Le Contrat Social - anno XII - n. 2-3 - apr.-set. 1968

CHRONIQ!JE Vietnam le « dégagement » américain DEPUIS TROIS ANS, la présente Chronique n'a cessé de dire et de rappeler que les communistes du Vietnam, aidés par ceux de Moscou, de Pékin et d'ailleurs, entendaient arriver à leurs fins conquérantes par une inlassable action de propagande politique internationale pénétrant dans la population des Etats-Unis au point de contraindre le président Johnson à entamer le processus de la retraite américaine. Il apparaît que cette stratégie de vaste envergure, secondée par les immenses moyens de l'Union soviétique et de la Chine communiste auxquels rien ne s'oppose, appuyée par d'innombrables complicités à travers le monde, a donné les premiers résultats escomptés par les « sans-scrupules conscients» çlu camp pseudo-communiste favorisés aux Etats-Unis mêmes par le défaitisme actif des uns, le masochisme passif des autres, le désarroi croissant de la grande majorité ignorante. Il n'y a cependant rien à rétracter des analyses et_ commentaires de notre Chronique sur le V1~tnam. Dans les conditions matérielles préca1res où ce numéro de revue s'imprime, nous ne pouvons qu'emprunter à l'excellent Bulletin de Paris du 10 mai l'article qui précédait de peu l'ouverture de la négociation engagée à Paris le 13 mai entre Américains et NordVietnamiens en vue de cesser les opérations militaires. * * * « On oublie vite de nos jours. Le propre de « l'information» dite audio-visuelle est de ne laisser aucune trace dans les mémoires. C'est pourquoi, pour mesurer le chemin parcouru à reculons par les Etats-Unis, il faut rappeler ce que le président Johnson disait en février dernier. Il parlait devant la statue de Lincoln (Monde, 14 février 1968) : « Nous sommes parfois contraints de soutenir nos convictions par l'acier, comme l'a fait Lincoln, et nous devons tenir jusqu'au bout, comme l'a fait Lincoln. Nous vivons à une époque que Lincoln aurait bien comprise. Il s'entendit reprocher que la guerre était longue et mauvaise. Il voyait mourir les Américains ~t en avait de la peine. Il voyait le fardeau des impôts et de l'inflation, celui de la faim et de la pauvreté. Il était triste mais serein, toujours convaincu du bien-fondé de sa cause. Lincoln a tenu jusqu'au bout. Nous ferons de 1nême. >> « M. Johnson, lui, n'a pas l<'nu : il a accepté la première exigence d'lfo Chi Minh (la susBibliotecaGino Bianco pension des bombardements) et l'une entrainant l'autre, il a accepté la seconde : le choix de Paris pour les négociations préliminaires. Genève était tout indiquée, puisque la première con_férence, la conférence Mendès-France, s'y était tenue. Ho Chi Minh savait fort bien qu'une capitale communiste était impossible. Il ne voulait pas de Genève neutre. Paris lui offre des avantages : le Vietcong y est représenté en surabondance; le gouvernement, la radio, la télévision, une grande partie de la presse, une multitude de groupements d'extrême gauche ou sympathisants sont violemment hostiles à l'Amérique; il n'y a pas une semaine, le drapeau vietcong a été accroché par des pseudo-étudiants au deuxième étage de la tour Eiffel et à l'Arc de Triomphe audessus du tombeau du Soldat inconnu; la rue est troublée continuellement par des manifestations anti-américaines. Le climat est donc idéal pour les intérêts communistes. U Thant, complice de toute subversion, ne s'y était pas trompé. M. Johnson n'a pas manqué d'ajouter qu'à Paris« les deux parties en cause peuvent escompter bénéficier d'un traitement équitable et impartial». Certainement M. Johnson ne se fait pas lire les journaux français; personne, à l'ambassade américaine, n'écoute les émissions françaises, et il est logique d'ajouter que personne, sans doute, n'y a entendu parler d'un discours du général de Gaulle à PnomPenh. « Le choix de Paris est présenté comme une victoire de la diplomatie élyséenne : les Américains aiment beaucoup favoriser ceux qui leur sont hostiles (pour bénéficier de contrats mirobolants aux Etats-Unis, écrivains, metteurs en scène, chanteurs, acteurs, artistes n'ont qu'à signer des manifestes contre la barbarie, la sauvagerie, l'oppression américaines). Il est juste de reconnaître que si les Américains signent à Paris leur retrait, M. de Gaulle aura toutes les raisons de se moquer d'eux et de leur envoyer des félicitations ironiques. « La pilule, la première pilule à avaler, est très grosse. Hanoï a répété qu'il maintenail toutes ses exigences, c'est-à-dire n'accepte de négocier que sur le retrait total des lroupes des Etats-Unis. Avec leur ignorance du communisme et leur imprudence ordinaire, M. Johnson et son secrétaire à la Guerre. M. Clifford, lui ont donné deux satisfactions préalables,. M. Johnson en jurant que son pays ne garderait aucune base dans le ViPt-na1n du Sud, ce qui signifie qu'il le li,T<.' à tcnne à la Chine, M. Clifîord en disant, av<.'<'qul'lques fioritures, qu'il était tr1nps de laissl'r les Vit.•tna1niens du Sud se battre tout st.'uls. Lt' l'l'J>r('-

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