Homme - anno I - n.07 - 11 gennaio 1854

traînons éternellement, sur les routes de l'étranger, . le besoin du jour, le cruel souci du lendemain : suspectes et captives à l'intérieur, nos familles seront les premières à souffrir de la faim: nous avons des enfants, des mères, des sœurs qui sont isolées, surveillées, parquées, sans espoir, sans salaire et qui, pour garder la dig·nité des absents, sauront mourir au foyer, sans la plainte des agonies - et l'on nous accuse de voir avec joie palpiter les entrailles de la victime, quand cette victime, ce sont nos entrailles; c'est notre sang, c'est nous-mêmes! Ah! les misérables qui font bombance au milieu des misères et qui dénoncent le malheur qui pleure à l'écart, comme si leur soif de vampires était la conscience républicaine, était l'affection familiale et sacrée que savent garder les pauvres ! Nous souffrons, gens de la meute impériale, oui, nous souffrons, et pour nous et pour les nôtres: la neio-e qui tombe de Quiévrain aux Pyrénées, nous t~ansit; la faim qui traverse nos villages, nous accable, et nos douleurs abandonnées s'endorment, s'effacent devant celles que nous apportent dans leur murmure les vents de la patrie : mais ce que nous savons, et ce qui nous console, c'est que vous serez ch~tiés par le grand siuistre, et, que ce sinistre, c'est une leçon de la justice éternelle, tombant sur vos crimes ! Oui ! le clergé vous a bénis et sacrés; l'armée vous a servis jusqu'à l'assassinat, la magistrature jusqu'à la bassesse, la peur )?squ'au fanatis1!1e: oui, vous avez vu toutes les rehg10ns parfumer d encens votre caverne, tous les corps de l'état s'incliner sous vos pa1jures, tous les intérêts plier le genou, sur les libertés mortes, devant vos grandeurs tatouées <le honte et de sang : mais il y a une puissance, une force, une probité qui n'a pas _fait cortège à vos g·loires : c'est la vieille mère commune, c'est la nature indignée. La terre a parlé, quand se taisaient les philosophies, les académies, les gouvernemens, les peuples, et elle a dit : Je ne donnerai point mon pain à la trahison, mon lait au crime : j'ai trop de morts qui se révolteraient dans mon sein, et, puisque les vivans oublient les grands devoirs de la vie, je serai la vengeance des morts ! C'est terrible, la famine; c'est monstrueux et bête, surtout, quand on songe aux merveilleuses puissances du .travail,. de la science et _de la,.t~1Te: mais, il faut bien le dll'e, le progrès .1usqu 1c1naquit toujours du sang; ou ~es !armes. , Les ré~olutions ne s'ouvrent qu en dccLirant : c est la 101 des idées immortelles, colombes qui descendent au milieu de nos luttes, et l'humanité ne se développera, ne montera pacifiquement, jusqu'au dernier beau, jusqu'à Dieu, que dans la justice et l'égalité! Ch. RYB. Nous avons reçu d'un de nos amis, proscrit comme nou1, les énergiques lignes qui suivent, à propos des calomnies royalistes répandues ~ur les tombes de Thermidor : nous partageons de toute notre âme ces vigoureux sentiments, et nos sympathies à cet éo-ard ne sont plus à proclamer. Quant à la 0 seconde partie de l'article qui s'adresserait à nous, personne, ici, n'ajamais dit que Jes hommes de 93 n'étaient pas socialistes : ils l'étaient de cœur, d'instinct, de passion, jusqu'à la mort, mais ils ne savaient pas, ils ne pouvaient savoir les conditions vôritables de l'économie nouvelle, et les lois qui la doivent régler. Pour s'en assurer qu'on lise dans Condorcet les prolégomènes du socialisme : c'est une magnifique préface : mais qu'y a-t-il là pour le travail dans les sociétés modernes '? Respect aux morts, c'est notre religion, mais la vérité devant les vivants! NOSMAITRESDE 93. Plus que tout autre, le parti révolutionnaire doit avoir le culte de ses morts, car ses morts ont marqué de leurs cadavres amoncelés toutes les grandes étapes de l'humanité. Et, parmi tous les saints martyrs tombés, dans le cours des siècles, pour la cause de la liberté, en est-il de plus augustes que les v:iillants pionniers de 1793, dont le sang généreux a fécondé tous les champs de l'avenir ? Qui donc a cru, qui ùonc a travaillé plus énergiquement au soulagement de la misère, à l'affranchissement des esclaves, au triomphe de la justice, au salut des hommes ? Qui donc a droit à la première place dans la reconnaissance ùes nations, sinon ces hardis lutteurs qui donnèrent 1m corps aux maximes de la philosophie, et qui firent écrire dans la loi : la nature ne nous a pas créés pour la servitude : soyons libres, soyons égaux, soyons frères ? D'où vient donc que les fils ont laissé si longtemps caomnier, et calomuient souvent eux-mêmes leurs pères ? 'où vient que la France 1·evendique l'héritage de 1792, tout en insultant à ceux qui l'ont si péniblement amassé, et qui l'ont scellé de leur sang avec tant· d'intrépidité ? Nous ne relèverons pas tout ce qu'il y' a de lâcheté dans le silence des républicains qui, pour ne pas être accusés de connivence, permettent aux ennemis du peuple de revenir sans cesse sur les scélérats grandioses de 93. Les prétendus crimes de ces héros sont-ils autre chose que de grandes et nobles actions ? En face dP.résistances aveugles et implacables, l'énergie est la première et la plus sainte ùes obligations. Le char de la révolution ne se laisse pas enrayer. Malheur à ceux qui se précipitent devant lui, dans sa course effrénée ! ils sont écrasés sous les roues. De quel droit les corrompus, qui ne veulent abandonner d'odieux privilèges qu'avec la vie, se plaindraient-ils de ce que le peuple poursuit avant tout l'abolition ùe l'injustice? Cœurs d'or et âmes de fer, les vaillants soldats de la liberté dûrent faii-e triompher la vérité par ]a. force. A leurs convictions inébranlables ils ont sacrifié leur vie et jusqu'à leur mémoire, et nous, leurs fils et leurs héritiers, nous permettrions qu'on leur jette impunément l'outrage et la calomnie? Heureux, si nous pouvons, aujourù'hui que la lumière s'ast faite en partie, appliquer le grand dogme ùe l'inviolabilité de la vie humaine, dans toute sa sainteté ! Heureux, si l'iùée parvient à planter pacifiquement son drapeau ùans le monde! Nous nous en glorifierons pour notre siècle, mais nous ne laisserons jamais calomnier cette époque de 93, belle et sublime entre toutes, marquée dans l'histoire par ces <leuxfaits éclatants : l'affranchissement du genre humain, et le maintien de la nationalité française. Mais récemment, d'autres voix, grandes et éloquentes, se sont élevées da11snos propres rangs, non pas pour accuser cette superbe Convention nationale, qu'ils célèbrent au contraire, dans le langage le plus magnifique de nos temps, mais pour lui re1Jrocher, les uns son insuffisance, les autres son ignorance. D'un côté, nous entendons dire que les révolutionnaires n'étaient pas socialistes ; de l'autre, qu'ils ne savaient pas organiser le droit de l'homme. Comment ! ils ne seraient pas socialistes, ces infatigables réformateurs, qui ont labouré si profondément la terre des innovations? Il est évident qu'ils ne pouvaient pas résoudre des problèmes qui n'étaient pas encore posés, ni remédier à des situations qui n'existaient pas encore. Mais ou donc trouvait-on le socialisme, dans toute la haute signification du mot, si ce n'est dans les paroles et les actes de cette phalange immortelle qui a commencé la liquidation logique de la vieille société, et planté solidement les fondations du nouveau monde? Comment ! il ne serait pas socialiste, le révolntjonnaire Robespierre, qui affirmait " qu'une révolution qui n'a pas pour but d'améliorer le sort du peuple, n'est qu'un crime substitué à un autre crime." • Comment ! il ne serait pas socialiste, le révolutionnaire Saint-Just, qui s'écriait : "tant qu'il y aura un pauvre dans l'état, vous n'aurez point fait une véritable République." Nous nous arrêtons, car nous ne pourrions citer tous les actes, toutes les lois qui tendaient à la destruction de la misère et de l'ignorance, de ces dernières et abominables tyrannies. La diffusion de la propriété, effectuée par nos pères, n'a-t-elle pas rendu tout retour à la féodalité radicalement impossible? Le temps seul leur a manqué pour féconder, par une organisation démocratique du crédit, tous les grands canaux qu'ils avaient ouverts, et pour faire pénétrer le capital dans toutes les artères du corps social. Le temps seul, car les discussions- lumineuses dans le sein de l'assemblée populaire, prouvent surabondamment que ce n'est pas la science du socialisme qui leur faisait dé-. faut. Peut-on leur reprocher, avec plus de raison, de n'avoir pas eu celle de l'organisation de la liberté ? Quand, il y a trois ans, l'itlée du gouvernement direct du peuple, jetée dans le monde, par une grande voix, d'un coin de l'exil, rallia tous les républicains sincères et dévoués, et devint pour ainsi dire le drapeau de la révolution imminente alors, cette idée n'avait-elle pas été prise dans la Constitution de l 793, dans le seul contrat social qui ait su et voulu se rapprocher de l'idéal des penseurs, et le seul, hélas ! qui n'ait jamais été appliqué? Cette Constitution garantit (art. 122) "à tous les Français, l'égalité, la liberté, la süreté, la propriété, la dette publique, le libre exercice des cultes, une instruction commune, le droit de se réunir en sociétés populaires, la jouissance de tous les drolts de l'homme." Qu'avons-nous à ajouter à cette énumération ? Le§ 21 dit: "Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheu - reux, soit en leur procurant du travail, soit eu assurant les moyens d'exister à ceux qui sont hors d'état de travailler. " Il y a donc là le droit au travail et Je droit à la 1·etraite. " Le peuple délibérant sur les ]ois et les votant " ( art. 10 et 20), toute usurpation d'un délégué ou d'un mandataire ne devient-elle pas impossible ? Quelle entrave trouve la liberté ainsi définie : (§ 6) " le pouvoir qui appartient à l'homme de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d'autrui? " cette liberté qui a polU principe la nature, pour règle la justice, pour sauvegarde la loi. N'avaient-ils pas la science de la solidarité, eeux qui , disaient, dans cette magnifique DÉcLARATION DE L'HOMME ET DU CITOYEN, qui résume admirablement la haute philosophie du 18e siècle : " il y a oppression contre le corps social, lorsqu'un seul de ses membres est opprimé. Il y a oppression contre chaque membre, lorsque le corps social est opprimé (§ 34) ? Révolutionnaires de 1848, il nous convient de nous incliner devant les révolutionnaires de 1793. Nous avons laissé debout le royalisme et l'église, l'exploitation et le privilège. Nos pères ont supprimé la féodalitl!, et émancipé l'industrie. Nos pères ont crié à la face du soleil : meure le roi et vive le peuple! Nos pères ont fait comparaître, devant le tribunal ùe la raison, jusqu'à l'existen.ce de Dieu et l'immortalité de l'ümc. Oui, gloire à vous, grands martyrs de thermidor, vous qui avez emporté la liberté dans votre tombe. Pardonnez à vos fils d'évoquer aussi souvent vos ombres vénérées. C'est qu'ils ont besoin de se retremper à la source ùe la révolution. C'est qu'il faut du courage pour acheter l'œuvre que vous avez commencée sans que leur cœur faiblisse. Oh! que ne pouvez-vous soulever la pierre de vos sépulcres ? que ne pouvez-vous revenir nous apprendre comment on supprime les aristocraties? Inspirez-nous de votre esprit, pour que nous marchions sur vos traces,- dussions-nous, comme vous, périr à la tâche, jeunes d'années, mais vieux ne luttes, -avec la douleur amère d'être incompris par la génération dont nous aurons préparé l'affranchissement. Théodore KARCHER. CORRESPONDANCE DE LONDRES. Londres, Gjanvier 1854. Les nouvelles sont à la guerre. De Paris, le correspondant du Times annonce l'envoi - peu probable - de 70,000 hommes en Orient sous les ordres du Ministre de la guerre lui-même et du général Canrobert. Quoiqu'il en mit de cette fanfaronnade, la rente a baissé à 99, et la guerre continue sur le Danube et en Asie. Les Turcs ont pris d'assaut la ville <leKaracal, vers Krnjova, dans la basse Valachie. Il est vrai qu'ils ont encore subi un échec en Asie, pendant leur retraite, mais sans grande importance. Leur général battu, Abdi Pacha, a été destitué et remplacé par son lieutenant, Ahmed Pacha, dont le courage a sauvé l'honneur de l'armée. Vély Pacha, voyant fuir les soldats irréguliers, a voulu les arrêter, et, ne pouvant y parvenir, il en a tué quatre : les fuyards l'ont assassiné. Mais comme le corps d' Ab<li Pacha était surtout composé d'irréguliers, cet échec n'a produit que peu d'effet à Constantinople. Ainsi que je votts l'écrivais, il y a huit jours, le Sultan a consenti à négocier, mais avec des conditions trop éc1uitables pour être acceptées par la Russie. Personne ne doute du refus de Nicolas. Pourtant la conùescendance du Sultan pour les conseils ùu général Baraguay d'Hilliers a mécontenté la population ; les softas (étudiants des Mosqufes) ont essayé une manifestation qui a été réprimée par l'anestation ùc 300 d'entre eux. Mais pour calmer l'émotion populaire, le Sultan a fait publier une dé.claration portant que le Divan, - tous les ministres et ulémas assemblés - avait accepté la proposition de la Conférence de Vienne, mais sans suspendre les hostilités ni conclure un armistice : au contraire, l'ordre était envoyé aux généraux sur le Danube et en Asie, et à la flotte, de reprendre l'offensive aussitôt que possible et de presser les opérations militaires. Enfin on a annoncé que les flottes anglaise et française avaient reçu l'ordre d'entrer dans la mer Noire et de forcer les escadres russes à s'enfermer dans leurs ports. Bien que, par prudence, le Sult:m ait appelé devant Constantinople une partie des flottes pour réprimer l'ardeur de la population, la ville paraît tranquille et le parti de la guerre domine dans le Divan. Les Russes ont occupé le Khanat de Khiva, pays tartare près de )a mer <l' Aral. Les Anglais sont très inquiets pour leurs posses~ions des Indes, rn,tnacées, dit le Times, d'une invasion de Kalmouks à qui l'on promet, pour les exciter il la guerre, le pillage des présidences anglaises. Le ColoBel Thompson, l'envoyé anglais, a décidé, paraît-il, le Shah de Perse à ne pas déclarer la guerre à la Turquie, et à rétablir ses relations amical~s avec le Sultan ; les menaces des chefs Afghans auront contribué, sans doute, à faire revenir la Perse de ses sentimens hostiles: mais le gouvernement anglais ne s'en prépare pas moins à une guerre acharnée sur tous les points. Il aug~ mente sa marine et met en ordre ses finances. Le résumé des recettes du Trésor Public en 1853 vient d'être publié : le Times constate un accroi~sement de recettes de 1,500,000 livres sterling (37 millions 500 mille francs) sur les prévisions du budget, malgré la diminution de plusieurs impôts directs et indirects, diminution qui s'élère à près de 300,000 livres sterling (7,500,000 francs). Le Times termine ainsi son article de finances : " L'année qui commence vcn·:i sans doute la fin d'une longue paix ... Si la cause de la justiée et de l'honneur national exige ce sacrifice, nous le ferons gaiement; et il n'y aura pas un cœur sincèrement anglais qui hésite un instant à échanger notre prospérité financière (our overflowing e:rcltequer) contre les embarras (de la guerre) et la dette. Nous nous vantons d'être le boulevard cle la liberté clans le monde... Qu'on sache bien que telle est notre résoh1tio11,et elle aura du poids clans ce~ régions vastes, serviles, misérables (poverty stricken) qui menacent d'écraser les libertés de l'Europe sous la force 11umérique et la barbarie! •' Vous le voyez, le ton de la presse anglaise est à la guerre; et les événements semblent entraîner fatalement l'Europe :lune de ces luttes décisives où succombent les Empires ... et quelquefois aussi la civilisation. Espérons que le Czar, en déclarant la guerre, eu refusant, aujourd'hui même, d'entrer en négociation, est poussé par cette providentielle folie qui mène les tyrans à leur perte : quos vult perdere Jupite,· deme11tat. Le duel de M. Soulé et <luDnc cl' Albe })ara1tun fait controuv6 : M. Soulé, assure-t-on, est en très bonne santé; M. de Turgot ne se rétablit que lentement. Les généraux Lusuncli et Sanz ont été destitués de leurs commandemens et remplacés par les généraux Shelby et Mirasol. Grandes nouvelles de Na pies - si elles sont vraies ! Une conspiration militaire, menée par les partisans de Lucien Murat dans l'armée napolitaine, sous les auspices de M. de Maupas, l' ambassadeur français et le préfet de police du 2 décembre, a été découverte : 500 soldats et officiers sont arrêtés; un généra) s'est suicidé. - La presse anglaise garde le silence sur ces bruits ; mais elle attaque le roi de Naples dont les tribunaux ont encore condanmé ù mort un ancien député, de Blasüs, tranquille depuis 181:8 clans ses terres de Calabre. Les roi&\le Su~de et de D:,,nemai;k ijl liguent pour maintenir

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