Le Contrat Social - anno XII - n. 4 - dicembre 1968

B. AUMONT Malheureusement, le comportement, les motivations des femmes soviétiques, tels qu'ils apparaissent d'après les récentes études publiées, ne semblent pas favorables à une reprise de la natalité. Une enquête effectuée en 1966 par les infirn1ières des dispensaires de quatre usines de Moscou auprès de 1.462 femmes mariées de moins de quarante-cinq ans - dont 111 en secondes noces - apporte des précisions intéressantes sur l'ensemble des problèmes du planning familial 12 en U.R.S.S. l. Nombre d'enfants désirés avant la naissance: 42 % des personnes interrogées ont déclaré n'avoir pas d'idée précise à ce sujet avant le mariage. Les autres 58 % ont cité un chiffre se répartissant comme suit, d'après le nombre d'enfants souhaités et le groupe d'âge : Total Femmes mariées des - de Entre Entre Entre réponses 25 ans 25 et 29 30 et 34 35 et 44 Ne désiraient pas d'enfant 1,7 0,3 0,8 3,4 Désiraient : 1 enfant 34,9 40,0 32,1 36,3 34,7 2 enfants 58,9 58,0 65,4 60,3 54,3 3 enfants et plus 4,5 2,0 2,2 2,6 7,6 100 100 100 100 100 La préférence indiquée pour le « zweikinder system » (98 % des jeunes femmes de moins de vingt-cinq ans ne désirent pas avoir plus de deux enfants) apparaît comme une constante psychologique qui ne varie ni d'une génération à l'autre, ni en fonction du nombre d'années écoulées depuis le mariage. On constate d'autre part que pour 69 % des femmes interrogées les aspirations coïncident avec le nombre effectif d'enfants pendant le mariage. 2. Nombre d'enfants par famille considéré comme « idéal » : Si les obstacles matériels ou certaines difficultés familiales étaient éliminés, il est indiqué comme très voisin également des conditions effectives : la moyenne idéale s'établit à 1,9 enfant par famille, contre 1,7 enfant dans la réalité; 25 % seulement des femmes mariées ont exprimé un chiffre « idéal » supérieur à celui des enfants qu'elles ont eus. La moyenne idéale n'augmente pas sensiblement lorsque le niveau des revenus de la personne interrogée s'accroît : dans le groupe des femmes disposant d'un revenu inférieur à la médiane, le nombre 12. V. Dclova et L. Darskll, ln Ve!ilnik Stalisliki, n° 8, 1968, pp. 27-36. BibliotecaGino Bianco 221 moyen d'enfants souhaités est de 1,62 ; il monte à 1,77 dans le groupe des familles à revenus supérieurs à la médiane. On remarque que la moyenne du nombre d'enfants désirés est plus forte chez les femmes qui ont reçu une instruction primaire (1,72) que chez celles qui ont un diplôme de l'école secondaire ou d'une école supérieure ( 1,62 ). 3. La fécondité réelle de la population féminine étudiée s'établit comme suit pour 1.000 femmes de quinze à quarante-neuf ans dans le groupe des femmes désirant : Un enfant : 963 naissances et 2.605 avortements; Deux enfants avortements ; Trois enfants avortements. 1.751 naissances et 3.180 2.712 naissances et 3.880 La première naissance intervient généralement 20,5 - 23,2 mois après le mariage ; 6,7 % des couples ont pu retarder la première naissance de cinq années ou davantage. Le nombre de:, avortements augmente en proportion du nombre des naissances, car la volonté de limiter les naissances croît en fonction du nombre d'enfants déjà au foyer. Si 21,6 % des femmes qui ne voulaient pas avoir d'enfants acceptent de conduire leur grossesse jusqu'à son terme pour un premier enfant, 3,2 % seulen1ent des mères qui ont déjà un enfant acceptent une grossesse non souhaitée pour un deuxième. Le nombre considérable des avortements - 24,8 % seulement des personnes interrogées n'ont pas eu à en subir - montre aussi que les procédés anticonceptionnels pratiqués sont peu efficaces. Pourtant 88,3 % des femmes ayant un enfant et 97, 1 % des mères de deux enfants ont déclaré utiliser de tels procédés. 4. Parmi les causes qui conduisent à limiter les naissances : Les conditions de logement et les insuffisances de revenus sont invoquées dans 43-44 % des réponses. L'obstacle créé par le logement est surtout sensible dans les familles où le couple loge avec les parents de la femme ou du mari (26,3 % des motifs, contre 17,3 % dans les familles n'ayant pas à partager leur appartement). On constate aussi que les familles disposant de revenus modestes citent moins souvent le logement parmi les empêchements que celles dont le niveau de revenus est supérieur à la moyenne, car celles-ci ont plus d'exigences pour l'éducation de leurs enfants et pour le confort désiré (voir ci-après).

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