-SOLI DARI'l'EJOURNALDELADEMOCRATIUENIVERSELLE. X0 9. - MERCREDI, 25 JANYIER 1854. l. L_.\J(STICE sors BONAPARTE. T. Les anciens, <illlùut•eux. du mvthe et des attributs symboliques, repr:1~entaientla-.Ju:'lticecomme une cliaste déesse, ,n ant u11ebalance à la main, un glaive dans l'autl:e, et !Ps yeux.bandés; ils voulaient dirP par là, ces naïf:., grands-pères, qu'interprète fidèle et grande prêtres!<e de la loi, Thémis était sans reg·ard ponr les passions des hommes, qu'elle pesait tous les intérêts à la juste balance de Minos et qne la force en sa main (le ~;laive) n'était que 1a garanti~, la sanction, l'arme du droit. Depuis ce;; temps fobuleux, dame Justice, il faut en convenir, a changé pins d'une fois de rôle, et la balance a sonvent trébuché contre le glaive; ainsi, nous l'a, 011;; , uP porter tour-à-tour le haubert du g11t~rrierl,a cag·oulP Ju moine, la croix de l'inquisiteur : entoul'ée <le réchauds, de brodequins, de chevalets, elle présidait aux cuisines de chair humaine et dirigeait le tourment: or cela n'a pas duJ'é moins de dix grands siècles catholiques, et 1 •' 1 ' que s siec es .... Aujourd'hui l'on a bien gardé l'attitude sévère, la robf' rouge, la toque sinistre, la parole dure et le regard froid, mais on n'a plus sous la main les outils du moyen-âge et l'on se contente <le tortionner moralement. Exemple : II. Vous êtes à Paris, ou même à Bédarieux, tra. , 'liliant dans votre atelier , dans votre échoppe ou dans votre mansarde ; vous avez, autrefois, voté pour les rouges, ùti temps <lela république, et vous avez peut-être gardé vos idées à l'endroit du meilleur des gouvernemens : malheur à vous ! Sur dénonciation d'un v~isin·, d'un policier, ou même d'un concurrent, une escouade de chenapans vient de grand matin frappei· à votre porte, l'enfonce s'il y a retard, fouille Yosmeubles, votre lit, \ os hardes, sonde vos murs, tâte votre mère ou "otre femme, ou votre .fille, emporte tous Yos papiers et vous traîne en prison ! Pourquoi? vous n'en savez rien; on vous le dira plus tard.-Et combien cela peut-il durer'? - ceci n'est pas l'affaire de la police, c'est un c•:mpte à régler avec l'instruction; - et qu'est-ce qu'on peut offrir pour la caution, dans l'intérêt de son commerce, ou du moins de la famille ?-Il n'y a pas de caution acceptée, quand c'est pour politique. 8i votre commerce est perdu, tant pis, d'autres en profiteront; si ,·os enfans ont faim, ils crieront : et la charité est si grande ! lIT. )Iaintenaut vous voilà sous !es verroux, depuis quatre mois, depuis cinq mois, depuis six mois ; vous a\ ez vu deux uu trois fois votre juge d'ins• truction qui est un homme aux lèvres minces, à l'œil terne, et, très blanc de linge : il vous a demandé, il vous demande encore, si vous n'étiez pas en correspondance avec Jersey, Londres ou la Belgique, si vous n'alliez pas la nuit dans les bois ou dans les can·ières prononcer des mots affreux et faire des conjurations comme les sorcières de Macbeth, etc., etc. Vous ne répondez pas ou , ous niez : 011 rddige un procès-verbal où l'on interprète vos dires, et le juge, en vous congédiant, s'écrie: -Quel sc~lérat j'ai là sous la main ! il est de l'espèce la pl us dangereuse, celle des taciiumes, et votre dossier annoté par ce magistrat perspicace, sans qu'il y ait eu pour la i:,lupart du temps confrontation avec ies témoins, \Otredossier, truffé des notes de la police et de l'instructior., est porté jusqu'à la chambre des mises en accusation qui fait le triage et pèse les preuves. Peser les preuves, qu.e diso11s-nous? On lit en courant les ar,notations du j nge, et s~r ses réquisitior.s, OH dœssc les listes : \ oilà la besogne. IV. En votre qualité de taciturne, vous en êtes en Toutes lettres et correi.pondances tloivent être affranchies et adressées au bureau de !'Imprimerie Universelle à SaintHélier (Jersey), 19, Dorset Street. -Les manuscrits déposés ne seront pas rendus. cour d'assises: les principaux témoins, agcns de police, déclarent que vous étiez à la révolution de février, où tout le monde était, même 1\1.Barnche, qu'ils vous ont vu, dans la rue, donner la main à un ouvrier suspect, que votre femme tremblait et pleurait quand elle vous vit partit-, qu'on vous a rencontré, le soir, derrière les fortifications, et que si l'emperenr avait passé p'.lr lù, • vous auriez pu l'arrêter !- sur ce, le procureur impérial vous foudroie d'uue <le ses catilinaires qui suent lµ bêtise et le sang·; on interdit la parole à votre :ivocat, on menace vos témoins, et le jury trié vous condamne pour complot contre César ou. contre l'Etat, l'un vaut l'autre! Que si , ous échappez, par miracle ou par un hasard de miséricorde, la police correctionnelle vous happe au passage, comme dalls l'affuire de l'Hyppodrôme : on instruit de nouveau contre vous, mais cette fois pour simple <lélit de société secrète. Vous faites une seconde prévention, vous subissez une autre série d'interrog·atoires-emhtiches, et puis l'on vous traîne devant les petits juges qui vous expédient aux prisons centrales, et cela pour trois ou quatre ans, à Jeur fantaisie. On vous a ruiné, dépouillé, yo]é ; votre avenir est perdn, votre famille est saus pain! Est-ce tout'? - Non, derriêre les juges il y a les corresponclans investis par la police du compte-rendu près les tribunaux: ces estaffiers sont chargés de dépecer votre honneur, ainsi qne les chacc.1lsle cadavre, et, comme aucune feuille ne peut parler, comm<"la défense elle-même de l'accusé ne peut être publiée sans autorisation, dans cet empire-caverne, v0us êtes assassiné deux fois, deYant la justice et devant l'opinion! Est-ce tout, cette fois, du moitis? Mon Dien, non. Quand vous sortirez, , otrè temps fini, - si cela dure encore, - en vertu d'un décret émané clu coupe-gorg·e impérial, par simple mesure administrative, et cette fois san~ jugement, on vous enverra, pour dix ans, à Cayenne, en compag·nie des forçats qui font là-bas leur stage de décembristes! Anglais, voilà la justice de Bonaparte : est-ce qu'elle ne vaut pas celle de votre .Jeffreys et de Mm·ie-la-Sanglante? CH A.RLES Rrn RYR oLLES. LES}1YSTÈRDESl~LADIPLO~IATIK Depuis un grand mois, à propos de la question d'Orient, la presse anglaise fait rage et tempête: il y a dans les hautes régions des mystères qui la troublent et l'irritent : elle est inquiète, emportée,. violente, et ses accusations, parfois, vont frapper plus haut que les ministres. Nous avons laissé passer ces débats irritans 4ui n'étaient point de uotre compétence : ignorant les faits, ne sachant pas s'il y avait motif séi;ieux à ces grandes colères, poujaloux, d'ailleurs, d'entrer dani les polémiques de ce pays, quau<l elles ne touchent pas à notre religion, nous n'avions que faire en cette querelle et nous nous sommes abstenus : mais aujourd'hui, que la première émotion est tombée et que l'opinion publique est revenue, dit-on, ù de meilleuss sentimens, nous sera-t-il permis de poser une question qui nous intéresse'{ La presse anglaise nous a souvent dénoncés, uous républicains français, comme des vandales ayant mis à has fort méchamment un trône constitutionnel et le meilleur des rois, le I oi de la paix. -Eh mon Dieu, c'est que le rneilleu.rdes roi.s avait ses correspondances privées, sa politique secrète, son gouvernement personnel, ses mystères: c'est que nous nous souvenions de l'armoire de fer et de ses révélations sinistres; c'est que les intérêts d'une grande patrie peuvent, comme ceux d'une banque ou d'une échoppe, se perdre e:i un jour, en des mains infidèles: c'est que les peuples sérieux c~ui veulent se gouverner eux-mêmes ne restent pas en condition ·de tuteile et sous les influence~ ténéON s' A BONN}; : A Jersey, 19, Dorset st. il l' Imprimerie universelle. A Londres, 50½, Great Queen st. Lincoln's-Inn-Fields, à la Librairie universelle. PRIX DE L1ABON::--EME');T : Un an, 8 ~hillings ou 10 francs. Six mois, 4 sh. ou li fr. Trois mois, 2 sh. ou 2 fr. 50 c. breuses: c'est que le: but, sans les moyens, n'est que chimère et qu'il ne faut pas demander au houx de pol'ter des 1oses.-:f:st-ce que l'olig-ardiie vous fera jamais la lumière, et la monarchie les bons comptes !-Comme les i11térêts, les institution.., vivent pour elles mêmes et le ma] u'c~t pas seulemeut dans les hommes ; donc, quaud elle n'accusait que les personnes, en ses récriminations plus ou moins fondées, lu presseangfai~e n'était vas logique: elle laissait les conclusions en chemiu et n'arrivait qu'au scandale: or, le scandale c'est bien oeu, quand il y a pour un grand pays crise de mort'! Pour l'Angleterre, en effet, ln questiou·d'Orient est grave, plus grave qne colle dt-', l'Amérique au siècle dernier: si la domination russe gagne encore une étape en Orient, n'ira1t-ellt" pa~ jusqu'à Constantinople, c'est la décadence, c'est la mort de l'influence anglaise, sur les chemins dE: l'Inde. C'est une invasion morale de ces g-rmîdsroyaumes qu'elle exploite avec ses marchands, et comme il n'y a pas là de colonies robustes ainsi qu'aux Etats d' Amérique, le prestige tombé, l'influence à bas, tout s'écroule pour l'Ang·leterre ! elle ne gardera pas même ses marchés ! La presse libérale av ait do1H; raison lég·itime, raison sérieuse de s'inquiéter et de s'enquérir: mais, encore une fois, mieux valait se taire, si l'on ne , voulait aller au fond des choses. La presse libérale a-t-elle bien réfléchi d'ailleurs, <tuand elle accuse tel µrince, tel ministre ou tel ambassadeur d'avoir vendu la foi del' Angleterre et d'organiser la trahison ?-si elle veut a1lf'r jusqu'au bout et .conclure au sflj govennnent, rien de mieux : mais si elle g·arde, comme on dit dans ce pays, le saint respect des vieilles traditions, pourquoi dénoncer, pourquoi dépister la politique <les réserves ? est-ee que l'alliance de Bonaparte est une ancre tellement solide .que l'Angleterre ·s'y puisse amarrer sans souci? • • Dans le passé, qu'y eût-il de conuuuu entre le,; deux empires? Une lutte effroyable et telle que la terre n'en avait pas vue depuis les T1tn11s. Des millions d'hommes égorgés, les générntions et les caisses épuisées pour vingt ans, toutes les mers épouvantées, tous les royaumes en bataille, l'Europe en marche, le monde en feu, puis enfin, ap,·ès '1Vaterloo, Sainte-Hélène et ses ag·onies qu'on n'a pas vengées : Voilà les souvenirs doux et charmants qui servent à relier l'Angleterre monarchique et la France impériale. N'est-il pas vrai que nous pouvous tous aller cueillir l'olivier fraternel sur la tombe des aïeux, et que les 1no1·tsne nous séparent pas ? Et le présent, quelle touchante communion d'idées, quelle similitude d'institutions, de politioue, de vues, quels magnifiques accords! L'Ang!etêrre a gardé ses tribunes, sa presse, ses lois constitutionnelles, ses franchises, ses, <lruits : l'opinion et les assemblées y sont à peu près souveraines; sans leur concours, rien ne se peut, et 1<1 liberté veille partout jalouse. Là bas, au contraire, il n'y a pas une discussion sérieuse, un vote indépendt11lt, uue parole libre : en haine des institntions britanuiq ues et par crainte de la Révolutjon, on a tout abattu: les tribunes, les lois, les urnes. On est allé jusqü'à R orne pour y tuer une république et relever le pnpe, cet ante-christ de la race saxoune : en toute chose, enfin, on a cherché depuis deux ans à disjoindre, à séparer les deux grands peuples de la civilisation occidentale, et voilà que la presse libre do ce pays se prend d'amour aujourd'hui pour cette alliance qui coupe tous ses cables, pour ce despotisnte qui tend ses filets dans l'ombre, pour cette haine corse et si sotH·ent humiliée qui guette son heure des représailles ! Ils ont vu travailler cet homme eu décembre : ils savent ce qu'il a fait d'une civilisation tombée sous ses poig-nards et ce que valent pour lui la foi publique, k•s serments, l'honneur; ils l'ont appelé de tous les noms, depuis l'Iscariote jusqu'à Mandrin, et les voilà maintenant qui lui tendent la
main de l'Angleterre. Insensés, ils ne la retireront que pleine de sang ! Ah! l'aristocratie, M. Cobden, est plus prudente, plus sagace, mieux servie par ses souvenirs que vous ne l'êtes, vous et les vôtres, avec vos fantaisies innocentes d'illuminés pacifiques. Vos journaux accusent lord Aberdeen, lord Redcliffe, et certains autres, qui touchent de plus près au trône, cl' endo~- mir les Turcs, d'être en relation secrète avec Nicolas et de trahir l'alliance française; mais l'alliance française, avec les souvenirs de l'empire, et surtout après ]a leçon du Deux Décembre, c'est le mensonge, c'est la trahison, c'est le guet-apens! - • mais l'nristocratie, héritière de Pitt et de W ellington, ne veut pas se laisser étrangler entre deux intrig·ues, comme l'assemblée nationale de France entre deux portes, - mais il y a d'autres dangers que ceux du Danube et ceux de Constantinople : il y a le Rhin, l'Escaut et les Alpes que guettent les grandes rancunes, et, par-delà, bien des royaumes éteints, ceux de Naples, cle Hollande, d'Espagne qui voudraient bien ressusciter, comme l'empire de France ! N'avez-vous pas entendu parler d'un M. Murat, ventriloque obèse, qui se fait appeler altesse, et qui redemande sa couronne?- et tous les petits impériaux qui sont nés dans l'exil, est-ce qu'il ne leur faudrait pas des trônes, comme à. leurs ancêtres ?-Quand on a surpris, enchaîné la France, et qu'on s'est assis sur son dos, on peut avoir toutes les ambitions : on peut r~ver l'invasion de Londres, et malheur à ceux qui s'endorment en face du crime ! L'Oligarchie britannique sait cela mieux que les marchands, et, pour ne pas être livrée, sans défense, à toutes les perfidies, à tous les calculs d'un despotisme qui n'a ni parole ni pudeur, elle se ménage des alliances, dans Je monde ancien de ses relations! Oui, nous sommes convaincus que les hommes d'Etat du vieux torysme se sont déjà mis en mesure et qu'ils ont des réserves pour certaines crises prévues : et, de bonne foi, nous ne saurions trop leur eu vouloir ; car ils n'ont en face ni la publicité constitutionnelle, ni la loyauté républicaine ; ils connaissent leur homme, ses griefs, ses rages, ses espérances ; ils le voient se dérober, se pelotoner dans son antre, au milieu d'une nuit profonde,•et sans rompre officiellement, ils vont ailleurs chercher des épées sftres, des relations vraies. C'est leur intérêt qui les guide, nous en convenons; mais ils voient, seuls, le danger, et le libéralisme anglais s'endort : est-ce que Bonaparte est plus loyal que Nicolas? est-ce qu'il a moins de hontes à laver, moins de défaites à venger, moms. d'intérêts à suivre contre votre fortune '! Patriotes anglais, vous aviez une grande alliée dans le monde, une alliée qui' vous appelait dans ses voies, mais qui vous respectait dans vos réserves, c'était la République française : en ses premîers temps, jamais la Russie n'au!·ait. fait un premier pas sur le Danube, et vous aunez eu, dans tous les cas, l'alliance sérieuse de l'honneur, contre le barbare et ses ambitions gloutonnes. Aujourd'hui, la République française est morte, et Tous êtes en face du crime, quêtant pour vos Indes ; plus tard la Révolution hongroise aurait pu vous défendre, vous avez laissé le Russe entrer chez elle et l'égorger : or aujou,rd'hui,, voilà votre. ~ris!ocratie qui demande au ~usse (c est vous qui le dit~s~, le contrat in extremis, la grande Charte des vieilles guerres et des vieilles alliances ! . . A quoi donc servent et mènent les demi-mesures, dites-le nous ?l Vous étiez entré dans la Révolution par la liberté de conscience; vous avez ébauché plus tard la liberté politique, et poussé jusqu'à la liberté de commerce ; mais vous n'avez jamais voulu travailler pour les autres, activement, fraternellement, solidairement. Eh bien, prenez garde aujourd'hui, car !'Ecriture a dit, !'Ecriture que vous aimez tant : malheur à ceux qui vivent seuls ! Or, en dehors de la Révolution, vous êtes seuls, bien seuls ...... entre le vieux torysme, Nicolas et Bonaparte! Ch. RYn. Que disent les journaux de France ? rien : ils sont, comme ceux ll' Angleterre, ~ la chasse aux canards sur les côtes de la mer N 01reet le long du Danube. Nicolas rejettera-t-il la nouvelle proposition de conterence à Vienne? y aura-t-il, pour en finir, le jeu du protocole, ou le jeu du canon? ?n n'en sait rien, et la pensée de toutes les Russies 1·este impénétrable, derrière ses glaces, dans son p~lais d'hiver. L'HO~IME~ En attendant, le commerce grelotte sous ses ballots, les industries chôment et la cour s'amuse. Quant aux grands corps de l'état, le Sénat paonne dans les salons de Paris (ceux qui veulent bien s'ouvrir,s'entend) et le corps législatif savoure la truffe dans ses terres : de la famine, de la guerre, des faillites et des sinistres qui accablent la France, il n'en est pas question le moins du monde. Est-ce que cela regarde les valets? pourvu qu'il y ait bon feu, dan3 les cuisines impériales, et que ]a solde soit bien payée, prospère ou doleute, qu'importe la patrie ? Faire cltère lie, comme disait Rabelais,, et remplir ses coffres, pour les disettes prochaines, voilà la sagesse de nos excellences. On se réunira plus tard pour légiférer et pour dormir an rapport, quand les grands froids seront tombés : jusques-là, qu'a-t-on besoin de Baroche, puisqu'il y a SuintArnaud, et de Billaut, puisqu'il y a Piétri ? . La bayonnette et la prison, la police et l'armée, les menottes et le couteau, sous l'empire, comme dans les cavernes, voilà les grands corps de l'état, voilà les ministres ! Ch. RYB. CORRESPONDANCE DE LONDRES. Londres, 20 janvier 186¼. ·Les dl:pêches télégt·aphiques publiées hier et aujourd'hui ont fait baisser les fonds à Vienne comme à Loadres, à Paris comme à Amsterdam : Le Czar refuse lws propositions de la Con~rence de ViP.nne,et va rappeler ses ambassadeurs de Londres et de Paris. Cette nouvelle- bruit de bourse seulemeut-est antérieure à l'arrivée de :'.\1. de Reiset à St.-Pétersbourlf oi). il porte les dépêches concertées par les deux puissances de 1Oecident, et qui mettront • le comble à la colère du C2ar en lui annonçant l'entrée des flottes dans la mer Noire. Nicolas, écrit-on de St.-Pétersbourg, se pose en .M:essiedestiné à chat,er d'Europe le~ sectateurs de Mahomet; il surexcite l' exaltation populaire par des allures de Croisé. La Gazette de la Cour publie des diatribes contre la France et.l'Angleterre; le 6e corps d'armée va quitter Moscou pour renforcel' l'armée du Danube, et ie général Gortschakoff a reçu l'ordre de passer ce fleuve.- Cela lui sera difficile: sa marche sur Kalafat a été arrêtée par l'attaque victorieuse d'Omer Pacha, qui l'a forcé de reculer après une lutte . longue et sanglante à Citali. Le bulletin russe est tr1omphant, parce que les Turcs sont rentrés à Kalafat ; mais ce bulletin ne dit pas que les Russe!!ont dû rHrograder, et que c'était là tout ce que voulait Omer Pacha. Les flottes sont entrées dans la mer Noire. Ayant appris que la ftot~erus,_etoute entière (40 bât~mens, dont la moitié de haut-bord) l!ta1taort1ede-Sébastopol, l'amual Dundas n'a pas voulu disperser :.es vaisseaux. Si~ification a été faite au Commandant de Sébas. topo! d'avoir à faire respecter le territoire ottoman (M. Drouin de Lhuys disait aussi: le pavillon?) par les flottes russes pour éviter de troubler la pafa d~ l'Europe. Pendant ce tvmps, une ellcadre. russe o~cupait le port de Batoum, 1e meilleur de l'Asie turque sur la mer Noire: on ne sait encore si la forteresse de Batoum a ~té attaquée. Trebisonde est également menacêe. Vous verrez que la flotte russe ne se renfermera dans Sébastopol qu'après avoir en~ core brülé des villes et des escadres, tandis que les pavillons de France et d'Angleterre paradent solennellement aYec ordre de ne combattre les Russes que pour se défendre....... Les mécaniciens anglais pris à bord des batiments turcs ont été rendus à l'amiral Dundas.-Quant a]lx rHugiés polonais ou hongrois, ils se font tuer pour éviter la Sibérie. Dans une des défaites dea Turcs en Georgie, on a vu des artilleurs polonais ne pouvant plus r~sister à la charge de$ dragons de .Bagawonth, ieur jeter à la tête leurs boulets et se faire tuer sur leurs pièces. Deux généraux polonais sont à bord des bâtiments turcs qui oortent du renfort à l'armée d'Asie: on assure que la présence d~s réfugiés dans les troupes du 11ultanest ce qui exaspère le plus le CZ!lr. ~ic~las s'impose .ime rude tâche : pontife de l'orthodoxie grecque, 11 lm !a~t extermmer les musulmans et les proscrits, aujourd'hui ; demam il devra soumettre les hérétiques protestants d'Angleterre (ceux de Prusse ne lui 1~sistcnt p:is), et les hfaêtiques romains de France (ceux d•Autriche et le pape lui-mêqie lui étant trop sympathiques pour qu'il soit besoiu de les combattre). Puis viendront les libres. pense~rs d'Amérique, -et les païens du Japon, contre lesquels 11 envoie dès à présent une escadre ; - Je pontife ortho. doxe entreprend une croisade contre le monde entier ...... Mais si l'humanité ne veut pas lui rGsister, si l'Europe compte sur Louis Bonaparte et Lord Aberdeen pour l'arrêter, qui donc pourrait trouver ridicule l'orgueil hypocrite de Nicola~. Il sait bien que la Révolution seule pourr~it lutter contre lui; et il compte sur ceux. B. même qui protègent aujourd'hui la Turquie pour refouler la Révolution : ses adversaires dans le Bosphore sont ses agens à Paris, qu' 11-t-il à craindre ! - Le Conseil Exécutif de la Suisse va faire surveiller les frontières de l'Allemagne par un corps d'armée. Le gourernement piémontais, de son célté,se prépare il la guerre. Par toute l'Italie, on attend : le meurtre clesagens ou des partisans de~ polices autrichienne ou pontific3le, répond aux arrestations, aux· tortures incessantes. On parle beaucoup de la mission secrète remplie.en ce moment par M. Brenier, anci~n mi~istre des affaü-esétraug~res de M. L. Bonaparte, M. Bremer, qm parcourt toute l'Italie, est beau-frère de M. Cattaneo. l'un <lesch.efsdes patriotes lombards: cela donne à penser ...... Tout il vous, Ph. FAURE. P. S. - ~[. Roebrnl, a fait démentir l'annonce de11interpellations qu'il devait faire. LA COMMUNE RUSSE. • Le chef patriarchal de la commune, c'est le Staroste él11 par la commune et pris dans son sein. Il tient la place du père de famille, il est le représentant, le gardien, le tuteur uaturel de la commune. Quelle est donc la fonction, la charge du seigneur, ce vampire extra-communal ? Il fait dans ses terres des irruptions plus ou moins régulières, comme jadis les Baskaks tartares, dans les villes, et y lève des contributions. Le Staroste, lui, n'est pas, ne peut pas être un despote; les coutumes, le droit traditionnel seraient plus forts que lui ; la commune réunie, J1ir ( tout le monde) le ferait à l'instant rentrer dans les limites de son pouvoir, de sa charge. Elu par le libre suffinge <le tous les travaillems, pour un temps borné, il n'ignore pas qu'il redeviendra simple moujik s'il n'est pas réélu. Il sait qu'après avoir go11vernéle village, il viendra ( comme Je raconte si poétiquement M. Haxthausen) " se mettre à " genoux devant la commune assemblée, il déposera devant " elle le bâton, insigne de ses fonctions, el demandera " pardon à la commune des torts qu'il a eus envers elle." On le voit, il n'est nul besoin d'un autre père adoptif, . qui vit, qui demeure hors de la commuue et qui n'apparaît de temps en temps que pour lui arracher la meill~urJ part de ses produits. Si le seigrieur n'était rien de plus que le propriétaire du terrain, il ne pourrait exiger r1ue le }Jrix <ln loyer cle ses terres ; mais il frappe le paysan de capitation, il impose son travail indépendamment de la terre, il rançonne son droit de locomotion. Il prélève alors, pour me servir d'u11c adm~rable expression échappée à :M:. Haxtham;en, " sur " les bases d'un St.-Simonisme renversé, " il prélève " d'autant plus que l'homme a plus de talent." Au-delà de la commune, il ne devrait y avoir que l'unité nationale, lares publiea (semskoie delo) ou le pouvoir dirigeant. Les commun~s libres se réunissent en arrondissement, Volost ; et, ce qui est conséquent avec le droit r~sse, chaque commu?e ayant son Starost, cette agrégation de communes éht son chef commun, appelé Golova. Tel de ces Golova voit sous ses ordres trente mille paysans. Près de ce chef sont deux juges, espèce de juges de paix, élus par les paysans pour les affaires communales et de petite police. Celle-ci se lait dans les villages par des centurions, dei; décurions élus ; la distribution des impôts, des charges, s'opère par le Golova et les anciens. C'est un self-government socialiste complet, déduit très logiquement jusqu'au moment où nous touchons par un côté •quelconque à l'ordrP. allemand ou byzantin. Un ministre, l\f, Kisseleff, a su apprécier une partie des institutions magnifiques qui servent de base à la commune. Sa réforme de l'administration serait comme un commencement de la reconnaissance du droit russe par le gouvernement de Pétersbourg, si le personnel de l'administration n'était si profondément abject. Un des grands malheurs de notre gouvernement, c'est qu'il gouverne outre mesure. Il se mêle de tout et à tout, s'inquiète de tout, réglemente tout : la longueur du caftan juif sur la frontière polonaise, celle des cheveux que portent les étudians dans nos universités ..... .- Tantôt il donne à un mari le conseil de réprimander sa femme une a.utre fois à un jeune homme de ne pas tout jouer au; cartes. Il n~est pas seulement .le chef d,e l'église et d,e l'état, n~tre Empereur, il en est encore le premier commis et la première cQillmère. Il miirie, il dé~arie, il ordonne tout et gâte .tout. Talis rex. .• L~ ministre Ki~s~leff, tout en conservant la grande insti~ut1on communale, est parvenu pourtant à ne.utraliser ce <1u'il y avait de bon et de national dans son projet," par cet exc.ès d'administration, cette intempérance de réglementation, et cela dans un pays auquel tout formalisme est antipathique, et qui vraiment n'en a nul besoin; les mœurs et une longue pratique ayant surabondamment fait la besogne. Voulant mêler l'administration à tout ce qui concerne les paysans, il a introduit un voleur ilans chaque commune, il a ouvert dans chaque village une mine.australienne au profit de ses piocheurs bureaucrates, î.,a probité du ministre n'est pas en cause ici ; mais ne devrait-il pas savoii: qu'en Russie les employés subalternes ne sont que ~es brigands patentés et des voleurs émérites. La solution ile continuité entre le mon<le Jes employés et le Peuple, comme entre le Peuple et le gouvernement est évidente. Le gouvernement de Pétersbourg est un gou~ vernement temporaire, provisoire, c'est une dictature terroriste, un Césarisme qui va jusqu'~ l'absurde. Son peuple à lui, c'est la noblesse, et encore la noblesse en tant qu'en~ ncmie du Peuple. M. Haxthausen tâche de prouver, au contraire, que le pouvoir impérial, tel qu'il est, est nécessai~e, national,_ logique et populaire. Le très-catholiq11e censem- s'appme même sur la philosophie quasi athée de Hégel pour soutfnir l'empereur schismatique. :N" ous savons que Hégel a fait tourner beaucoup de têtes, en présentant la chose du monde la plus simple comme fort extraordinaire : " tout ce qui est réellement est raisonnable." Rien de mieux, et sans entrer dans des distinctions scholastiques entre l'être et le paraZtre, nous accordons que chaque phénomène ait sa raison d'êlre, et qu'une absurdité absolue soit absolument impossible. Il ne faut pas être passé maître en métaphysique pom connaître que s'il y a effet, il y a cause. Geoffroy Saint-Hilaire a d(icouvert et décrit des lois trèe-précises sur la rnonstruosité des embrions; il justifia ,le cette façon le développement anormal du fi..etus, mais le monstre n'en reste pas moins tel. Dans la notion normale de l'homme, la monstruosité est incluse comme pos3ibilité perturbatrice et apportée du clehors, mais nullement comme règle. Une recherche pure et simple de telles monstruosités était en Russie à son lieu et place, mais Haxthausen s'arme <lela maudite philosophie hégelienne dans un tout autre but. Il en conclut que le pouvoir impérial en Russie est le meilleur gouvernement possible! " Il ne manque à ce pouvoir," ajoute gravement notre saint docteur," pour être parfait, que d'être catholique! 1 '
... - Donoso Cortès, de son côté, annoncait à Madrid la fin du monde, si on ne s'empressait de ;atholiciser l'Anglet~rre. Depuis la séparation du gouvernement russe d'avec le peuple, deux R nssies se posèrent en face l'une de l'autre. D'nn côté, la Russie gouvernementale, riche, armée nonseulemellt de la bayonnette, mais encore de toutes les ressources de la chiéane t!mpruntée anx chancelleries des états despotiques de l'Allemagne. De l'autre, • 1a Russie pauvre, agricole, laborieuse, communiste et démocratique, la Russie désarmée, conquise sans avoir été vaincue. Quoi 1846, l'agitation était grande dans la uohles~e, les journaux eux-mêmes s'tmhardissaient ,'t. publier des articles sur l'émancipation. Il eùt été alors bien facile au O'OUvernement d'aider un peu la noblesse, de prnndre en 1~ain l~ mouve;11ent.:. 1~ais la haine de tout ce qui s'appelle hberté, emanc-1pat1on, est tellement inYétérée dans cette famille d'autocrates incurables, que Xicolas se h,lta de jeter au feu tous ces projets ù la première uouvelle du 24 Février. Alexandre H r. RZ EN. A l'Editeur ùu Morning Arlrertiser, Londres, 28 décembre l85;J, d'étonnant si les empereurs ont donné, à leur Russie à eux, à la Russie courtisane, militaire, aux habits frani;ais, aux façons allemandes, - la Russie noire, barl>aré, barbue, moujik, incapable d'apprécier cette civilisation d'importation descendue sur eux par la grâce du trône et ~Ionsieur, pour laquelle le paysan ignorant professe le plus profonll o sagesse de l'Evangile que tu es grande! m&pris. Combien il est vrui qne nous voyons une paille daM l' œil de 1l n'y a. pas des majorats en Russie. Piene Ier avait notre voisin, et que nous ne sentons pas une pout,·e dans Je nôtre! essay~ de Jes implanter chez nous, mais les mœùrs s'v ::\I. Richards ne pardonne pas au citoyen Ledru-Rollin ~on livre refusent, et ù sa mort l'édit fnt révoqué. Nicolas, lui, ~ Declin of England, et lui, il ne fait autre chose dans sa Jettre qu'é: P ermis à deux ou trois familles de la plus hante aristocratie crirc (f The d~clin of the french Republic." Tout lni paraît bon pour nous démgrer. Je ne veux plus le comparer au Times, car je de se passer ce caprice, mais ce n'est là qn'une anomali,e, ne veux pas le blesser, toutefois je lui demande la permission ile une ahsurdité de plus. dire que le 1'inies nous a rarement traités pl11~mal qu'il ne le fait. La règle c'est l'égalité entre les fils dans le partage des Ecoutei-le encore : "Voyons cc qu'ont fait les nais Républib· 1 C' 'd "cains : A-t-on oublié que 1\1. Ledm-Rollfo expulsa de France 1ens paterne s. est une pente rapt e qui entraîne h "tous les ouvriers étrangets? Ne nou~ rappelons-nous pas les Annoblesse vers l'appauvrissement. Un seigneur qui possé~ "glai~ travaillant aux chemins de fer cle France, r,mvoyés chez <lait deux mille paysans avait clone une belle position ; "eux par cet acte libéral? Telle est la solidarité française des après le partage, ses deux fils n'ont chacun que la moitié "peuples quand elle a le pouvoir.'' .Tamaishomme al'euglé par un des revenus paternels, ils lègueront à leurs enfants trois sentiment hostile ne 11'estfait plus de tort à lui-même que 1\1. Ri- . chards dans ce passage. Son statemen est d'un bout it ]'autre une cents, cinq cents paysans. A coté de cela, le prix des misreprésentation difficile à excuser. Voici les faits vrais : choses monte bien plui;; vite que le revenu des biens et Le chemin de fer de Rouen appartenait en grande partie à une l'accroissement de la population. La civilisation amène à compagnie anglaise qui avait amené avec elle des ouvrier~ an1 l . l glais. Crnx-ci faisaient nécessairement une concunence redousa suite, tans es maisons sehrneuria es, un luxe et 'des bl 8 1 ~ ta e aux n tres; es nôtres, nn instant mal inspiré,, demandèrent besoins inconnus à nos grands parents, de telle sorte l'expulsion de leur~ rivaux. LI' mouvement se propageait ]o;·~que que le quart des biens ne laisse pas au petit-fils le di. le gouvernement provisoire, instruit de ces clameurs, publia lu xième des revenus disponibles de son aîeul. N'oubliez proclamation ijuivante rédigée pairle citoyen Louis Blanc : pas d'ai11eurs ce côté fort important des mœurs de la no. "LIBERT:f.:, ÉGALITÉ, FRATER:S'ITf.:. blesse : nul peuple, en Europe, n'est plus incapable AU NoMou PEUPLE ·rRANÇAis. d'ordre et d'économie que le Russe et le Polonais. 11 faut Sur la proposition tle la commission de gouveme~ent pour les l 1 1 Ù travailleurs ; voir comme < aus e cours < e eux ou trois générations Considérant que le pl'Ïncipe inauguré par la Rt:ipubliquetriomles fortunes grandes et petites se font, se défont et- pas- pliante est Je principe de la Fraternité ; sent de main en main. Les Russes sont avides, très avides Que nous venons de combattre, de v:iincre a11nom et pour Je d'argent, maif; bien moins propriétaires que leurs voisins. compte de l'humanité tout entière; L'argent, ils l'aiment pour le jeter par Ja fenêtre. On ne Que ce seul titre d'homme a quelque chose d'inviolable et h d'auguste que ne saurait etfncer la différence des patries; connaît pas l'économie c ez nous : il n'y a que iles ladres Que c'est d':ülleurs l'originalité glorieuse di! la France, son f't des dissipateurs. gfoie, son devoir, cle faire b!inir par to11sles peuple~ ses victoires Généralement Îa terre une fois partagée, les fils con- et, quand il le faut, ses douleurs même; ' tinuent le train de vie ùe leur père. L'un d'eux a~t-il besoin Considérant que, si elle nourrit en ce moment beaucoup d'étrangers, un nombre bien plus grand encore de nationaux vivent d'argent, il hypothèque son bien à la banque, l'argent est ne le\1r travail _enAngleterre, en Allemagne, en Suisse, en Améaussi.tôt dissipé, l'intérêt dévore le revenu, le bien -ne rique, sous les cieux les plui::éloignés ; • tarde pas à être vendu aux enchères, le surplus, s'il y en Que provoquer des représailles en repoussant loin de nous nos a, est remis à l'ex-seigneur; après l'avoir mangé, il s'a- . frère$ des autreti pays, serait une calamité en même temps qu'un déshonneur, p11rçoit de sa ruine. Le gouvernement provisoire place sous la sauve-garde des Tel, pour relever ses affaires, s'est adonné à un jeu travailleyrs français les tra•:ailleurs étrangers qu'emploie la effrené, un autre commence à boire de dilse~poir et p~rit France, et il confie l'honneur de la République à la générosité dans la crapule. Un troisième, mieux avisé, prend un àu peuple. • Paris, le 8 avril 1848." emploi et vole de toutes mains ; celui-ci prospère, mais 1 - Ce d~cret, aussi beau de fond que de foï•me, est inséré au Monic'est son fils qui se ruinera. une petite minorité a -essay~ te-11r, il est impossible d'élever le. moindre doute sur son authentirle faire exception entre 1812 et 1840, c'étaient des cité et jl no\lil appartient de le dire à l'honneur de la France : hommes pour la plupart élevés hors de la Russie, grands quoiqu'il ne portât ·aucune espèce de sanction pénale, il suffit pour admirateurs des économistes, des Say et des Malthus ; Ïls ramener la classe ouvrière à sa générosité naturelle, pour étouffer Ù • d • l fi b aussit6t de mauvais désirs que ne justifierait pas mais qn'cxpliqne evi'nrent m ustne s et se rent aux mœurs onrgeoises : jusqu'à un certain point l'état de di;tresse où se trouvait alors le exception peu nombreuse, peu suivie. peuple. Quelques ouvriers anglais quittèrent volontairement les Mais que d_evient la commune au milieu de cet. éternel chantiers, mais auctm n'y fut forcé, le plus grand nomlmi resta. va~et-vient de propriétaires, dans ce morcellement, ce Voilà, dis-je à mon tour et avecprgueil, comment les Républicains français au pouvoir pratiquent la solidariti:;des peuples ! changement continu ? Les mille serfs qu'un seig.neur C'est un véritable rt!quisitoire que le libeiral :Mr. füchards s'est possède sont quelquefois répandus sur trois ou quatre plu à prononcer contre nous, mais comme ton~ les accusateurs de communes inégales, ayant chacune son individualité, son parti pr~s, il n'a pas regardé de bien près à ses moyens. Voyons L un autre paragraphe : organisation et ses terres à part. e seigneur, lui, aura "200,000 pétitions pour naturalisatiun furent présentées au gounne gérance unique pour tous ses biens. Vienne un par- " vernem.entprovisoire <leFrance. 2,COO seulement furent accueiltage, on s'efforce de parfaire les lots par commune avec " lies par les Républicains français. Pourquoi cela? Lord Brougdes arrangements pécuniaires, des concessions de diverses " haro fut, je crois, parmi les rejetfa? ,, sortes. Cela peut se pratiquer, mais J·usqu'à un certain Mr. Richard<;écrit 5ans doute sur des renseignements qui ne· hü sont pas fournis en anglais. Il n'avait pasbien compri~ d'abord, point seulement. On arrive au partage de la commune il avait fait de ses 200,000 pHitionnaires des "montagnards .franelle-meme, souve11t deux, trois frères possèdent indivis çais" s'adressant au gouvernement provisoire de Rome, l't il deun village plus ou moins important. Mais ce partage peut mandait pourquoi ils avaient été repoussés, il s'est repris et c'est s'effectuer aussi en dehors d'eux. Si la portion de l'un maintenant le gouvernement provisoire de France qni a repougsé 200,000 ~trangers. L'un n'est pas plm vrai que l'antre et la sed'eux est saisie pour dettes, le nouveau propri&taire se coude version n'est pas moins ":.bsurde '' appliquée à la R!:pnsoumettra-t-il à l'indivisiou, au régime commun? Il blique française que la première ne l'était appli<1uée à h Répus'empressera le plus souvent d'y écha1lper. bliquc romaine. .T'emprunte l'cxpressicm "absurde " il mon adversaire. Le plus gros propriétaire cl'une commnne vexe et gène Voici encore une pièce officielle, indéniable, qui mou1re les faits les autres de vingt façons, et ti,mdis que les affaires de dans leur rfa1ité : ces portions cle seigneurs sont surchargées d'embarras, " Au No~1 ou PEUPLE rRA ~ç,Hs. de complications, de désordres inextricables, celles des Le Oouvérnement provisoire de la République, paysans se traitent en commun. Attendu que beaucoup tl'êtrangers ont pris une part active aux glorieux évlinements de Février ; Le parcellement cles communes, l'accroissement des Attendu que ces étrangers, quoique résidant en France ,lepuis biens enclavés et croisér-; les uns dans les autres en tous plusieurs années, n'ont pas accompli ou pu accomplir les condisens, a forcé l'attention du gouvernement, et il a ùü tions exigées par les lois, pour être admiR it jouir des droits de ciprendre des mesures pour empêcher la ruine complète du toyen français; • , fi Attendu que, s'il est urgent, tout en respectant les principes p·aysan. C'est ainsi qu il a été xé un minimum de serfs de la législation existante, de faciliter la naturalisation des au-dessous duquel il n'y a plus de: partage. Smvient ~trangers qui ont des titres certains à l'estime publique. il faut alo1s le gouvernement qui, moyennant indemnité, pro- en m@metemps éviter d'étendre cette me~ure il ceux dont la nonce l'expropriation. On le voit, les droi~s de la noblesse position n'est pas suffisamment établie; Décrète : ne paraissent ni si sacrés ni si sérieux au gouvernement Le ministre de la justice est provisoirement autorisé à accorder mis en demeure de se :prononcer, autrement comment le la.naturalisation à tous les étrangers qui la demanderont et qui droit s'affaiblirait-il avec le nombre des paysans ? justifieront par des actes ofüciels ou authentiques qu'ils résident E 8 l f l bl en France depuis 5 ans an moins et qui, en outre, produiront à ◄ n l 45, i ut permis à a no esse de Foula de se l'appui de leur demande, l'atte~tation par le maire de Paris on le réunir sous la pr~sidence du pr6fet et des maréchaux. Il préfet de police pour le département dr la Seine, et par les <·oms'agissait d'aviser aux moyens <l'émanciper les serfs de la missaires du gouvernement pour les autres départements, qu'ils province. sont dignes sous tous les rapports d'être admis à jouir des droits de citoyens français. Moscou attendait la. même autorisation, De 1842 à . Fait à Paris, en conseil du gouvernement, le 28 mars 1848.'' Je ne sais combien de lettres de natm111isationont été accorllées, rn~i~.ce que je puig affirmer, c'est qu'il y eut tout au plus 1,000 petihons de ce genre, et l'on Yoit comment les Rêpublie,dn~ y répondirent (1). Si .Mr. Richarcls voulait appliquer la ce!lt,ème partie de son intelligence à l'examen de tout ce qu'on lm rapporte contre nous, il aurait réfléchi qu'aucune législation du ~onde, pas même celle des Etats- UniB,ne permet pas d'improviser en matière de naturalisation, et il n'aurait pas donné cré:mce à la fable des 200,000pétitionnaires. _Pour_cequi est du gracioso lord Brougham, il eut peur de la Rcpubhque comme les ,:,nfants ont peur c1eCroquemitaine ; il non~fit l'honneur de croire que nous allions dépouiller le,- richrs ainsi qu'il avait été prédit dans tous les almanachs des modéré; et espérant protéger par lit les propriété~ qu'il a en France, il demanda, il est vrai, à devenir citoyen d'un pays qui, ~elon lui, "ne sera jamais libre." Mais il y mettait une condition, celle de eonserl'er son titre de "citoyen anglais.'' On répondit fort poliment à ce grand légiste que ses propriétés ne couraient aucun danger, que les naturalisations ne se bâclent pas ain~i, que ce genre de cosmopolitisme qui donnerait des droits dans plusieurs contrées à la fois n'était admil'lpar ancune nation, que nulle part on ne voyait de citoyens ubiquistes ou hybride~, qu'enfin il falbit être d'un pav~ ou cl' un autre. _ • Vous le voyez, i\lonsienr, votre correspondant n'a pa~ seulement mal apprécié certains faits, il a. parfois avancé des choses matériellement contraires à la vfaité. C'est ainsi qu'il a osé dire encore : " Quant à l'abolition de la peine de mort dPmandée par quclqucJ "Républicains, une telle loi aurait empêché larlt>rnii"rrlivolution " de dévorer ses propres enfants préci~ément de la même manière' '' qu'avait fait celle de 93... " Il nouBest difficile, on en conviendra, d'entendre avec calme de pareilleg assettions et de ne pas les qualifier de haineuses. Qui ne comprendra notre indignation à nous voir ainsi toujours odieusement représentés comme des tigres altérés de sang.. Je défie 1fr. Richards, je le défie i\ haute voix cleciter le nom d'un seul de ses enfans ou même d'un seul de ses ennemis que la Révolution de 1848 ait Mvoré. Je veux croire qu'il regrettera de s'être laissG tromper aussi cruellement. Cette évocation perpétuelle du spectre de 93 rst au moins 6trange de sa part. Il t:st loin en effet d'avoir l'horreur dn ~angmême le plus impur que l'étude de l'histoire, la vraie philosophie, le respect de l'espèce humaine ont donné aux hommes incriminés par lui. La masse des Républicains français, je ne crains pas d'être d~menti en le disant, sait que l'échafaud est 11nepure barbarie sans logique, nn monstrueux tonneau des Danaïdes. Pour témoignage, je n'en ai pas seulement le noble décret clugouvernement provisoire, mais aussi la proposition faite par desRépublicains pour l'abolition complète de la peine capitale, chaque fois soutenue par tous les organes de la presse démocratique, votée non pas par some, mais par l'unanimité des Rilpuhlicains du parlemrnt, et repoussée seulement par ceux là même qui usurpaient le titre de modér!is. 1\lr. Richards, au contraire, un vrai modéré, n'hésite pn~à déclarer qu'il veut encore 1111 peu de guillotine. "Quant à " l'abolition de la peine de mort, dans mon humble opinion, il y a " encore un petit nombre d'oppresseurs qui doivent souffrir avant "qu'une mesure aussi désirable puisse être prise sans <langerpour " l'humanité. La Hongrie, l'Italie, la Pologne n'ont-elles pas <lr~ " compensations à exiger. Hélas! celles de la dernière sont im- ,, possibles. Les oppresseurs sont morts de vieillesse, grâce à l'apa- " thie de l'Europe et de la France.'' Tel est le langage de M. Richards. Après avoir poussé ce sauguinait-e hélas, est-il bien venu il parler avec une insiotance si irritante de 1793, à propos de 1848? Je crois avoil' répondu à tou~ les points de son arte d' accusation. Puissé-je avoir convaincu lui et ceux de ses compatriotes auxquels je m'adresse. Je voudrais ardemment que les libéraux anglais nous vissent tel8 q11enous sommes, et non tels que l'absolutisme nous a dépeints, cela servirait à détruire des antipathie<; nationales funestes à la. sainte cause de la liberté défendut; par nous comme par eux avec sincérité. Recevez encore mes remerciements, ~1 onsieur. pour a1·oirbien voulu donner place à mon long plaidoyer, et agréez etc. V. ScumLCHl•:R. (1 J Dans une réplique à laquelle il n'y a pa, eu lien de répondre, M. Richards confesse que ses informations contre le gouvernement républicain lui ont été fournies par un l!trangcr, et que cet étranger n'est pa,; un Frauçai~. Je me 1éjouis d.o ce dernizr point. M. Richards ajoute tjUe son auteur maintient le chiffre de 200,000 pétitions adress~es au gouvernement provisohe pour naturalisation. J'avais dit que ce chiffre Hait une fable, je dis maintenant que c'est un mensonge. V. S. VARIÉTÉS. BFRKE ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. Ce fut. le 6 mai 1791 qu'eut lieu u11des événements les plus mémorables, peut-être, qu'aient jamais présentés les ai1nales politiques de l'Angleterre, tant la sensation fut profonde ! tant 1es résultats furent importants ! Le bill de Québec était en discus~ion dans la chambre <les comnnmes, lorsque tout ù coup, et contre l'usage ordinaire, qui est qu'on parle debout et découvert mais sans quitter sa place·, Burke s'avança au milieu de la salle. Sa figure avait une expression lle simplicité calme, ses bras ét:iieut croisés sur sa poitrine, et lorsqu'il commença son discours, re fut d'une voix si faible, qu'à peine pouvait-on l'entendre. Mais bientôt, s'animant par llégrés, il peignit à grands traits l'esprit de vertige qui aveuglait Ja plupart des gouvernements de l'Europe ; il montra l'Espagne tombée en léthargie et devenue semblable à une haleine échouée sur le rivage ; il montra la Jfrance .... Ici, l'attention des auditeurs redoublant, l'orage intérieur que Burke portait dans son sein éclata avec une violence terrible.... La France! elle recevait maintenant le lJrix du fatal engouement avec lequel on y avait couru au-devant des doctrines nouvelles. Et il traçait le tableau de leurs horribles, de leurs scélérates conséquences-car ce furent ses expre.;;. sions.-Quand les cris de chair! chair! hear .1 hem· ! order / go on ! s'élevant à la fois de tous les, bancs, au milieu d'un indescriptible tumulte: "Voilà, dit-il avec un mélange de raiUerie et de tristesse, une scène semblable à celles dont la France donne aujourd'hui le spectacle ! " Puis, il reprit le cours de ses invectives. Interrompu de nouveau, il déclara d'un ton solennel qn'il ét~it de son de- •
voir de saisir cette occasion d'avertir la chambre des communes qu'un sérieux danger menaçait le pays, parce qu'il s'y était formé une faction dont le but était de miner, de renverser la constitution. " S'il en est ainsi, s'écrièrent plusieurs membres, la chose est assez grave pour qu'on en fasse l'objet d'une délibération séparée ; " sur quoi, lord Sheffield proposa <le décider, par une motion d'ordre, que les dissertations sur la constitution française et les événements qui se passaient en France n'étaient pas dans un rapport exact avec les clauses du bill de Québec, lequel devait être lu une seconde fois, paragraphe par paragraphe. Aussitôt Fox se leva, comme pour appuyer seulement cette motion ironique, mais en réalité pour relever le gant. Après un court préambule, arrivant à la Révolution française, il la vengea dans un discours plein d'accablants sarcasmes qu'enveloppaient les formes du respect : Ainsi, les droits de l'homme n'étaient que de vaines chimères! C'est ce qu'il ne consentirait jamais à croire, lui, Fox, le disciple fidèle de Burke ; lui qui avait appris de Burke lui-m~me à se réjouir des succès de Washington, à donner des larmes à la perte de Montgommery, à regarder comme impossible que la révolte de tout un peuple fût :purement factice. Oui, c'était bien Burke, son honorable ami, son maître en politique, qui, un jour, avec autant d'énergie que d'éloquence, avait d.it : " Je ne saurais lancer un bill d'accusation contre tout un peuple ! " C'était bien lui aussi, qui, en 1780, trouvait que l'influence de la couronne, en Angleterre, s'était accrue outre mesure et devait être diminuée : comment s'étonner, dès lors, qu'aux yeux des Français prudents, la trop grande influence de la couronne n'eüt point paru sans danger? Son honorabli ami professait un culte enthousiaste pour la constitution mo11archique de l'Angleterre, rien de mieux.. l\'.lais chacun pouvait se souvenir qu'en 1783, le discours de la couronne ayant fort déploré la perte que faisaient les Américains en étant privés des avantages du gouvernement monarchique, Burke sut admirablement tourner ce discours en rfdicule, le comparant au langage d'un homme qui dirait : " Tenez, au moment où nous nous séparons, laissez-moi vous recommander une monarchie." Burke, sous cette accusation d'apostasie qui lui lançait un ami, essaya de se débattre, mais sans retrouver sa force ordinail'e. Il avait reçu en pleine poitrine la flèche empoisonnée, et sa douleur s'échappa en accents plaintifa. Il rappela ses services ; il parla de son âge avancé ; il se plaignit d'nn homme qui mettait fin par d'aussi cruelles attaques à une amitié de vingt-deux ans. "Toutefois, ajouta-t-il, si cette jonrnée-ci est douloureuse pour moi, elle n'a rien qui me déshonore. Abandonné par un côté de cette chambre, désavoué et flétri par l'autre, je n'en ai pas moins rempli mon devoir. Au salut de mon pays, j'ai sacrifié les sympathies de mon parti et les affections de mon cœur : peut-être l'Angleterre appréciexa-t-elle la pro- l fondeur de mes convictions, quand elle songera au prix qu'elles m'ont cofité." Fox voulut répondre ; mais l'émotion l'avait gagné, il fondit en larmes. Une anxiété poignante se peignait sur tous les visages, et i1 se passa quelques moments où le silence ne fut interrompu que par des sanglots. Le::: premières paroles de Fox ne furent qu'un tendre, un touchant appel à des souvenirs de noble intimité ; mais une fois rentré dans le débat, l'orateur redevint, comme à son insu, amer et blessant. D'où cette dernière réplique de Burke : " L'affecti.on que M. Fox m'a témoignée dans le commencement- de son discours a été bien effacée par la suite et la fin. Il a eu l'air de regretter les durs procédés de cette soirée : je crains bièn que nos ennemis ne s'en souviennent toujours." Ensuite, répondant au magnifique éloge que Fox avait fait de la Révolution française, et se défendant d'avoir jamais attaqué les républiques : " La France n'est pas une république, dit-il, c'est - et il récita les ver., de Milton - c'est l'obscure, gigantesque et formidable image de la mort, ayant un semblant de couronne sur un semblant de tête, avec un hurlement pareil à celui des chiens infernaux qui aboient sans fin ni cesse autour de la cein-. ture du Péché. C'est un monstre informe né du chaos et de l'enfer. Dans le cours de ce débat mémorable, et au moment où Burke prononçait ces m0ts : Fly from the French coustittttion (Fuyez la constitution française), Fox ayant dit à demi-voix : " Ceci n'est pas une rupture d'amitié, - C'est une rupture d'amitié," avait repris Burke, d'un ton sèvère. Et en effet, le lien qui avait uni si longtemps ces deux hommes célèbres fut alors rompu, et pour toujours. Un écrivain français, très distingué d'ailleùrs, prétenù que Pitt sembla demeurer impartial et presque indifférent. C'est une erreur. Son attitude avait été celle-là, lors de la lutte (le 1790 ; mais, cette fois, sans défier nominativement la Révolution française, il déclara hautement que " Burke avait bien mérité tle son pays, pour avoir exprimé avec tant d'habileté et d'éloquente son opinion snr le danger qui existait déjà. " Il parut même, dès lors, prendre plaisir à lui tendre publiquement les bras. N'étaitce pas annoncer qu'il enlevait à l'opposition un de ses chefs, que de dire : l\'I. Burke peut tenir pour certain que je m'unirai à lui, du fond du cœur, dans tout ce qui sera de nature à préserver ce qu'il estime être la ·constitution la plus parfaite qui soit au monde, de manière à ce qu'elle soit léguée aux générations futures, comme }a.meilleure garantie de la prospérité, de la liberté et du bonheur ùe l'Angleterre. " • Le soir, au sortir de la ::1éance,Curven, un lles membres ùu parti de Fox dans cette question, était à. attendre sa voiture, lorsque Burke vint lui demander d'y prendre plnce : il pleuvait. A peine étaient-ils assis, que Burke se mit à revenir avec une chaleur extrême à ses invectives contre la Révolution. Curven gardait le silence. Soudain, Burke se tourne vers lui, le loue vivement de n'être pas de ceux. qui approuvent les doctrines révolutio1111airesdes Français, et se tait pour lui laisser le loisir de répondre. Curven n'eut pas plutôt fait sa profession de foi, que Burke, transporté de fureur, saisit le cordon de la voiture, et s'écrie : " Ah! vous êtes de ces gens-là? Yite, descendez-moi! " Ce fut difficilement que Curven parvint à le retenir ; mais il continua la l'Oute, muet et sombre ; et, aussitôt que les chevaux s'arrêtèrent, il s'élança violemment hors de la voiture, sans proférer une parole. L'illustre querelle que la Révolution française venait d'allumer eut une influence considérable sur la politique de l'Angleterre. Le Morning Chroniclt: déclara que le grand parti des whigs s'étant rangé du côté de Fox, Burke n'avait plus qu'à se retirer du parlement. C'était donner un puissant auxiliaire à· Pitt) et ajouter aux matériaux de l'incendie qui allait envelopper toute l'Europe. Lès A.vignonnais l'avaient acheté à un prix formidable, cette qualité de Français si ardemment désirée ! et pourtant, jamais, depuis, un regret n'entra dans leur âme, restée pour toujours française.. En se donnant à la Révolution, en devenant nos frères, ils s"associaienl à ùes douleurs épiques, ils consentaient à porter avec nous la croix sur la rouie de notre calvaire ! Et l'hésitation leur fut impossible! Oh, qui l'expliquera, ce ·pouvoir fascinateur dont la France est investie? La révolution qui, en Angleterre, fit Cromwell, avait certes été bien:profonde et bien vaste; elle avait apporté à l'esprit humain d'étranges sujets de trouble, de joie, d'exaltation : .d'où Yient donc que, sur ces milliers de vaisseaux qu'elle avilit à ses ordres, la grande révolte des Anglais fut impuissante à passer la mer? D'où vient que, tandis qu'elle-éclatait, on voyait tout en face, sur de voL~i:ns_rivages, Je règne de Louis XIV ouvrir sa m •rche pomp_euse et r~glée ? Ici, quelle différence ! La Révolutio~ française a heau se montrer sous un aspect effrayant, elle a beau. ne. promettre aux peuples qui se laisseraient séduire qu'u~1eliherLé orageuse, son apparition met en mouvement toutes choses, non-seulement autour d'elle, mais fLU loin. Elle parle, et d'innombrables échos qu'on ne sonp~:'onnait pas portent sa voix jusqu'aux extrémités de la terre. Elle remue, et la vieille Europe chancelle. Elle fait signe qu'on v1enne à elle, et ~es peuples entiers, comme poussés par mie force secrète, se précipitent à sa rencontre. Combien _terrible, mais .combien glorieuse, est votre destinée, û_moi1 pays ! 1,ou1s BLANC. (l) (1) Extrait du 5e vol. del' Histoire de la Révolution ji·anc;aise. JERSEY, IMPRIMERIUENIVT:RSELL19E,,DORSETS,LREET. AVIS Il sera publié avec chaque numfro un supplément spécial po11rles ANNONCESdans l'intérêt çlu Commerèe, de l'In,dustrie et Ùe la Science. Les Annonces de , tous les pays seront acceptées à la condition d'être écrites en français, conformément au spécimen _ci-après. Les Avis et Annonces sont reçus jusqu'au vendredi à midi, à Londres, à la librairie et agence de !'Imprimerie Universelle, 50 112, Great Queen Street Lincoln's-Inn-Fields, et à l'office de l'Impt·imerie Universelle, 19, Dorset Street, à Jersey, S-Hélier, jusqu'à l'arrivée du courrier du mardi. Toute correspondance doit être affranchie et contenir 1111 bon, soit sur la poste anglaise, au nom de M. Zéno SwIETOSLAWSKI, soit sur ùn des banquiers de Jersey ou de Londres. Le prix des Annonces est uniformément de six sous (trois pence) la ligne, poq_rles trois sortes de caractères courants employés dans ce journal. Les lignes en capitales et en lettres de fantaisie, seront payées en proportion de la hauteur qu'elles occuper:ont, calculée sur le plus petit texte. BIACNHI proscrit politique vrir un cours d'.Equitation à son manège, sur la a le triple avantaged'unir l'éléganca, la légèreté et français, rédacteur Pai-ade. la solidité. f en chef pendant -----------------~ Les semelles sont fixéesavec du laiton et ne huit ans du journal quotidien le Messager du Nord, LEDRJ. PHILIPPE, . laissent aucune aspfaité ni à l'intérieur ni à l'ex- :paraissant à Lille (France), donne à domicile des térienr. - On peut marcher ù l'eau sans nuire à la leçons de langue française, d'arithmétique, d'his- DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE solidité de la chaussure. A. 1oire c1egéographie, de littérature, etc. DE PARIS _M_A_J_S_Q_N_D_E_C_O_M_M_I_S_S_I_O_N_ Il se charge également de toutes correspon- D d lt t· t '.1 t 1 • 1 I ~ . • 1 d onne es consu a wns gram es ous es soirs, N 3 SURLEPORTAJERSEY d,mce~,ccntures ,co1;1mercieas et a?tres, ~t es de 6 à 10 heures, - à la PHARMACIFERANCAISE, 0 ' ' ' • mémoires dont on lui confiela rédaction. 28 Greek Street Soho Sq. à Londres. C. Heu1•tebi~e, Commissionnaireen mar. S'adresser au professeur, 20, Don-street, St.- ' . ' ' . chandises, se charge de vendre et acheter to11te Hélier (Ile de Jersey). N.-B. trodmts pharma~eu~ques, fleurs, plan- sortedemarchandises,et de faire de recouvrements Réjërenccs chez MM. ,v ellman, P. Asplet, te,;,etc., e tout provenant e rance. en France ou en Angleterre et en Amérique. Geo. Vickëry. 15, C0LOMBERISETREET,ST.-HÉLieHJ,ERSEY, Correspo~da~ts à Paris! Bordeau~, Lyon, Lille, _________________ 1 Londres, B1rmmgham,Liverpool, ~ew-York, etc. FBONY PROFESSEUD.ll'ÉQUITATIOaNn,- GUAY proscrit du 2 D6cembre, faiseur 1 cien élève de l'lfoolede Saumur, ,ae BOTTES sans couture, pourlALPHONSE mouleur en platre, se chai-ge a l'honneur de prévenir le public qu'il vient d'ou- hommeset pour dames. - Ce genre de chaussure , de toute espèce de moulage en pllltre, en cire, en mastic et en gélatine sur nature morte ou vivante. Il moule aussi les ornements, les ~tatues et fournit des épreures à un prix modéié.---20,Donstreet, St.-Hélier. HOTELDEL'EUROPE DON STREET, No 11, TENUPARG,ROUSSEL, G. RoussEL a l'honneur de prévenir MM. les voyageursqui viennent visiter cette Sie, soit pour agrément, soit pour affaires,aussi bien que les habitant~ de cette localité, qu'ils trouveront dans son Hôtel, bonne table, bons vins, et tous les soins, ainsi que tous renseignementspossibles. ~ Table ù'Hôte à 10, 1 et 5 heures.-Repas a toute beure.-Il sert aussi en ville. CATALODUEDES OUVRAGES.POLITIQUESET SCIENTIFIQUES EN PENTE A la Librairie et Agence de !'Imprimerie Universelle, 50 172, Great Queen Street, Lincoln's-Inn.,Fields, Londres, et à l'Office de l'imprimerie Universelle, 19, Dorset~Street, Saint-Hélier, Jersey. VICTOR SCHŒLCHER, représentant dupeuple. <l'une dédicace il. Napoléon Bonaparte, 1 \'Ol, Atlas du type Gaulois. /Notice historique de Benjamin de Tolède. Histoire des Crimes du 2 Décembre, 1 vol. in-12. in-12. Géographie du Moyen-Age, avec Atlas. 'l'avola di navicari di Nicoli et Antonio Ztmi, et Traduction du même ouvragé sous le titre de : Traduction du même ouvrage, 1 beau vo1 • in-8. Pythias de Marseille et la géographiede son temps, les cartes des régions septentrionales. History of the Crimes of the Second of December, PH. BERJEA U, ex-rédacteur de la Vraii Rr,pu· accompagnéde 3 planches. De l'Autorité, brochure. 1 vol. in-12. . blique. - Biogra,plûes bonapartistes (en v,mtc),iALEX. HERZEN, Du développement des idées ré- Du Souverain, brochure. LeGouverne'ment du Deux Décembre, pour faire suite contenant la vie de Persigny, Sai:it - Arnaud,\ volutionnaires en Russie. Question turque, par Golovine, brochum. à !'Histoire dit Deu.r Décembre, 1 vol. in-12. :Morny, Magnan, Baroche, Achille Fould et ROCH RUPNIEWSKï, Poésiespolitiques en po- Les Réfugiés il Londres, brochure. PIERRE LEROUX, représentant du peuple. antres qui out pris part au Coup-d'Etat, l vol./ lonai3, 1 vol. in-12. L'Occupation de Constantinople, brochure. Cours de Phrénologie. les douze première~livrai- in-32. 1HOLINSKI, La Californie et le: routes interocéa- Lord Aberdeen, the nuns of Minsk Nicholas, and sons (ouvrage interrompu). . J.. CAHAIGNE, ex-rédact~ur• propriGtair~ d,u I niques, 1 beau ml. the Russian, state churcl1.By V. 0 Zienkiewic:.:. Lettre aux Etats de Jersey sur les moyens de qum- Journal la Communede Pans.-la Couronneimpe- • Howdo the Czars of St. Petersbourg, educate the tupler les produits agricoles, 1 vol. in-12. riale, satire en vers, dédiée à Louis-Napoléon.! --- Poles. By the same. VICTOR HUGO, r&présentant du peuple. - Werhuel dit Bonaparte, l vol. in-12. IJnvasio11de l'Angletel're, sous Je titre : l'Empire Zasady Religji Chrzeséjanskiej. Napoléon-le-Petit. 1 vol in-32. 1J, P. AHïER, Esq. Surintendant à Jersey. - 1 I français et les Polonais ( French empire and Czartoryszczyna w obec Emigracji Polskicj we Chtltiments, poésies politiques, ouvrage nouveau,, Tableaux historiques de la Civilisation à Jersey, the Poles ), l vol. in-8. Francji. 1 vol. in-32. J vol. grand in-8. ;Relation de la campagne de Sicile en 1849, 1 voi. JEANNE DEROIN. Almanach des Femmes, pour JOACHIM LELEWEL. Histoire de Potoine ,1 in-12. Sous presse : 1853, 1 vol in-16. grand in-8, 2 vol. avec Atlas. !Recueil de documents secrets et inédits, !Jour Le mêmepour 1854, 1 vol. in-Hi. Antiquités de Pologne, accompagné de deu;; I servir à l'étude d_c l'Histoire p~lit~qu: de Ltid ~oiski w Emi~;ac~i, 1835-1840. CH. RlBEYROLLES, ex-rédacteur en ~hef de planches. 1 l'Europe dans la crise actuelle, trois hvr:usonsPoezJe Karola Balmsk1ego. la Réforme. ..... Les Bagne$ d'Afrique, précédés. .Etude&'!lumi.matiques et arcMologiq~es, avec Atlas. in-8. Poezje Ludomila Kordeckiego.
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