Le Contrat Social - anno XII - n. 4 - dicembre 1968

B. SOUVARINE lieu de s'arrêter sur leurs parts respectives, leurs dissensions nées de divergences d'intérêts. Il importe surtout de mettre en garde contre l'utilisation des produits de leur imagination féconde. Outre les faux Litvinov, Jdanov, Kalinov, Boulganine, l{rylov, Masaryk déjà classés, il y a : « J'ai choisi la potence» (Paris, éd. Univers, 1947), attribué impudemment au général Vlassov; « Pourquoi j'ai brisé les barreaux d'une cage dorée», dans le Figaro (24 et 25 janvier 1951), par Ivan Markin, alter ego de Kalinov et de Krylov; « Mon oncle Jose ph» (Paris, Denoël, 1952), par un prétendu Budu Svanidzé, faux neveu de Staline. Paru d'abord dans Réalités, mars 1952 et suiv ., traduit et annoté par André Pierre qui n'a plus osé signer sa traduction lors de la publication en volume. Condensé dans Constellation; « Le Testament de Staline», refusé d'abord partout 8 , puis inséré dans Der Stern, de Hambourg, hebdomadaire méprisé; résumé dans le Populaire du 24 avril 1953; intégralement reproduit dans Combat du 11 mai 1953 avec une introduction et des notes consternantes de niaiserie et d'ignorance; « Staline m'a dit», (dans Réalités, avril 1953 et suiv.) par le faux neveu Budu Svanidzé. Edité en volume sous le titre : « En parlant avec Staline» (Paris, Editions Colbert, 1953). « Georgiy Malenkov» (London, Allan Wingate, 1954), par l'imposteur obstiné Budu Svanidzé. Mérite une mention spéciale le faux rapport du faux colonel Khralov, mentionné plus haut et dont G. Denike a réglé le compte dans son article du Novy Journal. Ce faux a servi, ainsi que d'autres de même farine, à composer l'ouvrage scandaleux de l'amiral Ellis 8. Le faux fut proposé au Figaro. Cette fois M. Pierre Brisson, par téléphone, pria B. Souvarine de passer au journal pour examiner le <<document>>. B. S. répondit : <<C'est un faux >>. - <<Qu'en savez-vous, demanda ingénument M. Brisson, puisque vous ne l'avez pas vu? >>- <<Parce que, dit B. S., cela ne peut pas être autre chose ... >>Cependant, par égard envers M. Brisson, homme fort courtois mais profane en la matière, et qui ne comprenait pas que soit jugé à priori un <<document>> aussi important, B. S. se rendit au Figaro, accorda un regard de travers au faux et le déclara faux. M. Claude Bourdet, déjà nommé, le paya un bon prix et, à grand tralala, le publia dans Combat (11 mai 1953), donnant une fois de plus la mesure de son intelligence et de sa compétence. Cf. B.E. l. P. T., n° 88. BibliotecaGino Bianco 269 M. Zacharias : « Behind Closed Doors » (Ne"v York, 1950), écrit en collaboration avec un certain Ladislas Farago, peu recommandable. Cet amiral illettré, dépeint comme le plus grand spcécialiste américain de l' « Intelligence» par son éditeur, a été vraiment adjoint au chef de la «Navy Intelligence», si incroyable que cela paraisse. Il a pourtant signé sans hésiter un tissu de mensonges fait par son « ghost writer » Farago au moyen des matériaux fournis par Bessedovski et consorts. Une traduction française en a été donné dans le Figaro, 26 septembre 1950 et suiv ., (copyright Opera Mundi, comme pour Ivan Markin, et aussi pour Budu Svanidzé, dont le tour arrive). Nos amis américains se plaindront ensuite de la déconsidération que toutes sortes d'amiraux Zacharias font rejaillir sur « l'Amérique» en général. Certes un Bessedovski sévit en France, mais du moins aucun amiral, aucun chef de services secrets ne signe ici ses œuvres 9 • « Aider les communistes chinois pour éliminer le communisme, suggère l'amiral Zacharias», lisait-on dans Le Monde du 21 mars 1950 en titre d'une dépêche de Washington. Le grand spécialiste de l' « Intelligence», comme dit son éditeur, « a exprimé l'opinion que les communistes chinois coopéreraient plus facilement avec les Etats-Unis qu'avec l'U.R.S.S. ». Et ensuite« il a suggéré dans ce but de fournir une aide économique à la Chine communiste en ne demandant pratiquement rien en échange». Etc ... Le reste est du même tonneau. On voit que l'amiral puise sa science à bonne source, même quand il n'a pas recours à Bessedovski. Mais revenons aux faux et aux faussaires. * * * L'invention d'un neveu de Staline nommé Budu Svanidzé a dû être une des trouvailles les plus fructueuses de Bessedovski, lequel en a déjà tiré trois volumes (le dernier n'a pas trouvé preneur en France) et Dieu sait combien d'articles. Dans son introduction à « Mon oncle Jose ph», il raconte qu'en été 1951, Budu se préparait à partir pour l'Amérique du Sud, Mais comme par enchantement, le même Budu se trouvait en France, à pied d'œuvre, pour exploiter en 1953 la mort de Staline (deuxième volume), puis en 1954 la curiosité relative à Malenkov (troisième volume), et encore en 1955 la prééminence de Khrouchtchev (articles du Progrès de Lyon, 14 février 1955 et suiv.). Divers journaux de province, en France, ont payé 9. A part <<Behind Closed Doors >>l,'an1iral Zacharias a publié un autre livre de 1nê1ne farine, dont nous n'avons plus la référent·r sous la main.

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