262 n11que ou autre, mais il rend intolérable le cri : « Ici on se meurt d'ennui ! », poussé avec l'accent de Cassandre dans un monde menacé par le génie de la destruction. Les snobs gauchistes - ces chers ontistes - ont découvert la gauche au moment où elle leur a paru assurée de la victoire imminente et définitive. De l'agonie d'une société stratifiée, ils ont conclu qu'ils pourraient devenir l'aristocratie, un prolétariat de droit divin. Aux grandeurs de la technocratie - ils ne sont pas techniciens - ils espèrent opposer celles de la publicité. Leur ignorance fondamentale de l'existence des ouvriers leur permet de les concevoir à merveille : écrasés; vidés par la peine et la BibliotecaGino Bianco DÉBATS ET RECHERCHES misère, à demi aveugles, sans énergie, et incapables de formuler leurs volontés. Ils ne sont rien, ne deviennent les éléments d'un « tout » que si le Parti en fait des membres soumis. Comme eux, la « masse » ouvrière n'est rien : elle ne devient classe, prolétariat, qu'à condition d'appartenir au Parti qui est esprit, âme et volonté. Les dames patronnesses savaient déjà que sans leur direction spirituelle, leurs protégés eussent été perdus. Ces ontistes ne sont pas moins pessimistes quant à l'homme que les oudénistes, mais leur perspective historique est optimiste. Car !'Histoire attendait leur arrivée pour s'accomplir. Et la politique, le moment où elle les intéresserait. MANÈS SPERBER. ,
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