270 et reproduit ces derniers articles, peut-être aussi d'autres à l'étranger. La crédulité humaine donne la notion de l'infini ... Il faut renoncer à dénombrer les dupes de cette invention, éditeurs et lecteurs, politiciens et journalistes. Une feuille confidentielle de Washington, Human Events du 11 mars 1953, a même fait état de Budu pour conclure que Malenkov descend d'un Bachkir, donc appartient à l'Islam, ce qui explique bien des choses (mais lesquelles?). Deux fois, Réalités a pris le faux neveu de Staline sous son égide. Mais comment ne pas juger les prétendus « experts» qui se sont laissés prendre à d'aussi grossières fabulations? M. André Pierre, du Monde, qui se référait sans réserve au faux Kalinov et citait la fausse thèse de Boulganine dans un livre paru en 1952, a couvert la première opération Budu. Quant à M. Deutscher, qui se répand dans la presse anglaise et internationale, notamment dans le Reporter à New York et dans L'Express à Paris, sa jobardise n'a pas de limites puisqu'il reprend à son compte une des plus énormes bouffonneries de Budu, dans la « Russie après Staline» : il y cite complaisamment le faussaire pour excuser Staline de ses crimes en les expliquant par la « magie primitive», les traditions des Khevsoures 10 et autres ineffables stupidités de même calibre. Le B.E.I.P.I. a dénoncé le premier faux Svanidzé, dans son n° 88, et le deuxième faux du même nom (même n° du 1er mai 1953), avec un commentaire sans ménagements et demeuré sans réplique. Il y est revenu d'une manière plus circonstanciée dans l'article : « Budu Svanidzé récidive» (n° 121, du 16 décembre 1954). Enfin ayant reçu d'une agence une lettre revendiquant le faux neveu en même temps que le faux Litvinov, le B.E.I.P.I. a répondu en termes d'une netteté ne laissant rien à désirer (n° 133, du 16 juin 1955) et qui attendent encore une réponse. On ne saurait tout reproduire et, par conséquent, pour plus de détails, prière de se reporter aux textes probants dont nous donnons les références 11 • 10. Une simple phrase de B. Souvarine sur les Khevsoures, dans un livre sur Staline (1935), retenue par Trotski avec une brève allusion à la << vendetta >>locale, a servi de prétexte au faussaire pour un délayage que le plagiaire Deutscher devait délayer à son tour. 11. Le faux Budu Svanidzé (c'est-à-dire Bessedovski) a séduit une quantité· innombrable d'ignorants et de dupes volontaires ou bénévoles, pas seulement du type Deutscher, charlatan patenté, mais comme le respectable M. Henri du Passage (Etudes, avril 1953, revue sérieuse des Jésuites), comme M. Gaston Riou (Hommes et Mondes, février 1955) et maints journaux de province (cf. Progrès de Lyon, BibliotecaGino Bianco PAGES RETROUVÉES M. Bessedovski n'a pas recours par principe à des signatures fictives. Son article du Figaro Littéraire du 17 juillet 1948, intitulé « Les deux Joseph», qu'il a signé, mensonger d'un bout à l'autre, a été mis en miettes par un collaborateur du B.E.I.P.I. pour les affaires yougoslaves (n° 89, du 16 mai 1953), qui constate : « tout est inventé», et le prouve. Son article du Figaro du 11 novembre 1948 est aussi faux que le faux document cité (Instructions du Politburo aux ambassadeurs) et la présentation de l'auteur, en italiques, est aussi fausse que le reste. On n'en finirait pas de relever les écrits malhonnêtes de cette production aussi variée que torrentielle 12 • Son collaborateur Yves Delbars signe aussi, pour son compte personnel, quantité d'articles dans le genre de celui que Stars and Stripes, journal de l'armée américaine, a publié sur deux pages et dévoilant tous les secrets atomiques de !'U.R.S.S. L'amiral Zacharias ne manque pas de disciples. Mais le chef-d'œuvre du charlatanisme reste « Le vrai Staline» (Paris, éditions « Je Sers», 2 volumes, 1950 et 1951) où le charlatan Delbars se permet de fabuler les histoires les plus fantastiques, comme celle où Staline (qui n'a jamais mis les pieds à Paris) monte avec Lénine sur la tour Eiffel. France-Soir n'a pas eu honte de nourrir son public avec un aliment aussi avarié, sous forme de « récit écrit par Pierre Gratien, spécialiste des questions soviétiques» (???), tant le style Delbars s'avérait indigeste. Ce journal et aussi Combat ont largement ouvert leurs colonnes à l'ancien collaborateur du Matin prohitlérien, devenu laudateur de Staline 13 • 14 février 1955 et suiv.; Dépêche de Toulouse, 19 octobre 1955; et combien d'autres). Un détail à souligner : le B.E.l.P.l. avait précisé en 1953 que le fils d'Alexandre Svanidzé, celui-ci beau-frère de Staline, ne se prénommait pas Budu, mais << John.. Reed >>.Quatorze ans plus tard, Svetlana Allilouieva le confirmait dans ses << Vingt lettres à un ami>> (1967). 12. Outre ses articles diversement signés, Bessedovski en a casé beaucoup d'autres sous le couvert de la << Page internationale >>et autres simili-agences. Le Figaro en a publié un grand nombre. Fort de l'impunité que lui valaient ses relations sordides avec plusieurs services secrets ennemis auxquels il vendait ses ragots forgés de toutes pièces, Bessedovski a même eu le toupet de pondre un << Journal intime de la dernière Impératrice de Russie, rendu public grâce à G-. Bessedovski, un des témoins du drame >>.Sans commentaires. 13. N. Kossiakov, alias Yves Delbars, a usé d'autres noms de plume (Nick Dell, Nick Delarny, Jean Perrenis). Sa marchandise frelatée a pénétré dans des dizaines de journaux, entre autres France-Soir, Paris-Presse, Combat, Jour-
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==