268 de même ong1ne que le faux Litvinov et le faux Kalinov, mais que le professeur E. H. Carr n'a pas préfacé, on se demande pourquoi, a été découvert par le Times de Londres, supplément littéraire du 12 octobre 1951 : Ivan Krylov, « Ma carrière à l'Etat-Major soviétique», publié à Paris en 1949 (et en Angleterre par The Falcon Press en 1951 sous le titre : « Soviet Staff Officer »). En effet, le rédacteur du Times ayant confronté ce livre avec celui d' Allen et Muratoff : « Russian Campaigns of 1941-43» (Londres, Penguin Books, 1944), il put relever quarante-cinq paragraphes identiques, ou presque, dans les deux, et « conclut à quelque chose de louche» dit d'autre part le New York Times du 28 octobre 1951 qui ajoute : « Les éditeurs américains, Philosophical Library, annulèrent promptement leurs plans de mettre au jour le livre aux Etats-Unis». Voir à ce sujet le B.E.I.P.I., n° 57, qui se réfère aux deux Times. Dans le N ovoié Rouskoié Slovo, quotidien russe de New York, du 11 novembre 1951, M. Michel Koriakov exécute le faux Krylov de main de maître. Ses arguments les plus accessibles au public occidental sont cités dans le B.E.I.P.I., n° 59. M. Koriakov, dont les livres ont été édités en France par le P. Chaillet (« Je me mets hors la loi», et « Moscou ne croit pas aux larmes»), est des plus qualifiés pour renseigner le lecteur en ces matières. Fort pertinemment, il dénonce la « fabrique de mensonges» qui, d'Europe, inonde les deux continents de sa désinformation distribuée en articles, livres, faux rapports et faux documents de toutes sortes. Et après G. Denike, il attire l'attention sur un autre faux, le pseudo-rapport d'un inexistant colonel Khralov, dont il sera question bientôt. De son côté, M. Wraga avait signalé, dans la Renaissance, la fausse lettre de Jan Masaryk publiée par M. Claude Bourdet dans Com~at avec la garantie d'un autre faux, un certificat d'authenticité signé du Krylov inauthentique, pour comble 6 • Partout, donc, la même main est visible : celle de l'ancien fonctionnaire soviétique Grégoire Bessedovski que le professeur Carr lui-même a maladroitement désiTimes et N. Y. Herald Tribune en tête, définissait le Monde comme étant de tendance <<conservative >>. 6. Cf. Combat, du 23 juin 1948, titre sur six colonnes, fac-similé d'un certificat de garantie signé par le faux Krylov, c'est-à-dire Bessedovski, présentation particulièrement inepte par M. Claude Bourdet, auteur et collectionneur de bourdes inqualifiables. (Cf. B.E.I.P.l., n° 128). La défenestration de Jan Masaryk n'est pas encore tirée au clair. Une enquête BibliotecaGino Bianco PAGES RETROUVÉES gnée en accréditant Kalinov et que le B.E.I.P.I. a nommément identifiée maintes fois. D.éjà repéré par les autorités françaises avant la guerre à l'occasion de la « révélation», dans Gringoire, d'un compte rendu du Comité exécutif du Comintern (un faux, bien entendu), ce M. Bessedovski figure dans la plupart des cas de cette espèce au cours des vingt dernières années. Emule du faux Essad Bey qui n'était ni Essad ni Bey, mais tout simplement Lev Nussenbaum, de Bakou, et qui se faisait passer pour musulman (cinq fois édité chez Payot), il a suscité des émules à son tour, la profession étant lucrative 7 • De sorte qu'il doit compter maintenant avec une certaine concurrence en falsification, dont il sera question plus loin. Mais longtemps sa « fabrique de mensonges», Koriakov dixit, a joui d'un quasi-monopole sur le marché de l'imprimerie. Le B.E.I.P.I., n° 88, a mentionné ses associés ou auxiliaires : Nicolas Kossiakov, qui opère beaucoup pour son propre compte en signant Yves Delbars; Victor Bogomoletz, qui a changé de métier pour se lancer dans les produits de beauté, mais néanmoins a été expulsé de France; et Boris Bajanov, auteur d'un livre sur Staline où il a dit, à l'époque, tout ce qu'il savait, quitte à inventer plus tard ce qu'il ne sait pas. Ce n'est pas ici le ouverte peu avant le deuxième <<coup de Prague >>en 1968 a été interrompue par l'invasion soviétique. Rappelons à ce propos une explication de Demaree Bess écrite pour la Saturday Evening Post, reproduite par le Figaro Littéraire des 15 et 22 mai 1948 : Lorsque dernièrement le monde se pencha sur les dramatiques événements de Prague, beaucoup s'étonnèrent que le Dr Benès n'ait pas lutté avec plus d'énergie contre les conspirateurs communistes. En vérité, l'édifice construit par le Dr Benès s'était écroulé plusieurs mois auparavant, le jour où Staline avait renié sa parole. Ce fut en effet le dictateur russe en personne qui, lorsqu'on apprit que le gouvernement tchécoslovaque avait accepté l'invitation de Paris de venir discuter le plan Marshall, convoqua brusquement les ministres du Dr Benès à Moscou. Jan Masaryk était parmi eux, et de retour-à Prague il raconta à un diplomate américain ce qui était arrivé au Kremlin. Staline avait accueilli la délégation tchèque avec un ultimatum : 11 Annulez immédiatement votre acceptation. • Masaryk plaida alors auprès de Staline. Quand il lui demanda de laisser les Tchèques se rendre à la Conférence de Paris, au moins pour quelques jours, pour • sauver la face•• Staline répondit sèchement : - Je ne veux pas que vous sauviez la face. Cette riposte méprisante fut rapportée au Dr Benès. Le vieil homme d'Etat comprit que ces mots sonnaient le glas de la Tchécoslovaquie libre. Il avait basé tous ses plans sur la promesse de Staline de traiter la Tchécoslovaquie comme un pays indépendant. Le Dr Benès était devenu la victime d'une fatale erreur de jugement. 7. M. Fayot, qui publiait n'importe quoi, n'a pas craint de ridiculiser sa maison en éditant, outre <<L'épopée du pétrole>> (1934) et <<Devant la Révolution >> (1936), une <<Histoire du Guépéou>> (1934), puis un <<Mahomet>>par Moham1ned (!) Essad Bey, et enfin, par le même Mohammed, <<Allah est grand ! >>,préfacé par l'hitlérien George Montandon (1937).
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