LE CONTRAT SOCIAL On risque d'attendre longtemps que le 1\11.onde xplique en quoi le prestige des EtatsUnis serait impliqué dans le crime d'un Arabe à idée fixe, poussé au terrorisme par les mensonges des nazis du panarabisme qui ont eu le front d'inventer une « nation arabe» répartie de l'Atlantique au golfe Persique. D'ailleurs il suffit d'un regard sur les extraits de la presse communiste et plus ou moins arabe (par exemple, algérienne) pour retrouver le thème mensonger de la responsabilité d'Israël et de l'Amérique dans le crime ara be de Los Angeles. Une presse qui se respecte devrait, au contraire, mettre en lumière la liberté dont jouissent les Arabes immigrés aux EtatsUnis, puis les mesures exceptionnelles prises à Los Angeles pour protéger l'assassin et lui assurer toutes les garanties possibles de justice : dans un pays arabe, il aurait été trucidé sur-le-champ, écharpé,· mis en pièces sans autre forme de procès. Toutes les machineries communistes et les organisations arabes sont à l'œuvre pour innocenter le coupable et charger la victime; une campagne est amorcée et va prendre de plus en plus d'arnpleur pour obscurcir et influencer le cours de la justice en Californie; et l'on peut tenir pour certain qu'après avoir usé de tous les artifices de la procédure judiciaire américaine pour faire durer l'aflaire au maximun1, les zélateurs du droit tchékiste accuseront l' « impérialisme» et le « racisme» de traîner exprès les choses en longueur. On connaît d'expérience leur sinistre musique. Il appartient aux institutions américaines qualifiées de rechercher si le meurtrier Sirhan a agi seul ou incité par des provocateurs, ou secondé par des complices. Pour l'heure, nul n'a d'argument dans le sens d'une connivence, encore moins d'un complot englobant les trois assassinats politiques derniers en date, et Sirhan qui n'est même pas mahométan apparaît comme un obsédé, animé d'une foi nationaliste sincère et ardente, qu'il serait malséant de maltraiter en paroles. Il a cru voir en Robert Kennedy un protecteur éventuel de la nation qu'il maudit, mais il est trop ignorant des réalités américaines et des relations internationales pour être pleinement responsable de son acte. On doil dire à son excuse qu'il parlage une idée fausse très répandue dans le monde et d'après laquelle les Elals-Unis protégeraienl spécialemenl l'Elat d'Israël. De là à penser que tel polilicien plulôl que lei aulre inclinerail davanlage à exercer ladilc proteclion, il n'y a qu'un pas, vile franchi par un ignoranl de celle sorte. Dans sa candeur incfTabk, Sirhan rnéconnaîl la difTércncc en lrc 1<.'spron1ess(•s d'un candida l cl les obliga lions d'un {•lu, outre qu'il s'imagine qu'un Prrsidcnl des Etats-l tnis fait, ('n maliè•rr de ckp('nses puBibliotecaGino Bianco 185 bliques et d'intervention n1ililaire, ce que bon lui semble, sans égard à la Constitution, au Parlement, à la Cour suprên1e. Il ne sait pas que les dirigeants américains, quels quïls soient, sous l'influence d'intérèts pétroliers et autres, de considérations stratégiques globales, etc., ménagent et aident largement les Etats arabes, tout en prodiguant de bonnes paroles à ceux que le panarabisme se propose d'ex terminer. Cet Arabe natif de Jordanie ne lisait même pas les journaux qui lui eussent révélé, quelques jours avant son crime, que les EtatsUnis accordaient à la Jordanie une aide matérielle considérable en vivres, en crédits et en armements. De telles décisions découlent d'avis concordants de diplomates, de militaires, de politiciens, d'experts, dans l' Administration, quelles que soient les prérogatives, certes indéniables, du Président. Sirhan n'a pas idée de ce que les collectivités arabes sont redevables à l'Amérique. Mais puisque son erreur est, avons-nous dit, très répandue dans le monde, puisque le Monde (encore lui) explique le récent assassinat en constatant que« le sénateur avait pris très nettement position en faveur d'une aide plus importante à Israël» (7 juin), le point vaut d'être tiré au clair. Dans sa tournée électorale, Robert Kennedy s'est efforcé, comme tous les candidats des deux partis concurrents, de gagner les suffrages des diverses catégories d'électeurs. A la synagogue de Portland, ce fervent catholique a préconisé de fournir à Israël (au prix fort) les avions Phantom dont ce pays a besoin depuis que la France lui refuse les avions Mirage (moitié moins chers); mais en quoi la fourniture des Phanton1 serait-elle plus dan1nable que celle des Mirage qui ont précisén1ent servi à écraser les forces égyptiennes et arabes réunies, et alors que les Etats de la Ligue arabe se défendent de vouloir la guerre contre Israël? Robert Kennedy, hostile à l'inter\'ention au Vietnam, établissait une distinction (difficilement contestable) entre Israël e L le Vietnam pour justifier ses vues conlraires à l'isolationnisme de principe. Il reco1n1nandail de dénier toute aide aux pays« expriinant de intentions agressiYes », se prononçail pour des négociations de paix direcles entre le, Etais intéressés, réprou\'ait l'anti énüli n1c comn1uniste en Pologne. Le correspondant du l\1onde, choqué, prétend que cela dépasse « lout ce qui avait pu c..~lre d(,jà dil dans cc sens aux Elats-Unis par n'importe quel autre hom1nc politique», assertion plus que discutable1; 1nais quand cela serait, cncorP fau1. Cel a r li r I e él an l é cri l (' t l' n\' o\' r ù 1' im.. primC'riC', Ir vicr-prrsidenl 1 Iumphrei, candidat ù la pn~sidC'tl('<.', a pn~conisé << une aide militair{' .'I Isratil j usqu 'ù con el us ion de ln paix 1> ( .\'. ) •• Tim,•s, 12 juillC't 1HH8).
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