contradictoire et arvitraire, voilà l'Etat dans ses prédilectiôns iia_~ pricieuses pour tel on tel culte, pour telle ou telle religion, pour telle ou telle conception de Dieu, décrétant, au nom de la llberté, la métaphysique et jalouse donnée sur laquelle se Mnt assis tous lf's établi8sements politiques que la civilisation a vu passer sur l'œuvre de son génie. . , . Eh! bien, à travers toutes ces phases diverses, opposées, 1 espnt sérieux doit arriver à cette conclusion : un même principe, la nécessitl!de subordonner à je ne sais quelle suprématie, mystique, inexpliquée, inconnue, la conscience indiv~duelle et c~ll.ective,le droit humain, la liberté sociale, économique et politique; un même principe, l'intervention obstinée. d\me Idée-être,. sous les noms d' Etre suprême, de grâce de Dieu, deprésenct de Dieu, etc., domine l'œuvre humaine de constitution sociale sous la forme et sous la pression coactive des Constitutions politiques. Oui, toutes les crises terribles qui ont tourmenté le monde depuis 1789, ont eu pour origin~ excl~sive les intrigues d'u~ pa~'li, Je clergé, la propagande fanat.1q_udeun,do~ble n;iensonge: ~ actto.n <Pùnetyrannie morale, la religion ; 1 action dune tyrann1e pobtique, le gouvernement. . . , . . Cet ennemi redoutable a triomphé sans cesse: 11 n est Jamais sorti de la place d'où l'illusion des plus intelligents, des plus généreux révolutionnaires croyaient l'avoir banni. U était en action, m, nom du Roi, dans les massacres inexorables du midi, dans les •• guerreR atroces de la Vendée-; il était actif, expectant, en observation aux Jacobins, au nom.de l'autorité qui y présidait; car de là partait ce mot terribl_e,menaça~t pour_la c_om1~un.ede Paris, menaçant pour la Convention elle-meme, s1plcm d espoir pour la contre-Révolution: Nous NE SOMMESPAS DES IMPIES. La Constitution de 1791 non plus n'était pas une Impie: elle parlait au peuple enprésenc! et sous l~s a~spices de.l'E~ supr~me. La Constitution du 24 janvier 1793 n était pas moms pieuse; elle ~ecouvrait, comme celle de l'an 3, de la présence de !'Etre suprême, jusqu'à ce que nous revint la ~râ~e de Dieu, plu~ carrée, moins timide, sous la forme des Constitutions de l'Empire, de la Charte de 1814, etc. Mais c'est parce qu'elles n'étaient point impies, ces Constitutions, qu'elles n'étaient point hwna_ines: . . C'est parce qu'elles n'étaient pomt impies qu'elles nè pouvaient réaliser leur programme, la Liberté.. . . . L' Impiété, c'est la vertu révolutionnaire, qut a manqué à nos pères; c'est la vertu que doit vulgariser, sous peine de périr encore, la Révolution. Etre impie pour être humain, être impie pour être libre, être impie pour être digne de l'égalité sociale, être impie pour être Fraternel, pour connaître et pratiquer la Solidarité, dans l'amour, pour effacer à jamais la .sol_i~arité d_:1ns!a g~erre, po~r ~réer la paix des nations et des md1v1dus; etre. m1p1e po_ur reahser, les droits, le développement moral: éc~nom19ue et. umversel de 1 ~umanité sur les ruines de cette negat1on pnmord1ale de toute vénté, de tout~justice, de tout progrès, l'idée complexe et uue à la fois, Religion-Gouvernement. Voilà l'antithèse dressée par le préjugé contre la vérité, par l'arbitraire contre le droit. Nous sommes impies comme les victimes révoltées du duc d' Albe qui s'appelaient gueu,i;. . ·. Nous sommes impies parce que nous h,fissons la Religion et le Pouvoir, parce qu'avec eux l'homme est condamné à n'être, ni moral, ni intelligent, ni jus!e, ni aimant, .ni homme en~n. La Piété, nous l'avons appn~e dans ses affreuses conquetes, dans ses implacables triomphes, elle a sa logique immuable. Cette logique, elle est inscrite dans la. tradition des âges: gouverner les hommes. Pour gouverner les hommes, pour dire à l'individu t~ sémeras et je recueillerai ; tu auras tous les labeurs, tous les déla1s~ementi;, toutes les privations, et moi je moii;so1111ertaoius les produits de ta déchéance active et féconde ; il fallait l'autorité d'un génie, d'une puissance dont l'homme eut PEUR, d'une fiction qui violentât sa faiblesse jusqu'à faire subir à sa .conscience demeurée ou rendue ténébreuse la RÉSIGNATIONc',est-à-dire, l'abdication du droit corrélatif de l'accomplissement du devoir. LA RÉSIGNATION, elle est vieille comme la religion, comme le despotisme; cherchez son.origine: ~lie ~st dans la terreur dont l'inconnu écrase le sauvage, cet homme qui n'a pas su trouver encore sa forceet sa liberté dans la collectivité sociale. La nature fermée pour lui pèse sur sa vie de tout le ~oids ~e ses saints mystères et il l'adore dans ses brutales ma11•1festattonsd,ans ses harmonieuses colères, dans le désordre apparent de son action formidable: c'est le Fétichisme. . Elles est dans cet âge moim dur, où l'homme rassuré déjà par la pénétration des phénomènes naturels, cherche les. forèes cachées qui se révèleut à lui par ces phénomènes,. et réalisant les vagues instincts de sa conscience, prend l'offensive de la guerre, et se multiplie pour s'adorer dans les puissances, daHs les divinités qui ne sont qu'un reflet immense et supérieur de sa propre nature morale; c'est le Polythéisme, c'est l'homme se donn~nt.po~r c~ef à la nature, gouvernant l'inconnu, se gouvernant_ ams1 lu.1-meme, élevant plus haut la guerre, faisant au nom des dieux, .ses mcarnations exclusives et égoïstes, deux parts du genre humam : l'anthropophage et la victime, le vainqueur et le vainc~, le maître et. l'esclave le.producteur et le consommateur; jusqu à ce que la sc1e11ctJ dévet'oppantsa sphère et conquérant l'ho,mme lui-~.ê~e, le vérifi~, le discute, l'explique, et mette en question ·la lég1t1m1tédu droit du maître et de la chaîne de l'esclave. Sous la Divinité dès lors, l'esclne, l'humanité ont vu l'homme; ils ont eu horreur. L'autorité n'a plus·de base: la science vient à son secours, car elle a entrevu l'wiité du plan des choses; l'au-. torité va s'y retremper. - Le Monotliéisme continuera la tâche; il relève la RésignalioR. Si la terre, si le monde est une vallée de larmes, c'est que l'homme a déchu, c'est que dans l'origine des choses , l'homme a voulu connaître, aimer par l'intelligence la grande cause, Dieu; et Dieu l'a maudit, l'a condamné. - Cette condamnation, il l'a subie dès lors dans toute la succession des siècles accomplis; et il ne saurait avoir en lui l'énergie nécessaire à sa réhabilitation. C'est la fatalité de la colère, c'est-àdire, la chose indiscutable par excellence, brutale et aveugle comme la foi. . LA RÉSIGNATION, c'est alors le Christianisme, le Christianisme qui se souvient du génie du polythéisme, et qui n'effacepas la guerre : il l'élève plus haut encore : ce sera la lutte d, la conscience contre les tyrannies• divines : ce sera le sang, le fer et le feu sur la terre pour la plus grande gloire de Dieu! Mais dans le ciel se révélera le type de ce qui sera pratiqué dans ce monde; dans le ciel, n'y a-t-il pas les élus et les rép~onvés? n'J aur~-t--il pas demain, de par St. Augustin et les conc1les, la Grace qmapparaît à l'humanité le bandeau sur les· yeux, et qui donne la main au fatalisme de Mahomet? La liberté humaine, c'est le mal ; l'hômme dans sa plus sainte puissance est damné, et l'~glise seule, mini~tre. e~bénéficia~re du Christ, du Rédempteur implacable, organe 111fa1llibledu Dieu d'amour et de paix, de prédilection et de guerre, va dispenser.sa loi aux sociétés de la terre. Cette loi, elle sera le Pouvoir; l'Eglise catholique le dit, saparole est un glaive, et cc glaive, Grégoire VII l'a sacré: à lui la succession et la tâche du fétichisme, du polythéisme, la guerre; à lui, les homÏnes à conquérir, à lui la conscience, à lui lïntelligence. à lui l'amour, à lui _l'humanité. Il la. dispensera, cette autorité : - les grands parcages de L'HOlIME. J:i,:U,Plesle,.s couronnes, les sce;tres, seront ~es bénéfic~8. - La forée, Tës1rfrèhcts, les guerres sanglantes, rédmront les résistances; les préjugés iinprègneront profondément la conscience, - et <JUandla liberté émancipée par la science aura triomphé de ces artifices, et ouvert plus large la route dü progrès, l'autorité laissera encore dans l'âme humaine révoltée et victorieuse ces préjugés terribles, comme dans le pied qui récrase le reptile a laissé son empreinte de mort. Ainsi se présente la Révolution : atteinte au cœur, sous son action énergique, elle dit fatalement aux peuples : Résignez-vous, adorez Dieu, !'Etre suprême, la Raison, puis Dieu encore; ayez un culte, car il faut m'adorer, moi qui gouverne, et comment m'adoreriez-vous, si je n'ai point une divine origine? Ecoutez, je suis la Constitution de 1791.- Ayez foi, obéissez. C'est sous les Aus,,ices de l'Etre 1mprême que je vous mesure vos droits et la liberté. Je suis la Constitution de 1793. et c'est en présence de l'Etre suprême que je décrète et que j'organise l'action de votre conscience, que je mesure votre liberté. Je suis la Constitution de l'an III, et en présen,ie de l' Etre suprême, dont j'ai guillotiné le restaurateur et l'ap8tre, je vous dispense vos droits et les règles nouvelles de votre libre action. Je suis la Constitution de l'an 8, le Concordat de l'an 9, etje vous ramène au culte organisé, je votts rends la religion : le gouvenement vous ménagera ce qu'il est.obon·de vous offrir de droits et de liberté. • ·' • . ,. • • Je suis la Charte de 1814; ta: Chàrté• de 1830; et1a Grâce de Dieu, les cultes chrétiens, vous rc1idroht la pratique humaine des réprouvés et des élus, de ceux qui ·ont et de ceux qui n'ont pas, des races retrouvées, des droits et·des libertés mesurés aux titres, aux bordereaux de caisse, aux cadastres de propriété. - nfaut une religion pour le peuple. - Le travail est un frein. Je suis la Constitution de 1848, je suis la République, mais je descends en ligne directe de mes aînées. - J'ai la vénération de la religion, de la famille, de la propriété-Dieu, qui m'assiste dans mon œuvre, est mon patron, ma légitimité ;- adorez-le chrétiennement, jusqu'à nouvel ordre, carir me faut votre culte : Je gouverne, donc résignez- vous. . Enfin, la nuit, le parjure,. la violation de la parole publique, l'escalade à main armée du pouvoir par le pouvoir insnr.:;é, se tuant, comme Je scorpion, au centrc·du cercle de feu embrasé par lui-même; la trahison de la conscience et de la bonne foi d'un grand peuple, par un bandit qui, En présence de Dieu, le 20 décembre 1848, avait juré fidélité à la République, la complicité des ministres des cultes, la sanction du pape, la reconnaissance de tous les despotismes ; la Grace de l!Jieu patr8nant cette œuvre de sang et d'infamie, les principes ·de 89 rendus à la France par celui que les pl'êtras appellent l'élu de la Providenc~, le sauveur de la société; voilà la dernière campagne, h dernière incarnation de l'autorité, plus audacieuse, plus cynique, mais non pins usurpatrice que les autres. - Elle décrète, gouverne seule. - Au peuple souverain sa p:i.rt traditionnelle ; Rési~nation. Ainsi, le peuple~ combattu sans ces~e pour laJ1be~té, et dans sa naïve confiance 11 a cru que l'autorité pourrait lm assurer sa conquête, lui escompter Je prix du sang. Et l'autorit6 a ressaisi sa proie, et la liberté, elle n~ l'a donnée au ~onde ~u.e da~s sa contradiction constante : l'obéissance au po11vo1rl,a. res1gnatton; c'est la liberté de la mort. • Voilà l'histoire. - La pensée de délivrance s'est-elle levée dans le génie humain, a-t-elle parlé dans les grandes tourmentes révolutionnaires! Le Messie du genre humain s'est-il révélé, a-t-il proclamé la loi d'affranchissement, et signifié au passé son arrêt de mort, le principe organique de Pavenir? , • . , Ecoutez Mirabeau, la grande • et· c<>mplete idée de la Revo- • lution moderne, brisant l'étreinte étroite et négative du calculateur politi']ue : "Vous n'arriverez à rien, si vous ne déchristianisez la Révolution.'' Et Camille Desmoulins avait beau dire, en 93, au procureur de la Commune de Paris : " Mon cher Manuel, les rois sont mûrs, il est vrai mais le bon Dieu ne l'est pas encore "; il avait beau dire, dans s~n inscience de la Révolution qui l'emporta, parcequ' il l'avait méconnue; il avait beau dire, en soutenant l'utilité des processions catholiques : "Il faut amuser le peuple'', le ~euple répondit:- il faut respecter Je peuple, honorer la conscience, sauver la vérité ! Et le peuple l'a rejeté, lui aussi, ~u châtim~nt des ~randes i)l1:strations, des cœurs généreux, qm ne savaient pomt son 1dee. L' Immortel Sphinx fut impitoyable : il portait en son va1,te esprit, enveloppé de mystère, sa loi, sa vie; malhe.ur à ce_ux que la sublime énigme n'a pas conquis à sa Révélation : 11 les dévorera. - Il les a dévorés. Déchristianiser la Révolution. Voilà le grand appel jeté du haut _dela tribune française ~ ~~us les peuples, à toùs ceux qui personmfient les peuples, aux m1hateurs du genre humain, aux profonds penseurs. . Kant, frappé de cette con~ession so]enn~lle. de la Raison p1;1re, Kant, mort au monde exténeur, où ne v1va1tplus que son unmortel génie; Kant brisant ]'uniformité de ses jours, s'en allait sur les routes, comme une femme, dit Michelet, le grand interprète de la Révolution française, attendre 'le courrier de France, chercher les nouvelles. Fichte, du haut de s:i. chaire, ardent foyer de l'idée moderne, disait, quand la Révolution se déchirait les entrailles dans l'exaltation suprême de son génie : " N 011 1 ce sang n'est pas du sang, non, la mort n ·est pas la mort. Quoique puissent faire la France. et la Révolution, c'est bien.'' . Oui la France, oui la Révolution ont bien fait. Elles ont posé dès ce temps le dogme de l'avenir, et ·ëommepour enseigner l'exécration du passé, elles se sont mises à le résumer dans ces s~nt~èses à jamais condamnées qui portent le nofi1.de tant d~ Constitutions, depuis l 789 jusqu'à la nuit qui couvre' àujourd'hm le monde. Pourquoi faut-il déchristianiser la Révolution? Parce que les jours si laborieux de·la Liberté se sont levés; - parce que la systématique minorité du genre humain a cessé et qu'il a enfin arraché des mains de la Religion et du Prêtre le titre, qu'ils croyaient prescrit,.de sa dignité et de ses droits. Qu'est-ce que la Religion, au point de vue absolu et universel, sinon l'indignité de la nature humaine, son impuissance fatale pour Je bien, et à c8té ce principe infâme de la Re~ponsabil ité du mal qu'il ne lui a pas été donné de ne pas accomplir. L'inévitable perversité de la conscience humaine et la non moins inévitable expicition, voilà la Religion. Et si nous prenons sa forme dernière, le Christianisme, cette révélation prétendue universelle d'une pensée antérieure à JésusChrist (la démonstration de cette vérité serait ici superflue), qu'y trouvons-nous ? - Même principe, mêmes consfquences : déchéance de l'homme, par conséquent sa perversité uative, l'impuissance du salut par l'éneràie de la conscience humaine, la part arbitraire des justes et des réprouvés, délibérée, déterminée de toute éternité, par cc pouvoir absurde ( comme dit Saint-Augustin), la Grâce de Dieu. Où donc es-tu, sainte Liberté humaine, toi qui as fait à la civilisation ses plus impérissables monuments de gloire, toi qui as confessé par tes actes, aux yeux des générations accomplies, la touchante espéra.nce de l'avenir, où donc es-tu dans ce système odieux? Tu es l'image du damné qui ne trouve dans ses efforts nécessaires pour s'affranchir qu'un aliment nouveau à ses douleurs, à ses angoisses; tu es le mal, Augustin l'a dit, jusqu'à ce que la Conscience révoltée dans sa lumière lui ait rejeté, à ce prêtre, son Dieu-Monstre, son Dieu-Contradiction, son DieuAntinomique, ennemi de l'homme, ennemi du genre humain. Pourquoi ce dogme ? Pourquoi la Religion, qui est un lien, son nom l'indique, n'est-elle que le lien qui unit les forçats, le lien 1ui unissait les esclaves de la société antique, les serfs du moyenilge, qui unit encore les innombrables prolétaires des temps modernes ? - Parce que l'homme est mauvais. Mais qui donc a prononcé ce jugement qui écrase, depuis tant de siècles, la société humaine? Cherchez, et vous ne trouverez que le Prêtre. Qui donc a formulé cet anathême, qui l'a délibéré? Le Prêtre répond, c'est Dieu. Mais quel est-il ce Dieu qui me condamne, qui condamne tous mes frères et les générations de l'inépuisable avenir ? - Ecoutez le Prêtre, écoutez certaine philosophie : Dieu est l'absolu, l'infini, l'immuable, ]' Eternel. - Il est souverainement bon, souverainement juste, souverainement vrai, dit le Christianisme; et en son nom, l'homme qui a voulu l,e connaître, qui a voullt savoir, est par cela même déchu; et ce Dieu, il a un enfer terrible dont quelques élus seulement échapperont, etc. Je ne discute pas, je résume, je cite. Et voilà la base où s'est assise l'Eglise, voilà la pierre qui sup- ·porte l'édifice élevé, réparé, badigeonné par Saint-Aug.m,ti.n, par Luther, par Calvin, par Henri VIII d'Angleterre, par Cathe'rine de Russie, par Mâhomet même, qui connaît comme sa s.œur, la légende chrétienne, et qui n'a fait que l'orientaliser davantage. Qu'est-ce que les sociétés modernes? La réalisation de c,~i1 principes : c'est:à-dire, l'autorité, qui n'existe qu'à l::t conditioIJ. de se réclamer de Dieu (toutes les Constitutions le proclament); ceux qui l'appliquent et qui en vivent dans une condition toujours hiérarchiquement absolue, les prêtres politiques, le gouvernement; puis les élus du gouvernement, les privilégiés, dont le titre est dans le bon plaisir du Roi ou de la loi, ce qui revient au même; et les réprouvés, ceux qui n'ont que l'enfer en ce monde, qui n'ont reçu que ce que la nature, dans son égalité inviolable, donne à tous, la vie. Mais la lumière, cette vraie vie, la vie de l'âme, cette lumière qui a trois rayons, comme l'cmblême de notre drapeau social et révolutionnaire, science, art, morale ; cette lumière, elle ne pénètre point dans la région formidable des réprouvés de la société chrétienne. - Ils ne doivent pas savoir.· Il n'y a que la foi du peuple qui sauve les prêtres et les tyrans. Oui, car l'esclave qui sait, c'est l'énergie désespérée de l'homme libre, il a horreur de sa chaîne, il est pour elle sans pitié ni miséricorde, il suit contr'elle la loi de conservation et il dit, par la bouche aristocratique de Mirabeau, que la Révolution a choisi :i.vecune prédilection singulière : " Il faut déchristianiser la Révolution. " Or, le Christianisme étant la raison d'être de l'autorité, décluistianiser la Révolution, c'est lui donner pour arme, pour drapeau, pour présent,_pour a.venir, le contraire de l'autorité, la liberté. La liberté, qui arme chacun contre tous, et tous contre chacun; qui force par l'intérêt universel de sa vie, l'individu à instruire, à 'moraliser, à aimer l'individu suivant la loi infaillible de réciprocit~. Voilà le Culte, le seul vrai, le seul digne, le seul qui n':i.it point, comme le Christianisme, par exemple, conservé pour abrutir et dégrader la conscience humaine les pratiques du fétichisme et du polythéisme. La loi mystérieuse qui domine toute conscience individuelle, ' c'est la loi qui s'appelle l'Humanité; la révélation permanente de cette loi, à laquelle tout homme libre doit son culte, c'est l'œuvre aux mille fac~ttes, à l'incommensurable amour, à l'infatigable fécondité, la Civilisation. Or, quel est l'homme qui puisse se dire sacré par la loi l'lumumité, par sa révélation, la civilisation, de telle sorte qu'il légitime une supériorité quelconque de pouvoir sur son semblable? La souveraineté du peuple ne réside que dans la pratique de la liberté, telle que nous l'avons formulée; or, cette souveraineté, c'est l'égalité nécesi.aire dans les attributions politiques, c'est la négation de l'autorité, puissance excentrique à la personne civile, comme Dien est excentrique, nécessairement excentrique à l'âme humaine. Dieu, conception de notre intelligence, exprimée de la donnéè nécessaire, la causalité; Dieu, dans la formule même où l'ont emprisonné toutes les religions, Dieu n'est plus un obstacle, du jour où l'homme lui a rendu le~p]us grand hommage qui ait jamais été, la restitution de son indépendance, sa délivrance de la tyrannie de la religion et du prêtre, et le rC11pectde la loi qui est son essence.• Infini, absolu, Dieu! je te salue, comme je salue le soleil qui éclaire le monde sans l'arrêter et sans être arrêté par lui.•Je·saii; que tu n'es pas moi, je sais que j'ai ma loi qui ne saurait être la tienne; en élevant au genre humain ma libre conscience, je proclame, comme néeessaire condition de la mienne, TA liberté. Ainsi, pour déchristianiser la Révolution, il faut l'humaniserainsi, pour fonder la liberté collective, il faut a.ssurer la liberté ihdividuelle; ainsi, pour affranchir le monde, il faut qu'il ne soit plus . la chose de tels ou tels hommes.-Il faut respecter, aimer en chacun, ce que nous chérissons en nous .mêmes ; il faut tuer. toutes les formules. d'égoïsme, de mensonge, de tyrannie, de mort, qu'on appelle Religion, Constitution; il faut réaliser Je mot touchant d Anacharsis Clootz, dernier adieu de son âme ~ la postérité: "France, guéris des individus.'' COLFAVRU. Jersey, 30 décembre 1853. BIOGRAPHIE]SONAPARTISTES. LES SUBALTERNES. M. ACHILLEFOULD: SOMMAIRE:Les banquiers Juifs.-Les heureuses infortunes commerciales de M. Fould père.-Débuts de M. Achille :Foul 1 dans la carrière politique.-Il pose sa candidature à Tarbes et se trouve assez riche pour acheter et payer argent comptant les votes des électeurs censitaires.-Le banquier Juif à la Chambre des députés.- En Février 48, il conseille la banqueroute à M. Goudchaux, tandis que M. Delamarre propose un emprunt forcé au citoyen Ledru-Rollin.-Le dessous des cartes.-M. Fould représentant de la Seine.-Le comité de la rue de Poitiers.-Le ministre des finances clucoup d'Etat.-L'organisation du crédit mobilier au ·profit de la maison Fould. 1\LAcmLLE FOULD est né à Paris en 1799. Il appartient à cette race de banquiers Juifs qui exploitent et pressurent l'Europe tout entière sans se caser dans aucune nationalité. Son père, après avoir eu des malheura àLono '
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