Homme - anno I - n.05 - 28 dicembre 1853

L'HOllME. -----------------~•--------------------'-------------,.--------._•.-_,.-_._~------·;.,.· ·· --------------·-------...i.-~--------~------ gement parmi les uns, à repousser les autres, à enfler le cœur de nos ennemis, à décupl<'r leurs forces, et, chose plus grave encore, il faire redouter, dans l'avènement de la République, les orages prévus de son leudemain. Que, dans sa voie, chacun demeure inébranlable, rien de mieux. Il sied même à des républicains de n'adorer, même la Liberté, que debont. l\Iais s'entendre pom frapper, ce n'est pas fléchir. Après tout, notre parti n'est pas sans posséder un fonds de croyauces communes qui constituent sa valeur et son unit!!. l'onrquoi ne pas travailler de concert à la proclamation, au développement, à la propagande, au triomphe de ces croyances communes? Quand le droit aura vaincu, quand le principe de la sonverainet6 aura été replacé sur sa vraie base, qnancl le peuple tiendra ses grandes assises, ce sera le moment alors pour les dissidences de se produire, afin que la nation compare, juge et prononce. Car, ces dissidences, la liberté de la discussion leur doit sntfirc, et la souveraineté du peuple les dominf. Que s'il y a eu des fautes commises, des torts qu'il mit bon de mettre en lumière, c'est an souverain que 11011rseconnaissons t.ous à en décider. Il n'est guère à craindre qu'après tant de déceptions, le peuple pèche par exc~s de confianct! !_ Vienne la l~épu~lique; que la discussion s'ouvre, sons les auspices de la L1berte; que chacun soit appel6 à rendre compte de Sei actes; que chacun dise ce qu'il apporte ;l la Rfvolution comme aspirations ou comme pens!!es: Je peuple, soyez-en sûrs, saura bien reconnaître les siens ! .En altrndant, que dcvons ..nous faire? La situation l'indique a1,sez: Nous devons, sans transiger en aucune manière snr _cequi appartient au domaine inviolable de la conscience, nou~ serrer le plus possible les uns contre les autres I nous devons immoler à la préoccupation dn bien public toutes celles de nœ antipathies qui auraient un caractère purement personnel; nous devons craindre <l'exposer contre nous-mêmes une énergie dont nous devons l'emploi à notre pays et que nos frères de France auront plus tard à réclamer; enfin, et j'insisterai sur ce point, nous devons, sans abandonner la carrière de )'action, chercher à féconder notre exil pHr la méditation et p:ir l'étude. Car, croire tp1e la Révolution ne doit ·consister qu'à mettre hors de combat les ennemis du peuple, qu'à écarter les obstacles, qu'à rtnverser des barrières, ce serait tomber dans la pins da11gereuse des erreurs. On insulte la Révolution, on la calomnie, quand on la défin:t par le mot destruction. Eh! mon Dieu ! à ce compte, Louis Bonaparte serait un des plus grands révolutionnaires qui aient jamais existé. Constitution, souveraineté réelle du peuple, régime parlementaire, liberté de la presse, liberté du foyer, garanties du citoyen, que n'a-t-il pas détruit? Rendre le peuple meilleur, plus éclairê, plus heureux, là est la Révolution, entendue dans sa véritable et haute acception. Il ne faut pas s'imaginer qu'on ait tout dit, quand on a dit: Plus de présid1111c!e Plus de magistrature vendue aux passions de la politique 1 plus d'armée employée à la répression des troubles civils et tenant le milieu entre le sergent de ville et le gendarme ! Plus de prêtrei salariés par l'Etat! Plus de monopole en matière de crédit! Que la présidence doive Otre abolie, il n'y a plus aujourd'hui un républioain qui le conteste: la présidence, c'est le suffrage universel mis en contradiction avec lui-même; c'est au sommet de la société, la permanence d'une lutte anarchique entre deux forc~s rivales, celle d'un homme et celle d'une assemblée; c'est l'hypocrisie de la royauté, ·au fond; c'est la nation égarée dans une impasse à laquelle il n'est que deux issues possibles: un 10 aofit, un 18 brumaire. Or, le 18 brumaire, nous l'avons déjil eu denx fois: l'expérience est complète! Mais à qnoi nous servirait d'avoir aboli la prêsidence, ponr échapper au danger de_la tyrannie, si nous JH' nous étions pas entendus d'avance sur tout ce qui concern·e l'exercice de la souverainetê cln peuple, sur ·ses formes, sur son mode d'action, sur le moyen de concilier avec le droit des majorités le respect dû aux minorités et les franchises de la conscience, en un mot snr la nécessité absolue <l'empêcher que le despotisme d'un homme fasse place au despotisme d'un chiffre? Ces mêmes prêtres qui, en 1848, avaient proclamé sainte la République snr les tombes de ses fondateurs, nous les avons vus, depuis, prodiguer scandaleusement 1a reconnaissance du ciel aux boucheries de décembre, et sur les pavês de Paris teints de sang, jeter, d'un geste impie, lem dérisoire eau bênite : était-ce daus ce bnt que la nation les avait pris à sa charge? Ils forment au milien <lela société, afin de la mieux dominer, une classe à part, qui reconnaît un chef étranger, q11Îreyoit de Rome sa direction et sqn mot cl'ordre, qui tient cette épée dont on a si bien dit que sa poignée est an Vatican et sa pointe partout: c'est lit un danger auiuel il est bien inutile qu'on ajoute l'abus d'un budget ecclésiastique! Forcer des prote!jants à salarier le zèle avec lequel· des pasteurs catholiques leur promettent l'enfer, est la plus barbare des moqueries, Que les croy:ints de chaque culte entretiennent lenrs ministres, yoil~ encore \\11point sur lequel les R6publicains n'ont q,u'une voix. Mais, ce résultat obten4, en aurions-nous fini avec le règne de ces faux lévites que Sénancourt appelle, dans son amer langage, un ramas d'hommes de Dieu, si nous ne connaissions pas des moyens sfirs et prompts de dissiper cette ignorance qu'ils s'étudient à entretenir parce qu'ils s'y appuient. Nous savons tous que, prostituée à la politique, la justice en 'f'ranoe ,,•existe plus, et qne la magistrature rend des services l'i 11011 p11s des arrUs. 4insi, plus 4e qQt\te sw la n!Scessitç c\'e11revenir, pQmle choix des magistrats, an ~ystème électif consacré par la Constitution de 1791. Mais quand il s'agit d'une profession qui requiert des connaissances spéciales, le choix populaire demande t-il à être combiné avee certaines garanties, ou peut-il s'en passer? La question mérite qu'on l'examine. Après dl!cembre, le pêril inhérent aux ar.mées permanentes apparaît à tons dans une lumière sanglante. Mais la sûreté de la patrir, l'inimitié des rois, le devoir imposé à la France ile donner appui aux peu-nies qu'on opprin~eet de prêter son épl!e· à la propagande du droit, ne forceron1-ils pas la France à être, en même temps qu'une puissance morale et intellectuelle, une puissance militaire? Et, dès lors, ne faut-il pas se demander à quelles conditions, d'après quels principes, en vertu de quelle organisation, il serait possible de faire servir à la dHense, au développement de la liberté, une force presq ne tonjours employée jusqu'ici ;1 la compattre? • • J'ai parlé de crédit, et ce mot, it peine prononcé, évoque devant l'esprit des difficultés immenses. Rien de pins facile que de dénoncer la tyrannie de l'argent, que cle m:ill{\ire l'usure, que de disputer it Schylock cette livre de chair que, son couteau dans une main, et un contrat dans l'autre, il vient tailler an fond de la poitrine ,le son déhit<:ur Antonio. Mais formidable, ne l'oublions pas, est un problème dont la solution va au complet bouleversement de tout l'ancien monde économique. Gardons-nous donc de toute illusion c:omn,e de tout découragement. D'une part, la Ré_yqlutiqnnous appelle, d'abord à clêtniire, ènsuite à i'(\ifier; et d'antre part, b nécessité d'édifier non~ im- pose une tâche à laquelle nous ne saurions nous préparer trop sérieusement. Lorsque, comme Louis 'Bonaparte et ses ministres, on ne voit qu'une proie; lorsqu'on n'a d'autre préoccupation qne de la dévorer il l'aise; lorsqu'on prend à son servie~ une machine toute montée ijont on n'a plqs qu'à laisser aller les rouages; lorwq1ie, 4 force q1attentats, on est parvenu à débarrasser sa route des mil le obstacle~ qu'enfi1ntent 1\at\Jrellement le contrôle d'une assemblée, les debats d'une presse libre, l'éveil de l'esprit public ... , oh, alors, on peut parfaitement se pâ~ser <l'intelligence et de scien~e. Partout oi) son rè;::nc est subi, la force! tient li2u cle <'R!J'<'l<'ité, et la médio .. crit.\ suffit, du reste, au manîmcnt de b tynnrnic . .La liberté est pins exir;eante, et une 1·énovation sociale deman,d.C'autre chose que l'imbécille énergici<l'nn caporal en étal d'ivresse ou les b_;'lsartifices d'un chef de police. Pourquoi s'abuser de gaité de cœur? La situation qui nous attend le lendemain de la Révolution sera glorieuse, je le pressens, mals avec son éclat elle 11pporter~ses charges. H y faudra heancoup cl'énergie, parce que les abus ne se rendent pas sans cornbat ; mais il y faudra aussi beaucoup de sages~e et de prudence, parce qu'on ne réforme p:is une vieille' société tout d'un coup ni en un jonr. D'autant que les intérêts sont aujourd'hui encheYétrés tellement les uns dans les autres, qu'il est impossible de toucher à 1111 seul anneau de la chaîne sans qu'aussitôt elle ne s'ébranle dans toute son éten<lue. En vous présentant ces considérations, citoyens, j'espère n'avoir fait que servir d'écho à une pensée qui est au fond de chacun de vous. De même que la prospérité, le malheur a ses devoirs. Si nous savons mettre à profit notre exil, nos ennemis, en reculant l'heure de notre triomphe, n ·auront abouti qu'à nous mettre en état cl'en mieux assurer le~ bienfaits et la durée. Quoi qu'il en soit, la Répuhliqne n'a p:i~ disparu, pour être éclipsée. Des éclipses'/ Le soleil lui-même est condamné à en ~ubir. Or, le vit-on jam:iis s'éteindre dans la profondeur des cieux? Oui, il Louis Bonnpal'te faisant redorer pour son couronnement la voiture de Charles X, mort vous savez oil... , à Louis Bonaparte rêvant cl'éternité et d'un autre roi de Rome, à Louis Bonaparte, nous pouvons, encore aujourcl'hui, crier, du fond de notre exil, en nous emparant llu mot de son oncle ; La République i'St comme le Soleil: aveugle qui ne la voit pas! Lours_BLANC. CORRESPONDANCEDE LONDRES. Lopdres, 23 Décembre 1853. La question d'Orient préoccupe toujours, et preRqu'exclusivement, les habitans de Londres. Les Anglaiscommencentà trouver un peu honteux le rôle joué par leurs diplomates et leurs marins. Aussi ont-ils appris, avec enthousiasme, que l'amiral Dundas, à la nouvelle dn désastre de Sinope, avait proposé de joindre la flotte russe et de la couler avant de rentrer à Sebastopol. Le gGnéral Baraguay d'Hilliers aurait refusé cle laisser la flotte française concourir à cette agression.-Les journaux affirment que Louis Bonaparte, i11rlig11éde ce guet-à-pens Proce, aurait envoy~ l'ordre d'agir: les flottes anglaises et françaises auraient reçu l'ordre d'entrer dans la :Mer Noire, et une collision serait inévitable, dit le Times, si le Czar ne fjlait pas rentrer ses flottes à 8ebastopo!. "Les flottes, aurait dit L. Bonaparte, ne rentre1'011t qu'après l'évacuation des principautés Danubiennes.'' Enfin des troupes anglaises (venant cl'{rlande) et françaises, seraient destin6es il partir pour Constantinople clans un bref délai. Les Russes ont bombardé, sans succès, la forteresse turque de Motschin en face Ibraïla. Le bruit conrt aussi qu'il~ ont été battus entre Krajova et Kalafat. L'enthousiasme le plus vif rè"'ne i Viddin où 30,000 Turcs sont rassemblés sous les ordres de 0 onze Pachas; les travaux du génie sont confiés au comte llinski, d'où cette rumeur répandue en Hongrie qne Dembinski est à Vidclin. En Asie, les Turcs ont été vaincus dans deux combat~ successifs, par les prince~ Andronikolf et Beboukoff. l lt ont perdu beauco11p d'hommes, et sont refoulés vers Erzeroum. Dautre part, l'armée du général russe Lüders, en marche vers le Danube, a dû retrograder ponr combattre l'insurrection en Crimée, province jadis turque alors qu'elle était occupée par les Khans tartares. Cette nouvelle est donnée p:ir une dépêche télégraphique de Vienne. La Perse a déclaré la guerre à la Porte: l'envoyé persan il quitté Constantinople. Le Shah aurait offert de mettre 30,000 hommes sous les ordres d'un général l'usse. Les détails de la bataille navale de Sinope remplissent les journaux. Il para7t que l'amiral russe Namikoff, après avoir faitrecon. naître la flotille turque par un bâtiment. sous pavillon anglais-ce qui est regardé comme une trahision par les feuilles ano-Jaises-a envoyé l'ordre ~ troi~ v11isseauxà trois ponts de le rallie~; puis, il a attaq~,é la flotille turque, chargée de troupes et de munitions, et dont les pins gros bâtimens étaient des frégates de 50. Les Turc~ se sont défendus avec courage; mais le nombre et la force supérieure de leurs ennemis ont triomphé. Au bout de 4 heures, il y avait 9 bâtiments turcs brûlés ou coulés, 7 éc;houés ù la côte; le 12e, la frégate égyptienne D~mieH,a, c~pturêe, a été incendiée pal' les Russes. L'amiral turc Osman Pacha, blessé grièvement, a été maltriiit~ par ses vainqueurs. Le steamer TAÏF, s'est précipité à toute vapeur à travers la flotte rnsse, a forcé le passHge et a porté la nouvelle cle ce désastre à Constantinople. La ville cle Sinop!} a été brûlée par les vaisseaux russes après la destruction 1,ç l'esoadre et des soldats qui les montaient! Deux programmes gouvernementaux viennent de paraître, celui dn roi de Pié!llon_t et celui dn président des Etats- Unis. Tous deux se félicit1,,1t de leur politique, de la prospérité des pays qu'ils gouvernent, de leurs bonnes relations avec les autres Etats, etc.- Le général Pierce annonce fièrement qu'il a pleinemei1t approuvé la conduite des marins et des consuls amfa·icains dans let\t lntte contre ]' Autriche, en Orient, et qn'il avait refüsé <\edonne-r satisfaction à la cour de Vienne.-Le roi de J;>iémout fait pressentir des réformes économiques dans ~a, Qie dn libre échange dont il vante les heureux_ ré.wlt;i.ts ; et aussi sa persistance daus la lutte engagée pour soustraire l'Etat à h domination tle l'Egiise catholique. ' Je ne v.ons parle pas de la France: vous savez sans doute l:i. manifestation militaire faite à Lyon par le Maréchal de Castellane contre un complot-venant de Londres, J:\ienentendu~et qui devait éclater mardi dernier. V ou&s_avezaussi que la Bourse de Paris, to1tjours patriotique et courageuse, a baissé à la nouvelle-fausse, pro,ba9_li:me\1t-de Pentrée des flottes dans la mer Noire. ~e gouvernement de Berne a fait, dit-on, arrêter un Hongrois comme émissaire de Kossuth ; les feuilles italienne~ réduisent ce fait de police contre-révolutionnaire it l'incarcération d'un étran, ger par son maître d'hôtel, ayant peur de n'i!tre pas payé.-Le prétexte est habile; mais le gouvernement de Berne n'en e~t pas à son conp d'essai dans les actes cle complicité ,ivec.les. rois! Tou-r A ,ous, P11. f Au1n,. ---------------,---,------------- AMNISTIE ET ALLIANCE. AUX J,RÈRES RUSSES ! Le sang et les larmes, une lutte ~éscspér~~ ~t r1uevie~ toire funeste soudèrent la Pologne il, la R1,ssie. La Russie arracl~ait lambeau par lambeau les chairs vives c1ela P9logne, emportait une province après l'autre, s'avançant toujours de plus en plus, comme un malheur inévitable, comme un nuage sinistre, vers son cœur. Là où elle ne pouvait prendre par la force, elle prènait par l'astuce, par l'argent, par des eollc11uioi.s à !es ennemis nature1s, par le partage du butia. • .Pour aYoir la Pologne. elle a. commis sou. premier crime : elle l'a morcelée. 11 eut été moins ~célérat de prendre toute la Pologne, qu~ de la llartager avec les Allemands. Varso_vieet Constantinople étaiei;it les <leux rêves constants qui tourmentaient les tzari et- trottblaient le sommeil du palais d'lüver. . Alexandre vainquit toute l'Europe, - et ~e pdt que la Polo?ue. Lorsque ses tronpes en~raient à Pa.ris, il ne s'emparait en effet que de Varsovie. . L'Europe vieille déjà et cas:sée céda. la Pologne, saus comprendre le sens él.ece qu'elle fit. Elle la céda dans c~t~e ville de Vi~nne qui avait êté samée par un Polonais. L Eur?pe /ens'.11t qu'après la pris~ de Paris, il 1/y avait l)lu~ ne~ a craindre. Elle était sans iuquiérude .du côté d_el Occ~dent et personne u.e pem;a qlle le cl}emin•de l'Onent était déjà familier aux Cosaques. Alexaudre fit a_ccroire. à l'Europe qu'on pouvait être empereur de Russie et ro1 <leJ)ologn.e. Il luf fit accroire que l 'antocrate ,le Pétersbou.rg l)O'ttvait êti:e à Varsovie ·un souverain constitutionnel. • C'était un. mensonge. . . Nicolas ~empla(;a ce me~soi.g.e hyp_oCl;ite•·par.~e véri.., féroG:e. • S~_ntantsa _niain_grotH,iès-1H-,-.,,Ja Pologu.e se !eu. :L msurre~tton de la Pologne e~t le fait le plus noble, le plu~, beau, après la grande Révolution française......... .. _c est en chsputant chaque pas, que les Polollais se retiraient écraséi; par la force. maJeufe, ~crifiés par les o-oilvern~mens <le1:occ_ident~trahis par l~ur-s p-ropres chefs. En passant l~ frontière, lls emportètent la patrie ave.c eux, et, sans fléchir leurs têtes, sowbres et füirs, ils trave.rsèrent le monde. • Devant leur marche solennelle, i•E.urope s!é.carta avec respect. ~es peuples se jetaient à leur rencontre, les rois se rang~~1eut de côté :pour leur ounil' le passage. La v1eilk Europe ~e réveilla sous l'.écho de leurs pas . elle tr?11vades larmes et dit la pitié, elle trauva de l'argen~ et la force qe le donner; ~a figure poétique de l'exilé ·Pc,louais, de ce eroi-sé de la_ltberté, restera ~our l~~gtemp.s d~n" }.11, m~moire populaire. ~-Il~ra~he~a.1_utn s1ecle mesqu1_net pusillanime, elle réconc1ha1t l md1v1duavec l'h~waijiMé et ravivait des espérances presque éteintes. • _Pendan_t vi~gt an-i d'e,-il et de •ll'Îiière, gagnant leur pa1~ parc1momeux à la sueur de lem· ftont, »ouveut maltraités et chassés de pays .en pays les proscrits Polonais 11ecessèrent de travailler ~ la J:éa1il'\IJ.tiod.Qe leur idéal - d'une. Pologue libre. Et leut foi !le p.1li.t poiut deyaut les tristes évén~ments et .lem amour. .u·e ~ refroidit pa, p~r les offenses mcessantes, et leur-s .muscle&u~ s'usèrent• point par_les fati~ue~ inftnctuern,~s ; loin de là. à chaque. appel qui_ retentissait <le la part d·ün peuple ell détresse, prêt à bns~F ses chaînes ... , la Pologne, commE}l'a. dit un ~e ses or~teurs, répon~ait la: prer~ière •• Présente "1 -.-. et l on voyait Je blond fils de la V tstule dans les premiers rangs.de toutes les batailles. populaires, cali il voyait dans chaqu~ lutte ,Pot~r la libertê, une 1u~te pour ia Pologne. Mais ce fl était pas toute la- Patrie qui était en deh,a~ des frontières. - • • P_cndant qu'une P~lo~Be kav~rsait l'Europe, sauvant sa p~tne p~r ~on expatnat100 ~u sol natal, une autre Pologne s achemmait,. les fers aux pieds, Vf!n;, la, Sibérie,-- fa. sauvan! par son martyre. Tout allait pe1:1ple1i ledésert de-n~ige. En Pol~gne le farouche ennemi q.ominait. Avec uu.e égale persistance, avec u_neégale obstination, il foulait aux pieds tou~ ce qui_étai~ Polonais, t~~t ce qui etait humain. Lorsqu enfin 11 lm sembla qu 11 avait tout p}oye tout a~attu, lorsq~_'il p_ens~qu~il avait dompté la Pologu/ sibérienne et_ q.tl 11 n ~va1~ plus rien à craindre de la Pologne errante'. il ot~ la frontière entre la Russie et la Pologne. E~t-~l pos_sible~ue dans tout cel~ i~ n'y ait pa&de sens, de s1g111ficat1oqnu une lutte sangmnane, qu'un exil volontaire, qu'une déportation forcée, q1J.'UJle victo.ire ignominieuse, qu'une acquisition xriolente? • Non, au travers de cette sombre iérie d'événements au travers du sang qui fume, -au-delà du gibet, par-dessu; les têtes du tzar et celles des bourreaux, uç,us voyons poindre l'aube d'un nouveau jour. Derrière l'unioa forcée, nous prévoy~ns l'~nion libre.; derrière l'union faite -par le tzar, une m110u faite par les peuples ; derrière une unité, enfin, dans laquelle la Pologne serait ahso1·béepa.r la Russiei une unité fondée .sur ~'égal~té et sur l'autonoinie de chaque pays. Les pnsonmers forcément enchainés 1'uu à l'autre se reconnaissent frères, Us sentent le même sang dans leurs veines et la haine de famille s'éteint. Haine? ... D'où \',enait-elle dollé? D'où veBait le senti~ ment d'inimitié i.nsunnontablc qui, au commencement en.. trainait les Polonais à lutter contre fa Russie, @nsuit~le,s Russes contre la Pologne? Elle nous est suspecte cett~ haine; nous ue crnyons pas à cette inimitié- innée. Il nou,s semble qu'au fo)ld de tout cela,. se cachait un sentiment de jalousie, lil-l se»timent vague de l'insuffisanc·e réciproque. Ils devaient se compléter et ils s'entr..e,.dé<ihiraient.... La Russie, forte par l'unité de sa race~ son homogénéité et par le sentiment populaire d'unité, fo:rma un état im.- mense. Mais il était tri4lte, cet état. Evidemment, il y manquait quelque chose. Sa vie se èachait au fond des villages ou bien s'~lançait vers les frol):l:i'èree,les débordant coutinu~llen1.elilt, f.On.me ~t, tp~l,tl~lltée par w;i.eang9j's;e i~r--

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