LE CONTRAT SOCIAL les morts, les blessés, les habitations détruites, on renonce à décrire les paniques et la détresse des populations, le « spectacle de désolation» offert aux correspondants de presse (cf. par exemple le Monde du 12 juin). Rien qu'à Sontra, petit village de pêcheurs, incendié, détruit le 28 juin, il a fallu compter quatrevingt-huit civils tués, cent trois blessés, par le Vietcong. Ce même jour, les parvenus du communisme vietnamien se faisaient photographier au pesage à Auteuil (cf. N. Y. Times du 30). Les atrocités sans nom commises par les communistes laissent indifférents les humanitaires professionnels, les pseudo-progressistes, les « prix Nobel» exhibitionnistes et autres sycophantes si prompts à s'émouvoir, ou à faire semblant, en faveur des assassins et des bourreaux de l'espèce stalinienne. Ce sont les mêmes qui s'indignent devant un coup d'Etat militaire en Grèce, mais ne se soucient guère du rapt des milliers d'enfants grecs arrachés à leur famille par les communistes; les mêmes qui n'ont pas un mot de réprobation quand les Arabes de l'Irak massacrent les Kurdes, quand les Egyptiens exterminent les vrais Arabes du Yémen, quand les Nigérians anéantissent les Ibos au Biafra, horreurs qui s'accomplissent ouvertement avec des armes soviétiques. Aux yeux des « intellectuels de gauche» dont les « prix Nobel» exhibitionnistes incarnent la conscience pervertie, tout est licite aux musulmans criminels, tous les forfaits sont justifiables, perpétrés par les sectateurs de Mohammed armés par Moscou, notamment si ce sont des chrétiens qui périssent comme au Soudan et au Nigéria, des catholiques ou des bouddhistes au Vietnam. Le secrétaire général des « Nations Unies» (sic) fait la sourde oreille pour ne pas entendre les cris déchirants des victimes si les assassins sont musulmans, quitte à manifester une émotion extrême si quelqu'un ose toucher à l'immense séquelle de Staline, auquel cas il ne craint pas d'annoncer chaque semaine un danger de « guerre mondiale» : on connaît depuis vingt ans la musique de ce leitmotiv communiste. « Si les pourparlers échouent, le monde entier saura qui en porte la responsabilité», déclarait le porte-parole de la délégation américaine à Paris (Figaro du 25 juin). En réalité le « monde entier» n'en saura que ce qu'en raconteront les communistes et leurs complices, eux seuls ayant les moyens et la volonté de se faire entendre. Les Américains ont les moyens, mais ne daignent pas s'en servir, et leur volonté ne s'exerce que par intermittence de façon inintelligible au public. Même aux Etats-Unis, les dirigeants responsables ne se font pas comprendre. Les invites répétées du président .Johnson au gouvernement soviétique pour l'inciter à coopérer aux manœuvres BibliotecaGino Bianco 183 de paix lui valent rebuffades sur rebuffades qui le déconsidèrent devant le« monde entier» en question. Qui plus est, ces politesses renforcent les communistes dans leur certitude que les Américains finiront par céder. Le général Westmoreland, ex-commandant des forces armées au Vietnam, qui ne manque aucune occasion de se taire, et après avoir multiplié pendant quatre ans les assertions démenties par les faits (rappelées dans un éditorial du N. Y. Times,« Chronic Optimist», le 11 juin), reconnaît en public avant de quitter son poste qu'une victoire militaire « au sens classique» est impossible au Vietnam « en raison de notre politique nationale de ne pas étendre la guerre» (10 juin). Un colonel américain, William Corson, rentré dans ses foyers, publie un livre intitulé La Trahison pour dénoncer la conduite de la guerre, l'effort de pacification et tout ce que font ses compatriotes au Vietnam : imaginet-on Clemenceau tolérant une chose pareille en pleine guerre? (Nous avons eu en France pendant la première guerre mondiale le capitaine Accambray qui, député, critiquait au Parlement la conduite de la guerre, mais en comité secret, et non pour alimenter le défaitisme, a ·1 contraire.) Ce défaitisme qui coule à pleins bords aux Etats-Unis prend des proportions invraisemblables à la faveur de la campagne électorale présidentielle, et c'est le vice-président luimême, Hubert Humphrey, qui renchérit sur les candidats de la capitulation en préconisant (23 juin) un cessez-le-feu immédiat, sans conditions, sans contrepartie, c'est-à-dire en donnant cause gagnée aux communistes. Un sinistre imbécile, le stalinien millionnaire Cyrus Eaton, peut se répandre bruyamment de Moscou à Paris et dans son pays pour servir la « juste lutte» des ennemis de l'Amérique où la presse stupide lui accorde une publicité gratuite. On n'en finirait pas de relever les signes qui justifient M. McGeorge Bundy, cité dans notre dernière Chronique pour avoir dit très raisonnablement qu'il n'y a pas actuellement de perspective de paix au Vietnam, « excepté au prix d'une victoire complète des communistes». Car même si les communistes se prêtaient au compromis que recherchent les Américains désireux d'en finir, rien ne les empêcherait de réaliser ensuite leurs intentions de mainmise totale sur l'ancienne Indochine, prélude à d'autres conquêtes. Est-il nécessaire d'ajouter qu'il ne saurait être question de méconnaître la sincérité, la compassion vraie, les sentiments humains des 1nillions de suiveurs qui, volens nolens, appuient sans esprit critique les tenants d l'impérialisme communiste? Tout en partageant les épreuves morales cl intellectuelles de ceux qui soufTrent de leur in1puissance vis-à-vis des horreurs de la guerre, il s'agit ici de rester
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