Il a eu l'air de regretter les durs procédés de cette soirée : je crains bièn que nos ennemis ne s'en souviennent toujours." Ensuite, répondant au magnifique éloge que Fox avait fait de la Révolution française, et se défendant d'avoir jamais attaqué les républiques : " La France n'est pas une république, dit-il, c'est - et il récita les ver., de Milton - c'est l'obscure, gigantesque et formidable image de la mort, ayant un semblant de couronne sur un semblant de tête, avec un hurlement pareil à celui des chiens infernaux qui aboient sans fin ni cesse autour de la cein-. ture du Péché. C'est un monstre informe né du chaos et de l'enfer. Dans le cours de ce débat mémorable, et au moment où Burke prononçait ces m0ts : Fly from the French coustittttion (Fuyez la constitution française), Fox ayant dit à demi-voix : " Ceci n'est pas une rupture d'amitié, - C'est une rupture d'amitié," avait repris Burke, d'un ton sèvère. Et en effet, le lien qui avait uni si longtemps ces deux hommes célèbres fut alors rompu, et pour toujours. Un écrivain français, très distingué d'ailleùrs, prétenù que Pitt sembla demeurer impartial et presque indifférent. C'est une erreur. Son attitude avait été celle-là, lors de la lutte (le 1790 ; mais, cette fois, sans défier nominativement la Révolution française, il déclara hautement que " Burke avait bien mérité tle son pays, pour avoir exprimé avec tant d'habileté et d'éloquente son opinion snr le danger qui existait déjà. " Il parut même, dès lors, prendre plaisir à lui tendre publiquement les bras. N'étaitce pas annoncer qu'il enlevait à l'opposition un de ses chefs, que de dire : l\'I. Burke peut tenir pour certain que je m'unirai à lui, du fond du cœur, dans tout ce qui sera de nature à préserver ce qu'il estime être la ·constitution la plus parfaite qui soit au monde, de manière à ce qu'elle soit léguée aux générations futures, comme }a.meilleure garantie de la prospérité, de la liberté et du bonheur ùe l'Angleterre. " • Le soir, au sortir de la ::1éance,Curven, un lles membres ùu parti de Fox dans cette question, était à. attendre sa voiture, lorsque Burke vint lui demander d'y prendre plnce : il pleuvait. A peine étaient-ils assis, que Burke se mit à revenir avec une chaleur extrême à ses invectives contre la Révolution. Curven gardait le silence. Soudain, Burke se tourne vers lui, le loue vivement de n'être pas de ceux. qui approuvent les doctrines révolutio1111airesdes Français, et se tait pour lui laisser le loisir de répondre. Curven n'eut pas plutôt fait sa profession de foi, que Burke, transporté de fureur, saisit le cordon de la voiture, et s'écrie : " Ah! vous êtes de ces gens-là? Yite, descendez-moi! " Ce fut difficilement que Curven parvint à le retenir ; mais il continua la l'Oute, muet et sombre ; et, aussitôt que les chevaux s'arrêtèrent, il s'élança violemment hors de la voiture, sans proférer une parole. L'illustre querelle que la Révolution française venait d'allumer eut une influence considérable sur la politique de l'Angleterre. Le Morning Chroniclt: déclara que le grand parti des whigs s'étant rangé du côté de Fox, Burke n'avait plus qu'à se retirer du parlement. C'était donner un puissant auxiliaire à· Pitt) et ajouter aux matériaux de l'incendie qui allait envelopper toute l'Europe. Lès A.vignonnais l'avaient acheté à un prix formidable, cette qualité de Français si ardemment désirée ! et pourtant, jamais, depuis, un regret n'entra dans leur âme, restée pour toujours française.. En se donnant à la Révolution, en devenant nos frères, ils s"associaienl à ùes douleurs épiques, ils consentaient à porter avec nous la croix sur la rouie de notre calvaire ! Et l'hésitation leur fut impossible! Oh, qui l'expliquera, ce ·pouvoir fascinateur dont la France est investie? La révolution qui, en Angleterre, fit Cromwell, avait certes été bien:profonde et bien vaste; elle avait apporté à l'esprit humain d'étranges sujets de trouble, de joie, d'exaltation : .d'où Yient donc que, sur ces milliers de vaisseaux qu'elle avilit à ses ordres, la grande révolte des Anglais fut impuissante à passer la mer? D'où vient que, tandis qu'elle-éclatait, on voyait tout en face, sur de voL~i:ns_rivages, Je règne de Louis XIV ouvrir sa m •rche pomp_euse et r~glée ? Ici, quelle différence ! La Révolutio~ française a heau se montrer sous un aspect effrayant, elle a beau. ne. promettre aux peuples qui se laisseraient séduire qu'u~1eliherLé orageuse, son apparition met en mouvement toutes choses, non-seulement autour d'elle, mais fLU loin. Elle parle, et d'innombrables échos qu'on ne sonp~:'onnait pas portent sa voix jusqu'aux extrémités de la terre. Elle remue, et la vieille Europe chancelle. Elle fait signe qu'on v1enne à elle, et ~es peuples entiers, comme poussés par mie force secrète, se précipitent à sa rencontre. Combien _terrible, mais .combien glorieuse, est votre destinée, û_moi1 pays ! 1,ou1s BLANC. (l) (1) Extrait du 5e vol. del' Histoire de la Révolution ji·anc;aise. JERSEY, IMPRIMERIUENIVT:RSELL19E,,DORSETS,LREET. AVIS Il sera publié avec chaque numfro un supplément spécial po11rles ANNONCESdans l'intérêt çlu Commerèe, de l'In,dustrie et Ùe la Science. Les Annonces de , tous les pays seront acceptées à la condition d'être écrites en français, conformément au spécimen _ci-après. Les Avis et Annonces sont reçus jusqu'au vendredi à midi, à Londres, à la librairie et agence de !'Imprimerie Universelle, 50 112, Great Queen Street Lincoln's-Inn-Fields, et à l'office de l'Impt·imerie Universelle, 19, Dorset Street, à Jersey, S-Hélier, jusqu'à l'arrivée du courrier du mardi. Toute correspondance doit être affranchie et contenir 1111 bon, soit sur la poste anglaise, au nom de M. Zéno SwIETOSLAWSKI, soit sur ùn des banquiers de Jersey ou de Londres. Le prix des Annonces est uniformément de six sous (trois pence) la ligne, poq_rles trois sortes de caractères courants employés dans ce journal. Les lignes en capitales et en lettres de fantaisie, seront payées en proportion de la hauteur qu'elles occuper:ont, calculée sur le plus petit texte. BIACNHI proscrit politique vrir un cours d'.Equitation à son manège, sur la a le triple avantaged'unir l'éléganca, la légèreté et français, rédacteur Pai-ade. la solidité. f en chef pendant -----------------~ Les semelles sont fixéesavec du laiton et ne huit ans du journal quotidien le Messager du Nord, LEDRJ. PHILIPPE, . laissent aucune aspfaité ni à l'intérieur ni à l'ex- :paraissant à Lille (France), donne à domicile des térienr. - On peut marcher ù l'eau sans nuire à la leçons de langue française, d'arithmétique, d'his- DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE solidité de la chaussure. A. 1oire c1egéographie, de littérature, etc. DE PARIS _M_A_J_S_Q_N_D_E_C_O_M_M_I_S_S_I_O_N_ Il se charge également de toutes correspon- D d lt t· t '.1 t 1 • 1 I ~ . • 1 d onne es consu a wns gram es ous es soirs, N 3 SURLEPORTAJERSEY d,mce~,ccntures ,co1;1mercieas et a?tres, ~t es de 6 à 10 heures, - à la PHARMACIFERANCAISE, 0 ' ' ' • mémoires dont on lui confiela rédaction. 28 Greek Street Soho Sq. à Londres. C. 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Géographie du Moyen-Age, avec Atlas. 'l'avola di navicari di Nicoli et Antonio Ztmi, et Traduction du même ouvragé sous le titre de : Traduction du même ouvrage, 1 beau vo1 • in-8. Pythias de Marseille et la géographiede son temps, les cartes des régions septentrionales. History of the Crimes of the Second of December, PH. BERJEA U, ex-rédacteur de la Vraii Rr,pu· accompagnéde 3 planches. De l'Autorité, brochure. 1 vol. in-12. . blique. - Biogra,plûes bonapartistes (en v,mtc),iALEX. HERZEN, Du développement des idées ré- Du Souverain, brochure. LeGouverne'ment du Deux Décembre, pour faire suite contenant la vie de Persigny, Sai:it - Arnaud,\ volutionnaires en Russie. Question turque, par Golovine, brochum. à !'Histoire dit Deu.r Décembre, 1 vol. in-12. :Morny, Magnan, Baroche, Achille Fould et ROCH RUPNIEWSKï, Poésiespolitiques en po- Les Réfugiés il Londres, brochure. PIERRE LEROUX, représentant du peuple. antres qui out pris part au Coup-d'Etat, l vol./ lonai3, 1 vol. in-12. L'Occupation de Constantinople, brochure. Cours de Phrénologie. les douze première~livrai- in-32. 1HOLINSKI, La Californie et le: routes interocéa- Lord Aberdeen, the nuns of Minsk Nicholas, and sons (ouvrage interrompu). . J.. CAHAIGNE, ex-rédact~ur• propriGtair~ d,u I niques, 1 beau ml. the Russian, state churcl1.By V. 0 Zienkiewic:.:. Lettre aux Etats de Jersey sur les moyens de qum- Journal la Communede Pans.-la Couronneimpe- • Howdo the Czars of St. Petersbourg, educate the tupler les produits agricoles, 1 vol. in-12. riale, satire en vers, dédiée à Louis-Napoléon.! --- Poles. By the same. VICTOR HUGO, r&présentant du peuple. - Werhuel dit Bonaparte, l vol. in-12. IJnvasio11de l'Angletel're, sous Je titre : l'Empire Zasady Religji Chrzeséjanskiej. Napoléon-le-Petit. 1 vol in-32. 1J, P. AHïER, Esq. Surintendant à Jersey. - 1 I français et les Polonais ( French empire and Czartoryszczyna w obec Emigracji Polskicj we Chtltiments, poésies politiques, ouvrage nouveau,, Tableaux historiques de la Civilisation à Jersey, the Poles ), l vol. in-8. Francji. 1 vol. in-32. J vol. grand in-8. ;Relation de la campagne de Sicile en 1849, 1 voi. JEANNE DEROIN. Almanach des Femmes, pour JOACHIM LELEWEL. Histoire de Potoine ,1 in-12. Sous presse : 1853, 1 vol in-16. grand in-8, 2 vol. avec Atlas. !Recueil de documents secrets et inédits, !Jour Le mêmepour 1854, 1 vol. in-Hi. Antiquités de Pologne, accompagné de deu;; I servir à l'étude d_c l'Histoire p~lit~qu: de Ltid ~oiski w Emi~;ac~i, 1835-1840. CH. RlBEYROLLES, ex-rédacteur en ~hef de planches. 1 l'Europe dans la crise actuelle, trois hvr:usonsPoezJe Karola Balmsk1ego. la Réforme. ..... Les Bagne$ d'Afrique, précédés. .Etude&'!lumi.matiques et arcMologiq~es, avec Atlas. in-8. Poezje Ludomila Kordeckiego.
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