Homme - anno I - n.03 - 14 dicembre1853

de la vie sociale, que cet échange actif, universel, permanent, ce commerce des idées, ce mutuellisme des intelligences allant ensemble à la vérité, Vénus jalouse qui se cache derrière les problêmes, comme le soleil der.rière les nuées. Il est une autre raison toute morale-et profondément humaine, qui fait un devoir social du respect de la liberté dans chacun et chez tous. Qu'est-ce qu'un homme qui subit la connaissance ou la volonté d'autrui, sans débattre? C'est un être passif, un instrument, un cadavre : La nature intelligente et responsable est en lui violemment outragée; il y a là meurtre d'une âme, et le coup:viendrait-il de la science ou de la vertu, la justice n'en serait pas moins violée : une vérité qn'on impose, ce sont des Consciences assassinées : or sans la conscience qu'est-ce que l'homme? Voilà comment nous comprenons la liberté qui fait toute la grandeur morale de l'être humain, et toute la dignité de la vie. Nous ne sommes plus à Rome défendant, derrière Caton, le privilége patricien de la souverainté : nous ne sommes plus à la diète de Worms défendant avec Luther le droit d'interprétation relig·ieuse, ou la liberté relative : nous sommes avec la Convention gui proclama les principes, et la révolution prochaine qui, sur les décrets de la science, les appliquera. Travail mutuelliste et libre, cormnunion des idées mutuelliste et libre, afin que lo bien-êtrn pour tous s'accroisse et monte, comme la connaissance; voilà notre idéal, nos deux tendances, nos Jeux sentimcns : nous voulons, qu'esprit et corps, l'humanité soit affranchie. Le rêve est loin dira-t-on; car voilà les religions qui psalmodient, comme autrefois, les récitatifs sacrés sur les foules abruties; voilà les g-onvernements qui suppriment la conscicnee humaine et ne sont plus que l'orgueil, la volonté, la folie d'un seul·; voilà les académies, les index, les censures qui, polices actives, relèvent leurs tribunaux, et font la chasse aux idées, comme au temps de Savonarole .... Oui : l'autorité nous donne ce dernier specfacle <le ses fureurs : mais c'est la danse des morts à !:heure de minuit, et l'aube n'est pas loin! 1,ravail Ions, travail Ions toujours, - à la révolution pour demain, - à b science pour l'avenir, et qu'à jamais l'esprit de liberté fraternelle habite nos ftmes ! ÜHARLES RIBEYROLLRS. •Les pros ~rits de toutes les Hatious, réfugiés à Londres, ont célébré, comme nous à Je, sey, la date du 29 novembre, anniversaire de la révolution polonaise. Entre les discours prononcés rlans cette réunion de l'exil, il en est plusieurs <l'une graude élévation, et dont la pensée ira loin ; l'un, entr'autres, du citoyen Hcrtzcn, réfugié russe, et qui travaille à l'une des plus belles propagandes ùe Cf: temps. Ledru-Rollin a pris aussi la parole, et nous donnons son discours en entier. C'est une belle page politique à méditer, et dont les vues ne seront _pas démenties par les évènements. • Nous ne dirons rien ùe cette éloquence mâle ot vigoureuse qui va droit aux choses, il y a longtemps que nous la connaissons ; mais à ce dernier éclat nous avons vu que les longs exils élèvent et fortifient! Voici le discours du citoyen Ledru-Rollin Citoyens, A considérer, depuis deux ans, les affaires d'ici-lias, on dirait vraiment qu'elles sont gouvernées par la folie et qu'une main mystérieuse se plait à déjouer les prévisions humaines. Tout paraît livré flU hasard, à l'imprévu, à l'extravagance, et cependant, pour quiconque ne s'attache qu'aux grandes lignes du drame, il est évident qu'il aura pour dénoûment prochain le triomphe de la liberté, l'avènement de la démocratie. Je dis qu'à première vue, les affaires de ce temps semblent dirigées par la folie. Et quoi de plus étrange, <'Il effet, que le spectacle offert sur le continent? D'un b-Outde l'Europe à'l'autre tout était ~ilence; la Pologne épuisée par des raffinements d'astuce et de barbarie, la Hongrie livrée par la trahison, l'Jtalie étouffée sous les bayonnettes étrangères, la France elle-même, cette grande France· de la révolution mise an haillon et à fa ·chaîne, on aurait <1itque les tyrans n'avaient plus qu'à se réjouir sur le caclavre des peuples, lorsque, soudainement et par un brus.que coup de tête, voilà qu'un de ces tyrans mêle tout de nouveau, remet tout en question et rend la vie à-ce vaste champ de mort. Et cet homme, q11elest-il'? la plus haute expression du despotisme sauvage, celui que, depuis 20 ans, les Tyrans s'étaient habitué3 à considérer comme lenrrégulateur .,et leur Nestor. Que ,lis-je, un homme! c'était un Dieu: èlans son incommens\lrable orgueil, il s'était fait déclarer Dieu. Vous le croiriez à peine, si je ne vous citais un pa56age du catéchisme répandu dans son vaste empire et destiné à former le cœur et l'esprit des jeunes Moscovites. Il y est dit textuellement : "Tout sujet russe doit au czar son corps et son âme. L'empereur est le lieutenant et le ministre de Dieu pour exécuter ses commandements. La désobéissance à l'empereur s'identifie par conséquent avec la. désobéissance envers .. Dieu lui-même qui récompensera dans l'autre monde notre culte envers l'empereur, comme il punira sévèrement et pendant l'étcr- , nité ceux qui pourraient y manquer. Dieu nous ordonne d'obéir à ]'empereur, non par des considérations temporelles, mais par crainte d'un jugement dernier, e~ il l'ordonne par l'Ancien et le cuveau-Testament et en particulier par les psaumes, les évanL'IIOM ME. gilcs et les épîtres apostoliques." (R-ires bntyans et p,·olongés.) Vous riez avec raison, car c'est le comble <lela démence; c'est Héliogabale se proclamant fils clu soleil, c'est Alexandre se faisant adorer dans Babylone, Alexandre moins le génie et la grandeur, Alexandre devenu fou. - Nicolas, prenez garde à l'histoire ; les infirmités hmnaines ont leur hérédité : Paul, votre père, est mort fou, Constantin, votre frère, fou, et Alexandre votre frère, touchait à la folie dans ses dernières années si solitaires, si mystérieuses et si sombres. 0 loi inépuisable du progrès, que je te reconnais bien là! Tu te ris des obstacle,i; semés sur ta route, il te suffit pour les vaincre de les transformer. Ton théâtre est si varié que peu t'importe les acteurs : peuples sublimes d'enthousiasme, saints martyrs, ou rois bouffons, tout est bon sous ta main, pourvu que tu marche~ à ton invariable but. A nos c.hances qui languissaient, tu substitues des chances 11onvclles. Il te fallait, pour réveiller les peuples endormis et leur rendre la mâle virilité des combats, que le bruit du canon vînt ébranler la terre. Eh bien, il sera tiré! par qui? Non par les peuples, ils sommeillent, mais par les rois qui les oppriment. 0 lot féconde, je pénètre maintenant tes secrets, l'ordre même de tes desseins. Tu as voulu d'abord l'expansion pacifique de l'idée nouvelle qui s'est créée partout d'innombrables apôtres; puis, après, la persécution implacable qui a mûri, trempé, bronzé les caractères, puis enfin, tout ainsi préparé, tu veux une dernière mêlée des peuples et des rois, laissant à nos courages la t/tche d'en faire sortir la liberté. Oui, tu nous dis : La carrière est rouverte : à vous la liberté, si vous savez la .payer de votre sang! Frères, le saurons-nous? ( Oui, oui, otû ! bravos enthousiastes . ) Tel est à mes ye•1x, citoyens, la perspective possible de la guerre; le sort de la démocratie Vd donc être plus .que jamais placé entre ses propres mains. Mais, avant tout, aurons-nous la guerre? Je réponds,: Oni, nous l':iurons, inévitable, poussée jusqu'à ses dernières conséquenceg. To.ntes les diplomaties, tous les congrès ne peuvent plu$ rien pour la conjurer. Pourquoi? parce qu'il la faut fatalement à deux hommes qui disposent ile gros bataillons. li la faut à Nicolas comme chef de peuples, comme chef de religion. Comme chef de peuples, son prestige en Occident ne reposait que sur la réputation de sa gigantesque et formidable armée. Or, si après ses premiers échecs il recule d'un pas, la fantasmagorie disparaît, le prestige s'évanouit. Comme chef de religion, il a derrière lui un _parti ultrà-russe, fanatique, farouche, impatient, qni se personifie déjà dans son second fils et s'apprête, en cas de revers prolongés, à lui réserver le sort de beaucoup de ses prédécesseurs. Le grand empereur, le Dieu que nous avons vu tout à l'heure est simplement placé entre le trône et le c..>nlon.Donc, nous aurons la guerre sans répit ni pitié. Mais, elle est non moins indispensable à un antre tyran. Celui qui pèse sur la France, qui en a épuisé tons les trésors, et pillé les • dépôts les plus sacrés. Ce mot fatal se fait entendre: il n'y a plus d'argent; la guerre ~ervira de prétexte pour battre monnaie, pour décréter un emprunt forcé sur les riches, une augmentation d'impôts sur tous. De même que le 2 décembre a couvert les vols qui ont préparé l'empire, on espère que la guerre liquidera les vols qui aident à le soutenir. Puis, comment contenir autrement que par la gueuc une année qui devient cxigcntc, veut des gardes, de l'av:mcement, et que l'inaction pousse à murmurer, à conspirer déjà? D'ailleur$, n'avez-vous pas vu depuis deux ans le traître penché sur son abîme, épiant la guerre à tous les points de 1~110rison?Ne l'avez-vous pas vu convoiter successivement l'Angleterre, puis la llelgique, puis la "Savoie, puis. les bords du Rhin, que sais-je! Cette fois, il n'attend que les coups de canon tirés sérieusement sur le Danube, pour entrer en Italie. Ah! n'allez pas croire quïl y entre c11vainqueur par la fortune des batailles - cc qui serait dangereux, du reste, pour la <lémocratic. Non, il n'a pas de ces façons de héros, il s'y faufilera, passez-moi l'expression, il s'y faufilera comme un voleur, disant à l'Autriche: Je ne fais que ren. forcer mon armée de Rome, menacée par l'insurrection; des deux épines que vous avez dans le flanc, la Hougrie d'un côté, l'Italie de l'autre, j'en détourne une: je veille enfin pour vons, afin que vous puissiez porter sur d'autres points toutes vos forces disponibles. Donc, de par Nicolas, de par Napoléon, nous aurons la guerre; voilà le premier pas. Citoyens, il me reste à vous montrer maintcn:mt comment cle b guerre doit sortir la liberté. Et d'abord je dis : de deux choses l'une, que les Turcs soient victorieux ou vaincus, le cercle ne s'en élargira pas moins et l'épée ne peut pins rentrer an fourreau. Supposons-les victorieux, car leur cause est nationale; elle est sainte, c'est là que sont nos vœux : bravos pour eux. (La salle toz,t e11ti~reapplaudit avec enthousiasme.) Qu'ils soient donc victorieux, l'Autriche i11tcrvicnt, si el!G n'a été dévancéc cléjàpar ces jeunes généraux polonais, hongrois, ivres de la victoire, et qui pousseront avec leurs phalanges triomphantes jusqu'au pays natal où il y a des crimes à châtier, une patrie à reconquérir. Sous cet élan héroïque la terre s'émeut, l'ébranlement est général, les peuples sont debout! 0 France, ma patrie bien aimée, à la fibre électrique, au génie si enthousiaste et si martial, toi, renommée dans le monde pour avoir su défaire des rois, c'est là que je t'attends! (Bravos prolo,~gés.) Assez de démonstration. Les Turcs _victorieux,c'est la liberté. ( Bravo, bravo,) Au contraire, ·supposons-les ..vaincus. Alors volte-face subite ; croyez-moi, vous entendrez ce langage. N1!poléon dira à Nicolas: Réprésentants du même principe, l'absolutisme, pourquoi nous quereller'? Gardez de l'empire ottoman ce qui vous convient. Pour moi, je garde l'Italie. La logique exige que nous détruisions les Etats constitutionnels, soupiraux à moitié fermés d'où s'échappent encore quelques étincelles. Que l'Autriche prenne le Piémont, et moi la. Belgique, et tout sera fini, et l'ordre régnera sur le continent. Quant à l'Angleterre, .dont.nous avons à nous venger tous deux, enfermons-la dans un rayon douanier qui la fasse périr en son île. Mais l'Angleterre, dira-t-on ! Ah! l'Angleterre, dans cette extrémité, aura deux alternatives : se jeter dans leg bras des peuples et contribuer avec eux à renverser les tyrans, ou bien essayer de renouveler contre la France une septième coalition. Mais nous ne sommes plus ni en 1792, ni en 1815. Ce n'est pas -vainement que la France a fait trois révolutions, que l'esprit républicain de 1818 a. secoué les nations dans leurs fondemens et trouvé partout des échos, à Rome, comme à Vienne, comme à Berlin. Les peuples ne peuvent plus être trompés, et l'embrâsement universel d'une coalition, c'est encore la liberté. (Bravos unanimes et prolongés.) Voilà, citoyens, la seule péripétie q1tepuisse amener la guerre. Encore une fois, la démocratie unie, résolue, courageuse, a son sort entre les mains. ( Oui, oui.) Imprudents, diront de nous les journaux de demain, imprudents qui montre.z ainsi derrière la question d'Orient le fantôme de la révolution prêt à se lever; yous nuisez à la cause sacrée des Turcs. Non, mille-fois non, répondrons-nous, c'est la servir que de proclamer la vérité. Il faut qu'elle sache bien qu'elle n'a rien à attendre de ses alliés douteux qui s'observent et se jalousent plus qu'il ne sont disposés à la défendre. Qu•elle n'ait foi que dans son indomptable énergie et dans l'insurrection des natio11alités qui l'cnvirouncnt. Là est sa force. Mais, du reste, elle le compre1Hldéjà; témoins ces valeureux étrangers appelés sous son drapeau, ces légions franches qui s'organisent, ces armes envoyées au Cauease, à la Valachie, p:ntout enfin où se lève un bras pour la servir. S'associer tous les peuples, comme elle le fait, ce n'est déjà plus combattre pour sa liberté seulement, c'est combattre· pour la liberté de ton$. (Bravo! bravo!) D'ailleurs, pourquoi des réticences, pourquoi des voile~? N'est-il pas dans l'histoire du monde de ces moments suprêmes où le succès entre deux principes contraires n'est plus douteux, et ne sommesnous pas à un de ces moments ? Vainement le spectacle hideux du crime triomphant, de la. force maîtresse du droit a-t-il jeté le trouble dans quelq11esconsciences défaillantes qui se sont écrié : Il n'y a plus; rien de vrai, ni droit éternel, ni morale, ni vertu; le monde n'est q 11 'un cercle vicieux où les peuples successivement montent et s'abaissent, grandissent et tombent sans avan~er. La civilisation, comme un pendule, est destiné à osciller invariablement entre deux pôles qu'elle ne peut jamais franchir. Blasphème, détestables pensées démenties par les faits ! Loin de reculer, le monde moral gradit et marche. Et pour ne parler que des scieitces naturelles, depuis 50 ans seulement, que de progrès que l'antiquité même la plus civilisée n' aurait pu supçonner ! Ne calomnions pas notre siècle : jamais le génie humain n'a pénétré plus avant, ne s'est élancé plus h1mt. La perfectibilité, voilà la loi, non la loi des livres rej ctés, mais la loi de la nature. Deux liens seuls l'ont enchaînée jusqu'ici, les prêtres et lès rois. Eh bien, qu'ils disparaissent. (Bravos entlumûastes.) En attendant, honneur à ceux cl'catre nous, Polonais, Valaques, Hongrois, qui pour servir notre sainte cause sont déjà sur le théâtre· des éyénemen.ts ! Et quant à nous, concitoyens, fasse le génie de la France que dans les ardeurs de cette lutta dernière on nous reconnaisse à notre cri mille fois répété de : Vive la République démocratique et soci:de ! ( Ce discours est suivi de longs applaudissemens ..) UNION .. Il est sa-ge de ne pa-s récriminer entre nous; tons, gouvcrnans, .parti, et peuple, nous a,vons commis <les fautes que l'histoire impartiale jugera. Examinons-les pour ne pas y 1:etomber; mais ne nous .croyons pas le <lroit de nous les reprocher comme Iles crimes. Tous, nous. y .avons pins ou moins participé, soit que nous les ayons provoquées, soit que nous y ayons concouru. Tous, nous en rort.ons la solidarité. Que le malheur commun, conséquence de nos fautes communes, nous rapproche Jonc eufin. Divisés, nous avons succombés ; essayons donc, une fois, de mettre en pratique notre devise fraternelle. Comprenons et appliquons notre doctrine de solidarité; ne nous scindons plus en sectes, en partis, en classes ennemies, après avoir prêché la Fraternité des peuples, la Solidarité humaine. Tous unis, serons-nous assez forts pour vaincre les égoïsmes, les p1;ivilèges, Jes préjugés coalisés et armant contre nous l'ignorance et la -misère de ceux-là même que nous cléfendo11s ?.. H N oblcs, .banquiers et prêtres de tous les cultes, ils ont su rallier. toute5 leurs forces, grouper toutes leurs influences contre nous. Ils ont indifféremment acclamé la dictature du soldat républicain ou de l'impérial parjure; ils ont béni les arbres de liberté tout comme les aigles du Coup il' F.tat. 11s ont fait taire leurs ambitions, leurs jalousies, et cc qui leur restait de conscience; ils eussent sacrifié fo moitié de leur fortune pour conserver le reste. Pour retarder la Révolution, qu'ils savent bien ne pouvoir éviter, ils laisseut le Czar menacer, dans Constantinople, de couper aux Anglais la route des Indes, et de prendre pour lui la :M:éditerranée, le lac français .... Pendant ce temps, qu'a fait la nation, bourgeois ou prolétaires? Le 1nolétaire a plus cherché l'augmentation immédiate de son bien-être, par la hausse partielle des salaires, qu'il n'a étudié le but plus lointain et plus 1>]evéde la Révolution sociale: l'abolition du prolétariat, De là cette apathie ,le l'ouvrier qui se résigne au règne cle la corruption soldatesque et bancocratique, ln disant: nous avons de /ouvrage .... Le bourgeois a redouté, pom ses intérêts, les conséquences certaines du progrès démocratique, le terme des r spéculations, l'annihilatio_n du privilège capitaliste. Ne voulant pas voir qnc l'intelligence et !"activité n'avaient qu'à gagner à l'avènement du T-ravail, ,Je bourgeois a traité en ennemi la République. Peur nous échapper, par peur et par égoïsme, il a laissé s'in.troniser le despotisme jésuitique et br11tal du Deux Décembre. Tous, pourtant, bourgeois, prolétaires, paysans, un instant levés à l'appel de la Révolution sociale, et rejetés par la Terreur bonapartiste dans leur mystérieuse inertie ; tous sont appelés à secouer l'opprobre nationale, à rentrer dans la voie providentielle ouverte à. la France pour y guider le monde. Mais c'est en faisant abnégation de leurs intérêts immédiats, en acceptant, s'il le faut, les dures nécessités de la crise révolutionnaire,· qu'allégera d'ailleurs le mutuel dévouement; c'est en faisant taire l'égoïsme et l'exclusivisme dans le11r âme, que bourgeois et prolétaires, retrouvant leur digité d'homme trop engourdis par le culte des intérêts matériels, se retremperont dans le courant révolutionnaire et rendront à notre patrie son honneur et son initiative. Sachons doue nous unir ; nos consciences, nos convictions, nous n'avons pas, comme nos ennemis, à les sacrifier; car, alors, mieux vaudrait renoncer à jamais à réssusciter la République française! nos idées? mais elhis sont la Révolution m~me; tous, nous voulons l'émanci1mtio11sociale, politique et religieuse de l'homme. Qui donc détachera son drapeau clu faisceau commun? D'où sortirait_ -uuc résistance à l'union révolutionnaire?

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==