B. SOUVARINE par le gang finissent par troubler l'opinion submergent les travaux sérieux relatifs à l'impérialisme soviétique, le lecteur abasourdi étant d'autant moins capable de s'y reconnaître que les << guides de l'opinion >> sont les premières dupes de tant d'imposture. La plupart des faussaires désignés dans le méI?orandum semblent à présent retirés des affaires, Est et Ouest leur ayant fait cesser leur coupable industrie; mais il en reste au moins un qui poursuit impunément sa répugnante besogne, sous la protect10n de la Rad10-Télévision française. La pire erreur serait de penser que le mal ne soit plus dangereux, alors que le passé est toujours présent, alors que tant d'hommes d'Et~~' de le~de_rspolitiques, de diplomates, de pubhcistes, d éditeurs, de services secrets même sont tombés dans le panneau et se nourrissent encor~ de , fables, de mythes, de mensonges empoisonnes sur les régimes totalitaires : à preuve le désarroi et la confusion des dirigeants occidentaux devant les manœuvres et les c~antages que font les << sans scrupules conscients >> de Moscou, de Pékin, de Belgrade, de La Havane, d'Hanoï et du Caire. 265 Dans un article mentionné par le B.E.I.P.l., n° 59, à l'appui du nôtre qui signalait << les mixtures frauduleuses et nauséabondes >> du gang, R. Wraga discernait une étrange coïncidence entre la << ligne >> de tous les faux en questio~ t:t la << ligne générale >> de la propagande soviétique. Les effets n'ont pas disparu avec 1~ cause, et c'est ce qui détermine la réimpression du mémorandum, sans oublier qu'il date de 1955, que par conséquent il ne présente nullement un tableau complet des faux documents, des faux mémoires, des fausses confidences qui ont pullulé sur le marché du livre et de la presse, ni des éditeurs et des journaux ~ien-pensants qui ont favorisé les agissements immoraux de la flibuste soviétologiste, au bénéfice de l'ennemi pseudo-communiste. Il y aurait ~one lieu de recenser les apocryphes postérieurs a l'année 1955, ce que la présente publication devrait inciter quelqu'un à faire en reprenant plus en détail ce thème scabreux dans toute son ampleur. B.S. FAUX ET FAUSSAIRES UN LIBRAIRE A LONDRES annonce la publication imminente de prétendues « Notes for a Journal» attribuées à Maxime Litvinov, l'ancien Commissaire du peuple aux Affaires étrangères à Moscou. Attribuées par qui? L'éditeur ne le dit pas, et pour cause, car personne n'oserait prendre ouvertement. la responsabilité d'une telle tromperie. Depuis 1952, le faux« Journal» de Litvinov a été offert sans succès à des ambassades, heureusement perspicaces, et refusé de même par tous les éditeurs sérieux, français et autres. Dès le 23 janvier 1953, le Dziennik Polski i Dziennik Zolnierza, journal quotidien polonais de Londres, dénonçait cette forgerie, dont les auteurs cherchaient à vendre en même temps de prétendus mémoires du fils de Jdanov. Néanmoins, c'est à Londres qu'un éditeur a été dupe et qu'il sort ce livre, en juillet 1955, bien que le journal polonais n'ait reçu aucun démenti de personne. Il se trouve que Iouri Jdanov, tenu pour mort comme son père André, s'avéra bien vivant quand son nom figura en octobre 1952 sur la liste des membres du Comité central du Parti. De ce fait, ses faux mémoires devenaient invendables. Mais les faussaires eurent plus de chance avec Litvinov, mort pour de bon. Malgré une mise en garde explicite du B.E.I.P.I. de Paris (Bulletin d'Etudes el d'informations Politiques Internationales), en date du 1er mai 1953, rnise en garde plusieurs fois réitérée, l'éditeur André Deutsch s'obstine BibliotecaGino Bianco à publier la chose. Errare humanum est, perseverare diabolicum ... Il va de soi que, par définition même, un Journal intime de Litvinov n'existe pas, ne peut pas exister. Un bolchévik invétéré ne saurait se permettre quoi que ce soit à l'insu du Parti. Et il faut tout ignorer des conditions soviétiques pour croire possible une telle violation de la discipline, prolongée sur des années, dans un pays où la police est omnipr~sente, où les n1urs ont des yeux et d~s oreilles. Ce Journal ,serait d'ailleurs impubliable en U.R.S.S. et l on ne conçoit aucune raison pour laquelle un communiste russe souhaiterait le publier, après sa mort, dans le monde capitaliste dont il se soucie comme u~ pois~on d'une pomme. A moins que Litvinov ait voulu, par ce moyen, faire déporter e? Si~éri_e sa femme et ses enfants? (car c es~ ainsi que les comptes se réglaient, sous Staline). On peut mettre tranquillement l'éditeur au défi d'avancer une telle hypothèse ou de nier que telle serait la conséquence de sa publication, si ledit Journal était authentique. A la fin de sa vie, Litvinov avait d'excellent m?lifs d'amertu1ne envers Staline qui le traitait avec peu d'égards. Mais rien, absolu1nent rien, n'autorise personne à mettre en doute sa fi_délité au parti de Lénine, au régin1e soviét~que, quels que fussent ses désaccords politiques el 1noraux avec Staline. El rien, abso-
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