Le Contrat Social - anno XII - n. 4 - dicembre 1968

218 paresse des Caucasiens (ou des Turkmènes). Entre minorités voisines, les tensions se manifestent également. C'est le cas notamment au Caucase - où Arméniens et Turcs Azeris reprochent aux Géorgiens d'avoir trop fait les fiers, du temps de Staline et de Béria. De même les Ukrainiens restent marqués par leur antisémitisme traditionnel. Il est certain que ces divers antagonismes ne cessent d'être attisés par le chauvinisme grandrussien qui depuis les années trente sévit du haut en bas de l'appareil administratif. Mais ce facteur n'est pas le seul. Des problèmes du même ordre ont surgi au cours de ces dernières années dans des pays démocratiques comme le Canada et la Belgique, où pourtant les minorités bénéficient des plus larges libertés. Comme nous l'avons souligné au début, le nationalisme est inséparable de la démocratisation moderne - processus inexorable et universel auquel n'échappe aucun régime, même situé aux antipodes de la démocratie. EN GUISE de conclusion, résumons-nous. D'aucune façon les Soviets n'ont réussi à « résoudre » le problème des nationalités. Bien au contraire, si par « solution » on entend la disBibliotecaGin Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE parition des ressentiments et des animosités ethniques, la situation est plus critique aujourd'hui, à bien des égards, qu'à l'époque où les communistes s'emparaient du pouvoir. Certes le régime bolchévique est international dans son principe, l'Union est le « bastion » du socialisme mondial. En tant que tel le régime ne peut se permettre de tolérer, voire d'exciter les haines nationales, comme le faisait trop souvent son prédécesseur, dans les décennies qui ont précédé la chute du tsarisme. C'est la raison pour laquelle le pouvoir communiste s'oppose en théorie aux manifestations violentes de la xénophobie - de l'antisémitisme par exemple, dont la virulence semble depuis cinquante ans s'être sensiblement accrue. D'autre part, tout indique - aussi bien ce que l'on sait de la situation en U.R.S.S. que les parallèles historiques - que depuis 191 7, le sentiment national s'est fortement développé chez les peuples autochtones, comme d'ailleurs chez les Russes eux-mêmes. Dans l'Union soviétique les ressentiments ethniques sont profonds. Si le pouvoir ne se décide pas à le reconnaître, s'il tarde trop à prendre l'initiative de la décentralisation, les rancœurs accumulées risquent de provoquer un jour une explosion dévastatrice. RICHARDPIPES. (Traduit de l'anglais)

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