Homme - anno I - n.08 - 18 gennaio 1854

donnez les grands exemples. Reposez le regard du genre Jmmain. ••• Oui, en ce moment où Je sang des hommes coule à ruisseaux à cause d'un homme, en ce moment où l'Europe assiste à l'agonie héroïque des Turcs sous le talon du czar, triomphateur qu'attend le châtiment, en ce moment où la guerre, évoquéepar un caprice d'empereur, se lève <letoutes parts avec son horreur et ses crimes, qu'ici du moins, dans ce coin du monde, dans cette république de marins et de paysans, on voie ce beau sp~tacle: un petit peuple brisant l'échafaud ! que la guerre soit partout, et ici la paix ! Que la barbarie soit partout, et ici la civilisation ! que la mort, puisque les princes le veulent, soit partout, et que la vie soit ici ! tandis qne les rois, frappés de démence, font de l'Europe un cirque où les hommesvont remplacer les tigres et s'entre-dévorer, que le peuple de Guernesey, de son rocher entouré des calamités du monde et des tempêtes du ciel, fasse un piédestal et un autel : un piédestal â l'Humanité, un autel à Dieu! JF.RSF.YM, ARINETEIŒACE, lOjanvier 1854. VICTOR HUGO. DU SERVAGE EN RUSSIE. Il est temps de faire du servage russe une question, smon européenne, au moins anglaise. Londres, siège permanent, œcuménique pour les questions d'affranchissement, d'émancipation, de liberté, ne peut rester indifférent à une question telle que le servage trans-baltique. La question russe-pour le présent-est toute entière enfermée dans le servage. La Russie ne peut Jaire un pas en avant si elle n'a d'abord aboli l'esclavage. Le servage du paysan russe, c'est le servage de la Russie e11e-même. Le servage s'établit peu à peu au commencement du J 7 e siècle, et atteignit son développement sous le règne philosophique de Catherine II. Cela semble inconcevahle ... et de longues années passeront encore avant que l'on comprenne en Europe le crime <lu servage russe! Comment croire en effet que la moitié d'une population, de même race, forte de muscles et de sens, soit réduite en esclavage, sans guerre, sans conquête, sans révolution, par une série d'ordonnances particulières, de concessions immorales, d'abominables prétentions? Pourtant c'est un fait, et un fait qui s'est accompli il y a deux siècles et demi à peine. Sur son front, le paysan russe porte une preuve de cette absurdité récente. Il n'a rien (Custine, Faxthausen, Blazius, et tous les voyageurs l'ont observé), il n'a rien d'un esc1ave dans les traits, mais seulement quelque chose d'abattu, de profondément triste. C'est qu'il est ma1heureux, il se cherche et ne prnt se retrouver dans l'étra11ge position qu'on lui a faite. Il a été pris au dépourvu dans les filE::tsde la bureaucratte, il a été poussé par un gou vernement ignare, le knout aux reins, dans les guet-apens tendu par les seigneurs. S'asseyant sans crainte, depuis des temps immémoriaux, sur les terres seigneuriales, le paysan n'écrivait jamais un L'JIO}llIE. contrat, le m~ître pas plus que lui n'en eO.tété capable. Aujourd'hui même il n'en fait pas avec ses égaux. On s'accorde, on se don9,e la main, on boit un verre d'eau-devie, et l'acte est comme notarié. C'est ainsi que les associations de~ rou1iers transportent les marchandises des frontières clela Chine à Niini sans qu'il y ait même un inventaire écrit. Dépourvue de moyens, inorganisée, l'ancienne administration moscovite n'arrivait presque jamais jusqu'au paysan; il lui suffisait à elle qu'on ne contestât point son pouvoir, qu'on payât l'impôt plus ou moins régulièrement. Le paysan, lui, vivait paisible à l'abri de la charte donnée par la nature en Russie, c'est-à-dire protégé par les marais, la bone profonde, et les chemins impraticables. L'Etat ne s'occupait point du paysan, le paysan ne s'occupait pas de l'Etat. Tandis qu'il demeurait ainsi insouciant et tranquille, un tzar usurpateur, Bovis Godounoff, et des petits seigneurs, entrainés par l'exemple des chevaliers allemands qui avaient introduit un cruel servage dans leurs possessions baltiques, rivèrent, vers la fin du XVIe siècle, autour de la commune des chaînes de jour en jour plus étroites. On limita d'abord le droit de passer d'une commune ùans une autre, on en reduisit l'exercice à un :seul jour par an (le jour de Youri, St.-Georges ). Plus tard on abo1it le 1wivilège de cette unique journée, sans pourtant mettre en doute les droits personnels <les cultivateurs. Enfin vint un grand maître, Pierre Ier ; il ferma la chaîne par un cadenas forgé à l'allemande. Des employés de l'Etat fraîchement rasés, portant le titre de lan<lrath, landfiscal, et je ne sais quels autres noms suédois ou allemands, traversèrent, affublés d'une façon ridicule, les villages, en publiant un édit écrit dans uu russe estropié, inintelligible. Les employés procédèrent à un recensement, puis ils notifièrent : " que les habitans " des terres seigneuriales seraient fermes à la terre et au "seigneur, si, dans un délai donné, ils ne protestaient pas." La venue de ces étrangers accoutrés bizarrement avait bien jeté les paysans dans une vague appréhension, ils se réjouirent en les voyant s'en aller sans avoir fait d'autre mal. Ils n'avaient rien compris à ce qui était dit et fait. Non seulement le Peuple ne comprenait rien à ce qui se passait, mais le gouvernement ne le comprenait pas mieux et n'a rien compris jusqu'à présent à cc qu'il a fait, à ce qu'il maintient. -"Je suis bien sûr, écrivait de sa main l'empereur " Alexandre, que la vente des serfs, sans celle de la terre, " est depuis longtemps défendue par la loi." Il demandait donc au Conseil-d'Etat en vertu de quels réglemens on vendait des paysans individuellement. Le Conseil-d'Etat, ne connaissant aucune loi qui autorisât une vente de ce genre, recourut au Sénat. Vainement on1 fouilla dans les archives do ce corps, rien ne s'y trouva de semblable à cette autorisation ; mais, par contre, il se rencontra force ordonnances et projets de lois eu sens opposés. Dans un uka~e de Pierre 1er, ad1:cssé au Sénat, le tzar s'indigne " qit'o•t " vende en Russie des hommes comme du bétail, " et il ordonne "la préparation d'une loi prohibitive d'un tel tra- " fic, et en général, s'il est possib6e, de ventes J'hommes ·" sans la terre." Le Sénat ne fit rien. L'empereur Nicolas apporta quelques entraves à cette vente d'hommes. M1:1isl,ui aussi, malheureusement, fit Ju mal voulant faire quelque bien. Tel est l'effet des demimesures et des actes arbitraires. Défendant au noble sans terre d'acheter des serfs, la loi en reconnait TACITEMENT le droit à qui possède des terres. Cette loi fut une faute, car elle donna une base légale ù la vente des hommes ; elle ouvrit la porte au plus monstrueux abns, en ne réglant eu aucune facon cet abominable commerce. L'exist;nce de cette classe de serfs, attachés à lapersonne du seigneur, est extra-légale, abandonnée sans réglementation à l'arbitraire des nobles. Combien d'hommes peuvent-ils arracher à chaque commune, à chaque famille pour en faire des domestiques ? Ce qui m'étonne toujours, c'est l'incapacité absolue, radicale des tzars. Alexandre méditait, Nicolas se }Jl'éparait, et après quarante ans qu'a-t-on enfanté ? l'absurde ukase ilu 2 avril l.S42 ! Mais, dira-t-on, quels sont les moyens du gouvernement? Ses moyens? on en trouverait, si on voulait! Depuis quand le gouvernement russe est-il donc si scrupuleux dans le choix de ses moyens ? Les moyens! ont-ils clone manqué, quand au l Se siècle le gouvernement introduisit le servage dans la petite Russie, et au l 9e les colonies militaires ! Par quels moyens a-t-on coupé la Pologue en provinces russes, et réduit les Grecs Unis en Grecs Ortl10doxcs? Fut-il jamais embarrassé, le gouvernement de Pétersbourg, et devant quelles mesures a-t-il reculé pour accomplir ces horreurs? Mais, à défaut du gouvernement, qu'attend le peuple, dira-t-on encore? Un veuplc qui supporte m1 état pareil ue le méritc-t-il pas? Oh! oui, il le mérite, comme !'Irlandais la faim, comme l'Italic11 le joug de l'Autriche. Je suis tellement habitué à ce ·vœ victis féroce, qu'il m'étontonuerait de 11cpas l'entendre prononcer. Eh bien! coura 6e et en avant contre toute souffra11ce, contr~ tout malheur. JI ne suffit pas que le prolétaire soit pauvre, qu'il n'ait rien à manger : à sou sort si dur :ijoutons un mot plus dur. C'est peu que le paysan russe soit serf, reprochons-lui des chaînes, démo1ttrons-lui qu'il les a bien méritées, et après ... Après, détournons nos regards d'eux tons et de leurs souffrances. Avant <le les ahandonner pourtant, remercions-les de ce que la faim de l'un, les sueurs de l'autre, l'abrutissement de tous nous aient rendus si sages, 11ous, les flems doubles de celte belle civilasation qu'arrosent le sang et les lannes du pauvre. Alexandre HERZEN. AVIS Il sera publié avec chaque numéro un supplément spécial pour les ANNONCES dans l'intérêt du Commerce, de !'Industrie et de la Sciè11ce. Les A 11nonces de , tous les pays seront acceptées à la condition d'être écrites en français, conformément au spécimen ci-après. Les Avis et A11nonces sont reçus jusqu'au vendredi à midi, à Londres, à la librairie et agence de !'Imprimerie Universelle, 50 lz2, Great Queen Street Lincoln's-lnn-Fields, et à l'office de l'Imprimerie Universelle, 19, Dorset Street, à Jersey, S-Hélier, jusqu'à l'arrivée du courrier du mardi. Toute correspondance doit être affranchie et contenir 111b1on, soit sur la poste anglaise, au nom de l\'f. Zéno Sv,-rnT03LAWSKI, soit sur un des banquiers de Jersey ou de Londres. Le prix des Annonces est uniformément de six sous (trois pence) la ligne, pour les trois sortes de caractères courants employés dans ce journal. Les lignes en capitales et en lettres de fantaisie, seront payées en proportion de la hauteur qu'elles occuperont, calculée sur le plus petit texte. ·ANNONCES. ABIANCHI proscr~t i:olitique vrir un cours d'.Equi1!1!tion à son manège, sur b a le triple avantaged'unir l'élégance, la légèreté et français, redacteur Parade. la solidité. 1 • , en chef pendant ------------------ Les semelles sont fixées avec du laiton et ne huit ans du journal quotidien le Messagerdu Nord, LEDRJ, PHILIPPE, laissent aucune aspérité ni à l'intérieur ni à l'exparaissant à Lille (France), donne à don:iioile des térienr. - On peut marcher à l'eau sans nuire à la leçons de langue française, d'arithmétique, d'his- DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE solidité clela cha,1ssure. toire de géograp~ie, de littérature, etc. DE PARIS, _M_A_I_S_Q__N D_E__ C_O_M_M_J_S_S_I_O_N_ Il se charge egalement de toutes correspon- . . . 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De l'Autorité, brochure. I vol. in-12. blique. - Biographies bonapartistes (en vente), ALEX. HERZEN, Du développementdes idées ré- Du Souverain, brochure. LeGouvernementdu Deux Décembre, pour faire suite contenant la vie de Persigny, Saint - Arnaud, volutionnairesen Russie. Question turque, pa1·Golovine, brochme. à l'llistoire du Deua·Décembre, l vol. in-12. Morny, Magnan, Baroche, Achille Fould et ROCH RUPNIEWSKI, Poésies1>olitiq11es n po- Les Réfugiés à Londres, brochure. PIERRE LEROUX, représentant du peuple. autres qui out pris part au Coup-d'Etat, l vol. lonais, 1 vol. in-12. L'Occupation de Con~tantinoplc, brochme. Coursde Phrénologie. les douze premières livrai- in-32. HOLINSKI, La Cali/amie et lts rontes i11te1·oréa- Lord Aberdccn, the nuns of Minsk Nicholas, and sons (ouvrage interrompu). J. CAIIAIG NE, ex-rédacteur - propriétaire du 11ÏfJUes, I beau vol. the Rnssi:111s,tate clrnrch. lly V. O Zienkiewicz. Lettre au.1:Etats de Jersey sur les moyens de quin- journal la Communede Paris.-la Couronneimpé- How do the C7.arsof St. Petersbourg, educate the tupler les produits agricoles, 1 vol. in-12. riale, satire en vers, dédiée à Louis-Napol!!en- . Poles. By the samè. VICTOR HUGO, raprésentant du peuple. - Werhuel dit Bonaparte, 1 vol. in-12. Invasion de l'Angleterre, sous le titre: l'Empire Zasady Religji Chrzeséja11skiej. Napoléon-le-Petit. l vol in-32. J. P. AHIER, Esq. Surintendant à Jersey. - français et les Polonai5 ( French empire and Czarloryszczyna w obec Emi<YracjiPolskiej we Cltal'iments, poésies politiques, ouvrage nouveau, Tableaux ltist_criquesde la Civilisationù Jersey, the Poles ), 1 vol. in-8. Francji. b 1 vol. in-32. l vol. grand m-8. Relation de la campagnede Sicile en 1849, 1 vol. JEANNE DBROIN. Almanach desFemmes,pour JOACHIM LELEWEL. Histoire de Polog11e, in-12. Sous presse: 1853, 1 vol in-16. grand in-8, 2 vol. avec Atlas. Recueil cle documents secrets et inédits, pour Le m~mepour 1854, 1 vol. in-16. Antiquités de Pologne, accompagné de deux servir à l'étude de ]'Histoire politiqne de Lud Polski w Emigracji, 1835-1840. CH. RIBEYROLLES, ex-rédacteur en chef de planches. l'Europe clans la.crise actuelle, trois livraisons '.PoezjeK::irolaBali,\skiego. la Réforme. - Les Bagnes à' Afrique, précédés Etudes numismatiqueset archéologiques, avec Atlas. in-8. Poezje Ludomila Kordeckiego. I

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