Le Contrat Social - anno XII - n. 4 - dicembre 1968

MAO CONTRE LA CHINE par B. D EUX ANS ont passé depuis notre chronique sur la « contre-révolution culturelle » en Chine (n° 6 de 1966), dans laquelle une revue succincte de l'année écoulée, d'après une centaine de titres et soustitres de journaux, pour résumer, donnait une idée suffisante du monstrueux dévergondage politico-social déchaîné par Mao Tsé-toung sous l'appellation dérisoire de « révolution culturelle » ( empruntée à la phraséologie soviétique). Déjà se posait la question de savoir si l'idéogramme traduit par « culturelle » ne signifiait pas en réalité tout le contraire. Car fermer l'ensemble des écoles et des universités, brûler par millions les livres classiques, saccager des monuments, détruire des œuvres d'art, vitupérer les écrivains et penseurs les plus justement célèbres, brutaliser des gens inoffensifs, faibles ou désarmés, etc., cela ne correspond guère à la notion occidentale de « culture ». Déjà nous constations « une énorme chienlit collective, tin tamaresque et destructrice ( ...) laissant derrière elle nombre de victimes », bien avant que de Gaulle ne réprouvât la chienlit parisienne des sectateurs de Mao et de leurs congénères. Il serait facile, quoique laborieux, d'allonger à gogo la série des citations du même ordre et de même farine pour les deux années suivantes, si ne nous étaient à tel point mesurés le temps et la place. Mais on aurait beau collectionner les imbécillités de la clique chinoise au pouvoir, aucune ne surpassera celle qui, renchérissant sur le millénium d'Hitler, veut nous enseigner que « les contradictions continueront d'exister pendant un milliard d'années », Mao et ses disciples étant seuls capables de les résoudre, puis celle qui prévoit « des siècles pour amener une décision dans la lutte entre Je socialisme et le capitalisme » (les réféBibliotecaGino Bianco Souvarine rences sont dans l'article mentionné au début). On ne peut retenir à présent que certains traits saillants du tableau devant lequel s'extasient tant d'interprètes attitrés de la déliquescence occidentale, surtout en France sous la cinquième République. Mao et sa cabotine (Chiang Ching*, qui n'avait aucun titre à jouer aucun rôle dans la drôle de guerre civile chinoise, hormis celui de partager la couche du despote), avec l'aide de Lin Piao, maître d'une fraction de l'armée, ont mis plus de deux ans à « purger » le Parti et l'Etat des éléments qu'ils tenaient pour hostiles ou gêneurs. Ils n'ont cessé de rabâcher qu'ils avaient affaire à une « infime poignée » de traîtres, de révisionnistes, d'agents de l'impérialisme, mais pour en venir à hou t il leur a fallu mobiliser plus de cinquante millions de prétendus gardes rouges dopés, fanatisés, enragés, mais impuissants pour l'essentiel puisque la soldatesque a dû s'en mêler, pour trancher en dernier ressort. Cette « infime poignée » d'indésirables, Mao et sa clique ont dû mettre la Chine sens dessus dessous pendant près de trois ans afin de lui régler son compte. Et que lui reprochaient-ils ? * Selon l'article biographique signé Ma Din-lian dans la Literatournaïa Gazeta de Moscou (28 août 1968), elle aurait débuté dans une « maison de plaisirs » (euphémisme pour lupanar) et y devint la deuxième femme du proxénète Van, son protecteur. Plus tard à Changhaï, elle changea son nom de Lou An en celui de Lan Pin, épousa un acteur nommé Ma, et après une série de mariages qui facilitèrent sa carrière théâtrale plutôt terne, elle se rendit à Tchoung-King, siège provisoire du Kuomintang, puis à Yenan où elle s'introduisit dans la caverne de Mao et y supplanta la troisième femme de ce dernier. Le Politburo chinois s'opposa au mariage de Mao avec Chiang Ching (Tsian Tsin, en t1l\nscription russe) mais finit par y consentit.

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