QUELQUES LIVRES T. K. KYTCHKO: Judaïsme sans fard. (Texte intégral, traduit de l'ukrainien). Paris, Cercle d'études franco-ukrainiennes, s.d. Etudes et documents, 248 pp. (Directeur : P. Szumovski. B.P. 79, Paris-18e.) EN 1964 parut à Kiev, capitale de l'Ukraine soviétique, un petit livre antisémite de la même veine que la littérature germanonazie la plus immonde sur le même sujet. Cela fit quelque bruit passager en Occident, alors que bien d'autres ouvrages communistes de tendance analogue avaient été publiés précédemment sans trop attirer l'attention (voir une liste partielle de ces choses dans Est et Ouest, n° 319, avril 1964, article « Sur la judéophobie comtnuniste »). Le succès relatif du Judaïsme sans fard, d'un certain Kytchko, académicien, tenait peut-être aux illustrations faciles à reproduire et à comprendre, style Stürmer et Pilori, plus à la portée du public que le texte ukrainien. C'est la traduction française de ce texte que donne le Cercle d'Etudes francoukrainiennes dont nous ignorions auparavant l'existence. Edition très soignée, bien préfacée, minutieusement mise au point, destinée aux spécialistes à titre documentaire. Le pouvoir soviétique place de préférence cette sorte d'ouvrages sous l'enseigne d'une institution scientifique. Celui du nazi Kytchko se présente comme une édition de l'Académie des Sciences en Ukraine. Naturellement personne n'est dupe : rien ne se publie en U.R.S.S. sans les instructions, les révisions, les censures et l'imprimatur des organes spéciaux du Parti. Le livre en question causa quelque gême parmi les staliniens honteux ou éhontés d'Occident déguisés en progressistes, pacifistes, gaullistes et autres istes. Ils obtinrent de Moscou un semblant de désaveu, d'ailleurs très emberlificoté, visiblement mensonger, uniquement destiné à faciliter la besogne de leurs complices à l'étranger, qui ont pu faire mine de croire que le livre était retiré de la circulation. Ces mensonges impudents ont été réfutés en long et en large dans l'article d'Est et Ouest précité ainsi que dans notre Chronique du Contrat social, n° de mars-avril 1964 : « Le racisme sans fard ». Depuis, l'antisémitisme communiste n'a cessé de croître et d'enlaidir sous des formes multiples, parfois camouflé en antijudaïsme ou en antisionisme, et surtout visant à supprimer l'Etat et les habitants d'Israël. L'alliance de l'impérialisme soviétique avec l'impérialisme panarabe et la collusion des nazis staliniens BibliotecaGino Bianco 295 avec les nazis allemands et les nazis arabophones sont de notoriété trop publique pour qu~ici on y insiste. Et voici que le 4 octobre 1967, le Kytchko réapparaissait en pleine lumière, plus cynique et glorieux que jamais, dans la Komsomolskaïa Znamia de Kiev, dénonçant « le sionisme, instrument de l'impérialisme », avec injures grossières à l'appui. Il ne se singularisait pas, puisque le Monde du 10 décembre 196 7 pouvait citer plusieurs journaux soviétiques abondant dans le même sens au même moment : seuls des zélateurs du stalinisme comme divers André Blumel et Léo Hamon en France, comme un Alexander Werth en Angleterre, ou un Corlis Lamont en Amérique peuvent nier que toute cette presse obéisse aux directives précises d'en haut. Enfin l'Agence France Presse annonçait de Moscou le 9 février 1968 que « M. Trofun Kytchko, auteur du pamphlet intitulé le Judaïsme sans fard publié en mars 1964 a reçu le diplôme d'honneur du soviet suprême de l'Ukraine. » Et que ledit Kytchko, « président du département scientifique (sic) de la société ukrainienne Znanié, a publié dans l'organe des Jeunesses communistes de l'Ukraine une longue étude où il reprend, à la faveur de la crise du Moyen-Orient, l'essentiel des thèmes du Judaïsme sans fard ». On voit ce que valait le pseudo-désaveu de 1964, évidemment formulé pour la frime, et l'on peut constater que nos deux articles de l'époque, mentionnés plus haut, reçoivent de Moscou et de Kiev une confirmation éclatante. C'est aussi la justification de l'édition française du factum raciste sans fard par les soins du Cercle d'Etudes francoukrainiennes. P.-S. - Alors que cet article était prêt pour l'imprimerie, un nouveau spécimen de littérature soviétique judéophobe a été bruyamment signalé à Moscou, intitulé : Attention : Sionisme, œuvre d'un quelconque Iouri Ivanov aux ordres du parti communiste. Ce scribe en service commandé pourfend, sous prétexte de sionisme, la « haute bourgeoisie juive » et les « milieux impérialistes les plus réactionnaires ». Il dénonce les « prétentions des sommités de la bourgeoisie juive » et leur « détermination d'assurer l'enrichissement de ces sommités par n'importe quel moyen », dit la Komsomolskaïa Pravda. Ainsi, pour l'usage interne, on ne fait entre juifs et sionistes aucune distinction, réservée au public occidental pour l'endormir devant les préparatifs soviéto-arabes d'un nouveau génocide.
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