214 résultats obtenus, dans le domaine qui nous intéresse 1c1, en un demi-siècle de pouvoir bolchévique. Les résultats politiques L'UNION SOVIÉTIQUEa été dès l'abord et demeure un Etat rigoureusement centralisé, gouverné à tous les échelons par le Parti. Celuici ne reconnaît pas les séparations entre nation_s, sa structure est homogène, indépendante de toute distinction ethnique. Ce sont là des faits qu'on peut considérer comme avérés pour chacun. Mais malgré son centralisme propre, le Parti reconnaît, sur le plan constitutionnel, l'existence de républiques nationales, dont certaines - dites républiques de l'Union - sont en principe en droit de faire sécession et de se constituer en Etats indépendants. Etat unitaire de fait, l'U .R.S.S. est donc, officiellement, une fédération. Ce fédéralisme fictif est, comme nous l'avons vu, un héritage de la guerre civile, pendant laquelle on jugea opportun, pour des raisons de politique tant intérieure qu'étrangère, de laisser aux provinces-frontières reconquises un semblant de souveraineté. En 1922, pendant l'élaboration de la nouvelle Constitution, Staline fit valoir qu'il y aurait intérêt à renoncer à ce camouflage et à incorporer les républiques nationales à la République soviétique russe. Mais Lénine s'y opposa, parce qu'en prévision de l'intégration dans l'Union d'autres pays nouvellement ralliés au communisme, il importait de dissocier officiellement cet Etat de la dénomination « Russie ». (Lénine avait même proposé tout d'abord de donner au nouvel Etat le nom <l'Union des républiques socialistes soviétiques d'Europe et d'Asie.) Pour Lénine l'habillage fédéral présentait en outre un intérêt psychologique, dans la mesure où il aiderait à dissiper les soupçons des minorités à l'endroit des Russes. C'est ainsi que l'Etat nouveau conserva sa structure pseudofédérale. Il est superflu de rappeler que les républiques nationales n'exercent aucun pouvoir réel. Comment en serait-il autrement alors que le Parti conçoit son rôle de la manière que l'on sait ? De même leur droit de sécession n'existe que sur le papier. Pour l'historien, la fonction des prétendus « gouvernements » des républiques n'est en rien comparable à celle d'Etats fédéraux véritables ; elle ressemble bien plus à celle qui était dévolue sous l'ancien régime aux zemstvos, ou assemblées provinciales. Cela dit, BibliotecaGino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE on ne saurait considérer sans plus les diverses autorités « nationales » comme quantité négligeable. Les zemstvos non plus n'exerçaient aucun pouvoir législatif ; ils n'en finirent pas moins par constituer des foyers de résistance ayant une importance réelle. Un jour peut-être il en ira de même pour les administrations des républiques nationales. On a en effet souvent constaté que les gouvernements nationaux, même lorsqu'ils sont réduits à l'impuissance, peuvent compter sur le loyalisme de leurs fonctionnaires et de leurs administrés. Napoléon déjà l'avait appris à ses dépens : les gouvernements satellites qu'il avait constitués un peu partout en Europe ne jouèrent guère le rôle qu'il leur destinait. Même ses frères épousèrent si bien les intérêts de leurs royaumes qu'il dut les destituer. Autour d'un royaume d'Italie et d'une Confédération du Rhin créés par Bonaparte à ses fins propres allaient se forger l'unité italienne et l'unité allemande. Le même phénomène se reproduit dans l'Afrique du xxe siècle. Les Etats africains apparus depuis 1945 ont hérité de frontières découpées au siècle dernier par les armées de leurs métropoles respectives. La diplomatie occidentale en avait entériné le tracé sans le moindre égard aux vœux des populations autochtones ou à la répartition ethnique de celles-ci. Mais l'origine « impérialiste » de leurs Etats ne freine en rien, chez les Ghanéens comme chez les Congolais, un patriotisme dont il serait vain de mettre en doute la sincérité. Il en va certainement de même pour les minorités nationales de l'Union soviétique. L'Ouzbékistan est une création des Soviets, son gouvernement n'exerce aucun pouvoir digne de ce nom : il n'empêche que pour les Ouzbeks, leur république existe vraiment, et que pour les cadres autochtones en particulier, cette existence n'a rien d'indifférent. D'autre part, la bureaucratisation de la vie quotidienne en U.R.S.S. et la diffusion de l'enseignement ont eu pour effet d'augmenter sensiblement le nombre des « intellectuels » autochtones habitués au travail administratif. En 1917-20, les mouvements nationalistes dans les provinces-frontières étaient animés par une poignée de juristes, d'enseignants, de journalistes, la plupart dénués de toute expérience des affaires. En revanche, de nos jours, c'est par milliers que se comptent, dans chacune des républiques nationales, les cadres des appareils de Parti et d'Etat qui seraient parfaitement capables, s'ils y étaient autorisés, d'assurer la conduite des affaires. On sait par l'exemple des pays dits sous-développés combien de tels « in-
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==